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09 juin 2020, 00:41
 RPG+  Immergée
2 juin 2045
@Alison Morrow

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Encore une balade au lac.
Ses pas l'amenaient toujours là-bas, elle ne savait pas pourquoi.
L'eau l'attirait peut-être, ou bien cette sensation de liberté qu'apportait le vent.
La noirceur du lac reflétait celle de son cœur.
Anna arrêta ses pas et enleva ses chaussures. Elle voulait ressentir quelque chose, sentir l'herbe sous ses pieds, ou bien l'eau glacial du lac.
Elle voulait sûrement essayer de voir si elle était encore capable d'aimer quelque chose, une sensation.
La jeune fille s'avança pas à pas, et sentit l'eau se faufiler jusqu'à la hauteur de ses chevilles.
Le froid faisait du bien.

Anna plongea ses yeux azurs dans les profondeurs du lac.
*Noir*
Elle aimait bien ne rien percevoir à travers l'eau pourtant translucide.
C'était comme si le lac se fermait, et qu'il fallait creuser pour réussir à en découvrir les secrets.
Étrangement, elle se reconnaissait.
Il fallait essayer de la comprendre, il fallait rester pour essayer de briser cette carapace qui constituait son apparence extérieur. Très peu de personnes arrivaient à atteindre son cœur, le plus profond de ses pensées.
Son intérieur restait noir comme l'extérieur, mais si on cherchait bien, on pouvait y déceler une lueur, une part de lumière.
Mais il fallait réussir à nager sans être emporté par le courant, sans se laisser couler.
Suis-je assez forte pour ne pas me laisser couler ?
*Faible*
Un défi venait d'être lancé.
Il fallait qu'elle réussisse à se prouver qu'elle avait encore de la force pour rester à la surface, qu'elle n'était pas faible contrairement à ce que disait La Voix.
Elle ne savait pas si c'était elle qui possédait le Contrôle ou non.
La Voix voulait peut-être lui prouver qu'elle avait raison, et qu'elle allait couler.
Mais Anna voulait lui démontrer le contraire, et se le démontrer à elle-même aussi.
Je ne coulerai pas.
Dans un élan de détermination, elle s'avança petit à petit dans les eaux froides du lac.
Pourquoi tenter une chose d'aussi stupide pour cause d'une simple comparaison ?
Elle avait beau ressembler au lac noir, elle n'était pas le lac.
Mais elle voulait tout tenter, elle voulait ressentir l'eau froide, les courants qui l'emporteraient peut-être.
Elle voulait Vivre.

A force d'avancer, l'eau lui arrivait à présent jusqu'à la taille. Elle n'avait pas enlevé ses vêtements, elle n'avait pas trouvé le courage de les enlever.
Elle était finalement contente de les avoir gardé, car même au début du mois de juin, le lac restait glacial.
Mais ce froid faisait du bien, il aidait à oublier la douleur.
Un frisson parcourut son bras gauche, au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans l'eau.
Était-ce la froideur de l'eau, la joie de ne plus sentir la douleur, ou bien la peur de ces profondeurs ?
Car oui, au fond d'elle, la noirceur du lac l'effrayait.
Mais cela lui faisait du bien de ressentir à nouveau des émotions. Alors elle continuait d'avancer.
Est-ce que je fais peur aux gens ?
Un questionnement.
Toujours sur cette comparaison entre elle et le lac.
Si elle lui ressemblait tant, elle devait aussi faire peur.
Personne ne pouvait rentrer dans la tête des autres, et encore moins elle, mais au fond d'elle-même, elle connaissait déjà la réponse.

Plus que la tête.
*Tu n'en es pas capable*
Elle n'avait pas vu l'eau augmenter. Elle était à présent sur la pointe des pieds, et sa tête allait bientôt toucher l'eau.
Elle leva ses pieds, et commença de légers mouvements pour rester à la surface.
Ses longs cheveux étaient déjà quasiment mouillés entièrement.
Il ne manquait plus que la tête.
Anna espérait que ce contact avec la froideur de l'eau lui ferait le même effet que sur le reste du corps. Elle ne voulait plus ressentir la douleur, elle voulait oublier quelques instants.
Se rafraîchir sans couler.
Sourire.
Espérer.
Elle arrêta alors ses mouvements de jambe, inspira une grande bouffée d'air frais, et se laissa immerger par l'eau gelée, laissant seulement quelques cheveux remonter à la surface.
Elle ferma ses yeux, et profita de l'instant présent.
Pour la première fois depuis un très long moment, elle était bien.
Elle ne souffrait pas, elle aimait le contact de l'eau sur sa peau.
Elle Aimait.
*Tu vas couler*
Malgré l'avertissement de La Voix, elle ne bougea pas.
Elle voulait que ce moment dure toujours, elle ne voulait pas qu'il s'arrête.
Alors elle resta sous l'eau.
Immergée.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7

11 juin 2020, 19:09
 RPG+  Immergée
Le vent secoue doucement les rideaux du dortoir.
Les fenêtres ouvertes, cette brise légère comme une plume l'enveloppe.Elle est chargée d'une odeur amère de soleil et d'herbes fraichement coupée, et un peu brulées.
Le sol est sec et réclame de l'eau, la terre est craquelée.

Viens, Enfant, chuchote le vent.
Viens, Etoile, chuchote le Soleil.
Viens, Beauté, chuchote les arbres.
Viens, Gamine un peu cassée, chuchote l'extérieur.
Ce n'est pas un appel.
Ce serait plus... Une invitation.
A prendre ou à laisser.

Ramassant sa sacoche, y fourrant un livre de cours, une plume, de l'encre et quelques parchemins pour tenter de s'avancer dans ses devoirs, elle quitte la salle commune jaune sans un coup d’œil pour les corps affalés sur les canapés, jouant aux cartes ou caquetant comme des volailles.
*Silence est plus Beau.*

Foulant d'un pas aussi léger que le vent les couloirs où les odeurs d'été explosent et le vent gazouille comme un rossignol, elle se glisse dehors.
Frappée par le soleil, elle lève une main inutile devant ses yeux.
Le Lac, au loin, brille comme un immense miroir.
Magnifique.
Apaisant.
Éternel.

D'où elle est, devant les herbes gorgées de Soleil et de poussières de terre déshydratée, elle peut voir le Soleil danser sur la surface.
Le ballet est splendide, et lui donna presque envie de rentrer prendre son violon pour l'accompagner.
*Silence est plus Beau.*
Cette phrase s'imposa à elle, et la décida à mettre un pied hors des pavés des couloirs.

Sa jambe s'enfonça d'un coup dans les herbes folles qui battaient ses mollets et la poussaient vers le Lac.
Captivée par le vol d'un bourdon zigzaguant sous ses yeux, elle s'élança à sa poursuite, avec pour la première fois une furieuse envie de rire et d'embrasser le Soleil.
Légère, légère, légère, tel un nuage fendant le ciel de l'Amazonie, tel un voilier sur un océan de verdure, tel une poussière d'aurore dans le vent.

Elle court maintenant, elle se fiche de ses pieds s'emmêlent dans sa jupe, des cheveux qui rentrent dans sa bouche, de ses yeux larmoyants à cause du vent, elle court et rien ne pourra l'arrêter.
*Invincible. *

Elle est grande, cette Enfant qui passe.
Il est vif, ce corps.
Elle est heureuse, cette âme.

Arrivée au bord du lac, pourtant, elle hésite.
Les remous dansent sous le soleil lourd, des vagues lèchent la pointe de ses bottes brunes, des arabesques marrons s'enroulent dans l'onde, comme des filins d'or...
*Cheveux.*

Surprise lui rentre dedans de plein fouet.
Elle court dans le Lac.
Qu'avait dit la Bleue de Décembre?
T’es… t’es conne de-de-d’avoir fait ça. Je… j-j’t’avais d-dit d’pas y a-aller.


Elle aussi elle avait voulu le baiser de l'Eau.
Elle l'avait désiré si fort, inconsciemment, elle l'avait voulu, pour elle seule.
La Danseuse était belle.
La Danseuse était envoutante.
La Danseuse était mortelle.

Elle ota ses bottes, les laissant voltiger dans l'herbe puis s'écraser sur le sol avec un bruit lourd.
Elle avait peur.
*Faut pas...*
Elle s'enfonça jusqu'aux genoux dans l'eau glaciale. Se fichant des remous autour de ses jambes cherchant à l'attirer dans l'étendue bleue, elle avança.
*Qu'l'autre ait découvert...*
Sa jupe s'alourdissait tout comme son chemisier blanc.
Une peau translucide brillait sous la surface.
*La Mort.*
Il dansait, le corps sous la surface. Imperceptiblement, porté par les courants légers.
Peur la suffoquait.
Elle tira de toutes ses forces sur ce corps, le tira encore, le plus possible loin de l'eau.
Les cailloux raclèrent ses pieds, s'enfonçant dans sa peau, lui tirant des gémissements étouffés.
Elle s'en fichait.
Elle voulait pas...Qu'il arrive quelque chose...Alors qu'elle était là...

S'écroulant sur la berge, avec le corps de la *fille* contre elle, elle releva la tête vers le soleil.
Le cœur battait toujours sous ses doigts et elle semblait pouvoir respirer.
Soulagement la fit trembler sur place, tandis que les rayons du Soleil entouraient son corps.
Fébrile, elle regarda le corps dans ses bras.
Puis, doucement, comme l'aurait fait une mère avec un enfant malade, elle écarta les cheveux du front.

Un choc la parcourut toute entière.
Se relevant d'un bond, elle sauta de côté, loin de la fille.
La fille.
La Rouge.
*La Rouge.*
Anna.

*J'dois faire quoi? J'dois faire quoi?
Va la voir.
*J'peux pas!*
Arrête, on dirait un enfant.
*Elle fait mal! J'veux plus la voir!*
ELLE A FAILLI MOURIR BORDEL!
*Qu'elle meure!*

Le coeur battant à cent à l'heure, elle entrevit toutes les possibilités.
Courir et s'enfuir?
Rester et aider?
Parler et réconforter?
Ignorer et dessiner?
Hurler et frapper?

"Non mais t'es complètement malade! J'peux savoir c'que tu comptais faire?" gueula-t-elle, laissant les Mots prendre possession de son corps.

Elle recula, glacée jusqu'aux os malgré le soleil.
Elle n'avait jamais oublié les yeux-orage.
Jamais les Mots.
Jamais.
Et elle avait Peur.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

16 juin 2020, 00:05
 RPG+  Immergée
Le manque d'air n'était pas dérangeant.
Anna avait l'habitude de se sentir oppressée, alors elle n'enlèverait pour rien au monde cette sensation de Liberté que lui apportait l'eau.
Elle aurait aimé pouvoir passer toute sa vie sous cette eau glaciale, sans personne, sans douleur.

Mais un bruit vînt déranger le calme.
Un mouvement désagréable dans le silence de l'eau.
Comme si quelqu'un approchait.
Non, je veux être seule.
Elle priait pour que cela soit simplement son imagination.
Elle ne voulait pas avoir à rouvrir les yeux, le noir lui convenait parfaitement.
Elle ne voulait pas non plus bouger de nouveau, devoir parler.
Alors elle resta sans bouger, en espérant que le bruit cesse.
La solitude était un bon remède à la douleur, Anna ne voulait pas la quitter.
Malgré l'air qui commençait à manquer, la jeune fille ne bougeait toujours pas. Les mouvements se rapprochaient de plus en plus, alors elle faisait la Morte pour éviter de se faire voir.
*Mourir*
Je ne vais pas mourir... ou peut-être que si.
La mort...
Couler pour ne plus jamais remonter.
Ne plus souffrir.

Mais au moment où le moment fatidique commençait à arriver, une main la tira à la surface.
Avec l'air.
Pourquoi ? Non !
Comme dans un état de paralysie, Anna ne bougea pas et se laissa tirer vers la rive.
On aurait pu croire à un corps inerte flottant sur la surface de l'eau.
Mais elle était bien en Vie.
La jeune fille ne savait pas quoi en penser, encore sous le choc.
Le manque d'air avait provoqué son immobilité, autant corporelle que mentale.
Elle se laissait traîner, reprenant son souffle petit à petit sans ouvrir les yeux pour autant.
Elle savait que la Colère l'envahirait dès qu'elle verrait la personne l'ayant sauver. Anna lui en voulait de l'avoir sorti de l'eau sans son accord, mais elle ne voulait pas perdre le Contrôle qu'elle maîtrisait si bien après sa baignade.
Alors elle resta les yeux fermés, et s'échoua, avec l'autre personne l'ayant sauvée, sur la berge.

Le soleil vînt taper sur son visage recouvert de cheveux.
Ce n'était pas si désagréable cette sensation de chaleur, elle faisait même du bien après le contact de l'eau glaciale du lac.
La jeune fille aurait aimé rester sur cette berge, au bord du lac, et s'endormir pour la première fois depuis longtemps.
Mais la personne qui lui enleva les cheveux des yeux, ce qui l'éblouit malgré que ses yeux soient toujours clos.
Anna voulut bouger pour se cacher les yeux mais elle fut retenue par un mouvement brusque.
La personne venait de se reculer d'un coup.
*Laide*
Je suis si horrible que ça ?
La gryffone savait qu'elle était très blanche et qu'elle avait des cernes, mais elle ne pensait pas à ce point-là.
Cette personne est méchante.
Une conclusion trop hâtive, trop enfantine.
Mais elle eut envie de voir qui était cette personne qui venait de la blesser.
Alors, tout en déposant sa main sur son front pour se protéger du soleil, elle ouvrit les yeux et fit face à sa sauveuse.

Alison ?
La Jaune semblait tout aussi surprise que la jeune fille, elle semblait même en colère.
*Tu ne l'aimes pas*
Elles ne s'étaient pas parlées depuis un mois.
Elles s'étaient mal parlées, blessées mutuellement, et les voilà de nouveau face à face.
Anna ne voulait pas que la Colère réapparaisse, que le Contrôle lui glisse entre les doigts, alors elle ne s'énerva pas. Elle continuait seulement à fixer la Poufsouffle dans ses beaux yeux verts.
Ce fut finalement Alison qui prit la parole, enfin qui commença à crier sur la gryffone.

- Non mais t'es complètement malade! J'peux savoir c'que tu comptais faire?

Mourir ? Non.
Ne plus souffrir ? Oui.

Elle resta calme, malgré l'élévation de la voix d'Alison, et réfléchit à la réponse qu'elle pouvait donner.
Pour continuer à rester détendue, elle attrapa une de ses mèches de cheveux trempées et l'enroula autour de son doigt.
Il fallait que sa tension reste basse, qu'elle ne soit pas très réactive pour garder ce Contrôle.
Calme.
Inspire, expire.


- Je voulais... je crois que je ne souffre pas quand je suis sous l'eau. Tu aurais du me laisser.


Pour une fois, ce n'était pas elle qui criait, mais son interlocuteur.
La Douleur n'était pas encore revenue, sûrement grâce à la froideur de l'eau, alors elle ne s'énervait pas.
Ça fait du bien le calme.
Dernière modification par Anna Brown le 30 oct. 2020, 17:47, modifié 1 fois.

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22 juin 2020, 15:39
 RPG+  Immergée
Elle semblait se moquer de ses paroles.
Un peu plus, et elle aurait pu voir un sourire moqueur se dessiner sur les lèvres de la Rouge.
Celle-ci enroulait nonchalamment une mèche autour de son doigt, comme si seule cette mèche était digne de son attention.
Et la fureur faisait vibrer un peu plus son cœur.
Elle le savait, elle l'avait compris qu'elle était indigne de la Rouge.
De tous les Rouges.
Ses parents. Samuel. Olive. La fille des Ombres. Maxine. Anna.

Doucement, les cheveux s'enroulent, encore brillants d'eau.
*C'est ça, essore-les bien,tout mon temps t'es consacré.*
Seul le vent murmura pendant un instant, ne parvenant pas à apaiser sa colère.
La seule chose que la rouge trouvait à faire quand elles se rencontraient de nouveau, c'était une nouvelle coupe de cheveux?
*Ben voyons. Les coiffeurs c'est pas pour les chiens.*

"Je voulais... je crois que je ne souffre pas quand je suis sous l'eau. Tu aurais du me laisser."

Un rire nerveux se mit à la secouer toute entière.
Elle avait osé lui dire ça?
Elle avait osé.
L'air n'arrivait plus à entrer dans sa bouche, sortant en trop grande quantité de cette ouverture béante.
Elle ne riait pas vraiment, tout juste un son étranglé.

Elle contemplait ses vêtements trempés, ses cheveux dégoulinants d'un subtil mélange d'eau et de soleil, et son rire croissait encore, essoufflant sa maigre poitrine.
Si seulement elle savait, la Rouge.
Si seulement elle savait à quel point elle voudrait pouvoir la noyer de ses propres mains.
La noyer, voir les trois dernières petites bulles remonter à la surface, puis les énormes, crevant la surface en de derniers remous de vie.
Puis rien, une face bleue s'étirant sous une couche translucide, des yeux écarquillés implorant le pardon *quel pardon? J'la hais.*, une bouche grande ouverte, noire, où l'eau entrait et sortait en une respiration incontrôlée.
Morte.

La Rouge deviendrait Bleue.
Quelle belle pensée.
Et nos pensées fleuriront,
Gouttes de miel et de peines,
Sous les Lumineuses du soir, elles Voltigeront
Pour retomber, amorphes, sous les frênes.

Secouant la tête pour chasser le rire, elle se rapprocha un peu de la Rouge.

"T'laisser? Mais putain, j'rêvais pas mieux!La prochaine fois, met une pancarte. J'viendrai pas, comme ça"

Tu la blesses, Enfant
*J'm'en fous. J'la hais.*
Ce sont ses Voix, Enfant.
*Et toi, alors, t'es quoi? T'es une Voix aussi! Et j'suis pas comme elle, pourtant!
Tu l'as dit toi-même. Les Voix sont toutes différentes.

C'était vrai.
Elle l'écoute encore, cette voix à elle qui l'accompagne et porte le nom de conscience.
Une inconsciente conscience qui lui faisait du mal.
*Elle aussi elle a mal.*

Elle hésite, puis elle se rapproche, timidement, et s'assit par terre.
Traçant avec un bâton des cercles dans la terre fraîche, elle laissa ses vêtements dégouliner d'eau sur le sol, formant une aura humide autour d'elle.
Le vent la fit frissonner, mais elle ne bougea pas.

"D'solée d'avoir dit ça."

Puis elle se tut, attendant la réaction de la Rouge.
Dernière modification par Alison Morrow le 08 août 2020, 14:11, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

02 juil. 2020, 09:07
 RPG+  Immergée
Alison criait, elle était énervée.
Pourquoi ? Je suis si calme pourtant.
La jeune fille ne comprenait pas la réaction de sa camarade. Pourquoi était-elle si énervée alors qu'elle ne disait rien de méchant ?
Elle disait seulement qu'elle aurait préféré rester sous l'eau, sans la douleur.
Malgré cet énervement continu de la part de la jeune Poufsouffle, Anna restait calme, elle faisait de son mieux pour ne pas faire monter la Colère qui dormait au plus profond d'elle-même.
Elle savait pertinemment que cette colère pourrait remonter à tous moments si elle perdait le Contrôle quelques secondes.
*Elle n'a pas à te parler comme ça, défends-toi.*
Reste calme.
*Si tu ne fais rien, c'est que tu es faible.*
Je serais faible alors.
Face à la colère de sa camarade, Anna ne bougea pas, et resta assise sur le rivage du lac à tortiller sa mèche de cheveux du bout des doigts.
Cela la relaxait, alors elle continuait.
Elle comptait garder le silence, de peur de s'énerver.
Les paroles d'Alison avaient été trop blessantes pour qu'elle prenne le risque d'ouvrir la bouche.
Elle ne veut plus m'aider, elle veut me laisser mourir.
*Tu devrais mourir.*

Anna commença alors à réfléchir. Personne ne voulait l'aider, personne ne l'aimait, à quoi bon de vivre ?
Elle se demanda ce que ferait Alison, celle qui était son amie, si elle retournait dans l'eau, sous l'eau, pour se confronter de nouveau avec la Mort.
Mais avant qu'elle puisse se décider, une voix revînt à elle. Un voix extérieur, qui ne se passait pas dans sa tête. Des paroles qui pouvaient tout effacer.
Elle s'excuse...
Que répondre face à son pardon ?
De quoi est-ce qu'elle s'excuse ?
Même si elle se posait la question, elle savait très bien pourquoi Alison s'excusait.
Pour sa Colère.
Je dois m'excuser.
*Ne le fais pas, c'est de la faiblesse.*
L'avis de La Voix lui importait peu, elle avait le Contrôle et elle comptait bien en profiter.

- Moi aussi. Je suis... désolée. Pour tout.

Elle avait hésité, elle n'aurait pas dû.
Elle avait peur que sa camarade croit ses paroles fausses, pleines de mensonges alors que c'était faux. Elle disait la vérité, elle s'excusait pour son comportement incontrôlable, pour la méchanceté qui l'avait faite crier des paroles injustes un mois auparavant. Anna s'en voulait, mais n'arrivait pas à tout dire à voix haute.
J'espère qu'elle le sait.
Elle hésita mentalement à continuer de parler, de dire le plus profond de sa pensée.
*Ne pas montrer ses faiblesses. Tu le sais.*
Mais avec elle c'est différent, c'est Alison.
*Elle n'est pas comme toi, elle se vengera et utilisera tes paroles.*
Elle comprendra, elle connaît la douleur.
Anna était certaine de ce qu’elle pensait, elle voulait le croire.
Il fallait qu’Alison comprenne, qu’elles ne se laissent pas tomber de nouveau.
J’ai besoin d’elle.

- Tu pensais vraiment ce que tu m’as dit, tu veux me laisser mourir ?


Toujours d’une voix douce, calme, la jeune gryffone enchaîna sur une question qui lui confirmerait si oui, ou non, elle pouvait tout dire à la fille qui était son amie.
Elle avait envie de se vider, de tout lui dire, mais il fallait qu’elle sache si elle pouvait lui faire confiance, si elle s’excusait vraiment.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7

04 juil. 2020, 19:26
 RPG+  Immergée
Elle retenait son souffle.
Elle ne voulait pas parler.
Elle ne voulait pas entendre les Mots d'Anna.
Par Merlin, ne pas savoir lui faisait si mal.

Elle osa un petit coup d’œil à la Rouge, toujours allongée sur le sol.
Elle semblait d'un calme étrange.
Le calme d'avant la tempête, Enfant.

Nerveuse, elle fixa avec une attention trop intense pour être vraie les cercles dans la terre.
Ils se rassemblaient parfois, se chevauchaient en une multitude de traits.
Une pelote de laine que personne ne pourrait démêler, pas même sa créatrice.
*Un rond.*
Le bâton virevolta avec une lenteur calculée et légère jusqu'à un autre cercle.
*Deux ronds.*
Troisième envol pour se déposer dans une cicatrice fraîche.
*Trois ronds.*
Un caillou arrêta sa progression lente. Elle se figea, puis l’ôta avec sa main, laissant un peu de Terre sur la pulpe de son doigt. La laissant sécher au soleil, elle continua à tourner.
*Qua...*

Elle releva lentement la tête, au rythme du bâton finissant son cercle, lorsqu'une voix la sortit de sa torpeur.
Désolée? Désolée, vraiment?
Elle ne lui en voulait pas pour ses mots?
Ses mots si injustes qu'elle avait hurlé à sa figure humide et détendue?
L'Anna devant elle semblait si loin de celle qu'elle avait vu à l'infirmerie, hurlante, Tempête humaine, mi-fille mi-orage, affreusement méchante et perdue.

"Tu pensais vraiment ce que tu m’as dit, tu veux me laisser mourir ? "

Elle sent sa gorge se serrer.
Elle se déteste en cet instant.
Elle voudrait pouvoir effacer cette question, effacer ses paroles, effacer tout.
S'effacer elle-même, mourir pour renaître sans aucune tâche, comme un petit phénix.
Mais c'était impossible.
Elle voudrait changer de peau, fille-serpent, pour se changer elle-même, changer son essence, changer Elle.
Mais c'était impossible.

Alors revenant sur terre jusqu'au frontières du Possible, elle ouvrit la bouche, attendant que les Mots veuillent bien s'y aventurer.
La refermant, elle les laissa venir, timides.
Elle aurait voulu répondre plus vite.
Mais elle avait mal.
Elle avait honte.
Elle avait tellement honte qu'elle n'arrivait pas à regarder la Rouge dans les yeux.

T'es faible.
*Je suis moi.*
Toi est pas bien. Toi est inutile. Toi est stupide.
*Je suis pas mes Mots.*
Tu les seras un jour, Enfant.

Non.
Pourquoi ce mot était-il si dur à dire?
Pourquoi le temps s'écoulait inexorablement entre ses doigts tendus, pourquoi ne pouvait-elle pas le retenir pour trouver Courage?
Pourquoi uniquement Lâcheté prenait assez de temps pour faire battre son cœur?

Un croassement incompréhensible sortit de sa bouche.
Deux gouttes d'eau roulèrent de ses cheveux jusqu'à ses joues, en deux larmes qu'elle ne pouvait verser.

"Non."

Puis le déluge de Pensées qui s'ensuivit.

*Non*, elle est désolée, *Non*, elle voulait pas dire ça, *Non*, elle voulait t'aider mais elle sait rien faire, *Non*, oublie ce qu'elle vient de penser c'est sur toi qu'elle doit se concentrer, *Non* elle veut pas que tu meures, t'entends? *Non*, tu peux pas entendre, t'es trop loin. *Non*, elle est si désolée mais elle a pas les mots pour le dire. *Non*, tu te souviens, elle est Rien. Toi, t'es belle, t'es grande, t'es forte. T'es juste un peu brisée, mais *Non*, elle te laissera pas mourir.

Ses lèvres s’entrouvrirent sans en avoir reçu l'ordre.
Elle souffla les mots dans l'air, une part d'elle espérant qu'ils se perdront dans la musique du vent, l'autre priant pour qu'ils soient entendus.

"Ça va?"

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

23 juil. 2020, 23:51
 RPG+  Immergée
Plus un bruit, plus un souffle.
Juste le clapotis de l'eau agréable, et le léger grattement du bâton d'Alison sur la terre, qui semblait paralysé par la question posée quelques secondes auparavant.

Et puis, elle parle.
Elle a pris son temps, mais elle répond quand même à la question posée par Anna.
Non.
Elle ne le pensait pas, elle ne voulait pas qu'elle meurt.
Regrettait-elle vraiment ses paroles ?
N'était-ce pas plutôt un autre mensonge, qu'on lui racontait pour la rassurer ?
*C'est une menteuse, elle t'a déjà menti la dernière fois.*
Je lui fais confiance.
La jeune fille espérait pouvoir lui faire confiance, elle s'accrochait à cette lueur d'espoir que lui donnait Alison.
Elle voulait y croire.
Croire qu'elle pouvait retrouver son ancienne amie, qu'elle pouvait avoir quelqu'un qui l'aimait malgré son changement. C'était pour ces raisons que la Rouge croyait en son amie.
Amie.
Est-ce qu'elle pouvait encore l'appeler comme ça ?
Anna ne savait pas, mais des paroles vinrent couper sa réflexion sans intérêt.

Elle parlait de nouveau, elle semblait plus apaisée, plus calme.
Quel élément avait pu changer la colère d'Alison si rapidement ?
Peut-être était-ce le calme absolu, sans une once de haine, dans les paroles de la Rouge.
Elle n'a pas de raison de s'énerver, pas aujourd'hui du moins.
Anna savait très bien qu'elle lui avait fait du mal, mais elle voulait se faire pardonner.
Tout oublier.
Repartir à zéro.
Pour toutes les deux, car elles s'étaient faites du mal mutuellement, elles devaient toutes les deux se remettre, s'excuser.
Mais cet afflue de pensées, de questions, lui avait fait oublier la question que la fille à côté d'elle lui avait posée.

- Ça va?

Une simple question.
Est-ce que je vais bien ?
Sur le moment, tout allait bien. Elle avait le Contrôle, n'avait pas mal, se sentait plus ou moins bien.
Et, le plus important, elle parlait de nouveau avec son ancienne amie, qui l'avait aidée dès le début de sa transformation.
Alors oui, elle allait bien à cet instant précis, mais c'était sans parler de la douleur qu'elle ressentait tout le temps, tous les jours, à chaque minute, lorsque La Voix reprenait le Contrôle.
Dans ces moments-là, non elle n'allait pas bien.
Elle avait mal, sans comprendre pourquoi.
Elle était seule en permanence, sans personne pour l'aider.
Elle ne souriait jamais, restait dans son malheur sans une once de joie.
Que pouvait-elle alors répondre ?
Oui, ou bien non ?
Elle en avait marre de réfléchir, de trop penser à ce qu’elle devait dire ou non.
Il fallait parler avec le cœur, exprimer le plus profond de sa pensée pour se soulager, peut importe ce qu’en pensait La Voix.

- Je ne sais pas... maintenant, oui.

Elle hésitait, sa voix montrait qu’elle n’était pas sûre d’elle.
Tu peux le faire. Dis-le lui, fais-lui confiance.

- J’ai toujours mal, ça n’a pas changé depuis la dernière fois. Je me sens seule, je ne comprends pas. Alors je ne crois pas que je vais très bien...

Anna avait surtout insisté sur le mot seule, sans le vouloir. Peut-être pour qu’Alison l’entende, le comprenne, veuille l’aider.
Va-t-elle comprendre ? Ou est-ce qu’elle va encore m’abandonner ?
La jeune fille aurait aimer poser ses questions à voix haute, mais elle ne pouvait pas, ne trouvait pas la force.
La Voix lui avait toujours dit de ne pas révéler ses faiblesses aux autres, et à force de l’entendre, la Rouge s'en était convaincue.
Ne pas révéler ses faiblesses, jamais.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7

10 août 2020, 11:25
 RPG+  Immergée
Les ronds dans la terre l’apaisaient.
C’était comme oublier un peu où elle était.
Avec qui elle était.
Ne pas se Souvenir, ce qu’elle cherchait à faire depuis son arrivée au château.

En cet instant, il n’y avait plus rien d’autre que ce bâton, sa main, l’écoulement de ses pensées dans cette terre fraîche et humide.
Tout lui semblait futile.
Il ne restait que ces ronds, s’enroulant lentement les uns sur les autres, se recouvrant, tatouage éphémère qu’elle traçait sur les rives.
C’était idiot, hein ?
Un simple bâton, un rivage abandonné à la merci du soleil et du Temps, et le calme revenait nicher dans les branches des arbres, comme un bel oiseau discrètement coloré.
Il chantonnait, l’oiseau, dans le vent léger si ridait la surface de l’eau en de douces caresses.
Il faisait froufrouter ses plumes contre les arbres pour leur rendre leur tranquillité, momentanément subtilisée par le vent.
Juste un oiseau.
Mais il suffisait d’un vent trop fort, d’un soleil trop cuisant, d’un murmure de trop pour le faire s’évader vers d’autres contrées.
Lointaines.
Inhabitées.
Vides.
Libre à l’oiseau de ne jamais revenir.

Elle osait espérer qu’Anna ne s’était pas fâchée de ses premiers mots.
Elle voulait croire qu’elles pourraient ne pas se Souvenir ensemble de l’infirmerie.
Déchirer cette horrible page de leurs histoires emmêlées où elles avaient craché des injures aux faces de l’une et de l’autre.
Reprendre une plume pour réécrire, une gomme pour effacer.
Recommencer.
Repartir, mieux qu’avant, comme la vie après un accident.

Était-elle prête à entendre à nouveau la Rouge ?
Chacun de ses mots étaient marqués au fer blanc dans son esprit.
Refoulant leur masse noire, elle reporta son attention sur le bâton et les mots flottant dans les airs.
Mais plus elle voulait écouter, plus elle sentait qu’elle n’y arriverait pas.
Tout était encore trop frais.
Trop présent.
Pourtant Anna était toujours Anna, la Rouge qui l’avait aidée.
Et qui demandait son aide.

Était-elle prête à la lui accorder ?
À arracher réellement cette page, laissant un trou béant dans son histoire ?
*J...Je sais pas.*

[color=#]Seule.[/color]
Interloquée, elle tourna ses yeux d’un coup vers Anna.
Seule ?
Affaiblie, apeurée, perdue, douloureuse, oui.
Elle comprenait.
Mais seule ?
Elle essayait tout le temps de l’être. Tellement.
Elle cherchait ce répit incessamment, ne le trouvant pas même en rêves.
Et la Rouge se plaignait d’être seule ?
Rejetée, peut-être.
Ça devait être ça.
Peut-être qu’elle avait peut du rejeté.
Peur d’être devenue comme elle, Alison.
Un être à part.
Qu’on qualifierait volontiers de folle, idiote et inconsciente.

La folie ne la dérangeait pas.
Ce n’était qu’un moyen pour les autres de se persuader de leur supériorité.
Et la folie donnait parfois naissance à des choses magnifiques.
L’amour pouvait rendre fou.
*C’est beau l’amour, d’après c’qu’ils en disent.*
Mais pourquoi avoir insisté sur ce mot ?
Un cri à l’existence ?
Une ode à la société ?
Un murmure de désespoir ?

Elle avait peur de comprendre et peur de se tromper.
Seul le bâton lui paraissait net, dénué de tous sens contraire.

Pourtant une certitude prit peu à peu place dans son cœur.
Elle n’allait pas partir d’ici sans avoir Essayé.
Essayer de ramener une flammèche crépitante dans les yeux d’Anna.
Essayer de rallumer son beau sourire.
Essayer de réparer son rire d’avant et ses mots.

« Elle est toujours là, hein... Est-c’que...Est-c’que t’as peur d’Elle ? Qu’est-ce qu’elle te fait? »
Navrée du retard...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

26 août 2020, 22:46
 RPG+  Immergée
Encore ce bâton dans les mains d'Alison, qui retraçait indéfiniment des cercles dans la terre humide.
Ce même bâton qui s'était légèrement stoppé lors de la prononciation du mot Seule.
C'était un arrêt léger, mais pas imperceptible.
Pourquoi ?
Est-ce que la jeune fille à côté d'elle considérait qu'Anna n'était pas seule ?
Elle ne devait pas la croiser souvent alors.
Elle marchait toujours seule, sous les regards incompris des Autres.
Elle s'asseyait toujours seule, sans personne voulant l'approcher, peut-être par peur, ou bien parce qu'ils n'avaient pas envie de s'asseoir à côté de la fille qui ne le sourirait pas, qui ne leur parlerait pas.
Rejetée, c'était peut-être un mot plus exact.
Mais la solitude semblait être sa meilleure amie au quotidien, si on ne considérait pas cette chose dans sa tête qui l'habitait en permanence.

- Elle est toujours là, hein... Est-c’que...Est-c’que t’as peur d’Elle ? Qu’est-ce qu’elle te fait?

*Tu as peur, n'est-ce pas ?*
Non.
*Tu as mal, je le sais.*
Non.
*Je serais toujours là, tu le sais.*
Non.
Cette question qui venait de lui être posée lui donnait envie de pleurer.
Bien sûr qu'Elle était toujours là, qu'Elle lui faisait mal.
Mais l'avouer à haute voix ?
Ce serait dévoiler ses faiblesses, à Alison comme à La Voix.
La Voix les connaissait déjà, mais pas besoin de piqûre de rappel qui la ferait se sentir encore plus supérieur. Ou Elle lui dirait sûrement "Tu vois, je te l'avais dis, tu as peur."
Pas besoin d'encore une de ses piques, il y'en avait déjà assez.
Mais que répondre à la question posée par la Jaune ?
Mentir, ou lui faire Confiance ?
La peur de se faire briser de nouveau lui nouait la gorge.
La peur de se faire rejeter encore une fois, après avoir avoué ses pensées les plus profondes.
Alison n'est pas comme ça, je le sais.
La Rouge essayait de s'en convaincre, elle savait que c'était la vérité, elles étaient amies auparavant.
Elle m'a sauvé.
C'était une conclusion raisonnable, et juste face à la situation.
Elle l'avait sorti de l'eau, et remonté à la surface, alors qu'elle aurait très bien pu la laisser couler, autant intérieurement que physiquement.

Inspire, expire.
Encore des respirations qui l'aidaient à avancer, c'était devenu une habitude pour réussir à se concentrer, à faire le bon choix.
C'était fou comme la confiance pouvait s'en aller vite. Anna avait l'impression de se répéter sans arrêt les mêmes paroles pour essayer de faire confiance à son entourage.
En moins de quelques minutes, la confiance envers Alison et son envie de lui parler de ce qui lui arrivait s'étaient de nouveau envolées.
Parle-lui.
*Non, sinon c'est que tu es faible.*
Alors je préfère être faible.

- Oui, Elle est encore là... Elle me dit qu'Elle ne partira pas, mais Elle me fait si mal.

A quoi bon mentir, La Voix sait déjà tout...
Alors, la jeune fille continua, toujours en parlant si bas que seule Alison pouvait l'entendre.
Vide ton sac, tu peux le faire.

- J'ai pas peur, je veux juste qu'Elle s'en aille... J'en ai marre d'avoir mal, d'être seule, et d'être méchante sans vraiment le vouloir, j'aimerais que tout redevienne comme avant.

Les larmes montaient.
Ne pleure pas.
Elle ne pleura pas, mais des petites gouttes d'eau restèrent collées au coin de ses yeux, sans s'en détacher.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7

12 sept. 2020, 11:47
 RPG+  Immergée
Un insupportable silence.
Celui qui permet aux pires idées de germer.
Puis les Mots si faibles, tremblants, qui sortirent difficilement de la bouche d'Anna.
A peine plus audibles que le silence.
A peine plus doux qu'un milliard d'épines chauffées à blanc pénétrant lentement dans la chair.

Ses résolutions faillirent s'envoler.
Elle ne savait pas quoi faire.
Elle n'avait jamais su, et ne le saurais probablement jamais.
*J'lui sers à rien...Rien du tout...J'suis inutile!*
Une ombre vint obscurcir ses yeux.
De la colère de voir la Rouge dans cet état. De la honte contre elle-même, de ne pas savoir quoi faire.
De la tristesse, un peu, de voir qu'Anna aimait les autres, la vie, la joie, tout ce qu'elle connaissait dans les livres.
Pour elle, la vie ressemblait juste à une suite de jours, décousus, sans rapports les uns avec les autres, à vivre une existence complètement débile jusqu'à crever la bouche ouverte, dans un jour peut-être plus gris ou plus blanc qu'un autre.
Pour la Rouge, il semblait y avoir tellement de Couleurs dans chaque instant, comme une implosion d'arc-en-ciel dans chaque seconde qui s'écrasait lentement au sol, avec le battement régulier de la pluie, tant d'évènements qui pouvaient faire basculer la vie de monochrome à une belle image en couleur.

Mais elle ne connaissait pas ce secret.
Elle ne savait pas comment redorer un soleil, bleuir un lac de ses larmes, empourprer les fleurs de ses hésitations et de sa joie, revêtir les arbres de guirlandes de rosées iridescentes.
Elle ne savait qu'assombrir une éclipse, noyer un nuage dans les cieux gris d'un orage, faire crépiter les feuilles d'arbres mortes jonchant le sol, salir le paysage de sa noirceur, comme une tache d'encre au milieu d'un coloriage d'enfant.
*Coloriage.*
Fouillant dans sa sacoche qu'elle avait posé à-côté d'elle, elle en ressortit un carnet de dessins.
Le sien.
Bourré de feuilles volantes et d'esquisses pas même finies, de portraits hasardeux, de sourires idiots, de regards sombres, d'éclairs et de soleil.
Un beau coloriage, comme sa vie ne pourra jamais l'être.

Elle jeta du coin de l’œil un regard à Anna, dégoulinante d'eau, puis à son carnet, sec et fragile.
Résistant à l'envie de lui lancer un sort pour sécher la Rouge, elle lui tendit le carnet en maugréant un:
"Choisis-en un... Coloré, hein? Pas de truc trop noir... Ah, et si possible me l'abîme pas trop..."

Elle aurait voulu rajouter un "j'y tiens", mais les mots refusèrent de quitter le refuge de son palais.
Cela aurait voulu dire qu'elle y était attachée.
Cela aurait voulu dire qu'Anna aurait pu le répéter.
Cela aurait voulu dire que les Autres auraient pu s'en servir contre elle.
Mais t'es idiote ou quoi? Fais-lui confiance!
*M'a fait mal...*
Tu comprendras jamais rien, Minuscule...C'est pitoyable.

"J'y tiens à c'carnet...Pas mal..."

Pourquoi avoir prononcé les deux derniers mots?
La réponse tenait en quatre.
*Dernières bribes de méfiance.*

Plume, je suis navrée de cet inexcusable retard.
Aucun mot ne pourra le rattraper, et tu m'en vois extrêmement honteuse.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.