PV @Alice Sangblanc
Voilà bien une demi-heure que le cours de potion avait commencé, et Fiss était dans ses pensées, il se souvenait de cette histoire de plume de Jobarbille et essayait de comprendre de quelle manière ce volatile pouvait cacher tous ces sons dans ses plumes, pourquoi, lorsqu'il vole, par exemple, ne laisse t'il pas échapper quelques sons qu'il aurait jadis entendu...

-Si cet oiseau peut engranger tous ces sons...

Fiss fixait son livre de cours, à la page concernant cette recette, nécessitant cette plume, et, petit à petit, prouvait à ses proches camarades que ses synapses et ses dents n'étaient pas muni du même pouvoir que ce fragment aviaire, laissant parfois échapper des sons sans même y songer, ni s'en rendre compte...

-Et si j'utilise une plume d'autruche, est-ce que je pourrais mettre ma tête dans le sable et respirer?

Dans sa tête, il commença à imaginer nombre d'effets improbables, à partir de plumes, d'écailles, d'antennes, de tout ce qui pouvait dépasser d'un animal ayant une quelconque spécificité, aussi incongrue soit cette dernière.

-Et si... une antenne de limace... transpirer abondamment... une limace... beurk...

Certains de ses camarades proches soupiraient, d'autres l'ignoraient; peut être ne l'entendaient t'ils même pas, trop concentrés par leurs révisions, ou par leur décoction en préparation... Quelque soient les réactions de ces derniers, elles ne parvenaient pas aux yeux et aux oreilles de Fiss.
Ce dernier écarquilla les yeux, souriant en coin, puis releva sa tête, avant de regarder partout autour de lui, avant de commencer à incommoder, en chuchotant, trois de ses camarades par des:

-Eh, pssst! Elle est en quoi, ta plume, quel oiseau?

-Tu sais de quoi elle est faite, ton encre?

-Ton frère, il est en troisième année? Je lui échange une griffe de son chat contre une chocogrenouille!

Les cours de potion étaient passionnants, tous, sans exception. Même celui de la journée qui, à l'écoute des soupirs de la classe, ne plaisait pas à tous. Alice, elle, adorait ce cours car elle avait une longueur d'avance sur la majorité de ses camarades. Outre sa passion pour l'art subtil des potions, Alice passait son temps libre à étudier les ingrédients qui les composaient. Ce cours leur était dédié. Les différents types, leurs particularités, Alice était sur un petit nuage.

Mais, hélas, plus les minutes progressaient, et plus son petit nuage se muait en une tornade. Une tornade de murmures insupportables dans laquelle elle tournoyait. Un garçon de Serdaigle ne cessait de parler seul, comme à l'aurore de la démence. Alice, qui ne désirait qu'écouter son professeur, subissait les assauts auditifs de son voisin, installé à la paillasse à côté de la sienne. Oh il était insupportable à se poser des questions inutiles ! Ne pouvait-il donc pas écouter le professeur, sans un mot ? Et c’était un Serdaigle, en plus ! Pas même un Gryffondor ! Le Choixpeau se faisait vraiment vieillard.

Et à présent, le voilà qui dérangeait ses voisins. Comment faisaient-ils pour résister à la tentation de lui arracher la langue ? Oh si seulement l’un d’eux lui éclatait un manuel sur la tête pour le faire taire ! Alice se tourna brutalement sur son tabouret, prête à le lui cracher son venin. Mais il n’en fut rien, les crochets restèrent bien dissimulés derrière ses lèvres : Alice connaissait le garçon.

Ses petites boucles brunes appartenaient au premier camarade rencontré dans le Poudlard Express. Déjà au premier jour il lui avait paru étrange. Et il l’était ! Comment s’appelait il, déjà ? Il avait un drôle de nom qui lui rappelait la France. Impossible de s’en souvenir.
Mais cela n’enlevait rien au fait qu’il l’a dérangeait beaucoup. La fillette se pencha un peu sur le côté et appela le garçon, la voix basse :

« - Eh, le Sang-Mêlé ! Si tu ne te tais pas, tu vas finir en morceau dans un chaudron !

Évidemment qu’il dérangeait le cours. Il ne comprenait certainement pas un traitre mot de ce qui se disait. Moitié de moldu qui devait seulement s’intéresser à son petit monde étrange. Et c’était bien ainsi !

Fiss était ravi, il avait trouvé un moyen de se procurer des griffes de chat, il allait pouvoir expérimenter moult recettes de son crû, afin de constater par lui même si elles lui permettent de voir la nuit ou de faire des sauts extraordinaires.
Il était en train de chercher dans son sac, affichant un grand sourire, presque tremblant de joie, s'il lui restait une chocogrenouille, afin de pouvoir la présenter à son futur acquéreur.

« - Eh, le Sang-Mêlé ! Si tu ne te tais pas, tu vas finir en morceau dans un chaudron !

Fiss se sentit bondir intérieurement, il connaissait cette voix qui avait heurté son exaltation, et les mots qu'il venait d'entendre agirent comme un mirage face à ce pauvre enfant assoiffé de connaissance dans un désert de magies inexplicables pour un esprit encore exclusivement moldu il y a quelques mois encore.
Elle allait faire trop de bruit, la professeure allait les entendre, et les garder à l’œil, et lui, il n'allait plus pouvoir faire sa transaction; par ailleurs, il savait que lorsque le cours allait finir, l'élève avec lequel il devait l'effectuer allait partir, trop heureux de voir ce cours se finir, et Fiss repartirait bredouille, tout ça à cause de cette enquiquineuse.

Il commença à sentir ses joues chauffer, et cette chaleur remonta jusqu'aux oreilles de ce dernier tandis que son estomac le tiraillait peu à peu.
Il se retourna vers la source de nuisance sonore et chuchota:

-Libre à toi de rester là bêtement à apprendre les cours sans réfléchir, moi, j'essaye de comprendre, et d'innover.

Il reconnut la fillette; c'était Alice, celle qui était venu dans son wagon, lorsqu'il allait pour la première fois à Poudlard.
Cela l'a fort déçu; il s'imaginait cette dernière plus intelligente; se contenter de lire son cours et de l'apprendre par cœur, et de surcroît, empêcher les autres de voir plus loin qu'elle... Après réflexion, ça ne le surprenait pas tant que ça, arrogante comme elle avait l'air d'être...
Cela l'énerva encore plus, il était persuadé qu'elle avait dit ça pour se faire remarquer comme une élève studieuse, quitte à lui nuire, alors qu'il ne cherchait qu'à apprendre.

C'est pas parce que t'es un peu fainéante intellectuellement qu'il faut empêcher les autres d'évoluer, tu arriveras bien à briller ailleurs, pas la peine d'être jalouse!

Il revint à sa chocogrenouille, la regardant et grommelant.

C'est bien les Serpentard, ça!

Ses grands yeux d'argent se plissèrent. Mais pour qui se prenait-il ce petit insecte, pour lui répondre ainsi ? Il la faisait passer pour une idiote pour ne pas s'avouer qu'il était idiot. Mais il l'était, il l'était vraiment ! Pauvre petit sang-mêlé trop fier pour se rendre compte que ses interrogations sont inutiles. Alice n'avait rien contre ceux qui se posaient des questions sur tout. Au contraire.
Mais lui... il se croyait plus malin que les autres. Qu'est-ce qu'il pensait ? Que personne avant lui n'avait réfléchi aux hypothétiques pouvoirs des plumes, du sang ou des organes des animaux qu'il avait précédemment cité ? Crétin !

Et puis le garçon alla trop loin en remettant en question l'intelligence d'Alice et sa capacité de réflexion. C'était pourtant une petite fille pleine de question qui s'interrogeait beaucoup, mais jamais elle n'oserait insulter son professeur en réfléchissant à autre chose en classe. Quel infâme manque de respect. Où avait-il donc été éduqué ! *Chez les Moldus, bien sûr.*

Les yeux d'Alice n'étaient plus que des fentes desquels s'échappaient des éclairs. Il l'insultait. Il l'insultait ? Oh oui, Alice avait bien entendu. Fainéante intellectuellement ? Sale petit crétin ! Elle était au moins cent fois plus intelligente que lui ! La preuve était là : il préférait échanger une griffe de chat contre une chocogrenouille. Une griffe de chat... Mais qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'il allait faire une trouvaille ? Si les griffes de chat avaient une utilité magique, c'était certain qu'elle aurait déjà été démontré. Comme si les sorciers étaient incapable de trouver ça par eux même. Qu'il était prétentieux...

« - C'est bien les Serpentard, ça!

Un sourire étira furtivement les lèvres d’Alice. Ce n’était pas un sourire bienveillant. Et bien que cette dernière réplique l’ai amusé, le tout était pathétique. Que connaissait-il de sa maison ? En quoi pouvait-il lui faire une remarque ? Alice avait dit une phrase, une seule. Elle lui avait seulement dit, à sa façon, de faire silence. Agressif, borné, prétentieux et maintenant sectaire. Serdaigle avait hérité du « bon petit Serpentard » selon les critères de tous les imbéciles. C’était navrant.

- Par Circée, il te reste encore de la salive pour parler ? siffla t-elle entre ses dents, la voix suffisamment basse pour n'être qu'un murmure pour Fiss.Tu devrais l’étudier, peut-être que tu lui trouveras une utilité ? Je suis certaine qu’elle pourrait servir d’alternative dans la potion de Babillage. »

Alice se remis droite sur son tabouret, les yeux ne quittant pas le garçon. Quel idiot.

Par Circée? Fiss s'arrêta un instant, puis hausse les épaules.
Personne n'invoquait Circée de la sorte, c'était sûrement un moyen de se mettre en valeur, de ce donner des grands airs; Fiss était sûr que cette exclamation était parfaitement superficielle, et n'avait pour but qu'essayer de donner un peu de constance au reste de sa pâle et insipide réplique, il n'allait pas en faire cas.

Il montra la chocogrenouille à l'élève en mesure de lui offrir les si convoitées ingrédients qui lui permettrait de grandes découvertes! Si ces torturées théories s'averaient justes...

Il rangea sa monnaie d'échange dans son sac, dans un coin ou il savait que celle-ci ne finirait pas en miette; c'était important, s'il voulait continuer à faire des affaires avec cet "épicier du marché noir de l'école".

Tu devrais l’étudier, peut-être que tu lui trouveras une utilité ? Je suis certaine qu’elle pourrait servir d’alternative dans la potion de Babillage. 

Fiss laissa apparaître un léger sourire en coin; visiblement, Alice essayait de se rattraper, et se mettait à le caresser dans le sens du poil.
Toutefois, cette potion ne lui parlait pas vraiment, il l'avait bien vu mentionné dans un ouvrage de cinquième année qu'il avait lu en diagonale et sans tout comprendre, mais rien de plus.
Il en deduisit qu'Alice avait dû entendre des élèves d'année supérieure en parler, et qu'elle avait retenu ce nom pour se rendre intéressante. Était-ce en citant des noms de potions que personne ne connaît à cet âge, et qu'elle ne connaissait probablement pas plus que les autres, qu'elle se rassurait?
Il tourna la tête un bref instant vers Alice, la hocha comme pour un remerciement, puis revint à son manuel, sur la table, sans le lire pour autant.

Fiss commençait à s'en vouloir, Alice lui faisait beaucoup penser à la "Cindy" des vieilles sitcom, à la télé, chez les moldus, c'était un peu cette fille qui misait beaucoup sur son physique, et qui allait être sur la défensive très vite, lorsqu'une situation lui échappe. Cette fille qui allait essayer de se faire valoir par son style ou par le petit copain joueur de football américain qu'elle aurait réussi à avoir. Cette fille pas très maligne que personne n'embête parce qu'elle a une réputation.

Plus Fiss la regardait furtivement, et plus il la voyait comme il venait de l'imaginer, que ce soit par le fait qu'elle avait l'air de prendre soin d'elle, par ses précédents mots; et plus il trouvait à cette dernière de points communs avec cette "Cindy des sitcoms", plus il en avait pitié, et plus il en avait pitié, plus il s'en voulait.

Dans son exaltation, il l'avait peut être blessé.
Fiss sortit un parchemin, en arracha discrètement un morceau, puis pris sa plume et écrivit:

Désolé pour tout à l'heure, je ne voulais pas te mettre la honte devant tout le monde.

Tu sais, si tu as du mal à suivre, je pourrais t'aider après les cours, ça me dérange pas, j'aurais le temps pour mes recherches plus tard.

Il regarda la professeure, attendant que celle-ci regarde ailleurs, puis fit discrètement glisser le mot sur la table d'Alice, avant de revenir à sa position initiale, l'air de rien, regardant de temps à autres si sa camarade de classe réagissait, satisfait d'avance de pouvoir venir en aide à un élève en difficulté.

Le sourire qu'afficha soudainement Fiss fit hausser les sourcils à Alice. Qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir dire ? Il se moquait ? Il osait se moqué d'elle, en plus de l'insulter ? Non, visiblement, ce n'était pas cela. Il fit un signe de tête à la fillette, comme pour...la remercier ? Il ne tournait vraiment pas rond, ce garçon.

Alice finit par se désintéresser du Serdaigle. Il ne fallait pas trop lui donner d'intérêt, ce serait l'encourager. Après avoir réajusté une de ses longues boucles blanches, la fillette se remit à son cours qu'elle essayait de suivre le plus sérieusement possible. Elle n'allait tout de même pas se laisser déconcentrer par ce garçon. Échanger une chocogrenouille contre une griffe de chat... n'importe quoi.

Il était difficile de se remettre correctement dans le cours, sa concentration peinait à revenir. Alice pensait encore aux bêtises de son voisin, et aux sales choses qu'il avait osé lui dire. Fainéante intellectuellement... Alice n'avait même pas envie de lui fermer son clapet tant il lui inspirait de la pitié. Demi-Moldu veut se sentir Sorcier ? Qu'il s'y essaye si cela l'amuse !

Alors qu'elle commençait à retrouver sa concentration, un petit bout de parchemin fut glissé sur sa paillasse, arrachant ainsi Alice à son cours. Ses sourcils froncés, elle s'empara du message et le lu.

« - Qu'est-ce...quoi ?!

Sa voisine de droite lui fit signe de se taire en lui montrant le professeure. Oh ce Sang-Mêlé ! De l'aide ! Il osait lui proposer de l'aide ! Son sang bouillonnait sous ses veines. Il pensait l'avoir humilié précédemment ? Il venait de la mettre en colère. Quel petit imbécile prétentieux ! Comme si il était en mesure de lui apporter son aide, lui qui se posait des questions sur des choses aussi futiles que les griffes de chats !

Furieuse, elle roula le papier entre ses doigts, profita que le professeur ai tourné le dos pour jeter la boulette dans la tempe du petit garçon prétentieux.

- Je n'ai pas besoin de ton aide, petit cafard ! cracha t-elle en murmure.»

Elle le toisait de son regard argenté, assombri par la colère. Dans quel monde s'imaginait-il pour penser qu'elle avait besoin d'aide ?

Fiss, presque heureux de pouvoir venir en aide à sa camarade, attendait de plus en plus impatiemment la réaction de cette dernière.
Le fronçage de sourcils de cette dernière lui apporta une grande incompréhension. Était-elle à ce point imbue d'elle même qu'elle préférait rester médiocre si cela lui permettait de garder la tête haute face aux autres?

« - Qu'est-ce...quoi ?!

Elle n'avait visiblement pas compris au moins une partie de ce message; celui-ci lui paraissait pourtant assez explicite.
Un bref instant plus tard, il vit la voisine de droite d'Alice s'agiter, tout en la regardant... Ça y est, il avait compris! Alice ne voulait pas que cela se sache, et elle cherchait à se protéger de l'opprobre que lui apporterait une aide de la part de Fiss.
Fiss regarda devant lui, quelque peu déçu, comprenant qu'il allait être difficile de l'aider sans que personne ne le sache, afin qu'elle puisse garder sa fierté intacte.

Il retourna à ses élucubrations, regardant son grimoire, et cherchant à imaginer quel mixture serait assez simple pour ne même plus être en mesure d'être imaginée par les alchimistes renommés, probablement trop torturés par des séries d'équations prenant d'innombrables tableaux de classe leur permettant de connaître le dosage exact d'une potion complexe, et ne s'intéressant plus aux hypothétiques mixtures simples, qu'ils imaginaient d'ailleurs sûrement toutes découvertes...

Un boulette de papier vint bousculer ses pensées:

- Je n'ai pas besoin de ton aide, petit cafard !

Fiss sursauta légèrement, regarda Alice, puis la boulette, puis devint rouge de colère! Non seulement, elle refusait son aide, mais cette petite peste répondait à cet acte de bonté par une insulte et un jet de projectile? Était-ce ainsi qu'elle allait avancer dans la vie? En refusant les connaissances que l'on lui offre, en balançant des projectiles à ses congénères et en les insultant ?
Il regarda la professeure, attendit qu'elle ait le dos tourné, puis murmura non sans une certaine véhémence:

-Ben plus tard, avec ton niveau de première année, quant tu torcheras des poules et que tu nettoieras des volières, tu viendras pas te plaindre!

Il reprit son souffle, qui devint court tant la réaction de sa camarade l'avait mis hors de lui, il se calma quelque peu, puis, dans une rechute émotionnelle ,repris:

Si je trouve une potion qui permet d'enlever les tâches ou de lustrer les meubles, je te ferais signe, t'en auras besoin quant tu travailleras chez moi!

Il ingurgita avec difficulté, regarda ailleurs, tenta à nouveau de se calmer, de penser à autre chose, mais cela ne fonctionna que partiellement. Une boule au ventre lui restait, et celle-ci lui tiendrait certainement compagnie jusqu'à la fin du cours...

Il se payait sa tête. Bien sûr, c'était forcément cela. Sinon, cela signifiait qu'il était vraiment, vraiment bête. Ses grands yeux braqués sur lui, Alice ne savait plus quoi penser. Comment réagir à ça, en fait ? Et qu'est-ce qu'il baragouinait, tout seul dans son coin...? Oh ! Quelle grossièreté ! Alice était choquée, assez pour que sa mâchoire s'abaisse de quelques petits centimètres. Généralement, elle entendait ces immondices dans les bouches des Gryffondor. Dans celle d'un Serdaigle, c'était une première !
La fillette était incapable de réagir. En réalité, elle se maitrisait difficilement : une violente envie de lui envoyer des coups de sac au visage la titillait. *Ce n'est rien, on se détend, il ne sait pas ce qu'il dit, il est vexé* se forçait à penser Alice. *Il sait que je suis mille fois meilleure que lui, et que sa plaisanterie n'a pas fait mouche.*

Et puis, le garçon se remit à parler. Les yeux d'Alice s'agrandissaient au fur et à mesure qu'il parlait. Sa mâchoire abaissée se serra d'un coup sec. Il la provoquait. A présent, Alice en était certaine. Il la prenait pour un noueux de trois semaines. C'était trop. Beaucoup trop pour qu'elle ne puisse l'accepter. Il allait regretter chacun de ses mots !

Profitant de l'attention détournée du garçon et du professeur, Alice glissa sa main sous sa table. Elle fouilla un instant dans sa robe, jusqu'à en sortir l'extrémité de sa baguette. Sa camarade y jeta un regard intrigué, roula des yeux et se remis à son cours. Qu'elle s'occupe de ses affaires, celle la. Le bout de sa baguette s'orienta lentement vers la paillasse de Fiss. Une idée, il fallait une idée... Un sourire mauvais passa furtivement sur le visage d'Alice. Son regard cruel avait trouvé.
Concentration. Visualisation.

« - Wingardium Leviosa, murmura t-elle, presque inaudible.

Poignet souple, on lève, on tourne et on abaisse. Doucement. Tout doucement. Il ne fallait pas être vu. Surtout pas ! Heureusement, le professeur était occupé ailleurs.
L'encrier sur la table de Fiss quitta lentement sa paillasse pour s'élever de quelques petits centimètres. Oh c'était parfait, parfait... encore un peu... Alice fit légèrement pivoter sa baguette sur le côté, et l'encre s'écoula sur le manuel de cours. L'encrier retomba ensuite sur la tache qui imbibait les pages. Alice avait rangé sa baguette, sans un mot. Ses yeux étaient posés sur son manuel, elle semblait le lire. Bonne petite fille. Néanmoins, elle se permis quelques mots, bas.

- Tu commenceras par l'utiliser sur ta table cette potion, cochon moldu. »

Encore tiraillé par sa boule au ventre, Fiss tentait néanmoins de se concentrer sur autre chose que l'idiotie et la fierté de sa camarade.
Si je prend la griffe de chat, et qu'à la place de... mais quelle petite garce, celle là... si je remplaçais par..

Rien n'y faisait, il n'arrivait plus à se concentrer sur ses recettes, et sa colère prenait le dessus, jusqu'à le rendre quelque peu nauséeux.
Comment... Pourquoi ais-je perdu mon temps à essayer d'aider cette... Ça m'apprendra à vouloir aider, donnez à manger à un âne, il vous fera des crottes.

Ses pensées furent interrompues par la levée soudaine de son encrier sur la table.
En premier lieu paniqué, il regarda à gauche, vit un élève en train de réviser, puis regarda à droite, voyant Alice, main sous la table, regardant vers lui.
Il haussa les sourcils, regarda l'encrier flottant, puis Alice, puis l'encrier effectuer une rotation, puis son livre, qui allait voir noircir quelques unes de ses pages.

Fiss sursauta, puis, d'un mouvement de bras malhabile et désespéré, essaya de rattraper son encrier avant que celui-ci ne vienne déverser son contenu sur les précieuses pages du manuel de potion; malheureusement, ses efforts furent vains, et il ne put que brièvement constater l'encre impregnant peu à peu les pages, avant de lancer un regard noir vers Alice.

- Tu commenceras par l'utiliser sur ta table cette potion, cochon moldu. »

Ah, la harpie! La succube! La garce! Elle avait retenu un sort dans sa scolarité, il fallait qu'elle l'utilise pour nuir! se dit t'il.

Le regard des plus assombri, les nerfs à vif, il se retenait de sortir sa baguette pour lancer un "Lashlabask" dans les gencives de cette abjecte petite sote!

Il se tourna vers son manuel, à la limite de vomir, puis, voyant s'écouler l'encre, eut une idée.

Fiss prit un morceau du parchemin qu'il avait précédemment déchiré, puis le tourna de manière à former un cône d'environ dix centimètres, et d'un angle d'environ 30°; il plia l'extrémité pointue du cône, puis placa ce dernier entre ses jambes, puis il reprit un petit morceau de parchemin, qu'il plia de sorte de pouvoir récupérer une partie de l'encre encore liquide.

Ceci fait, il reprit son cône, le gardant caché sous la table, puis commença à le remplir de l'encre renversée sur le livre et en partie sur la table, avant de ranger tout ce qui n'était pas absolument indispensable dans son sac, puis patienta, restant stoïque jusqu'à la fin du cours.

Juste avant que celle-ci n'arrive, il vida ce qu'il reste d'encre de l'encrier dans son cône, puis, lorsque les élèves commencèrent à se lever, se dépêcha de ranger ses affaires restantes, glissa le cône dans sa manche tout en gardant la base vers le haut, se leva, puis profita du bazar que pouvait provoquer une foule d'élèves ayant hâte de sortir pour se mettre à niveau d'Alice, et appuyer violement sur son cône, aspergant le visage et la chevelure de cette dernière d'une multitude de gouttelettes de l'encre qu'elle s'était amusée à renverser sur le manuel de potion de Fiss.

Le méfait accompli, il jeta l'arme du crime tout en se depechant d'aller vers la porte de sortie, à l'abri de représailles sur du court terme, pouffant à l'idée qu'Alice allait devoir continuer une partie de la journée avec toutes ces petites tâches noires contrastant tant avec son teint et sa chevelure, elle qui se donnait des airs si précieux.

Pas peu fière de la réussite de son Sortilège de Lévitation, Alice ne réussissait pas à retenir un sourire ravie. Cela faisait un bien fou ! Et l'effet escompté était là : le garçon avait fermé son insupportable clapet. Alice allait enfin pouvoir suivre son cours, avec la satisfaction d'avoir réussit à rendre justice à tous ces pauvres camarades dérangés par le garçon. Un Serdaigle qui perturbe le cours, c'est un comble. Un Gryffondor d'accord, un Poufsouffle passe encore. Mais un Serdaigle...

Jusqu'à la fin du cours, Alice resta concentrée. Sa plume s'agitait sur son parchemin au fur et à mesure que les informations arrivaient. La fillette avait presque oublié à quel point c'était agréable, le calme d'une salle de classe en pleine leçon.
Lorsque le professeur annonça la fin de l’heure, Alice referma son livre et rangea méticuleusement ses affaires. Sa longue plume blanche fut disposée dans la boîte en bois conçue pour la recevoir, son manuels déposé entre ceux des autres cours de la journée, ses parchemins roulés et son encrier refermé. Autour d’elle, les élèves étaient bruyants. Ils s’agitaient, se bousculaient, riaient, discutaient. Le tout sans une cacophonie assourdissante. Pourquoi fallait-il toujours qu’ils fassent du bruit ?
Alice jeta un coup d’œil à sa gauche. Fiss était là, juste à côté d’elle. Un sourire glissa sur le sourire de la fillette

« - Quoi ? demanda t-elle, goguenarde.

Mais avant qu’Alice ne puisse ajouter un mot, une pluie explosa à son visage, directement depuis la main du garçon. Un cri de surprise se mêla au tumulte de la classe. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Que venait-il de lui jeter dessus ! Alice passa sa main sur son visage pour en retirer les petites perles inconnus et poussa un nouveau cri en constatant que sa main était couverte de traînées bleues. Encore un cri lorsque la fillette pinça une de ses mèches blanches, tachée de petites gouttes ... d’encre.

- FISS ! SALE PETIT .... »

Mais le petit rat avait déjà filé, ayant au préalable jeter l’arme du crime au sol. Du parchemin, seulement du parchemin ! Il s'était vengé comme un Moldu !
Quelques rires s’élevèrent autour d’elle. L’attaque n’était pas passée inaperçue. Les yeux exorbités par la rage, Alice releva sa capuche sur sa tête et fonça hors de la salle en cachant maladroitement son visage derrière sa main. Elle jeta un regard à droite, un regard à gauche. Fiss avait disparu. Fiss avait fuit comme un lâche. Le petit rat ! Mais Alice le retrouvera, et lui fera payé ! Pour l’heure, il fallait se nettoyer de toute cette cochonnerie. Alice, tête basse pour cacher ses joues rouges grêlées d’encre, s’en alla en direction de sa salle commune.
La vengeance viendra, vite. Bien vite. Alice était un serpent. Et les serpents mangent les rats.