Le souafle n'avait pas traversé les anneaux, et Echoe sentit soudainement la pluie qui s'abattait sur son visage. Elle n'était plus imperméable aux cris des spectacteurs, à celui du vent. Tout semblait attaquer ses sens, la ramener à la réalité. La victoire n'était pas assurée. Il fallait encore attraper le vif, encore défendre et récupérer le souafle. Elle sentait la fatigue dans ses muscles.

Kingson tenait fermement le souafle dans ses mains et affichait un grand sourire. Qu'est ce qu'elle aurait donné pour être à la place d'Ambre et d'envoyer un bon cognard en plein dans sa tête. Qu'il perde des dents et ravale sa fierté, la jeune joueuse pensa.

Elle se retourna et prépara son prochain coup. Il fallait qu'elle récupère le souafle. Elle ne pouvait pas s'empêcher de suivre Elina du regard pour voir si le vif pointait le bout de ses ailes. Elle rêvait d'un bain chaud dans la Salle de Bain des Préfets, avec plein de mousse. Echoe savait qu'à partir de maintenant, tout était dans la tête. Que l'expérience des autres joueurs se ferait ressentir. Elle n'allait pas baisser les bras, elle n'allait pas arrêter de se battre parce que le résultat, la fin n'était pas immédiate.

Elle s'accrocha à son balai alors qu'une rafale de vent menaçait de la faire basculer puis attendit le moment où le gardien renverrait le souafle. Elle ne pensait pas être capable de voler par deux fois le souafle. Ce n'était pas son domaine de prédilection. Alors qu'elle tendait le bras, elle se demandait quel était son domaine de prédilection après tout.

Wilson avait peut-être arrêté ce tir, mais Echoe avait réussit a récupérer le souafle avant qu'il ne parvienne a un autre membre de l'équipe des Crochets d'Argent. Et la massive balle rouge avait filé dans les air jusqu'à Elina qui n'avait eu guère de mal a l'attraper car leur capitaine avait bien dirigé sa passe. Elle cala rapidement le souafle sous son bras pour regagner un peu de terrain avant de refaire une passe vers Echoe. La visibilité était très mauvaise et l'obligeait a plisser les yeux. L'ennuie avec les uniformes vers de l'équipe des Serpentard, c'est que selon la direction dans laquelle il arrivait, on ne les voyait pas forcément très bien. Pour peu qu'il viennent d'en dessous ou du côté des tribunes parées de vert et argent, ils se confondait dans le flou des couleurs. Or, la Poufsouffle devait les avoir a l'oeil pour savoir quand elle ne pourrait plus progresser sans risque avec le souafle, et donc quand elle devrait le renvoyer a sa coéquipière. Le fait qu'Ambre ait été sonnée était aussi assez préoccupant. Elle craignait un mauvais coup de cognard. Et pour couronner le tout, Wendy s'était remise de la suite de coups qu'elle avait subit. Si un vif d'or se présentait a cet instant, elle serait en mauvaise posture pour s'en emparer. Tout ça ne présageait rien de bon. Elle devait se tenir plus prête que jamais alors même qu'elle commençait sérieusement a fatiguer. Apercevant un joueur vert s'approchant dangereusement, elle chercha rapidement Echoe des yeux pour lui repasser le souafle. Ce n'était pas le moment pour que son bras tremble. Se redressant sur son balais, elle repris le souafle en main et arma son bras en visant la poursuiveuse des Frelons. Si elle avait eu une troisième main de libre, elle aurait croisé les doigts pour que cette passe arrive a bon port. Mais comme ce n'était pas le cas, elle devrait faire sans.

Wendy avait du mal à faire suivre correctement ses pensées. La seule chose qu’elle comprenait, c’est que son gardien venait encore de se dresser avec brio contre le tir d’Elina et avait bloqué la balle rouge devant une foule médusée. Cette action inespérée était le signal que Wendy attendait depuis un bon moment. Malgré un début de match serré, les Frelons avaient petit à petit gagné du terrain sur le score en grande partie grâce au jeu de leur batteuse, qui venait de gagner une place bien à part dans la case « rancoeur » de la petite capitaine des verts. La deuxième année se demandait combien de temps elle pourrait encore tenir à ce rythme. Son crâne la faisait horriblement souffrir, et elle ne savait pas si c’était du sang qui coulait le long de son cou, ses bras et ses jambes ou simplement les trombes d’eau qui s’abattaient sur les joueurs depuis le début de la rencontre. Elle savait que le temps était compté. Elle avait juste pu profiter du fait que Wilson déstabilise Ambre et que celle-ci se mange le cognard qui lui était de toute évidence destiné pour reprendre ses esprits et mettre en place la formation qu’ils avaient de nombreuses fois répété lors des entraînements.

Elle porta sa main droite à a bouche et siffla à deux reprises. Une fois certaine d’avoir gagné l’attention de son équipe, elle indiqua les deux côtés du terrain avec ses mains et appuya son geste d’un mouvement franc de la tête. Dans la foulée, elle vit Steve et Wilson s’élancer l’un contre l’autre dans le couloir gauche du terrain, remontant à toute vitesse en direction des cages adverses tandis qu’ Aschley la rejoignait à toute allure afin de remonter le côté droit du terrain à ses côtés.
Profitant du temps d’incompréhension des Frelons, elles filèrent sur une bonne trentaine de mètres avant de braquer simultanément leurs balais en direction du milieu du terrain, bloquant Ambre au passage qui n’avait pas le choix que de suivre leur virage pour éviter la collision. A l’opposé des deux joueuses, Wilson et Steve avaient fait de même, emportant le gardien des jaunes dans leur sillage.

Tout allait se jouer très vite. Les verts semblaient regalvanisés, sûrs d’eux. Wendy sentait son cœur battre à mille à l’heure sous son uniforme trempé. C’était le moment de changer la donne, le moment de montrer aux Frelons, et particulièrement à leur batteuse, qu’eux aussi pouvaient joueur la carte de la brutalité ! Dans quelques secondes les joueurs verts changeraient brutalement leurs cap, Wilson et Steve plongeraient vers le bas tandis qu'Aschley et elle éviteraient la collision au dernier moment en braquant le manche de leurs balais vers le ciel. Ce n'était qu'une question de synchronisation, et Wendy comptait plus que jamais sur la synthèse de son équipe pour réussir ce coup magistral.

Echoe sourit lorsqu'elle intercepta le souafle et le renvoya sans problème vers Elina. Elle devenait presque bonne à ce jeu. Au jeu du chat et de la souris. Elle suivait la balle rouge du regard quand elle remarqua quelque chose d'étrange chez les Crochets d'Argent. Ils mettaient en place leur formation. Impuissante, elle observa ses joueurs se faire manipuler pour finalement se cogner l'un contre l'autre. Elle sentait la colère monter en elle. C'était bien des Serpentard ça, violents, stupides serpent. Ambre et Paul tombèrent au sol et elle dut lutter contre tous ses instincts pour ne pas les rejoindre pour s'assurer qu'ils allaient bien.

Le souafle qui tomba dans ses mains détourna légèrement son attention, elle remercia Elina dans sa tête pour la parfaite passe. Echoe était bien contente de voir que les deux joueuses commençaient à bien se trouver.
Elle cala la balle sous son coude et fronça les sourcils pour y voir un peu plus clair. Elle aurait bien aimé que le gardien s'assomme avec un de ses anneaux. Après tout, le batteur adverse s'était bien mangé son propre cognard. Tout pouvait arriver non ?
Elle n'avait peut-être pas marqué son précédent tir. Mais elle se rappelait que ce n'était pas grave, ce n'était rien. Le gardien était toujours le même, toujours le même petit joueur qu'elle avait réussi à duper deux fois auparavant. Son coeur battait fort, et elle n'entendait plus la pluie, ni les cris de la foule. Elle n'entendait que son coeur, et ne voyait que les anneaux. Elle s'apprêtait à tirer, là comme ça, directement mais au dernier moment, elle changea sa trajectoire et ne perdit pas une seconde pour lâcher le souafle, pour venger ses camarades à terre, pour se libérer de la colère qui grandissait en elle.

Il y a des jours où on regrette de ne pas être sorti du lit. Wilson prenait une douche considérable c’était fou ! La pluie qui se déferlait sur les joueurs de Quidditch en ce moment était affreuse. Ce n’était pas une tempête non plus mais lorsqu’on vole à 20 mètres au-dessus du sol, la pluie semble plus violente qu’elle ne l’est réellement. Si seulement il n’y avait que la pluie… mais Wilson était en mauvaise posture, puisque les Poufsouffle arrivaient pas mal de fois à sa hauteur. En effet, Echoe Caterwool était encore face à lui. Il n’avait rien vu venir, trop occupé à effectuer la formation que sa capitaine, Wendy Stone, avait demandé d’effectuer. Cette formation avait réussi à mettre hors-jeu Ambre et Paul mais Elina et Echoe continuait de jouer, elles. C’est ainsi qu’Echoe s’était retrouvé en passe de tirer, et Wilson avait dû se précipiter vers ses anneaux pour tenter un arrêt, surpris.

Les choses se passaient très vite. Wilson se concentra, il avait peur de voir le compteur des scores bondir. Au dernier tir aux buts, il avait eu de la chance, est-ce que se sera pareil ce coup-ci ? Le gardien sentait la pression en lui, son cœur bondissait dans sa poitrine et lui faisait mal. L’adrénaline. C’était ça. Echoe allait tirer d’une micro seconde à l’autre. Wilson était prêt, physiquement, parce que mentalement il ne voulait pas. Mais il le fallait, il n’avait pas le choix. C’était lui ou personne qui arrêtait ce tir. Echoe est trop douée pour viser à côté, trop douée pour confondre un anneau et du vide, même par temps de pluie. C’est Wilson qui devait faire le boulot. Echoe tira, et Wilson plongea vers ce qui semblait être le souafle, mains tendues pour couvrir plus d’espace dans les airs. Faut pas qu’elle passe entre ses bras, ou à côté, nan surtout pas. Wilson veut arrêter ce tir, il a toute la meilleure volonté du monde, est-ce que cela suffira ?

Après avoir essayé d’envoyer le cognard en direction d’un de ses adversaires, la quatrième année ne comprit pas tout tout de suite lorsque la balle revint dans sa direction, la percutant de plein fouet. Elle ne comprit pas également le moment où elle percuta son camarade et coéquipier Paul, leur gardien. Sa tête lui faisait mal, très mal, mais l’arbitre ne la sortit pas pour autant. La vue brouillée, elle essayé tant bien que mal de rester droite sur son balai, pour ne pas tomber. Elle essayait également de comprendre ce qu’il venait de se passer, tout en se concentrant pour retrouver un état normal. Si elle se souvenait bien, elle n’avait personne dans l’équipe pour la remplacer au poste de batteuse… C’était probablement pour cela qu’elle était encore sur le terrain. Au moment où elle comprit cela, elle sentit l’arbitre l’emmener en dehors du terrain. Elle n’avait peut-être personne pour la remplacer, mais visiblement c’était préférable pour elle de rester à l’écart un petit moment. Elle tourna la tête et aperçut Paul, également ramené sur le banc des remplaçants, laissant les buts libres. Heureusement pour les Frelons, le souafle était dans les mains de leur capitaine, qui se trouvait face aux buts. La quatrième année eut juste le temps de voir Echoe marquer qu’elle fût de nouveau agrippée par l’arbitre et ramenée sur le terrain, tout comme leur gardien.

N’essayant pas de chercher plus loin et, voyant le cognard à proximité, elle secoua rapidement la tête pour se remettre les idées en place et ; batte sur l’épaule et sourire carnassier sur le visage, fonça vers la balle folle. Une fois à bonne distance de cette dernière, elle frappa en direction du gardien adverseet dès qu’il fût touché, Ambre s’empressa de rattraper le cognard et de le renvoyer vers la finisseuse adverse. Elle était de nouveau en pleine forme et était bien décidée à montrer qu’elle n’avait pas dit son dernier mot, et cela elle le faisait à travers son coup spécial. Les Crochets avaient voulu affaiblir les Frelons ? Et bien les Frelons allaient leur montrer que le blaireau peut être beaucoup plus dangereux que le serpent.

Encourageant intérieurement ses coéquipières, Paul serra les dents lorsque Ambre fut percutée par le cognard. Cependant, il ne fit pas trop attention et sursauta en voyant que cette dernière fonçait sur lui à cause du choc. Il leva bêtement le bras dans une tentative vaine pour se protéger. Ambre avait été envoyée percuter Paul : le choc fut court mais douloureux. Le gardien ne trouva qu'une chose à dire : "aïe". Non pas un seul aïe, mais plutôt un flot constant de "aïe", une sorte de "aïeaïeaïeaïe". En effet, la batte de Ambre avait percuté ses côtes tandis que le manche de son balai s'était enfoncé dans son ventre, lui coupant le souffle. Et ne parlons même pas de son épaule, qui avait percuté sa tête, le laissant légèrement confus et embrouillé, mais suffisamment lucide pour dire "aïe". Sa vision était devenue floue, ses pensées vagues et confuses, les ovations ou cris de la foule distants, mais il trouva la force de se diriger vers le banc des remplaçants où il se laissa tomber, le corps flasque et tremblant, ressassant sa douleur omniprésente, la seule différence étant qu'il s'était mis à dire "ouïe". La foule poussa des exclamations tonitruantes, et, plissant les yeux pour voir ce qui se passait, la vision floue à cause du choc et de la pluie, il vit que c'était parce qu'Echoe venait de marquer un nouveau tir. Il avaient l'avantage, et de loin. Bientôt, ce fut le moment pour lui de revenir sur le terrain. Il avait moins mal, sa vision s'était rétablie et il avait la voix un peu moins pâteuse, même si, vous vous en doutez, être percuté par une Ambre Baxrendhel envoyée sur vous à pleine vitesse était douloureux. Il n'était pas très frais, mais en état de jouer, et il chevaucha son Manchevif, donna un coup de pied au sol pour s'envoler, et fendit l'air, avide de vengeance et de sang adverse. Même s'il n'avait jamais autant souhaité être en position latérale de sécurité dans son lit plutôt que sous une pluie battante et couvert de bleus dans le froid des averses du mois de Novembre.

Il fallait se venger, coûte que coûte, tel un vengeur masqué, mais sans masque. Un vengeur, quoi. Paul observa avec satisfaction Ambre envoyer des cognards dans la direction de McAlistair et de Stone tandis que lui même cherchait la victime idéale à conspuer, et il la trouva assez rapidement : McHammer. C'était lui, la source de leurs problèmes. Pourquoi ? Parce qu'il était plutôt doué. Alors il fallait l'éliminer. Enfin, l'éliminer, un bien grand mot pour qualifier une vague tentative de déstabilisation... Le problème, c'est qu'il était un peu à court d'idées pour sa déstabilisation... Du coup, il tenta le thème d'insulte le plus facile et gratuit au monde : "Hého, McHammer, la pause est terminée, non ? Il est temps de retourner au match !". C'était en effet peu inspiré, purement gratuit et surtout pas très sympa. En vérité, il se sentait mal à s'acharner constamment sur le pauvre McHammer qui ne lui avait jamais rien fait de mal. Mais c'était le jeu...

Action : déstabiliser McHammer (thème : implication dans le match).