Encore une fois, la professeur de sortilège l'étonna tant par sa bienveillance que par sa franchise. Elle ne remettait pas en question ce que la jeune Gryffondor lui disait, prenait ses interrogations, aussi puériles soient-elles, au sérieux et lui répondait le plus simplement du monde.

Quand elle lui demanda la voix qu'elle avait dans son rêve, elle se retrouva cependant bien démunie. Elle n'en avait aucune idée. Ce n'était qu'en faisant des recherches sur le nom de sa baguette qu'elle avait découvert son influence masculine. Avant cela, ça ne lui était pas venu à l'esprit.

"Euh... En fait je crois que je ne sais pas."

Elle lui avait parlé elle en était sûre. Mais sa voix ? Est-ce qu'elle avait même une voix dans ses songes ou n'est-ce qu'une autre sensation. Un peu comme si elles avaient parlé d'esprit à esprit. C'était plus logique qu'imaginer une baguette avec une bouche. D'ailleurs à bien y réfléchir, elle ne l'avait pas vue non plus dans ses songes.

"Je... C'est assez bizarre mais je crois que je ne l'ai pas vue ni vraiment entendue dans mon rêve."

Elle se mit à nouveau à douter. Et si elle avait inventé tout ça ? Elle faisait perdre son temps à l'adulte ! Son cœur s'emballa de honte et des conséquences à venir à cause de ses idées loufoques.
Elle effleura à nouveau sa partenaire et les battements effrénés de son cœur s’apaisèrent. Elle ressentit au plus profond d'elle même une vérité. Non elle ne pouvait pas l'expliquer, mais elle savait qu'elle ne se trompait pas.

"Mais c'était bien elle. Ou lui. Puisque nous sommes partenaires c'est logique qu'elle puisse me parler directement dans ma tête sans passer par mes oreilles, non ? Je veux dire, c'est ma baguette et un lien commence à se faire entre nous. Ça doit être normal de réussir à faire passer à l'autre des sentiments ou des informations d'une manière qui n'est pas très conceptuelle, non, contentionel, non plus ! Bon enfin qui est pas très habituelle quoi !"

Elle repensa à sa question et ajouta :
"Je pense que vous avez raison. Les baguettes n'ont peut-être pas de genre. Elle est juste Akela."

Eleanor était impressionnée par la curiosité de la jeune fille qui se trouvait en face d'elle. Est-ce qu'ils étaient tous comme ça ? Si oui, la jeune professeure allait bien s'amuser cette année ! Après tout, elle préférait mille fois avoir devant elle un élève curieux qu'un élève ne faisant que suivre le cours sans se poser la moindre question comme si tout ce que lui disait sa professeure était parole d'évangile et qu'elle ne pouvait se tromper ou se remettre en question.

Lorsque son élève eut terminé de parler, Eleanor prit la parole afin de répondre à ses interrogations et de la rassurer.

- " En tous cas, je suis vraiment impressionnée par votre curiosité et votre acharnement à créer un lien avec votre baguette. Je suis certaine que vous finirez par mieux connaitre votre baguette que n'importe quel élève de votre classe ". dit-elle avait de s'interrompre quelques secondes. " La comparaison est un peu farfelue, je veux bien l'admettre, mais vous voyez, ... quand on apprend une nouvelle langue, on nous dit que celle-ci n'est réellement apprise que lorsqu'on se met à penser dans cette langue. En ce qui concerne la connexion avec votre baguette, c'est un peu la même chose. Vous n'aurez acquis un lien suffisamment étroit et solide que lorsque vous l'entendrez dans votre tête... comme si elle vous parlait. Au début, ce sera des petites phrases et puis vous aurez l'impression de la connaitre, de la comprendre, etc. " Eleanor marqua un temps d'arrêt afin de s'assurer qu'elle n'avait pas perdu l'intention de son élève. " Après tout, on dit que la baguette est le prolongement du sorcier ... ce n'est pas un hasard si vous l'entendez dans votre tête ".

La jeune professeure avait essayé d'être la plus claire possible mais comprendre sa baguette magique n'était pas une tâche facile alors expliquer le lien qui pouvait unir une baguette son sorcier l'était encore moins. Pour le moment, la jeune fille avait l'air d'avoir compris ce que lui disait sa professeure.

- " Vous savez, en conclusion, je pense qu'il existe autant de connexion entre un sorcier et une baguette qu'il n'y a de sorciers et de baguettes. Chacun crée un lien qui lui est propre avec sa baguette. Ce n'est pas parce que vos camarades ressentent les choses différemment que vous avez tort et qu'ils ont raison ".

Oxy quitta la salle de cours rassurée par les paroles de son professeur. Elle ne s'était jamais sentie seule, mais elle était enfin étrangement... entière, ou en phase de le devenir. Était-ce ça être une sorcière ?

J'étais deux parties de forces bien plus grandes et me voilà moitié d'un tout qui reste encore à définir. Ce monde, notre monde, est bien étrange. Je ne suis pas sûr que quiconque en saisisse ne serait-ce qu'une parcelle. Quel genre de magie peut ainsi réunir deux corps en un. Lui apportant à la fois libre arbitre et obéissance. Puissance et flexibilité. Créant une unité si parfaite et à la fois si incomplète.

J'ai été fabriqué par la main d'un homme et me suis forgé dans l'obscurité. Seul au milieu des autres. Si semblables et si différents. Attendant. Attendant quoi ? Comment le savoir avant de le découvrir. Loup solitaire cherchant sa meute. Car la force du loup est le clan.

Puis elle fut là. L'étincelle que je m’aperçus avoir tant espérée. Cette possibilité encore fragile mais si présente. Mon âme s'est mise à chanter au contact de cette main débordant de naïveté et de confiance. Enfant du châtaignier : de la vérité, de la générosité et de la justice, j'ai reconnu la promesse de cette future sorcière. Mon cœur de phénix débordant de jeunesse et d'espoir a trouvé son écho dans celui de la jeune fille. C'était elle. C'était cette autre partie qui ferait de nous deux un tout.

Cet amour sans borne qu'elle me voue sans même me connaître. Sa soif d'apprendre et d'être aimée. Son désintérêt total pour la puissance si ce n'est au service des plus faibles.
Plus faibles qu'elle. Cela me fait rire. Il faut avouer que nous ne sommes pas prêts d'être utiles.

Et pourtant nous sommes là. Nous grandissons ensemble. Je suis. J'existe réellement entre ses mains. Et je voulais l'en remercier. Alors je le lui ai soufflé une nuit. Mon âme collée à la sienne.

Je suis Akela.

Car si la force du loup est le clan, la force du clan est le loup. Je veux être la force au service de cette juste cause. Je veux être sa force, celle qui l'épaulera quand son cœur sensible se déchaînera.