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25 mai 2020, 11:56
Les Ombres de la Lune  privé 
Nuit.
Mi-Mai.


Elle courait dans les couloirs.
Insomnie ne la quittait plus. Elle avait longuement parlé avec elle, avait appris à l’apprécier et à la connaître.
Insomnie la visitait tous les soirs.
Alors elles veillaient devant les étoiles, en silence, les paupières lourdes et l’esprit embrumé de poussières de sommeil. Elles avaient conscience de la présence de l’une et de l’autre.
Mais elles ne parlaient pas.
Le silence était plus fort que n’importe quelles paroles.

Mais ce soir, il n’y avait pas d’étoile.
Ce soir, Insomnie était furieuse.
Insomnie vomissait sur elle un flot d’injures, la noyant dans un flot de pensées qui la torturaient et la cognaient.
Insomnie la poursuivait dans le Néant des couloirs, emplis d’une obscurité épaisse et lourde, la faisant suffoquer.
Elle s’écroula sur le sol de pierre.
Elle se blottit dans un coin contre le Mur, le suppliant de la soutenir comme le ferait une condamnée à mort devant le bourreau.
Elle plaqua ses mains sur ses yeux pour ne plus voir.

On se serait cru au commencement du monde.
Les comètes de ses pensées brûlaient la rétine de ses yeux.
Les lueurs des flammes faisaient rougeoyer les pierres brutes des murs.
Et le silence.
Un Silence presque parfait. Seulement teinté de grondements et de roulis.

C’est dans ce Silence le plus parfait qu’elle sortit dans le parc.
Des nuées de chauve-souris volaient en zigzaguant dans le ciel obscure, taches foncées se détachant à peine sur La Chapelle d’onyx du ciel.

Tout semblait avoir été englouti par une vague de ciel. Les étoiles avaient sombré tout au fond de l’eau, si loin qu’il était impossible de savoir quand elles allaient revenir.
Si seulement elles revenaient.

Après la chaude journée passée, le Lac semblait dormir paresseusement, fatigué d’avoir joué avec des centaines d’élèves aspirant à se rafraîchir sous un soleil de plomb.
Elle l’avait évité le Lac.
Et maintenant qu’elle était seule, face à lui, ils pouvaient de nouveau parler.

Les douces arabesques nimbées de ténèbres s’enroulaient avec le vent.
Parfois, un clapotis plus puissant se faisait entendre, signe que quelque bulles avaient crevé la surface sombre de l’eau.
Elle ne dansait plus, l’eau.

Tout semblait immobile, comme figé dans la noirceur du ciel.
Même les vols de chauve-souris ne parvenaient pas à faire frémir l’air de leurs ailes fines.
Les Nuages s’amoncelaient dans le ciel d’encre, couverture duveteuse recouvrant le monde d’ombres difformes et arrondies.

Elle devait pas être là. Pas à cette heure.
Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher, de sortir pour respirer après les brûlures du Soleil.
Elle avait enlevé ses chaussures pour ne pas faire de bruit et à présent, elle savourait les picotements parcourant son corps.
L’herbe était humide sous ses orteils glacés, le vent était chargé d’une odeur piquante comme la mer et surtout, Silence gouvernait la Nuit fermement.

Il semblait inébranlable, majestueux, sur son trône d’obscurité
Invisible aussi, mais on pouvait pourtant sentir sa présence partout.
Elle s’approcha d’un arbre robuste aux contours déchiquetés, les branches tendues vers le ciel comme une supplique.
Une prière au Silence.

Elle caressa le tronc rugueux sous ses mains.
Puis elle s’étire au maximum, sur la poigne des pieds, ses mains agrippant l’écorce sèche et des pieds cherchant des appuis.
Elle glissa souvent.
Elle chuta sans abandonner.
A chaque fois l’impact de son corps était étouffé par des fougères épaisses, entourant l’arbre.

Des milliers de secondes s'écoulèrent avant qu'elle n'arrive au sommet de l’arbre.
Elle contempla le Lac, embrasé de la noirceur du ciel, tanguant doucement au rythme du vent.
Elle tourna son visage vers le ciel, infini de noirceur, vide d’étoiles, se mouvant doucement par les courants d’airs brassés des chauves souris.
Elle respira une obscurité qui envahit ses poumons et la fit sombrer.

Tout était si beau.
Tout était si calme.
Elle aurait voulu que tout resta ainsi à jamais.
Noyé.
Dans le Noir.


@Phénicia Greene le titre risque de changer...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

26 mai 2020, 22:39
Les Ombres de la Lune  privé 
"Souffle"
Le sien était court.
Elle haletait. Pourtant Elle ne faisait rien sauf être assise en constatant ses failles.
Les foutus nuages. Toujours leur faute. Ils masquaient les étoiles. Ils dérobaient son oxygène. Comment rencontrerait-Elle le sommeil maintenant ? A quel niveau d'indifférence en était-Elle pour trouver ses cauchemars moins effrayants que la réalité ? Les racines de sa douleur s'entendaient dans tout son être pour la réduire au néant. Qu'Elle redevienne poussière. En surface seule une délicate fleur constellée de pétales restait visible. C'était cela le Masque. C'était cela de ne pas vouloir blesser les autres.

Enfermée dans son dortoir, enfermée dans sa prison, Ténèbre courait et se rapprochait.
Qu'est-ce que l'espoir face à l'oubli ? L'oubli des rêves, l'oubli de la vie, l'oubli de soi.
Ses faiblesses la mettaient à nu et la poignardaient silencieusement.
Un rayon de Lune combattant vaillamment l'encre du ciel se posa au pied de la Fille.
Du bout des doigts, Elle l'effleura, le caressa. Puis, il s'envola. L'Ombre reprit ses droits sur cette Nuit.
Ses poumons vides se rétractaient dans l'étau de sa cage thoracique.
Le vide, le rien, l'absence, ils la faisaient sombrer.
La date fatidique la narguait et ses entrailles s'emmêlaient en un joyeux casse-tête.

Trop s'en était trop. Elle tambourina contre la fenêtre et partit.
Ses pieds contre le sol froid claquaient bruyamment et sa vision devenait floue.
Elle sentait la lame froide de Ténèbre contre sa gorge. Elle respirait sa fin apeurée.
La porte de sortie apparut et la Fille se jeta de l'autre côté.
Comme si cet aménagement séparait deux dimensions.
En face, la sécurité étroite d'un immense château. Là, la dangereuse liberté d'une Nuit sombre et impitoyable.

Les cailloux amortirent sa chute.
Ses genoux écorchés soulageaient les bleus de son âme. La douleur physique lui permettait de s'évader des pressions psychiques. De voler encore un peu dans un ciel sans problèmes, dans un ciel étoilé...
Ses jambes, reliées à son corps, firent un pas, puis un autre.
La course contre la montre débutait. La grande horloge du Temps au-dessus de sa tête lui apparaissait presque séduisante.

Le Lac, Elle le voyait Courant jusqu'à la rive, rive de ses larmes. Elle dérivait dans sa barque solitaire et coulait. Elle tomba à genoux les mains dans l'eau glacée.
Inspirant profondément l'air gelé Elle se brûla. Ses poumons contestaient et s'enflammaient. Elle inspira donc de nouveau. Encore une brûlure.
Sa tempête de cheveux roux masquait son visage ravagé, préservant son intimité.
Dans le secret du noir et des effluves de ses peurs, Elle se libéra.
L'oxygène accumulé s'échappa.
Un unique cri de douleur jaillit de sa bouche ouverte. Se répercutant dans le parc endormit, les oiseaux s'évadèrent. Ils découvraient à leur tour l'angoisse et l'horreur.

Les violent sanglots ballottaient inlassablement le faible réceptacle qu'était son corps.
Cette pluie-du-corps. Quel mystère. Pourquoi de l'eau salée ? Vraiment ridicule. Mais Elle n'y pouvait rien. Comme à son habitude. Rien, Elle ne pouvait jamais rien y faire.
Pourquoi s'infligeait-Elle cela ? Parce que sa faiblesse l'empêchait de lutter contre une autorité supérieure et une tristesse qui terrassait la sienne pour l'obliger à se prosterner et à s'abattre plus encore.
Ses mains s'emmêlaient dans ses mèches ardentes en tirant dessus sauvagement. Une deuxième plainte s'éleva, plus faible. La Fille acceptait sa défaite.

Lorsque la centième larme embrassa la terre humide, elle apparut.
Son Reflet. Voilà ce qu'Elle pensa. Dans le miroir du Grand Lac, une Fille, perchée dans un arbre.
D'apparence relativement banale. Seule cette lueur dans ses yeux trahissait une singularité unique.
Elle décelait cette tristesse noyée dans un vas et vient d'aléas trop nombreux.
Elle était comme une étoile happée par les vagues. Ce soir, elle se noyait.
Du moins, tel était la vision que la Fille avait de cette inconnue.

Les larmes cessèrent. Son Reflet dura.
Purée qu'elle était brisée, mais purée qu'elle était belle.
La brise cuisante dans son corps et son sang tiède ruisselant entre les pierres
Elle s'était trouvée. Elle, son Reflet.

@Alison Morrow aucuns soucis pour le titre. Sinon j'espère que ça te convient.

Ne pas mentionner d’année Rp.
Edmund n'est pas un elfe libre

30 mai 2020, 15:21
Les Ombres de la Lune  privé 


Tout était si calme, si Silencieux.
Comme au matin du monde, lorsque le soleil n'a pas encore l'autorité suffisante pour dresser ses rayons de feu face aux nouveaux habitants de ce petit astéroïde nommé Terre.
Les Nuages s’amoncelaient toujours plus rapidement dans le Ciel, en une couverture lourde qui pesait sur ses épaules.
Elle attendait l'Orage.

*Un bruit.*
Sa tête se tourna vivement sur la droite, aux aguets.
Un prof? Un préfet? Un animal? Un fantôme?
Elle s'en foutait pas mal, abritée par les branches de son arbre noir, comme calciné par le Silence.

Puis un éclair roux, si on pouvait en juger malgré les Ténèbres occupant tout, se précipita sous ses yeux.
Feu-follet de la Nuit, les pieds fouettant le sol avec rapidité, le floutant, une forme courait.
Elle se jeta face au Lac, enfouissant ses mais dans l'eau, brisant le Silence.
Puis elle se mit à hurler de toutes ses forces, un cri inhumain, si puissant qu'elle le sentit vibrer au fond d'elle.
*Elle a quoi pour gueuler comme ça?*

Elle la regarde de son arbre, assise, dominant l'autre de toute sa hauteur.
Les branches s'enroulent autour de son corps, l'empêchant de tomber lorsqu'elle se pencha pour essayer de distinguer un visage.
L'autre s'est calmée.

Elle distinguait à présent le Lac.
Des ronds noirs roulaient à sa surface, lents, étranges.
Ils absorbaient les derniers lambeaux de ce cri qui avait ébranlé Silence.
*Elle a pas intérêt à avoir réveillé tout l'château.*

Une plainte de nouveau.
Comme un chant de mort.
Les Oiseaux s'étaient enfuis face à cet être ravageant le Silence de ses larmes.
Elles scintillaient, d'ailleurs, dégoulinant sur son visage et retombant dans l'eau en une pluie d'argent.

*Argent?*
Elle eut beau scruter le paysage de ses yeux écarquillés, le souffle court, à la recherche d'une lueur, la voute du ciel ne lui renvoya qu'un miroir terne et embrumé de Noir.
La Lune était cachée par des énormes nuages doux comme la soie mais avalant sans discernement le Lac comme la silhouette déchirée du château.

L'autre a arrêté de se lamenter.
Elle s'est tue, comme fascinée par un reflet dans le Lac.
Peut-être le baiser de la Terre et du Ciel, noyé dans les ténèbres.
Elle tourna la tête vers son arbre.
*M'a pas vue.*

Mais les Ombres devenaient agressives.
Les filaments de Nuages glissaient entre ses doigts, s'infiltraient dans son corps, l'étouffant de leurs froides vapeurs.
Les griffes s'agrippaient à nouveau à ses chevilles, la tirent vers le bas, la forçant à quitter le refuge du ciel et des Songes.
*Cassez-vous ! *

Pour peu, elle laisserait les larmes dévaler son visage comme l' autre.
Pour peu elle s'enfuierait, loin, toujours plus haut dans son arbre jusqu'à chuter de son coin de paradis.
Il brûlait, ce paradis.

D'ombres noires et effilochées, messagères de la lune, aux yeux ardents et aux corps calcinés.
Elles envahissant tout, noyant le Lac et la silhouette déchirée du château dans leur obscurité sirupeuse.

Le rêve était devenu cauchemar.
Les Songes étaient devenus poussières.
Tout disparaissait devant ses yeux fouillant le néant à la recherche de la lumière, illusions sans cesse brisées sur le sol en un tintement sourd, englouti par le Silence.
Il était devenu leur serviteur, Silence.
On peut pas lutter contre cette union, laissant les marques noirâtres et invisibles dans les pensées. Indélébiles.

*Indélébiles?*
*Débiles.*
*Débile, Idiote, Incapable, Traître, Faible, Lâche, Stupide, Impure, Anorm... STOP ! *


Les Ombres tournaient en une Danse infinie. Elle ne finirait pas seule,cette Danse.
Elles se rapprochaient.
Encore.
Toujours plus près.
Toujours plus froides.
Toujours plus douloureuses.
Yeux qui brûlent.

*Où est la Lumière ? *
Elles allaient l'anéantir.
Elles allaient la cogner.
Souffle qui se fige.

*J'ai b'soin d'la Lumière! *
Elles allaient pas pardonner.
Elles allaient...
Elles allaient pas...
Cœur qui s'emballe.

*Où est cette putain d'Lumière ?*

Ses doigts s'accrochent à sa baguette.
Les Ombres sont là, murmurant au creux de son oreille.


"Lumos Maxima !"


@Phénicia Greene :
Plume, tes Mots sont parfaits. Juste, laisse toi guider, n'aie pas peur de les écrire.
A toute Plume qui lit cette Danse, ces Mots te sont destinés également.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

10 juin 2020, 12:18
Les Ombres de la Lune  privé 
"Néant"
A première vue, il semblait sombre et repoussant.
La Fille l'avait fui durant d'interminables éternités...
Seulement, il s'avérait être un séduisant compagnon de voyage.
Elle décida donc de lui abandonner son âme et de marcher dans son Ombre...

Le souffle inanimé du vent bridait la surface du grand miroir.
Le doux clapotis marquait les irrégulières secondes comme un métronome détraqué.
Malgré cet espoir de percer le silence, l'eau n'y parvint pas.
Les gouttes de la noirceur suffocante s'écoulaient dans les corps trop calmes.

Le silence bourdonnait et criait.
Rien en lui ne pouvait apaiser qui que ce soit.
*Belle arnaque*

Il vrillait les tympans et se baladait impunément dans les feux d'artifice de ses pensées.
Explosant en de morbides teintes de rouge et de noir.
*Fichu silence !*

Le cri menaçait de sortir. Il grattait au fond de sa gorge et tournait comme un lion en cage.
Non. Elle ne hurlerait pas sa peine. Elle ne hurlerait plus sa peine. Jamais.
Il fallait rester droite et souriante. Forte et aimable.
Elle savait tout ça. Mais elle n'en pouvait plus.

Les rires ensorceleurs et les joies puissantes.
Ces innombrables amitiés, reliées d'un lien supposé et invisible, mais inébranlable.
Toute cette lumière irradiait à longueur de journée dans les couloirs pourtant étouffant du château.
Ce bonheur la transperçait doucement, plantant les aiguilles glacées de l'interdit dans sa chair déjà à vif.

La Lune, la Solitaire, son Souffle.
Ses rayons venaient former une échelle, une sortie de secours.
La Nuit, elle s'élevait par-delà la fumée des incendies la consumant.
Ce soir, l'opaque noirceur lui faisait comprendre qu'elle abusait de ce rêve.
La Fille souffrait donc, dans l'acceptation de la sentence.

L'esprit noyé dans le Lac, elle se fascinait du Reflet.
Elle contemplait les gestes de cette Unique perchée dans l'arbre.
Pourquoi s'émerveillait-elle tant pour une simple illusion nocturne ?
*Dis-moi, qui es-tu ?*

Comme l'un de ces nombreux oiseaux apeurés, le songe se perdit.
Dilué dans les flaques de Ténèbres.
Cette pluie sombre remplissait l'âme de la Fille comme pour combler un vide trop grand.
Menaçant de déborder, son réceptacle craqua.
Les perles argentées roulèrent de nouveau, crevant cette fois, la surface irrégulière du Miroir froid.

Se penchant toujours plus dangereusement au-dessus de l'onde, le fond l'attirait.
Quels mystères y avaient ils ? Là où personnes ne vient, là où seules les larmes détiennent le savoir ?
Son coeur sursaute !
Le Reflet bouge, il se cramponne. A quoi ? La branche ? La vie ? Les Ombres...

L'éclair vola, traversant la pénombre.
Une étoile filante ! Même derrière la frontière du noir elle l'aperçut.
Il était beau et charmeur.
Comme un premier amour de printemps.
Puis la lueur finit par mourir au bord de ses larmes...

Elle voulait sentir la vie courir en elle.
Profiter des facettes et des éclats de couleur...
Même si cela lui était impossible. Encore un pas, puis un autre.
Ses orteils rencontrèrent la bordure coupante du Miroir.

Finalement, tout son corps embrassa l'eau glacée.
Le contact la fit frissonner, sa peau créait des vaguelettes et l'Ombre dessinait des motifs sur sa robe.
Le poids de sa douleur l'entraînait vers les abysses.
Dans le noir, elle ne voyait plus que la surface floue.

Les poumons en feu, elle se délectait de cette doucereuse caresse.
Le sourire aux lèvres, elle scella ses paupières.
Elle laisserait les griffes du fluide l'envelopper et l'épauler jusqu'à sa fin.
L'esprit ivre et givré, la Fille cessa de rêver.
*C'est juste comme s'endormir, non ?*

Seulement, cet espoir singulier, cette étoile perdue continuait de danser dans sa tête.
Ouvrant les yeux en catastrophe elle fit un voeu :
*J'veux vivre !*

Les bulles d'air éclatèrent en surface.
La gorge brûlante, elle se perdait.
Avec l'énergie du désespoir, elle s'agrippa aux flots et remonta.

L'air affluait, il rentrait trop rapidement, mais au moins, il remplaçait momentanément les Ténèbres.
A bout de forces, elle s'abandonna aux vaguelettes.
Le souffle lui revient.

La Fille s'échoua sur la berge, comme une météorite perdue sur une planète inconnue.
Tournant la tête sur sa droite, elle sentit le sol froid contre sa joue humide.
L'arbre s'offrit à sa vue.
Ce Reflet aussi.

Il n'était plus question de frontière ou de Miroir.
Plus besoin de mentir.
La noirceur oppressante continuait de la faire suffoquer.
Mais peu lui importait.

Attrapant sa baguette, elle la dirigea vers les cieux, le néant.
Et dans un souffle : "Lumos maxima !" qu'elle lâcha à son tour.
Puis le froid l'emporta dans un voyage à durée indéterminée...
Epuisée et Stupide


@Alison Morrow merci, tu étais l'inspiration qu'il me manquait. Et tes Mots si justes font sortir les miens. ^^ Ma Plume prend plaisir à Danser avec la tienne.

Ne pas mentionner d’année Rp.
Edmund n'est pas un elfe libre

12 juin 2020, 18:17
Les Ombres de la Lune  privé 
Image


Les branches la retenaient.
Elles ne voulaient pas qu'elle s'élance vers cette autre.
La fille du Néant s'approchait de l'ondée. Elle s'y enfonça un instant, long interminable.
Et elle ne pouvait pas se détacher des derniers roulis des vagues s'effaçant sur le Lac.
La lune était à nouveau pleine et pure sur l'eau.
Mais la tête creva de nouveau la surface, repoussant les rayons célestes, se tirant sur la berge, emportant dans son sillage les larmes de l'Astre nocturne.

Finalement, l'autre se mit à contempler le ciel.
Peut-être qu'elle pleurait.
Peut-être qu'elle regrettait.
Peut-être qu'elle avait mal.
*Elle se repentit.*

Les prières à la Lune et au ciel nocturne faisaient partie des plus belles et des plus sincères. La Lune forçait l'admiration et les confessions.
Elle aimait se confesser à l'Astre, si proche qu'on pouvait l'effleurer du doigt, si loin qu'on ne pouvait jamais l'entendre totalement.
Seul des bribes de mots parvenaient à l'oreille des poètes et des artistes, qui s'élançaient alors sur une piste, de papier ou de bois, qui dansaient encore, sous son œil bienveillant, qui jouaient et plongeaient dans ses reflets glissant sur la Terre.

Mais l'autre invoqua Lumière.
Lumière emplit tout l'espace, d'un coup.
Puis elle s'éteignit brusquement, la laissant un instant hébétée, des halos entourant encore tout le parc.
L'autre bougeait pas, raide sur le sol.
*Morte?*

S'arrachant à regret aux bras de son arbre, elle descendit, ses pieds crissant sur les galets de la berge.
Tout était noyé par un rayon de Lune, faisant voir le château à un lieu oublié, dévoilé uniquement par les poussières dansant dans l'éclat lunaire.

Encore deux pas. Un. Elle y était.
Face à l'autre.
La dominant de toute sa petite hauteur.
Ses cheveux flottaient dans un brin de vent aussi léger qu'un premier baiser, et ses yeux verts tentaient sans succès de voir le visage de la fille.
Rousse, à présent, c'était sûr.
Les cheveux s'étendaient comme une couronne de flammes atténués par la lune autour d'un visage plutôt fin.

On dirait un Ange.
*Les Anges ça gueule pas comme ça.*
Les Anges peuvent avoir mal.
*Les Anges c'est pas blessé.*
Pourquoi blessé?
*Elle a mal. Sa peau est bleue. Bleu Douleur.*
Réchauffe-la. Elle a froid.
*Les Anges sont Immatériels.*
Si tu la touches, tu verras.
*Tu penses qu'elle est tombée?*
D'où?
*D'la Lune.*
On peut pas tomber de la Lune, Enfant.
*P'tête que si.
Enfant stupide. Les Hommes ne volent pas.*
*Si, les hommes peuvent voler. Ils peuvent voler puisqu'ils tombent. Et l'autre là... C'est un Ange.*
Tu disais que les anges n'existaient pas.

C'était vrai.
Elle l'avait pensé.
Elle s'en était même persuadée. Pourtant, un air sur le visage devant elle, à-demi noyé dans l'ombre la faisait réfléchir.
*Elle est un Ange.*
*C'est juste qu'elle est...
*Une Ange déchue.*


S'asseyant à-côté de l'Ange, elle étira ses jambes devant elle, puis laissa son regard voguer sur les flots d'encre du Lac.

"T'es une Ange, hein? C'est comment la Lune?"

@Phénicia Greene

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

05 août 2020, 15:44
Les Ombres de la Lune  privé 
“Bleu”
La couleur dominait la nuit sombre.
Presque noir dans le ciel éteint.
Néant qui embrasse le lac.
Leurs teintes se fondaient, se mélangeaient dans une danse langoureuse.
Seul un éclat de Lune, lancé désinvoltement sur l’eau entre deux clapotis, permettait de dissocier les éléments.

La Fille aussi épousait le camaïeu bleuté.
Bleus sur le corps.
Bleus à l’âme.
Lèvres bleues.
Le froid venait l’étreindre dans une cage de frissons et de tremblements sans cesse plus violents.
Et ses mèches flamboyantes ne réchauffaient que la vue des amoureux de l’automne.
Son blizzard ne faiblissait pas.

Puis la brise sauvage s’invita au ballet du soir.
Elle courait dans les branches et laissait les brins d’herbe bruisser sur son passage.
Son souffle lécha l’épiderme humide du corps sur la berge avant d’achever son improvisation sur le Miroir.
Onde qui s’agite.
Feuilles qui flottent dangereusement.
Quelques vaguelettes moururent sur les galets.
Qu’en penses-tu ?
*Je crois que c’est beau.*
Pourquoi pas...
*Comment ça ? Ce n’est pas la bonne réponse ? Explique-toi ! ...*
Non. La réponse t’appartient et tu dois trouver celle qui te correspond.
*Dans ce cas, je trouve ça beau. C’est froid et ça m’fait mal. Mais c’est beau.*

Un craquement.
Une respiration.
La silhouette de l’Ombre, cette autre perchée dans l’arbre, elle glissait le long du tronc jusqu’à ce que...
*Non !*
*Tu peux pas descendre !*
*J’veux pas que tu me vois comme ça. Pas après m’avoir offert un peu de Lumière.*

...ses pieds touchent le sol tapissé de pierres.
Cette présence délaissait la cage de branches qui l’avait accueilli avec une surprenante facilité !
Ou du moins en apparence.

Toutes sortes de pensées tentaient de se frayer un passage dans l’esprit de l’Enfant déjà bien trop encombré.
Les illusions de l’obscurité n’aidaient pas.
L’air poisseux emplit de ténèbres remplaçait petit à petit l’oxygène dans ses poumons pour recommencer à l’étouffer. Encore.
Sans parler des effluves qui falsifiaient allègrement ses sens, la laissant dans un état d’ivresse un peu second.

A mesure que l’inconnue se rapprochait le coeur se débattait.
Il voulait s’éveiller. Éclore.
Regard alerte.
Battements de paupières.
Quand cette inconnue se laissa tomber à ses côtés, un sursaut imperceptible voyagea le long de l’enveloppe inerte.
Une poignée de Temps s’écoula dans le silence.
Les oiseaux s’étaient tu désormais et l’oppressante Nuit régnait de nouveau.
Assise sur son trône de Néant, coiffée d’une couronne de nuages.
L’obscurité reprenait son souffle...

Le château endormi et les bois ensommeillés se doutaient-ils de ce qu’il se déroulait actuellement ?
Se doutaient-ils de la curieuse rencontre qu’il s’y faisait ?
*Peut-être ou peut-être pas.*
Le vent choisi pour Elle d’éloigner les boucles rousses de son visage, et ainsi de lui dégager la vue.

Maintenant, Elle parvenait à distinguer sa voisine.
Une fille.
*Elle est belle...*
Absorbée par sa contemplation, la Fille remarqua à peine le regard dédaigneux que Ténèbre lui jetait.
Les griffes acérées de Ténèbre n’atteindraient pas sa chair. Plus ce soir.
Là, Elle était en sécurité.
Auprès de cette personne qu'Elle avait confondue avec son propre Reflet.

Dans le trouble du Miroir,
Dans l’atmosphère du soir,
La Fille s’était laissé choir,
Sur la rive du désespoir...


Les yeux bleus, eux aussi, de l’Enfant stagnaient sur les lèvres de l’inconnue.
Qui ne tardèrent pas à se mettre en mouvement.
Une phrase étrange s’en échappa.
*Un ange ?*
Ces êtres ailés représentatifs du bien.
*S’ils ont des ailes, ils peuvent voler.*
*Et s’ils peuvent voler alors ils sont libres.*
Et... ?
*Moi je vole pas...*
Si seulement Elle avait la chance d’un jour s’envoler, Elle partirait loin.
Elle irait habiter une étoile !
Un allé sans retour. Sans regrets.
Un rêve et rien de plus.
La Fille se redressa en position assise et grogna de douleur.
Peu lui importait, mais : "Excuse-moi, mais je ne suis pas un ange. Je suis Moi. Enfin, j’essaie."

Ensuite, la question qui la laissait perplexe.
Elle ne savait pas exactement quoi penser de la Lune.
Après, Elle ne lui avait jamais parlé. Il le faudrait.
La contempler avait toujours amplement suffi à la fasciner.
L’Astre réussissait à faire vibrer l’âme des artistes.
À faire vaciller la plume du Poète.
Et surtout, à faire douter le lendemain : "La Lune, c’est beau et ça m’aide à respirer. Mais la Lune c’est un peu trop loin. Tu crois pouvoir la toucher, puis elle te file entre les doigts..."

Soupir de regret las.
Interrogation.
Elle voulait connaître l’identité de son interlocutrice.
Curiosité la tenait en haleine : "Et toi ? Es-tu Toi ?" souffla-t-elle timidement.
L’Enfant enserra ses bras autour de sa poitrine pour retenir ses tremblements et mordit avidement dans sa lèvre inférieure.
Pas de douleur... Forcément.
Son menton se releva permettant à sa vue de contempler du Vide.

@Alison Morrow Désolée du retard Plume. Je passe par boubou te faire un coucou. :blush:

Ne pas mentionner d’année Rp.
Edmund n'est pas un elfe libre

17 août 2020, 10:11
Les Ombres de la Lune  privé 
Plume, le début de cette danse est un Poème qui m’est venu lors d’une de mes nuits où le sommeil ne voulait pas venir. Je l’ai retrouvé et l´est jugé cruellement approprié à cette Danse. J’espere qu’il te plaira.

Le ciel, le ciel est océan
Et elle ne peut que perdre son temps
À imaginer ses nébuleuses
Dansantes au milieu d’étoiles creuses.

Le ciel, le ciel est désert
Et elle ne peut s’y soustraire,
À cet Immense piqueté de sable blanc
Qui roule dans tout le firmament.

Le ciel, le ciel est volcan
Et elle ne peut qu’observer ce Grand
Répandre des panaches de fumée
Sur les arbres abandonnés.

Le ciel, le ciel est noir
Et elle ne peut que sentir l’air frais du soir,
Observant de l’autre le désespoir chamarré
Voguer au fil des secondes éclatées.

Le ciel, le ciel est Elle
Et elle ne peut que se mirer, belle
Dans son reflet poli et lointain
De plus en plus évanescent au matin.


Sauf que ce n’était pas le matin.
Le Lac ondoyait, renvoyant en des milliards de reflets déformés les petites étoiles, les explosant contre des vaguelettes, les enveloppant dans ses bras gracieux, les berçant au rythme des vents, les plongeant dans ses abîmes de ténèbres pour éclairer son ventre sombre.

L’autre à côté tremblait.
Elle aurait bien voulu la réchauffer, mais elle n’avait rien pour cela. Ses vêtements étaient restés à l’intérieur alors qu’elle courrait vers l’abandon du soir.
Ses lèvres étaient elles aussi parcourues de frisson, et étrangement en accord avec la couleur dominante.
Bleu.
Et les cheveux roux, voletant délicatement autour de son visage.
Elle se plaisait assez à la détailler, s’accroupissant lentement, penchant la tête légèrement, ses cheveux lors coulant sur ses épaules.
Les yeux de l’autre étaient parfaitement en accord avec ses lèvres. Mais en plus...Profonds. Profonds comme l’océan.

"Excuse-moi, mais je ne suis pas un ange. Je suis Moi. Enfin, j’essaie."

Etait-elle déçue ?
Absolument pas.
Elle était simplement intéressée, parmi de légères brumes de sommeil cherchant à l’endormir.
Et elle ne voulait pas leur succomber, aux rêves. Ils allaient devenir comme le ciel, bleu, la noyer dans leur étreinte, lui mettre la tête sous l’eau et l’entraîner dans leurs abysses.
Elle voulait pas se retrouver aspirée comme les étoiles.

"La Lune, c’est beau et ça m’aide à respirer. Mais la Lune c’est un peu trop loin. Tu crois pouvoir la toucher, puis elle te file entre les doigts..."

Elle sourit, tourna son regard vers l’Immaculée.
Ne rencontre que le Néant.
Grimaça.
Elle se cachait sous les nuages, la belle endormie.

Haussant les épaules, elle tourna légèrement la tête vers l’Ange-pas-Ange.
Sa question résonna un instant en elle, se répercutant tel un écho impitoyable entre ses os.

Es-tu Toi ?
Es-tu Toi ?

Es-tu Toi ?

Es-tu Toi ?

Es-tu Toi ?



« Je pense que j’suis moi. Pas tout le temps. Parfois j’avouerais être les autres. Mais j’aimerais bien être une étoile. C’est beau. C’est petit. C’est discret. Et ça parle à la Lune. »

Elle détourna les yeux, cherchant à compter les Innombrables.
Si ça se trouve, il y en avait une qui rêvait d’être comme les autres. Plus brillante, plus belle, plus forte.
T’es bête. Ça rêve pas les étoiles.
*T’en. Sais. Strictement. Rien.*

Elle soupira en plissant les lèvres.

« Mais j’parie qu’au fond, les étoiles aussi ont leurs problèmes.»

* P’tete pour ça qu’elles résolvent pas les nôtres. Elles ont pas le temps.*
*...*
*Ou elles s’en foutent.*
Dernière modification par Alison Morrow le 24 oct. 2020, 17:52, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

14 oct. 2020, 16:43
Les Ombres de la Lune  privé 
Plume, ce poème est magnifique. D'ailleurs, cela te gênerait-il de le passer à quatre mains ? Je meurs d'envie d'en écrire un morceau...

Le ciel, le ciel loin
Et elle ne peut qu'attendre le lendemain
Contemplant l'horizon sans fin
De l'Empyrée divin.

Le ciel, le ciel est espoir
Et elle ne peut que s'y voir
Divaguer dans les relents d'espoir
Balancés au gré des départs.

Le ciel, le ciel est tonnerre
Et elle ne peut que s'y complaire
Quand le beau Néant vocifère
Avalant les doutes et les colères.

Le ciel, le ciel s'enfarge
Et elle ne peut qu'admirer l'orage
Elle qui jubjote dans les nuages
Pour rejoindre les blandices de son mirage.


Ces douces illusions qui sugéraient mollement une seconde baignade.
Celles-là même qui résonnaient en accouphènes durant des semaines avant de s'en aller, mais jamais complètement.
Comme les étoiles.
Elles nous faisaient croire qu'elles disparaissaient, avalées par les profondeurs de la Voûte, alors qu'elles étaient toujours présentes.
En simple partie de cache-cache avec un nuage et notre âme.

La Bleue commençait à s'aclimater au froid mordant qui tétanisait ses membres.
Elle tenta d'abord de remuer ses orteils engourdis, puis ses jambes pour enfin se redresser en grognant.
Elle ramena ses genoux serrés contre sa poitrine et enserra ses bras autour.

Ses yeux roulèrerent doucement vers la Nuit, avant de se perdre dans l'Infinité du Néant.
*Orion, Cassiopée, Orion, ...*
L'Enfant partait à la chasse aux constellations, pour compléter un collection déjà débordante.
Et si les astres refusaient obstinement de se montrer, elle dessinait dans son imagination leurs tracés.
*Etoile, étoile filante...*

« Je pense que j’suis moi. Pas tout le temps. Parfois j’avouerais être les autres. Mais j’aimerai bien être une étoile. C’est beau. C’est petit. C’est discret. Et ça parle à la Lune. »
Le Reflet-réelle la ramena sur Terre, à la brise mordante et clapotis mystérieux.
Elle ne voulait pas être une étoile, car sinon, comment pouvoir encore les admirer ? Non, non, elle voulait habiter une étoile.
Sensiblement différent. Mais, tant qu'elle pouvait communiquer avec les Astres et la Nuit, elle ne faisait pas la difficile.

Un soupir lui échappa, et elle croisa les doigts pour que sa voisine ne l'ait pas entendu.
Pas qu'elle trouvait ses propos ennuyeux ou pénibles ! Les Mots qui s'évadaient de ses lèvres étaient aux contraire envoûtants, captivants et intriguants.
Cela était simplement dû à l'angoisse de l'inconnu.e et de Ténèbres qui s'effaçait doucement.

« Mais j’parie qu’au fond, les étoiles aussi ont leurs problèmes.»
*Quelle égoïste ! J'y avais jamais pensé...*
Maintenant, l'Enfant voyait d'un oeil triste leur absence ce soir.
Que pouvait-il bien leur arriver ? Et finalement, peut-être bien que les nuages les masquaient juste pour conserver leur intimité.
Elle ne savait plus quoi penser, tout s'embrouillait et se contre-disait.
Comment considérer les Enfargées ?

"Je les trouve admirables. De quand même prendre du temps pour soulager nos douleurs, alors qu'elles ont leur vie. Elles aussi."
La Fille prononça cette phrase songeuse.
Sûrement plus pour elle-même que pour la jolie brune.
L'esprit vaporeux, fasciné et hypnotisé, la sensations de froid n'existait plus que dans le bleu.

Toujours le bleu.
Ses bleus.
*C'est beau, non ?*

@Alison Morrow

Ne pas mentionner d’année Rp.
Edmund n'est pas un elfe libre

24 oct. 2020, 21:03
Les Ombres de la Lune  privé 
Peut-être que les Belles du soir s'en moquaient.
Peut-être qu'elles ne les contemplaient que de leurs hauteurs, s'amusant à se voir adorées, et toujours hors de portée.
Insaisissables.
Frustrantes.

Elle eut l'impression d'entendre un souffle.
Une bribe de soupir, peut-être.
A moins que ce ne soit que le vent, chantant dans les branches.
A moins que ce ne soit la fille, à-côté d'elle. Elle attribuerait difficilement cette voix à un garçon. Mais peut-être se trompait elle.
A moins que ce ne soit les Étoiles.

*Eh, dis moi, quand les étoiles Soupirent, qui les écoute?*
Silence.
*Eh, j't'ai posé une question!*
Néant.
*Mais répond!*
Nuit. Obscurité. Vide. Absence.

Elle baissa les yeux, plissa les lèvres.
De toute façon, ça servait à rien d'essayer de faire parler la Lune. Elle était certainement bien trop détendue au-dessus de ces Nuages pour lui répondre.
Et même quand elle n'était pas enveloppée de brume, elle répondait pas.
Elle se contentait d'observer ceux qui lui adressait leurs paroles, avec jamais un battement de cil, jamais un sourire, jamais une esquisse de clin d’œil.
Rien. Du. Tout.

"Je les trouve admirables. De quand même prendre du temps pour soulager nos douleurs, alors qu'elles ont leur vie. Elles aussi."

Une Vie d'étoile.
C'était étrange, cette façon de penser, au final.
Lorsqu'on ouvrait les livres, qu'on compulsait chaque texte de la bibliothèque, on trouvait que les étoiles n'étaient que des cailloux.
Des immenses cailloux, très chauds, qui gravitaient dans l'Espace.
C'était à cause de cette chaleur qu'on les voyait. Une chaleur à s'en brûler les doigts, à se consumer tout entier.
*Consumée d'amour?*

Les étoiles, elles s'auto-détruisaient pour survivre.
Elles brûlaient, incandescentes, et une fois qu'elles avaient tout brûlé, elles s'éteignaient. Ça pouvait prendre des milliards d'années, pour arrêter leurs flammes, mais elles mouraient tout de même.
*Où vont les Cendres des Étoiles?*
Peut-être que c'étaient ces cendres qui tombaient comme des larmes sur terre.
Les astronomes récupéraient les larmes et les étudiaient comme de vulgaires créatures un peu loufoques, les disséquant allègrement dans leurs laboratoires, dépeçant chaque couche de tristesse avec leur magie, notant leur observation froides et dénuées d'émotions. Ou excitées.
Ça lui donnait envie de vomir.
Ils étaient cruels, de les traiter comme ça, comme si elles n'étaient rien du tout, que des parcelles entières de souffrance et de douleur, qu'il était intéressant d'analyser.
Ils détruisaient *Déshumanisent* les Belles.

Au fond, le cœur d'une étoile devait être joli.
C'était peut-être une mer d'ombre incandescente, des centaines de larmes cachées, qui n'éclateront jamais en de longs sanglots profonds que lorsqu'elles mourraient.
*Et lorsqu'on meurt, nous aussi nous devenons des Larmes d'étoiles?*

D'ordinaire elle aimait garder ses Mots pour elle.
Mais quelque chose dans l'attitude de la fille la poussait à parler, à ne pas laisser cette conversation s’essouffler.

"Et à la fin, elles font quoi de toute cette douleur, à ton avis?"

Chose extrêmement rare, elle venait de demander son avis à une inconnue.
Avalant lentement sa salive, la tête tournée vers la couche nuageuse pour essayer de la percer de ses yeux verts, elle reprit, plus lentement :

"J'crois qu'on est un peu tous étoiles. On brille différemment, mais au fond, on souffre tout autant. On accuse les coups des Autres. On est sans cesse observés."

C'était dur de parler.
Elle aurait voulu ajouter quelque chose, mais aucun des mots ne lui venant ne lui semblaient à la hauteur des étoiles.
Elle aurait voulu dire qu'une fois morts, leurs corps blancs fleurissaient en milles perles salées, que dans les cimetières, les seuls qui se penchaient sur Eux étaient les saules, qu'aucun astronome crétin ne venait remuer la terre et les déranger du Sommeil.
A moins que les archéologues ne soient les Tueurs de Morts.

"J'trouve que les grands ils savent plus rêver. En cours, on apprend qu'les étoiles c'est qu'des cailloux qui brillent. Et les astronomes ils font que récupérer leurs Larmes pour les étudier. Si c'est ça Grandir, c'est nul."

Inspiration de l'air frais.
L'Obscurité faisait sortir plus facilement les Mots. C'était tellement plus simple sans les yeux-océans pour dévisager.

"Est-ce que les Étoiles en grandissant, elles se désintéressent de nous comme on l'fait?"

Tête vers le ciel, âme vers l'Univers, corps sur la Terre.
*Pourquoi vous êtes là, foutus Nuages?*
*Nuages?*
*Nu.anges?*
*Nuée apportant l'Ange.*
*Vous m'l'avez amenée?*


Plume, ton poème m'a renversée.
Ce quatre-mains, ou duo-d'Encres, je ne sais comment tu veux le nommer, ce Poème donc, était tout simplement magnifique. Il est empreint de douceur et de rêverie.
C'est beau. C'est beau, sous ce ciel étoilé.
Merci pour tout.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

27 mars 2021, 19:17
Les Ombres de la Lune  privé 
Quand la nuit succède au jour,
Qu'Enfant hurle au secours,
Au grand galop Folie accourt.

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"Et à la fin elles font quoi de toute cette douleur, à ton avis ?"

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"Je ne..'" sais pas. Débuta-t-elle doucement avant de se stopper net.
Les mots ne se gaspillaient pas. Chaque syllabe était une promesse au monde et un chant à l'Univers.
Non. Décidement elle ne pouvait pas se permettre de les laisser spontanément résonner jusqu'au tréfond des âmes pour un manque d'attention.
La Gamine pataugeait dans l'encre boueuse des réponses qui n'apportaient que plus de questions.
*Tu penses que le Ciel est sourd pour ne pas y répondre ?*
Qu'est-ce que le Ciel ? Elle à côté ou l'Intangible ?
*Le Ciel est partout pour qui apprend à le voir*
A le dompter ?
*Pers..*
*Perso..*
*Personne*

Ephémère. Flottement. Infini. Rencontre. Temps. Orion. Divin. Exaltant. Sensible. Souffle.

Personne ne dompte le Ciel.


"J'crois qu'on est un peu tous étoiles. On brille différemment, mais au fond, on souffre tout autant. On accuse les coups des Autres. On est sans cesse observés."


Et si.. ?
Lentement, Bleue plongea ses yeux d'Océan dans ceux du Reflet-réel. Son cœur s'emballa d'un coup, et battait dans ses tympan si fort qu'elle craignit un instant de ne plus entendre la mélodie fluette de Celui-qui-Peint la nuit. Qui ? Celui.
Le froid se fracassait à la limite de son visage brûlant pour retomber en une pluie de Cendres-de-neige.
Elle n'était plus Bleue. Elle était étoile. Elle le ressentait.
Crépitant du même feu, arborant les même teintes, Gamine défiait Néant de s'approcher.

Elle se sentait transformée, détentrice du secret de la nuit. Finalement, p'tet bien qu'elle était un Ange déchu que les astres avaient rénié par la faute de sa découverte.
La lumière.. elle avait pas disparu. L'Autre en face. Elle. Sans le savoir, elle renfermait la galaxie dans ses yeux.

*Enfant-aux-Pupilles-de-Galaxie*
L'étoile déchue ?
*Qui rencontrerait l'Ange ?*
L'être-Ange
*La Lune est maligne.*

Elle se sentait légère, l'obscurité ne l'atteindrait pas, elle savait désormais.
Rien ici n'existait vraiment. Bientôt le Soleil lèverait le voile sur le mystère, que les occupants du château viendraient piétiner dès l'aube et quand le rideau retombera, une nouvelle énigme se posera. Peut-être que les Insoumises auront du temps à leur accorder, ou pas.
Murmurer. Murmurer pour affronter la nuit.
Murmurer à l'aube.
Murmurer à l'eau.
Murmurer au temps.
Murmurer à elle.

Elle. Qui ne se vexait point du silence et semblait accepter son absence passagère. La quête de vérité valait bien cela.

"J'trouve que les grands ils savent plus rêver. En cours, on apprend qu'les étoiles c'est qu'des cailloux qui brillent. Et les astronomes ils font que récupérer leurs Larmes pour les étudier. Si c'est ça Grandir, c'est nul."


La réflexion la laissa perplexe. Si leur avis semblaient cohabiter, leur vocabulaire divergeait. L'Enfant n'aurait pas utilisé ce terme. Grandir.
Le temps qu'elle constitue une phrase cohérente pour exprimer fidèlement sa pensée, l'Enfant-aux-Pupilles-de-Galaxie reprenait déjà la parole.
Sa voix était douce.
*Forcément, elle est l'étoile.*

"Est-ce que les Étoiles en grandissant, elles se désintéressent de nous comme on l'fait?"


Pas un fragment d'hésitation cette fois.
"Les étoiles mortes brillent plus fort" lâcha-t-elle dans un souffle.
"Les étoiles sont fortes. Il me semble qu'elles transforment leur douleur en carburant. Elles en brillent de plus en plus avant de succomber à l'explosion et de redevenir poussières qui à leur tour seront étoiles. Par ailleurs, je ne suis pas vraiment d'accord avec toi.. je.. les adultes grandissent pas. Ils deviennent juste sourds. Sourds aux Ciel et au monde. Grandir c'est poursuivre sa quête et trouver la constellation à laquelle on appartient. Et les étoiles, quand elles grandissent, elles ont une famille t'sais. Elles veillent chacune sur leur propre système stellaire." acheva-t-elle.
Aussitôt, elle réalisa qu'elle en avait sûrement trop dit.

*Et si j'avais brisé l'éclat ? Si elle voulait plus de moi ?*
Montre-lui

La Gamine approcha son doigt du sable humide de la berge et écrivit timidement à l'Autre

T U
E S
L'I N F I N I


Son visage disparut entre ses bras, eux-même engloutis par les boucles de feu.

Embrasement.

@Alison Morrow je reprends difficilement l'écriture. Les mots ne me sont plus familiers et la Gamine non plus. J'essaie. Que j'aime ta propre Gamine.

Ne pas mentionner d’année Rp.
Edmund n'est pas un elfe libre