Cet après-midi, jolie après-midi, Aliénor n’avait pas cours. Elle aurait pu faire comme n’importe qui et se caler en salle commune avec ces amis pour discuter ou réviser ou penser à l’avenir plus qu’incertain. Mais non, la fillette avait une autre idée, comme souvent en ce moment. Des tas d’idée lui venait à l’esprit et elle ne voulait en rater aucune. Elle était libre, ces parents loin et surtout, si elle ne le faisait pas maintenant, quand pourrait-elle le faire ? Non, elle réaliserait toutes ces envies loufoques, rien que pour voir jusqu’où elle peut aller. De toute façon, son juge de paix avait rendu son verdict, pile ou face : Pile je reste tranquillement en salle commune, Face : je m’en vais vers de nouvelles aventures. Face

Bon elle n’allait pas bien loin non plus, mais c’était une grande aventure qu’elle préparait. Elle s’était changée, heureusement en cette journée d’avril, le 6 exactement, il faisait beau. Pourquoi cette date, aucune idée, ça n’avait rien à voir, mais elle allait rentrer dans les annales. Du moins dans les annales de la petite vie d’Aliénor ou peut-être de Poudlard qui sait ? Elle attrapa une veste à capuche, en sort de sport et tee-shirt troué, rien ne pouvait l’arrêter. Elle allait encore sortir pieds nus, mais cette fois c’était nécessaire. Sa baguette, sa pièce, elle était prête. Déterminée à réaliser son idée soudaine.

Elle sortit du château croisant quelques regards étranges posés sur elle. En même temps, cette dégaine ne passait pas inaperçu. Mais la concentration sur son visage et se sourire en coin laissait présager que la fillette préparait quelque chose. Une belle idée derrière la tête, elle riait déjà à la tronche des profs si l’un d’eux la surprenait lors de la réalisation de cette fichue idée. Elle traversa le parc dans une démarche peu assurée pour ces pauvres petits pieds, on aurait dit qu’elle marchait sur des braises et c’était un peu le cas en fait. Les petits cailloux, plantes rugueuses et que sais-je… Ça n’aida pas à avoir une démarche assurée. Mais il était hors de question qu’elle fasse demi-tour, ça jamais.

Elle arriva en un seul morceau au bord du lac. Elle regarda autour d’elle histoire de trouver quelque chose d’assez gros et plat. Une branche ou un caillou, n’importe. Elle marcha un peu et ces yeux tombèrent sur un caillou relativement plat, comme un galet mais plus irrégulier. Il fera l’affaire. Surtout qu’il était assez grand, presque la taille du pied de la fillette. Maintenant elle devait trouver une branche assez plate. Plus complexe mais elle avait espoir. Ses yeux tombèrent sur une grosse écorce, un arbre avait dû avoir du mal à passer l’hiver. Parfait ! Elle avait tous les ingrédients nécessaires. Elle posa le caillou au bord de l’eau et se concentra en sortant sa baguette. Elle souffla un grand coup avant de prononcer calmement :

-Gonflus.

La pierre gonfla doucement, mais celle-ci éclata avant qu’elle ne puisse avoir la taille voulue par la fillette. Surprise la fillette s’était retournée. *Ben bravo maintenant les gens vont venir voir ce que tu fais…* La fillette soupira en regardant autour d’elle. Il n’y avait pas encore grand monde, les beaux jours arrivant à peine. Elle sortit de cette petite plage de galets pour trouver une pierre plus adéquate. Elle tomba sur un gros rocher au bord de l’eau. Parfait, un peu plus gros et elle pourrait tenir à califourchon dessus ! Elle s’installa près du rocher pour pouvoir le retenir une fois qu’il sera gonflé.

-Gonflus.

Le rocher gonfla, juste ce qu’il fallait. Il commença à s’élever, mais Aliénor le rattrapa pour le ramener près de l’eau. Aliénor sauta dessus en essayant de faire ça avec relativement de grâce. Le rocher pencha dangereusement vers le côté alors qu’il avançait sur le lac du à l’impulsion de la fillette. Elle s’agrippa comme elle le pouvait, son écorce dans une main et sa baguette bien rangée dans sa poche de façon à ce qu’elle ne tombe pas. Elle rampa tel un asticot sur le rocher qui se stabilisait. Elle se retrouva à califourchon sur son rocher, légèrement épuisée. La rive était déjà un peu plus loin. Un sourire se dessina sur son visage et elle tata sa poche pour y vérifier la présence de sa baguette ainsi que sa pièce. Tout le monde était présent, pour une fois que son plan se réalisait plutôt bien… Elle avait de l’eau jusqu’à la moitié des mollets. L’eau était froide, saisissante, mais elle se sentait plus libre que jamais. Un sourire de victoire sur les lèvres, elle lança son premier coup de rame avec son écorce.

-C’est parti !

Elle criait presque, maintenant qu’elle était là, elle ne risquait plus rien, elle avait juste à découvrir les mystères du lac. Elle espérait quand même que cette histoire de calamar n’était pas vrai, ça rajouterait une complication.

Le lac était calme, si calme et heureusement vu son embarcation de fortune gonflable. Elle avait un peu l’impression de partir à l’aventure sur une bouée gonflable moldue. C’était précaire et potentiellement risqué mais elle était très contente d’être là sur son rocher gonflable à ramer sur le lac noir. Elle ne savait pas vraiment où aller, elle se laissait guider et sans même vraiment s’en rendre compte, elle commençait à s’éloigner des rives. Au final elle n’avait jamais pu voir ce qu’il y avait de l’autre côté enfin en soi c’était la forêt interdite, ou du moins une partie. Mais elle voulait savoir, ce goût d’interdit était si agréable et sentir l’eau, certes très froide, caresser ses jambes était tout aussi plaisant. Aliénor avait vraiment l’impression d’être dans un interlude où plus rien ne comptait et où personne ne pouvait l’atteindre. Elle se retourna pour observer la rive d’où elle était partie et ne put réprimer un sourire. Il y avait là quelques élèves qui la regardait avec un visage étrange certainement choqués de voir quelqu’un « naviguer » sur le lac. Mais son embarcation était bien lente. Elle pagaya de plus belle avec son écorce et dans un geste un peu trop rapide celle-ci fit entendre un craquement qui raidit immédiatement le dos de la fillette. Elle ne pouvait pas se retrouver sans rames au milieu du lac. Elle calma alors un peu ces ardeurs en pagayant mois fermement et en battant doucement des pieds. Il n’y avait qu’elle pour imaginer faire des trucs pareils. Elle riait de sa propre situation. Elle cala son écorce sous sa cuisse et mit ces mains en longue vue pour observer au plus loin. D’ici, elle avait une magnifique vue sur le château et elle pouvait apercevoir quelques chouettes partir au loin. Le château était si calme et si beau vu de l’extérieur. Elle se revoyait, à la nuit tombée sur les barques arrivant pour la première fois à Poudlard. C’est un souvenir qui restera gravé à tout jamais dans sa petite tête. Puis son regard s’abaissa sur ces jambes trappant négligemment dans l’eau sombre. Il y a quelques temps elle n’aurait certainement pas pu faire ça, sa peur de l’eau aurait pris le dessus. Heureusement qu’elle a connu Zoé en première année. Sans elle, elle en serait certainement au même point que durant les vacances. Mais à présent, elle pouvait pleinement profiter des cours d’eau et du lac sans paniquer inutilement. Elle s’appuya sur ces mains derrière elle ce qui fit tanguer dangereusement son navire de fortune.

-Ouh, doucement Ali c’est pas très stable…

Après cette petite pause souvenir, Aliénor repris son chemin en direction de nulle part. Elle voulait juste naviguer tranquillement espérant ne pas tomber sur des créatures étranges. Mais en restant à la surface elle ne risquait trop rien non ? Bon de toute façon il était bien trop tard pour penser à ce genre de choses, elle était déjà assez loin et elle n’allait pas faire demi-tour de suite, ce serait non productif. Dans un énième coup de rame, Aliénor cru apercevoir quelque chose au loin, quelque chose qui brillait dans l’eau.

-Trésor en vue !

Un sourire barra son visage et elle accéléra la cadence, sans trop forcer sur sa pagaye de bois. Elle voyait la petite lumière se rapprocher d’elle. Qu’es ce que ça pourrait bien être ? La curiosité de la fillette était piquée à vif. Elle voulait savoir ce qui pouvait bien briller à la surface du lac noir. C’était certainement rien, mais un trésor c’est un trésor même s’il est tout petit. En se rapprochant, elle crut apercevoir quelque chose d’assez long et fin. Elle essaya de se pencher mais son embarcation commença à glisser sur le côté. Elle se rattrapa de vitesse pour ne pas se retrouver à l’eau. Elle dégaina alors sa baguette. Il elle ne peut l’atteindre physiquement, elle la fera venir à elle. Aliénor se concentra sur cet objet légèrement brillant d’une lueur bronze et quelques reflets verts. Elle prit une grande inspiration.

-Wingardium Leviosa.

L’objet en question s’éleva et la fillette fut émerveillée de voir une plume s’élever au-dessus de sa tête. Le charme rompu, la plume tomba doucement, comme en dansant. Aliénor l’attrapa au vol. Elle était assez grande et très belle. Aliénor admirait cette faculté es plumes à être imperméable et à laisser les goutes perler sur elles sans les abimer.
Aliénor était ravie, elle avait son trésor du lac !

Aliénor regarda un instant sa plume puis son regard dévia vers le ciel. Elle s’imaginait l’oiseau ayant cédé cette plume volant au-dessus du lac et des gens. Cette liberté à laquelle elle a la chance de goûter en volant sur son balai. Son sourire ne voulait pas partir. Elle planta la plume dans son chignon se la jouant un peu indienne sur sa pirogue. Elle pouffa de rire s’imaginant sa tête. Elle balaya cette image d’un revers de main, de toute façon rien ne pouvait l’atteindre ici. Elle reprit sa rame pour continuer son périple sur le lac toujours décidée à aller nulle part. Elle planta son écorce dans l’eau et fit repartir son embarcation doucement. Elle prenait son temps pour une fois dans sa vie, elle voulait juste profiter de ce moment seule au monde. Enfin seule, c’était un grand mot. Elle entendait bien les élèves jouer et certains l’appeler sur la rive. Mais elle n’en avait rien à faire, elle voulait que ce moment dure longtemps comme quand elle est partie voler cette nuit-là. Une des seules nuits où elle s’est permis de sortir de son dortoir. Aliénor n’est pas vraiment du genre à respecter le règlement, elle n’en fait qu’à sa tête, mais sortir de son dortoir la nuit n’est pas vraiment son activité favorite, elle est très bien au chaud dans son lit. Jusqu’à ce qu’elle penser déranger les autres. Aliénor prit une grande inspiration. Les effluves de vase et d’algues se mêlaient à son parfum et à l’air frais. Elle ferma les yeux pour profiter du soleil d’Avril qui commençait juste à réchauffer par sa présence. Elle réfléchit à cette histoire d’ami qui lui posait quelque peu problème. Ou du moins, ça faisait tourner les rouages de son cerveau. Pourquoi elle n’arrivait pas à se lier d’amitié aux gens qu’elle côtoie ? Ou alors elle a trop de mal à les considérer comme amis, en fait ces quoi des amis ? Des gens avec qui on s’amuse et on partage. Mais aussi à qui on se confie. A qui te confies-tu Aliénor ? Elle n’en savait rien… Elle c’était bien confiée à sa cousine ou à Zoé, mais jamais de façon spontanée. Elle avait du mal à raconter des choses sur sa vie et restait vague. Ou alors elle se cachait derrière sa pièce. Mouais, on a vu mieux comme preuve d’amitié. Et puis elle les voit bien, ces couples de meilleurs amis qui sont toujours fourrés ensemble. Elle, elle n’a pas ça, resté toujours avec la même personne…*Ennuyant ?*

Aliénor secoua la tête, l’aventure l’attendait elle n’allait pas rester là à rien faire. En voilà une bonne amie, l’aventure. Elle recommença à ramer, mais alors qu’elle ne s’en souciait plus son écorce se brisa dans l’eau. Elle ouvrit de grands yeux avant de se rendre compte qu’elle n’avait plus que la moitié de son moteur dans les mains.

-Oh non reviens !

Mais l’écorce flottant doucement dériva sans qu’elle ne puisse la rattraper. Aliénor essaya de se pencher sans tomber mais ce fut sans succès. Elle ne voulait pas non plus se retrouver sans embarcation, voilà qui serait bien moins amusant. Aliénor soupira lourdement, en voilà une sacrée veine… Elle essaya alors de sortir sa baguette avant de se rendre compte que de toute façon avoir deux bouts séparés n’était pas très utile… Elle regarda alors les bras ballants sa moitié d’écorce partir. Encore une idée qui part en lambeaux. Elle n’était vraiment pas faite pour ce genre de choses, quand on fait le compte : Elle a voulu attraper un botruc, c’était un échec, le botruc a gagné. Elle a voulu s’infiltrer dans le dortoir des garçons, elle s’est fait surprendre. Elle a voulu traverser le lac en caillou gonflable, échec. Et ben tant pis, elle n’était pas prête d’arrêter ces échecs. Hors de question et puis comme ça elle a des choses à raconter la petite !

-Alala, le jour où quelque chose marchera Ali, tu seras dompteuse de nifleurs !

La fillette rit de sa remarque prise entre le dépit et l’amusement. Il était temps de regagner sa rive et ceux en se servant d’une moitié d’écorce. Voilà qui risquait d’être bien plus long.

La fillette avait légèrement l’impression de faire du sur-place sur la surface froide du lac. Elle commençait à avoir de sacrées fourmies dans les pieds et les jambes. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée cette histoire… Mais bon dans tous les cas elle devait rentrer, elle ne pouvait pas dormir sur le lac, ce serait… Inapproprié. La fillette soufflait en cadences de ces coups de rames visant la berge au loin, enfin pas si loin, mais pour son embarcation bancale ça lui semblait être à des kilomètres. Elle était quand même allé assez loin, elle ne s’attendait pas à ça. Elle fut surprise de découvrir des gens sur la rive l’observant. Elle pensait qu’ils se seraient lassés tous autant qu’ils sont de sa mascarade sur le lac. Ca ne devait pas être passionnant, mais si un professeur l’attendait là-bas ? *Eh merde…* Aliénor regarda autour d’elle, elle voulait trouver un endroit où elle pourrait débarquer tranquillement. Ça devait bien exister. Elle fit tourner doucement son navire de guerre et chercha des yeux un endroit au calme. Et pourquoi pas juste à l’entrée de la forêt interdite ? De toute façon au point où elle en est, elle ne risque plus grand-chose. C’est alors que prenant sa décision quelque chose lui frôla le pied. Aliénor sursauta en relevant sa jambe ce qui déséquilibra son rocher. Aliénor essaya de s’accrocher comme elle le pouvait, mais ce qui devait arriver arriva. Elle se retrouva trempée dans l’eau. Elle étouffa un cri avant de s’accrocher à son rocher. Elle vit sa baguette flotter doucement à la surface à côté d’elle. Elle l’attrapa sans réfléchir et la cala entre ces dents. Elle chercha alors sa pièce qui elle était restée bien sagement dans sa poche. Aliénor soupira en fermant les yeux alors que la créature toucha de nouveau sa cheville. Par réflexe, la fillette se mit à battre des jambes pour avancer. Voilà un plan qui tombait à l’eau et c’était le cas de la dire. Heureusement la rive n’était pas si loin. Elle battait des jambes sans s’arrêter, ayant peur que la chose la suive ou lui fasse du mal. Elle se concentra sur le sortilège à utiliser dans ce cas, lashlabask était parfait. Elle passa une main dans ses cheveux espérant le pas avoir perdu son trésor, mais la plume était toujours là, coincée dans son élastique. Ok c’était déjà pas mal. Le mouvement de ses pieds se fit plus lent alors qu’elle voyait la terre se rapprocher. Elle aurait bien hurlé « terre en vue », mais une baguette dans la bouche et se retrouver à devoir pousser son embarcation, ce n’était pas très glorieux. Cette histoire se soldait par un vrai échec, surtout que l’eau était très froide… Ben bravo on va attraper un rhume avec toutes ces conneries… La fillette se rapprochait de la rive, ces pieds effleurant la vase. Heureusement que son embarcation n’était pas partie au loin, elle se serait retrouvée maligne dans le lac noir à faire une crise de panique. Elle voulait bien que sa peur soit plus contrôlée, mais elle n’en était pas non plus au stade de faire de la plongée sous-marine !

Une fois que ces pieds trouvèrent une pierre pour se poser, Aliénor fut soulagée. Elle avait réussi, elle était revenue. Elle avança doucement sur la terre humide et d’un geste derrière elle lança un finite pour que son rocher retrouve sa forme normale. Elle s’avança un peu puis se laissa tomber en arrière dans un peu d’herbe. Quelle histoire… Un rire s’échappa des lèvres de la fillette, puis celui-ci se fit de plus en plus libérateur. Mais qu’es ce qu’il peut bien se passer dans son cerveau dans ces moments-là ? Elle reprenait son souffle après cette nage étrange. Il était fort probable que la chose qui l’a effleuré ne soit qu’un poisson. Son rire se calma alors que son sourire lui resta sur ces lèvres un moment. Elle devait se relever au cas où quelqu’un aurait une quelconque autorité dans le coin.

Elle se redressa péniblement se trainant un peu sur le sol puis une fois debout, elle checka si tout le monde était bien là. Une fois l’appel réalisé, elle s’enfuit en marchant rapidement vers le par puis le terrain d’entrainement pour emprunter une entrée moins flagrante. Toujours son sourire sur ces lèvres, celle-là son père ne l’aura pas faite !