@Lili Cooper

Ces derniers jours n'ont pas été les plus faciles pour toi, loin de là. Beaucoup de sentiments différents se sont emparés de toi, des sentiments que tu n'aimes pas, tels que la peur et la rage, ce qui t'a rendue renfermée et très silencieuse. Depuis le bal, tu as passé la plupart de ton temps avec ton meilleur ami, Alexei, qui te comprenait, lui. Pourtant, même avec Alex, tu n'étais pas dans ton état normal : Tu avais du mal à parler, à mettre des mots sur tes émotions. Tu avais envie de tout balancer et de rester dans ton lit pour toujours. Enfin, c'est vrai, qu'as-tu mérité pour autant de retournements en une seule soirée ? Ta cousine qui revient et ta meilleure amie qui brise sa promesse d'une belle manière et à la vue de tous.

Tess, tu attends de la voir apparaitre, tu sais que cela ne va pas tarder. Tu n'en as toujours pas parlé à Alexei, tu as trop peur que cela fasse de lui une cible facile ou qu'il aille lui-même régler ses comptes avec elle. Oh, il n'est pas du genre bagarreur ou chercheur, mais tu sais que pour toi, il en serait complètement capable, car cela est également ton cas. Seulement, il ne sait pas comment est Tess : Une vraie joueuse de nerfs, la douleur psychologique, ça la connait. Tu devrais peut-être en parler à ta meilleure amie, qui est dans la même promotion et la même filière. La connaissant, Tess ne mettrait pas longtemps avant de se rapprocher d'elle.

Seulement, qu'en est-il de Carry ? Est-ce encore ta meilleure amie ? Tu n'en sais rien, rien ne te semble clair. Ta tête t'exige de ne plus t'approcher d'elle et de lui dire ses quatre vérités, tandis que ton coeur te dit qu'elle est différente avec toi et qu'avec du temps, elle pourrait changer. Seulement, aucun chemin ne surpasse l'autre, tu es entre les deux, indécise, incapable de faire un choix, ce qui t'a attiré tes propres colères : Tellement déçue de toi, tu as passé beaucoup plus de temps seule que d'habitude et tu t'es enfermée dans une boucle infernale à faire ce que tu réussis le mieux : Travailler. Tu as passé beaucoup de temps à étudier, l'arrêt des cours pour la semaine ne te donnait pas une excuse pour arrêter ton avancée de ton propre côté et, au contraire, cela te faisait du bien : Tes pensées occupées, tu ne pouvais pas regretter les refus silencieux que tu as rendus à Carry lorsqu'elle te demandait à l'infirmerie. La voir dans un état critique t'aurait fait sombrer dans un état presque irréversible, comme un pantin. Certes, elle a fait des choses bien trop moches mais, pour le moment en tout cas, tu te dois de partager sa douleur, étant donné que tu es encore sa meilleure amie. D'un autre côté, tu sais qu'aller à l'infirmerie et voir ces nombreux blessés auraient pu te faire avoir la nausée, car cette nuit d'horreurs, qui porte si bien son nom, tu n'as plus envie d'en entendre parler, quel qu'en soit le prétexte. Cette nuit est synonyme de trahison, retour glacial et promesse brisée. 

Tu es là, ce samedi matin, à tenter de te calmer un peu, avant le match de cet après-midi. Certes, tu ne joues pas mais tu vas encourager les joueurs de ta maison ailleurs que dans les gradins : Le cheerleading vient de faire son entrée à Poudlard et, avec Alaska et Antonn, vous avez prévu de leur en mettre plein la vue, alors, hors de question que tes troubles et ta rancoeur gâchent tout : Vous allez assurer, pas le choix. Carry fait également partie de l'équipe mais, avec sa blessure, impossible de faire quoi que ce soit. C'est pourquoi, avec tes deux autres coéquipiers, vous avez redoublé d'efforts pour adapter le programme prévu afin qu'il puisse aller en n'étant que trois : Là aussi, tu n'as pas chômé, c'est sûr. C'est une nouvelle discipline qui te libère et que tu aimes de plus en plus, alors, tu prends du plaisir tout en oubliant tout le reste. Tout semble futile, le cheerleading est comme une autre réalité, une nouvelle dimension et cela te fait du bien.

Tu regardes le lac, au loin, tu tentes de te concentrer sur son immensité et son calme mais, impossible, tu es bien trop dans la lune, la concentration semble ne plus vouloir pointer le bout de son nez, ce qui t'agace. Une larme coule sur ta joue. Incapable, c'est comme ça que tu te vois.

Incapable de choisir les bons amis, de les mettre en sécurité, de te rendre utile, tu remets le tout en question, même les certitudes qui persistaient jusqu'au bal. Ton frère n'a pas semblé vouloir te voir mais, pourquoi au juste ? Tu as besoin de lui et voilà qu'il disparait. Même pas cinq minutes pour te demander comment tu vas, non. Ton poing se serre de toutes tes forces et tu finis par relâcher quelques secondes plus tard, tellement la douleur dans ton avant-bras te tord. Tu ne te rends pas compte de tout le Mal que tu te fais, Lili, que ce soit psychologique ou physique, c'est fou.

Soudain, tu sens une présence vers toi, mais l'envie de te retourner ne te prend pas, pour une fois. Tu n'as même pas besoin de l'ignorer de toutes tes forces. Tu regardes le lac, qu'une personne soit dans les parages ou non, ton objectif reste le même. Seulement, cette personne semble vouloir faire la conversation avec toi...

Mais, pourquoi donc ? On ne peut pas te laisser seule, pour une fois ? Tu n'en demandes pas tant, juste un moment à toi pour crier de toutes tes forces si l'envie t'en prends ou même de te traiter de tous les noms. Seulement, non, tu n'es plus seule Lili.

Tu te sens pâlir en reconnaissant la voix : Carry. Bien sûr, en sortant de l'infirmerie, il fallait que la première chose qu'elle fasse soit de te retrouver, évidemment. Oh oui, tu savais qu'elle sortait aujourd'hui, l'infirmier ne cessait de le dire, presque heureux pour toi. En même temps, vu le malin faux-sourire que tu affichais, comment pouvait-il savoir que tu n'en avais plus rien à faire ? Cette fille t'a paralysée lors du bal, et ce, plus d'une fois : Dénoncer des élèves car leur sang n'est pas pur ? Mutiler une élève pour sa propre vengeance ? C'est simple, Carry ne pense pas aux conséquences, tu en es certaine : Serpentard est plus divisé que jamais, et tu peux sans aucun doute et aucun regret lui mettre la faute dessus.

Elle est là, à tes côtés, enfin, physiquement, mentalement, tu n'en sais rien. Elle a la jambe dans un plâtre mais tu ne t'en soucies guère, c'est même le cadet de tes soucis, tu te demandes presque si elle ne l'aurait pas cherché à force.

Elle te parle. Croit-elle que tu en as envie, toi, de lui parler ? Tu n'en sais rien. Ta vue devient floue, tu as l'impression d'être dans un rêve, enfin, un cauchemar, mais ce cauchemar, quel qu'il soit, est ta vie, et ce maudit train ne semble pas vouloir s'arrêter pour le moment.

Elle attend une réponse de ta part. Tu te retiens, mais pourquoi, au juste ? Pourquoi ne lui jetterais-tu pas toute ta rage à la figure, cela te ferait du bien, non ? Seulement, tu le sais aussi bien que moi, tu n'es pas comme ça, tu prends sur toi, peu importe les circonstances. Tu n'en as pas marre ? Non, tu n'as pas envie de regretter tes faits et gestes alors, tu vas lui répondre courtoisement, dans un premier temps en tout cas, on verra en temps voulu pour la suite.

- Bonjour Carry.

Non, pas de "Salut" ou de "Coucou". Pourquoi ? Simplement car tu as l'impression d'avoir une inconnue à côté de toi ou plutôt, la Carry que tu n'osais pas croiser lors de ta première année. Ta réponse est froide, tu n'essaies même pas d'y mettre une once de bienveillance.

Elle te demande des explications. Sérieusement ? C'est Elle qui devrait avoir des explications ? Certes, tu es gentille et patiente mais il ne faut pas chercher à tout avoir de ta part sans avoir à donner quoi que ce soit en retour. Tu la regardes, tes yeux lui présentent un regard vide, dénué de sentiments.

- L'infirmerie est comme toxique pour moi, voir tous ces blessés m'aurait donné envie de vomir en plein milieu de la pièce.

A ce moment précis, tu penses à tes amis qui ont été salement blessés, tel qu'Edwin, blessé à cause de "ta meilleure amie" qui a eu la bonne idée de le dénoncer. Tu penses également à Arya, qui s'est mise en danger, tellement la rage contre ces pseudos-mangemorts la brûlait. Non, y aller n'aurait pas été une bonne chose pour toi, même si tu aurais aimé leur apporter ton soutien. Au moins, Alexei allait bien. Si ça n'avait pas été le cas, ça aurait pu être le coup fatal pour toi.

- J'ai eu beaucoup de travail avec le Cheerleading et malgré les cours, je travaille énormément de mon côté, ça m'évite de me torturer l'esprit avec des questions sans réponse.

Ah, pour ça, tu es douée, n'est-ce pas ? Tu n'as que très peu dormi en plus, comme si cela ne suffisait pas, heureusement que les cours étaient annulés pour la semaine.

Tu boues intérieurement. Même si tu n'avais aucune envie de la voir, tu y vois une opportunité d'avoir toutes les réponses que tu souhaites, ce qui est bien trop tentant pour te contenir encore plus.

- Tu sais, je n'ai pas arrêté de me demander ce qui t'a poussée à dénoncer ces trois élèves, de ta maison en plus, non mais, tu te rends compte ? Tu t'en fiches sûrement mais à Serpentard, c'est le bazar, tout le monde est divisé en clan. Tu veux que je me mette où ? Avec des élèves qui n'ont rien demandé et qui se font juger malgré tout ou avec une "meilleure amie" qui n'est pas fichue de tenir ses promesses et qui profite d'un immense chaos pour se venger d'une.. oh ! Une élève de Serpentard, encore ! Que veux-tu que je fasse, Carry ? Alors non, j'ai préféré éviter de me détruire encore plus et passer du temps avec mon meilleur ami, qui était là à mes côtés, quand tu es partie bien plus qu'en vrille plutôt que de chercher à te voir. Oui, je t'ai fait confiance mais il faut croire que je me suis trompée, quelle imbécile.

Voilà, ton sac semble se vider peu à peu. En prononçant "meilleure amie", les signes de tes doigts accompagnaient tes paroles, pour montrer à Carry que tu insistais bien sur ce lien qui est on ne peut plus fragile, désormais. Tu brûles à petit feu, tu n'en peux plus, la gentille Lili semble fatiguée devant tant d'ingratitude et de trahison. Cela devait bien finir par arriver, tu ne le sais que trop bien.

- Tu sais toute la douleur que tu as semée, Carry ? Brett, moi, tu y as pensé ? Non, ça, tu t'en fous, tu n'as pas encore mis un seul pied en salle commune, voilà pourquoi, tu ne peux pas comprendre de quoi je parle. Et.. Ne me traite pas de méchante ! J'ai été plus que patiente et c'est mon droit d'exploser Carry, je n'en peux plus, tu m'entends ? JE N'EN PEUX PLUS DE TOUT ÇA, de cette guerre pour du maudit sang, c'est.. je...

Les larmes te montent, les mots commencent te manquent. C'est déjà un exploit que tu aies tenu aussi longtemps. L'incompréhension refait surface. 

- Arrives-tu à voir que je ne comprends plus rien ?! Je n'ai plus rien sous contrôle, je me sens nulle, imbécile et incapable...

Tu tournes rapidement ton visage vers le lac, une nouvelle fois. Hors de question qu'elle te voie en position de faiblesse.

L’incompréhension, la haine, la colère. Tout ces sentiments que ressentaient Lili je les comprenais que trop bien. Au fur et à mesure qu’elle me déballa ses pensées, je sentais en moi la honte prendre le dessus sur ma fierté. Oui, j’avais abusé de sa confiance je ne vais pas le nier mais comme je m’y attendais, elle pensait que tout cela était une histoire de sang mais elle se fourvoyait grandement. Non, le fait que ces trois imbéciles soient né-moldus étaient vraiment une pure opportunité pour moi de me venger du mal qu’ils m’avaient fait. Je n’avais rien contre les né-moldus, enfin je n’avais PLUS rien contre eux mais je savais qu’en moi sommeillait toujours cette haine quand on y faisait mention et c’était malheureusement plus fort que moi car je n’arrivais toujours pas à me défaire de la norme que mes parents m’avaient inculquée. Ma haine pour les né-moldus étaient toujours grande, trop grande à un point que même l’Autre l’utilise pour me faire agir contre mon gré et surtout me fait commettre des actes dont je n’ai aucun contrôle et qui à la fin, font du mal aux personnes que j’aime.

Lili avait complètement vidé son sac, du moins, je l’espérais car chaque parole qu’elle disait était l’équivalent d’une pointe qu’on m’enfonçait doucement dans le cœur. Entendre ces mots ne me plaisait guère voire même arrivaient à me dégouter de moi-même. Je n’étais pas prête à recevoir un tel accueil de la part de Lili même si au fond de moi je m’y attendais. Lili, elle qui habituellement était joyeuse et souriante, je la voyais aujourd’hui comme une petite fille complètement chamboulée par les évènements et encore chamboulée était un bien simple mot comparé à ce que je voyais. Je ne pouvais pas la laisser sans réponse surtout qu’elle me demandait des réponses. Je voulais qu’elle me comprenne et pour cela, il fallait que je lui dise ce qui se passait dans ma tête. Que je me découvre entièrement à elle tout en étant le plus honnête possible. Peut-être qu’elle me tendra de nouveau la main, peut-être qu’elle m’abandonnera en me traitant de folle. Je ne savais pas du tout comment elle réagirait à ce que j’allais dire car la Lili que j’avais en face de moi était clairement différente à celle dont j’avais l’habitude de faire face.

-Lili…Si j’ai dénoncé Edwin, Wilson et Rufus ce n’est pas à cause de leur sang…Mais parce que ces trois là m’ont fait beaucoup de mal et ont fait de mon début d’année un enfer … et en les dénonçant je pensais pouvoir me faire justice…Je n’ai pas du tout réfléchi aux conséquences de mes actes. Mais je te jure sur l’honneur de ma famille ! Leur sang n’avait absolument rien avoir dans tout ça !

Oui, le sang n’avait rien avoir dans cette histoire même si c’était une motivation en plus pour les dénoncer. Mais il me restait tant à dire pour Lili, tant à lui raconter que je ne savais pas vraiment par où commencer. Surement par Alice ? Sûrement l’épisode le plus sombre de ma vie et pourtant… Quand j’y repensais, plus je ressentais un sentiment de bienêtre. Revoir Alice complètement à ma merci entre mes mains…La voir se débattre sans pouvoir y faire quoi que ce soit…J’aurai dû ressentir de la honte et du dégout envers moi-même mais…c’était tout l’inverse, pourquoi ? Pourquoi j’éprouvais de la fierté et surtout un plaisir coupable à chaque fois que j’y repensais ? Pourquoi je n’arrivais pas à me sentir coupable ? Était-ce parce qu’il s’agissait d’Alice ? Possible…Elle qui était habituellement si arrogante et fière…La voire en position de faiblesse à ma merci… Oui je l’avoue, j’avais aimé la voir comme ça mais jamais je n’aurais inscrit un message sur sa joue d’albâtre…

-Ce que je vais te dire va paraître complètement fou mais…Ce qui est arrivé à Alice… Ne vient pas de mon fait… Il y’a…Quelque chose en moi qui amplifie tout mes sentiments négatifs, quelque chose qui…Prend le contrôle et me fait faire des choses horribles. Au début elle me murmure dans le creux de l’oreille quoi faire … et si je résiste…elle se met en colère et je perds le contrôle. Lili, j’ai besoin d’aide s’il te plait…Je n’en ai plus pour très longtemps dans cette école avant qu’Alice me dénonce…Mais je te jure que ce qui se passe n’est pas de moi… Tu es l’une des seules rares personnes en qui je peux demander de l’aide… Je suis malade… et j’ai besoin de toi… S’il te plait Lili…

Jamais encore je n’avais parlé de l’Autre à qui que ce soit. Et me confier sur mon problème à celle que je considérai encore comme étant ma meilleure amie était une preuve de confiance que je n’avais encore jamais fait part auparavant. Tout au fond de moi, je souhaitai que Lili me pardonne mais j’étais certaines que le chemin de la rédemption allait être bien plus long que prévu…

Tu changes, tu grandis, c'est normal. Tu n'es pas là pour te faire marcher sur les pieds, loin de là, tu sais qu'être gentille ne peut pas toujours t'attirer de bonnes choses mais, heureusement, tu sais t'en méfier. Maintenant, tu exploses car tu n'aurais jamais cru vivre autant de retournements de situations en si peu de jours. Tu sembles avoir fini, mais tu sais très bien que ce n'est pas le cas : Chaque seconde qui passe te rappelle que tu t'es fait trahir et bien salement par cette troisième année à côté de toi. Tu ne la regardes pas, même quand elle te parle. Des larmes silencieuses coulent sur tes joues mais tu ne prends même pas la peine de les essuyer : Tu sais qui est la fautive de toutes ces émotions et tu ne tiens pas une seconde à les cacher. Il faut qu'elle s'en rende compte, peu importe ce qu'elle en pense. 

Pour une fois, tu penses un peu plus à toi qu'aux autres, bien qu'il soit dommage qu'il faille que tu sois aussi bas pour te rendre compte que non, parfois, tu ne vas pas bien et ce n'est pas une mauvaise chose, il faut simplement savoir se relever, Lili.

Ce genre de moments sont souvent bénéfiques, même s'ils n'en ont pas l'air car ils permettent de se rendre compte à quel point nous tenons à la personne ou non et si elle fait vraiment bien d'être dans notre vie. Pour le moment, avec Carry, tu n'en sais rien, c'est pourquoi en parler est la meilleure chose à faire pour le moment.

Tu écoutes ses explications qui sont, apparemment, sensées te rassurer : Ce n'est pas une question de sang. Bon bah, alors, tout est pardonné et vous êtes de nouveau les meilleures amis du monde ? Non, évidemment que non. Peu importe la raison en fait, elle s'est permis de mettre en danger quatre personnes différentes rien que pour sa petite personne, c'est presque encore pire, ce qui te dégoûte.

- La vengeance est encore pire à ce niveau-là, car tu fais d'une pierre deux coups : Tu les ridiculises en montrant qu'ils ne méritent pas de vivre devant tout le monde et tu satisfais ta petite personne en leur rendant la monnaie de la pièce. Tu ne vas pas m'avoir là-dessus, je sais très bien que tu y as pensé sur le moment. Ah ça, je l'ai bien vu, mais tu n'as pas semblé vouloir te remettre en question juste après, vu comment tu as eu le courage de mutiler Alice. Oui, je t'ai vue faire, j'étais paralysée. La vengeance, t'as pas plus enfantin comme moyen de te satisfaire ? Ignorer ça marche aussi, tu sais.

Ton ton est tranchant, tu sais de quoi tu parles. Posément, toujours les yeux rivés sur le lac, comme un repère pour t'éviter d'exploser.

Tu entends le début de ses explications concernant Alice et tu soupires lourdement en entendant "Ne vient pas de mon fait". Et puis quoi encore ? T'as l'air si débile que ça ? Un sourire mesquin s'empare de ton visage d'ordinaire si angélique et bienveillant en écoutant la suite de ce qu'elle a à te dire.

D'un côté, tu aimerais la croire, mais d'un autre, tu te dis qu'elle pourrait très bien se moquer littéralement de toi : C'est vrai quoi, tu es une personne proche de beaucoup de "traitres à leur sang" et vouloir s'approcher de toi et te faire du mal sans en avoir l'air n'est pas une mauvaise tactique. Seulement, Carry ne semble pas mentir. Oh, non, pas de quoi te faire complètement changer d'avis sur elle mais, disons que ce sera un bon début. Tu te tournes complètement vers elle en faisant un quart de tour.

- Oh Carry Harrison, j'espère pour toi que tu ne te fiches pas une seule seconde de moi, sinon, je peux t'assurer que tu regretteras de m'avoir connue.

Tu réfléchis un instant : Carry aurait... Un deuxième Elle.. en Elle ? Cela te semble bien étrange, tu n'en as jamais entendu parler.

- Depuis quand as-tu ces impressions de non contrôle et une voix dans ta tête ? En as-tu parlé à l'infirmier ?

La bienveillance n'a pas fait son retour dans ta voix, même si tu t'inquiètes légèrement pour elle. Elle n'a pas semblé s'inquiéter de ton état alors, pour le moment, tu fais de même.

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-Je te jure sur mon sang que je ne te mens pas ! C’est la vérité ! Ce qui est arrivé à Alice, je ne l’ai jamais voulu !

La bombe était lâchée, Lili était la première personne à qui je parlais de l’Autre. Pas même mes parents, pas même mon frère, pas même ma sœur n’était au courant de ce qui se passait dans ma tête. Lili était la première à qui j’en parlais et honnêtement je ne savais pas comment me sentir : honteuse ? courageuse ? je ne ressentais rien de tout cela. Après ma confession, je voulais simplement disparaitre et ne plus jamais refaire surface pour me morfondre sur moi-même. Lili de son côté avait apparemment fait le choix du bénéfice du doute et m’avait demandé depuis quand j’avais ces impressions de non contrôle et depuis quand j’entendais cette voix.

Mais elle n’y était pas du tout. Je n’avais pas une impression de perdre le contrôle, je le perdais totalement. Je ne pouvais absolument rien faire et rester prisonnière de mes propres pensées tout en assistant aux horreurs ce que l’Autre fait avec mon corps avant que celle-ci ne s’épuise et me cède de nouveau sa place. Tout cela pouvait paraître grotesque à première vu mais ce que je racontais était vrai et si on devait me demander de détail, je ne pourrai les fournir avec précisions puisque pour comprendre mon état, il fallait que cette personne puisse entrer dans ma tête. Mais pour que Lili puisse me comprendre, j’allais tout lui raconter avec le plus de détail possible. Je commençai à avoir la Chaire de poule, ma voix tremblait et mes paupières se fermaient doucement pour m’aider à trouver la concentration. Je devais me remémorer de la première fois, de la toute première fois que l’Autre s’était manifestée.

-Pendant les vacances d’été… Tout s’était passé pendant les vacances d’été. Je voulais absolument aller au travail avec ma sœur à la Citadelle et…Elle m’y a emmené… Et je n’ai pas supporté ce que j’ai vu…

Des flashbacks de ma visite commencèrent à faire leur apparition, la pièce centrale pour tout publique où je ne devais pas bouger, les cris des familles se faisant séparer d’un simple coup de baguette… Des parents criants à leur enfants qu’ils les aiment avant de se faire oublietter…Des horreurs auxquelles j’aurai voulu ne jamais me souvenir et pourtant, tout ces événements subsistaient dans ma mémoire. Le travail de ma sœur n’était pas amusant ni même joyeux et pourtant à la maison, je ne voyais aucun remord dans ses yeux ni même son comportement et c’était le soir même que tout avait commencé.

-Finalement, nous sommes rentrées le soir et pendant le repas…je me suis disputée avec ma mère parce que je remettais en cause les méthodes du conseil mais aussi la stupidité des règles du sang. Elle était tellement en colère contre moi qu’elle m’a enfermé seule dans les cachots du manoir pour me punir… Et…Être seule et dans le noir est ma phobie… C’est la chose dont j’ai le plus peur…J’y suis restée une semaine avec à peine de quoi manger et boire… Apparemment.  C’est à ce moment-là je crois, que l’Autre s’est manifestée pour la première fois dans ma tête. Elle... me murmurait d’être une bonne fille, de ne jamais plus remettre en question le jugement de nos parents, de suivre à la lettre leur éducation. Elle n’arrêtait pas de me murmurer sans cesse la même chose et moi, je ne me rappelle pas du tout avoir passé une semaine dans les cachots…

Raconter cette histoire était très difficile car j’ignorai ce qui s’était vraiment passé et surtout si l’autre avait pris le contrôle, j’ignorai ce qu’elle avait fait de moi pendant ma captivité. Tout ce que j’espérai pour l’instant c’est que Lili me croyait sur parole…

-En parler à un Infirmier ? Tu es folle ? Si jamais je leur en parle ils m’enverront à St Mangouste et ce qui suit après c’est l’asile ! Je ne suis pas folle ! Je sais ce qui se passe dans ma tête…j’ai juste besoin d’aide pour gérer ce qui se passe à l’intérieur et autour de moi… Tu es la seule personne à qui j’en parle parce que je pense que cette personne, c’est toi Lili.

Jurer sur son sang, c'est le comble... Un peu trop pour que tu restes tranquille et ne rien dire, cela t'insupporte un peu de voir que Carry va jusqu'à en parler comme une chose sacrée, une preuve qu'elle n'a pas envie de perdre son statut.

- Tu sais, tu n'as pas besoin de jurer sur ton sang, j'ai compris. Tu ne l'as pas voulu mais cela s'est fait. Une personne qui tue "sans faire exprès" est également condamnée, tu sais ? D'ailleurs, tu es allée en parler à la directrice ou quelqu'un t'a dénoncée ?

Bien que ce soit ta meilleure amie, elle doit comprendre que ce n'est pas rien et qu'il faut tout de même une punition à la hauteur. Tu te doutes bien qu'elle ne pense pas s'en sortir aussi facilement mais, en tant que meilleure amie, tu te dois de lui montrer qu'elle a clairement abusé et que les conséquences arrivent toujours, tôt ou tard. Certes, il pourrait être question d'un renvoi, par chance temporaire, tout comme les néo-mangemorts, mais, d'un côté, ce serait mérité, bien que tu serais triste de devoir arriver aussi loin. Peut-être que Carry fera quelque chose pour changer son comportement ou pour retenter de tenir la promesse qu'elle t'a faite.

- Tu vois pourquoi le système politique actuel doit absolument changer ? Cela détruit tout le monde, des deux côtés, crois-moi. Beaucoup trop d'injustices pour du sang, ça me dégoûte.

Si tu pouvais, tu ferais tout pour que cela change, mais tu es une enfant Lili et tu dois attendre patiemment que les grands fassent ce qu'il a de mieux à faire, pendant que toi, tu aides comme tu le peux tout en évitant de te mettre en danger.

- Ta famille a un grand impact sur tes pensées, c'est bien normal donc quand tu te confrontes à eux, ils font en sorte de te remettre sur ce qu'ils pensent être le droit chemin. Il faut que tu te détaches d'eux, que tu n'aies pas peur de les remettre en question, même si ça peut avoir de lourdes conséquences pour toi. Si tu veux le faire, tu peux le faire et il faut que tu sois forte pour ça.

Aller contre ses parents n'est pas évident mais si Carry a besoin de soutien, tu seras là, même si tu ne lui pardonnes pas ses récentes actions.

- C'est comme.. Si cette fille était comme la Carry que tes parents ont éduqué et espèrent avoir, on dirait. Je pense que c'est une manière que ton subconscient utilise pour te mettre en garde, si on veut. Tu dois avoir la volonté de tout changer dans tes pensées, je suppose. Enfin, j'en sais rien du tout.

Compliqué d'aider lorsque c'est la première fois que tu vois un cas dans ce genre, pourtant, il va bien falloir le faire car Carry semble compter sur toi. Seulement, te sens-tu vraiment capable de l'aider ? Tu ne vois pas ce que tu pourrais faire de plus mais si tu peux rester proche d'elle pour éviter qu'elle reparte comme lors du bal sera sûrement un bon début.

- Je ne.. vois pas vraiment ce que je pourrais faire de plus pour toi Carry, tu sais ? Je ne vois pas comment t'aider, concrètement.. Mais si besoin, je serai là.

La laisser seule n'est pas une bonne idée, c'est certain et ce sera ta solution provisoire, en attendant de pouvoir comprendre ce qu'il se passe et ce que tu pourrais bien faire.

- Mais, je pense que pour commencer, ce serait bien de t'excuser envers ceux à qui tu as fait du tort, des excuses sincères j'entends. Ça n'aidera peut-être pas vraiment pour ta petite voix mais c'est tout de même une chose à faire. Et il faudrait que tu m'expliques ce que font tes parents au ministère car je t'avoue ne pas avoir tout compris.

Si la famille de Carry est toxique pour elle et qu'il s'agit d'un des problèmes majeurs pour elle, tu as bel et bien une idée en tête mais tu ne sais pas ce qu'elle en penserait.

682 mots ✔

Elle voulait en savoir plus sur mes parents. Ce qui était normal puisqu’elle voulait m’aider. Je voulais de l’aide, je voulais de son aide plus particulièrement puisque Lili était l’une des personnes qui ne me laisseraient pas tomber… Même si elle n’avait plus confiance en moi, j’avais confiance en elle et je savais que cette personne était quelqu’un de bien. Pour mon premier pas vers la rédemption, tout ce que j’avais besoin de faire, c’était de me confier complètement à elle et lui donner les informations dont elle avait besoin.

-Mes deux parents sont tout les deux en attentes d’approbation. Ma mère va surement devenir la prochaine Juge de la citadelle et mon père le prochain président de l’autorité… Tout les deux détestent les Né-moldus et moldus au plus haut point mais celle qui les détestes encore plus, c’est ma sœur…Morrigan, elle est garde noire à la citadelle et déportes les né-moldus ou bien les extermine.

Parler de sa famille avait du bon mais aussi du mauvais pour moi. Du bon car je me débarrassai enfin d’un poids et du mauvais car c’est à ce moment que je me rends compte que mon environnement n’était pas le meilleur pour me développer. Mais il s’agissait de ma famille, des personnes qui m’avaient offert un toi, de l’amour et m’avait éduqué. J’étais leur fille et en tant que telle, je me devais de leur être loyal envers eux et leur idéaux… Mais arriverai-je à jouer sur les deux tableaux ? Je ne sais pas. Lili cependant avait une idée et avec un peu de chance, elle me fournirait des solutions à ma situation.

-Et…C’est quoi ton idée exactement, Lili ? Je t’assure que je veux vraiment changer mais…c’est dur pour moi, tu sais ?  J’ignore combien de temps je tiendrai avant que je ne devienne complètement comme ma famille…

Tu comprends donc que ses deux parents peuvent être haut placés au sein du nouveau gouvernement, ce qui n'arrange pas le cas de Carry. Cependant, ce qui t'étonne le plus, ce n'est pas ça, car tu t'attendais au fait que ses parents en fassent partis mais c'est ce que te dit Carry sur sa soeur qui te choque le plus : Tu as du mal à croire que tant de cruauté est possible dans ce monde. Donc, la suprématie du sang est pire que ce que tu pensais imaginable et possible ? Il faut croire que oui, ce qui te donne un coup dans le coeur.

- Je.. Wahou.. Je ne voyais pas ça possible..

Tu vois que Carry n'est pas non plus hyper fière de t'en parler mais tu la remercies silencieusement, tu bois qu'elle a au moins tenu à faire l'effort de t'en parler. 

Ton idée ? Disons que tu n'es pas sûre de toi, tu ne sais même pas ce que dirait Carry face à ça. Cependant, elle-même dit que son environnement est toxique, c'est probablement que tout n'est pas perdu. Si elle ne peut pas s'accrocher à un seul membre de sa famille pour espérer changer, il y a peu de chances que rester à leur côtés sera bénéfique pour Carry. 

- C'est plus ou moins venu tout seul mais je ne pense pas que ce soit possible. Mais je dirais que de t'éloigner d'eux serait un premier pas, ce qui impliquerait donc que tu n'habites plus chez eux. Mais comme je te l'ai dit, cela me semble irréalisable.

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Je ne pouvais pas m’empêcher de souffler du nez. Quitter la maison familiale ? C’était une idée auxquelles j’avais déjà pensé mais contrairement à mon frère, je n’étais pas prête mentalement à quitter la maison et surtout pas aussi tôt. Où est-ce que j’irai ? Et qu’est-ce que je ferai ? Tout ce qu’ils avaient à faire seraient de m’attendre à la gare pour me cueillir de nouveaux pour qu’ensuite je subisse une nouvelle correction. Que faire dans ce cas ? N’y avait-il donc aucun moyen à ce que je puisse échapper à ma famille ? Suis-je vraiment destinée à subir tout ce bourrage de crâne de leur part pour ensuite redevenir cette sang-pur arrogante traitant les né-moldus comme des malpropres ?

Je ne suis pas défaitiste, du moins c’est ce que je crois selon moi mais je crois au destin et si le destin voulait que je devienne ainsi alors qui suis-je pour m’opposer à lui ? Un déclic fut son apparition dans mes pensées, j’avais l’impression d’avoir ouvert un nouveau compartiment dans mon cerveau. C’était une sensation à la fois plaisante et douce dans ma tête. Le poids de la culpabilité commençait à s’estomper et l’Autre commençait doucement à reprendre gout au contrôle, mais je ne pouvais pas la laisser faire ici, pas avec Lili à côté qui s’était montrée froide avec moi. Il y’avait une solution pour éviter ce désastre et tant pis si Lili me maudissait à jamais, j’en subirai les conséquences et puis c’est tout. Après m’être relevée péniblement en sautant à cloche pied pour éviter de tomber, mon corps s’abaissa avec difficulté pour récupérer les béquilles qui vinrent s’installer à mes bras.

-Merci pour ton aide, Lili. Parlez avec toi m’a fait prendre conscience de beaucoup de chose…Il faut que j’y aille maintenant. Pardon de ne pas avoir su être une bonne amie, je ne le serai surement jamais.

A ses mots, je commençais à me balancer avec mes supports au bras pour avancer avec difficulté à travers les hautes herbes. J’avais le cœur serré, mais c’était ce qu’il y’avait de mieux à faire, pour moi, pour elle, pour tout le monde. Il fallait que je regagne l'infirmerie car la douleur commençait à se faire plus forte.


Fin du RP pour moi, merci