La deuxième année sembla hésiter et Marie s'interrogea :
Me fait-elle confiance ?
Peut-être pas si elle refusait sa main tendue. Mais finalement Oxy tenta d'attraper la main de la fillette, en vain, celle-ci était beaucoup trop haute ! Marie s'apprêta à se pencher lorsque la Gryffonne en face d'elle proposa de se faire tirer par les pieds. Aussitôt Marie songea à sa créature, qui devait être coincé mais avant qu'elle n'est pu faire un geste, la brunette devant se retourna sur son flanc pour éviter d’écraser son ami. Marie contourna le buisson et observa : si elle tirait sa camarade par les pieds, celle-ci se retrouverait la tête dans dans le sol. Elle expliqua :
- Je sais pas trop si c'est bonne idée, tu sais... Tu... Tu risques de te retrouver la tête dans la boue, et puis, si je tire, tu vas t'emmêler encore plus dans les branchages...
Marie n'osait pas contredire son aînée, mais pour elle, ce n'était clairement pas une bonne idée. Même une très mauvaise idée ! Si seulement elle en avait une ...
Mais oui !
Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle demanda :
- Peut-être que je pourrais libérer ton bras pour que tu puisses t'asseoir ? Enfin, si on y arrive...
La première année espérait que l'autre adolescente allait accepter, car la blonde était à court d'idées. Elles n'allait tout de même pas demander de l'aide à un professeur ? Non. Ou du moins, pas tout de suite.

Être dans la boue, ce n'était pas bien grave au point où elle en était, ce ne serait ni la première ni la dernière fois, loin de là. Et puis elle saurait bien relever la tête, non ? Mais si la jeune fille lui disait qu'elle allait encore plus s'emmêler ce n'était apparemment pas la bonne solution non plus.
Elle soupira. Une bourrasque fit bouger les branches, lui permettant d'apercevoir un ruban de ciel bleu. L'horloge tournait et le temps passait. Elle allait finir sa vie là, dans ce buisson. L'autre Gryffondor lui apporterait peut-être à manger régulièrement si elle lui demandait gentiment. Et peut-être même une scie et un tournevis pour qu'elle commence à s'y construire une cabane. Elle s'y voyait déjà. Hermite au milieu des autres. Elle pourrait même se couronner reine des buissons, avec un sceptre et une couronne !
"- Peut-être que je pourrais libérer ton bras pour que tu puisses t'asseoir ? Enfin, si on y arrive... "
Sa camarade la ramena au monde présent.
Comment veut-elle libérer mon bras d'où elle est ?
S'asseoir. Elle regarda l'enchevêtrement de branches et de feuilles au-dessus d'elle. Pas tout à fait certaine que ce soit une idée judicieuse. Elle observa le vol erratique d'une mouche avant de répondre :
"Je ne sais pas trop..."
Comment avait-elle fait pour se coincer à ce point là ? Elle ne pouvait ni avancer ni reculer. Peut-être pourrait-elle se délacer sur le côté et trouver une "sortie" ?
" Dis, tu eux regarder s'il n'y a pas un autre accès d'un côté ou de l'autre ?"

Le soleil brûlant défilait dans le ciel et la jeune Gryffondor commençait à s’impatienter. Sa camarade l’observa avec insistance et lui répondit :
- Je ne sais pas trop...
Marie était bien embêtée. Cela se voyait, même si la brune refusait de l'avouer, qu’elle trouvait l’idée mauvaise.
Mais comment on va se sortir de là bon sang !? pensa-t-elle.
Oxy reprit la parole en demandant à Marie de chercher une autre issue. Elle observa alors la scène en se creusant les méninges du mieux qu’elle le pouvait. Rien. Définitivement rien. Elles n’allaient tout de même pas y passer la nuit ! La fillette se redressa et proposa quand même, en attendant la solution miracle :
- Tu as déjà appris Accio ? On pourrait peut-être amener des ciseaux ? Je sais pas si on le droit... Et si tu peux lancer un sort d’ailleurs, parce que dans ton état, ça risque d’être compliqué... Sinon, j’ai vraiment plus aucune idée, là.
Elle avait beau se torturer l’esprit, elle ne trouvait rien de mieux que cette piètre illumination. Marie se retourna vers la jeune fille au moment où celle-ci répondit. Décidément, elles s’étaient mises dans un sacré pétrin, et tout ça à cause d’une créature dont la première année ignorait l’existence avant cet épisode. Elle ne lui voulait aucun mal, à cet Odin, mais enfin, qu’est-ce qu’il leur faisait des ennuis ! Marie se promit de se rendre à la Bibliothèque pour en apprendre plus sur les Boursouflets. Elle espérait au moins qu’elle se rapproche de l’autre fille de sa maison, hormis leurs soucis actuels.

Entièrement désolée...

"- Accio ? Le sortilège d'attraction ? Non je le connais pas encore..."
Oxy fit le point sur ceux qu'elle connaissait et ne voyait pas du tout en quoi ils pouvaient l'aider... Elle pouvait faire du bruit, lancer des étincelles, faire des croche-pieds. Non, décidément. Peut être qu'elle pourrait lancer un Elasticus et rendre toutes ces branches gélatineuses ? Sauf que jusqu'à preuve du contraire les branches n'étaient pas des objets mais faisaient partie du vivant. Elle les regarda alors bizarrement. Étaient-elles vivantes au point de la retenir volontairement ? Était-ce un piège intelligemment monté pour l'empêcher d'aller quelque part ? Où avait-elle eu l'intention d'aller au fait ? Et puis Odin ne pouvait quand même pas être de connivence avec ces méchantes plantes ! Elle baissa la tête et souleva son col pour essayer de le voir :
"Tu as essayé de faire un blague ? Oh ? Tu as été manipulé par ces méchants arbustes ! Ils t'ont menacé peut être ?"
Oxy s'énerva tout seule et insensible à tout ce qui l'entourait comme à la douleur força le passage vers la sortie. Une fois debout, elle regarda le buisson, pleine de rage. Ses vêtements étaient sales et déchirés, elle avait des égratignures et des griffures un peu partout, dont une dans le dos particulièrement douloureuse. Elle apostropha alors le végétal, un doit tendu devant elle même si sa maman lui avait déjà dit que ce n'était pas poli :
"Toi ! Plus Jamais Tu Recommences !"
Non mais !
Puis elle sursauta en voyant sa camarade qu'elle avait complètement oublié.

Bon. Et une solution de moins. Marie commençait un petit peu à démoraliser. Mais n’étant pas à Gryffondor pour rien, elle prit son courage à deux mains.
Allez, on va y arriver. J’en suis sûre ! pensa la fillette de toutes ses forces.
Marie se retourna vers sa camarade et elle fut plus que surprise par ce qu’elle vit. Au début, l’autre Gryffondor parlait simplement à son Boursouflet, ce qui pouvait paraître normal, par rapport à la suite des événements. La deuxième année s’énervait de plus en plus, sans raison valable. Marie voulut la calmer, cela ne servait absolument à rien de se déchaîner contre des plantes, mais Oxy semblait ne pas être d’accord. Cette dernière se releva en tirant sur les liens qui la retenait et arracha une dizaine de tiges des arbustes. Elle n’y fit même pas attention et leva son index. La première année était si perplexe qu’elle ouvrit la bouche, sans comprendre. Oxy s’écria alors, à l’intention du plus grand plant :
- Toi ! Plus Jamais Tu Recommences !
Marie, les yeux exorbités et la bouche grande ouverte en était à se demander si elle rêvait. Sa camarade lui racontait d’abord des bêtises, en menaçant d’être capable de neutraliser quelqu’un par la pensée, et ensuite, elle parlait aux branchages ! Parfois, la jeune fille se trouvait bizarre , mais ce n’était vraiment rien comparé à Oxy. Justement, il apparut à celle-ci que la jeune Paulia était encore présente.
- Euh, je... marmonna Marie.

"Bon bah... salut de plus près !"
Elle ne savait pas trop comment se comporter avec l'autre fille. Entre sa position précédente et son esclandre elle ne devait pas avoir fait bonne impression. Elle essaya de ce justifier et lui montra l'arbuste :
"Je crois que..." que quoi ? Que les buissons ont manipulé mon Boursouflet pour me retenir prisonnière ? Ça ne semblait plus si crédible une fois sortie de son piège. Elle n'allait pas se ridiculiser encore plus.
"Bon ben voilà je ne suis plus coincée ! Merci de ton aide !"
Elle frotta ses affaires et commença à grimacer sous la douleur qui se réveillait maintenant que son taux d'adrénaline dans le sang baissait à nouveau.
"Hum, je vais rentrer aux dortoirs pour aller poser Odin, je crois qu'il a eu suffisamment d'émotions pour aujourd'hui. Je ne sais pas trop ce que tu faisais au départ."
Elle laissa l'autre élève libre de la suivre ou non et prit la direction du château, d'une démarche un peu irrégulière, elle s'était fait vraiment mal au dos dans cette aventure. Cette sortie n'avait pas été une bonne idée tous comptes faits. Elle ne savait plus quoi faire avec son TouBo. Il était blotti contre elle, toujours aussi effrayé. Est-ce que le laisser dans son dortoir était ce qu'il y avait de mieux à faire ? Il y était plus confiant et plus serein. Avec l'hiver qui approchait de toutes façons, ça ne serait pas intéressant de sortir dans le froid ou la boue.

- Ahem, oui, salut...
Marie fut gênée mais resta impassible. La deuxième année avait l'air embarrassée aussi mais elle réfléchit et tenta de se justifier, en vain. Elle abandonna et remercia la fillette. Cette dernière ajouta d'un air qu'elle espérait joyeux :
- Eh bien, y'a pas de quoi ! Ravie de t'avoir aidée !
Bon, finalement, elle avait peut-être mis un peu trop d’enthousiasme dans ses paroles... Cependant, Oxy ne sembla pas s'en formaliser et enchaîna sur un autre sujet. Elle s'extirpa pour aller s'occuper de son Boursouflet, Odin, et la jeune fille se retrouva seule, après avoir assuré à l'autre Gryffondor qu'elle ne faisait rien de particulier. Elle réfléchit à cette rencontre plus qu'étrange pendant de longues minutes. S'était-elle fait une amie ? Une ennemie ? Oxy la prenait-elle pour une idiote ? Une sauveuse ?
Sûrement pas une sauveuse... J'espère au moins qu'elle ne m'en veux pas ! songea Marie.
Bon. La blondinette fit un point sur la situation puis enfin décida de rentrer au château. Si quelqu'un l'apercevait faire le poireau au milieu du parc, il se poserait sûrement des questions... La jeune fille se redressa et prit le chemin en direction de la gigantesque porte d'entrée. Elle était finalement heureuse de cette rencontre quoique qu'en pense Oxy. Après tout, si on voyait le bon côté des choses, la fin s'était bien terminée ! Les lèvres e Marie se retroussèrent en un sourire.