Tu étais encore un peu fatiguée et émoustillée par les cinq derniers jours difficiles que tu venais de vivre. Tu en avais passé plus de la moitié à l'infirmerie et la dernière moitié, bien au fond de ton lit. Nul doute que les professeurs n'avaient pas été ravis de ton absence en cours et tu en étais toi-même désolée. Qu'il soit au courant de ton indisponibilité n'avait cependant pas empêché l'un d'entre eux de te contacter le matin même pour te demander de venir le voir dans son bureau , ce vendredi soir à 18h30.

C'était un moment gênant et traversé le parc du château dans la pénombre la plus totale, sous une pluie glaciale n'avait rien de vraiment engageant. La discussion qui allait sans doute suivre non plus, car tu savais que le professeur allait sans aucun doute te parler de tes piètres résultats en cours de vol … Et peut être pas que de ça. C'était un peu déprimant de devoir aller voir le professeur en ayant en tête que tu allais te faire houspiller pour cette situation et pourtant, ce n'étaient pas fautes de faire énormément d'efforts pour tenter d'inverser la courbe dans le bon sens. Tu n'avais malheureusement pas le talent, ou encore l'agilité de tes parents sur un balai volant ce qui était assez déprimant.

Tu arrivas bientôt devant la porte du bureau, après avoir gravi un long escalier ou se trouvait de nombreux tableaux et récompenses des équipes de quidditch de l'école ou autre. Puis, une fois face à la porte, tu donnas trois petits coups à cette dernière pour signaler ta présence avant de patienter. Ton regard se porta sur une bannière aux couleurs des harpies de Holyhead et un frisson te traversa.

Rhys n'avait pas dispensé de cours aujourd'hui comme tous les vendredis. Cela lui permettait, avant, de pouvoir vaquer plus longtemps à ses occupations en dehors de Poudlard. Mais depuis presque un an, son quotidien n'était plus. Nous ne pouvions pas dire qu'une routine s'était installée puisque de nombreux événements venaient troubler et rompre la monotonie. Pour la plupart et surtout depuis quelques semaines, ils étaient de l'ordre du tragique. Le monde entier devenait fou et une guerre ouverte était déclarée. Sang-mêlé, le sorcier se retrouvait pris entre deux feux. La seule chose dont il était certain, c'était que le gouvernement mais surtout les actions qu'engendraient celui-ci, devaient cesser. Ils ne pouvaient pas après tout ce temps revenir à une société raciste et sanguinaire. Ils ne pouvaient pas régresser à ce point. Et pourtant. Pourtant, aujourd'hui, en dehors de Poudlard, la vie était loin d'être un long fleuve tranquille. 

L'homme, après avoir pris une collation et sa douche, se plaça derrière son bureau. Bien qu'il soit professeur de vol, il avait des copies à corriger. Rhys leur demandait souvent une partie théorique avant de la pratique. 

La nuit tomba et la pénombre s'installait de plus en plus. L'enseignant n'arrivait plus à déchiffrer les écritures pressées des élèves blasés par leurs devoirs. Rhys raviva le feu de la cheminée et alluma les bougies disposées dans son bureau. Aujourd'hui, rien ne traînait. Pas un magazine, pas un livre, pas un balai. Les siens étaient gardés bien précieusement, surtout un. 

Alors qu'il lui restait plus de la moitié du tas de copies à corriger, trois coups l'interrompirent. Il avait demandé à une de ses élèves de venir le voir. Non pas pour la réprimander mais pour essayer de comprendre. Il dit d'une voix forte et distincte: 

- Entrez!

Le professeur ne tarda pas à te donner l'autorisation d'entrée et tu hésitas un instant, avant de finalement poser ta main hésitante sur la poignée de la porte, puis, activer cette dernière.

Le professeur Saunders était installé bien profondément dans un fauteuil, derrière son bureau. Tu hésitas encore quelques secondes, avant de te retourner pour fermer la porte derrière toi et de t'avancer vers lui en rougissant :

"Bonsoir professeur Saunders …"

Tu observas une demi seconde la pièce avant de finalement t'avancer dans cette dernière. Contournant la grande table sombre sur laquelle reposait les vestiges d'une étoile filante que le professeur devait sans doute bidouiller à ses heures perdues, lui-même, était attablé derrière son bureau devant un gros tas de parchemin … Sans doute des devoirs qu'il était en train de corriger. Tu passas alors devant la grande cheminée avant de finalement arriver à une distance respectable de ton professeur. Tu n'osais pas vraiment le regarder pour le moment et le rouge envahissait toujours tes yeux. Ton regard était fixé sur les mains de l'homme à la peau noire, comme si tu n'osais pas vraiment affronter son regard. Plus que tout, tu redoutais l'instant ou les remontrances allaient tomber. C'était bien dommage en soit, car même si tu étais première de la classe en théorie concernant le cours de vol, tu étais, et de très loin, la dernière dans toute la partie pratique du cours et tu savais que cela allait forcément te desservir. Patiemment, tu attendis donc que l'homme face à toi te demande de t'installer, ou pas et commence son sermon.

La jeune fille entra d'un air penaud d'après l'interprétation de l'enseignant. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi, même s'il pouvait se douter que venir dans le bureau d'un professeur pouvait être intimidant. Elle le salua et resta debout au milieu de la pièce.

- Bonsoir Miss McWood.

Il se leva de derrière son bureau, prit place sur un des canapés et invita la Poufsouffle à en faire de même sur le fauteuil d'en face. Ils allaient avoir une conversation plutôt informelle, il ne voulait pas l'effrayer plus que cela. Il se souvint de sa scolarité et de ses quelques entrevues avec les professeurs de l'époque. Il n'avait pas eu beaucoup de retenues, enfin moins que son petit frère mais plus que sa grande sœur bien évidemment. Même si l'objet de la rencontre de ce jour n'a absolument rien à voir avec cela.

- Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ?

Se rendant compte que sa phrase pouvait être mal interprétée, il reprit de suite :

- Je ne vous ai pas demandé de venir pour vous disputer ou vous mettre une retenue rassurez-vous. Je voulais juste savoir comment vous vous sentez durant les cours de vol?

Il s'arrêta pour laisser le temps à son élève de répondre. Il n'avait que peu de liens avec celle-ci et ne connaissait que ce qu'il pouvait entendre en cours ou en salle des professeurs. C'est à dire peu de choses.

Le professeur se redressa après t'avoir salué, puis, après quelques secondes, il s'installa dans le canapé du bureau et t'invita à en faire de même. Doucement, tu pris place sur le fauteuil large qui se trouvait en face du canapé. Tu avais du mal à te détendre et te laisser t'enfoncer dans le moelleux du siège. Se retrouver dans une telle position n'était pas donné à tout le monde et n'était pas non plus enviable, tu le savais. Tu n'osais pas regarder l'homme noir dans les yeux tant tu étais intimidée. Tu baissas donc les yeux et finalement et tu attendis que le professeur te parle. Forcément, ses premières paroles te laissèrent légèrement décontenancées, mais également apeurées. Finalement, alors que tu allais ouvrir la bouche pour répondre, il se reprit et modifia légèrement la question qu'il venait de te poser :

"Oh …"

Pour être tout à fait honnête ça dépendait des cours de vols. Tu commenças à tripoter tes doigts par nervosité avant de prendre la parole d'une petite voix rauque :

"J'aime beaucoup la théorie…"

Ça, tu ne pouvais le nier. Tu ne pensais pas te découvrir une passion pour le bricolage au travers des cours théorique de vol. Pourtant, savoir démonter et nettoyer un balai avait quelque chose de passionnant pourtant …

"… Je ne peux pas en dire autant pour les cours pratique…"

Non, ce n'était clairement pas une partie de plaisir pour toi. Tu arrivais parfois à maîtriser ta frayeur, mais, cela était rarement suffisamment pour produire un résultat au-delà du médiocre. Tu affichas un expression désolée à l'encontre du professeur Saunders. Tu ne voulais pas qu'il pense que tu négligeais sa matière, loin de là ! Et tu n'étais certainement pas la première élève qu'il avait qui avait le vertige… Par contre, une chose était certaine. Tu étais la seule suffisamment… Idiote, pour prendre la spécialité sport et soins pour tes études, tout en ne sachant pas voler correctement sur un balai. Cinq heures de cours par semaine … Cinq heures de calvaires la plupart du temps. Tu te confondis en excuse :

"J'essaye de m'entraîner pour m'améliorer… Mais ce n'est pas forcément… facile !"

Heureusement, Noah était une bonne source de motivation pour cela.

Rhys suivit du regard la jeune fille, en silence, lorsqu'elle s'installa. Il ne comprit toujours pas pourquoi elle semblait si apeurée. Ou bien elle n'osait pas le regarder. Ce que Rhys avait pris pour de l'inquiétude n'était finalement peut-être que du dégoût ou de l'horreur. Il sentait parfois encore ce regard pesant chez les Première année. Mais elle, ce n'était pas la première année qu'elle le côtoyait. Elle avait eu le temps de s'y faire tout de même. 

Enfin elle répondit à ses questions, difficilement, timidement. Son expression en disait long.

Le professeur comprenait tout à fait que l'on puisse ne pas aimer certaines matières. Lui même avait excellé dans certaines plus que d'autres et avait apprécié certains cours à d'autres. Il ne trouvait rien à redire là-dessus. De plus, il approuvait la franchise de la Poufsouffle. Il hocha la tête.

- Je vois. Mais y a t-il des choses faciles dans la vie? C'est souvent à force de persévérance, de travail, voir d'acharnement qu'on y arrive non? Je ne sais pas..par exemple..

Le professeur chercha une métaphore pour lui faire comprendre.

- Votre baguette. Est-ce que vous êtes toujours arrivée du premier coup à vous en sortir? Même encore maintenant? Lorsque vous apprenez un nouveau sortilège, il vous entraîner non? Et bien disons que le vol c'est à peu près pareil. Il faut apprendre à apprivoiser le balai pour en apprécier son utilité première, le vol.

Rhys savait que c'était plus facile à dire qu'à faire. Mais il ne voulait pas que la brune se décourage et vienne à reculons pour une partie du cours. Surtout qu'il semblerait qu'elle apprécie ceux-ci, ou du moins ne les détestait pas. 

Plus le temps passé, plus tu te sentais mal à l'aise vis-à-vis de cet entretien. Au début, tu pensais juste que tu allais recevoir des remontrances de la part de ton professeur de vol, mais à présent, ce dernier essayait de t'encourager à ne pas perdre espoir et a pratiqué toujours plus pour t'améliorer. Tu ne pouvais qu'être d'accord là-dessus et c'est d'ailleurs ce que tu essayais de faire. Combattre ses peurs en les affrontant directement.

Tu fermas les yeux et tu secouas la tête pour répondre au professeur :

"Non mais je suis d'accord avec vous professeur ! Je sais qu'il faut que je travaille la dessus et je vous jure que je le fais ! Mais c'est dur … C'est vraiment dur…"

Surtout quand on connaissait les antécédents de tes parents. Tous deux anciens joueurs de quidditch à Poudlard et tous deux excellents sur un balai … Le balai qu'ils t'avaient d'ailleurs offerts, et quel balai d'ailleurs, témoignait vraiment de leur affection pour ce sport :

"J'aimerai être à la hauteur de l'attente de mes parents dans cette matière … Mais ma peur du vide rend les choses compliquées et … Je pense que mon balai est beaucoup trop puissant pour mon … mon niveau …"

Tes joues s'empourprèrent suite à cette confidence et tu marquas un léger temps d'arrêt avant de reprendre :

"Je veux juste que vous ne pensiez pas que je prends votre matière par-dessus l'épaule ! Elle a vraiment de l'importance pour moi ! J'aimerai …. J'aimerais suivre les traces de mes parents plus tard et devenir médicomage et … Enfin c'est peut-être idiot, mais … Voir ce qui peut arriver quand on est sur un balai et surtout … Comprendre les blessures… Je suis sure que ça peut m'aider pour plus tard … Vraiment !"

- Je ne doute pas de votre bonne volonté, Miss, sachez-le.

Le professeur comprenait que cela ne soit pas donné à tout le monde de pouvoir voler sans appréhension ou bien même avec facilité. Parfois même avec la meilleure volonté du monde, on n'arrivait pas au niveau de certains qui eux, n'avaient pas besoin de travailler dur pour y arriver.

La jeune fille rougit lorsqu'elle révéla les problèmes qu'elle avait déjà pu identifier.

- Vous savez ce qui est formidable c'est qu'en tant que sorciers, plusieurs solutions s'offrent à nous pour contrer ce genre de soucis physiques. Bien sûr comme pour tout, il ne faut pas en abuser.

Il ne savait que trop bien que l'abus de potion, par exemple, ne pouvait être que néfaste pour la santé. Même si pour le moment, lui-même ne s'en rendait pas compte.

- Si vous ne vous sentez pas à l'aise sur votre balai, alors il ne vaut mieux pas insister. Cela ne serait bon qu'à avoir un accident. Commencez par maîtriser ceux de l'école, comme en cours. Ils ne sont pas trop mal et sécurisés en même temps.

Rhys attendit la suite et comprit. Comprit ce que la jeune fille essayait de faire.

- Loin de moi cette idée. Je vois que vous tentez de bien faire les choses. Seulement parfois, certaines personnes doivent plus persévérer que d'autres. Surtout si ces personnes se mettent une pression supplémentaire pour essayer de ressembler à des personnes qui leur sont chères. En tout cas , rien est idiot! Il peut y avoir des accidents lorsqu'on est sur balai, oui, mais même ailleurs. De petites blessures à de plus graves. Heureusement cela reste occasionnel! Noble carrière que vous visez, c'est tout à votre honneur!

Tu affichas un petit sourire face aux encouragements du professeur. La discussion allait doucement, mais sûrement et contrairement à ce que tu pensais, elle était beaucoup plus légère et surtout, beaucoup moins effrayante que tu ne le pensais. Pour preuve, tu t'étais détendue et tu te laissais à présent aller dans le fauteuil ou tu étais installé.

Cependant, les paroles du professeur ne chassaient pas toutes tes angoisses. Si tu avais de plus en plus conscience du fait que tu ne devais pas te forcer à ressembler à tout pris à tes parents concernant le vol sur balai, tu ne devais pas pour autant relâcher tes efforts et tu l'affirmas avec une certaine détermination :

"De toutes façons, je n'ai pas le choix ! Il me faut absolument réussir ma BUSE en Vol pour avoir un bon dossier pour l'école que je veux intégrer après les ASPICS !"

Tu redressas la tête :

"C'est encore loin, mais je pense qu'il vaut mieux que je me prépare rapidement ! Plus que deux ans avant les BUSE et vue mon niveau, ça ne sera pas de trop pour me préparer à l'épreuve pratique… La théorie, je sais que je m'en sortirais bien, mais la pratique…"

Tu grimaças avant de demander :

"Vous avez des conseils à me donner pour … Pour prendre confiance en moi ?"

Tu semblas réfléchir une seconde avant d'avouer :

"Avant de venir à Poudlard, je faisais de l'équitation dans un centre équestre moldu. Pour apprendre la confiance en notre cheval, le professeur nous faisant souvent monté avec les yeux bandés pour avoir un meilleur ressentie et un meilleur équilibre, mais aussi vraiment, dosé la confiance… Vous pensez que ça marcherait si je faisais ça avec un balai volant ?"