- Il fallait mettre 4 sangsues et t'en
- J'en ai mis 4 Helmet, arrête!
- La potion était verte donc non.
- J'ai dû mal la tourner...
- La défend pas, ta copine est nase point.
- Pas besoin de m'accompagner! Je suis assez grande, merci!

Furieuse, Esmée accéléra le pas et réussit à les semer facilement. Malgré la remarque, Colin continua sa marche mais Helmet lui attrapa son bras : « Laisse là, tu vas faire quoi chez Hagrid de toute façon hein? S'emporta-t-il nerveusement. Il ne répondit rien et pouffa difficilement. Ils s’assirent ainsi sur l'herbe à côté du lac, profitant du soleil. « Franchement, j'en ai marre de toujours devoir la suivre partout. T'es pas son chien! ». Continua-t-il sans ménagement. Colin ne brancha toujours pas. Il acquiesçait juste tout en souriant.

- Elle se prend pour qui cette naine! Ma main à couper qu'elle a mis 5 limaces cette idiote! Elle ne sait pas lire! T'as vu sa dernière note en potion?! Hi-la-rant.
- Ah, son piètre. Rigola-t-il faussement.

Ils continuèrent ainsi de cracher sur elle, sur ses notes, son comportement et même sa manière de marcher. Helmet pouvait continuer pendant des heures, il avait tellement à dire sur elle. Comment son meilleur ami faisait-il pour trainer avec elle? La fille d'hier soir était tellement plus belle!

- Au fait pourquoi t'as pas voulu travailler à la bibliothèque avec... Comment elle s'appelle déjà?
- Cassie. Souffla-t-il moqueur.
- Ah ouais! Elle était sympa hein?
- Grave, mais j'aime pas trop les blondes.
- Non mais c'est une beauté comparé à Esmée!

Colin se marra une fois encore. Il n'était pas d'accord avec lui mais préféra le garder pour lui. En réalité, il était réellement amoureux d'Esmée. Et pour lui, elle est nettement plus jolie que Cassie. Helmet n'avait aucun gout... Cassie était une fille studieuse, hautaine et assez populaire, elle ressemblait à son ami en fille. Cette comparaison lui fit d'autant plus rire.

Les mains posées derrière son dos, il pensait à sa copine sans trop l'écouter. Depuis qu'ils sortaient ensemble, il avait remarqué qu'elle faisait nettement plus attention à son physique. Ses lèvres portaient maintenant un baume à lèvre rouge, gout cerise, donnant d'autant plus envie de l'embrasser. Elle mettait un mascara plus sombre que ses cheveux marron chocolat. Ils étaient maintenant détachés et ondulés au niveau de ses épaules, sans craindre son élastique qui était sagement rangé à son poignet. Mais ce qu'il adorait par-dessus tout c'était ses éclats orangés que dégageaient ses yeux au soleil.

- Et surtout! Cassie, elle n'est pas plate! Continua Helmet en se bidonnant avec son ami.

« Pour réviser. Toi, tu veux aller au parc pour réviser? »

 Audric regardait son ami goguenard. Il avait du mal à croire que c'était la vraie raison de sa soudaine envie de sortir "prendre l'air". Loin de se démonter, Adrian lui adressait son éternel sourire énigmatique en haussant les épaules. 

« Prends n'importe quelle raison qui te plaira si tu veux. Tu viens ou pas? »

Le garçon aux yeux vairons finit par acquiescer et suivit le blond en dehors de leur dortoir, non sans avoir récupéré son sac avant. S'il était certain que Adrian n'ouvrirait pas un livre dehors, le brun pour sa part en profiterait pour relire une leçon ou deux. Vu ses derniers résultats cela ne pourrait pas lui faire de mal.
 Le blond l’entraîna donc vers le parc et, après avoir clairement cherché quelqu'un du regard, il poussa son camarade jusqu'au lac. Audric fit comme s'il n'avait pas remarqué, essayant de trouver qui son ami pouvait bien chercher de la sorte. Ils s'arrêtèrent près de l'eau, de façon à voir sans être trop vus d'un groupe de filles de leur année. Le brun reconnu deux filles de Serdaigle et une de Serpentard mais il était incapable de mettre un nom sur leur visage, pas plus qu'il ne connaissait les autres présentes. Le regard de son ami était braqué sur elles, faisant lever au ciel les yeux du brun.

« Oh. Tu parlais de ce genre de révision. » taquina Audric. « Oui là je comprends mieux. Un instant j'ai cru qu'on t'avait jeté un sort. » 

« Tu peux "réviser" si tu veux aussi tu sais. Aux dernières nouvelles elles sont toutes célibataires. » 

 Le blond ponctua sa phrase d'un clin d’œil que son ami ignora. Ce dernier préféra prendre son livre de DFCM pour relire le dernier chapitre qu'ils avaient étudié. « Pfff. Rabat-joie. » Depuis sa "rupture" avec Aishani, Adrian essayait de temps en temps de le pousser vers d'autres filles. Mais le brun s'en moquait, elles ne l'intéressaient pas; Ai' était différente. Et puis il ne l'aimait pas pareil. S'il avait rapidement comprit que quelque chose n'allait pas dans ses sentiments, il lui avait fallu un moment pour l'avouer à la jeune fille. Ils avaient d'ailleurs fini par conclure tous les deux la même chose : ils étaient tous les deux intéressés par l'autre mais pas amoureusement. Ils avaient donc finalement décidés de rester amis et c'était mieux ainsi.

 Le brun révisa deux autres chapitres vus cette année, tout en répondant à son ami lorsque celui-ci ouvrait la bouche. Tout en faisant ses propres "révisions", Adrian parla de tout et de rien. Du Quidditch, de ses punitions quasi hebdomadaires, des futures vacances d'été pendant lesquelles il était prévu qu'il retourne en Amérique,... 

« Ah! Deux crétins en approche. » murmura soudainement le blond en désignant du menton un endroit dans le dos de l'autre Gryffondor. Audric se retourna avec toute la discrétion dont il était capable et grimaça en voyant qui s'était installé non loin d'eux. Pike! De tous les garçons de l'école il fallait que ce soit lui bien sûr. Le garçon aux yeux vairons tenta rapidement de trouver Esmée qui ne se trouvait jamais loin en général, mais en vain. 

« Si tu cherches la naine... elle est en retenue je crois. » Adrian était presque toujours au courant des punitions de tout le monde. Personne ne savait comment il savait cela, mais il se trompait rarement. Audric grimaça en entendant le surnom employé par le blond et le reprit sans y prendre garde.

« Bah quoi? De toute façon, vous vous détestez tous les deux non? Vas pas commencer à la défendre. » 

 Le brun détourna le regard pour observer un instant les deux amis derrière lui. Non, Esmée le détestait mais pas lui. Plus lui. Celle qu'il détestait, c'était Peterson, celle qui sortait avec ce crétin de Colin, ce n'était pas Esmée. Mais si jamais Peterson se faisait trahir par Pike comme il le pensait depuis le début, alors la brunette redeviendrait elle-même...
 Non?
 Et alors là, peut-être qu'Esmée accepterait d'être son amie à nouveau. S'il refusait de l'avouer à haute voix, elle lui manquait.
 Énormément. 

 Audric intima le silence à son ami, essayant de comprendre ce que disaient les deux autres. Leurs aînés ne semblaient pas les avoir vu et parlaient de plus en plus fort. Le brun était dégoûté par ce qu'il entendait. Pas par les critiques d'Helmet non, mais par les rires de Colin. Il n'était pas censé défendre sa petite amie? S'il approuvait les dires de son meilleur ami, pourquoi était-il avec Esmée dans ce cas? Le Gryffondor ne comprenait pas l'intérêt sauf si... oui : ses soupçons se confirmaient. 

« Garde mon sac. » demanda-t-il à son ami tout en se relevant, après avoir attaché ses cheveux qu'il avait laissé libre ce jour-là. D'un pas décidé il marcha droit sur les deux autres garçons, les poings serrés. Il entendit à peine Adrian se relever également et lui répondre. Peut-être que le blond voulait l'en empêcher mais il ne l'écoutait pas.

 « Tu vas quand même pas prendre la défense d'une fille qui te déteste? En plus... c'est vrai qu'elle est plate. » marmonna Adrian tout seul. Hésitant un instant, il finit par suivre son ami de loin en traînant leurs affaires. C'était bien fait pour le vairon s'il avait de l'herbe plein son sac.
 Audric s'arrêta aux pieds de Pike et le toisa en l'incendiant du regard. A aucun moment le fait qu'Esmée et lui n'avaient plus rien en commun, qu'il n'avait pas son mot à dire sur ses choix et encore moins de raisons d'en vouloir au Poufsouffle depuis le début ne lui frôlèrent l'esprit. 

« C'est quoi ton problème à la fin? En fait ton but ça a toujours été de te moquer d'elle, c'est ça? »  Comme l'autre était toujours assit au sol, il se retint fortement de ne pas lui asséner un coup de pied. Il ne voulait pas tomber si bas bien qu'il mourrait d'envie de lui sauter dessus pour le cogner. Depuis janvier, sans qu'il n'en connaisse la vraie raison, il ne pouvait pas supporter la vue de l'autre garçon.

« Ose dire la vérité. Mauviette. »

«Il se prend pour qui...» Ses doigts se crispèrent davantage. «Avec son dédain de merde...» Les yeux plissés, elle s'imagina lui tordre le coup. «Peut se les mettre où je pense ses sangsues de mes..» Esmée visualisa la scène et pouffa spontanément. Elle se détendit en relâchant ses épaules et en gommant l'agacement écrit sur son visage pour y dessiner un joli sourire poli destiné au garde chasse. . À deux pas de la porte, elle toqua prête à commencer sa punition. 



- C'est à nous que tu causes? Répondit Helmet à Audric en se levant pour l'intimider.

Colin n'ajouta rien, son visage, cependant, l'incendiait. Pourquoi venait-il lui témoigner son existence? Il était déjà assez présent dans sa relation avec sa copine et il a le toupet de se présenter devant lui pour l'insulter!

- Réponds-moi sale mioche? Lui dit-il en pointant sa baguette sur le torse. «Tu te prends pour qui? Je vais te montrer où est ta place! Levi..

Colin n'attendit pas la fin du sortilège d'Helmet et se jeta, en le poussant, involontairement, de son passage.  Il n'avait que faire de voir Audric pendu par les pieds, il voulait juste lui en mettre une. Il ne se gêna pas et mit un crochet à ce dernier. Audric tomba au sol et Colin enchaîna les coups de poing.

- Tu ne bouges pas d'un pied toi.

Helmet préférait les duels de sorcier et se concentra ainsi sur l'autre garçon. Il menaça alors ce dernier en prévoyant de lui jeter le maléfice d'Entrave pour l'empêcher d'aider son ami.


Ainsi, pendant qu'Esmée nourrissait, en espérant garder ses bras intacts, les Scroutt à pétard, les garçons se montraient leurs muscles sans ménagement. 

 Audric serrait les dents. Ce n'était pas juste, pourquoi ils faisaient ça? C'était si drôle de se moquer d'Esmée? Bien sûr elle était parfois violente, et pas vraiment sociale avec les autres. Mais elle ne méritait pas ça pour autant. Surtout que, comme il avait tenté de convaincre les autres et notamment Jo', elle avait des tas d'autres qualités. Même si "fidèle en amitié" n'était plus vraiment d'actualité, elle était toujours courageuse et volontaire, honnête aussi. Enfin... pas avec lui. Ou était-ce lui qui ne l'avait pas été avec elle?
 Le garçon aux yeux vairons ignora volontairement les propos de Wellington. De quoi se mêlait-il celui-là? Le jeune Hitward ne lâchait plus Pike des yeux ; c'est après lui qu'il en avait. Pendant que l'autre se mettait debout, Audric surplombait toujours Colin attendant qu'il se bouge. C'est lui qui devait répondre, pas son abruti de copain. 

 Quand enfin le Gryffondor comprit que Helmet allait lui jeter un sort, il se détourna du Poufsouffle à ses pieds. *Et elle est où ta baguette Hitward, hmm? T'es malin toi t'iras loin...* Il n'eût pas le temps de se tourner vers Adrian qui arrivait avec son sac, dans lequel il savait qu'il avait rangé sa baguette, qu'il reçut un coup dans la mâchoire. Ne s'y attendant pas, il tomba lourdement au sol sur son bras droit. Presque aussitôt un second arriva. Le brun roula sur le côté comme il put pour se dégager et évita le troisième coup. Se hissant sur un genou il sauta sur Pike et lui rendit coups pour coups. Peut-être pas avec autant de force, mais il y passa autant de rage. 
Il n'avait pas le droit de se moquer ainsi des autres. C'était injuste. Il n'avait pas le droit d'humilier ainsi quelqu'un. Il n'avait pas le droit... 
Non en fait il pouvait bien faire ce qu'il voulait. 
Mais pas à Esmée. Pas elle. 

Audric repoussa aussi violemment qu'il put son adversaire et se recula de deux pas. Ils étaient approximativement dans le même état tous les deux. Le brun sentait que sa joue le chauffait étrangement, et il avait un peu mal au poignet droit. Son poing gauche quand à lui le démangeait toujours. Pourtant sa curiosité était encore plus forte, il voulait avoir la réponse à ses précédentes questions.

« Crache le morceau, mer**! Pourquoi vous faites ça? C'est marrant d'vous moquer d'elle? Vous pouvez pas juste... juste... lui foutre la paix? »

 De son côté Adrian haussa les épaules devant la menace de Helmet. Le combat était du un contre un, il n'interviendrait pas tant que l'autre garçon en faisait de même. Mais fidèle à lui-même et détestant les ordres, il ne put s'empêcher de taper des pieds en sautillant de façon provocante. Puis il tenta de détourner l'attention du "Gorille" comme il avait décidé de le nommer en pointant quelque chose dans son dos et en criant « Un prof! » sans grand succès à son propre étonnement.
 Il plaqua ses mains dans ses poches et observait Colin et Audric, après que se dernier aie craché sur le Poufsouffle ce qu'il avait sur le cœur. *Crétin. T'es grillé.*

Sal... Prends ça! Puti... Je vais te massacrer. «Arrête de l'ouvrir!» Mais il ne peut pas se taire un peu!



Et merde! Il se défend b.. Aaarh mon nez. Je vais te... HAha, il aura l'air fin avec un coquard! Fait qu'il en ai u... T'IN!! Il est pas fatigu... «Lâche-moi abruti!». Il arrête? Vraiment? Mmmf quel naze... Il croit que je vais m'arrêter là! Je vais te mettre un coup de genou dans ta mâchoire de merde pour que tu ne puisses plus l'ouvrir tiens!



- ON L'OUVRE MOINS LA !!

J'avais la rage, je ne pouvais plus me retenir et étrangement je me mis à lui répondre.

- Qu'est-ce que tu connais d'elle? D'où tu te permets de montrer ta tête de merde devant moi? Alors que tu ne veux pas sortir avec elle? Elle te manque! Mais va te chercher une autre pote ailleurs MERDE! Tu crois pas que tu l'as fait souffrir assez? T'ES QUAND MEME PAS AUSSI CON!
- La ferme. LA FERME! MERDE! Cria Audric en anhélant furieusement.
- Tout ça pour Esmée... Murmura Helmet en roulant des yeux.
- Le cœur a ses raisons... Répondit Adrian songeur. «Enfin le truc quoi. C’est pas toi qui comprendrais hein?» Finit-il espièglement. Helmet ne fit pas attention et l'ignora une fois de plus.

Il me sort un la ferme?! Bouillonnant, je pris ma baguette et la plantai de toutes mes forces dans son nez. Elle entra fortement dans sa narine gauche. J'avais l'air fin comme sorcier, mais au moins, j'étais sur de lui avoir fait mal. J'allais me jeter une nouvelle fois dessus quand je l'entendis.

- AUDRIC !!

Elle avait crié son nom et pas le mien. Rouge de colère, je me relevais en le tapant fortement sur les côtes. Je voulais l'écraser plus bas que terre, là où Esmée ne pourrait pas le retrouver.

Esmée courra pour le voir. Moi je m'éloignais d'eux. J'essayais de retenir mes putains de larmes. Mais rien à faire, elles coulaient à flots. Helmet me suivit de près et n'ajouta rien. Il avait dû trouver cette baston indigne d'un sorcier et devait me trouver idiot à pleurer pour elle. Mais je l'aimais. Merde. Je l'aime et ça fait mal. Je l'aime et elle est avec lui. Je l'aime mais elle ne me voit même pas. Mon poing lancé, je frappais idiotement un arbre à la manière d'Esmée. La douleur de ma main atténuait mon mal de cœur. Le sourire aux lèvres, je compris enfin pourquoi elle tapait tout et n'importe quoi dans ces moments-là.

 Il ne comprenait pas, ne comprenait plus. Pourquoi Pike faisait cela? Et pourquoi tout cela le mettait dans un telle colère? Esmée ne voulait plus être son amie, tant pis non? Il fallait passer à autre chose. Mais Colin, ou plutôt tout ce qui se rapportait à la fillette et lui faisait du mal lui donnait envie de frapper tous les responsables. Et il comprit enfin. 
 Au moment où son poing rencontrait la joue de Pike, au moment où il ressentit une plus grande satisfaction qu'il n'aurait dû, il comprit enfin. Toute cette histoire l'agaçait, le retournait, le mettait dans tous ses états et cela ne s'arrangeait pas avec Helmet. Mais voir Colin tomber en arrière en se tenant à l'endroit où il l'avait touché c'était... jouissif. Mais en comprenant enfin tout, son cœur s'allégea un peu. Légèrement.
Il était le plus con de tous les idiots.
Il était le plus gros naïf de la Terre.
Il était amoureux.

  Audric se mit soudainement à rire. Ce n'était pas un rire franc ou triste. C'était un rire hystérique qu'il stoppa lorsque Pike se jeta de nouveau sur lui, redoublant les coups. Étrangement, ce n'était pas ce qu'il lui fit le plus mal à cette instant. Pike se mit aussitôt à lui hurler ses quatre vérités, faisant pâlir le brun qui essaya de se boucher les oreilles. Mais Colin avait raison, et il était bien temps maintenant de se rendre compte de ses sentiments. La douleur de son cœur qui lui rappela doucement tel un venin une vérité qu'il avait semble-t-il oubliée : elle était partie.
Ils auraient pu être ensemble, mais elle était partie. Parce qu'il n'avait pas su comprendre au bon moment ce qu'elle lui disait, parce qu'il lui avait rit au nez et délaissée.
Parce qu'il était un abruti égocentrique.
Parce qu'il avait piétiné ses sentiments.
Finalement, il méritait certainement d'être seul.

 « La ferme. LA FERME ! MER**! » hurla-t-il. Il avait du mal à respirer. Peut-être à cause des coups, peut-être à cause de tous ces sentiments qui se bousculaient, se chassant les uns les autres à l'intérieur de lui.

 Pike semblait être dans le même état que lui. Et puis tout ce passa très vite : le Poufsouffle sortit sa baguette, et Audric n'eût pas le temps de souffler un mot que le morceau de bois se planta violemment dans sa narine. Le jeune Hitward n'avait pas la sienne pour se défendre, mais ne cilla pas pour autant. Il plongea ses yeux vairons dans ceux de l'autre garçon, le défiant du regard. Il n'avait pas vraiment peur, et tremblait plutôt d'énervement. Quelle idée d'avoir laissé sa baguette dans son sac... 
 Puis il entendit quelqu'un hurler son prénom. Mais ce n'était pas n'importe qui, et il aurait reconnu cette voix n'importe où.
 Esmée. 

 Le garçon aux yeux vairons tourna la tête pour s'assurer qu'il n'avait pas rêvé. Elle ne lui avait pas parlé ainsi depuis janvier, sans colère et avec une certaine inquiétude dans la voix, pas depuis ce fameux soir de rentrée ou il avait agit comme un abruti sans réfléchir. Comme d'habitude. Un coup dans ses côtes le força à se plier en deux, cherchant désespérément son équilibre afin de ne pas tomber aux pieds de Pike. Jamais il ne lui ferai se plaisir là. 
 Il sentit deux mains se placer sur ses avant-bras, l'aidant à rester debout. Il leva le nez pour tomber sur les prunelles aux teintes orangées qui lui avaient tant manquées. Il ne savait pas à quel point avant de les croiser de nouveaux. Esmée était là, devant lui et l'aidait à se redresser.

Il voulut la remercier, tout en se rassurant sur le fait que c'était bien Esmée Peterson qui se tenait devant lui, l'air inquiète. Inquiète pour lui? Vraiment? Et Pike? Sans s’apercevoir que l'autre s'était éloigné, le brun savoura cette petite victoire sur le Poufsouffle. La brunette s'était précipitée sur lui, et lui seul. 
 Puis il repensa à ce que les deux autres garçons avaient dit sur elle. Est-ce qu'elle savait? 

 « ...désolé. Je suis tellement... ouh! Tellement désolé. » Il avait du mal à respirer et se tenait les côtes. Pike était aussi sérieux que lui pendant l'échange de coups, et il commençait à ressentir la douleur. Il s'essuya maladroitement le nez dans sa manche d'ailleurs, qui saignait légèrement depuis que le Poufsouffle y avait mit sa baguette. « Désolé... » Il ne savait plus vraiment pourquoi il s'excusait. Les remarques des deux idiots qui lui servaient pour l'un d'ami et pour l'autre de petit ami depuis plusieurs mois? Pour ne pas avoir été capable de se défendre tout seul? Pour ce qu'il lui avait dit à la rentrée des vacances de noël, et encore après? D'être aussi pathétique?

 Il ne savait pas quoi dire d'autre, mais son corps avait agit à sa place. Ses mains s'activèrent toutes seules et ses doigts s'enroulèrent autour d'un poignet de la jeune fille, et sur l'un des plis de son pull. Il s'y accrochait comme si sa vie en dépendait, incapable de la laisser partir. 
 Non, plus jamais.



Adrian dans son coin bouillonnait. Bon d'accord, il n'aimait pas vraiment Peterson non plus, et oui elle était particulièrement agaçante quand elle s'y mettait. Mais elle ne méritait pas pour autant que l'on se moque d'elle ainsi. Personne d'ailleurs ne le méritait. Et puis cet abruti qui ne cessait de l'ignorer malgré ses provocations aussi! Se tournant vers les deux enragés qui se tapaient dessus depuis le début, il vit que la situation avait changé. Audric se retrouvait avec une baguette magique pointée sur lui (ou dans son nez? Non mais quelle idée! C'était dégoûtant.) et n'avait pas l'air de vouloir sortir la sienne. Soit il l'avait oublié, ce qui étonnait le blond, soit il voulait juste continuer à le frapper, ce qui le surprenait davantage. 
 Et puis, sortant de nulle part, la raison de leur dispute arriva comme une fleur. Adrian retint difficilement un ricanement en entendant le prénom qu'elle venait de hurler. C'était quoi cette histoire? Ils s'étaient tous donné le mot pour faire n'importe quoi aujourd'hui ou quoi?

 Il vit le Poufsouffle et son meilleur pote s'éloigner doucement de la scène, l'un rageant comme pas possible et l'autre le suivant comme le bon toutou qu'il était, pendant que la Gryffondor se jetait presque sur le brun aux cheveux longs. Les rôles s'inversaient apparemment. Adrian les garda en visuel jusqu'à ce qu'ils soient assez loin pour ne plus leur causer d'ennuis.
 Se lassant de tout cela, il s'approcha de son ami et de leur aînée. 

« Il serait temps que tu apprennes à choisir tes amis toi. Avec des mecs comme eux plus besoin d'ennemis. » dit-il à l'intention d'Esmée. «  Et toi tu ferais mieux d'arrêter d'être un crétin fini. Tiens, voilà tes affaires, je rentres. Vos histoires je m'en laves les mains. » fit-il en lâchant le sac du brun à ses pieds. Et sur ses mots il s'éloigna en traînant son propre sac. Il avait été obligé de couper à son après-midi "révision" à cause de ces deux-là, et il se promit de faire payer Audric à se sujet. Même s'il était inquiet pour lui il ne le montrerait pas. Il se retourna tout de même au bout de quelques pas, s'adressant à la brunette : « Tu devrais peut-être l'emmener à l'infirmerie. Qu'il vienne pas m'embêter demain qu'il à mal partout. »
 Et il repartit sans demander son reste.

 

Il ne faisait pas particulièrement froid, mais Esmée préféra garder ses gants pour dégnomager le parc, près du garde-chasse. Les pieds dans la boue, elle grimaça en apercevant des taches sur sa robe de sorcier. Préoccupée, elle leva les yeux au ciel pour l'observer. Un gnome colérique lui mordit la jambe et Esmée ne pensa plus à Audric. Elle l'attrapa, le fit tournoyer fortement et le balança le plus loin possible. Toujours dans ses pensées, elle massa son épaule. Depuis qu'il n'était plus avec Aishani, Esmée ne le haïssait plus. Même si elle eut du mal à l'accepter, maintenant Esmée s'en moquait que son amour ne soit pas réciproque. Rien n'avait disparu, elle l'aimait toujours même si elle sortait avec Colin.

Hagrid était debout sur le seuil de sa cabane et l'observa en train de rêvasser. Il devait sans doute être de bonne humeur car, il n'en fit rien et lui proposa même de s'en allait plus tôt. Le sourire aux lèvres, Esmée le remercia joyeusement. Elle l'aimait bien contrairement à Rusard. Ce dernier l'avait collé bien qu'elle n'ait rien fait. Tout était de la faute d'Helmet, comme toujours! S'il ne l'avait pas trop poussé, Esmée n'aurait pas traversé le concierge mal luné.  Les sourcils fronçaient, elle fit en sorte de ne plus penser à cette histoire pour se concentrer sur son copain. Le rejoignant, elle espérait trouver la force de le quitter. Elle prévoyait de le faire depuis la semaine dernière mais ce n'était pas facile car, lui, il l'aimait.


Près du lac, elle entendit du bruit. Esmée pressa le pas. Troublée et n'allant pas assez vite, elle courut. Elle avait entendu Audric hurler. Elle était proche et releva la tête. Haletante, Esmée le vit, là, au sol. Il semblait amoché. Colin était sur lui. Son regard balaya son copain pour se poser sur Audric. Et, inconsciemment, elle cria son nom, seulement le sien.

- AUDRIC !!

Sans tarder, elle se jeta sur lui.  À genoux, sur l'herbe, Esmée plongea ses yeux aux siens silencieusement. Ils ne s'étaient pas parlé depuis l'incident dans la salle commune. Là, où elle s'en était pris à Aishani. Pourtant, elle n'était pas gênée. Même si Colin s'en allait les poings serrés, elle ne se concentra que sur Audric.

Audric ne faisait que s'excuser et Esmée ne l'écoutait pas réellement. Elle voulait l'embrasser. C'était égoïste, et pas approprié  pour lui comme pour Colin. Mais, elle s'en moquait. Assise auprès de lui, elle ne voulait pas parler. Elle avait peur de rompre ce moment en lui répondant et lui caressa juste les cheveux. Quand il eut fini, il resta accroché à elle. Esmée resta muette, posant juste sa main sur la sienne. Adrian s'adressa à eux, mais elle ne l'écoutait pas. Il gênait. Seul Audric était important. Comprenant qu'il était de trop, il partit enfin en mentionnant l'infirmerie. Seuls, Esmée répondit à Audric:

- Moi aussi.

Elle était désolée mais ne voulait pas le dire explicitement. Elle se releva et lui tendit le bras : «on y va». Debout, Esmée dissimulait au mieux son sourire. Elle avait fait du mal à Colin et Audric était blessé... Elle ne pouvait pas, même si au fond c'était le cas, se réjouir de ce moment.

 Audric aurait voulu rester là pour toujours. C'était presque irréel pour lui ce qu'il se passait là. Esmée lui caressant les cheveux... il avait presque l'impression d'être de nouveau dans sa chambre à Londres, à se faire consoler par sa meilleure amie venue juste pour lui. Elle avait même supporté Emma sans la frapper une seule fois pendant deux jours entiers. Que pour lui.
 Et aujourd'hui elle s'était interposée entre son petit ami et lui. Et c'était Audric qui avait gagné. Physiquement, il était certainement celui qui avait le plus ramassé de coups, mais il avait gagné. 

 Le garçon aux yeux vairons redressa vaguement la tête lorsqu'Adrian s'adressa à eux. Il ne le regarda pas s'éloigner, mais porta son attention à son sac qui avait échoué prêt de ses pieds. Il avait une furieuse envie de prendre sa baguette magique et de la coller dans sa manche. Plus jamais, jamais il ne laisserait si loin de lui. Néanmoins il n'en fit rien, et reporta son attention sur Esmée. Il ne savait pas trop comment la définir à cet instant, mais il savait que le moment était important. Pour tous les deux. 

- Moi aussi.

 « Non. T'as pas... C'est pas d'ta faute. »

 Elle n'avait pas à s'excuser, tout était entièrement de sa faute à lui. Esmée se redressa soudainement, brisant la bulle dans laquelle ils étaient. Sa main quitta la sienne mais elle lui tendit aussitôt le bras, ce qui ne le rassura pas vraiment. Est-ce qu'elle allait repartir? Est-ce qu'ils ne pouvaient pas rester là encore, juste encore un tout petit moment? 
 Toutefois le brun s'accrocha à ce bras tendu comme s'il était sur point de se noyer et qu'Elle était la seule chose qui lui maintenait la tête hors de l'eau. Il prenait doucement conscience à quel tout cela était vrai.

« Comment... Aller où? » Le seul endroit où il pensait qu'elle voudrait aller actuellement serait vers Pike. Mais c'était bien entendu hors de question. Pas de suite en tout cas. Puis la voix d'Adrian lui revint doucement en mémoire. Sans lâcher la jeune fille il s'écarta légèrement.

« Pas besoin d'aller à l'infirmerie. Je vais bien. » Il préférait oublier ses côtes qui le lançaient et ses poings qui fourmillaient encore un peu. Il avait l'impression que tout cela n'était qu'un rêve, ou un étrange cauchemar. Et si rien était réel et qu'il avait tout imaginé? Bon, il irait avec plaisir redonner ses coups à Pike, mais Esmée resterait-elle vers lui?

« Ne retourne pas vers lui... » demanda-t-il soudainement d'une toute petite voix. « Il se moque de toi. Ils se sont moqués de toi tous les deux. » Audric détourna le regard, prenant conscience qu'ils n'étaient pas les premiers, et que lui aussi d'une certaine manière, il s'était moqué d'elle quelques mois auparavant.

« Je suis tellement désolé. » Et pathétique. Tellement, tellement pathétique. Au final peut-être que Pike n'avait pas totalement perdu la guerre.

Audric était debout face à elle et même s'il ne voulait pas aller à l'infirmerie, Esmée n’écouta pas ses jérémiades et l’emmena tout de même sans lui lâcher la main. Il n’osa pas rétorquer quoi que ce soit et se laisse entraîner. Il avait bien trop peur de tout gâcher encore une fois. Il avait bien conscience que ce serait sa seule chance de recoller les morceaux avec son amie. Plus jamais il ne voulait être ignoré. «Ne retourne pas vers lui» lâcha-t-il faiblement. Esmée n'avait pas besoin de lui demander de quelle personne il était en train de parler, elle savait très bien. Pourtant rougissante et sur un ton de reproche, elle lui répondit:

- Lui ?
- Il se moque de toi. Ils se sont moqués de toi tous les deux.

Son ami détourna le regard et Esmée en fit de même... Mais, elle lui serra davantage la main. Esmée n'était pas bête et savait que Pike n'était pas franc avec Helmet. Pike l'aimait et Esmée ne s'en vantait pas... Elle aurait préféré qu'il se moque réellement de cette relation car il aurait plus facile d'y mettre fin. Esmée s'était servie de lui. Depuis qu'elle s'en était rendu compte de ses sentiments, elle regrettait d'avoir répondu oui à l'infirmerie. Si elle avait été forte ce jour-là, Esmée n'aurait pas à le rejeter... Elle aimait Audric. Pike était vraiment bête en présence d'Helmet, mais il était aussi prévenant, gentil, à son écoute... Et pour ces raisons, elle ne put répondre à Audric.

- Je suis tellement désolé.
- Je le suis aussi Audric.

Alors qu’il s’excusait à nouveau, elle en fit de même. Le brun ne rajouta rien, il n’y avait rien d’autre à dire. Est-ce que c’était fini alors? Ils redevenaient amis, comme ça? *Si j’avais su que c’était si simple…* Il aurait frappé Pike depuis longtemps! Cela faisait un moment que cette idée le démangeait.

Un instant il osa relever le nez et regarda Esmée dans les yeux. Elle avait resserré sa main sur son bras, et il en fit de même craignant de replonger la tête dans l’eau.Esmée se tenait devant lui souriante. Elle avait encore le visage rouge, ses lèvres esquissaient un sourire gêné et ses mains étaient devenues moites. Son cœur battait, il lui était difficile de rester auprès de lui sans être agitée. Elle souffla et lui dit tendrement:

- Je t'adore tu sais.

Un large sourire s’étendit sur le visage d’Audric. Il aurait aimé… il avait espéré qu’elle lui répète ces mots, ceux qu’elle avait prononcés dans les toilettes abandonnées. Ceux sur lesquels il avait craché, mais qu’il aurait tellement aimé entendre à nouveau et donner une toute nouvelle réponse. Mais ça n’aurait pas été juste pour Esmée, pas maintenant alors qu’il y avait toujours Pike dans le coin.
Juste ça, ce petit “Je t'adore tu sais.” lui fit un bien fou. C’était comme si en cinq mots elle avait effacé les quatre derniers mois. Évidemment rien ne serait oublié mais pour lui c’était une façon de dire “reprenons du début”.

- Moi aussi je t’adores. Tu m’as manqué.

Et sans réfléchir il se glissa doucement vers elle et la serra dans ses bras. C’était un geste tellement naturel qu’il n’y fit pas attention mais profita de cet instant, parce que c'était elle.