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10 mai 2018, 18:46
 RPG+  Ô, temps ! suspends ton vol  libre 
Une éternité. C'est ce que pensa Rose en arrivant aux abords du lac en cette fin d'après-midi, ses yeux bleu-gris parcourant l'étendue scintillante des eaux. Cela faisait bien une éternité qu'elle n'était pas venue ici.

Elle aimait cet endroit, pourtant. Il lui rappelait de beaux souvenirs. Elle était venue avec Noah, plus d'une fois, étaler ses jambes à même l'herbe verdoyante ; à quelques raisonnables mètres de la rive - par sûreté. Ils avaient entendu de drôles d'histoires sur les créatures vivant dans les profondeurs, et ne voulaient pas risquer de voir un strangulot ou autre joyeuseté leur agripper les mollets et les attirer au fond du lac. (Les élèves plus âgés se faisaient un plaisir d'effrayer les première années au sujet, et il était difficile de savoir si les anecdotes avaient, oui ou non, une part de vérité. Alors, ils faisaient attention, juste par prudence.)

Toujours est-il qu'ils y avaient passé de bons moments. Il s'y racontaient leur vie respective, parlaient de magie, de voyages, et de bouquins, bien sûr – on n'y coupait pas avec Noah, amoureux de lecture qu'il était. Ça ne dérangeait pas Rose. Elle aimait beaucoup lui partager ses dernières découvertes et parfois, comparer leurs avis sur le même ouvrage, lorsqu'ils en avaient l'occasion. Il avait un point de vue tellement lumineux sur les choses, c'était toujours enrichissant de parler avec lui. Parfois, il était un petit peu naïf sur certains sujets, alors Rose le lui faisait remarquer, avec le tact qu'on lui connaît – avec le peu de tact qu'on lui connaît, en fait. La fillette esquissa un sourire en repensant à ces moments-là. Elle devait vraiment travailler sur ce point de sa personnalité. C'était ce même manque d'empathie qui lui avait coûté sa dispute d'avec Joy. Et les deux Serdaigle avaient bien failli ne jamais être amies à cause de cela, même si un curieux concours de circonstances (comme on les aime dans les RPG) les avait, quelques semaines plus tard, rapprochées de façon complètement inattendue. Elles s'étaient alors découvert un intérêt et un amour mutuels qui n'avaient cessé de grandir au fur et à mesure du temps.

Rose soupira, plissa sa robe de sorcière et s'assit dans l'herbe, juste en face du lac. Un sourire flottait sur ses lèvres alors que des images du bal défilaient en filigrane dans sa tête, et puis, de tous ces moments qu'elles avaient partagés en cours, à la bibliothèque, dans les dortoirs... Elle se remémorait leurs blagues secrètes et leurs taquineries incessantes, leurs interminables conversations, perchées en haut de la tour d'Astronomie, grelottant de froid, mais refusant de retourner dans la salle commune pour autant.

Sentant des larmes perler sur ses paupières, Rose frotta ses yeux d'une main décidée, et prit une profonde inspiration. Puis elle expira, bruyamment, et reporta son attention sur l'eau placide du lac. Alors oui, certes, Joy était une des plus belles choses qui lui étaient arrivées à Poudlard, et oui, Rose s'estimait on ne peut plus chanceuse de la connaître – et se sentait devenir fébrile à la seule évocation de cette vérité – mais elle n'était pas venue ici pour s'émouvoir bêtement.

A vrai dire, elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait là exactement. Elle avait juste ressenti cette envie de se rendre au lac, alors qu'elle s'apprêtait à emprunter les escaliers menant à la tour de Serdaigle ; sans vraiment savoir ce qu'elle allait y faire, elle s'était dit, pourquoi pas ? et, faisant demi-tour, elle avait traversé le parc pour venir ici, à cet endroit précis qui faisait remonter tant de souvenirs à la surface de sa conscience.

Rose ramena ses jambes contre elle et passa ses bras autour, la tête posée sur ses genoux. A la recherche du moindre mouvement à la surface de l'eau. De mystérieux élans sous-marins faisaient parfois onduler la surface, mais de manière si imperceptible que c'en était dérisoire. S'il y avait eu des pierres à portée de main, elle aurait bien fait quelques ricochets, mais il n'y en avait aucune trace. Alors elle se laissa porter par ses rêveries, sans prêter attention au temps qui passait. L'air était à peine tiède, mais, de nature peu frileuse, elle ne ressentait pas le moindre frisson. L'atmosphère était incroyablement paisible. Rose ferma les yeux.

Pendant ce temps, l'eau du lac n'était toujours troublée que par quelques remous de temps à autre. Rien qui ne puisse tirer la jeune Adams de ses pensées, en tout cas.

Reducio
Ce RPG n'a aucun but précis. Je ressentais simplement l'envie d'écrire à nouveau ; mais si t'as envie de te joindre à Rose, n'hésite pas, je serais très heureuse de le continuer :).

« L'art de l'écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu'il emploie des mots. »

08 nov. 2019, 04:07
 RPG+  Ô, temps ! suspends ton vol  libre 
[ 1 OCTOBRE 2042 ]
Lac, Poudlard

Charlie, 12 ans.
2ème Année


Image




Une éternité. C'est ce que pensa Charlie en arrivant aux abords du lac en cette fin d'après-midi, ses yeux vert-clair parcourant l'étendue scintillante des eaux. Cela faisait bien une éternité qu'elle n'était pas venue Ici.

Ses pas étaient légers, en apparence. La gryffone flottait sur la pointe des pieds, et se déplaçait aussi silencieusement qu’une brise d’été. Une brise d’été glacée ; le corps souple et la démarche raidie, Charlie se frayait un chemin vers le Lac. Sa surface étincelante l’attirait en cette journée sans nuages, toute cette étendue d’eau ressemblait à un gigantesque miroir posé sur le monde ; et qui ne reflétant pas son hôte Poudlard.
Plus la gryffone approchait, plus elle sentait la couleur bleue criarde du ciel emplir son regard. Le Lac était le parfait miroir des cieux, Charlie avait presque l’impression de pouvoir plonger dans cette eau pour s’envoler dans le bleu.
Le vent torturé entre ses mèches attachées et l’estomac noué d’un envol impossible, la Rouge et Or reporta ses yeux sur cette petite forme en boule. Depuis qu’elle avait émergé de la Grande Porte, le regard de Charlie faisait des allers-retours entre le Lac et la fille-aux-couleurs-du-ciel ; en espérant qu’elle se décide à se lever et à partir. Pourtant, plus elle se rapprochait, plus ses espoirs s’amenuisaient. La Serdaigle avait l’air figée dans le temps, depuis tant de temps.
Miroir.

Les mains enfouies dans les grandes poches de sa robe, Charlie arriva au même niveau que la forme recroquevillée en faisant le moins de bruit possible. Assez proche, deux mètres sur sa gauche, la gryffone observait les longs cheveux blonds qui parsemaient presque entièrement le corps de la Serdaigle. *Qu’c’est beau ces ch’veux longs*. À l’image d’un drap blanc qui protégeait un meuble contre la poussière, Charlie pensait que cette fille était en train de se protéger contre un ennemi, elle aussi ; mais avec ses cheveux. Cette pensée lui arracha un simili sourire, tendant plus vers le rictus.
La Bleu et Bronze avait les yeux fermés, ce qui avait soulagé la gryffone. Malgré tout, en cet instant, elle en ressentait une certaine irritation. *Bien…*. L’idée de se plonger dans le regard de ce meuble couvert de cheveux lui plaisait, mais elle ravala sa frustration en détournant les yeux vers le Lac.

Toujours aussi brillant – presque aveuglant – le Lac était par instants perturbé ; le miroir se froissait en une grimace sans saveur, tout autant que l’esprit de Charlie qui maudissait les créatures aquatiques briseuses d’illusion.
Quelques remous en surface, deux-trois tabous en sous-face, les paupières de la Rouge et Or se plissaient face à tant d’éclat. À quelques mètres du bord, le miroir éblouissait, et l’étendue du ciel se transformait en un monstre insupportable. Du moins, c’était beau. *’xiste vraiment l’Calmar*. Dans la mélasse de beauté, une pensée abyssale éclaboussa l’esprit de Charlie. Une pensée qui n’était ni une question, ni une affirmation, ni une phrase, ni une présence ; c’était simplement une pensée, brute, dure. Dans ses poches, les petites mains de la gryffone se plaquèrent contre ses cuisses ; trois couches séparant les deux épidermes, et pourtant une Haine transperçant tout. *Non…*. En serrant la mâchoire, elle cligna des yeux plusieurs fois pour jeter son regard sur le miroir aqueux. Même si ce n’était qu’une illusion, même si ce n’était qu’une chimère, Charlie acceptait tout, pourvu que sa conscience s’en retrouve noyée, silencieuse ; au moins pour quelques minutes.

Brusquement, son attention se décrocha du Lac pour sauter sur la boule enroulée à sa droite. Sa tête resta pourtant bien fixe dans la direction du miroir d’eau, mais son regard ne suivait, il préférait la vision de ce meuble blond aussi brillant que le miroir illusoire. *Longs*.
La tête dans une direction, le regard dans une autre, Charlie observait du coin de l’œil la fille-aux-couleurs-du-ciel, seule attache réellement étincelante de cette après-midi.

je suis Là ᚨ