Quelques secondes s'écoulent.
Tu te tournes doucement vers Milie pour voir son visage.
Elle semble ne pas trop savoir quoi répondre.
C'est p't-être débile comme question...
Mais tu n'as pas trop le temps de t'attarder sur cette réflexion.
La Gryffondor te répond.
Surement...

Tu comprends qu'elle ne sache pas forcément.
Peut-être ne s'est-elle jamais posée la question ?
Vit-elle qu'avec des sorciers ?
Peut-être...

Tu laisses le Silence reprendre place.
Tu Le laisses s'étendre dans toute sa longueur.
Dans tout sa profondeur.
Tu n'as pas besoin de parler.
De le briser.

Un peu plus loin, en contrebat, le très léger clapotis de l'eau contre la berge du lac.
Quelques infimes remous.
Des allers.
Des retours.
Doucement.
C'est beau...
Oui, très.

Et puis des Mots.
Tu détournes ton regard du lac.
Pour être plus attentive aux paroles de Milie.
Tu écoutes chacun de ses Mots.
Un par un.
Ils le savent ?
Oui...
Ils ont bien dut se douter que papa et avec une sorcière...
Et qu'il a donné naissance à une sorcière...
A quelqu'un de différent.

Mais qu'elle est réellement la différence entre moldus et sorciers ?
Les pouvoirs ?
Oui seulement.
Ça ne fait pas des uns ou des autres des êtres supérieurs.
Vous êtes tous humains.
Et c'est ce qui compte à tes yeux.

Alors, tu expliques à la Gryffondor :

- En fait, y que ma mère qui est une sorcière...

En prononçant ses Mots, tu penses à tes 'grands-parents'.
Tu ne les connais pas.
Qui sont-ils ?
Des moldus ?
Des sorciers ?

- Et heu... reprends-tu, j'penses que mes grands-parents le savaient plus ou moins que leur fils était avec une sorcière... Et puis, ils l'ont sus que j'en était une aussi et que j'irais dans une école pour sorciers... Mais, heu, j'sais pas vraiment leurs points de vue sur le sujet... On en a jamais plus parlé que ça...

Tu fais une pause.
Tu reprends ton souffle un coup.
Puis, tu continues :

- Après, j'pense que j'peux leurs faire confiance... Ils ne nous trahirons pas...

J'pense...
Là est l'éventuel problème.
Tu ne leurs à jamais demandé.

- Mais, ajoutes-tu, c'est que même si j'parler avec ma mère, j'ai toujours grandi comme une moldu malgré des différences que je ressentais et puis, c'est parfois délicat sur certains sujets avec elle...

C'est alors, que tu te rends compte d'une chose.
Tu as dévoilé ainsi ta vie.
Ce n'est pourtant pas vraiment dans tes habitudes.
Jamais tu ne parles ainsi, si ouvertement de toi, de ta famille, de ton passé...
Mais ça fait du bien...
Pouvoir parler avec quelqu'un fait aussi du bien.
Sortir un peu du Silence.
De la Solitude.
T'ouvrir aux Autres.
Aller un peu plus loin...

La jeune fille te précise que seule sa mère est une sorcière. Et qu'elle pense que ses grands-parents sont au courant de leur différence. Et puis qu'elle ne pense pas qu'ils la trahiront. Elle t'avoue ensuite qu'elle n'a jamais réellement parlé de tout ça avec sa mère, qu'elle a même du mal à parler de certains sujets avec elle. A la façon dont elle termine sa phrase, tu comprends qu'elle n'en avait jamais parlé auparavant. Peut-être que cela la gène de dévoiler tout cela. Tu essaies alors de la rassurer:
-Il n'y a que toi qui puisse savoir si tu peux faire confiance ou non à tes grands-parents. Mais si tu ressens le besoin de leur en parler, je ne pense pas que tu doives hésiter trop longtemps. Quant à ta mère...
Tu ne sais pas trop quoi rajouter, tu voudrais la rassurer, lui dire que ce n'est pas grave, et qu'elle peut t'en parler si elle le veut mais tu ne sais pas comment formuler tout ça. Tu essaies alors quelque chose: Ce n'est pas grave que tu ne sois pas proche d'elle, ni même que tu n'aies jamais parlé avec elle du fait que vous soyez toutes les deux des sorcières. Il est vrai que c'est embêtant que tu ne puisses en parler à personne qui ne te comprend réellement lorsque tu es chez toi. Mais, peut-être que tu devrais essayer de lui en parler? A moins que ce ne soit vraiment un sujet dont elle ne veut pas entendre parler.
Tu te souviens alors du jour où ton père t'a parlé pour tes pouvoirs. Cela faisait longtemps que tu te doutais de quelque chose mais tu n'avais jamais pensé que ce serait aussi important. Tu te souviens aussi de la réponse de ton père quand tu lui avais demandé pourquoi il ne t'en avait jamais parlé avant. Il voulait simplement attendre que tu soies assez grande pour comprendre tout ce que cela impliquait. Peut-être que la mère de Julie pense la même chose, qu'elle n'a simplement pas vu grandir sa fille. Ou peut-être que c'est quelque chose de bien plus compliqué que tu ne peux deviner. Il ne faut pas que tu oublies que chaque personne et sa famille est différente, qu'on ne peut pas comparer. Et que c'est toutes ces différences qui font la beauté du monde. Que c'est parce que tous les humains ne sont pas des sorciers que le monde est si beau. Même si cela rend les choses plus compliqué parfois... voir même souvent.
Tu te surprends alors à penser ce que pourrait dire ta mère si elle apprenait que tu es une sorcière, que son mari aussi et qu'il y a de fortes chances pour que ce soit également le cas de sa seconde fille. Tu espères qu'elle l'accepterait mais tu ne peux savoir.

Les paroles de la jeune fille te réconfortent.
Ses mots apaisants.
Ton cœur se réchauffe légèrement.
Peut-être parler un peu ne serait-ce pas une si mauvaise idée ?
Elle s'est toujours refermé quand vos conversations tournées trop vers sa famille.
Mais là, elle ne peut plus éviter que tu lui poses des questions sur la magie.
Pour être heureuse, il faut aussi connaitre un peu plus le monde dans lequel on vit.
Tu as apprit par toi même depuis début Septembre, mais quoi de mieux qu'une conversation ?

C'est bon.
Tu es décidée.
Tu lui en parleras la prochaine fois que tu l'as verra.
A moins que... Par lettre ?
Oui. Tu as besoin de réponses. Maintenant.

- M-merci... J'pense que le mieux s'rait que j'lui écrive... Marre d'attendre...

Tu ne dis rien d'autre.
Juste attendre dans le Silence environnant.
Le clapotis du lac à l'horizon.
Le bruissement des feuilles dans le vent.
Une question se posent dans ton Esprit.
Que pourrais-je lui dire ? Comment ?
Un trou. Profond. Noir.
Jamais tu n'as pensé parler de ça à elle.
Alors tu ne sais pas comment lui dire, lui demander, l'écrire.
Mais p't-être j'aurais l'temps plus tard ? J'trouverais mieux les mots à la lumière des Étoiles ? Ou dans le calme de la salle commune de Poufsouffle, la nuit ? P't-être...

Une feuilles te tombent alors sur tes cheveux.
Une des dernières de l'arbre en cet fin d'automne.
De l'auburn à l'ocre jaune. Voyageant entre les teintes.
Tu la retire nonchalamment de ta tête.
Elle poursuit sa course jusqu'au sol où elle rejoint les autres feuilles.
Si libre.
Si légère.
Sans poids sur les épaules.

- J'crois que j'ai vais y aller...

Tes Pensées sortent toutes seules.
Tu ne souhaites même pas en faire part à qui que ce soit sans y avoir réfléchit plus.
Mais c'est trop tard.
Elle volent quelques instants dans les airs.
Puis elles se perdent à l'horizon.

Paroles prononcées, autant les exécuter.
Mais souhaites-tu vraiment partir ?
Oui.
Non.
D'une part cette lettre, ces questions ne peuvent plus attendre.
Un flou total qui, peut-être, peut être comblé par une simple réponse de ta mère.
Mais de l'autre, ce soutiens offert par Milie que tu ne souhaites pas briser.
Ce réconfort apporté, pour partir en fin de compte ? Oui.
Mais j'devrais bien partir au bout d'un moment...
Peut pas toujours rester là.

Alors tu te lèves.
Doucement, tes fesses se décollant de l'herbe.
Tu retires les éventuelles saletés collées à ces dernières.
Puis, tu pars. Sans réfléchir.
Avant de regretter ta décision.
Mais tu ne peux pas partir comme ça après ce que la Rouge t'a offert.
Tant de soutiens et de réconfort dans ce moment si difficile à traverser alors qu'elle ne te connait même pas.
Ainsi, à quelques mètres de l'arbre où vous étiez assises, tu te retournes.

- Merci ! Lances-tu. Merci beaucoup...

Une larmes pointes le bout de son nez à l’angle intérieur de ton œil droit.
Tu l'essuies rapidement avant qu'elle ne tombe.
De tout cœur, tu espères que Milie comprenne le sens de ce Merci.

Elle te remercie, tu avait peur de ne pas avoir trouvé les bons mots mais il faut croire que si. Tant mieux. En réponse, tu lui souris. Tu es heureuse d'avoir pu lui être utile. Tu es heureuse que ses larmes ne coulent plus, du moins pour l'instant.
Puis le silence vous englobe à nouveau, toi qui ne le supportais pas il y a quelques temps, tu te surprends à l'apprécier. Le bruit du vent dans les arbres, et les rires au loin forment une musique, une mélodie qu'on n'oserait troubler avec des mots.
Quand Julie en prononce alors quelques uns, tu te tournes vers elle. Elle te dit qu'elle devrait partir. Tu comprends, vous ne pouvez rester indéfiniment assises contre l'arbre. Elle se lève alors, puis part. Quelques secondes plus tard, elle se retourne et te remercie encore une fois. Tu comprends alors que tu lui as sûrement plus aidé que tu ne le penses. Tu lui souris tout en lui disant:
-De rien, c'est normal.
Tu te retrouves alors seule. Tes pensées se tournent de nouveau vers ta grand-mère. Désormais, lorsque tu penses à elle, elle te manque mais ce n'est plus aussi douloureux qu'avant. Tu voudrais simplement pouvoir lui parler et lui confier tout ce que tu as sur le coeur. Mais tu as aussi tes amis. Toutes ces personnes que tu as rencontré et que tu apprécies tant. Ils ne remplacent pas ta grand-mère, et tu ne veux pas qu'ils la remplacent. Mais ils sont là pour toi.
Tes pensées divaguent ensuite sur ta soeur, comment va-t-elle? Et ton père, tu aimerais avoir de ses nouvelles, savoir s'il va bien, tu aurais préféré ne jamais apprendre pour l'attaque à Sainte Mangouste, tu te serais sûrement bien moins inquiéter. Mais c'est comme ça. Tu n'as plus qu'à attendre des nouvelles de ta famille. Tu pourrais leur envoyer une lettre d'ailleurs. Peut-être qu'eux aussi attendent de tes nouvelles.
Soudain, tu frissonnes. Lorsque tu sors de tes pensées, tu remarques que le parc s'est vidé. Il ne reste plus grand monde. Il commence à se faire tard, et le peu de chaleur qu'il restait en cette fin de Novembre est partie. Tu devrais rentrer toi aussi. Alors tu te lèves et tu te diriges lentement vers le château. Malgré que tu me marches, tu n'arrives plus à te réchauffer, tu accélères alors le pas afin de pouvoir rapidement te mettre au chaud. De plus, l'heure du repas ne doit plus être bien loin, tu pourras aussi te réchauffer en mangeant. Il faudra ensuite que tu fasses tes devoirs. Il ne faut pas que tu prennes du retard. Tes études restent importantes.

Merci beaucoup à toi pour cette Danse, j'ai beaucoup apprécier la faire avec toi. J'espère que nos chemins se croiseront de nouveau.