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08 nov. 2019, 04:23
Lumière Lunaire  SOLO 
[ CONTEXTE ]


[ 24 JANVIER 2043 ]
Lac, Poudlard

Charlie, 13 ans.
2ème Année


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Le cerceau rouge.
Dévastateur. *Je…*. Colossale violence enfermée sous une couche d’eau toute fine, prête à carboniser le monde dans son feu. *Je. J’ai…*. M’écrasant la poitrine sans toucher, me cramant la rétine sans… Sans. L’œil du Dragon n’avait pas besoin de Faire ; par sa simple présence, il produisait déjà tellement. Les colonnes enflammées dans son cerceau viraient au blanc tout autour, tellement brûlantes que toutes les couleurs se retrouvaient en une seule : immaculée. Pure. Nacrée. Le Blanc. *Je…*. Mes mains tremblaient autour de ma poitrine écrasée. La température que devait atteindre son Feu-Blanc était inimaginable. Impossible. *’xiste pas*. J’étais en train de rêver. La puissance dans cet œil-là allait finir par m’exploser le crâne en petits morceaux, se désintégrant sur le coup pour échapper à ce rugissement de force. Je me voyais à l’intérieur, là. Léchée par les langues de feu, pleurant d’impuissance perçante. Mon cerveau saignait, incapable de croire à ce que j’assistais.
Jusqu’où s’étendait la puissance ? *J’ai crevé*. Au bout de mes doigts, des engelures de nécrose naissaient. J’expulsais toute la magie qui se cachait dans mon corps. Je voulais l’éjecter dans le feu, lui servir mon don avec le sourire. Ça ne servait plus à rien de combattre. Qui pouvait se mesurer à tant de monstruosité ?
Pas moi.
Moi, je n’étais rien face à Ça. Je me sentais… Sentais… Je ne me sentais plus. Je disparaissais au vent, emportée par les délices de l’abandon. *Allez tous vous faire foutre*. Je flottais comme un truc qui flotte, et tanguait comme un truc qui tangue.
Le monde était doux, comme une harmonique légère, sans accords, composée uniquement d’isolements alignés ; ouais, le monde était comme ça, jusqu’à ce qu’il décide de me péter à la gueule, envoyant une poutre sur mon piano, éclatant les touches que j’adorais. Et moi, les doigts entièrement fracassés, je devais reconstruire mon instrument, petit bout par petit bout, pour raccorder le monde à mes harmoniques, pour l’endormir dans le tréfonds de mes harmonies, pour préparer ma vengeance décidée, pour qu’il ne m’explose plus jamais à la gueule.
Je ne voulais plus jamais avoir le regard arraché. *Plus jamais*.

*CHARLIE*. CHARLIE.
Mes yeux s’ouvrirent en grand, détonant de douleur. *Bordel !*. Tordant mon nez, mon front, mes joues, et tout le reste de mon crâne. « Charlie ». *MON OREILLE*.

Hein ? Qu… ma gorge était bloquée.

La tête horriblement lourde, elle bascula sur la gauche comme une masse. *Yuzu*. Les muscles de mon cou brûlaient d’un feu pénétrant. Je n’arrivais pas à bien tenir ma tête. « Bordel… ». Le son de ma voix me fit peur, c’était un filet très mince, limite cassé.
Mon corps. *Oh*. J’étais couchée par terre, dans la neige froide. *Je…*. Il y avait plein d’Autres partout, plein de capes, pleins de noir ; mais seulement Yuzu me chuchotait en me gueulant dans l’oreille. *Arrête d’chuchoter si fort*. Je rassemblais les couleurs, les odeurs, les temporalités. Tout s’entrecroisait sans aucun sens, à part celui que j’avais perdu. « Professeurs-et-élèves-de-Poudlard-l’école-tu-es-tombée-gon-vous-offre-ses-pièces-porte-bonheur ». Une bouillie de mots qui me donnait envie de vomir.
Tout en grognant, j’essayais de me relever. C’était la seule chose qui ne me faisait pas mal au crâne quand j’y pensais. « Pousse ». Mon épaule s’envola vers le haut, tout mon corps fut tracté par une. *Yuzu*. Mon regard cligna plusieurs fois, je voyais la Japonaise qui me tenait. *Merde*. J’avais compris. Enfin. *M’suis évanouie*.

Et enfin, Qiong Xixia, de l’école du Paon.

Le bateau affreux de mon crâne bascula encore une fois, en direction des mots. Ma respiration se trancha.
Un monstre de saphir était planté là, comme s’il avait toujours existé dans cet endroit. Et sur son dos, une créature encore plus monstrueuse de beauté lévitait, se déplaçant entre les champs de bleu. *Grâce*. Tous ses mouvements étaient de l’eau, tout son être coulait dans mes yeux. Son regard-de-blanc ne reflétait rien. Je poussais sur ma jambe pour mieux voir, l’envie de vomir au bout des lèvres.
Oh.
Son regard était fantôme, et sa beauté me transperçait de Blanc.
Bordel.

Est-ce que c’était un ange ?

je suis Là ᚨ