De l’expérience, c’était exactement ce qu’Aliénor était venue chercher, et visiblement Miss Perkins avait connu une situation similaire. Les coudes sur la table, elle posa son menton entre ses mains pour écouter plus attentivement la jeune femme. Et alors qu’Aliénor pensait ne rien comprendre à de tels sentiments, sa professeure de sortilèges en arriva à la même conclusion qu’elle. Elle n’était pas stupide ! Son raisonnement avait un sens et il prenait une toute autre ampleur dans les mots de l’adulte.

La batteuse hocha la tête à la fin du discours de la jeune femme puis une question la sortit de son esprit qui s’imaginait déjà comment éviter son capitaine. Elle se mordit l’intérieur de la joue. Non elle n’en avait pas parlé avec lui. Mais comment ? « Salut Rey, je te parle pas depuis des mois mais dis est-ce que tu m’aime parce que si oui je vais t’ignorer à vie et ce sera mieux ? » Non, ça sonnait comme une bombe atomique lancée sur un caillou d’île. En gros une très mauvaise idée.

Elle répondit par la négative d’un geste lent de tête les rouages de son cerveau essayant sans cesse de tourner correctement pour savoir ce que son capitaine ressentait vraiment pour elle.

-Je ne lui en ai jamais parlé, mais je vois mal comment aborder le sujet.

Elle se redressa sur sa chaise et laissa son dos tomber mollement contre le dossier en poussant un soupir à s’en décoller les poumons. Comment c’était possible de vivre comme ça, c’est beaucoup trop compliqué, elle allait avoir une de ses migraines en ce couchant ce soir, elle avait assez réfléchi pour toute une vie.

-Pourquoi les relations humaines sont si compliquées ?

Elle ne réfléchissait plus vraiment à ce qu’elle laissait sortir de sa bouche. Elle en avait marre, elle ne voulait plus en garder pour elle. Son cerveau était déjà bien trop en surchauffe pour qu’elle décide ce qu’elle devait garder pour elle où ce qu’elle pouvait aisément et correctement dire à un professeur.

Mais si jamais elle lui disait qu’elle devait lui parler pour être certaine de ce qu’elle avançait ? Et si elle demandait à un ami à lui ? Ou sinon elle restait avec des œillères ? C’est pas mal aussi non ? Ce qu’on ne sait pas ne peut pas faire de mal ? Ben voilà c’est bien ça, il n’en saura jamais rien !

Visiblement, Eleanor avait attiré l'attention des son élève puisque celle-ci ne tarda pas à mettre sa tête entre ses deux mains, coude sur le bureau. C'était une bonne chose ! Pour la première fois depuis le début de la conversation, elle avait enfin l'impression que ce qu'elle disait avait du sens pour son élève.

Lorsque la jeune Poufsouffle avoua à sa professeure qu'elle n'avait pas parlé de ses doutes à son "meilleure ami", Eleanor ne fut pas surprise de l'entendre. Après tout, pour en parler, il fallait oser mais malheureusement, oser n'était pas une chose aisée. Néanmoins, il fallait qu'elle saute le pas et le plus vite possible car la situation ne pouvait pas durer plus longtemps car elle en souffrait. En tous cas, c'était son avis. Prenant une voix douce pour ne pas brusquer la jeune fille, Eleanor prit la parole.

- " Comment aborder le sujet ? Malheureusement, il n'y a pas de mode d'emploi ni de bonne manière de le faire. Peut-être que mettre les deux pieds dans le plat est la meilleure idée. Pas de chichi, pas de bla-bla, on va droit au but. Plus facile à dire qu'à faire, j'en suis bien consciente. Je sais que ça fait quelque temps que vous ne lui parlez plus mais il n'est jamais trop tard pour reprendre contact et mettre les choses à plat. Je suis certaine que vous vous sentirez mieux après même si ça ne sera pas agréable sur le moment ... ".

La question suivante fit éclater la jeune professeure de rire. Cette question, elle se la posait depuis des années maintenant. Pourquoi les relations humaines sont-elles si compliquées ? Elle n'en savait absolument rien et, encore une fois, elle ne pourrait pas aider la jeune fille. Tout ce qu'elle pouvait lui dire c'était que c'était compliqué pour tout le monde et que personne n'échappait aux dures lois de l'amour et de l'amitié.

- " Oh ... Miss, je n'en sais rien. Croyez-moi, je me pose la question des années maintenant. Aujourd'hui, je n'ai toujours pas une bribe de réponse. Tout ce que je peux vous dire c'est que ce que vous traversez est normal et que c'est arrivé à beaucoup de monde avant vous. Vous n'êtes ni la première ni la dernière. J'aimerais vous dire que ça passe avec le temps mais ... regardez-moi ! " dit-elle en souriant. " Blague à part, je suis certaine que vous savez ce que vous devez faire vis-à-vis de ce garçon ".

Aliénor s’en doutait. Sa professeure ne pouvait pas avoir réponse à tout, déjà parce que chacun était différent et parce que la vie ne donnait pas les mêmes armes à chacun. Quand elle conseilla à Aliénor de mettre les pieds dans le plat, la jeune Delphillia ne put retenir un sourire, c’était bien son style ça. Mais Rey semblait si loin d’elle maintenant, peut-être qu’Hannah c’était imaginé des choses ? C’est vrai et si cette pimbêche était allée tout inventer pour perturber Aliénor ? La jeune fille retint un soupir intérieur se concentrant de nouveau sur les mots de sa professeure. Les relations humaines étaient compliquées et visiblement ça ne s’arrangeait pas avec le temps. Miss Perkins arrachât un léger rire à la batteuse des Hel’s. Elle avait l’air si sûre d’elle, si belle, si féminine, tout devrait lui sourire, mais visiblement ce n’était pas si simple.

-Merci Miss Perkins, pour tous ses conseils et de m’avoir écoutée, je me sens un peu mieux.

L’heure tournait et si Aliénor voulait passer en salle commune avant d’aller manger elle ne devait pas trop trainer. Dans tous les cas, sa professeure de sortilèges avait répondu à ses interrogations malgré le fait qu’Aliénor ait bien du mal à s’exprimer clairement sur ce sujet.

La troisième année se leva offrant un sourire à sa professeure.

-Encore désolée pour la porte, je travaille sur ma magie, ça n’arrivera plus.

Oui elle travaillait, elle n’avait jamais autant travaillé pour quelque chose d’ailleurs. Mais être un danger comme elle avait pu l’être à de nombreuses reprises… Elle n’avait pas le choix, elle devait apprendre à maitriser ses sentiments, elle n’avait pas beaucoup le choix.

Aliénor se dirigea vers la porte, encore gêner de la toucher alors qu’elle l’avait détruite quelques temps auparavant. Elle appuya sur la poignée avec précaution, comme si elle pouvait encore se décomposer sous ses doigts. Elle tremblait légèrement à ce souvenir et à cette sensation d'enfermement. Elle n'était pas si forte que ça, mais un jour elle y arrivera, comme elle s'était battue contre sa peur de l'eau, elle vaincra sa claustrophobie.

-Merci et bonne soirée Miss.

Elle passa la porte, le cœur plus léger que lorsqu’elle était arrivée, bien plus léger même. Elle devait parler à Rey, il ne restait plus qu’à savoir comment, mais peut-être pourrait-elle demander à ses camarades, certaines d’ennes elles avaient bien plus d’expérience qu’elle sur ce sujet. Dans tous les cas elle devait mettre les choses au clair et si Rey était vraiment amoureux d’elle et bien… Elle ferait ce qu’elle avait à faire. C’est-à-dire s’éloigner de lui pour ne pas lui donner trop d’espoir et perdre définitivement la première personne qui avait percé sa carapace.

Fin du RP pour moi, merci beaucoup!!

Depuis quand étaient-elles en train de discuter ? bien trop longtemps puisque le ventre de la jeune professeure gargouillait bien trop fort à son goût. Quelle heure était-il ? L'heure de manger. Pour Eleanor, il n'était pas question de louper le repas mais quelque chose lui laissait deviner qu'elle n'était pas la seule à ne pas vouloir rater le repas. En effet, son élève était chez les Poufsouffle et dieu sait qu'ils ne louperaient un repas pour rien au monde. Même s'il ne s'agissait que d'un cliché, il s'avérait très souvent vrai. Trop, probablement.

Alors, c'est rassurée qu'Eleanor écouta la jeune fille la remercier pour ses bons conseils et la saluer. Même si la jeune professeure n'avait pas l'habitude des relations amoureuses, elle avait tenté de conseiller au mieux sa jeune élève. Même si elle n'avait pas obtenu réponse à toutes ses questions, elle partait, probablement, déjà plus sereine et, Eleanor l'espérait, convaincue de ce qu'elle devait faire avec son ancien meilleur ami.

La jeune Poufsouffle ne laissa pas le temps à sa professeure de lui répondre qu'elle s'excusa, encore une fois, pour la porte de la Salle de Sortilèges qu'elle avait explosé la veille. C'était une mauvaise idée puisque, avec tout ce qu'elle venait de se dire, elle en avait presque oublié la bêtise de son élève ... Peu importe, Eleanor n'était pas rancunière et savait que pour devenir un bon sorcier, il fallait éprouver des difficultés et faire des bêtises.

Alors, souriante, la jeune femme salua la jeune fille d'un geste de la main.

- " Bonne soirée Miss Delphillia ! J'espère que vous êtes désormais plus sereine. Bon appétit ! "

Eleanor regarda son élève quitter la pièce et lui emboita le pas.

Fin de ce RP ! Merci @Alienor Delphillia