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08 mars 2020, 17:58
 RPG+  Effluves d'être
Je sursaute quand ses yeux filent sur moi, quand sa tête tourne mécaniquement et quand son visage affiche un air surpris. *Qu'est'c'que j'ai dis ?* je m'interroge même, les joues rouges. Je me sentais beaucoup plus à l'aise lorsqu'elle ne me regardait pas, qu'elle m'imposait une distance qui m'était tout à fait bénéfique, qu'elle laissait à mon petit moi la place de se sentir en sécurité. Mais ses yeux sont sur moi, et bien que leur éclat n'ait rien de désagréable, je ne suis plus à l'aise du tout.

« C’est pas compliqué, » lance-t-elle, avec un sourire.

Sourire qui me pousse à étirer les lèvres à mon tour. Au contraire de sa voix – bizarrement – son visage est doux. Je ne peux imaginer sur ce visage de mauvaises intentions. Et son aura n'est pas désagréable. Sa présence est affirmée. Alors je me rassure ; je crois que je n'ai rien dit de bizarre.

« Mais il faut que ça vienne de toi, je ne peux rien faire si tu ne fais rien. »

En entendant ses mots, toute la surface de ma peau frissonne. C'est comme si mon corps voulait m'injecter à nouveau la sensation grisante qu'est voler sur un balai. Parce que c'est de ça qu'il s'agit, parce que c'est de mon balai que je suis tombée. Voler. J'avoue que je ne trouve pas cela particulièrement impressionnant de voler, mais sentir l'air frapper mon visage et voir la distance qui sépare mes pieds pendants du sol me grise à chaque fois.

Mais je n'associe que rarement le vol à cette sensation – peut-être est-ce là mon erreur. Je l'associe au Quiddich qui ne présente aucun intérêt pour moi et aux cours de vol que je trouve tous très longs. C'est une mauvaise attitude, je le sais. Moi qui ai passé l'été à nourrir une certaine détermination à la réussite, je ne peux pas prétendre réussir mon Année si je ne suis pas bonne dans tous les cours que l''on m'enseigne. Même si je choisi une filière qui me dispense du vol – bien que je risque de choisir la plus complète de toutes – je ne peux pas me contenter de résultats tout juste bons. *Non, j'peux pas* pensé-je, laissant quelques instants réels s'écouler, la tête baissée sur mes pieds, dans la terre.
Peut-être d'ailleurs que cette seule rencontre, chaotiquement issue de mon échec, me donnera envie de m'intéresser au vol. Je ne risque pas de prêter la moindre attention au Quiddich, mais pourquoi pas développer un intérêt pour le vol ? Il faut bien l'avouer, c'est quelque chose de complètement irréel mais qui est offert des sorciers. Un droit d'ordre divin qui est tombé sur les sorciers. Je n'ai sûrement pas le droit de ne pas en profiter. *Cassiopée me l'dirait* je n'en ai pas le droit. Ma grand-mère côtoie des moldus, eux qui n'ont pas le droit de voler. Et elle déplorerait sûrement que je ne m'intéresse pas au vol – à juste titre.

Quelques instants.

« Alors qu'est-ce qu'il faut que je fasse ? »

Mes yeux se mettent à briller d'un éclat que je ne reconnaîtrais pas si je me plantais devant un miroir pour le voir. Je sens que mes yeux sont humides, mais cela n'a rien à voir avec de la tristesse. C'est de cette manière que mon corps me montre qu'il est déterminé ? Les poings serrés, les yeux brillants et la voix claire.

Oui, c'est l'envie de remonter.
*C'est sûr*

« Je ferais n'importe quoi. »

Et je l'affirme. Mes billes brunes sont plantées dans celle de la Grande-fille et ils essaient de le lui prouver. *J'ferais n'importe quoi !* me répété-je pour en être sûre.

Magic Always Has a Price
6ème année

09 mars 2020, 16:31
 RPG+  Effluves d'être
La Gryffondor laissa planer un silence tel qu’Aliénor se demanda si elle n’avait pas encore dit une bêtise ou si la réponse ne convenait pas à la fillette. Décidément, elle était douée pour faire des gaffes avec les autres. Mais eux aussi ils étaient bizarres là ! Comme pour faire taire la médisance de la Poufsouffle, sa camarade lui répondit par la positive et était étonnement motivé. Aliénor ne s’attendais pas à ce revirement de situation et elle était ravie de voir quelqu’un qui avait vraiment envie de progresser et qui le montrait. Aliénor se redressa et envoya un sourire sincère à la brune. Elle avait bien une idée derrière la tête et elle ne savait pas vraiment comme elle pouvait le prendre mais peu importe.

-Suis-moi.

Aliénor attrapa le poignet de la fillette pour la trainer derrière elle sans ménagement et l’amener dans un endroit plus praticable du parc. Une fois sur une petite étendue d’herbe, Aliénor lâcha enfin la Gryffondor avant de se placer devant elle. Un petit rictus toujours présent sur les lèvres, elle allait commencer son « éducation ».

-Remonter sur son balai c’est simple, tu sais le faire, c’est ce relever qui n’est pas si simple.

Alors, Aliénor, sans aucune retenue et sans prévenir poussa violement la fillette afin que celle-ci finisse sur le sol. Elle ne pouvait pas vraiment se faire mal, pas avec une attaque aussi frontale et sur de l’herbe quasiment aussi accueillante qu’un bon matelas. Bon il devait bien y avoir quelques racines ou cailloux, mais rien qui ne puisse faire très mal non ?

-Relèves-toi.

Aliénor prenait un air très sérieux. Mais elle était sûre d’elle et de sa méthode. Méthode un peu brusque dont elle ne comprendrait pas la signification de suite, mais une méthode. Peut importe la chute, que ce soit d’un balai ou de terre, c’était tout aussi humiliant. Personne n’aime tomber et parfois on veut juste se fondre dans la terre pour que personne ne nous voit. Mais ce n’était pas comme ça que ça se passait et Aliénor devait le faire comprendre à sa cadette. Elle ne lui tendait pas la main, elle n’allait pas l’aider, elle la regardait juste comme le ferait quelqu’un qui la jugerait gratuitement. Quelque chose que tout le monde pouvait vivre au collège. Elle était tombée et ne c’était pas relevée et c’était surtout ça qui pêchait, après si elle le voulait elles iraient voler ensemble, mais le travail n’était pas tout à fait là pour la petite Delphillia.

Peut-être qu’elle se trompait totalement, que la fillette en face d’elle vivrait très mal cette chute et cette violence gratuite. Mais c’était un risque à prendre et de toute façon, Aliénor réfléchissait rarement à toutes ses informations avant de mettre en exécution ses plans.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

22 mars 2020, 12:17
 RPG+  Effluves d'être
Mes mots lancés, comme des grenades qui atteignent leur cible – je le sais parce que déjà, sur le visage de la Grande-fille, se plante un sourire vainqueur – font autant d'effet sur elle que sur moi. Sur mon visage aussi se dessine un sourire. Mais il est bien moins assuré que le sien, car je devine déjà que derrière ce dernier se cache bien d'autres choses. *Quelles choses ?* ne puis-je m'empêcher de me demander, cette étincelle de malice – que Chems a fait naître chez moi – mêlée à mon envie de me sentir intelligente me pousse à me demander tout un tas de choses, tout le temps.

C'est débile.

« Suis-moi, » me somme la Grande-fille.

J'allais me mettre en marche, peu importe dans quelle direction elle irait, je volerais dans son sillage. Mais, finalement, c'est elle qui m'attrape et qui me traîne. Une partie de moi, celle qui est toujours las et qui traîne dans un coin se réjoui de n'avoir aucune grande enjambée à faire pour suivre un rythme imposé par de grandes échasses. Et la partie de moi qui se bat – contre l'autre partie comme contre la Vie – se réjoui mais pour une autre raison ; ainsi brusquée je sens mes membres tendus, chaque nerf l'est sûrement, chacun de mes faiblards de muscles se contracte et mes pieds entament fermement la marche qu'on leur impose.

Quelques mètres, quelques enjambées – moins larges que prévues, quelques monceaux de terre plus loin. Et l'herbe est verte. Mes billes brunes qui n'avaient regardé que le dos de la Grande-fille tombent jusqu'à mes pieds. L'herbe est intensément verte.

C'est ici qu'elle me lâche.
Et qu'elle se plante devant moi avec le même sourire à double-face. Peut-être a-t-il plus que deux faces. En tout cas, il veut en dire beaucoup, et j'aimerais savoir ce qu'il essaie de cacher.

« Remonter sur son balai c’est simple, tu sais le faire, c’est ce relever qui n’est pas si simple. »

Je n'ai qu'un instant pour penser : *Mince, 'l'a raison*

Brutalement, je suis projetée au sol. C'est si rapide que je n'aurais eu aucune chance de réagir. C’est donc cela que cachait le sourire de la Grande-fille.

C'est étrange, mais j'entend battre mon cœur dans mes oreilles. Un choc. C'est un choc. La sensation de ses deux mains contre mon torse, le brusquant en le poussant plus qu'il ne pouvait imaginer le supporter. Les instants qui suivent, ses deux mains sont comme toujours sur moi, elles m'écrasent de leur supériorité, de leur force – ses muscles, à elle, ne sont probablement pas aussi faiblards que les miens. Et mon cœur bat toujours.

Mes yeux sont troubles. De longs instants de tâtonnements, ils essaient de s'accrocher à quelque chose, ils essaient vainement de distinguer une forme dans la noirceur étourdissante qu'on leur impose. Et les deux mains de la Grande-fille sont toujours sur moi. Quelques instants.

Mes fesses me font mal. Elles sont endolories.

« Relèves-toi, » elle dit.

Et cette fois, ce ne sont plus les battements de mon cœur qui résonnent sans relâche dans mes oreilles. *Relèves-toi !*

Tout est bien plus clair. C'est cela. Oui, c'est de cela qu'il s'agit. Se relever. Si se relever peut avoir un sens bien métaphorique et imagé, il est très frappant de le prendre à son premier sens. Bien plus frappant de le prendre à son premier sens. Il n'a toujours s'agit que de cela, se relever.

C'est à moi.
*Relèves-toi !*

Progressivement, mes yeux voient. Quelques instants choqués, les voilà en selle. Mes fesses sont les seules à me faire défaut. C'est probablement parce qu'elles n'ont que mes os saillants sur lesquels se reposer qu'elle me font si mal. Mais peu importe. Les deux mains de la Grande-fille ne sont plus sur moi. Mes yeux la voient, au dessus de moi. Elle ne sourit pas, l'air très sérieux qu'elle affiche lui sied, et ainsi fermée elle n'a l'air que plus grande et plus forte. Je dois être comme elle. *Relèves-toi !*

Je me redresse. Puis je pose mes deux mains de part et d'autre de mes fesses. Un sourire convaincu naît sur mes lèvres, et je ne regarde plus que la Grande-fille – autant que je le peux – en prenant appui sur mes deux alliées pour me relever.

Sur mes deux pieds, comme c'est bon. Je ris, bizarre et faible, mais je ris. Mes fesses me donnent toujours cette sensation, endolories. Mais que c'est bon d'être debout.

Et maintenant, je le sais.
Je dois être plus comme elle.

« J'suis debout ! » je crie.

Magic Always Has a Price
6ème année

23 mars 2020, 11:10
 RPG+  Effluves d'être
Alors qu’elle observait sa camarade, Aliénor avait tout loisir d’analyser ses mimiques, ses signes que l’on peut distinguer sur le visage mais que la fillette ne savait pas lire. Etait-elle lisible pour les autres ? Elle savait que son œil bleu retranscrivait bien trop ce qu’elle pouvait ressentir, mais elle y travaillait et maintenant c’était différent. Mais dès qu’elle se retrouvait face à quelqu’un qu’elle appréciait, qui lui faisait baisser sa garde, alors elle devenait aussi lisible qu’un livre ouvert. Mais celle qui était à terre devant elle, elle n’était pas si lisible que ça. Ses cheveux foncés au moins autant que son regard, tout cela la rendait mystérieuse. Elle semblait un peu déboussolée par l’acte de la fillette, mais elle avait l’air intelligente, du moins elle ne cria pas tout de suite et ne demanda pas d’explication sans un peu de réflexion.

Mais c’est quand elle se releva qu’Aliénor put se faire un réel avis sur cette fille. Elle cria qu’elle était debout, elle semblait si fière, elle avait compris. Un fin sourire apparut sur les lèvres de la petite Delphillia alors qu’elle avait devant elle cette fille bien plus petite qu’elle mais pourtant elle la voyait comme son égale. Après tout Aliénor n’avait rien d’exceptionnel.

-Maintenant, souviens-toi de ce moment, de tous ses regards posés sur toi, ils riaient de toi, te pointaient du doigt, ils te jugeaient comme je viens de le faire.

Aliénor s’approcha d’un pas, elle voulait plonger dans ce regard de jais, savoir ce qu’il c’était passé dans cette tête pour abandonner comme ça, pour se laisser atteindre par des cons, pour ne pas leur avoir montré ce que voyait Aliénor maintenant. Elle s’était relevée avec toute la volonté du monde, elle l’avait crié à la face de tous ceux qui pouvaient être là, pourquoi elle n’a pas fait ça là-bas ?

-Tu les vois tous autour de toi ? Ils t’on eut, tu as baissé la tête, tu leur as montré que t’étais faible, que t’étais une moins que rien.

Aliénor s’approcha encore, oui c’était blessant, mais c’était ce qu’Aliénor voulait, visiblement elle avait failli devant les gens de son âge et pas devant elle. Mais elle pouvait faire peur, elle le savait. Sa cadette devait lui prouver qu’elle avait du cran et qu’elle avait compris. Vraiment compris.

-Tu es nulle, tu tomberas toujours, tu finiras toujours dans la boue parce que tel est ta place.

Aliénor poussa de nouveau la fillette, dure, elle était dure. Mais la vie l’était et encore plus la vie entourée d’adolescents qui se cherchent une place, qui veulent te mettre dans des cases. Si elle voulait redorer son blason elle devait apprendre à faire face à des gens qui ressemblait à Aliénor en ce moment-même. L’empathie n’inondait pas le monde et quand on cherche sa place, on a toujours peur que quelqu’un d’autre nous la prenne. Aliénor n’avait pas eu grand mal à trouver sa place, mais elle avait de la chance. C’était loin d’être le cas de tout le monde.

-Relèves-toi !

Aliénor criait sur la fillette, elle voulait voir si elle en avait vraiment dans le ventre. Après tout c’était une gryffondor, la maison qui prônait le courage et la force, alors voyons quel est la force de cette fille. La force ça se puise au plus profond de soi-même et le courage au plus profond de ses peurs. Et Aliénor ne ferait pas les choses à moitié avec cette fille qu’elle connaissait à peine. Pourtant il y avait quelque chose en elle, quelque chose qui attirait la petite Delphillia, elle ne saurait dire quoi, en la voyant comme cela, tomber puis se relever. C’est comme ça que se forment les vrais guerriers, on n’est pas dans la lumière ou dans l’ombre toute sa vie. Cette fille était dans l’ombre et Aliénor comptait bien qu’elle passe dans la lumière.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

02 avr. 2020, 13:45
 RPG+  Effluves d'être
Ma gorge est sèche, asséchée, drainée par le cri qui s'en est dégagé quelques instants plus tôt. Le cri victorieux qui a glissé hors de ma bouche pour la signaler. Ai-je remporté la guerre ? *Non* je pense, en scrutant maintenant le visage de la Grande-fille. Seulement une bataille. Combien y en aura-t-il ? Je me plonge dans ses étranges yeux – l'un est bleu et l'autre brun – et j'y cherche les réponses. Comme si elle pouvait les avoir. Je crains bientôt qu'elle ne les détiennent pas. Aucune. Mais son sourire, discret et débordant de retenue malicieuse, m'empêche de détourner les yeux.

Les quelques instants qui s'écoulent, alors qu'elle a son regard dans le mien, et que j'ai le mien dans le sien – que nous communions sans s'allier ou se dévoiler, que nous nous jaugeons sans avoir la même force – je réalise que cela ne fait que commencer.

« Maintenant, souviens-toi de ce moment, de tous ses regards posés sur toi, ils riaient de toi, te pointaient du doigt, ils te jugeaient comme je viens de le faire. »

Comme si elle m'avait encore poussé, c'est exactement comme ça. Comme si ses mains s'étaient encore posée sur moi pour me faire tomber. Comme si mes fesses avaient encore frappé le sol et que mes yeux s'étaient encore voilés. Comme ça que ses mots se diffusent dans mon corps en le choquant, le heurtant, le brusquant.

Un coup dans le ventre, c'est ce qu'elle aurait pu m'asséner, mais ce ne serait pas différent du mal qui se met à dévorer mes boyaux. Et à les tordre, les entortiller pour en presser un nectar inconnu. Les aplatir pour les croquer. *AARGHH*

Mes mâchoires se serrent, alors que mes yeux – que je tente toujours de maintenir dans les billes dures et insondables (me le paraissent) de la Grande-fille – se voilent irrémédiablement des souvenirs qu'elle remonte. De la face de cet abruti. Ce garçon débile. Ces mèches châtains au vent et ses joues rougies par le froid. Cet uniforme de Serpentard. Cet air suffisant, cet air supérieur, cet air que je n'ai que trop vu planer au-dessus de moi – sous d'autres visages et formes. *J'le déteste !* Son rire, le son de sa voix qui tonnent à mes oreilles, mélangés à ceux de la Grande-fille.

Les souvenirs, de petites choses fragiles, tangibles, corrompues, sont à cet instant en train de m'étouffer de leurs étoffes dangereusement spectrales.

« Tu les vois tous autour de toi ? Ils t’on eut, tu as baissé la tête, tu leur as montré que t’étais faible, que t’étais une moins que rien. »

*Autour de moi ?* voilée de souvenirs. *J'ai baissé la tête* prise de désespoir. *Je suis faible ?* en proie à la panique. *Une moins que rien ?* m'achève. Termine de broyer mon espoir de sortir indemne de cette épreuve. Achève de m'enrouler dans les étreintes mortelles du chagrin des perdants.

J'aurais voulu voir ses yeux. J'aurais voulu dégager les miens du filet qui les aveugle. J'aurais voulu savoir si elle prend du plaisir à torturer ainsi mes maux.

« Tu es nulle, tu tomberas toujours, tu finiras toujours dans la boue parce que tel est ta place. »

Vide.

Je ne pense plus.

Cela achève de m'éteindre.

Il est de ces instants flottant, lors desquels le corps souffre tant que l'Esprit s'en échappe. Pour respirer. Pour prendre la bouffée d'air nécessaire pour ne pas sombrer dans l'enveloppe charnelle déconfite. Pour ne pas se retrouver piégée à l'intérieur d'un corps qui n'est plus en accord avec son Âme.

Je ne pense plus.

Vide.

« Relèves-toi ! » crie la Grande-fille.

Comme une main géante et divine, elle m'attrape par le col et me redresse. Sa voix tonitruante ramène mon Âme dans mon corps. Et, les fesses de nouveau par terre, je me demande. *Je suis si faible ?* Si faible que la Grande-Fille a eu besoin de me redresser de ses mains ? Celles qui m'ont poussées si fort ?

Quand mes yeux daignent s'ouvrir à nouveau, le voile des souvenirs a disparu. Le soleil entre dans mes yeux, foudroyant. Les illumine. Un instant de plénitude.

Et je réalise que ses mains ne me tiennent pas. Alors que j'aurais pu le jurer il y a de ça un instant à peine. Ses mains sont contre son corps, loin du mètre qui nous sépare, collée à son buste droit. Elle me regarde. Elle attend de moi que je me montre forte.

Pourtant, je ne comprend toujours pas quelle main m'a soulevée. *J'l'ai pas fait toute seule* Quelle main m'a redressée telle que je suis en l'état ? Les yeux remplis du soleil agressif d'un été qui s'éteint pourtant dans ses dernières lueurs aveuglantes. *Quelle main !* je grogne. Ma tête a tapé le sol encore une fois et je sens les réminiscences du choc la parcourir ; l'endolorir.

Je n'ai jamais été violentée de la sorte. Si bien que je ne sais pas comment réagir. La première fois un instinct – venu d'un obscur recoin de mon Être – m'avait remise sur pieds et donné l'envie de crier que j'étais debout. *J'étais debout !* Mais maintenant, le temps qui s'écoule en longs instants égrainés m'interroge. Je n'ai jamais vécu ça. Jamais ressenti de tels chocs physiques. Je ne m'interroge pas à propos de la légitimité des actes de la Grande-fille parce que j'ai, tout à l'heure, hurlé que je ferais n'importe quoi pour me relever.

Me relever.
*Faut qu'je me relève*

Se découvre lentement, derrière les feuilles obscures des doutes qui ont poussées en moi comme de vulgaires mauvaises herbes, la fleur éclairée par l'objectif qui m'apparaît. La fleur de l'espoir. La fleur de ce que je veux atteindre. Sortir de l'ombre.

Aussi vite que je me suis retrouvée par terre, je me relève.
Il suffisait de cela alors ? D'un éclair de bonté ? D'un génie bienveillant ?

Essoufflée.

« JE SUIS ENCORE DEBOUT ! » comme un hurlement de mon Âme.

Magic Always Has a Price
6ème année

02 avr. 2020, 19:01
 RPG+  Effluves d'être
Ses gestes, ses paroles, ses intonations, tout était fort, tout était fort et brutal. Pourtant ses intentions étaient bonnes. Étaient-elles vraiment bonnes ? Aliénor ne savait plus en voyant cette fille sur le sol, le regard perdu. Le regard d’Aliénor tomba sur ses mains, ses mêmes mains qui avaient poussé cette fille, cette bouche qui l’avait rabattue plus bas que terre. Elle ne savait pas qu’elle était capable d’aller si loin. Cette fille ne lui avait rien fait, pourtant sa colère était réelle. Colère qui coulait dans ses veines et qui visiblement attendait la moindre excuse pour s’exprimer, dans le bien ou dans le mal. Elle avait perdu le contrôle et même si son cerveau lui répétait que c’était ce qu’il fallait, elle avait un doute en elle. Doute qui germait doucement dans son esprit et qui lui fit presque perdre l’équilibre. Mis elle n’était pas là pour elle, elle était debout dans cette étendue d’herbe pour elle, cette fille.

Elle se releva aussi vite qu’Aliénor l’avait poussé ce qui étonna la fillette. Elle-même aurait bien plus mal vécu d’être insultée puis poussée. La petite Delphillia n’y était pas allée de main morte et elle le savait. Pourtant elle était debout face à elle et elle hurla de toutes ses forces.

-Toujours debout.

Comme un murmure empli de fierté pour cette fille, comme si elle était sa petite sœur, ou une amie. Mais elle était loin d’être tout cela. Aliénor la connaissait à peine, elle ne savait rien d’elle, mais elle avait ce sourire fier sur les lèvres. Cette fille venait de réussir avec succès les épreuves d’Aliénor.

-Tu tomberas, encore et encore.

Elle encra son regard aux yeux sombres de la fillette. Tant de mystères, elle pouvait cacher tant de choses derrière ses yeux, alors que dans son œil bleu on voyait tout. Aliénor aurait préféré avoir les deux yeux de son père, mais peu importe.

-Mais plus jamais, plus jamais tu resteras à terre, tu te relèvera, tu seras toujours debout.


Aliénor prit une grande inspiration en fermant les yeux. Quand elle les rouvrit le calme du lac devenu douves et du parc la frappa. Quiconque qui serait passé dans le coin les aurait entendus et maintenant que la colère qu’elle avait appelée était redescendue, elle se rendait compte. Elle se laissa happée par le calme et l’apaisement. Les battements de son cœur ralentirent, ses membres se détendirent et sa respiration se fit plus profonde. Comme si toute la haine qu’elle avait rejeté d’un coup lui permettait l’accès à cette sérénité.

Ses yeux retombèrent sur son interlocutrice, un vague sourire toujours sur les lèvres, elle n’allait pas s’en défaire d’aussitôt.

-T’es forte, plus que ce que tu ne le penses.

Aliénor fit un pas en arrière, puis un second, comme pour reprendre une mesure de sécurité vis-à-vis de cette fille qu’elle ne connaissait pas.

-Je t’ai appris tout ce que je sais. Si tu veux t’entrainer sur un balai, avec plaisir, mais je pense que tu te débrouille très bien seule pour ça.


Aliénor expulsa l’air de ses poumons d’un petit coup sec, comme pour annoncer la fin de sa mission et oui elle avait fini. Cette fille lui avait montré qu’elle pouvait se relever dans n’importe quelle situation et c’était ce que voulait voir la troisième année.

Elle fit demi-tour, s’apprêtant à retourner vers le château. Elles avaient passé un bout de temps ensemble et il était tant pour la petite Delphillia de renter. Elle commença à avancer vers le château avant de s’arrêter net et de tourner légèrement la tête en direction de la fille.

-Au fait moi c’est Aliénor.

Lancée comme un information si peu utile après tout ce qu’elles venaient de vivre. Mais si elle voulait voler avec elle, elle aurait besoin de son nom.

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Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

06 avr. 2020, 22:28
 RPG+  Effluves d'être
Haletante, je regarde la Grande-fille. Mon visage est déchiré de l'émotion qui me submerge. c'est une mélange d'une fierté incontrôlable et d'une détermination sans faille. Ces sentiments m'habitent – puisque ce sont des sentiments plus que des émotions, plus complexes – avec une violence que j'avais rarement expérimenté. Tellement qu'ils m’essoufflent, physiquement. Même si mon corps n'a pas été épargné par les violentes pressions des mains de la Grande-fille, c'est mon Âme qui était fatiguée. *Ouf* je souffle un peu. Deux fois je venais d'être poussée. Deux fois je m'étais relevée. Alors cette fois, je peux souffler. Les mots de la Grande-fille me le font savoir.

« Toujours de bout, » commence-t-elle dans un murmure. « Tu tomberas encore et encore. » Sur son visage s'allume un sourire que j'imagine fier ; j'espère qu'il l'est. Mon visage est encore trop crispé pour le lui rendre. « Mais plus jamais, plus jamais tu resteras à terre, tu te relèvera, tu seras toujours debout. »

Le fil de ses mots commencent à apaiser et les traits de mon visage et les sentiments éveillés en moi. Cette dernière phrase achève d'insuffler en moi le calme. Et le calme plane justement sur le Parc et son Lac, accompagné par son ami silence. Je regarde toujours la Grande-fille – dont je me demande le prénom – pour l'observer. Elle ferme les yeux et le calme est revenu. Comme si ses billes dépareillées étaient à elles-seules les responsable de cette tempête. Tempête qui venait de s'abattre sur le Lac. Elle et moi.

Ma respiration redevenue normale et mon souffle revenu auprès de moi, il n'avait cessé de me quitter lors des derniers instants haletants de mon existence. *Ouf* pensé-je encore une fois, les poings serrés nerveusement. J'entame une inspection rapide de la fille qui me fait face. Elle est plus grande que moi, effectivement. Mes yeux sont attirés par la doublure jaune de sa robe. *Poufsouffle* répété-je pour ne pas l'oublier. Je garde cela dans un coin de ma tête.

« T’es forte, plus que ce que tu ne le penses. »

Je ne respire plus temps d'un souffle, c'est la surprise qui le retient. *Qu'est-c'qu'elle a dit ?* Il me faut quelques clignements d’œil pour que l'information soit totalement comprise. Et alors, cela empli mon cœur de joie et le gonfle. Elle recule et je comprend pourquoi. Cela ne me dérange pas. Je me permets de vider mes poumons dans une longue respiration. Je recouvre mes esprits.

« Je t’ai appris tout ce que je sais. Si tu veux t’entraîner sur un balai, avec plaisir, mais je pense que tu te débrouille très bien seule pour ça. »

*C'est fini ?* me demandé-je, en la regardant s'éloigner.

Quelques pas de plus me convainquent qu'elle ne se retournera pas. Pourtant, j'espère qu'elle le fera. j'aimerais plus que cela pour pouvoir la revoir. Cette envie étrange de vouloir la revoir... Déjà, j'ai envie de voler avec elle. Et c'est en cela que j'ai envie de la revoir. Je vais devoir la trouver sans plus d'indice que sa maison... Je m'imagine déjà inventer des stratagèmes pour demander à Chems, ou alors je me vois en train de scruter tous les visages la boule au ventre pour le lui demander : voler avec moi.

*Oh !* elle se retourne vers moi.

« Au fait moi c’est Aliénor. »

Si mon visage ne s'illumine pas, alors il se détend. Je sens tous ses traits se relâcher et j'imagine que cela me donne un sourire particulier.

« Moi c'est Adaline, je commence, à une cadence accélérée pour libérer Alienor de mon emprise. Je viendrais te trouver ! »

Et alors, elle repart sûrement ; je me retourne vers le Lac.
J'entend ses pas qui s'éloignent et je me mets à fixer la surface du Lac avec un plaisir particulier, presque nouveau. Je me laisse tomber là, sans sur mes épaule le poids d'une défaite mais la légèreté d'une réussite.
J'irais la trouver, oui. Parce que j'ai envie de voler avec elle.

Je reste là encore un peu, le temps que le souper soit servi et que je puisse aller le prendre directement pour finir par me terrer dans mon dortoir. *Alienor* je pense, comme une mélodie que je dois retenir. Quelques notes douces à mon oreilles et à mon cœur fier.

FIN

Magic Always Has a Price
6ème année