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31 oct. 2020, 14:34
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Vendredi 6 octobre 2045, 19h
Devant le lieu des soins aux créatures magiques


Le vent souleva ses cheveux, un instant. Puis il les reposa délicatement sur sa nuque, presque aussitôt. Le chant du vent retentissait fortement en ce mois d'octobre. C'était le mois d'Halloween, sans doute les souffles des Morts contribuaient à forcir la brise. Un petit frisson parcourut Lydia en songeant que le chant du vent, d'habitude si inspirant, était sans doute composé de derniers soupirs. *Et les séismes se sont les premiers pas des enfants ?* Elle secoua la tête, se disant qu’il y aurait des séismes beaucoup plus souvent. Il n’empêche, c’était une nouvelle idée à explorer. La pluie pourrait être la somme des larmes de la terre *oh, je dois être la cause de beaucoup d’averses*, l’orage de tous les cris prononcés *pour ça que cet été… Il y a eu des orages.* et enfin les arcs-en-ciel, le résultat de tous les beaux sourires esquissés sur des visages.

La fillette était en train d'observer les troisièmes années. Ils allaient bientôt sortir de leur cours concernant les créatures magiques. Comme elle les enviait… Elle les observait depuis cinq minutes et, malgré tous ses efforts, une lueur de jalousie subsistait dans son regard. Comme elle aurait voulu être plus grande. Comme elle aurait voulu ne plus être une enfant. Et pourtant elle était condamnée à le rester, c’était l’avis de tous et son père faisait partie de ce ‘tous’. Lydia aurait aimé montrer à tout Poudlard, à tout ce peuple d’Autres, qu’elle était quelqu’un de valeur, d’intelligent et de sage. Elle ne voulait plus voir des regards transperçants posés sur elle, ses mêmes regards qui après un minutieux examen concluaient « c’est une petite fille, elle ne vaut rien ». Oh, comme elle aurait voulu défier tous ses regards et affirmer qu’elle était aussi mature qu’une adulte. Pourtant toute sa belle assurance s’évanouissait et elle se contentait de baisser les yeux vers le sol.
Comment espérait-elle apprendre à voler si ses yeux étaient sans arrêt rivés vers le sol ?Lydia avait encore des efforts à faire, elle le savait.

La fin du cours fut annoncée par la professeure. *Ils vont me voir.* Les élèves âgés d’un an de plus qu’elle allaient la questionner sur sa présence, certains l’avaient peut-être déjà remarquée tandis qu’elle les observait. *Ils vont me voir* Elle allait devoir répondre aux Autres, supporter ces regards clamant tout haut qu’elle était trop petite. Ne se sentant pas capable de jouer au chat et à la souris avec Eux et leurs regards, elle se cacha derrière un buisson.

Elle était ridicule. Elle en avait conscience, c’était douloureux. Alors, elle s'avança vers les troisièmes année et se fondit dans leur rang. Elle apostropha une fille :

- Hey !

Sa voix tremblait ; un petit peu. Elle planta ses yeux saphirs dans ceux de l'Autre pourtant.

Plume d'@Adaline Macbeth

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31 oct. 2020, 19:07
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Le vendredi 6 octobre 2045
À la fin du cours
Clairière au fond du parc – SaCM

3ème année


Les mots de Miss Almeida sont éparpillés dans l'air au fur et à mesure qu'elle les libère. On pourrait presque les voir faire : tourbillonner dans le vent et s'évaporer. Une faible lumière éclaire encore la clairière, qui a été privée du coucher de soleil un peu plus tôt par tous ses arbres aux larges troncs. Le ciel est paré d'un bleu encore clair, mais qui tend au gris.

Les feuilles des arbres qui recouvrent la clairière – au milieu de laquelle se déroule le cours – frissonnent dans une légère bourrasque de vent.

Dans le même souffle, le vent caresse mon visage et probablement celui des mes camarades. Nous sommes assis sur de larges rondins disposés en rangées inclinées. J'aime assez cette composition et je suis contente de venir m'y asseoir, bien qu'il m'arrive de regretter de ne pas pouvoir prendre des notes. J'écoute la professeure Almeida avec les dernières gouttes de mon attention, qui a été vidée par cette longue journée : mais je ne le regrette pas, et mes yeux lourds sont un bon signe d'une bonne journée. Ma tête pleine aussi, et je suis même satisfaite d'avoir des devoirs à faire ce week-end.
D'ailleurs, la professeure annonce la fin du cours en nous tendant le devoir.

Je ne me lève pas immédiatement, au contraire de beaucoup de mes voisins, et décide d'attendre quelques instants de plus. D'un seul mouvement, je tracte mon sac pour le poser sur mes genoux, et prends la peine de l'ouvrir. Quand nous ne sommes plus beaucoup à attendre de saisir le parchemin, je me lève enfin et approche. J'adresse un large sourire à miss Almeida quand j'attrape la feuille qu'elle me tend et la range précautionneusement dans mon sac – je la glisse bien droite.

Ma robe de sorcier traîne par terre alors que je me fonds dans le groupe des sorciers de troisième année qui remontent jusqu'au château. Je jette un coup d'œil derrière moi et apprécie l'endroit une dernière fois, ma cape serrée sur mes épaules. Le froid qui s'abat sur le château risque de nous garder à l'intérieur, mais je souris en me détournant finalement pour regarder devant moi.

Si le ciel est clair, la lumière est faible et je vois à peine mes pieds cachés sous ma robe.

Pourtant, je peux voir clairement le visage de cette fille qui m'accoste. Sans arrêter de marcher parmi les autres élèves, mes yeux plongent dans les siens pour y tomber. C'est le genre de regard dont est affublée Jane et dans lequel je me perds aisément. Bien plus beau que mon propre regard, le sien est hypnotisant alors que j'imagine le mien sombre, et rien de plus. Mais je n'en ai pas honte, et c'est peut-être parce que je sais que je suis plus grande que cette fille, dont j'ai déjà croisé le visage mais dont je n'ai jamais su le nom.

« Salut... »

Je souffle en ralentissant un peu. Les autres qui marchent derrière moi nous évitent et nous contournent, en passant entre nous ou derrière elle. Et comme moi, parce que nos regards sont accrochés, cette fille a ralenti. Même si nous ne sommes pas à l'arrêt, l'écart entre le nuage noir – qui se confond bientôt avec les silhouettes des grands arbres qui nous séparent du parc et du château – et nous deux se creuse.

En alternant avec le sol, sombre, et son visage, bien moins sombre, je lui jette un regard interrogateur et mes sourcils se froncent. Je peux sentir les rides se dessiner entre mes yeux.

« T'es pas en troisième année toi, » commenté-je, sur le ton de discussion.

Il y a aussi une sorte de malice qui se glisse dans ma voix parce que j'imagine assez bien ce que peut venir faire une deuxième année (je dirais que cette fille en est une) aussi près d'un cours de Soin aux créatures magiques. Un petit rictus naît sur mon visage mais il n'est pas moqueur : je me souviens avoir déjà fait la même chose.

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6ème année

04 nov. 2020, 19:09
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Le face à face avec cette fille était légèrement troublant. C'est rare une personne qui soutient le regard de Lydia de cette façon. Il n'y avait que son père généralement qui enchevêtrait ses pupilles avec celles de sa fille, qui analysait avec précaution la couleur de l'iris de celle en face. Et cette fille pourtant, soutenait son regard comme Tobias le ferait. Comme Tobias l'a fait durant cet été, alors qu'elle lui hurlait à la figure.

Cette fille, Lydia l'envia au premier coup d'œil. D'abord elle était en troisième année. Elle n'était pas une enfant, elle étudiait les créatures magiques et l'art des runes, un langage mystérieux mais très attirant. Ensuite, elle savait soutenir les regards. Elle aurait été à la place de la brunette cet été, elle aurait résisté et se serait campée dans une position défensive jusqu'à attendre l'orage passer. C'est certain que cette fille se serait bien entendue avec Tobias Holmes. Elle aurait pu lui envoyer une lettre racontant ses cours de Soins aux Créatures magiques, l'impression que lui faisait Miss Almeida. Elle aurait pu nouer une complicité profonde avec l'homme sur ce sujet. *Et moi j'dois encore attendre un an.*

Elle aurait aimé se glisser dans un sablier et attraper le sable du haut à pleine main pour le lancer vers le bas. Le temps se serait ainsi égrené plus vite, les battements de sa montre se seraient rapidement accélérés et Lydia aurait atteri un an plus tard, dans un cours de Soins aux Créatures magiques. Si seulement l'humain pouvait contrôler le Temps... Cronos était dur avec les terriens.

La jeune fille en face, Lydia se força à ne pas voir son père dans ses traits de visage, lui parla. Elle semblait intriguée par sa présence et affirma que la jeune Holmes n'était pas en troisième année.

Cette dernière souffla. Son poing avait enregistré le signal et était prêt à se serrer, comme une menace silencieuse. Pourtant elle fit tout pour garder sa main plate et détendue. Ses doigts tremblèrent un peu sous l'effort.

- Euh non je ne suis pas en troisième année. J'aimerais bien d'ailleurs.

Il fallait prier pour que la fille ne lui pose pas trop de questions, elle n'avait pas envie de parler de ses raisons. En parler à elle surtout lui ferait mal, la jeune fille le savait.

- Mais je voulais te demander... Vous travaillez sur quoi en ce moment ?

Elle passait pour une serdaigle assoiffée de savoir et intellectuellement précoce ; tant mieux. En vérité, elle voulait retrouver son père parmi les bêtes, s'excuser de toutes les paroles dites en rapportant de bonnes notes dans l'étude des créatures. Mais, il fallait mieux mettre en avant les caractéristiques de sa maison car avouer que *papa me manque* serait beaucoup plus douloureux.

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04 nov. 2020, 20:34
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Nos pas se synchronisent sûrement quand mes derniers mots s'éparpillent dans l'air autour de nous. Pendant quelques instants encore, je décide d'accrocher son regard et de ne pas le lâcher. J'ai l'impression de nager au fond de ses deux billes bleues. C'est énervant parce que c'est exactement comme ça que je me sens quand je les plonge dans les yeux de ma cousine – je crois que je l'aime autant que je la déteste. C'est particulièrement ce que je fais, me perdre dans son regard azuré, quand elle fait le genre de réflexions que je n'aime pas. Puisqu'elle a le don de venir mettre des petites boules d'angoisses au creux de mon estomac en parlant trop fort, en revendiquant son foutu sang, ou en vantant des mérites qui ne sont même pas les siens. Je la découvre menteuse, pensé-je, et mes sourcils se froncent un peu plus pendant mon escapade au fond de ce trop-profond regard.

Je secoue la tête quand sa réponse, accompagnée d'une nouvelle question, me ramène à la clairière. Même si c'est pour la quitter.

Mes pieds n'ont pas cessé d'avancer et je décroche finalement des yeux de cette fille pour regarder devant moi. Le ciel commence à s'assombrir nettement et je devine que ce sont les derniers soupirs du Soleil qui se dessinent à l'horizon. Je laisse couler deux ou trois secondes avant de jeter un coup d'œil à mes pieds. Ils se confondent avec ma robe de sorcier qui se confond déjà avec le sol.

Pour lui répondre, toujours en marchant, je tourne les épaules un peu plus dans sa direction. J'attrape la lanière de mon sac, posé sur une seule de mes épaules, pour ne pas le faire tomber.

« Mh... » je marmonne d'abord.

Cette question qu'elle m'a posée pourtant, si elle a mis du temps à monter à mon cerveau – je mets immédiatement ça sur le compte de la fatigue qui tire sur mes yeux et mes épaules –, éveille chez moi envie de répondre et intérêt. Mes sourcils se lèvent un peu désormais et, en évitant de retomber dans ses yeux bleus, je lui adresse un demi-sourire. Il est venu comme ça, ce sourire, je ne saurais pas expliquer pourquoi.

Enfin, peut-être que si. C'est probablement parce que cette question prouve d'une curiosité que j'ai le sentiment de comprendre. Et bientôt, pendant que nous grimpons la pente qui se présente dans cette semi-clarté, la dernière offerte par le jour, les mots se rassemblent et les idées aussi. Ma poigne se raffermit sur la bretelle de mon sac et mes genoux fléchissent.

Un peu plus de temps et nous arrivons dans le parc, dans un silence relatif parce que nos pas dans les feuilles mortes font du boucan, qu'on entend hululer les chouettes et que si le groupe de troisième année (auquel je suis supposée appartenir) a de beaux mètres d'avance : on entend encore un brouhaha de conversations toutes entremêlées. La clairière est derrière nous – et je me retiens de jeter un œil derrière moi – et le parc s'étend jusqu'au pied du château baigné de la lumière du crépuscule.

« En ce moment, on travaille sur les Farfadets. Almeida en a apporté un, il y a deux semaines. Tu sais ce que c'est ? je demande. J'imagine que oui... »

Je souffle finalement. Si je ne suis pas une grande bavarde, il y a bien une chose dont j'aime toujours parler : des cours qui m'intéressent. Et je m'intéresse à tous les cours que propose ma filière, même à l'étude des Runes que j'ai choisi en option. Je souris un peu plus grand et avant de la laisser répondre, je me manifeste en ouvrant la bouche :

« C'est surtout pour étudier le statut des créatures magiques, en fait. »

Finalement, mes épaules se tournent vers l'extérieur et cela marque que je rends la parole. Mes billes brunes caressent la ligne de l'horizon que l'on voit derrière le château, lui qui est si gros qu'il faut regarder de part et d'autre de son immensité.

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6ème année

14 nov. 2020, 15:35
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La Rouge qui lui faisait face détourna *enfin* les yeux. Elle regarda le ciel un instant. Ou au moins, fit semblant de le regarder.

Lydia aurait bien aimé lui demander ce qu'elle voyait dans le ciel. Chaque être humain a sa vision du ciel. Chaque être humain se souvient de quelque chose en voyant la forme que prennent les nuages.
Aujourd'hui, un des cumulus avait une forme ovale et la jeune Holmes avait tout de suite pensé à une fiole de potion. Le souvenir des potions avait d'ailleurs éveillé le souvenir de sa grand-mère... Encore une fois aujourd'hui, elle s'était dit que sa famille lui manquait.

Elle avait oublié à quel point le manque était dur. Elle s'y était habituée l'année dernière, remplaçant sa famille par ses amis et une fille. Et maintenant, ce manque revenait, grignotait son cœur pour y faire des entailles et ne la laissait pas tranquille. *J’aurais aimé avoir un cœur de pierre.*
Elle se souvenait de sa rencontre avec une Poufsouffle, bien plus âgée, qui créait des pierres. Elle avait trouvé cette manœuvre totalement ridicule et même la preuve que cette fille n’était qu’une faible. Pourtant, aujourd’hui elle comprenait. Être une pierre permettait d’annihiler toutes les émotions et pensées, cela lui aurait été bien utile.

La troisième année, la grande, lui adressa un sourire. Un petit croissant de lune se dessina sur son visage et ses yeux, pareils à deux étoiles, rayonnèrent pendant une fraction de seconde. *Elle est jolie en plus. Elle plairait à papa et elle est jolie.* Lydia était jalouse. Elle aurait aimé être cette fille, prendre son apparence et son odeur, adopter le grain de sa voix et la couleur de ses larmes.

Celle en face répondit à son interrogation. Elle ne voulait pas arrêter la conversation là, tant mieux. La petite Holmes avait envie de lui poser encore maintes questions.

Les troisièmes années avaient donc étudié les Farfadets. Elle avait entendu parler de ces petites créatures, un Autre de Serdaigle avait raconté notamment qu’il avait été berné par leur or, qui avait mystérieusement disparu après quelques heures. Il s’était cru riche, le malheureux.

- Oui je sais ce que c’est, répondit-elle.

*Je renforce encore l’image de Serdaigle.* Elle ne savait pas où elle allait exactement et si la discussion allait prendre la tournure voulue. Elle connaissait vaguement le statut des créatures magiques et ce savoir allait heureusement lui permettre de continuer à garder la tête haute.

- Ah oui le statut des créatures magiques ! J’ai pas encore trop compris mais mon père…


Elle ravala sa salive. *Je me déteste.* Quelle erreur stupide. *Je me déteste.* Il avait absolument fallu qu’elle parle de lui devant cette Autre ? *Je me déteste.* Cette conversation ne pouvait pas se passer autrement ?

*Lydia Holmes est une idiote.*

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15 nov. 2020, 15:09
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Le rythme de nos pas s'est intensifié le temps que nous montions cette pente, comme celui de nos respirations, et maintenant que nous sommes dans le parc ; il se fait plus lent. J'imagine qu'elle ralentit parce que je le fais, les yeux perdus dans l'immensité du château, dans les ombres sinueuses des pierres qui font l'édifice. Notre rythme se mue en une lenteur exagérée, qui fait flotter les instants que nous passons ensemble et laisse le vent souffler sur mon visage, maintenant qu'il n'y a plus d'arbres pour l'en empêcher.

C'est tout juste si nous ne nous arrêtons pas.

C'est un moment agréable pour moi, ainsi sollicitée. Je me sens spéciale, c'est peut-être parce que je suis d'une année supérieure à cette fille que je me sens aussi spéciale. J'ai l'impression grisante de pouvoir lui apprendre des choses et c'est tout à fait plaisant. Le temps d'un dixième d'instant, je m'imagine professeur. Mais je réfute cette idée en secouant la tête.

Je marche toujours à ses côtés, ou elle marche aux miens. Mais notre démarche est langoureuse et nous évoluons presque précautionneusement dans le parc. Le soleil est en train de se cacher complètement et nous pouvons distinguer derrière l'aile droite du château que la lueur est intensément orange. Elle s'apprête à s'évanouir et je lui jette un dernier coup d'œil avant de la laisser s'en aller pour de bon. Le groupe de sorciers en robes noires progresse à plusieurs mètres de nous, dans le petit vallon que forme le parc, en s'éloignant toujours plus vite.

Je hoche la tête pour répondre à ses premiers mots. Le fait qu'elle connaisse les farfadets me paraît tout à fait évident, j'ai appris que les moldus les connaissent aussi même s'ils pensent qu'ils font partie du folklore comme des mythes ou des légendes. Je soulève les épaules en y pensant.

C'est la dernière phrase qui me fait m'arrêter. Mes pieds cessent d'avancer avant même qu'elle ne laisse tomber sa phrase. Je fronce un peu les sourcils en réfléchissant à ce que ce silence peu vouloir dire. Son père quoi ? Je songe, décidément je ne comprends pas ce qui touche autant les gens. Je me fiche un peu plus de mes parents à chaque instant loin d'eux, et cela fait un moment que je ne les ai pas vus. Je ne vis même plus avec eux. Comment cela pourrait-il me toucher ? J'essaie de deviner ce que ce silence soudain peut trahir mais c'est bien hors de ma portée.

J'accompagne mon arrêt d'un mouvement d'épaule. Le sac en cuir sur l'une de mes épaules glisse le long de mon bras et je saisis une lanière en soutenant la besace avec un genou levé. Mes yeux tentent de distinguer quelque chose à travers l'obscurité qui règne là-dedans. Ils finissent par s'y habituer et peuvent bientôt distinguer mon écriture à l'encre noire sur les parchemins qui dépassent. En fouillant un peu, je mets la main sur le parchemin que je cherche et le brandi fièrement. Mon sac retourne sur mon épaule.

« Tu voudrais que je t'explique ? »

Je lui demande, en faisant fi de la dégringolade étrange de sa dernière réponse, avec une espèce d'assurance qui me prend de plus en plus souvent.

Je sais d'expérience qu'expliquer une notion est une bonne manière de la retenir. Bien que je me sois déjà imprégnée de cette notion de statut, je ne refuse jamais des révisions surtout quand c'est utile au devoir que je vais devoir rendre pour la prochaine fois. Et puis, c'est grisant de se sentir grande : lui expliquer c'est lui apprendre.

« Tiens regarde, »

J'ajoute presque immédiatement, en lui tendant le parchemin tout juste sorti de mon sac. Ce sont les notes d'un cours sur le statut des créatures magiques. Il n'a pas été écrit aujourd'hui, mais l'encre est encore noire. On peut la voir détonner sur le papier de son intensité. Même si le soleil n'offre plus sa lumière, parce que même la lueur orange s'est cachée sous la ligne de l'horizon. Le ciel derrière nous commence à s'assombrir mais est toujours clair au-dessus de nos têtes.

Magic Always Has a Price
6ème année

22 nov. 2020, 19:40
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Elle hésita à courir vers le château. Sa gaffe était monstrueuse, elle s'en voulait vraiment. Devant cette fille en plus... Ses jambes commencèrent à fléchir et elle calcula mentalement le temps qu'il lui faudrait pour aller dans le hall puis pour courir dans les escaliers.

Elle en était à se demander ce qu'il se passerait si un Autre l'abordait - est-ce que la Rouge et Or profiterait de cette avance pour la rattraper - lorsque les paroles de celle qui lui faisait face, face ou côté à vrai dire c'était assez flou, l'interrompirent. Elle lui proposa de lui expliquer.

C'était tentant, vraiment. Lydia avait l'occasion d'apprendre une nouvelle chose. Et puis si elle en parlait dans ses lettres avec Tobias, nul doute que ça lui ferait une grande impression. La pensée de rendre son père fier la ravit. Après tout, elle n'était pas moins douée que cette brune. Elle était juste née quelques mois trop tard.

D'un autre côté... D'un autre côté, avait-elle vraiment envie que cette Autre, dont elle était jalouse, lui explique une notion de Soins aux Créatures Magiques. Cela renforcerait profondément sa rancoeur envers elle. Et dire qu'elle n'avait rien fait, si ce n'est d'être née au bon moment.

Le soleil déclinait. C'était toujours beau le crépuscule. Comme si l'Aurore, au lieu de ses doigts de roses, avait changé des gants orangés. Elle se rappelait de cette soirée dans la Tour d'Astronomie ou les mélodies de couleur du crépuscule se mélangeaient entre elles pour créer un beau morceau.
Elle avait envie de s'envoler en voyant ce paysage. Assister du haut du ciel à la transformation de la Voûte Stellaire en paysage nocturne devait être incroyable. Peut-être même parviendrait-elle à discuter avec les étoiles qui arrivaient pour prendre leur place dans le ciel ? *Scientifiquement, c'est très peu exact.* Bavarder avec Cassiopée ou la Couronne Boréale devait être une expérience, certes irréalisables, mais très belle.

Elle sortit un parchemin de son sac. C'était le profond bazar à l'intérieur de sa besace, la jeune Holmes put s'en rendre compte. La Rouge et Or lui montra ce qu'il était écrit. Lydia mit un petit temps à déchiffrer son écriture. Elle avait du mal à lire les autres graphies que la sienne. Elle essayait d'ailleurs de recopier le plus possible les ouvrages de la Bibliothèque à la main : elle apprenait beaucoup mieux en écrivant elle-même et en se relisant après.

Elle ne lui avait pas dit qu'elle voulait qu'on lui explique le statut des créatures magiques et pourtant, cette Autre l'avait fait. *Merlin, elle est gentille, serviable, jolie et a l'air intelligente.* Une petite entaille dans son coeur et une désagréable sensation de malaise apparaissaient à chaque fois qu'elle pensait à ses qualités.
Lydia pencha la tête pour lire. Elle comprit à peu près de quoi parlaient ces mystérieux statuts.

- C'est une classification du ministère ou il y a quatre statuts adressés aux animaux en fonction de leurs aptitudes. J'ai bien compris ?

Elle lui adressa un petit signe de regard, voulant dire « eh tu vois, je suis intelligente aussi ».

#5d9686
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24 nov. 2020, 19:21
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Mon bras est toujours tendu et ma main serre le parchemin. J'ai imaginé qu'elle saisirait le morceau de papier que je lui tends mais ce n'est pas ce qu'elle fait. Je la regarde jeter un œil aux mots écrits là pendant que nos pas toujours synchronisés nous mènent toujours plus près du château. Je lève la tête, le bras toujours tordu pour lui montrer le parchemin, parce que nous descendons le petit vallon. La lumière est de plus en plus faible, et le ciel bleu se fait grignoter rapidement par le ciel sombre. J'aime voir l'obscurité recouvrir les cieux aussi vite.

J'écoute sa réponse sans la regarder, mes yeux sont perdus dans l'herbe sombre, comme tout ce qui nous entoure le devient. La troupe de troisième année est en train de grimper et s'éloigne encore et encore. Je souris parce que j'aime l'idée de rentrer après eux.

Ma tête penche quand mes yeux retournent sur elle. Le parchemin dans ma main et le bras au bout retombent contre moi quand une moue s'articule sur mon visage. Je réfléchis à ce qu'elle vient de dire et réalise que ce n'est pas exact. Je réprime un sourire. Ce sourire qui a envie de naître parce que je m'apprête à la rectifier : et donc à lui apprendre des choses. Si je réprime son sourire, c'est parce qu'elle me regarde aussi. Je n'en suis pas sûre, mais je crois que ce regard a quelque chose de particulier.

« T'as raison, »

Commencé-je sans que la moue sur mon visage ne me quitte. Je fourre la main qui ne tient pas le parchemin dans ma poche parce qu'elle commence à se raidir. Le froid de la nuit commence à tomber et avec lui le vent se refroidi. Mon nez est probablement rouge.

« Mais les statuts ne sont pas adressés aux animaux mais aux créatures. Animal est un statut en fait. »

Je termine ma phrase au moment où nous finissons de franchir le vallon que forme le parc. Bientôt, il nous faut monter. Je regrette que le château se rapproche autant. Il est trop près pour voir le ciel derrière lui et cela me ferait grogner si je n'étais pas accompagnée.

Je me répète les trois autres statuts pour vérifier que je le connais. Alors que nous montons un peu, je jette un œil au parchemin que je tiens toujours en constatant avec plaisir que j'ai bien appris les statuts. Le soin aux créatures magiques est une matière que j'apprécie et j'aime toujours apprendre. Je me félicite d'avoir intégré ce cours par un petit sourire.

« Tu les connais ? dis-je. Les autres statuts... »

Je précise plus bas.

Le vallon est derrière nous et le sol redevient plat. Le château est terriblement proche maintenant et je ralentis encore la cadence. En fait, je ralentis tellement que je m'arrête. Je me tourne déjà vers elle pour lui faire face. Elle n'est pas beaucoup plus petite que moi, elle l'est à peine. Son visage s'assombrit mais je crois que c'est à cause du ciel qui se pare de son manteau de nuit juste au-dessus de nos têtes.

Je le regrette parce que j'aurais aimé voir la couleur de ses yeux. Elle est complètement avalée par sa pupille noire dans la faible luminosité qui est tombée sur nos têtes. Je ne sais pas ce que je pense d'elle, il est trop tôt pour le dire. Elle ne me dérange pas et je crois que je pourrais dire que sa compagnie est agréable. Le moment que nous passons ici, dehors, sur le chemin du retour au château, est un bon moment que je n'ai pas envie de voir se terminer. C'est pour ça et pour mon envie de lui apprendre des choses que je pourrais lui expliquer toutes les notions que j'ai apprises en soin aux créatures magiques.

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6ème année

06 déc. 2020, 16:50
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Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres lorsque la Rouge et Or lui répondit qu'elle avait raison. Suivre les cours des troisièmes années ne serait pas si difficile qu'elle le pensait et la hâte de grandir, qu'elle avait réussi à contenir pendant quelques minutes, revint encore plus forte qu'auparavant. Elle se sentait encore trop petite. Même pas besoin de dire 'trop' ; elle se sentait petite. Lydia préférait être grande, elle voyait les adultes comme des personnes libres pouvant faire ce qu'elles veulent, qui ont toujours raison. Elle s'obstinait à fermer les yeux sur le fait que les adultes faisaient parfois bien plus d'erreurs que les enfants. Elle voulait être grande et, par cette phrase, elle signifiait que Lydia Holmes voulait avant tout être libre.

La fille - ce mot lui correspondait assez bien, il était doux, joli et surtout rendait jaloux - releva tout de même une faute dans ce qu'avait dit Lydia. Animal n'était pas le mot exact, il fallait dire créature.

- Ah d'accord, dit-elle.

Elle n'était pas si vexée, plutôt curieuse de savoir pourquoi on employait le mot créature.

- Mais pour moi les animaux sont une grande famille, regroupant les créatures. C'est plus beau comme mot animaux. Moins dur que créatures.

Créatures faisait penser à un spécimen de foire, à des choses sans vie qu'on exposait pour faire plaisir aux passants. Ce n'était pas la représentation qu'elle se faisait de toute la faune magique. Les lettres formant le mot 'animaux' étaient beaucoup mieux organisées, elles avaient une sonorité plus douce à l'oreille. Plein de jeux de mots étaient possibles en plus. Ani-mots. Des calligrammes d'animaux, des fauves dessinés avec, au lieu de crayons de couleur, des assemblages de syllabes.
A-ni-maux. Celui-là était plus complexe. *Comme des maux qu'on annihile.* Lydia avait entendu annihiler dans la bouche de Colombe, une fois. Ce mot l'avait toujours fascinée, attirée. Réduire quelque chose au Néant... Quelle horrible perspective ! Un objet, un sentiment ou même une personne, attirés sans pouvoir lutter dans un trou noir sans fond. C'était un concept terrifiant le Néant. Elle avait peur qu'il l'absorbe un jour, une fois ou elle sera trop faible pour résister. Pire que tout, l'idée que l'amour qu'une Ombre avait pour elle puisse se faire annihiler, l'effrayait.

Elles avaient dévié de la salle de cours. Elles se trouvaient dans le Parc à présent et la nuit continuait de tomber, de plus en plus puissamment. *La nuit, elle annihile les choses ? Vu qu'elle les plonge dans l'obscurité.* C'était une pensée à méditer, elle se promit d'en parler dans une de ses lettres, destinée à Grande Ombre.

La fille lui demanda si elle connaissait les autres statuts. N'ayant pas très envie de dire à nouveau une bêtise, Lydia fit un petit non avec sa tête. *Allez, explique-moi. Tu es plus grande que moi après tout. Plus grande.*

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14 déc. 2020, 15:02
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Ainsi arrêtée, je profite des caresses du vent sur mon visage avant qu'elles ne se mettent à me mordre le nez. Le vent est un ami je crois, mais je sais aussi à quel point il peut être froid. Je ne peux pas lui en vouloir parce que quand j'y pense ; ce n'est pas sa faute si ses caresses deviennent froides. C'est à cause de ce manteau que je ne sais qui se pose sur notre ciel. Je souris, mes yeux plongés dans ceux de cette fille bien qu'ils se perdent plutôt dans son visage sombre, et je laisse le vent apporter à mes oreilles les paroles de l'enfant.

Je fronce brusquement les sourcils en regardant cette fille d'un peu plus près. Mon observation est bien vaine tant la lumière est faible sur son visage comme sur tout le parc bientôt. Ce sont ses mots que j'aimerais observer et eux que je me répète. Je les ai entendus. Je les ai même compris.

« Ah ? »

Je penche un peu la tête et dans cette dernière commence une valse avec les mots. Je ne me questionne pas beaucoup sur les mots courants et j'avoue préférer jouer avec les formules des sortilèges plus qu'avec les simples mots que j'utilise au quotidien. Mais c'est possible que ce soit une erreur. Je commence à me le demander en tournant le mot animaux dans tous les sens et en le comparant tant bien que mal à créatures. Si les sons de chacun des mots me heurtent bien plus que d'habitude, j'ai cette vision du sens de chacun en arrière-plan et je ne peux pas m'en détacher.

Je sens que mes sourcils sont toujours froncés quand j'ouvre la bouche.

« Les statuts sont Animal, Être, Esprit et Non-Être... »

Dis-je en ôtant ma main de ma poche pour lever quatre doigts un par un à l'énumération des statuts. En même temps que ma bouche débite ce que j'ai appris des statuts des créatures magiques, ma tête pense à la suite de ma phrase.

Animaux et créatures sont deux mots que j'emploie souvent depuis que j'ai des cours de soins aux créatures magiques. Et si cela me plaît, je n'avais pas réalisé que ça pouvait être un problème. Mes premières pensées s'articulent comme suit : Animaux c'est pour les créatures qui ne sont pas intelligentes. Alors c'est faux de considérer toutes les créatures comme des animaux. Mais j'ai été frappée par une autre révélation qui sonne comme : ma grand-mère m'a dit que nous étions tous des animaux. Mais il y a bien des créatures qui ne sont pas des animaux et c'est ce que je dois dire à cette fille. Il faut qu'elle le sache.

Alors je reprends le fil de sa phrase avant qu'elle n'ait secoué la tête à la négative.

« C'est vrai que le mot animaux est beau. Mais les créatures avec le statut d'esprit et de non-être ne sont pas des animaux. »

Je lui dis en secouant un peu la tête. Les mèches noires qui glissent de ma queue-de-cheval se retrouvent coincées sur mon visage, entre mes cils et mon nez, alors j'essaie de les en dégager sans avoir à mettre les mains sur ma face. Je fronce les sourcils et essaie de faire bouger mon nez. Mais c'est peine perdue quand un cheveu entre dans mon œil alors j'utilise la main qui décomptait les statuts pour le déloger. L'œil touché devient humide et une larme menace de dévaler ma joue. Je secoue la tête.

« Alors c'est plus juste d'utiliser créatures pour le soins aux créatures magiques. Tu vois ? »

Je demande en me raclant un peu la gorge.

Je me tiens bien droite devant elle comme mon orgueil me souffle de le faire. Je me sens si grande, bien que ce ne soit pas ma taille qui me donne cette impression. Mon sac redescend jusque dans ma main libre pour que je puisse fourrer le morceau de parchemin que je tiens toujours bêtement. Je le retourne dans son sombre bordel et enfile ce sac sur les deux épaules. Je prends soin de fourrer mes mains dans mes deux poches en soufflant de l'air chaud par la bouche sans cesser de regarder cette fille du coin de l'œil.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 07 janv. 2021, 14:55, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année