Après avoir longuement insisté, Orphéa avait réussi à trainer Alice dehors. La fille à la chevelure blanche n’était pas du genre à se vautrer dans l’herbe pour grignoter des chips à la citrouille, mais la petite brune l’avait convaincu de partager avec elle un pique-nique. Elle commençait à connaître son amie et leurs passions communes, ainsi elle avait prétexté vouloir profiter d’une éclaircie pour pouvoir observer les plantes qui se trouvaient au bord du lac. Mais la véritable raison était tout autre. Elle allait mener son interrogatoire et obtenir des réponses !

Les deux Serpentard s’approchaient du lac, emmitouflées dans leurs pulls, panier sous le bras. Les deux fillettes posèrent leurs affaires au sol avant de déplier au bord de l’eau, une grande nappe sur laquelle Alice s’assit délicatement, tandis qu’Orphéa commençait à sortir divers mets de son panier. Elle posa à son tour ses petites fesses sur le grand carré de tissu rouge, et commence à mastiquer un petit bout de lard.

« Je suis contente que tu ai accepter de venir discuter botanique avec moi, lança la brunette avec un grand sourire aux lèvres, qui ne masquait que trop bien sa prochaine fourberie. On va pouvoir s’entraider et compléter nos connaissances respectives »

Elle se pencha vers le lac, pour observer les plantes qu’on y trouvait. Tout ceci lui servait seulement de prétexte pour parler d’un certain Serdaigle. Christopher Martin.

« Ho regarde ! Des trèfles d’eau, juste ici, dit-elle en pointant du doigt les petites fleurs blanches et roses. Si je me rappelle bien leur vrai nom est Menyanthes trifoliata. Je crois qu’on les étudies en deuxième année »

Voyant qu’Alice ne bronchait pas face à son insinuation, elle décida de mettre les deux pieds dans le plat.

« Le programme de l’année prochaine m’intéresse vraiment, dit-elle d’un ton lasse. Si je pouvais, je demanderais à un deuxième année de m’en apprendre un peu plus. Malheureusement, je ne peux pas demander à n’importe qui, je n’en connait aucune personnellement ... pas comme tu connais Christopher ! »

Elle allait enfin avoir son explication. Elle mourrait d’envie de comprendre ce qui avait poussé la jeune fille à se laisser embrasser par le Serdaigle la veille, mais également à comprendre pourquoi elle laissait totalement tomber Brett depuis quelque temps. Malgré le fait qu’elle passe la plupart de son temps libre avec Alice, celle-ci lui avait très peu parlé de sa dispute avec le petit Serpentard. Mais cette fois, elle obtiendrait les infos qu’elle voulait. Et après tout, elles étaient amies, et les amies n’étaient elles pas faites pour confier ses soucis ?

La journée commençait d'une drôle de façon. Les journées étaient étranges, ces derniers temps. Toutes, sans exception, depuis ce fameux jour, depuis ce fameux baiser. Le soleil semblait plus étincelant, le chant des oiseaux plus beau, l'air plus doux. C'était quelque chose qu'elle ne pouvait s'expliquer. Elle voulait en parler ! Mais... Alice n'y arrivait pas. C'était à elle...et à lui. Ils étaient les seuls à pouvoir comprendre ça.
En ce jour, la petite Sangblanc avait voulu travailler sur ses leçons mais elle n'avait pu résister aux assauts répétés d'Orphéa qui voulait absolument manger à l'extérieur. Elle avait cela pour elle : sa volonté était à toute épreuve. «Je viens» avait finalement dit Alice, lasse.

Pour l'occasion, Alice avait choisi de se vêtir suffisamment chaudement, le temps était traitre en ce mi-mars. Sa longue chevelure de neige était nouée en une longue queue de cheval tressée, décontractée mais élégante en toute circonstance.
Les fillettes marchaient jusqu'au lac en discutant légèrement. Plus elles s'approchaient de ses eaux noires, et plus Alice était ravie d'avoir acceptée "l'invitation" d'Orphéa. Il restait à voir si elle n'allait pas finir par le regretter. Après avoir installé leur petit nid fait d'une grande nappe rouge et de différents petits mets aussi alléchants les uns que les autres, les Serpentard s'assirent. Le regard d'Alice voyageaient de plat en plat. Mais où Orphéa avait-elle trouvé tout cela ? Aux cuisines, certainement mais... comment ? Alice attrapa une tomate cerise entre ses doigts avant de l'engloutir. Succulent.

Alice écoutait Orphéa d'une oreille distraite. Elle acquiesçait d'un signe de tête, parfois elle lui souriait brièvement. Son attention était ailleurs.
Mais lorsque son ami se mit à parler du programme de deuxième année, Alice s'y intéressa. C'était un sujet important, il fallait bien l'avouer. Alice n'avait pas encore eu l'occasion d'en parler avec Jacob, mais se souvenait-il seulement de sa deuxième année ? Probablement pas.

« - Malheureusement, je ne peux pas demander à n’importe qui, je n’en connait aucune personnellement ... pas comme tu connais Christopher !

Alice haussa un sourcil, l'air surprise. Qu'est-ce cela voulait dire, "pas comme tu connais Christopher" ? Orphéa ne savait rien de ce lien si particulier entre eux ! Alice se força à afficher une mine neutre. Elle tendit légèrement le bras pour se saisir d'une énième tomate et la glissa entre ses lèvres. Tout en dégustant son délicat petit légume, Alice réfléchissait. Orphéa voulait-elle vraiment parler de Christopher ? Oh... elle voulait certainement lui prendre, comme elle avait essayé avec Br... comme elle avait déjà essayé auparavant.
Alice réajusta sa tresse, son regard posé sur la surface du lac.

- Donc, tu veux que je te présente Christopher, c'est cela ? C'est un garçon timide, je doute qu'il te soit d'une grande aide. Mais si tu veux, nous avons des secondes années chez nous aussi....la peste Harrison, par exemple.»

Orphéa était une merveilleuse amie mais... il ne fallait pas exagérer. Comme si il n'y avait qu'un seul élève de seconde année !

Alice eut la réaction la plus inattendue qu’il soit aux yeux d’Orphéa. Elle se contenta de hausser un sourcil, l’air surpris et croqua une nouvelle tomate.

« Donc, tu veux que je te présente Christopher, c'est cela ? C’est un garçon timide, je doute qu’il te soit d’une grande aide »

Soit son amie pensait réellement que ce baiser des tribunes devant toute l’école était passé inaperçu, soit elle savait très bien ou voulait en venir la petite brune mais ne voulait pas assumer. Orphéa n’en revenait même pas qu’elle lui sorte une telle réponse. Elle ne pouvait pas se contenter de rougir et de bafouiller quelques mots comme n’importe quelle enfant normale l’aurait fait ? Comme Orphéa l’aurait fait si son amie avait insinué quoi que ce soit avec Ethan... ou n’importe quel autre garçon d’ailleurs.

« Maiiis non Alice, lâcha la Serpentard. On se fiche des deuxièmes années, je te parle de Christopher ! Tu sais le garçon qui t’as embrassé devant toute l’école ! »

Cette fois-ci ce n’était pas ses pieds qu’elle mettait dans le plat, mais bien son corps en entier. Tant pis si elle brusquait son amie, elle voulait savoir. Savoir pourquoi elle s’était laissé faire ? Cela ne ressemblait tellement pas à son comportement habituel. Avait-elle fait ça pour rendre Brett jaloux ? Et d’ailleurs quelle était la véritable raison de sa dispute avec lui ? Elle ne voulait pas forcer la jeune fille à lui fournir des réponses, mais elle espérait fortement que celle-ci le ferait de bon coeur.

« En fait j’aimerais juste comprendre, poursuivit-elle. Ça ne te ressemble pas de faire une chose pareil, je me pose simplement des questions. Et puis entre filles, on peu bien parler de garçons non ? »

Alors c’était ça, la raison qui avait poussé Orphéa à parler de la Seconde Année. À parler de Christopher.
Alice roulait des yeux dans ses orbites. Orphéa savait pour ce baiser, enfin cette bise. Les fillettes n’en avaient jamais parlé, il était d’ailleurs étonnant que l’écossaise au gardé le silence aussi longtemps. A présent, elle n’allait pas la laisser tranquille, Alice en était certaine.

Lorsque Orphéa prit à nouveau la parole, Alice poussa un profond soupir, excédée. Elle voulait juste comprendre. Comprendre les agissements d’Alice ? Comprendre ce qu’elle avait sur le coeur ? Dans un cas comme un autre, Alice hésitait à en parler. C’était difficile de se livrer. C’était très intime.
La fillette n’était pas à l’aise mais s’efforçait de ne rien montrer.

« - Et qu’est-ce qui me ressemble, Orphéa ? Tu sais, à force de manquer de tact, il va t’arriver des bricoles. Christopher est un gentil garçon, d’accord ? Si je ne l’avais pas laisser faire, il aurait été ridiculisé devant tout le monde et ce n’est pas ce que je voulais ! Et puis... ce n’était pas désagréable.

Alice détourna son attention de son amie pour observer les eaux tranquilles du Lac Noir. Ses pommette s’embrasaient, comme à chaque fois qu’elle repensait à ça. C’était encore trop frais dans sa mémoire et le simple fait d’y penser lui envoyait immédiatement l’image de Christopher et ses yeux bleus.
La dernière phrase d’Orphéa laissait Alice perplexe. Parler de garçons ? Pourquoi diable parleraient-elles de garçon ? Alice n’avait pas envie de parler de garçon ! Il n’y avait aucune satisfaction à tirer de ce genre de discussion, seulement du trouble, peut-être un peu de colère en pensant à certains et une véritable rage en pensant à d’autres. La majorité des garçons qu’Alice connaissait était bête. Sauf Christopher, bien sûr. Et Aliosus. C’était très, très peu.

Et si en réalité, c’était Orphéa qui voulait en parler ? Enfin, elle allait admettre être amoureuse ? Alice jeta un regard à son amie aux cheveux noirs, un sourire moqueur aux lèvres.

- Est-ce que tu as quelque chose à me dire, Orphéa Cooper ? Au sujet d’un certain garçon ? »

Alice leva les yeux au ciel. Celle-ci ne semblait pas vraiment disposer à parler de ce qui s’était passé pendant le match. Elle lui fit en plus remarquer que son manque de tact risquait de lui attirer des ennuis. Orphéa fut un peu vexée mais préféra ne rien dire, elle savait que dans le fond ce n’était pas très malin de sa part d’amener le sujet sur la table de cette manière.
Malgré tout Alice continua et lui expliqua que Christopher était une personne gentille, et qu’elle ne voulait pas le ridiculiser devant toute l’école en refusant son baiser. Et elle avoua finalement qu’elle avait trouvé ce contact appréciable !

« Donc tu as faits ça car tu apprécies Christopher ? demanda-t-elle. Et pas pour énerver Brett ? Je ne sais comment vous en êtes arrivés là, mais tu sais il était avec moi pendant le match, et il était tout chamboulé après. Si tu veux mon avis, ça lui a fait beaucoup de peine »

Elle qui était persuadé depuis qu’elle connaissait Brett et Alice, que ces deux la était plus que des amis. Elle les avaient souvent taquiné sur leur relation, mais ils avaient toujours nié, en prétextant être seulement amis. Mais avec ce qui s’était passé au stade, Orphéa se demandait si en réalité, le jeune garçon n’éprouvait pas des sentiments envers la petite filles aux cheveux blancs. Sentiments qui n’étaient visiblement pas réciproques. Quelle horrible situation ! Alors qu’elle s’apprêtait à en faire part à son amie, celle-ci la devança, et lui demanda si elle n’avait pas quelque chose à dire à propos d’un certain garçon. La petite brune se retrouvait piégée à son propre jeu. Elle n’avait parlé à personne de sa rencontre avec Ethan et cela lui convenait très bien. Mais elle venait de dire à Alice que les amies pouvaient parler de garçon, elle ne pouvait pas vraiment faire marche arrière maintenant.

« Hmmm, il est possible que j’aie rencontré quelqu’un le jour de la Saint-Valentin, dit-elle en tentant de maitriser le fard qui lui piquait les joues. Mais je t’en parle seulement si tu acceptes de me dire ensuite ce que tu ressens ! » 

Les yeux d’Alice était grand ouverts. Ses poils s’étaient dressés sur ses bras lorsqu’elle avait prononcé ce nom. Brett.
Tout devenait alors plus clair pour Alice : Orphéa avait été envoyé par Brett. Le sale petit serpent... la petite vipère ! Comme si le monde tournait autour de lui ! Pensait-il réellement qu’Alice était odieuse au point d’utiliser les autres pour arriver à ses fins ? Au point d’utiliser Christopher ?
Alice était furieuse. Elle avait envie de laisser Orphéa pour retrouver Brett et lui hurler dessus à s’en casser la voix. Il avait été tout chamboulé par ce baiser ? Tant mieux, et que ça lui fasse les pieds ! Alice lui avait fait de la peine ? Orphéa ne savait rien de cette histoire entre eux, et ignorait très probablement que le fautif, le seul, c’était Brett. Mais il s’était certainement gardé de lui dire. Quel manipulateur !

Orphéa voulait parler d’un garçon en particulier. C’était clair. Son visage était devenu un joli coquelicot. Cette vision fit momentanément oublier à Alice cette rage qui la dévorait. Il fallait prendre soin de leur amitié, Alice ne voulait pas perdre cette amie là. Elle lui était bien trop chère.

«  - D’accord, répondit Alice au chantage d’Orphéa. Si tu veux. Allez, dis moi donc de qui il s’agit. C’est un Serpentard ? Un Serdaigle ? »

La curiosité. Toujours la curiosité. Alice n’avait que peu de chose à dire sur Christopher car elle ne savait pas ce qu’elle ressentait. Elle l’appréciait, beaucoup. Peut-être trop, dirait son père. Oh, si il apprenait cette histoire ! Ce serait terrible ! Il s’arrangerait pour l’envoyer vivre définitivement en France, c’était évident. A penser à cette sur-protection paternelle, Alice sentait son coeur plus léger. Son père lui manquait beaucoup, et elle aurait aimer lui confier les derniers événements de sa vie. Mais le fait d’avoir des secrets pour celui qu’elle aimait plus que sa propre personne rendait la fillette euphorique. Elle grandissait.

Alice sembla se figer quand la petite brune évoqua sa dispute avec Brett. Visiblement elle avait touché une corde sensible. Elle aurait aimé en savoir plus mais elle ne voulait pas forcer son amie à parler d’un sujet visiblement douloureux. Celle-ci préférait de toute évidence éviter le sujet et parler des relations d’Orphéa. Après quelques instants d’hésitation, elle finit par lui demander s’il s’agissait d’un Serpentard, ou bien d’un Serdaigle. 

La petite Serpentard qui était déjà bien rose, devient rouge écarlate. Elle allait devoir avouer à son amie qu’elle avait passé la Saint-Valentin avec un Poufsouffle. Celle-ci allait probablement se moquer d’elle. Non, il fallait qu’elle se raisonne, après tout, il n’y a aucune honte à être à Poufsouffle, et de plus, Ethan était probablement la personne la plus gentille qu’elle connaisse. Après quelques instants d’hésitation elle décida de se jeter à l’eau.

« Hmm, en réalité, ni l’un ni l’autre. C’est un Poufsouffle, déclara-t-elle d’une petite voix en rougissant de nouveau. Il s’appelle Ethan, je ne sais pas si tu vois qui c’est... »

Ça y est ! C’était fait. Elle venait de se confier pour la première à quelqu’un au sujet d’Ethan. Elle n’avait pas dit grand-chose, et elle espérait qu’Alice n’allait pas trop lui demander de détails. Mais elle était prête à lui en donner, rien que pour savoir ce qui se tramait entre la petite Sangblanc et l’attrapeur des Serdaigle.

Mots soulignés pour la Cabane de Cristal

Alice, qui se forçait à demeurer silencieuse et neutre pour écouter son amie et surtout ne pas la blesser, ne put retenir un rire qui sortit d’entre ses lèvres closes en un petit « pff ». Un Poufsouffle. Orphéa avait passé la saint Valentin avec un Poufsouffle. Alice détourna la tête pour ne pas éclater de rire. Elle l’imaginait, main dans la main avec un gros bêta au visage tout boursouflé par le sucre. Elle l’imaginait rire, son Ethan, la bouche peine de miette et qui en projetait sur le visage et le chandail d’Orphéa.
La petite Sangblanc se racla la gorge, ses grands yeux fixés sur un arbrisseau.

« - Ethan, donc, reprit Alice, l’air de rien. Ça ne me dit rien du tout. En même temps, je t’avoue ne pas passer mon temps auprès des... Poufsouffle...

Alice inspira profondément, puis expira doucement. Non, vraiment, c’était trop pour Alice. Elle avait envie de rire, vraiment elle en avait envie. Elle ne voulait pas imaginer Orphéa et sa robe frappé du serpent à côté d’un garçon aux couleurs du blaireau. Qu’est-ce qui lui avait prit, au juste ? N’y avait-il pas assez de garçon chez les Serpentard ? Non, ça c’était bien Orphéa : le besoin de se différencier. Alice l'appréciait pour ça, en général. Mais là, il fallait avoué que c'était fort de café. Il fallait lui remettre les pendules à l'heure.
La fillette se décida à reposer ses yeux sur son amie. Il ne fallait pas rire, il fallait l'aider.

- Loin de moi l'idée de vouloir donner mon avis mais... Tu mérites mieux qu'un Poufsouffle. Ils ont tous une noisette à la place d'un cerveau. Pas autant que les Gryffondor, mais quand même.

Les mots étaient peut-être dur, mais ils étaient vrais. Les doigts opalins de la fillette vinrent se saisir d'un petit radis qu'elle vint glisser entre ses dents. Ses yeux se détournèrent à nouveau de son ami. La situation était amusante, certes mais tout de même navrante. A quel moment s'était-elle rapproché de lui ? Alice n'avait rien vu, rien du tout. Peut-être était-ce seulement une passade, une relation aussi éphémère que le carton sous la pluie ? Peut-être même que ce n'était rien du tout ! C'était certainement cela.
Mais il fallait quand même en être sûre. Hors de question de passer ses journées avec Orphéa ET un Poufsouffle.

- Enfin, tu fais bien ce que tu veux, dit Alice en haussant une épaule. Tu donnes bien la clé de ton cœur à qui tu le souhaites. Seulement... assures-toi que la serrure n'en souffre pas. »

Orphéa pâlit légèrement quand elle vit son amie tenté de retenir un rire. Était-ce si ridicule que ça de fréquenter un Pousfouffle ? Visiblement oui. Alice ne chercha à peine à dissimuler son mépris pour cette maison, elle les pensait stupides. Pourtant Ethan était loin d’être stupide. Probablement pas très ambitieux, mais tout de même intelligent. Il semblait même à la petite brune qu’il avait une meilleure moyenne qu’elle. 

« Enfin, tu fais bien ce que tu veux, rajouta son amie avec un haussement d’épaules presque dédaigneux. Tu donnes bien la clé de ton cœur à qui tu le souhaites. Seulement... assures-toi que la serrure n’en souffre pas » 

Mais pourquoi donc souffrirai-elle ? Ethan était la personne la plus adorable qu’elle avait rencontré à Poudlard, et elle était persuadée qu’il ne lui ferait jamais de mal. Ou alors, elle ne le connaissait pas suffisamment. Orphéa se rendit compte que cela faisait à peine quelques semaines qu’ils se connaissaient vraiment. Elle n’avait peut-être pas encore cerné toute la personnalité d’Ethan, et peut-être qu’il profitait d’elle. En y réfléchissant, elle se rendait compte qu’il lui demandait assez régulièrement des conseils en potion. Et s’il était seulement entrain de profiter de ses talents pour augmenter sa moyenne ?

« Tu as peut-être raison, dit-elle à Alice en baissant la tête, presque honteuse. Je vais faire plus attention... »

Désormais Orphéa n’avait plus la tête à écouter les histoires de son amie. Mais celle-ci s’était laissé embrasser par un Serdaigle ! Est-ce qu’il valait mieux qu’un Poufsouffle ? D’autant plus qu’il était plus vieux !

« Je ne sais pas trop ce que tu envisages avec Christopher, mais comme tu m’as donné ton avis, je vais te donner le mien, annonça-t-elle. Les Serdaigle sont souvent dans leur monde, et ils peuvent être très snobs à certains moments. Tu devrais aussi y réfléchir, surtout qu’il est en deuxième année, il n’a probablement pas les mêmes préoccupations que toi, et vous m’avez l’air bien différents »

Suite à la réflexion d'Alice, Orphéa était devenue penaude. Elle y était peut-être aller un peu fort. Mais Alice ne voulait pas que son amie subisse les moqueries de leurs camarades. Être amie avec un Poufsouffle, c'était tout de même une drôle de chose pour une fille comme Orphéa. Ne craignait-elle pas de passer pour une idiote devant toute l'école ? Si Ethan était comme Alice l'imaginait... pauvre Orphéa.

Les dents de la fillette claquèrent un peu fort sur un énième radis, alors qu'Orphéa se mettait à parler encore une fois de Christopher. Cette fois, c'était pour parler des Serdaigle dans leur globalité. Alice n'était pas d'accord avec sa vision de la maison de Rowena Serdaigle. Dans leur monde, très snobs ? C'était stupide et injustifié. Alice connaissait plus d'un Serdaigle, et aucun n'était ainsi... enfin, pas tous.
Alice roulait des yeux dans leurs orbites. La dernière phrase d'Orphéa était la pire, et la plus absurde, quoi que la première était bien assez stupide. Ce qu'elle envisageait avec Christopher ? Qu'est-ce que cela voulait dire ? Alice n’envisageait rien de particulier.... y avait-il quelque chose à envisager ? Alice pensait à Christopher, souvent. Le soir, dans son lit, Alice rejouait la scène où Christopher avait posé ses lèvres sur sa joue. Mais Alice n'envisageait rien. La fillette vivait seulement sa vie, parfois en la rendant plus belle en voyant les cheveux blonds de Christopher parmi les élèves.
Cependant, Alice sentait son cœur se serrer. Elle n'aimait pas Orphéa penser cela de Christopher. Elle n'aimait pas ses aprioris. Elle n'aimait pas sa vision des choses. Dans sa globalité, Alice n'aimait pas l'entendre parler de Christopher sur ce ton.

« - Tu es bête quand tu t'y mets, lâcha Alice en posant un regard dur sur Orphéa. Qu'est-ce que tu sais de nos différences ? Et de nos ressemblances ? Christopher est en deuxième année, et qu'est-ce que ça change ? Une année nous sépare, une toute petite année. Tu crois que parce qu'il a 12 ans, nos préoccupations sont différentes ? C'est vrai, lui doit se demander ce qu'il étudiera l'an prochain. C'est tout.

Alice croisa ses bras sur sa poitrine et détourna aussitôt l'attention, agacée. La maladresse d'Orphéa commençait à blesser Alice.

- Occupes toi plutôt de ton maudit Poufsouffle et de ses grosses joues. »