Un samedi, fin Novembre
Dans le parc, à côté du lac

Julie était assise là depuis près d'une demi-heure maintenant. Elle avait pleuré sans s'arrêter et pourtant, des larmes coulaient encore sur ses joues. Face à elle, la grande étendue de lac aux eaux profondes et noir. Elle était adossée contre un arbre, les jambes ramenées contre elle et sa tête sur ces dernières. Dans sa main gauche, se trouvait la lettre qui lui avait causé tout ce chagrin.

Son grand-père était malade d'un cancer du poumon. Il avait été dépisté une semaine avant le départ de Julie à Poudlard. Cette dernière avait déjà été affligé par cette annonce et le fait qu'elle avait dû partir au château plutôt que de rester près de sa famille. Son entrée au château avait pour cause, été difficile. Elle s'en était petit à petit remise au fil du temps et elle arrivait mieux à prendre du recule sur ce qui s'était passé. Elle avait compris qu'il fallait penser positif et non négatif car, d'une certaine façon elle était plus proche de ses grands-parents en étant à Poudlard qu'en étant chez elle, à Londres. Car oui, ces derniers habitaient dans un petit village de l’Écosse. Pourtant, la lettre que lui avait rapidement envoyée sa mère n'avait que découragé Julie en la lisant, sur tout le bon côté des choses tels que son grand-père allait guérir.

Mais non, dans ce dernier courrier, elle apprenait que le cancer de son grand-père était plus grave que ce qu'il pensait et qu'il devait absolument être opéré. Mais, le type d'opération qu'il devait avoir, avait un pourcentage de chance de survivre des plus minces surtout pour une personne âgée. Et ça, Julie ne le supportait pas. Comment s'amuser et étudier en toute sérénité la magie quand une personne qu'on aime va mourir ? Et, elle avait beau être près de sa famille, elle ne pouvait sortir du château pour leur rendre visite.

Les larmes continuaient de couler sur les joues de la poufsouffle. Elle se sentait impuissante face à cette nouvelle situation.

De plus, son grand-père avait été atteint par ce cancer normalement dédié aux personnes fumeurs alors que lui n'avait jamais touché au tabac.
*Pourquoi ?* Se demanda Julie. *Pourquoi, c'est arrivé à mon grand-père alors que d'autres personnes y échappent ?*

Elle essaya d'essuyer ses larmes avec sa manche mais rien n'y fit. Elles coulaient toujours inondant ses joues. Julie détourna les yeux du lac pour observer le reste du parc. Il y avait des élèves qui se promenaient, jouaient ou discutaient mais, personne à distance suffisamment proche pour la voir. Enfin, normalement... La poufsouffle redétourna son regard pour le rediriger vers le lac. Ce dernier avait d'ailleurs un côté très mystérieux et impénétrable...

Comme depuis le début de l'année, dès qu'elle avait du temps, Milie se promenait dans le parc. Elle aimait flâner, regarder les oiseaux voler, le vent jouer dans les branches. Elle aimait regarder la nature s'animer.

Elle laissa ses pensées dériver, elle aimait ne pas réfléchir lorsqu'elle pensait. Petit à petit, ses pensées s'éloignèrent des cours, puis de Poudlard et de la magie. Ses pensées dérivaient vers sa famille.

Cela faisait seulement un mois que les cours avaient repris mais elle avait hâte de serrer de nouveau sa petite soeur dans ses bras. De plus, elle s'inquiétait pour son père. Elle n'avait pas de nouvelles de lui depuis quelques temps, et la destruction de Sainte-Mangouste ne l'avait pas rassurée. Bien au contraire. Elle espérait qu'il ne faisait pas partie des nombreuses victimes. Elle ne voulait pas perdre, une nouvelle fois, un être à qui elle tenait énormément. La perte de sa grand-mère, quelques années plus tôt, l'avait beaucoup trop affectée. Elle refusait que le même schéma se répète de nouveau, ici, à Poudlard.

Ses pensées dérivèrent alors vers cette période. Sa grand-mère avait toujours été une femme forte, qui ne se plaignait jamais. Mais cette année-là, tout avait été différent. Milie avait été une des premières à le remarquer. La vieille femme qui était pleine de joie de vivre, qui avait toujours un sourire sur le visage et des étoiles dans les yeux était différente. Les étoiles s'étaient éteintes. Son sourire était toujours là mais il était également différent. Comme si la vieille dame souriait par politesse. Milie avait rapidement senti que sa grand-mère était fatiguée. Mais fatiguée de quoi?
Elle qui jouait tout le temps avec sa petite fille, prenait désormais à peine le temps d'en passer avec elle. Et puis il y avait eu ce fameux jour. Ce jour, où la grand-mère de la petite fille devait venir mais qu'elle n'avait jamais passé le seuil de la porte. C'était ce jour-là que les parents de la petite fille avaient compris qu'il y avait un problème. Jamais la vieille dame n'avait été en retard. Jamais elle n'avait manqué une occasion de venir voir sa famille. Ils l'avaient appelé mais elle n'avait jamais répondu. Ils s'étaient alors rendu chez elle mais elle n'y était plus. Simplement un mot disant qu'elle avait dû se rendre d'urgence à l'hôpital. Immédiatement, ils y étaient allés. Mais il était déjà trop tard. On venait de découvrir que la vieille femme avait un cancer du foie. Il était désormais trop tard. Seulement quelques mois plus tard, Milie avait vu sa grand-mère la quitter.

La jeune fille sentit les larmes arriver. Elle s'arrêta alors quelques instants, et respira. Elle regarda ensuite autour d'elle. Elle était près du lac. Non loin d'elle, il y avait un arbre. Elle pourrait aller s'asseoir à côté. Mais lorsqu'elle s'en approcha, elle remarqua qu'il y avait déjà une jeune fille. Elle s'approcha encore et la vit alors s'essuyer les yeux avec sa manche. La jeune fille contre l'arbre était-elle en train de pleurer? Milie se rappela alors qu'elle avait un mouchoir dans sa poche. Elle se rapprocha encore et tendit son mouchoir à la jeune fille.

La profondeur du lac.
Son eau.
Son côté mystérieux.
Tu as le regard perdu en lui.
Il est magnifique. Splendide. Impénétrable.

Alors, tu entends un bruit.
Quelqu'un qui marche.
Qui est-ce ?
Tu ne sais pas.
Probablement un ou une élève.
Les pas se reprochent de plus en plus.
Peut-être la personne t'a-t-elle entendu pleurer ? Ou vue ?
La encore tu ne sais pas.
Tu pourrais tourner la tête pour voir qui c'est.
Mais tu n'y fais rien.
Tu n'en as pas envie.
C'est bien plus simple d'attendre, le regard perdue à l'horizon.
Peut-être cette personne passera-t-elle son chemin en voyant que tu ne réagis pas ?
Peut-être.
Tu l'espères en tout cas.
Ou pas.
Tu ne sais pas.
Tu ne sais plus.
C'est bien trop compliqué.
Alors tu attends.

Après quelques secondes tu voies un mouchoir apparaitre dans ton champ de vision.
Tu hésites puis, tu décides finalement de regarder qui te le tend.
C'est une jeune fille.
Elle est plus grande que toi, probablement une deuxième année.
Tu ne l'as connait pas.
Mais, tu acceptes son mouchoir.

- Merci, lâches-tu timidement en le prenant, la voix faible.

Tu te mouches.
Bruyamment malheureusement.
Tu regardes autour de toi aillant peur que quelqu'un t'ai entendu.
Tu espère d'ailleurs que la deuxième année ne se moque pas.
Mais la honte est pourtant un peu présente en toi.
Tu ne peux l'empêcher d'être là.
Ni de se montrer.
Tes joues rougissent légèrement.
Mais heureusement pour toi, sous les larmes elles ne se voient pas vraiment.

Tu ne sais pas quoi ajouter d'autre désormais.
Les clapotis de l'eau te parviennent.
Devrais-tu dire quelque chose ?
Surement.
Mais quoi ?
Tu ne sais pas.
Alors, tu décides finalement, après quelques secondes, de te présenter.

- Heu... moi c'est Julie...

T'as voie n'est pas sûr.
Elle est timide.
Fragile.
Tu ajoutes alors :

- Et-et toi ?

Tu ne sais vraiment pas quoi dire.
Tu n'es absolument pas douée pour parler avec les personnes que tu ne connais pas.
A chaque fois tu bloques.
Tes mots ne sortent pas, ne franchissent pas la barrière de tes lèvres lorsque tu le souhaite.
Et quand tu ne le veux pas, quand il est préférable de se taire et que tu le veux, c'est là qu'il sortent sans toujours avoir un sens.
Tu bloques sur ce que tu dois dire, sur la façon d'engager la conversation...
Non, il s'envolent juste d'entre tes lèvres pour rejoindre l'air.
Pour s’élancer jusqu'à l'eau froide et noir du lac.
Pour aller nager.
Ou se noyer dans les profondeurs du monde.

Ton nez coule.
C'est très désagréable.
Alors, tu remontes ton bras droit le long de ton visage jusqu'à ce qu'il atteigne ton nez que tu essuies rapidement du revers de la main.
Ce n'est pas très propre mais tu t'en fiches.

La jeune fille qui pleurait accepta le mouchoir de Milie, la remercia et se moucha. Elle se présenta comme étant Julie. Avant de lui demander son nom.
-Moi c'est Milie.

Elle aimerait réconforter la jeune fille mais comment faire alors qu'elle ne connaît pas l'origine des larmes. Est-ce qu'elle peut lui demander? Elle ne voudrait pas paraître trop indiscrète. Mais après tout, Julie devait avoir besoin d'être réconfortée. Et sinon, elle ne dira rien à Milie. Autant demander.
-Je peux te demander la raison de tes larmes?

Pourquoi est-ce que la jeune fille tenait tant à réconforter Julie? Parce qu'elle a, elle-même, souvent pleuré. Et qu'elle aurait aimé avoir quelqu'un à qui se confier. Elle était désormais la personne à qui l'on pouvait se confier, qu'on la connaisse ou non. Lorsqu'elle voyait quelqu'un pleurer elle ne pouvait s'empêcher d'aller le voir, pour essayer de le réconforter. Même si parfois certaines personnes n'acceptaient aucune aide...

Mais comment réagirait la jeune fille en pleurs? Accepterait-elle l'aide ou au contraire la refuserait-elle? Comment Milie pourrait-elle le savoir? Elle n'avais plus qu'à attendre la réponse de la jeune fille.

Elle se rappela alors qu'elle était toujours debout. Elle ne voulait pas s'imposer en s'asseyant à côté de la jeune fille... Mais elle ne voulait pas non plus rester debout, elle avait l'impression d'être trop grande. Elle demanda donc:
-Est-ce que je peux m'asseoir ou ça te dérange?

Milie avait bien senti que Julie était timide. Lorsqu'on écoutait sa voix on entendait la timidité. Mais Milie n'allait pas lui reprocher. Elle était elle-aussi une grande timide. Et même si petit à petit, celle-ci s'atténuait, elle restait toujours là. Par moment, elle s'éloignait mais elle finissait toujours par revenir. Milie continuait d'espérer qu'elle finirait par s'éloigner pour toujours un beau jour. Mais, plus le temps passait et plus elle comprenait qu'il y avait peu de chances que ce jour arrive.

Mais, pour le moment, elle ne devait pas penser à elle, seulement à la jeune fille et à la raison de ses larmes. Avait-elle reçu une mauvaise nouvelle de ses parents? S'était-elle disputé avec ses amis à Poudlard? En réfléchissant à pourquoi la jeune fille pleurait, Milie se rendit compte qu'il y avait énormément de possibilités? Est-ce qu'elle pourrait aider la jeune fille dans tous les cas? Ou est-ce qu'elle serait obligée de lui dire qu'elle ne savait pas comment pour arrêter le flux de ses larmes? Milie avait-elle proposé son aide trop tôt? Elle espérait que non, et que la jeune fille pourrait compter sur elle. Elle ne voulait vraiment pas avoir à lui dire qu'elle ne savait pas comment l'aider. Même si souvent seul le temps était un bon remède.

La jeune fille se présente.
Elle s'appelle Milie.
*Très beau prénom !* Penses-tu.
Elle te demande alors la raison de tes larmes.
Tu ne sais pas trop quoi répondre.
Lui faire confiance ?
Pourquoi pas.
Elle semble être gentil et juste vouloir t'aider.
Il n'y avait pas de moquerie dans sa voix.

Peut-être Milie a-t-elle sentit ton hésitation car elle te demande si elle peut s'asseoir.
Tu réponds rapidement.

- Bien sûr ! Dis-tu timidement.

Tu te décales légèrement sur le côté pour lui laisser la place de s'asseoir.
Tu respires un cout avant de lui dire.

- C'est... commences-tu timidement. C'est que mon grand-père a un cancer et...

Tu inspires.
Tu expires.
Et tu continues.

- Et c'est plus grave que ce qu'ils pensaient et... et il va devoir être greffé...

Tes larmes recommencent à couler.
Tu les essuies rapidement avec ta manches.
Tu ne sais pas qu'elle va être la réaction de Milie.
Alors tu attends.
Tu attends, le regard perdu dans les eaux du lac.

Des questions te remontent à la tête.
Pourquoi es-tu une sorcière ?
Qu'est-ce qui t'a permis de l'être ? Et non pas d'être comme ton père, moldu.
Comment se fait-il que les sorciers soient, jusque là, si bien cachés aux yeux des moldus ?
Ils utilisaient la magie en toute logique mais...
Et pourquoi ne peuvent-ils pas vivre en harmonie ? S'entraider.
Tu ne sais pas.
Toutes ces questions se mélangent entres elles.
Elles s'entremêlent.
Elles forment de nouvelles.
Toujours plus.
Encore et encore.
C'est tant de question que tu avais enfouie pour le remettre à plus tard.
Et qui ressortent là.
Pourquoi ?
Tu ne sais pas non plus.
C'est comme ça.
Des mondes si différents mais qui ont pourtant des ressemblance.
Et des différences aussi.

Tes pensées dérivent sur ta vie d'avant.
Sur celle où tu étais une petite fille insouciante.
Qui vivait heureuse avec sa famille est ses amis.
Pourtant, tu te sentais tout de même différentes.
Quelque chose de pas pareil.
Maintenant que tu es là, tu te doutes bien que c'est parce que tu es sorcière.
Que ces différences sont dues à ce monde.
A ces capacités magiques que tu apprends à utiliser chaque jours un peu plus.

Alors, tu prends conscience que tu n'y es pas.
A la place, il y a Milie à côté de toi.
Tu relèves rapidement ta tête.
Et tu te frottes les yeux avec tes mains pour te sortir de tes pensées.
Tu espères qu'elle ne sait pas trop demandé se qui c'est passé.
Ce moment de silence.
Tu regardes ta montre.
Tu te rends alors compte que peu de temps c'est écoulé lorsque tu étais perdue dans tes pensées.
Seulement elles étaient nombreuses.

Tu te tournes vers Milie.
Et tu lui sourit timidement.

Comme Julie n'était pas gênée par le fait que Milie veuille s'asseoir à côté d'elle, la jeune fille s'effectua. Elle se sentait déjà un peu plus à l'aise pour réconforter la jeune fille.
Celle-ci lui révéla alors la raison de ses larmes. Son grand-père était malade, d'un cancer. Milie comprit alors immédiatement la peine de Julie.
Des émotions qu'elle croyait avoir enfoui au plus profond d'elle-même remontèrent. Elle se revit petite fille, au chevet de sa grand-mère. Dans son monde de petite fille, sa grand-mère ne pouvait pas partir, elle avait espéré durant des jours, des mois, jusqu'au dernier jour. Ce jour où les yeux de sa grand-mère ne s'étaient jamais ouverts.
Milie comprenait donc parfaitement à quel point cela pouvait être dur. Et encore plus, si cela était plus grave que les médecins ne l'avaient d'abord annoncé. De plus, la jeune fille devait avoir envie d'être auprès de son grand-père, mais avec les cours, il était impossible de lui rendre visite. Milie se demanda alors ce qu'elle pouvait bien dire à la jeune fille.
Milie se rendit alors compte qu'elle avait un peu été perdue dans ses pensées, et n'avait toujours rien à la jeune fille. Elle la regarda alors, et vit qu'elle sortait également de ses pensées avant de lui sourire. Milie lui rendit donc son sourire. Elle lui dit ensuite:
-Je sais que c'est difficile. Ma grand-mère a été malade. Mais tu dois faire confiance aux médecins, ils feront tout leur possible. Et même, si tu ne peux pas être auprès de ton grand-père, si tu penses à lui dès que tu peux, alors ce sera comme si tu étais auprès de lui. Tu peux lui envoyer des lettres aussi. Tu sais, on peut rendre heureux les gens même sans les voir...
Au fur et à mesure qu'elle parlait, Milie avait senti les larmes monter de nouveau. Elle s'était don arrêté de parler. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas fondre en larmes devant la jeune fille qui n'allait pas bien. Cela aurait été purement égoïste. Sans même qu'elle s'en rende compte, ses yeux se levèrent vers le ciel, elle n'était pas croyante, mais lorsqu'elle pensa à sa grand-mère, elle regardait toujours le ciel. Comme si sa grand-mère la regardait depuis les nuages.
La jeune fille pensa alors "Est-ce que tu me vois Mamie? Est-ce que es fière de moi, où tu es? Tu ne dois sûrement pas comprendre toute cette histoire de magie. Parfois, moi non plus. Tu me manques, Mamie. Parfois, j'aimerais t'envoyer une lettre, mais je ne peux pas. Alors je parle aux étoiles, en espérant que tu m'entendes."
Pour la deuxième fois, en quelques minutes, Milie se rappela la présence de Julie à ses côtés, elle espérait ne pas avoir parlé à voix haute, la jeune fille n'aurait sûrement pas compris.

Milie te sourit en retour.
Et elle te répond.
Elle aussi a eu sa grand-mère malade.
Elle te dis de faire confiance aux médecins.
Tu veux bien.
Mais c'est compliqué.
Compliqué de savoir que la vie d'un proche, d'une personne qui compte à tes yeux est entre les mains de médecins.
Pourtant tu le sais.
Il faut leurs faire confiance.
C'est leur travail.
Et penser à lui ?
C'est ce que tu fais chaque jour.
Enfin presque.
Tu t'en veux à cette pensée.
Et lui envoyer des lettres peut être une bonne idée.
Tu y penses souvent mais il y a tant de choses à faire à Poudlard.
Malgré tout, tu cases cette belle idée dans un coin de ta tête.
Et tu te promets de la faire au plus vite.

Mais alors, au fur et à mesure que Milie parle, tu sens qu'il y a quelque chose.
Tu n'arrives pas à savoir quoi.
Tu te retournes donc vers la Gryffondor.
Et quelques secondes tu crois comprendre.
Pourtant tu en es si peu sûr.
Pense-t-elle à sa grand-mère à ce moment là ?
Tu ne sais pas si elle n'est plus de ce monde ou malade comme ton grand-père mais tu comprends, à ce moment là, le chagrin qu'elle peut ressentir.

C'est si étrange.
Tu voudrais la soutenir.
Les rôles se sont comme inversés.
Pourtant, tu ne sais absolument pas quoi faire.
Ou quoi dire.
Tu as beau réfléchir.
Aucune solution ou réponse.
Rien que le vide de ton cerveau.
Alors tu ne fais qu'une chose.
Une chose que tu sais si bien faire.
Attendre.
Attendre en silence.
Elle en a sûrement besoin.
D'un moment pour elle.
Sans toi.

Tu profites donc de ce moment pour laisser aussi cour à tes propres pensées.
Pour penser aux moment que tu as passée avec lui.
Elles dérivent vers toutes ses vacances passées chez lui et ta grand-mère.
Des journées à courir dans les champs et la forêts, à grimper dans les arbres...
Mais aussi des soirées à regarder les étoiles et le ciel en sa compagnie.
Tu sais qu'il aime tant l'astronomie.
Mais aussi qu'il n'a pas put travailler dans ce domaine et que c'est un plaisir pour lui de te transmettre sa passion.
Et pour toi également.
Mais tu sais que c'était peut-être la dernière fois.
Bien sûr, tu espères de tout cœur le contraire.

Tu reviens alors à la réalité.
Au moment présent.
Milie semble aussi sortir de ses pensées.
Te tournes vers.
Tu lui fais un sourire timide.
Mais alors, tu te rends compte que tu n'as pas répondu à la Gryffondor.
Pour ses mots de soutiens qui lui on peut-être ravivé de mauvais souvenir.

- Merci, lui dis-tu doucement.

Tu fais une pause.

- Merci de me soutenir alors qu'on ne se connait pas, ajoutes-tu.

Milie comprend rapidement que Julie a comprit que le sujet de sa grand-mère était sensible. Il se passe alors un moment de silence où les deux jeunes filles sont perdus dans leurs pensées. Milie en train de réfléchir si sa grand-mère veille actuellement sur elle. Julie peut-être à se rappeler des moments passés avec son grand-père. Ou peut-être à essayer de savoir ce qu'il se passe pour lui à ce moment. Comment savoir? Elle n'est pas dans la tête de la jeune fille.
La jeune fille la remercie alors de la soutenir alors que les deux jeunes filles ne se connaissent pas.
-C'est normal, je n'allais pas te laisser pleurer toute seule.
Milie se souvient alors qu'elle avait pris l'habitude de faire quelque chose lorsque sa grand-mère était à l'hôpital. Mais quelle était cette habitude?
Comment la jeune fille occupait ses journée?
Mais oui! Elle travaillait sa flûte! Sa grand-mère avait été la personne qui avait le plus soutenu Milie pendant ses débuts à la flûte. Et la petite fille avait pris l'habitude de travailler son instrument plusieurs heures par jour, car elle pensait que c'était en arrivant à jouer qu'elle allait sauver sa grand-mère. Et dès qu'elle rendait visite à la vieille dame, elle lui jouait quelque chose. Ce ne devait sûrement pas être très beau mais cela faisait plaisir autant à sa grand-mère qu'à elle, et le principal était là. Rendre le sourire à la vielle femme qui n'avait plus d'étoiles dans les yeux.
Milie dit alors à Julie:
-Je ne sais pas du tout si tu avais une activité que tu avais l'habitude mais tu peux continuer de la faire et lui raconter par lettre. Ou lui envoyer si c'est quelque chose qui peut s'envoyer.Et tu ne dois pas t'en vouloir de ne pas penser à lui ou de rigoler avec tes amis. Je pense qu'il serait plus heureux de voir un sourire sur ton visage que des larmes. Tu ne crois pas?
Milie espère que cela redonne le sourire à la jeune fille. Elle comprend tout à fait, que lorsqu'on risque de perdre un proche, on ait pas envie de s'amuser, ou de paraître heureux. Mais cela ne sauvera pas la personne de pleurer...
Quand elle y réfléchit, Milie se rend compte que c'est en pleurant et en se refermant sur elle que ses dernières années d'école moldue ont été un vrai enfer pour elle. Sa grand-mère avait essayé de lui confier le soleil qu'elle avait en elle mais Milie avait voulu rester dans la nuit. Et lorsqu'elle avait enfin accepté ce soleil, les Autres avaient essayé de l'étendre. Mais ici, à Poudlard, il pouvait de nouveau rayonner.

Tu écoutes les paroles de Milie.

Puis, un moment de Silence s'installe.
Il est là.
Présent entre vous deux.
Tu aimes vraiment ça.
Il t’apaise.
Il te calme.
Et Il te manque parfois à Poudlard.
Comme Il t'a manqué parfois à Londres, dans la ville en bruit.
Le Silence.
Tu t'en es rapproché depuis ton arrivé.
C'est le seul que tu connaisses dans ce nouveau monde.
Le seul que tu connais depuis toujours.
Le seul avec qui tu aimes vivre depuis ton enfance.
Il est là.
Partout où tu vas.
Enfin presque...

La Gryffondor te ramène dans le présent.
Elle te propose de continuer une activité que tu avais avant d'arriver à Poudlard.
De la lui raconter, la lui partager.
Puis elle te dit que tu n'as pas à t'en vouloir.
Il préférerait te voir sourire.
*Oui surement...*
Tu essayeras d'y penser lorsque Tristesse passera sur ton visage.
Dans ton âme.
Dans ton cœur.

Tu laisses tes pensées dériver sur son idée.
Qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? Lui partager...
Les livres ?
Ce n'est pas ce qui lui plait le plus mais peut-être pourrait-il y trouver un peu de réconfort.
Tu n'en es pas vraiment sûr.
Il n'est pas très littéraire.
Mais trouveras-tu un jour quelque chose dans l'immense bibliothèque du château qui puisse lui apporter un peu de bonheur ?
Peut-être...

Une seule activité.
L'Astronomie.
Il aime ça.
Tout autant que toi voir même plus.
Mais il n'a pas eu la chance d'y consacrer son métier.
Alors, il t'a partagé sa Passion.
Son Amour.
Peut-être pourrais-tu trouver une façon de continuer à partager cette Passion commune.
Oui, tu dois y réfléchir...

- C'est vraie, réponds-tu à Milie. Je vais réfléchir à une façon de continuer à partager de belles choses avec lui...

En y pensant, il y autre chose que tu aimerais lui partager.
Poudlard.
Poudlard et tout ce qui l'entour.
La Magie, tes journée et tes rencontres.
Malheureusement, tu ne sais pas si tu peux.
Si tu en as le droit.
C'est un moldu.

Moldu.
Un mot que tu as encore parfois du mal à utiliser.
Pour toi, c'est ta famille.
Tes proches.
Ceux que tu aimes.
Peut-être Milie aura-t-elle la réponse ?
Peut-être...

- Heu... commences-tu. Peut-on parler de cette partie du monde à des... moldus ?

Tu n'es pas sûr que ta phrase soit claire.
Précise.
Alors tu ajoutes :

- Enfin, s'ils savent déjà que les sorciers existent...

Peut-être n'est-ce toujours pas très claire.
Tu aimerais tellement parler de tes journées à ton grand-père.
Qu'il découvre un peu dans quoi tu vis, grandis et évolues.
Avant qu'il meurt.
*Non !*
Ce n'est pas le cas.
Pas encore.
Tu enfouies cette idée au plus profond de toi.

Milie est heureuse d'avoir trouvée une idée qui réconforte un peu la jeune fille. Elle se rend compte que c'était assez facile pour elle, avec sa grand-mère. Cela lui avait paru tellement naturel de toujours jouer un morceau pour sa grand-mère. C'était encore ce qui arrivait parfois, elle espérait que sa grand-mère pouvait l'entendre. Ce n'était sûrement pas le cas mais cela faisait du bien parfois, de se dire que ceux qui ne sont plus là continue de nous entendre.
Julie lui demanda alors si c'était autorisé de parler des sorciers aux moldus. À des moldus qui connaissaient déjà l'existence des sorciers.
-Je ne sais pas, s'ils sont au courant, sûrement...
C'étaient une question que Milie ne s'était jamais posée. Elle oubliait souvent sa "différence". Elle était humaine, le principal était là. Et puis cela n'empêchait pas de vivre ou d'aimer.
Alors pourquoi des moldus s'en prenaient-ils aux sorciers? Parce qu'ils avaient peur?
Mais cette question pouvait aussi se poser dans l'autre sens.
Pourquoi des sorciers s'en prenaient-ils aux moldus? Parce qu'ils n'avaient pas de pouvoir? Mais parfois ces pouvoirs étaient un fardeau.
Mais Milie comprenait totalement la jeune fille qui voulait parler de tout ça à sa famille. Surtout si elle était la seule sorcière. Poudlard était tellement un nouveau monde. Mais c'était un beau monde. Un monde remplie de magie, de nouvelles découvertes, d'endroits secrets, de nouvelles personnes à rencontrer. Il y avait toujours quelque chose à faire. On ne pouvait jamais s'ennuyer. Alors, forcément, il y avait un moment où on souhaite partager tout ça avec sa famille. Mais que faire s'ils sont moldus? Leu parler de tout ça à nos risques et périls? Ou continuer de tout garder pour soi? Mais parfois il faut essayer, il faut savoir prendre des risques.
-Je ne sais pas ce qu'ils savent exactement. Juste que les sorciers existent ou aussi que tu en es une? Je pense réellement que s'ils sont au courant et que tu as envie de leur en parler tu peux. Ils sont ta famille, tu devrais pouvoir leur faire confiance n'est-ce pas?
Milie savait parfaitement que tout le monde ne pouvait pas faire confiance à sa famille. Elle savait qu'elle avait de la chance, que ses parents étaient compréhensifs et qu'ils ne la jugeraient jamais quoi qu'il se passe, quoi qu'elle fasse. Elle resterait toujours leur fille. Mais est-ce qu'elle donnerait la même confiance à son grand-père? Elle l'aimait beaucoup, lui faisait confiance mais elle n'était pas sûre qu'il l'accepte peu importe ce qu'elle soit. Il valait sûrement mieux pour elle qu'elle soit une petite fille sage avec de bonnes notes, une fille considérée normale. Mais est-ce qu'elle était suffisamment normale pour lui?