La taquinerie de son aîné tira un sourire à Ennis, qui tourna la tête vers lui:

- "Pour tout dire, j'ai été particulièrement déçue, contrariée, de finir à Gryffondor l'année dernière." Petite pause...

- "J'ai un caractère assez... différent." Et c'était vraie. Combien de fois avait-elle entendu parler de son astuce par ses frères ou ses parents. Les premiers s'en amusaient quand les seconds avaient plus tendance à s'en plaindre. Mais elle n'avait pas vraiment envisagé Serpentard. Son esprit de petite fille avait plutôt misé sur Serdaigle, comme toute la famille, et pour avoir le côté rassurant d'être avec son frère.

- "Mais personne ne sait vraiment ce qui guide les choix du chapeau ancestral..." Termina-t-elle avec un rire plus léger. Finalement, cette histoire de jus de citrouille s'envolait au profit de la discussion et du match. Et comme le brun ne dit rien de plus tout de suite, elle se pencha à nouveau sur le match, notamment les deux poursuiveurs. Le vif d'or était sorti et les attrapeurs essayaient de s'en emparer à tour de rôle. Nul doute que le match tirait à sa fin. Les Poufsouffle étaient en passe de ne pas réussir à marquer un seul but quand Sifferlen tenta le tir du désespoir au moment où l'attrapeuse verte refermait sa main sur la balle dorée.

- "Ça, c'est une sacrée fin de match!" Commenta l'irlandaise.

La défaite était comme un coup de poing, dans l'estomac et au moral. Chems s'affaissa comme une poupée de chiffon sur la tribune, balançant sa tête en arrière les dents serrées, yeux vers le ciel. Arf, c'était piquant. Laissant choir le drapeau des frelons à ses pieds, il était dur d'entendre les cris de joies sur les tribunes opposées, que le mélange de couleur, diluant le vert au bleu de serdaigle était aussi poignant. 

Se forçant à se rassembler un squelette plus solide, l'irlandais rejoignit les applaudissements de salut pour son équipe, de félicitation pour les deux autres, bien moins intensément pour ceux-ci malgré lui. L'intervention restreinte de la directrice passa outre son attention comme il se retournait déjà vers sa camarade, lui offrant un mince sourire emprunt de mélancolie pour elle qui n'avait pas encore vu le temps où la coupe soulevé au milieu du terrain était celle gravée du P de leur maison. Il reviendra. C'est sûr qu'il reviendra. 

« Il faut toucher le fond pour mieux remonter, ça ira » proféra-t-il avec un ton qu'il espérait un temps soit peu détaché malgré le poids des mots sur sa langue tout en pliant le drapeau qu'il avait confectionné pour l'équipe. La victoire reviendra.