Edmund était épuisé. Entre le traumatisme du premier cours de Défense contre les Forces du Mal et l'échec cuisant du cours de vol, son premier jeudi de l'année scolaire avait été aussi éprouvant que fatal pour son orgueil. Lui qui souhaitait commencer son année correctement, il était parvenu à accumuler du retard dans deux matières en à peine une semaine. Il fallait absolument que le cours de potion du jour se passât bien : il ne pouvait pas se permettre de prendre encore plus de retard. C'était donc un Edmund stressé qui attendait que passassent les trois minutes qui le séparaient de l'ouverture de la salle de potions pour savoir à quelle sauce il serait mangé.

La professeure ouvrit la salle à huit heure trente précise, comme la semaine précédente, et invita les élèves à rentrer dans la salle en pierres grises. Les paillasses étaient organisées en deux rangées comme la dernière fois qu'il avait pénétré dans la pièce, et l'on pouvait observer le bureau de Mrs Xarinez au fond de la salle, en position surélevée.

Alors qu'Edmund s'installait sur la paillasse la plus à gauche de la pièce, l'adulte signala aux élèves encore en train de rentrer que le travail du jour serait à effectuer en binôme. Elle leur demanda donc de se répartir deux par table avant de les enjoindre à sortir leurs manuels et de les ouvrir à la page dix-neuf pour se renseigner sur la préparation qu'ils allaient réaliser pour ce cours.

Le garçon, suivant les conseils de la professeure, ouvrit son sac en quête du livre de cours. En sortant l'ouvrage, il fut cependant surpris de lire comme titre Le livre des Sorts. Il demeura quelques secondes hébété face à cette découverte avant de commencer à paniquer. Fatigué qu'il était, il s'était trompé de manuel ! Il aurait certainement pu expliquer son erreur à Mrs. Xarinez, qui avait l'air très aimable et aurait certainement accepté qu'il courût chercher l'ouvrage, mais le stress de la veille ajouté à son épuisement eurent raison du bon sens de l'apprenti sorcier qui resta figé sur place, ne prêtant plus aucune attention à son entourage.

Soudain, une grande fille blonde arriva près d’Edmund, elle n’avait encore trouvé personne avec qui se mettre pour l’activité. Elle aurait bien voulu demander au jeune garçon encore seul sur une paillasse toute à gauche mais elle n’osa pas, de peur de le brusquer et qu’il refuse. En effet, ce dernier lui paraissait étrange, la jeune fille le regarda alors suspicieusement puis, elle remarqua qu’il avait le mauvais manuel scolaire...

« Eumm... excuse-moi, dit-elle d’une voix faible, le jeune garçon semblait ne pas l’avoir entendu, elle recommença alors en se raclant timidement la gorge pour capter son attention... Excuse-moi ! Tu as pris le mauvais manuel, veux-tu partager avec le mien ?  »

Le garçon se retourna précipitamment sûrement pris de surprise.

« Je m’appelle Rose, Rose Evans. Poursuivi avec hésitations la blondinette. Je n’ai personne avec qui me mettre pour l’activité, toi non plus alors euh si ça ne te déranges pas... Elle s’arrêta un instant de crainte qu’il refuse puis, prenant son courage à deux mains elle dit : Veux-tu te mettre avec moi pour l’activité ?  » Puis, elle termina sa phrase par un léger sourire en coin et un regard plein d’espoir...

« Excuse-moi ! Tu as pris le mauvais manuel, veux-tu partager avec le mien ? »

Edmund fut pris de surprise pas une voix qui venait de derrière lui, en diagonale. Il se retourna subitement et vit une fille très grande — elle le dépassait sans doute d'une trentaine de centimètres — et tout aussi mince qui semblait lui parler. Ou alors elle parlait à quelqu'un d'autre en le regardant. Secouant un peu la tête pour reprendre éclaircir ses idées il se dit que cette dernière hypothèse était invraisemblable et prit donc le parti de lui répondre.

« Oui pourquoi pas. J'aurais bien besoin d'un livre effectivement, signifia-t-il en tournant ses yeux vers son manuel de Sortilèges. Si ça te dérange pas, je vais me mettre sur la gauche de la table. Je suis gaucher donc ça évitera les coups de coude à répétition. »

Il poussa le sac qu'il avait posé sans trop de bon sens sur le deuxième tabouret de la paillasse, libérant de l'espace pour permettre à la fille de s'installer. En sortant une feuille de parchemin, une plume, un encrier et une fiole d'encre, il dit à Rose :

« Je te laisse sortir le manuel et l'ouvrir à la page adéquate ? et attendit que Rose s'assît à son tour et plaçât ses affaires sur sa partie de la table. Ah et moi c'est Edmund Long. Enchanté. »

Le professeur débuta alors les explications quant à ce qu'ils allaient faire durant ce cours, coupant court momentanément aux discussions dans la classe.

, Désolée pour l’attente !

Rose était ravie ! Elle se plaça à droite comme lui avait intelligemment conseillé Edmund. La jeune fille ouvrit son manuel à la page dix-neuf comme le professeur leurs avaient demandé puis le plaça à sa gauche pour que le garçon puisse voir.

Ils commencèrent la lecture puis, un fois chose faite, Rose se dévoua pour remplir le chaudron. Elle ne dut pas faire la queue longtemps puisque la plupart des autres élèves étaient occupés à bavarder entre eux se qui la fit un peu ronchonner. Elle revint à sa place avec le désormais lourd chaudron qu’elle traînait de ses frêles bras.

Les deux enfants poursuivirent la recette par l’ajout des goutes d’eucalyptus. Aucun des deux jeunes élèves ne parlaient beaucoup hors,Rose voulait a tout pris se faire quelques amis avant les vacances de Noël...Elle entama donc la discussion avec Edmund, elle avait toujours son petit sourire et ses grands tournés vers son binôme :

« Tu as déjà réaliser une potion ? Moi jamais ! Bien que mes parents ne soient pas des Moldus. En fait, on s’est totalement retiré de la Magie, les baguettes de mes parents sont soigneusement rangées dans le grenier, ils ont fait ce choix là, je ne sais pas vraiment pourquoi...Mais je suis comme même allée à Poudlard ! »

Un léger soupir se laissa entendre, elle avait perdu son sourire si particulier et baissa ses yeux puis tourna la tête pour se reconcentrer sur son activité.

La fille s'installa à la droite d'Edmund et sortit ses affaires, dont notamment le livre de potions. À sa vue, l'étourdi se détendit grandement et laissa échapper un soupir de soulagement. Le sort semblant s'acharner sur lui, il craignait que Rose eût elle aussi pris le mauvais manuel.

Edmund se tourna vers la Serdaigle et lui fut extrêmement reconnaissant. Grâce à elle, il allait pouvoir inverser la tendance que ses cours avaient prise jusqu'à présent. Il ferait de son mieux pour ne pas gâcher cette chance qui lui avait été donnée — le garçon prenait les choses un peu trop au sérieux. Mais c'est comme ça que sont les adolescents : immergés dans les événements qui leur arrivent.

Il s'empressa de lire la recette de la potion qu'ils prépareraient pendant cinquante minutes pendant que Mrs Xarinez expliquait rapidement quelles en était les effets ainsi quelques consignes pratiques. Cela ressemblait étonnamment à une recette de cuisine. Remplir le chaudron à moitié puis faire bouillir, Rajouter l'huile essentielle d'eucalyptus, etc. S'il l'on omettait le sang de salamandre et les précisions étranges sur le sens et le nombre de mélanges à effectuer, il aurait pu penser qu'il lisait un livre de cuisine.  Cela fit sourire un peu le garçon : vivant seul avec son père très mauvais cuisinier, il avait appris à faire à manger quelques années auparavant et s'occupaient d'une part non négligeable des repas. Il pouvait tout à fait réussir cette préparation !

Quand les deux potionistes en herbe eurent fini de lire la recette, Rose se porta volontaire pour remplir le chaudron. Elle se leva et alla faire la queue à côté du bureau de la professeure pour se procurer l'eau. Pendant ce temps, Edmund réfléchissait aux ustensiles dont ils auraient besoin pour les étapes suivantes. L'huile d'eucalyptus devrait vraisemblablement être versée à la pipette pour bien compter le nombre de gouttes, les piments oiseaux devraient être écrasés à l'aide d'un pilon et d'un mortier et le sang de salamandre devrait être incorporé avec un verre mesureur pour bien avoir le volume désiré.

Rose revint alors que le garçon venait tout juste de finir d'aligner les ingrédients et les outils dans l'ordre d'utilisation afin de rendre la préparation plus simple et éviter les erreurs bêtes. Elle posa le chaudron sur l'emplacement dédié et Edmund alluma le feu en-dessous pour commencer à faire bouillir le liquide. Il signala à l'aigle qu'il avait organisé les ingrédients en fonction de leur moment d'apparition et lui demanda son avis sur les ustensiles utilisés pour chaque étape. Son approbation obtenue, il entreprit prélever de l'huile d'eucalyptus avec la pipette et attendit que l'eau bouillît.

Quand le contenu du chaudron commença à frémir, le garçon entreprit de verser dix gouttes depuis la pipette dans le récipient brûlant. La tâche, simple en soi, était cependant facile à rater étant donné qu'il était facile de se tromper dans le compte de gouttes, ce qui les forcerait alors à tout recommencer — et il doutait que Rose appréciât de devoir retourner remplir le chaudron.

Il lui restait une seule goutte à ajouter quand la fille lui parla de nouveau, mais cette fois-ci sans lien direct avec la préparation qu'ils étaient en train de réaliser. Edmund versa sa dernière goutte d'huile d'eucalyptus et entreprit de mélanger la potion attentivement avant de se concentrer réellement sur ce qui lui était dit, préférant se concentrer sur la réussite de ces étapes minutieuses dans un premier temps.

« Tu as déjà réaliser une potion ? Moi jamais ! Bien que mes parents ne soient pas des Moldus. En fait, on s’est totalement retiré de la Magie, les baguettes de mes parents sont soigneusement rangées dans le grenier, ils ont fait ce choix là, je ne sais pas vraiment pourquoi...Mais je suis comme même allée à Poudlard ! »

Edmund fut un peu étonné de cet aveu. Tous les enfants de sorciers à qui il avait parlé jusqu'à présent avaient vécu leur enfance entourés de magie, complètement isolés du mode de vie Moldu. Il ne s'était donc pas attendu à qu'il pût y en avoir qui vécussent comme si la magie n'existait pas. Le garçon se dit que ce mode de vie devait être l'équivalent chez les sorcier d'une vie sans technologie.

« Tu es la première fille de parents sorciers que je croise qui a jamais fait de magie avant d'arriver ici ! Tous les autres que j'ai croisé semblaient en savoir déjà beaucoup. Je suis content de voir que vous êtes pas tous comme ça ! s'exclama-t-il, avant de reprendre un peu plus bas. Je me sens un peu moins en retard. »

Il sourit et rit un petit peu avant de reprendre.

« C'est aussi la première fois que je fais une potion. Ma mère est une sorcière mais je l'ai pas connue. J'ai surtout vécu avec mon père moldu donc j'ai jamais fait de magie avant de venir ici. Jusqu'il y a l'année dernière les histoires de magie me faisaient même peur ! T'imagines pas mon choc quand j'ai reçu la lettre d'admission de Poudlard ! »

Il avait dit ça en riant, mais il y avait comme un fond d'angoisse discret dans ses yeux. Il disparut cependant aussi vite qu'il était venu, si bien que même un interlocuteur très attentif se serait demandé s'il ne l'avait pas imaginé. À vrai dire, Edmund lui-même ne savait pas s'il avait vraiment été là. À vrai dire, cela importait peu.

Pendant qu'il conversait avec la Serdaigle, le garçon avait fait deux tas de cinq feuilles de menthe poivrée. Le premier était composé de feuilles grosses et bien vertes tandis que le second était constitué de feuilles plus maigres, dont l'une notamment était un peu séchée. Il désigna à sa camarade les deux tas qu'il avait formés et demanda :

« Plutôt celui de gauche ou celui de droite à ton avis ? »