La journée de Jennifer avait bien commencé. Son cours de Potion, qui avait duré toute la matinée s'était passé sans accroc. C'était une matière qu'elle appréciée beaucoup. À vrai dire, elle était si studieuse, que toutes les matières lui plaisaient. Pour elle, étudier à Poudlard était un grand honneur, elle se devait d'exceller dans tous ses cours. C'est ce qu'elle s'était promis, à elle, mais également à son père, dont elle faisait la fierté.

Son cours se termina à midi et demi, à la fin de celui-ci, elle se rendit dans sa Salle Commune pour déposer ses affaires et être ainsi tranquille et libre de tout mouvement pour aller manger. Une fois cette tâche effectuée, elle remonta donc les escaliers lui permettant de se rendre dans la Grande Salle, là où avait lieu le repas. Le repas fut calme, Jennifer n'avait pas énormément d'amis au sein de sa maison, des connaissances oui, mais pas de véritables amis. Elle s'installa donc vers des gens qu'elle connaissait de vue, histoire d'avoir un petit semblant de compagnie. Puis une fois le repas servit, tellement affamée, elle s'empiffra de chaque met présent sur la table. Jennifer était grande et fine, malgré toute la nourriture qu'elle pouvait manger, elle gardait une mince silhouette. Le repas finit, elle décida de profiter du temps ensoleillé pour aller finir son livre dehors.

Elle redescendit donc très vite chercher son livre et son châle dans sa chambre et remonta aussi tôt, elle se dépêcher pour ne pas gaspiller une minute de son temps entre des murs alors qu'elle pouvait être dehors. Elle ouvra donc la grande porte qui donnait sur le parc du château. Où allait-elle s'installer aujourd'hui ? Hier, elle était près d'un arbre dans le parc. Elle décida donc de s'enraciner près du Lac Noir pour cette après-midi.

Elle trouva un petit arbuste sur lequel elle allait pouvoir s'appuyer, installa délicatement son châle en laine au sol, son fidèle compagnon d'aventure. À la vue de son état, on pouvait déduire qu'il avait vécu énormément de péripéties avec notre jeune rouquine. En effet, il était légèrement troué à des endroits, sale de terre séchée et de morceaux de feuilles craquantes. Mais Jennifer n'en avait que faire de son état, il était un cadeau de sa défunte mère, c'était donc un objet plus symbolique à ses yeux.

Son petit cocon de lecture en place, elle prit place au sol. Écouta quelques instants les clapotis de l'eau du lac, ainsi que le vent qui soufflait légèrement dans ses cheveux de feu, puis elle s'empressa de prendre son livre et de s'y plonger sans attendre. Elle lisait "Celle qui faisait tomber la neige" d'Amaëlle Nelly. Ce conte permettait à son imagination de voyager et vivre l'aventure à travers le personnage principal. Jennifer adorait les livres d'aventures et d'actions.

Cette histoire déjà commencée la veille, elle ne mit pas longtemps pour la finir. Néanmoins, le soleil rayonnait sur ses joues, elle ne pouvait se résigner à rentrer alors que le temps était parfait pour flâner dehors. Elle posa donc son livre fermé à côté d'elle et décida d'imaginer sa propre héroïne gelant les arbres autour d'elle pour les décorer de stalactites et de filets blancs et argentés. Elle restait assise et observait avec émerveillement chaque détail de nature qui l'entourait.

Rafael avait profité des premiers rayons de soleil pour se rendre dans les Grandes serres de Poudlard. La veille au soir, pendant le dîner, il avait échangé avec sa collègue, Naomi Bergsturm, afin de savoir s’il pouvait faire un tour dans le serres pour voir s’il pouvait trouver certains ingrédients pour les potions qu’il utilisait dans le cadre de son travail à l’infirmerie. Ayant eu un peu de temps en début d’après-midi, le jeune homme s’était rendu dans le bureau de sa collègue mais celle-ci présentait certainement un cours aux élèves et n’était pas disponible. Ayant plusieurs potions en réserve, l’infirmier ne devait pas trouver ces ingrédients immédiatement et décida de revenir voir sa collègue dans le week-end.

N’ayant aucun patient à l’infirmerie ce jour et ayant déjà fait beaucoup d’administratif ce matin-là, le jeune homme décida de ne pas prendre le chemin le plus court pour retrouver son bureau. Il se rapprocha donc du lac et le longea en se perdant dans ses pensées. Il avait encore du mal à s’habituer à ce que Poudlard soit devenu une île, il avait passé sept années dans le parc et il avait gardé en tête que ce n’était pas une île. Depuis son retour cela le rendait toujours aussi perplexe de voir de l’eau à n’importe quel endroit du parc.

Ses pensées ne mirent que très peu de temps avant de dériver et se concentrer sur les raisons pour lesquelles le parc était désormais ce qu’il était et tous les événements qui s’étaient déroulés sur le territoire du Royaume Unis depuis. Tout était bien différent comparé à ses années d’étudiants à Poudlard. Les sorciers n’étaient plus cachés aux yeux des moldus et ces derniers ne les toléraient pas. Un sujet qui avait animé de grands débats dans sa famille. Sa mère, moldue avait du mal à se positionner et devait être beaucoup plus vigilante auprès de ses collègues et des gens qu’elle côtoyait. Elle faisait partie de ceux qui en savaient trop depuis trop longtemps, pour certaines personnes elle était autant, voire plus nuisibles, que les sorciers. Rafael essayait de la rassurer mais il ce n’était pas facile avec le climat actuel.

Le trentenaire secoua la tête et se concentra sur le moment présent, laissant ses problèmes dans un coin de la tête. Il se concentrerait sur cela plus tard, il répondrait à la dernière lettre de sa mère dans le week-end et enverrait sa chouette, Artemis, pour livre sa missive. Il fut étonné de constater qu’il avait parcouru autant de pas depuis qu’il avait quitté les serres du château mais ses jambes connaissaient très bien le chemin et l’avaient mené là où il devait aller. Il aperçut alors près d’un arbre une jeune fille qui semblait, tout comme lui quelques secondes plus tôt, concentrée sur ses pensées. En se rapprochant d’elle, il constata qu’il l’a connaissait, elle était déjà venue à l’infirmerie. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler de la jeune fille mais une fois arrivée à sa hauteur, se rappelant très bien dans quel contexte il l’avait vu, il lui dit:

« Bonjour Miss Coldiron! Comment vous sentez vous depuis votre passage à l’infirmerie? Comment va votre jambe? »

Jennifer, toujours installée sur son châle, inspectait chaque recoin de la nature qui l'entourait ; les brins d'herbe au sol qui étaient légèrement secoués par la douce brise, les clapotis du lacs, les oiseaux commençant à sortir de leur nid et tout autre détail qui pouvait lui passer sous le regard.

Soudain, lorsqu'elle était concentrée sur les branchages de l'arbre sur lequel elle était adossée, les yeux rivés vers le ciel, pouvant ainsi inspecter chaque nervure, chaque bourgeon et chaque feuillage naissant, une ombre s'interposa entre ses joues roses et le soleil. Surprise, elle baissa la tête lorsqu'elle entendit l'ombre se mettre à parler. C'était Mr Mason, l'infirmier de l'école, lui demandant comment allait sa jambe, mais également si elle allait mieux dans la globalité depuis son dernier passage à l'infirmerie.

En effet, trois semaines plutôt elle s'était cassée la jambe lors d'une chute dans les escaliers. Le jeune infirmier n'avait mis que très peu de temps pour la soigner, au grand plaisir de notre jeune rouquine.

« Oh bonjour Monsieur Mason ! Vous m'avez légèrement surprise, j'étais dans mes pensées, je m'en excuse ! notre jeune rouquine savait qu'elle pouvait mettre du temps à réagir lorsqu'elle est perdue dans ses songes. Eh bien, ma jambe va parfaitement bien à vrai dire, on ne penserait pas que j'ai fait une si mauvaise chute il y a quelques jours. Et je ne peux que vous en remercier !

Elle fit une courte pause tout en souriant à l'adulte qui s'était installé devant elle. Elle espérait, à travers ce sourire, lui faire comprendre à quel point elle était reconnaissante. Puis elle reprit :

« En revanche, j'ai souvent mal à la tête, rien de bien méchant, mais je n'avais jamais eu de migraine jusqu'à présent. Vous pensez que ça peut venir de mon léger trauma ? »

Jennifer laissa le temps à l'infirmier d'emmagasiner toutes ses paroles avant qu'il puisse lui donner une réponse à sa dernière question. Elle espérait du fond du cœur que ce ne soit que des effets secondaires de passage, et que dans très peu de temps, tout allait disparaître aussi vite que s'est apparu. Ce n'était vraiment pas agréable pour elle, d'autant plus qu'il lui arrivait parfois, de devoir faire des pauses dans ses lectures, tellement la douleur était forte et insupportable.

Vraiment désolée pour le retard...

Rafael s’était rapproché de la jeune fille à pas feutré et il ne s’était pas rendu compte qu’elle ne l’avait pas remarqué. Elle ne put masquer sa surprise et lorsqu’elle répondit au jeune homme elle lui confirma qu’il l’avait surprise et qu’elle ne l’avait pas entendu approcher. Ce-dernier jeta un rapide coup d’œil à la jambe désormais guérie de la jeune fille. Il n’avait pas fallu très longtemps à l’infirmier pour remettre cette élève sur pied et il était heureux de constater qu’elle semblait aller bien. Miss Coldiron remercia l’infirmier mais elle lui décrivit des nouveaux symptômes qui étaient apparues depuis son passage à l’infirmerie.

Rafael réfléchit à ces symptômes que la jeune fille présentait mais il ne voyait pas trop le rapport entre la raison de sa visite quelques semaines auparavant et les migraines qu’elle décrivait. Il n’avait jamais entendu parler d’effets indésirables de la potion qu’il avait utilisée pour guérir cette élève. Il ferait néanmoins des recherches lorsqu’il repasserait dans son bureau et enverrait un hibou à un ancien collègue médicomage. Dans le but de rassurer sa jeune patiente, Rafael reprit la parole en la regardant:

« C’est donc une bonne chose pour votre jambe, si vous pouvez venir jusqu’ici dans le parc c’est qu’elle n’est plus douloureuse. En revanche pour vos migraines je vais faire quelques recherches et me renseigner auprès d’un collègue, mais cela me semble peu probable que ces deux problèmes soient liés. »

Le trentenaire fit une pause et laissa le temps à la jeune fille d’assimiler ce qu’il venait de lui expliquer. Malgré tout, cette histoire de migraine ne lui plaisait que peu. Ces derniers temps et depuis qu’il était infirmier à Poudlard, il voyait beaucoup de jeunes venir pour ce type de problème, ou bien des insomnies. Ce climat politique mettait les jeunes élèves dans des situations difficiles et il se sentait légèrement impuissant. Il reporta son attention sur la jeune fille et lui demanda plus d’informations sur ces migraines.

« Vos migraines ont commencé il y a trois semaines? Elles surviennent à quel moment de la journée en général? Si elles sont trop importantes, vous devriez passer à mon bureau je pense. »