Elizabeth enroula bien fortement son écharpe jaune et noir autour de son cou. Le froid et la neige qui s'abattaient sur l'Ecosse et la préparaient pour la fin de l'année les rendaient obligatoires pour toute sortie envisagé dans le parc de l'école. c'était le dernier vendredi de cours avant le début des vacances de Noël et elle comptait bien profiter une dernière fois de son coin préféré du domaine. 

Elle avança le long du chemin qu'avaient tracé les autres élèves qui s'étaient succédé dans le parc jusqu'à rejoindre les rives du lac. La neige avait décidé de leur laisser une journée de répit et elle retrouva le banc qu'elle avait placé ici depuis que le temps ne s’apprêtait plus au pique-nique sur l'herbe. Elle débarrassa le siège de la couche de poudre blanche qui la recouvrait et s'installa dessus. 

Elle jeta un œil à son vieil arbre bien nu à cette époque de l'année. A force de chercher, Eli avait finit par trouver le nom de l'espèce de son petit compagnon. C'était un sycomore, un beau et grand sycomore. Bon certes, il avait perdu des plumes au fil des mois, mais il était toujours très beau. 

Elle regarda la montre qu'elle portait à son poignet gauche. Elle avait rejoint au plus vite son petit repère pour en profiter le plus possible mais elle devait se retrouver ici avec Ali. Il restait encore du temps alors elle plongea dans l'observation du lac gelé.

L’hiver, Aliénor affectionnait cette période de l’année. Le temps semblait comme suspendu, le froid s’imposait comme maître, arrêtant la folie de la vie et prenant le contrôle des forêts, des animaux et de la nature entière. Tout était froid, mais tout était si beau. C’est comme si toute la beauté du monde était figée et protégée de la laideur du monde et des hommes. Les hommes peuvent être si destructeurs… Et pourtant ils peuvent donner la vie et la faire perdurer, il peut créer des œuvres d’art, ils peuvent réaliser des prouesses architecturales et éradiquer des maladies. Alors pourquoi cet homme peut-il faire des choses si terribles ? Mais aujourd’hui, à Poudlard, sous la neige fraiche, blanche, pure, sans trace, on oubliait tout malheur, se reconcentrant sur l’essentiel. Aliénor remonta son écharpe sur son nez pour le couvrir du léger vent qui par bonheur chassait les nuages de neiges qui enfin laissaient un peu e repos au château.

La neige, on a envie de l’admirer durant des heures, parfaite, lisse, mais il y a aussi cette irrésistible envie de se plonger dedans…Ah ! Comment résister ? Aliénor secoua la tête de droite à gauche pour chasser cette pensée de son esprit. Elle avait autre chose à faire, aujourd’hui, en cette fin de semaine, elle devait retrouver Elizabeth. Elles avaient leur coin à elles, un bel arbre près du lac. Elle devait ce dépêcher si elle ne voulait pas être en retard, Aliénor n’aimait pas trop faire attendre les gens et était la plus part du temps à l’heure à un rendez-vous.
Elle se hâta donc de traverser le parc. Elle suivait le chemin qu’elle empruntait maintenant depuis pas mal de temps avec son amie. Aliénor se retrouva rapidement près des rives du lac. Il était entièrement gelé, c’était très beau. Aliénor respira une grande bouffée d’air frais qui lui réveilla les sens par sa fraicheur si soudaine dans son corps. Elle se mit à sautiller sur le chemin, toute cette neige, ce paysage, même si elle devait rester ici pour Noël à cause du travail de ces parents, elle avait hâte de voir Poudlard apprêté pour la fête. Noël, ce n’est pas une période comme les autres en hiver. Malgré le froid et le mauvais temps, les lumières, les décorations en tout genre, le traditionnel sapin décoré, tout ça donne de la chaleur aux cœurs endurcis. C’était une belle période pour la jeune fille et puis elle avait hâte de voir le repas de Noël que préparaient les elfes de maison qui ont toujours le chic pour faire de bons plats aux habitants du château.

Alors qu’elle était encore dans ces rêveries, le pied de la jeune fille dérapa sur le sol gelé. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Aliénor se retrouva sur les fesses. Heureusement, la neige avait amorti le choc et elle ne s’était pas explosé le coccyx. Le froid et l’humidité par contre traversèrent vite le jean kaki de la fillette. Elle se releva rapidement tapant ces mains gantés entre elles pour y retire la neige qui s’y accrochait.

Elle continua son chemin et passant juste à côté de la rive du lac elle s’arrêta un moment pour regarder l’immensité de glace qui se présentait à elle. C’était si beau, elle aimerait y aller, mais vu sa chute sur le chemin, ce serait de la folie que d’aller sur cette glace. Elle se ravisa donc et, remarquant son retard, elle accéléra le pas jusqu’au point de rencontre.

Elizabeth était déjà installée sur le banc attendant sagement en regardant l’horizon. Aliénor sourit à sa vue, c’est toujours agréable de passer du temps avec ces amis.
Elle s’installa aux côté de Betty et son regard se perdit de nouveau dans la contemplation du paysage enneigé.


-Je te l’ai déjà dit je pense, mais je trouve ça tellement beau l’hiver…

Elle tourna sa tête vers sa camarade, toujours en souriant.

-Ca va sinon toi ?

Elle avait à peine entendu Ali s'approcher tellement le lac accaparait son attention. Elle se tourna vers son amie et rit de la voir le visage à moitié couvert de son écharpe. Elle tremblait légèrement sous le froid et Eli ne put s'empêcher d'imaginer la tête de son amie si elles avaient dû affronter la neige. Pensait à la neige lui rappelait son Glastobury Tor qu'elle visitait tout les ans au réveillon. Dire que dans quelques heures elle embarquerait sur le Poudlard Express pour revenir dans le monde normal. 

Oui "normal", Elizabeth avait beau faire partie de ce monde, elle ne parvenait à le voir pour autant comme normal. C'était comme lui faire perdre sa magie. Se dire que ça c'était normal ce serait contraire à l'idée qu'elle en avait.

Mais voilà qu'elle reperdait son attention. Elle se recentra sur les yeux de son amie ; avait-elle déjà à quel point elle les adorait ? ; et lui répondit chaleureusement.

- Toi aussi c'est ta saison préférée ? Moi j'adore ça. Avec mes parents, on prend toujours la semaine entre Noël et le Jour de l'An pour aller à Londres. On construit un bonhomme de neige avant de partir et on espère le voir en revenant. Une fois là-bas, on passe notre temps à voir les marchés de la ville, les lumières le soir, les décorations. On prends un chocolat chaud dans un bar avant de rentrer dormir et on recommence le lendemain. Et puis le 31 au soir, il y a la représentation de l'orchestre. Mais cette fois, c'est ma mère la soliste, alors c'est encore mieux !

Eli prit le temps d'observer son amie en se rappelant qu'elle n'aurait pas le plaisir de retourner chez elle. Elle voulait être sûre de ne pas lui faire de la peine. Elle aimait beaucoup Aliénor, elle la suivait souvent lorsqu'elle partait loin dans des conversations et elle n'hésitait pas à la réveiller quand elle restait collée aux draps.

- Je ne te fais pas de peine quand je parle de mes vacances ? C'est la dernière fois qu'on est ici avant que je rentre, je voudrait pas que tu sois triste.

Le regard de la jeune fille voguait entre son amie et le décor surréaliste du par cet du lac enneigé. Elle était bien sous cet arbre avec son amie, c’est devenu comme un point de repère pour Aliénor, un endroit en sécurité ou elle trouvera une oreille à l’écoute et des paroles heureuses. C’et ça d’avoir une bonne amie, Aliénor avait toujours eu des amis, mais depuis qu’elle est à Poudlard, elle a l’impression que toutes ces rencontres sont plus fortes et pour la plus part plus durables. Eli lui raconta ces habitudes de vacances, ce qui fit sourire Aliénor. Même si son visage était en partie masqué par son écharpe, les expressions de la jeune fille sont très lisibles en général on n’a pas de grande difficulté à deviner les sentiments et expressions de la Poufsouffle, c’est un vrai livre ouvert.

Aliénor s’imaginait sa mère chanter, quelle horreur, dans la famille c’est plus le dessin, enfin la peinture pour sa mère et le sport pour son père, mais le chant… Non pas vraiment. Penser à ces parents fit soupirer la jeune fille, oui elle avait envie de revoir ces parents, mais c’est comme ça, ils devaient travailler. Mais après tout, elle c’était fait à cette idée et s’imaginait déjà les tas de choses qu’elle pourrait faire au château à Noël. Surtout qu’Aliénor n’est pas la seule sorcière à devoir rester sur place à la période des fêtes, elle allait se faire encore de nouveaux amis.

- Je ne te fais pas de peine quand je parle de mes vacances ? C'est la dernière fois qu'on est ici avant que je rentre, je voudrait pas que tu sois triste.

Aliénor se redressa et fixa Elizabeth avec des yeux ronds comme des soucoupes. Quelle idée, s’imaginer les vacances de son amie lui donnait pleins de belle images en tête. Aliénor était surtout heureuse pour son amie, même si c’était surtout son imagination qui se mettait en marche quand elle écoutait les autres.
Aliénor rebaissa son écharpe pour pouvoir parler plus librement. C’était agréable d’être avec Betty, elle ne juge jamais les rêveries silencieuses d’Aliénor. Un grand sourire s’étendit sur son visage qui se voulait rassurant et bienveillant.

-Ça ne me rend pas triste ! Oui j’aimerais voir mes parents, mais ce n’est que partie remise !

Aliénor s’imaginait déjà les prochaines vacances, elle en aurait des choses à raconter à ces parents et surtout à son père ! Elle riait intérieurement en imaginant sa réaction. Non Aliénor n’était pas triste. Même si se retrouver seule pour Noël n’est pas facile surtout que sa plus grande amie à Poudlard est Betty, pour l’instant son amie comble ce manque, mais quand elle va partir ça va faire un vide dans le petit monde en construction d’Aliénor. Mais rien d’insurmontable pour une jeune fille de son âge !

Aliénor réfléchit alors à la belle voix que doit avoir la mère de Betty, peut-être qu’elle a hérité de cette voix ?

-Tu chantes toi Betty ?

Peut-être que son amie avait une magnifique voix et elle ne le savait et sinon, et bien ce n’est pas bien grave on ne peut pas prendre toutes les qualités de ces parents ! Aliénor essaya de se souvenir d’un chant de Noël, elle n’est connaissait pas énormément et en plus, comme elle ne chante pas, elle a du mal à se souvenir des paroles… Elle se souvint alors des chorales de Noël qu’elle voyait en ville chez elle à Bristol, c’était très joli, encore une particularité de Noël qui réchauffe les cœurs.

Aliénor semblait surprise de la question d'Elizabeth. Loin d'être triste, la jeune fille semblait au contraire apprécier de partager ce moment avec elle. Eli se repris donc et son sourire revint orner ses lèvres. 
Elle continua d'écouter son amie qui lui posa alors une question.

- Tu chantes toi Betty ?

Sincèrement, le chant n'était pas forcément son truc. Ses parents lui disaient bien qu'elle avait une jolie voix, dont sa mère qui disait en être jalouse au vue de la casserole qu'elle était, mais elle n'avait jamais voulu pousser la chose plus loin. Elle pouvait chanter les musiques qu'elle aimait bien, surtout les chansons que ses parents gardaient dans leur armoires à vieux CDs. Le lecteur ne fonctionnait qu'à moitié mais elle adorait les chansons rétro.

- Mes parents disent que je chante bien mais j'ai jamais pris de cours ou quoi que ce soit. C'et surtout ma mère qui insistait, la musique c'est son univers et pouvoir le partager avec moi c'était un rêve pour elle. J'aime bien la voir jouer du violon, l'écouter, parfois l'accompagner en chantonnant mais ça s'arrête là en vérité. Tu chantes toi ?

Elizabeth tenta de se rappeler d'une vieille chanson qu'elle avait entendu chez elle. Un très vieille chanson que ses grand-parents écoutaient à chaque Noël. Cela lui paraissait approprié pour la saison. Une fois les paroles en tête, elle commença.

- Last Christmas, I gave you my heart
But the very next day you gave it away
This year, to save me from tears
I'll give it to someone special


Elle laissa le rythme de la musique l'envahir, s'imprégnant de la magie du cadre et de l'instant.

Je crois qu'il y a eu méprise sur le boulot de la mère de Betty: elle est violoniste, si je parle de soliste c'est parce qu'elle va jouer un concerto qui est une pièce symphonique où un instrumentiste seul (soliste) et le reste de l'orchestre se répondent. Mais c'est pas grave, on va jouer de la confusion ça le fait, ça ressemble bien à Betty de ne pas être claire  . Ce sont les aléas du RP !

Alors qu’elle essayait sans succès de se souvenir des chansons de Noël qu’elle pouvait entendre chez elle, Elizabeth répondit à sa question. Elle chantait alors mais juste par pur plaisir, Aliénor trouvait ça bien, elle aussi avec le dessin avait appris seule, sans cours, juste avec de l’envie et de la détermination et peut-être un peu de chance à la naissance.
Elle regarda avec bienveillance son amie, sa mère qui voulait l’associer à ces rêves et son monde, se sentir plus proche et pouvoir partager des choses. Aliénor voit pas mal de similitudes entre l’attitude de la famille de Betty et la sienne. Son père était ravi de pouvoir partager le monde des sorciers avec sa fille et Claire, la mère de la fillette appréciait beaucoup voir sa fille dessiner même si les dessins d’Aliénor représentent souvent un autre monde, un monde imaginaire de toutes sortes de bestioles et de paysages.

Aliénor étendit ces jambes et les croisa devant elle. Ces chaussures noires contrastaient avec la neige si blanche. Puis Aliénor écoutant toujours d’une oreille discrète ce qu’on lui disait, entendit que la mère de son amie ne chantait pas non, elle faisait du violon ! Aliénor se sentit un peu bête sur le coup. C’est vrai que lorsque Betty lui avait parlé de ce spectacle, elle ne lui a pas demandé en quoi il consistait et ce qu’y faisait sa mère ou alors elle lui avait dit, mais encore une fois, elle n’avait pas tout écouté. Aliénor va vraiment devoir faire attention, à force d’écouter seulement les parcelles de ce qu’on lui disait, elle allait se mettre dans des situations… Cocasses.
Elle essaya alors de s’imaginer la mère d’Elizabeth jouant du violon. La musique n’étant pas très présente dans la famille d’Aliénor, les gens sachant jouer de la musique étaient réellement incroyables, dotés d’un don hors du commun pouvant faire rire et pleurer. Au final la musique c’était un peu comme la magie…

- Tu chantes toi ?

Aliénor et le chant… A vrai dire ça lui arrivait de chanter comme tout le monde, mais pas en public et puis, elle ne chantait pas très bien et faisait souvent des fausses notes malgré le fait que sa voix soit assez jolie. Mais elle ne travaillait pas et puis, elle préférait écouter les autres plutôt que de leur infliger ce calvaire ! Aliénor émit un petit rire, non le chant ce n’était pas pour elle.

-Non, je ne chante pas, enfin je ne chante pas très juste…

Aliénor se tut une nouvelle fois, parler, quand quelque chose lui passe par la tête elle le dit, mais la plus part du temps, la jeune fille rêve silencieusement et au final, ces expressions faciales n’ont pas besoin de commentaires.

Elizabeth se mit à entonner une chanson. Aliénor écoutait en fixant l’horizon. En effet, Betty avait une jolie voix. Les paroles de la chanson volaient et s’évaporaient dans un nuage de fumée. C’était assez poétique et surtout ce n’était pas une chanson sans aucun rythme, elle était assez rythmée du coup Aliénor bougeait son pied dans la mesure.
Elle ne connaissait pas les paroles mais l’air de la chanson lui disait quelque chose. Elle s’imaginait alors un violon accompagner la voix de son amie, les Noëls chez elle doivent être agréables !
Dans la famille d’Aliénor se sont les CD qui donnaient vie à la maison l’hiver mais le fait de pouvoir partager la musique avec sa famille doit avoir un côté merveilleux.
Aliénor souri, imaginer toutes ces images positives dans son esprit lui donnait envie de rendre ce moment avec son amie exceptionnel. Après tout, Betty ne devait pas oublier Aliénor durant ces vacances donc hors de question qu’elle prenne ce train sans souvenir mémorable.

-Ça doit être joli avec ta mère au violon, je n’avais pas compris au début je croyais qu’elle chantait…

Aliénor sauta du banc avant de se placer devant sa camarade avec un air désolé sur le visage.

-Je suis un peu distraite et j’ai du mal à retenir toutes les parties de mes conversations… Mais ça ne veut pas dire que je ne t’aime pas hein ! C’est juste que…

Aliénor ne savait pas trop quoi dire c’est un peu bête d’oublier des choses comme ça et même de ne pas écouter ces propres amis… Mais bon Aliénor était comme ça. Un sourire malicieux se dessina doucement sur son visage. Elle avait une envie folle d’aller sur ce lac gelé derrière elle et ce depuis qu’elle l’avait vu. Mais avant elle doit trouver un moyen de se faire pardonner de son manque de concentration vis-à-vis de ce que lui raconte son amie. Elle tourna la tête de droite à gauche, trouver quelque chose, elle doit trouver quelque chose… Mais elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pouvait faire… Peut-être un dessin ? Aliénor se redressa, mais oui, Betty adore les créatures magique et Aliénor dessines des bêtes imaginaires à longueur de journée ! Elle trifouilla dans les poches de son manteau pour en sortir son carnet à dessin qui mériterait vraiment un coup de jeune. Mais dedans il y avait ces dessins. Elle chercha un dessin en particulier, elle tourna les pages frénétiquement jusqu’à tomber sur un dessin qu’elle avait fait il y a quelques semaines. C’était comme un tout petit renard, de la taille d’une pomme de pin avec de grandes oreilles, tout blanc avec des tâches bleu un peu partout sur le corps. Les couleurs ce n’est pas le fort d’Aliénor, elles ne sont pas parfaites, mais l’animal lui fait pensé à son amie.
Relevant les yeux vers elle, d’un geste sec, elle arrache la page et le tend à son amie.

-Tiens ! J’essayais d’être moins distraite la prochaine fois, et comme ça tu ne m’oublieras pas pendant les vacances !

Aliénor souriait à pleines dents, fière de son idée, puis elle se tourna vers le lac gelé.

-Tu n’as pas envie d’aller sur le lac pour voir ce que ça fait ?

Aliénor se retourna alors vers son amie encore sur le banc, une étincelle de malice brillait dans ces yeux. Puis elle regardait le grand arbre derrière Betty, il est tellement beau, c’est leur arbre, le gardien de leur amitié.

Elle s'était totalement laissée emporter par la chanson. Les souvenirs des fêtes de fin d'année partagées avec ses grands-parents lui revenaient et c'est assez émue qu'elle acheva sa prestation. Aliénor n'avait pas quitté l'horizon du regard. La jeune fille était perdue dans ses pensées, comme bien souvent, mais ça ne la dérangeait pas. Etant quelqu'un de très bavard, Elizabeth appréciait la compagnie calme mais rassurante de sa camarade.

Soudain, son amie sauta du banc, commença à s'excuser de ne pas assez l'écouter ; à la grande surprise d'Elizabeth qui avait l'impression de trop souvent accaparer la parole et qui pensait au contraire que c'était à elle de s'excuser de lui imposer un tel flot de paroles ; et se mit à fouiller avec virulence dans son sac. Puis, trouvant un carnet à dessin, elle passa les pages à toutes vitesse attirant la curiosité de Betty qui se leva en laissant son sac à côté du banc.

Aliénor s'arrêta finalement sur une page et la déchira. Le bruit et la surprise la firent sursauter avant qu'Ali ne lui tende la feuille en question. Eli la prit et regarda ce qu'elle représentait. Il y avait là une magnifique représentation d'un renard, blanc comme la neige qui les entourait, avec des points bleus comme le ciel qui les surplombait. Le trait était fin et le geste assuré. 

Les yeux d'Elizabeth pétillèrent de la beauté du dessin. Quand Ali lui dit que c'était un cadeau pour se faire pardonner, elle fut prit d'une grande envie de lui faire un câlin avant que son amie ne lui proposent d'aller sur le lac gelé. L'idée avait déjà traversé l'esprit de la jeune fille et c'était là la meilleure opportunité qui soit. Elle s'élança vers Aliénor, lui attrapa le bras gauche et l'embrassa sur la tempe.

- Je l'adore ! Il sera parfait dans ma chambre, juste au dessus du lit ! Maintenant, allons tester ce lac, après j'ai une surprise pour toi, moi aussi !

Elle jeta à ce moment là un regard au sac qu'elle avait laissé près du banc avant de tirer son amie vers le lac, en évitant de se prendre les pieds dans la neige.

Je ne sais plus du tout si ton personnage aime ou pas les marques d'affection mais c'est venu naturellement à Eli alors ne lui en veux pas trop pour les microbes 

Aliénor guettait la réaction de son amie, après tout ce n’était qu’un dessin mais au moins c’était quelque chose qui la représentait. La jeune Poufsouffle ne s’attendait pas à une réaction aussi positive, Elizabeth s’avança vers elle à la suite de sa proposition et agrippa son poignet après lui avoir fait un baisé sur la tempe. Aliénor ne s’y attendait pas, dans sa famille, on ne montre pas trop son affection enfin surtout du côté de son père même si sa mère est aussi discrète sur le sujet. Elle n’a donc pas l’habitude de recevoir de telles marques d’affection. Mais elle n’en veut pas à sa camarade, c’est une force de pouvoir exprimer avec autant de simplicité ce que l’on ressent. En général Aliénor essayer de trouver les mots en tournant autour du pot et au final fuit en proposant une activité. Mais au final les preuves d’amour ce traduisent en geste, un ça va ? Peut devenir un je t’aime pour qui connait un peu la jeune fille. Puis, généralement, il suffisait juste de voir le visage de la jeune fille pour la comprendre. Elle resta tout de même sans bouger, surprise par cet effluve d’affection si soudaine. Puis, en regardant l’enthousiasme de sa camarade, elle lui sourit, un sourire vrai et simple. Elle était contente de partager ses moments avec son amie qui parle un peu trop et qui pose des questions que personne n’oserait poser. C’est la curiosité et la gentillesse d’Elizabeth qui font qu’Aliénor s’attache à elle, et peut-être aussi sa naïveté et sa légèreté. Un bol d’air frais, c’est comme ça qu’Aliénor décrirait sa compère de maison.

Mais pas le temps de rêver, Betty tirait déjà Aliénor pour aller voir ce lac gelé de plus près. Aliénor se mit à rire devant l’énergie d’Elizabeth et la suivit volontiers, essayant de ne pas reproduire sa chute précédente. Elle faisait bien attention à marcher dans la neige et pas dans le chemin trop déblayé. Les rives du lac n’étaient pas très loin et, détachant son poignet de la main de sa camarade elle s’élança et se mit à courir dans la neige, comme un cabri qui aurait bien trop froid aux pieds pour les laisser trop longtemps au sol. Elle sautait fort peu gracieusement dans la poudre blanche qui amortissait avec soin ces cabrioles.

-Tu crois que ça glisse beaucoup ?

Elle lança sa phrase sans même regarder Betty bien trop occupée à la réception relativement correcte de ces bonds.
Lorsqu’elle arriva sur le bord du lac gelé, le spectacle qui s’offrait à elle était encore plus incroyable. Elle écarta les bras et se mit à crier. Il ne devait pas y avoir grand monde et puis de toute façon Aliénor se fichait bien de ce que pouvait penser les autres d’elle. Cela faisait un bien fou de crier comme ça face à l’immensité du lac. Elle sourit à pleines dents, Poudlard et ce nouveau monde était tout bonnement incroyable. Elle voyait tout d’un nouvel angle, tout devenait magique. Elle s’imaginait des sorciers sur le lac, ce protégeant de la neige qui tombe avec un sort et patinant avec aisance. On pouvait faire tellement de choses avec la magie…
Aliénor souffla un grand coup avant de se retourner pour voir son amie, avec sa course dans la neige, elle n’avait même pas fait attention à elle. Elle la chercha du regard en espérant qu’elle n’était pas tombée ou qu’elle ne s’était pas ensevelit sous la neige par je ne sais quel hasard.

Courant de toutes ses forces, Eli tenta de suivre le rythme d'Aliénor qui courait plus vite qu'elle malgré toute cette neige. L'air faisait voler ces cheveux, déjà mal coiffés de base, et l'épaisse poudreuse sous ses pas craquait. Quand Ali lâcha son bras et partit en solitaire, Elizabeth fut plus à la peine. Elle avait beau être très dynamique et remuante, il n'empêche qu'en terme de vitesse pure, ce n'était pas fameux. 

Courir follement et rêveusement dans les prés de Glastonbury ce n'était pas la même chose que rattraper sa camarade, étonnement rapide d'ailleurs ou alors c'est qu'elle était vraiment lente, dans un enfer de neige qui ralentissait le moindre de ses pas. Aliénor sautait comme un cabri et semblait beaucoup trop à l'aise. Sa taille supérieure à celle de Betty y était peut-être pour quelque chose.

Alors qu'elle atteignait enfin le lac, Aliénor cria de toutes ses forces et cela motiva Elizabeth à la rattraper le plus vite possible. Elle décida donc d'accélérer. Fatale erreur. alors que l'objectif était presque atteint, et son amie à portée de vue, elle se prit le dernier monticule de neige et sa vue fut d'un coup réduit à la glace du lac qu'elle raclait désormais, glissant à plein ventre sur sa surface. Ce furent les jambes de sa compère qui l'arrêtèrent, qui sait jusqu'où elle aurait continuer sa course sinon, et elle put se relever, difficilement au vue de la douleur qu'elle ressentait dans les épaules et les genoux qui avaient amortis la plupart du choc.

- Outch... C'est dure la glace ! Mais toi tu triches, t'es plus grande donc tu passes mieux ! 

Betty partit dans un fou rire en s'accrochant par la main droite à l'épaule d'Ali tandis que la gauche tenait son ventre. Elle finit par lâcher son amie, se laissa tomber au sol et s'allongea sur la surface figée de l'étendue d'eau. 

Elle observa le ciel dans lequel passait quelques oiseaux courageux qui devaient partir migrer dans des zones plus accueillantes de la planète à l'heure actuelle. Reprenant son calme, elle ferma les yeux et revu aussi clairement que si elle y était le ciel de Glastonbury, du haut de son Tor. Rêveusement son esprit partit là-bas, avec sa famille. Son père racontant les bourdes de ses étudiants, sa mère stressant de trop pour ses interprétations. Elle les vit dans la voiture qu'ils avaient depuis bien une dizaine d'année, la seule qu'Eli connaissait. Oui, pour la première fois elle était nostalgique de ce temps là. Les vacances tombaient à pic.

Mais ce n'était pas le moment pour ça. Elle se releva, s'assit en lotus et se tourna vers Aliénor toujours debout.

- Tu viens t'asseoir grande tige ? T'inquiète c'est solide, mes genoux peuvent témoigner !

Alors qu’elle regardait à hauteur d’homme, Aliénor ne s’attendait pas à voir une forme foncée dans le blanc de la neige et de la glace glisser dans sa direction. Elle observa la silhouette s’approcher d’elle, elle ne savait pas trop quoi penser… Pourtant c’était bien son amie, là, allongée sur le ventre en train de glisser, ces long cheveux noirs s’éparpillaient sur le blanc immaculé de la neige. Aliénor le suivait du regard sans rien dire un peu trop surprise par la situation, après tout elle l’a laissé quoi ? Quelques minutes à peine, et elle se retrouve à faire de la luge sur le ventre. A force d’accumuler de la neige sur ces épaules et dans ces cheveux, elle ralentissait en s’avançant vers Aliénor. Lorsqu’elle arriva vers elle, elle buta sur les jambes de la jeune fille. Un sourire apparut sur les lèvres d’Aliénor, elles font une belle paire toute les deux, entre Aliénor qui en arrivant tomba sur les fesses et Elizabeth qui après quelques mètres se retrouve sur le ventre.
Betty se redressa en s’appuyant sur Aliénor, la pauvre elle a du se faire mal à déraper comme ça… Aliénor rit devant la réaction de son amie. En effet, la jeune fille est assez grande pour son âge, et son caractère sportif lui avait permis de sauter sans trop de difficulté dans la neige, même si à force de faire le cabri, demain elle aurait des courbatures.

-C’est toi qui est trop petite!

Elizabeth partit dans un fou rire communicatif, elles riaient toute les deux et cela mit u baume au cœur d’Aliénor. Elizabeth se détacha de la jeune fille pour aller s’allonger sur la glace. Soudain un frisson parcourra la colonne vertébrale d’Aliénor. Si jamais la glace lâchait, si elle se retrouvait dans l’eau, au milieu du lac sans rien pouvoir faire ? Des images de l’eau qui brouillait sa vue revinrent lui hanter les yeux. Aliénor s’accrocha fermement à un arbre juste à côté.

- Tu viens t'asseoir grande tige ? T'inquiète c'est solide, mes genoux peuvent témoigner !

La voix de son amie résonna dans sa tête, c’était son idée à la base, elle n’allait pas rester là à regarder son amie sans rien pouvoir faire. Elle devait se forcer à bouger et aller sur la glace. Après tout, il est vrai que rien ne semblait aller de travers, Elizabeth était sur la glace elle tenait, pas une fissure à l’horizon. Aliénor respira un grand coup et, toujours accrochée à son tronc. Elle posa un pied délicatement sur la glace, l’observant sous tous les angles pour savoir si elle ne cèderait pas.

-Je ne suis pas tout à fait rassurée là, imagine sa casse on fait quoi ?

Mais qu’es ce qu’elle dit ? Aliénor ne se reconnaissait pas, être si terrifiée, ce n’est pas de l’eau, c’est comme marcher sur la terre ferme, exactement pareil sauf que ça peut glisser. Aliénor souffla un grand coup une nouvelle fois et inspira l’air frais pour se changer les idées.
Aller Aliénor, il est temps, arrête de flipper comme une petite fille.

Elle posa son pied sur la glace, rien ne se passait. Elle mit son deuxième pied, tout allait bien jusque-là, aucun problème en vue.

-Ok, ça va ça va.

Elle lâchât son arbre et avança prudemment sur la glace, tout se passait pour le mieux. La glace ne se bisait pas. Elle prenait de plus en plus confiance et avançait de plus en plus tranquillement sur la glace. Ouf, ça va de mieux en mieux.

-En fait ça va ça ne glisse pas temps que ça.

Elle marchait avec plus d’assurance, elle était fière d’elle pourtant ce n’était pas gagné. Elle étendit les bras, bien dressée sur ces jambes, soudain la phrase de Betty revint dans la tête d’Aliénor. « Grande tige » ? Aliénor se retourna rapidement.

-Je ne suis pas une Grande tige !

Alors qu’elle essayait d’être impressionnante, son pied glissa brusquement. Aliénor écarta les jambes, ces bras en croix, ces fesses en arrière et le buste vers l’avant. Elle était dans une position assez complexe et n’osait plus bouger. Puis, imaginant sa position, elle se mit à rire.

-Tu peux m’aider petite chose ?