Tu attendais patiemment la réaction de Wil avec un petit sourire d’ange, sachant pertinemment qu’il te relèverait, même s’il venait de croiser les bras.

Finalement, il te tendit la main, et tu te relevas avec un petit sourire satisfait. Petite peste, va. Il t’arrivait de te comporter comme une gamine -en présence des gens que tu connaissais bien-, mais ça n’était pas vraiment dans ton caractère. Jouer un personnage t’avait toujours plu. Devenir quelqu’un d’autre était quelque chose de fascinant.

- Et puis si tu refuses, ça veut dire que t’as peur de perdre cette fois.

Pourquoi Wil tenait-il tant à cette revanche ? Il te regardait à présent avec un sourire faussement léger plaqué sur le visage, et tu haussas un sourcil, perplexe. Hmm. Il aurait fallu qu’il utilise cette technique avec Anna ; s’il y en avait une qui avait un esprit de compétition, c’était bien elle. Toi moins. Au contraire, tu détestais te mesurer aux autres. Pas assez forte, pas assez intelligente, pas assez belle. Jamais assez.

Néanmoins, te faire traiter de peureuse, très peu pour toi. Mais tu pouvais bien le faire languir un peu, -il avait quand même fait exprès de te renverser un soupçon de potion en te relevant- alors tu répondis d’un air indifférent :

- Hmm. Peut-être. Je verrai si j’ai le temps.

Bien sûr que tu viendrais. Mais lui n’avait pas besoin de savoir ; il l’avait bien mérité. Quand on croyait avoir réussi à te cerner, on finissait toujours par se rendre compte c’était impossible. Brisée, tu l’étais. Moins souvent, depuis quelques temps. Mais tu comptais bien ne plus jamais te montrer vulnérable et fade. La peur d’être ennuyeuse était l’une des nouvelles qui s’était ajoutée à ta liste récemment. Alors tu t’étais arrangée pour te construire un masque dur comme la pierre, que même tes plus proches amis auraient du mal à briser. Car ennuyeuse, tu l’étais.

Quand le cours fut terminé, tu rangeas rapidement tes affaires et lanças un petit sourire taquin à Wil :

- Seize heures, tu as dit ?

Ce fut d’un pas déterminé que tu quittas la pièce. No te rindas.

Je me rendis compte qu’espérer qu'elle cède était bien naïf. Elle verra si elle a le temps. Sérieusement ?! Qu'avait-elle de plus important à faire ? Je me donnais tant de mal, et peut-être qu'elle ne viendra même pas ! On avait pris soin qu'aucun de ses amis ne lui dise rien, que ça soit une véritable surprise. Et peut-être qu'elle ne viendra pas ?! J'imaginais déjà la scène, tous les coupains d'Ella dans la Grande Salle, et moi qui entrais pour leur dire que je n'avais pas réussi à la convaincre de venir, qu'elle avait autre chose à faire. Alors je ne devrai plus craindre qu'Anna, mais tous ses amis réunis. Et il y en avait beaucoup, une bonne quinzaine d'élèves.

Elle me fit répéter l'heure de la revanche avant de quitter la salle. Elle n'allait sûrement pas entendre ma réponse, mais je la dis pour me donner bonne conscience.

- Oui seize heure, et t'as pas intérêt à venir en retard !

Elle m'avait laissé là, dans mes doutes et mes inquiétudes. C'était plus compliqué que prévu de la faire venir à son anniversaire surprise. Pour Ella, ça frisait même l'impossible avec son caractère. Ou peut-être que c’était moi qui m'y étais mal pris. En tous cas maintenant il était trop tard, pas de retour en arrière possible. Elle ne peut-être viendra pas, vu comment je l'ai énervé pendant ce cours.

Mais je n'en aurais le cœur net qu'à seize heure, devant la salle commune des Gryffondors. J'avais comme l'impression que je stresserai comme pas possible en attendant. Et qu'est ce que je vais bien pouvoir raconter à Anna. Même en me disant de ne pas m'inquiéter, j'avais le cœur gros et un nœud à l’estomac. On aurait dit que j'allais passer des examens ou quelque chose de très important. En fait, oui. J'allais accomplir quelque chose de très important : rendre une amie heureuse.

Je souris à la vue de notre potion. Ou plutôt ce qui l'en restait. Comment dire, elle était.... ratée, ça oui c'était certain. Mais c'était le résultat de notre travail commun, et surtout de nos bêtises. Je me penchai et me mis à la regarder comme si elle pouvait refléter les blagues dont elle avait été témoin, les fous rire qu'elle avait connu. Comme si elle avait une mémoire, qu'elle s'était appropriée la bonne humeur dans laquelle elle avait été concocté.

Ella m'en avait fait voir des vertes et des pas murs, comme le dirait mon botaniste de père. Je n'ai jamais passé par autant d'émotions pendant un cours. Je me remémorais le sons de nos rire, toutes les expressions incrédules de son visages, toutes ses moqueries qui sortaient de nul part. Mais je redoutais aussi notre entrevue avant d'aller retrouver les autres. Il fallait qu'elle ne se doute vraiment de rien.
Bon déjà il fallait qu'elle vienne.

RP terminé