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05 juin 2019, 00:21
Humides interrogations  Solo 
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Novembre 2043


Les cailloux crissaient sous les pieds d’Emily tandis qu’elle se ruait hors du château. Les trombes de pluie glacées se mêlaient aux larmes qui ruisselaient sur les joues de la jeune Poufsouffle. Elle courut jusqu’à ce que son souffle ne lui permette plus, aussi loin de cette école qu’elle aurait, l’espace d’un instant, souhaité quitter. C’est finalement face au lac que ses pas la menèrent. Ignorant l’épaisse couche de boue qui s’était formée à cause de la pluie, elle se laissa glisser au sol, attirant ses genoux contre sa poitrine, elle aurait voulu disparaître. Partir loin d’ici, et ne plus jamais revenir. Mais pour aller où ? Elle n’avait nulle part où aller. Maintenant quinze mois qu’elle n’avait plus eu la moindre nouvelle de sa mère. Elle n’avait jamais répondu à ses hiboux, Emily ne savait même pas si elle était toujours en vie. Peut-être était-elle orpheline à l’heure actuelle, délaissée par tous ceux qu’elle avait aimé. La jeune sorcière ne cessait pas de pleurer, peinant à reprendre son souffle, le visage balayé par la pluie. Une fois de plus, un élève qu’elle ne connaissait pas et qui ignorait tout d’elle lui a balancé au visage des horreurs au sujet de sa mère, ce que la jeune fille redoutait le plus d’entendre depuis quelques temps : qu’elle était une mangemort. La jeune sorcière se battait contre cela depuis des mois, tentant de défende tant bien que mal cette mère qu’elle aimait toujours au fond d’elle, malgré tout. Mais elle était à bout de forces, comment pouvait-elle continuer alors qu’elle-même ignorait tout de la vérité. Et si ces gens avaient raison sur toute la ligne ? Après tout, si elle n’avait jamais rien voulu lui dire au sujet de son père, c’était peut-être parce qu’elle l’avait tuée de sa propre baguette.

Ses yeux embués de larmes fixaient le lac, et il la terrifiait autant qu’il la fascinait. Que pouvait-il contenir ? Sans doute d’horribles créatures, on racontait même que ce lac abritait un calamar géant. Peut-être le verrait-elle si elle y plongeait, ne serait-ce qu’un seul instant. Totalement trempée par la pluie dans sa simple robe de sorcier, elle commençait à trembler de froid. Peu lui importait de tomber malade et de manquer des cours, désormais. Elle n’avait plus personne à rendre fier et n’avait plus aucune motivation. Elle ne s’était pas vraiment fait d’amis depuis son arrivée, bien que ce fut il y a plus d’un an, et elle se sentait perdue. Son père lui manquait énormément, elle avait un pincement au cœur chaque fois qu’elle pensait à lui. Sa mère lui manquait aussi, elle devait bien le reconnaître. A l’approche du mois de décembre, et donc de Noël, le fait de ne pas être rentré chez elle depuis si longtemps lui pesait. La chaleur réconfortante de sa chambre lui manquait. Elle se sentait très bien dans son dortoir ici, mais Emily aimait la tranquillité, et s’il y a bien deux choses qui ne vont pas ensemble, c’est Poudlard et tranquillité. Sa vie ne rimait pas à grand-chose, elle s’ennuyait. Si seulement elle avait au moins un animal de compagnie à cajoler. C’était décidé, cet été, elle s’achèterait un chat, ce qui rendrait forcément sa vie plus belle.

Reprenant peu à peu ses esprits, elle eut une soudaine envie d’écrire, de se débarrasser de cette haine. En cet après-midi pluvieux de novembre, elle décida que désormais elle ignorerait les rumeurs. Peu importe que les autres pensent que son père soit mort assassiné par sa mère, dévoré par un dragon, ou au contraire bien vivant, elle devait avancer. D’autant plus que tous ces ragots ne faisaient qu’attiser la rage qu’elle ressentait à l’égard de sa mère, qui la laissait dans l’ignorance. C’est alors que sortant le nécessaire de son sac, elle se mit à écrire.


Maman,

Je veux que tu saches que je t’aime, tu es ma mère et je ne veux plus de cette distance entre nous. Je rentrerai aux prochaines vacances, pour Noël, si tu le veux bien. Nous discuterons de papa quand tu seras prête. Je comprends, ça ne doit pas être facile pour toi non plus.

A bientôt,
Emily

Elle remarqua soudain que la pluie avait cessé, laissant place à un bel arc-en-ciel. Se levant d’un bond, elle réalisa ce qu’elle était sur le point de faire. Ce n’était pas une bonne idée, elle plia donc sa lettre de façon à lui donner la forme d’un boursouflet, autant dire que ce n’était plus qu’une boule de papier, et la jeta dans le lac. N’en déplaise aux écologistes. Elle sécha ses joues et se redirigeai vers le château le cœur léger. Ces quelques instants à l’écart du monde et ces mots qui ne seraient jamais lus lui avaient fait du bien, et elle avait retrouvé une once d’espoir.

5ème année RP | Code couleur : #408080
En pause. Désolée.

11 juil. 2019, 01:35
Humides interrogations  Solo 
Juin 2044


Sept mois s’étaient écoulés depuis ce fameux jour de novembre où j’avais eu l’impression de perdre les commandes de ma propre vie. Jour au cours duquel j’avais écrit à ma mère des mots que je n’aurais jamais pensé vouloir lui dire. Mais elle n’en savait rien, j’avais eu, dans un instant de lucidité, l’excellente idée de faire disparaître le produit de ma plume désespérée. De l’eau avait coulé sous les ponts, mais finalement, entre elle et moi, rien n’avait changé. Je n’avais pas eu de ses nouvelles, que ce soit à Noël ou à mon anniversaire, elle ignorait même que j’étais rentrée à la maison pendant les vacances d’avril. Sept mois. Sept mois au cours desquels je m’étais fait une ennemie, qui m’avait humilié et craché des mots atroces au visage, des mots qui raisonnaient toujours en moi à l’heure actuelle. J’avais également découvert que j’avais une demi-sœur issue d’une liaison de papa, et que j’avais une cousine. Scolairement, je m’étais assez bien débrouillée, ayant une moyenne d’Effort Exceptionnel. Cependant, à aucun moment de mon année, maman n’avait été là pour découvrir l’un de ces différents évènements. Et pourtant, n’était-ce pas le rôle d’une mère, d’épauler sa fille dans de telles épreuve ?

Aujourd’hui, j’étais perdue, plus que jamais. Les récents évènements n’amélioraient rien. Le Ministère de la Magie était tombé, et le nouveau pouvoir en place croyait fermement à la suprématie des sang-purs. Les nés-moldus étaient écartés, rejetés, montrés du doigt. L’école avait dû mettre en place de nouvelles méthodes afin qu’ils puissent rentrer chez eux pour les vacances tout en évitant les Manteaux Noirs. Je ne voulais pas de tout cela. J’étais effrayée de voir une telle haine s’installer, cela se ressentait même à Poudlard. Je ne savais pas ce qui m’attendait l’année prochaine, peut-être que même les nés-sorciers finiraient par être expulsés de l’école. Après tout, papa était né-moldu, du sang « impur », pour reprendre leurs termes, coulait dans mes veines. Qu’allait devenir l’école ? Résisterait-elle à la dictature, à l’oppression ? Serait-elle toujours debout dans deux mois ? Je ne supporterais pas de rester chez ma mère les cinq années à venir, je tenais bien trop à mon confort à Poudlard. Et puis, un autre problème, moins grave cependant, mais tout aussi pressant me faisait face : mon orientation. Je devais choisir une filière l’année prochaine. Celle-ci serait déterminante pour ma scolarité, ainsi que pour mon avenir dans la mesure où elle m’ouvrirait l’accès à certaines écoles. Mon premier souhait était d’être auror, cette filière serait donc probablement la plus logique. Mais si je me trompais ? J’aimais également beaucoup les animaux, et les potions, alors pourquoi pas choisir la filière scientifique ? D’un autre côté, j’avais toujours voulu en apprendre davantage sur les moldus, grâce à papa qui m’avait transmis un certain nombre de connaissances. La branche pratique et ouverture pourrait donc me convenir, d’autant plus sachant que le métier d’oubliator m’intéressait beaucoup. Je devais faire mon choix très rapidement, mais c’était si difficile. A 13 ans, on ne peut pas être certain de son choix. Aujourd’hui, on veut faire quelque chose, mais qui peut nous garantir que nous ne voudrons pas tout l’opposé demain ?

Le temps passait à une vitesse folle, allongée au bord du lac depuis des heures, je regardais le ciel changer, s’assombrir peu à peu, l’heure du dîner approchant. Réunissant mon courage, je décidais d’écrire à ma mère. Cette fois, elle lirait mes mots, c’était décidé. Je rentrais à la maison dans quelques jours, et la moindre des choses était de la prévenir. Je n’avais pas eu de ses nouvelles depuis bientôt deux ans, et je ne voulais pas débarquer comme si de rien n’était, ça serait bien trop gênant à vivre, et cela signifierait oublier toutes ces choses qui m’étaient arrivées, et ne plus jamais en parler. Me redressant, j’attrapais le nécessaire dans mon sac et commençais à écrire. Le bruit de la plume grattant la surface du parchemin encore vierge m’apaisait.


Emily Baker,
Au bord du lac noir,
Poudlard

Sasha Baker
Perdue dans la maison,
Manchester


Bonjour Maman,

C’est Emily, tu te souviens de moi ? Comme tu le sais sûrement, les vacances approchent, ce qui signifie mon retour imminent. Nous avons des choses à nous dire, je crois. En plus, j’ai fait plusieurs découvertes qui pourront t’intéresser. Papa a de la famille, tu savais ? J’ai une cousine, Lexie Grey, j’apprécie qu’on m’en ait parlé. Pour le reste, je préfère ne te donner qu’un nom pour l’instant : Savannah Bronw. Fais-en ce que tu en veux, nous en parlerons en temps voulu. Tu peux déjà préparer ton discours parce que j’ai aussi des questions au sujet de papa.
Sinon, j’ai entendu pas mal de rumeurs sur toi, paraîtrait-il que tu es une mage noire. D’ailleurs je dois choisir une filière l’année prochaine, et après des heures de réflexion, j’ai décidé. Je ne sais pas si ça t’intéresse mais j’ai choisi la filière Auror, je veux protéger les innocents des mages noirs, dont tu fais peut-être partie, qui sait ?
Je dois aller manger, à bientôt,

Emily

Je fis un rapide saut à la volière, attachais ma lettre à une jolie chouette blanche tachetée de noir, et la regardais s’envoler jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans le ciel. Il était maintenant temps de rejoindre la grande salle. Ecrire ces mots m’avait allégé l’esprit, et le cœur, je me sentais mieux. J’avais préparé le terrain, et je sentais que cela m’aiderait. Mon été s’annonçait riche en rebondissements. J’espérais de tout cœur pouvoir revenir à Poudlard, d’abord, mais si possible la tête libérée de quelques questions. Je ne saurai pas tout durant ces deux mois chez moi, c’était certain. Mais obtenir quelques réponses, mêmes vagues, pourrait me soulager du poids qui pesait chaque jour un peu plus sur mes épaules.

5ème année RP | Code couleur : #408080
En pause. Désolée.