Trois échecs. Phœbe commençait à douter de sa légitimité en tant que finisseuse de l’équipe. Certes, attraper un vif d’or n’était pas chose facile et c’est là qu’était tout l’intérêt de la phase finale du jeu mais pourtant chaque tentative avortée était l’occasion d’un certain ressentiment contre elle-même et de la déception. D’un autre côté, cela conférait la force de se donner encore plus à l’essai suivant. Pour se dire qu’à chaque fois l’objectif se rapprochait de plus en plus, et qu’il ne s’éloignait pas. Cependant, les mains de la joueuse ne gagnaient pas en vigueur entre chaque effleurement ou battement dans le vide, témoignage de l’imprécision de ses doigts, de sa vue. Ce n’est pas en voulant tendre encore et encore son bras vers l’avant que la petite Swan réussirait à attraper la minuscule balle. L’adolescente reposa l’espace d’un instant ses deux membres engourdis sur le manche de son balai et le serra de toutes ses forces, ressentant la circulation sanguine revenir par petits à coup, sans pour autant se faire normalement. Sa sensibilité semblait s’être évaporée et la finisseuse s’était faite à l’idée qu’elle ne reprendrait possession de ses sens qu’une fois sortie de ce match. Le vif d’Or était toujours dans son champ de vision, et donc toujours atteignable. Malheureusement, l’adolescente n’était pas la seule à vouloir empoigner la boule métallique et avait une adversaire bien présente et prête à tout pour réussir à concurrencer avec brio la joueuse verte. Cette dernière jouerait au maximum de ses capacités, quoiqu’il lui en coûte, histoire de ne pas avoir de déception, quelle que soit l’issue du tour.

Isaac se disait aussi qu'il n'aurait pas pu non-plus réussir tous ses tirs, il en avait déjà marqué un, c'était déjà largement suffisant pour un premier match. Mais la gardienne réussit un merveilleux arrêt, comme quoi, si la "double feinte" d'Isaac n'était pas dans les livres de stratégie, c'est qu'il y avait une raison, elle ne marche pas.
Enfin c'était la gardienne, elle s’appelait Esmée, il croyait se souvenir, qui avait le ballon. Elle le lança mais on dirait qu'elle ne visa personne car il retomba bien loin de ses coéquipiers. Isaac se demanda d'abord si c'était un piège, puis se rendit compte que si c'était un piège, il n'aurait aucun intérêt. Alors il fonça avec son balai, pestant contre le manque de qualité des balais de l'école et la pluie qui l'empêchait de voir correctement. Il arriva près du Souafle et le rattrapa du bout de ces doigts mouillés. Il analysa, comme à son habitude, le déroulement de la partie, la position des joueurs et des balles, pour pouvoir envoyer efficacement la balle de manière à avoir la meilleure stratégie de jeu. Et son instinct, doublé d'une rapide réflexion, lui dicta d'envoyer le ballon à son gardien, il pourra comme ça le relancer et pouvoir approcher les buts plus rapidement. Isaac vit son bras s'élancer et la balle quitter ce dernier pour aller rejoindre, il l'espérait, le bras du gardien. Cette action n'était pas décisive, mais il préférerai quand même la réussir, enfin, il espérait davantage que la finisseuse attrape enfin ce fichu Vif d'or pour, enfin, finir le match.

Esmée venait de rater sa balle. Dégoûtée, elle vit Wilson décourager sa coéquipière. Le fourbe s'était attaquée sur sa santé et ces paroles avaient touché cette dernière. Esmée ne comprit pas pourquoi, Emilia était pourtant en très bonne forme, elle avait fait gagner plein de point aux Griffes Ardentes. Alors que la gardienne se loupait tout. Sur son balai, elle regardait la baston entre Antony et Jonathan. Antony était rapide et arrivé toujours le premier au souaffle. Il fallait dire qu'il avait de l'expérience. Esmée trouvait que Jonathan se débrouillait bien pour son premier match. Songeuse, elle se rappela de son premier match. Elle aussi, était gardienne remplaçante. Elle avait fini gardienne car Esmée était sûre qu'elle ne pourrait jamais prendre le poste de batteuse à sa capitaine. Même si, elle ne pensait pas prendre la place à Tyr .... Enfin bon, elle était parvenue à être titulaire et c'était encore à ce jour stupéfiant pour la petite. Elle n'avait pas le talent d'Emilia, le sérieux et l'intelligence de Nora de plus, elle n'avait pas l'arrogance de Tyr ... Elle était sportive, mais n'était pas accoutumée à ce sport comme pouvait l'être les nés sorciers ... Enfin pour conclure Esmée stressait beaucoup. Elle devait garder sa place, les jeunes devaient attendre encore longtemps avant d'espérer de lui  prendre. Une petite montée d'adrénaline montait en elle et elle se mit à crier de toutes ses forces les mêmes propos qu'il venait de balancer à Emilia  :

- A force de taper comme un gorille, tu vas te déboiter l'épaule !

Action : Déstabiliser
Thème : Santé
Cible : Antony Vendrale

Quelle débandade ! Les Serpentards se trouvaient maintenant dans une situation bien plus qu'avantageuse ! Ils avaient non seulement le talent apparemment, mais aussi la chance avec eux ! Si Antony avait presque l'impression que le vent était avec eux ! Quoi qu'il en soit sur les quatre rouges qui constituaient l'équipe de Gryffondor, seulement Esmée était à présent en état de jouer. Et que pouvait-elle bien faire face aux quatre joueurs de Serpentard réunis ? La victoire était à portée de main à présent ! Antony pouvait apercevoir le Cognard zigzaguer entre les trois joueurs rouges qui avaient du mal à se remettre de leurs émotions. Hésitait-il entre eux pour sa prochaine cible ? Apparemment, non, puisqu'il prenait maintenant la gardienne rouge pour cible. *Pauvre Gryffondor...* songea Antony l'espace d'un instant. Mais bien que ce fut un rouge de ciblé, ce n'était pas le bon. En effet, maintenant que Jonathan et Arminia étaient en mauvaise posture, pourquoi ne pas les achever ? Cela permettrait à Antony d'avoir le chant libre bien plus longtemps encore, Jonathan de côté, et surtout cela laisserait également le champ libre à sa camarade finisseuse pour se charger du vif d'or. En tout cas, cela semblait être sa cible, bien qu'à présent, les trois balles se trouvaient sur le terrain. La finisseuse vert et argent avait fait son choix, elle n'avait pas le temps de s'attarder sur les balles argent et bronze. Antony comprenait bien pourquoi. Pourvu qu'elle arrive à attraper cette satanée balle dorée.

Antony, résolu de cogner les deux rouges, s'occupa plutôt de ses propres affaires.

Le Cognard se trouvait à présent à sa portée. Il arma son bras, et l'envoya de toutes ses forces.

Le match s’étirait en longueur, et Phœbe avait cessé de porter attention à ce que ses camarades de jeu faisaient. Elle espérait qu’il profitait de sa difficulté pour marquer des buts, mais en même temps étaient privés de son implication par rapport au Souafle et son capitaine devait travailler exclusivement avec Wilson pour faire évoluer la balle rouge à travers le terrain. Antony, armé de sa batte était là pour protéger les membres de l’équipe de Crochets et attaquer les adversaires qui pourraient s’avérer trop dangereux. L’adolescente comprenait pourquoi l’on disait du Vif d’Or qu’il était insaisissable, mais il fallait bien qu’elle ou Arminia finisse par l’attraper. Chaque essai loupé était difficile à accepter, mais redonnait une poussée de vigueur que la Serpentard s’empressait d’exploiter, voulant faire mieux que les fois précédentes. La petite Swan n’avait pas la moindre idée du temps qu’elle passerait, presque couchée sur son balai volant, les doigts à un proximité frustrante de la balle dorée, sans jamais pour autant la toucher. Était-il possible de se trouver en périphérie du match pour une durée aussi longue, pour une minuscule balle métallique ? L’adolescente ne cessait de regarder son adversaire rouge, craignant de trop vives réactions de sa part. La stratégie des Gryffons constituait peut-être à marquer le plus possible en laissant l’attrapeuse se démener à la capture quasiment impossible du Vif d’Or. Soixante-dix points. C’était ce qu’il valait. C’est ce que valaient certainement ses efforts. Gagner ce premier match placerait certainement les Crochets d’Argent dans un état d’esprit positif pour affronter la suite. C’est du moins ce que la joueuse espérait.

Comme prévue, Wilson avait réussi à déstabiliser Emilia, enfin ! Il était temps ! Regardant ce qu’il se passait, il vit Phœbe toujours à la chasse du vif d’or, Antony faire un effort surhumain pour cogner deux joueurs de Gryffondor au lieu d’un. Ses camarades Crochets d’Argent avaient l’air d’avoir encore la pèche mais Wilson lui était bien fatigué et avait du mal à suivre le rythme du match. Son poursuiveur qui avait récupérer le souafle, lui envoya. Wilson saisit la balle rouge fermement à sa réception, puis prit le temps d’analyser la situation.

La pluie continuait de tomber, pas de répit pour les joueurs sur le terrain mais au moins, ça touchait tous le monde, jusqu’aux spectateurs dans les tribunes. Phœbe était occupé avec le vif d’or, et Antony n’avait pas le droit de toucher au souafle. Restait que Isaac mais il venait de lui envoyer, c’était pas très utile de renvoyer la balle à celui qui nous l’envoie. Mais là dans l’immédiat, Wilson n’avait pas vraiment le choix, l’envoyer à Phœbe reviendrait à donner le souafle aux Gryffondor. Et il n’en était pas question. Son choix effectué, Wilson regarda son poursuiveur et prit de l’élan pour l’envoi du souaffle, puis s’exécuta. Il envoya le souafle vers Isaac de toutes ses forces de gardien fatigué, en espérant que ça passera, en espérant qu’Isaac aurait le souafle et puisse continuer le jeu.