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02 août 2020, 19:03
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Il observait le geste et s’imprégnait des explications d’Aelle.

- Ferme les yeux. Et visualise.

L’enfant intégra la directive et abaissa ses paupières : Repousser la bottine, la rejeter aussi loin que possible, la voir valser au-delà de son champ de vision...
Les bottines d’Aelle étaient un modèle simple, classique. Il percevait très clairement chacune des parties qui les composaient, leur forme générale puis jusqu’aux microdétails de leur conception : Le bout dur à l’avant du pied, le contrefort au niveau des talons, le cambrion, le bonbout... S’il ne savait bien sûr pas les nommer, chaque élément se dessinait très clairement dans son esprit.

Les sons autour de lui semblaient soudainement s’intensifier. Le souffle du vent sifflait à ses oreilles. Les feuilles dans les arbres se froissaient comme à quelques centimètres de lui. Des clapotis d’eau à la surface du lac résonnaient, se mêlant au chant des oiseaux dans les arbres. L’herbe crissait sous ses pieds bien ancrés dans le sol. Le parfum de la mousse qui parcourait le tronc de l’arbre cabane chatouillait ses narines. Ce n’était ni agréable, ni noséabonde. Ça sentait l’humidité simplement, c’était l’odeur du présent, de cet instant.

Et la respiration d’Aelle, les cheveux au vent d’Aelle, le parfum d’Aelle, sa présence tout entière... Puis le sang dans ses veines accéléra sa course, afflua du bout de ses orteils à l’extrémité de ses doigts. Son coeur se gorgea de plasma, pour battre plus fort. Il le percevait tambouriner sur ces tempes alors que ses poumons s’emplissaient d’oxygène.

L’électricité partout, s’infiltrait dans chaque pore de sa peau, parcourait son corps, soulevait les poils des bras. Malgré ses yeux fermés, le jeune Gryffon en percevait les couleurs, vives et fluorescentes. L’électricité circulait librement, se mouvait autour de ses membres comme des lianes. L’enfant serra un peu plus fort sa baguette entre ses doigts tremblants.

Tous les éléments s’agitaient et l’enveloppaient avec une forme de légèreté plombante. Les choses se précipitèrent alors sans qu’il ne parvienne à les contrôler. Sa respiration devint haletante, ses yeux se révulsèrent peu à peu derrière ses paupières. Les sons qui l’entouraient devenaient insoutenables, se fracassaient sur ses tympans. Les odeurs lui donnèrent un haut-le-coeur de dégout. Son corps bouillonnait, réceptacle trop fragile pour porter une telle concentration. Tandis que son front s’humidifiait, ses jambes le lâchèrent. Il tomba à genoux, les phalanges crispées sur sa baguette de noyer.

Son être lui échappait. La tête en arrière, un filet de sang se dessina sous sa narine. Le jeune sorcier ne pouvait plus garder en lui toute cette magie, elle le noyait, le consumait, l’écrasait, le broyait... Pas assez solide, trop de puissance, il ne parvenait pas à basculer cette charge au bout de sa baguette. Ses lèvres étaient de plomb. Ses forces le lâchaient.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 08 août 2020, 00:44, modifié 1 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

07 août 2020, 11:59
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Fascinée, j’observe le garçon. Tout le reste s’efface autour de moi. Ne reste plus que lui, sa baguette qu’il tient avec force et sa magie que je ressens dans un endroit de mon corps que je ne saurais pas nommer. C’est comme si une lumière puissante émanait de Fleurdelys, une lumière invisible. Je ne la vois pas mais je la ressens. Si je ferme les yeux, je suis persuadée que je pourrais retrouver le garçon où qu’il soit grâce à cette lumière invisible qui semble sortir de tous les pores de son corps. Elle me bloque le souffle, fait bouillir mon sang dans mes veines, m’écarquille les yeux. Je résiste tant bien que mal à attraper moi aussi ma baguette pour répondre à cet appel de la magie.

Les secondes s’écoulent, aussi lentes que sont rapides les battements de mon coeur. Au bout d’un instant, je me recule d’un pas. Cette sensation, celle s’échappant de Fleurdelys, puissante et si discrète en même temps, est fascinante mais elle ne m’appartient pas. J’aimerais être capable de détourner les yeux, mais je n’y arrive pas. Le regarder alors qu’il est en contact si étroit avec sa magie a quelque chose d’intime qui me met très mal à l’aise ; le garçon semble aussi vulnérable que puissant, j’ai l’impression de violer quelque chose en continuant à l’observer. Pourtant, je ne me détourne pas. Je n’y arrive pas. J’en suis incapable parce que cette lumière invisible que je ressens chez le garçon est absolument et irrémédiablement fascinante et—

Il tombe sur les genoux, m’arrachant à ma contemplation exaltée. *Qu’est-ce que…*. Je comprends en une fraction de seconde ce qui lui arrive. Je le comprend au sang qui s’échappe de son nez. Mon estomac se serre. Mais quel idiot ! Il faut vraiment être idiot pour garder ça en lui sans ne rien dire ! *C’est c’que je lui ai dit d’faire* m’inquiété-je ; *il a mal compris* me rassuré-je — ce n'est pas de ma faute.

Le coeur battant, je me glisse derrière le garçon en prenant soin de ne pas le frôler ; quand sa magie lui échappera, je préfère être derrière que devant lui. J’hésite à le secouer par l’épaule et décide au dernier moment que le toucher dans cette situation n’est pas la meilleure idée. Je n’ai jamais vu une personne comme ça, avec un trop-plein de magie dans le corps, mais cela m’est déjà arrivé quelque fois. Assez rarement, je dois dire, je n’ai pas tendance à garder ma magie en moi mais plutôt à la laisser s’échapper pour la regarder agir dans le monde.

« Décharge, ordonné-je d’une voix déterminée. Ne lance pas le sortilège maintenant, ça veut pas dire jamais. »

Je serre ma baguette, au cas où. Au cas où quoi ? aucune idée, mais je ne laisserais pas le garçon se faire du mal avec sa propre magie, je ne suis pas complètement idiote non plus. D’ailleurs, c’est lui qui l’est. Il aurait dû lancer son sortilège depuis longtemps. Il aurait dû comprendre que je ne lui demandais pas de retenir sa magie jusqu’à ce que je lui autorise à l’utiliser, jamais je ne me serais permis cela ! Je voulais seulement qu’il se concentre, pas qu’il rassemble sa magie. Quel idiot, mais quel idiot ! *Idiot !*. Le mot tourne dans mon esprit, tourne et revient dans mes pensées, mais je ne le pense pas. La colère que j’imagine cachée derrière ce mot n’existe pas. C’est de l’inquiétude, pas de la colère. Et d’ailleurs, le garçon est loin d’être un idiot. Il n’est peut-être pas très futé, mais il n’est pas idiot. Et il est irrémédiablement puissant. Et sa magie est foutrement belle. J’aurais aimé continuer à la ressentir. Je l’aurais fait si ce n’était pas aussi dangereux pour Fleurdelys.

« Maintenant, le pressé-je à vive voix. Lance un sortilège, n’importe lequel. »

Derrière mon inquiétude se cache ma fascination. Peu importe le sortilège, j’ai envie de le voir à l’oeuvre. Même si j’imagine que ce ne sera pas très impressionnant. Si le Gryffondor panique et ne se concentre pas, toute cette magie rassemblée n’aura servit à rien et le sortilège sera inefficace. Je résiste à l’envie de secouer le garçon pour qu’il agisse plus vite. Mon coeur bat lentement, mon coeur bat profondément. Et même si je suis inquiète je ne voudrais être nul part ailleurs qu’ici.

15 sept. 2020, 16:11
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
- Maintenant ! Lance un sortilège, n’importe lequel...

Les genoux au sol, le Rouge et Or observait le ciel à perte de vue, la tête penchée en arrière. Les nuages s’entremêlaient et se diluaient en volutes légères et aériennes semblables à ses pensées. Son crâne bourdonnait au rythme du tremblement de ses épaules et de sa respiration haletante. Il perçut soudain la voix de sa camarade comme un écho de sa propre conscience. Dans un effort éreintant, l’enfant prit appui sur l’une de ses mains, déplia ses genoux et se redressa.

Après une minute d’inertie, il tendit son bras en avant et pointa l’horizon, la vue brouillée par ses propres larmes. Il réunit les forces qu’il lui restait pour concentrer dans sa baguette toute la magie emmagasinée dans son corps. Le Gryffon avait la sensation qu’une lourde pression l’enfonçait dans le sol. Il lui fallut un effort considérable pour rester debout. Une boule lumineuse se dessina dans son esprit, comme circulant à l’intérieur de ses veines pour coaguler jusqu’à l’extrémité de ses doigts.

L’enfant se mordit la langue. Il sentit un filet de sang couler dans sa gorge. Il ne pouvait en supporter d’avantage. S’il n’évacuait pas immédiatement toute cette puissance, son corps allait lâcher d’un instant à l’autre. Il forma avec son instrument une sorte de triangle et hurla « Bombarda ». Le son d’une explosion retentit dans l’air tandis qu’une puissante ligne lumineuse incandescente se libéra de sa baguette.

Silence assourdissant.

L’Écossais releva la tête et se tourna vers sa camarade. Un sourire fatigué s’installa effrontément sur les lèvres du jeune sorcier. Son regard habituellement bleu avait maintenant des reflets gris, à demi masqué par une mêche de cheveux. Il frissonna de la tête aux pieds et essuya le sang sur ses lèvres d’un revers de la main.

Mes excuses pour le délai de réponse...

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

17 sept. 2020, 17:36
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Peu importe le temps. Te lire est toujours un bonheur.

Pas impressionnant ? Comment ai-je pu penser une telle chose ? Comment ai-je pu croire que ce garçon ne serait pas capable de faire une chose impressionnante ? Lorsqu'il libère sa magie, c'est comme si un soleil venait de naître. Ce n'est que de la puissance brute, il n'y a pas de maîtrise et pourtant je ne peux m'empêcher d'être ébahie. Le bruit de l'explosion résonne jusque dans mon coeur qu'il fait battre plus vite. Ce n'était pas le meilleur sortilège à lancer. Le bruit a du être discernable jusqu'aux rives du lac, peut-être même jusque dans le parc lui-même. Mais à vrai dire, je n'en ai absolument rien à faire. Mon coeur s'agite, quelque chose d'énorme grandit à l'intérieur de lui. Une chose toute douce, une chose qui me grandit, qui me surprend, qui m'étonne. De la fierté. C'est cela. Une immense fierté qui me donne envie de sourire jusqu'au ciel et de sauter en gueulant « t'as réussi ! ». Mais c'est complètement idiot, parce que Fleurdelys n'a absolument rien réussi. Il n'a fait que lancer un sortilège pour se débarrasser du trop-plein de magie qu'il a emmagasiné parce qu'il n'a aucune expérience. Il n'y aucune raison d'être fière de cela. Et pourtant, pourtant c'est ce que je ressens.

Le bruit du vent qui souffle paisiblement dans les feuilles de l'arbre me fait revenir à moi. Je cligne des yeux et tourne la tête en direction du garçon qui s'est relevé. Je prends alors conscience du silence qui règne entre nous deux. Après la peur de voir le Gryffondor se faire du mal, ma fascination concernant sa magie et la magnifique explosion qu'il a réussi à réaliser, ce silence est presque indécent. Il est anormal. Pourtant, je n'ai aucune envie de le briser. Je crois que je pourrais rester longtemps ainsi, à regarder ce gars qui a l'air épuisé, à observer ce sourire qui étire si naturellement ses lèvres, à écouter paisiblement le son du silence en me remémorant tout ce qu'il vient de se passer. A l'intérieur de mon corps, mon coeur bat lentement mais avec force. Chaque coup palpite jusque dans ma gorge. Je remarque que j'ai les mains moites. Soudainement gênée par ma proximité avec Fleurdelys, j'essuie ces dernières sur ma robe et m'éloigne d'un pas. J'en profite pour aller récupérer ma bottine que j'enfile en sautillant maladroitement.

Je devrais être agacée. Frustrée, peut-être. En tout cas, c'est certain que je ne devrais pas me sentir si apaisée, si calme, si fière, si heureuse. C'est un peu idiot de ressentir tout cela. Je suis venue ici pour une raison bien précise : apprendre un sortilège à Gabryel Fleurdelys. Et finalement, à cause de l'incompréhension de ce dernier et de son manque d'expérience, nous n'avons absolument pas avancé. Absolument pas. C'est pour cela que je devrais être agacée et le lui montrer. Pointer du doigt ses erreurs et lui faire comprendre que la prochaine fois, il a intérêt à mieux comprendre ce que je lui raconte. Parce que c'est tout bonnement impossible que nous continuions l'entraînement maintenant. Je suis assez intelligente pour savoir que ce qu'il vient de se passer aura fatigué le garçon. Ce serait déraisonnable de lancer d'autres sortilèges dans ces conditions et Merlin ! je ne suis pas une enfant déraisonnable.

Je pousse un petit soupir, plonge les mains dans mes poches et me retourne pour faire face à Fleurdelys. Je le toise quelques instants, m'imprégnant de son regard, goûtant la fatigue dans ses yeux, sauvegardant ses traits dans ma mémoire. J'ai conscience que mon visage doit afficher un air fermé et que mon menton dressé doit me donner un air hautain ; j'en ai conscience, c'est la même tête qu'affiche Maman quand elle regarde une personne qui a beaucoup de potentiel.

« J'ai rien sur moi, mais quand tu s'ras rentré dans ta Salle Commune, mange quelque chose. Sucré, hein. »

Dans un coin de ma tête, je me fais la réflexion que pour nos prochaines séances, je ferais mieux d'emporter de quoi grignoter. C'est idiot de ne pas y avoir songé avant, d'ailleurs. C'est l'une des premières choses que m'a appris Maman : la magie fatigue, il faut prendre des forces. Maman se goinfre toujours de brioches, elle.

« C'était... » Je lève les yeux vers le ciel, moi-même surprise de la phrase que je m'apprête à dire. « ... Impressionnant. Mais r'tenir sa magie comme ça... Faut pas faire ça, Fleurdelys, pas à ce point. C'est dangereux. T'sais que la magie a déjà tué plein d'gens, hein ? » Je secoue la tête et lui lance un regard en coin : « On continuera une aut' fois. »

Mon coeur sursaute. Une autre fois. Cela signifie que je vais le revoir. Ici, sous cette cabane dans l'arbre. Je savais déjà que l'on serait mené à nous voir plusieurs fois, mais c'est différent de songer à cela quand je suis en face de lui. Mon estomac se noue étrangement. Crainte ? bonheur ? Qu'en sais-je, moi ? La réponse importe peu. Et si j’ai envie de toucher du bout des doigts l’étrange pierre accrochée au collier que m’a donné le garçon, c’est seulement parce que son poids me dérange.

06 oct. 2020, 23:36
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Le souffle court, l’apprenti sorcier entendait la voix de sa camarade, dont les joues s’étaient parées de rouge. Gabryel ne la trouvait jamais plus belle que dans ces instants durant lesquels elle tentait de masquer ses pensées. Son regard en coin qui ne cherchait en réalité que le sien, tout son corps qu’elle tentait de dompter pour ne pas le laisser exprimer son enthousiasme face à la situation, ses mots choisis sans laisser place au hasard, son émoi masqué d’un pincement de lèvres... Le garçon ne pouvait pas la quitter des yeux. Il aurait pu l’observer des heures durant. Elle était à elle seule toute la magie du Monde, puissante, sans concession. C’est ainsi qu’il la voyait. Que le vent souffle à briser les branches des arbres, ou que les torrents emportent tout sur son passage, Aelle ne lâcherait rien, droite et sans posture. C’était au-delà d’elle même, sa nature profonde s’imposerait coûte que coûte.

Ses muscles le lâchèrent à nouveau. Il tomba sur ses genoux. Le sourire toujours aux lèvres, il finit par s’adosser contre l’herbe. Ainsi allongé sur la mousse, les dernières minutes se reconstituèrent dans sa tête. Le Gryffon avait joué avec le feu en gardant cette puissante énergie dans son corps. Maintenant, tout ses membres se détendaient, ses nerfs se dénouèrent un par un. Il respirait à nouveau. Le sang coagulait normalement. Sa bouche retrouvait le rouge des enfants de son âge. Il était revenu à lui.

- Arya... Tu vvvviens t’assoir un instant avec mmmmoi ? J’ai encore besoin de souffler.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

07 oct. 2020, 13:19
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
« Elle était à elle seule toute la magie du Monde, puissante, sans concession. »
Tes mots me charment ! Heureusement qu’Aelle ne peut entendre les pensées de ton garçon, elle en rougirait avec bien trop de force.


Si je me suis un jour dit que je comprenais ce garçon, qu’il agissait simplement et que ses comportements n’étaient pas plus étranges que ceux d’un autre… Si j’ai un jour pensé que je pouvais prédire ses faits et gestes… C’était un beau mensonge. Je n’en suis absolument pas capable et Fleurdelys me le prouve une énième fois en s’affalant dans l’herbe comme l’enfant épuisé qu’il est. Pendant quelques secondes, je n’ose pas bouger. Mes mots n’étaient pas assez clairs, peut-être ? Il ne doit pas avoir compris que je sous-entendais que la séance était terminée. Et si la séance est terminée, par la barbe de Merlin, pourquoi resterions-nous ici à lambiner ?
Je ne comprends pas ce garçon.

« Arya... Tu vvvviens t’assoir un instant avec mmmmoi ? J’ai encore besoin de souffler. »

Je ne le comprends absolument pas.
Le prénom fait sursauter mon coeur et se répand dans ce dernier une chaleur qui me déstabilise. Je ne pensais pas qu’entendre le prénom de Maman dans la bouche de ce gars me ferait ressentir ce genre de choses. C’est comme une preuve ; une preuve qu’il n’a pas oublié notre première rencontre — *complèt’ment con*. Tout comme le fait de me proposer de venir m'asseoir près de lui. Ne puis-je pas rester à ma place ? Là, debout à quelques mètres de lui, je trouve que je suis bien plus en sécurité que si je m’approche.

Alors pourquoi m’avancé-je d’un pas ? Et d’un second ? Sans même savoir pourquoi, je m'avance jusqu’au garçon et m’assieds près de lui. Pas trop près, non plus. Je laisse un mètre entre lui et moi, au cas où, et je serre mes genoux entre mes bras. Comme si former une boule pouvait empêcher mon coeur de battre trop vite — foutaises ! il n’y a rien qui puisse empêcher ce fichu coeur de s’ébattre. Pour la peine, je coule un regard sombre en direction de Fleurdelys. Tout cela, c’est de sa faute de toute manière.

« T’sais que j’m’appelle pas Arya, hein ? »

Une autre personne que moi aurait eu des tas d’autres trucs à dire, mais pas moi. Je lui ai déjà dit que ce qu’il a fait était impressionnant, et déraisonnable, et idiot, et je lui ai dit que faire pour aller mieux, je n’ai rien d’autre à raconter. Alors je reste silencieuse, le coeur battant, mes dents malmenant mes lèvres, et je regarde le bel horizon tout en gardant un œil que j’espère discret sur Fleurdelys. Peut-être ai-je l’espoir que le regarder me permettra de mieux le comprendre.

13 nov. 2020, 15:20
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Perfect Day

Oh it's such a perfect day
I'm glad I spent it with you
Oh such a perfect day
You just keep me hanging on
You just keep me hanging on
Just a perfect day
Problems all left alone


Le regard perdu dans les nuages, Gabryel fredonnait presque imperceptiblement une vieille chanson moldue du passé. Le présent l'enveloppait comme on passe sur ses épaules un plaid douillet au coin du feu. Aelle près de lui, il reprenait des forces. Elle était cette énergie, il le savait. Il se sentait à sa place. L'herbe sous sa tête crissait à ses tympans, et le vent éparpillait ses cheveux sur son front comme la caresse d'un matin à deux. Le son de sa voix semblait un souffle extirpé de ses poumons après une course effrénée. Aucun bégaiement, juste les mots qui ricochaient sur le silence.

You make me forget myself
I thought I was someone else
Someone good


Le bras tendu sur le sol, sa main chercha celle de la jeune fille. Il s'immobilisa à quelques centimètres de ses doigts et tourna la tête vers elle :

- Je peux ?


Avec une douceur hyperêtre, ses phalanges parcoururent les pas de fourmi qui les séparaient encore. Il posa la paume de sa main sur la sienne. Toute la chaleur de son coeur s'immobilisa à l'endroit précis ou leurs peaux s'effleuraient, vestige d'une magie encore présente dans son corps. Elle était si belle, les yeux perdus dans nulle part. Sa nuque blanche était une rivière gelée sur laquelle ses lèvres se rafraîchiraient. La Terre tournait-elle encore ? Le Monde s'était immobilisé dans un souffle d'éternité. Elle était si belle, était-ce possible ? D'aucun sortilège ne peut découler un aussi joli menton.

Le repousserait-elle ? Quand bien même... Il aurait, du haut de ses douze ans, volé ce moment de douceur, chapardé aux vicissitudes du quotidien, anéanti un instant le trou dans son coeur, étouffé l'angoisse qui le submergeait parfois si brutalement, l'immobilisait. Elle était si belle... Etait-ce ça, la peur ? Un fil qui vous tenait au fragile bonheur d'exister par l'autre.

*Elle était l'Autre*
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 12 févr. 2021, 01:33, modifié 1 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

23 nov. 2020, 17:08
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Puis-je me permettre de répéter, encore une fois, que j'aime très fort tes mots ?

Il fredonne, les yeux perdus dans le ciel. Le regarder ne me permet absolument pas de mieux le comprendre ; plus je l’observe, plus je me rends compte que je ne le connais pas mais que combler mes lacunes me rendrait heureuse. Connaître cette chanson qu’il chantonne doucement, connaître la raison de ce silence, savoir pourquoi il ne répond pas à ma question, pourquoi cela ne me dérange pas outre mesure. Savoir aussi pourquoi il a l’air si serein, là, à se laisser caresser par le vent à côté de moi — pourquoi agit-il comme si j’étais une vieille amie, comme s’il me connaissait déjà par coeur, ou suffisamment du moins pour être à l’aise près de moi alors que tous les Autres me regardent étrangement et me jugent ? Pourquoi est-il heureux, là, alors que tous savent ce que j’ai fait l’an dernier ? Pourquoi est-il si serein, là, alors que j’ai fait quelque chose qui me vaut le mépris de nombre de nos camarades ? Aux côtés de Gabryel Fleurdelys je me rends compte que je ne sais rien du tout et que cela ne me dérange pas.

Libérant mes genoux, je pose les mains dans l’herbe ; j’arrache — difficilement, je l’avoue — mon regard du garçon pour regarder moi aussi la course des nuages. Le silence autour de nous n’est pas un silence. Il y a le vent qui murmure et Fleurdelys qui fredonne. Au loin peuvent s’entendre les vagues qui agitent le lac, discrètes mais présentes, réconfortantes. Je crois que lorsque je me souviendrais de cette journée me reviendra en premier ce moment silencieux à écouter la nature : moi et lui, assis côte à côte comme des amis, à profiter seulement de… De quoi ? *De nous ?*. Quelle connerie. Je ne connais ce gars que depuis quelques semaines. Je n’aime pas du tout penser à lui de cette manière, avec tant de confiance. Comment savoir s’il ne me la fera pas à l’envers ? Comment savoir s’il ne se moque pas de moi ? s’il n’essaie pas de se jouer de moi ? Ce qui me fait le plus peur, et je ne comprends absolument pas pourquoi je ressens cela, c’est le fait d’avoir assez confiance pour répondre : il ne le fera jamais à ces questions. Mais c’est idiot, c’est idiot parce que les Autres cachent toujours leurs réelles intentions.

Malmenée par mes pensées, je n’ai pas fait attention aux faits et gestes du garçon qui pourtant se trouve tout près de moi. Je ne peux que sursauter quand je sens sa peau sur la mienne ; je me tourne vers lui, le coeur à l’envers et les yeux exagérément ouverts. Mon sursaut n’est cependant pas assez violent pour que j'arrache ma main à ses caresses. C’est un sursaut qui me fait rougir avec force et quand mes yeux tombent sur le visage du garçon, je me détourne un vitesse, le coeur voltigeant et faisant n’importe quoi dans mon corps. Et mes pensées s’agitent : que faire, que faire ? arracher ma main ? ne pas bouger ? faire semblant que je n’ai rien vu ni senti, faire comme si je n’avais pas entendu sa question, comme si je n’étais pas là, comme si mon coeur ne battait pas trop vite, comme si je n’avais pas les joues rouges. Dans un flash, je me revois avec Thalia dans cette salle de bains, je revois le baiser que nous avons échangé ; dans une vision tout aussi vive, je vois Fleurdelys la remplacer.
C’est ce qui me décide à réagir.
J’arrache ma main à l'étreinte de l’enfant et porte mon regard aussi loin de lui que je le peux.

« Non, » répondis-je précipitamment, dans un souffle.

Et je cache la victime contre mon ventre. Ma main me brûle, mais pas autant que mes pensées qui n’ont plus aucun rythme logique. Tout à coup, j’ai envie d’être à des millions de kilomètres d’ici pour ne plus avoir à penser : *pourquoi ?*. Pourquoi Gabryel Fleurdelys est-il si différent des Autres ?

Foutues pensées !

« On s’barre ? »

Les mots s’échappent de ma bouche, rauques, effrayés, laborieux. J’ai besoin de retrouver ma vie habituelle, ma vie douloureuse mais sans surprise : le regard des Autres, leurs remarques désobligeantes, mes études, mes lectures, mes recherches, mes pensées habituelles, celles qui ne font pas peur et qui ne m'étonnent pas.

Heureusement que Gabryel est un garçon très patient.

06 déc. 2020, 22:57
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Leurs peaux se séparèrent. Le garçon savait bien que ce moment ne serait pas éternel. Mais son souvenir s’installerait au fond de lui, une tendre pensée lorsque la nuit vient. Il ne voulut pas gêner d’avantage la demoiselle qui exprima son malaise d’une phrase tranchante. Gabryel n’en fut pas offusqué. Rien dans les réactions d’Aelle n’heurtaient jamais l’Écossais. Il savait au fond de lui l’émoi qu’il avait provoqué en elle. Les mots n’avaient de sens que ceux que l’on veut bien leur donner. Le Gryffon avait entendu : « Je ne sais pas encore quoi faire de cette douceur, elle me terrifie ».

L’enfant se releva et rangea sa baguette dans la poche arrière de son pantalon.

- Bonne idée, surtout que j’ai faim maintenant ! Tu viens ?

Il s’engagea sur le chemin, Aelle à ses côtés. Le lac semblait s’étendre jusqu’au ciel. Une nuée d’oiseaux le survola, dessinant à sa surface des tâches sombres et mouvantes. Pendant une ou deux minutes, le silence s’installa. Gabryel le rompit :

- Tu sais, quand j’avais toute cette magie en moi, je ppppercevais les choses qui nous entourent ccccomme des sortes de halos colorés et électriques. Ils se mélangeaient, pour former une tttttoile de peinture abstraite.

Les oiseaux firent demi-tour et disparurent au-delà des tours du château.

- Mais toi, tu avais une couleur différente des autres. C’était vraiment beau.

Fin pour moi sur ces jolies couleurs.
Merci de me permettre d’écrire avec toi...
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 08 déc. 2020, 18:16, modifié 1 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

08 déc. 2020, 12:51
Exultant Lusibus  PV : Aelle Bristyle 
Je me lève à la suite du garçon, heureuse de pouvoir agir — cela me détournera peut-être de la folle course de mon coeur et des sensations étranges que je ressens dans le corps. À vrai dire, je ne comprends guère ces sensations. Je n’ai jamais été aussi intriguée par une autre personne ; sauf avec Charlie et la comparaison n’a rien pour me plaire. Même la première fois que j’ai rencontré Gil’Sayan, mon coeur ne se serrait pas de la sorte et mes entrailles ne se nouaient pas dès qu’elle me regardait — de toute façon, elle ne me regardait pas. Fleurdelys est le premier, à vrai dire, qui m’intrigue moins par son comportement, sa façon de penser et son caractère que par l’effet qu’il a sur moi. C’est déstabilisant. Je déteste être déstabilisée. Mais il faudrait que je sois folle pour que j’en vienne à croire que je déteste Gabryel Fleurdelys.

« Ne mets pas ta baguette dans ta poche arrière, » marmonné-je au garçon en m’engageant près de lui sur le chemin qui nous ramènera à Poudlard.

Je ne fais pas l’effort d’articuler, de lever la voix ou même d’expliquer la raison de ma prise de parole. Je me fous qu’il se crame le derrière avec sa baguette, à vrai dire, mon intervention n’a servit qu’à occuper mes pensées et peut-être aussi remplir le silence qui laisse trop de place à ce qu’il s’est passé là-bas, quand nous étions assis. Ma main me brûle encore de cette intime caresse qu’elle a reçu ; *fichu Fleurdelys*.

Malgré ma gêne, j’écoute avec un intérêt sincère ce qu’il me raconte et sauvegarde ses paroles dans le secret de mon esprit pour pouvoir les noter plus tard dans mon carnet. Je n’ai jamais vécu ce qu’il me décrit, mais cela m’intéresse particulièrement. Je serais presque tentée de retenir ma magie, moi aussi, juste pour pouvoir le vivre. J’allais lui poser plusieurs questions indiscrètes destinées à approfondir le sujet lorsque sa voix…

« Mais toi, tu avais une couleur différente des autres. C’était vraiment beau. »

… me force à lever la tête pour l’observer. J’aurais pu douter de ses paroles, bien entendu. Me dire « pourquoi moi ? », « pourquoi est-ce que j’aurais une couleur différente des autres ? », « pourquoi ce serait beau ? » et poser tout un tas de questions destinées à comprendre pourquoi est-ce qu’il persiste à me faire des compliments (parce que c’était un compliment, n’est-ce pas ?) alors que tous les Autres ne font que m’insulter depuis la rentrée, ou me regarder avec dédain ou pire encore, avec dégoût. Pourquoi ne me juge-t-il pas ? Pourquoi est-ce qu’il ne me punit pas pour ce que j’ai fait ? Pourquoi est-ce qu’il ne se vexe pas quand je dis quelque chose de méchant, que je me montre froide ou que je le repousse sans état-d’âme ? Il ne réagit absolument pas comme il devrait réagir et cela me bouleverse plus que je ne veux l’admettre. Toutes ces questions, je me les pose. Mais je ne doute absolument pas du fait qu’il soit sincère. Je ne sais pas pourquoi. Je sais qu’il pense sincèrement ce qu’il dit. Et c’est là tout le coeur du problème.

Je ravale mes questions et me mure dans un silence qui n’a de désagréable que la couleur de mes pensées. Il est plus prudent de ne rien dire, comme ça il ne sera pas tenté de me dire d’autres choses étranges. Mais j'ai beau avoir peur qu'il prenne la parole, je n'en profite pas moins du moment que je passe avec lui, près de lui, consciente qu'il y a de grandes chances pour que dans une heure ou deux, ou demain peut-être, le garçon se rende compte que je ne suis finalement pas bien digne de son intérêt.

- Fin -


Je crois que c'est terminé !
Merci beaucoup, tu sais tout le bien que je pense de toi, de tes mots, de Gabryel. C'est un plaisir sincère d'écrire avec toi et j'ai hâte de pouvoir recommencer.