Fiouf, enfin extirpé de ce train !

« Si le trajet est aussi long chaque année, ça va pas le faire. »

Je retourne dans le but de retrouv-...

« Bah où elle est ? »

Pas derrière moi, visiblement. Jenna a disparu.

« En même temps, comment s'y retrouver avec cette foule monstrueuse ? »

Tant pis. Je vais bien la retrouver lors de la fameuse répartition.

Je me décide à me mêler à la foule en me disant qu'en plus, j'en profiterai pour faire la rencontre d'autres personnes sur les fameuses barques menant au château.

Maman, June et July n'ont pas arrêté de vanter la beauté de celui-ci pendant que Papa était indifférent, comme d'habitude. N'empêche que mes attentes sont très hautes. Il a intérêt à être aussi impressionnant que dans les livres parce que, là-dedans, il fait pas du tout rêver.

On marche, on marche, on marche. J'ai mal aux pieds. J'aurais peut-être dû me dégourdir un peu plus les jambes dans ce maudit train : après dix heures de repos, la bonne méthode n'était peut-être pas d'enchaîner directement sur trois heures de marche. J'apprends de mes erreurs, c'est déjà ça.

« Oh, ça y est ! »

Je vois les fameuses barques au loin ! Mes pieds sont sauvés !

Je bouscule quelques personnes dans le but de me faufiler un peu plus en avant : hors de question de passer dans les derniers, je veux être aux premières loges. Je finis par obtenir une place plutôt potable.

« Yes. »

Hors de question d'avoir une barque pleine à craquer, cependant. Si c'est pour sentir la sueur de cinq personnes en même temps, autant y aller à la nage.

Une jeune fille s'apprête à glisser un pied dans une barque totalement vide.

Elle a un visage d'ange, des douces mèches blondes, des mains délicates, un air timide qui renforce son aspect fragile. Elle est mignonne. Peut-être un peu trop. En tout cas, j'ai trouvé mon compagnon de barque.

Je me faufile tant bien que mal entre les quelques personnes qui me séparent d'elle afin de lui tendre la main avec un sourire timide :

— Attends, laisse-moi t'aider.

Même si de premier abord il avait impressionné, même intimidé la petite, le Poudlard Express s'était avéré être une excellente expérience ; elle y avait rencontré des personnes très agréables qu'elle espérait de tout coeur recroiser plus tard, bien qu'elle n'ait cette pensée qu'avec une faible conviction - le nombre d'élèves était tout de même conséquent -. Cependant le train n'avait été qu'une épreuve parmi tant d'autres, dont personne ne l'avait mise au courant ; alors elle pouvait s'imaginer tous types de scénaios encore, et tous l'horifiaient bien trop à son goût. Qu'y avait-il avant d'entrer à Poudlard ? Devaient-ils faire leurs preuves ? Et cette fameuse répartition, quand se passerait-elle ? Incertaine, la petite avait suivi la foule, elle-même menée par un gigantesque homme barbu et vêtu de vêtements usés, ceci jusqu'à reprendre ses esprits. Alors, ils étaient tenus de rester devant une grande forêt, Hagrid - le barbu se prénomait ainsi - ayant décidé soudainement de les brieffer sur la suite du trajet, sans doute. Attentive, Lumah l'écouta leur conseiller de faire attention à l'endroit sur lequel ils marchaient, et autres, mais surtout, elle essayait en vain d'entraperçevoir au moins une parcelle de château, de manière à se donner une idée de son établissement. Mais c'est qu'il était fort bien dissimulé, certainement encore mieux des moldus derrière son bois ; bois très similaire à celui d'un vieux conte, cela lui tirait un sourire.

Enfin ils se mirent à nouveau en route : et, sans grande surprise, malgré les coneils d'Hagrid, Lumah ne cessa de se prendre la moindre racine qui se trouvait sur son chemin. Ce qu'elle regrettait sa maladresse maladive, parfois. A force, elle s'atait même retrouvée tout au fond, et elle le regrettait amèrement. Elle avait beau adorer la forêt, elle n'était pas sûre de s'y sentir confortée la nuit : encore moins en sachant qu'elle n'aurait aucun moyen de s'orienter si elle perdait le troupeau. Elle fit donc en sorte de se mettre tout devant, aux côtés d'Hagrid. Là, elle était certaine de ne plus être en danger.

C'est de cette sorte qu'elle put voir le château bien plus tôt. Entouré d'une eau sombre, il se dressait sur un rocher. Il était ancien, grandiose et joliment éclairé de part et d'autres, rayonnant à côté de la forêt, mais aussi du lac. Il n'avait de fait même pas l'air réel pour Lumah, qui n'arrivait pas à imaginer de quelle façon il avait été construit. Mais là encore, elle n'y était pas entrée : car la suite promettait bien plus.



Cependant, Lumah ne se focalisa sur l'école que peu de temps ; son attention avait été retenue par des formes qui se balancaient au rythme des légères vagues, sur l'eau. Des barques. Et dieu savait ce que Lumah avait peur des barques, malgré le fait qu'elle n'ait jamais pratiqué de sports nautiques ni autre. Simplement, les voir suffisait à savoir qu'elle ne tiendrait pas bien longtemps, assise ou debout, dedans.

Mais il était hors de question de se montrer trouillarde à deux pas de l'arrivée, c'est ce que Lumah se promit avant de timidement, imitant les autres, se glisser sur une barque. Du moins, c'est ce qu'elle aurait voulu. Un garçon s'approcha d'elle à l'instant même où elle n'avait posé qu'un pied et comptait poser le second, en l'abordant d'un « Attends, laisse-moi t'aider. ». D'en d'autres situations, elle aurait refusé cette main, mécaniquement, parce qu'elle devait avouer avoir développé une certaine peur des garçons, mais elle ne pouvait refuser celle-ci, parce qu'elle se trouvait dans une situation délicate.

Tout de même étonnée que l'on prête attention à elle, Lumah le remercia timidement d'un « Ah, merci ! » qu'elle aurait souhaité plus chaleureux, et lui tendit la main, avant de...

Tomber.

La petite avait pris la mauvaise initiative d'elle ne savait quoi, au fond, mais cela n'avait pas marché, son corps n'avait en tout cas pas coopéré. Au fond, Lumah l'avait senti venir, mais elle ne put s'empêcher d'afficher un visage effrayé, fermant les yeux et appréhendant le choc par avance. Avec son visage néanmoins, pas un son, elle avait ravalé son cri. cela faisait longtemps qu'elle ne criait plus dès qu'elle chutait, au plus grand bonheur des autres, qui pouvaient être assurés de garder leurs tympans intacts en sa présence, désormais.

Elle avait laissé sa main bêtement tendue, elle s'en rendit compte lorsque l'eau l'acceuillit. Sa curiosité ou sa peur la poussa à entrouvrir ses paupières, légèrement, et ce malgré sa mauvaise posture ; et le paysage qui s'étandait autour d'elle sut l'impressionner, mais également l'inconforter. Parce que, si les plantes qui décoraient le lac donnaient l'impression d'une danse, elle était certaine d'avoir vu une immense créature faire une nage non loin d'elle.

La panique gagna la petite de plus en plus, et lui perit de remonter à la surface bien plus aisément qu'elle ne l'aurait fait autrement ; dès lors, elle suffoqua et toussa, tout de même soulagée, avant de regarder celui qui avait tenté de l'aider juste avant, attendant un rire de sa part ; les garçons réagissaient toujours ainsi, elle n'attendait pas plus de la part de celui-ci. Ils étaient tous bêtes, il ne devait pas faire exception.

Elle me remercie. Elle accepte mon aide. Mon sourire ne se fait que plus large. Sa fine main se dirige dangereusement vers la mienne. Je m'apprête à toucher sa peau délicate pour la première fois.

SPLACH !

— Merde.

C'est sorti comme ça. Sur un ton un peu trop calme pour l'expression paniquée qu'arbore mon visage.

« ... Et c'est ma faute. »

Si je n'avais pas tant voulu faire mon show, je ne serais pas débarqué. Si je ne serais pas débarqué, je ne lui aurais pas proposé mon aide. Si je ne lui avais pas proposé mon aide, elle n'aurait pas accepté mon aide. Si elle n'avait pas accepté mon aide, elle ne m'aurait pas tendu la main. Si elle ne m'avait pas tendue la main, elle n'aurait pas perdu l'équilibre. Si elle n'avait pas perdu l'équilibre, elle ne serait pas lamentablement tombée. Et si elle ne serait lamentablement tombée, je n'aurais pas ruiné ma réputation en deux temps trois mouvements.

« J'étais censé L'AIDER ! Mince ! »

Et je ne peux même pas plonger : ça ruinerait mon eyeliner !

Dépité par moi-même, je me dépêche de rabattre la capuche de ma robe. Avec un peu de chance, mon entourage n'a pas eu le temps de définir clairement les contours de mon visage.

Bon. Je vais pas la laisser se noyer, quand même.

« Mince ! La barque s'est décalée vers le ponton ! »

Je repousse un peu trop violemment celle-ci d'un coup de pied avant de m'accroupir pour voir si elle ne s'est pas cognée contr-...

SPLACH !

Ouf, réponse négative à la noyade par assommement.

Sans attendre une seconde de plus, je me mets à genoux pour stabiliser ma position et me penche dangereusement au-dessus de l'eau, main tendue vers la petite tête qui sort de la surface miroitante de celle-ci. Avec un peu de chance, elle ne va pas me rejeter suite à ma boulette... Avec beaucoup de chance.

Si des rires commencent vaguement à se faire entendre derrière moi, je suis bien trop occupé à méditer sur un débat intérieur pour y faire attention : dois-je arborer une expression inquiète ou rassurée ? Optons pour un mixte des deux : on est jamais trop prudents.

Des rires s'élevaient autour d'elles, elle s'en était doutée - ils l'atteignaient donc à peine -, mais ils ne provenaient pas de ce garçon dont elle avait à peine fait la connaissance. Non, celui-ci semblat enclin à l'aider ; il avait tendu sa main à la jeune fille et s'était même mis en position inconfortable pour ce faire, alors Lumah jugea qu'il était digne de confiance, même si son visage la perturbait quelque peu. Elle venait de remarquer que ses yeux étaient soulignés de maquillage (La fillette ne pouvait en supporter : elle trouvait ça désagrable au possible. Aussi, elle ne se rappelait d'aucun nom spécifique), mais, loin de cette étrangeté-ci, il semblait également perdu entre deux émotions, comme si choisir un sentiment était aussi difficile que de choisir ses vêtements le matin, en dehors de l'école, bien entendu.

La blondinette convint qu'il n'était sûrement pas l'heure pour analyser chaque détail mais plutôt celle de sauver sa vie. Elle s'accrocha de toute ses force à la main qui lui était tendue et se laissa remonter à la surface : et, elle était bien sûre d'être suffisament stable, elle présenta au garçons ses remerciements :

« Merci ! Je suis vraiment pas douée. Au fait, ton prénom c'est ? », lui dit-elle, répimant sa forte envie de lui demander si elle avait un drôle de truc sur la tête, parce qu'il la regardait vraiment trop bizarrement.

A cet instant, les gens s'étaient enfin tus, Hagrid jetant un dernier coup d'oeil aux premières année afin de s'assurer que tout allait bien. Quand ses yeux se posèrent sur une Lumah, il ne surréagit pas (par habitude, nul doute à cela) et lui permit de prendre son manteau afin de se réchauffer, qu'elle accepta avec grand plaisir : elle adorait les grosse doudounes - et un l'ocurrence un manteau d'une taille impressionante.

Elle accepte ma main.

Ouf, je ne me la suis pas mise à dos pour le reste de ma scolarité !

Je m'efforce de basculer la totalité de mon poids de corps vers l'arrière dans le but de l'extirper de l'eau gelée. Enfin... Je suppose qu'elle est gelée : je n'y ai pas mis les pieds.

Mes pieds mouillés protestent presque aussitôt en m'envoyant les vagues de froid qu'ils contiennent depuis deux minutes déjà. J'étais tellement focalisé sur mon débat intérieur que j'avais fait abstraction du fait que son plongeon ait gâché mes chaussures toutes neuves, soigneusement sélectionnées chez Madame Guipure ! ... Et mes chaussettes. Et le bas de mon pantalon qui se met à me coller à la peau.

Raah, ça ne va pas du tout ! Je ne peux pas aller à la cérémonie de répartition avec ça : on va me demander si je n'avais pas eu de barque pour y aller à la nage !

Cependant, mes pensées négatives sur l'air que je donnerais s'évaporent en un instant : il a suffi d'un regard vers la blondinette qui est tombée à l'eau. De quoi je me plains, déjà, moi ? Ah oui. Mes chaussures. Un millième de ma tenue. Des fois, il faut vraiment que j'apprenne à la fermer. Même si je ne me parle qu'à moi : je vais finir par me frapper moi-même.

Je ne peux m'empêcher un sourire amusé lorsqu'elle me dit que c'est elle qui n'est pas douée. La bonne blague !

— Non, c'est ma faute : je t'ai proposée mon aide et... Je n'ai pas vraiment tenu parole.

Ma voix se noie presque sous les rires de cet imbécile qui rit comme une hyène depuis la chute de ma camarade. Je me tourne brièvement vers lui avec mon regard le plus noir pour qu'il la ferme un peu... C'est bon. Enfin du répit pour mes délicates oreilles.

Bon. C'est bien beau mais il ne faudrait pas que je lui offre un vent gratuit pour autant.

— Edmund. Et toi ?

Je profite du temps qu'elle met à répondre à ma question pour méditer à une façon de reprendre cet embarquement loupé. Et si... ?

Lorsqu'elle eut retrouvé une impression de stabilité, Lumah fit en sorte de mettre toute sa force dans le bras que ne tenait pas le garçon pour ne pas l'entraîner à son tour, et ainsi ne pas être une gêne pour lui. Enfin, à vrai dire, elle ne pensait pas être suffisament lourde pour l'entraîner dans l'eau, on lui disait souvent qu'elle était aussi légère qu'une plume ; mais ne savait-on jamais. Et puis, capuche ou pas pour cacher son visage, le garçon avait l'air si effrayé de l'eau qu'elle ne voulait pas lui faire subir un tel sort ; en même temps, elle le comprenait totalement : la petite aurait juré aperçevoir des tentacules s'agiter sous ses pieds, de quoi lui donner encore plus envie de monter sur la barque, et ce deux fois plus vite.

Que c'était instable, une barque, n'empêche ! Il n'y avait presque pas de vague, et pourtant, elle s'obstinait à se rapprocher du ponton ; sans compter qu'elle tanguait comme pas possible. Ou bien était-ce la peur qui grandissait en elle qui lui donnait cette impression ? Heureusement, elle réussit à poser un, puis son deuxième pied... « Victoire », souffla-t-elle, soulagée. Toute sa pression évacuée, elle se permit de répondre à Edmund d'une voix pensive « Si tu le dis », avant de rire légèrement. Sa manière de parler était drôle : on aurait dit un vrai gentleman, comme ceux décrits dans les romans... Et ça ne lui déplaisait pas, à vrai dire ; elle préférait largement ça à des idiots dotés d'une seule capacité, celle de se moquer. Et puis surtout, ça la sauvait d'une noyade, donc c'était vraiment pas plus mal.

La petite sourit en le voyant jeter un regard noir aux ricaneurs. La petite comprenait leur réaction - enfin, le bon terme était plutôt qu'elle avait fini par les comprendre, puisqu'il lui arrivait bien souvent de tomber, et parfois sous le regard des autres -, qui était naturelle, mais elle devait avouer que ça l'avait un peu affectée.

« Edmund... C'est classe, eh ! », lui dit Lumah en se rappelant que le protagonniste d'un de ces romans préférés portait ce nom. « Moi c'est Lu- »

Sa phrase fut coupée par une exclamation de stupeur. Les barques avançaient toutes seules ?! La petite loucha quelques secondes sur les pagaies qui bougeaient de leur propre chef avant de se retourner vers Edmund.« Euh, Lumah. »

Elle parvient miraculeusement à embarquer sans atterrir dans l'eau. J'esquisse un soupir d'amusement lorsque j'entends la jeune fille aux airs de poupée pousser son soupir de victoire en conséquence.

— Yeaah ! Comme quoi, il ne faut jamais perdre espoir.

J'accompagne mes dires d'un clin d'œil furtif avant de la rejoindre agilement dans la barque pour vivement pousser celle-ci d'un coup de pied dans le ponton. Qu'il ne vienne pas à l'idée de quelqu'un de nous rejoindre.

Deux, c'est déjà beaucoup pour une seule barque. Non seulement c'était mon souhait depuis le début de me retrouver avec elle et seulement elle dans la même embarcation que moi mais en plus, si c'est pour accueillir un troisième élève qui se serait moqué de ma partenaire de barque... Non merci. On a une ambiance bien saine et fort sympathique dans notre barque, hors de question qu'un élément perturbateur vienne tout gâcher. Non mais oh.

Je suis flatté lorsqu'elle me sort qu'elle trouve mon prénom classe. Généralement, ce n'est pas la première réflexion que l'on se fait vis-à-vis de mon prénom...

— Je sais, je sais.

Hop, sourire malicieux et mèche qui tombe sur mes yeux rejetée en arrière d'un simple coup de tête. Je n'ai pas de mèche qui me tombe sur les yeux mais ce n'est pas grave, je fais tout comme.

— Lumah... Et après c'est moi qui ai un nom classe, sérieusement...

Et, en plus d'être hyper stylé, ça a le bonus originalité que n'a pas Edmund. Non mais franchement...

— Eh bien, Lumah... Tu ne pensais tout de même pas qu'on allait ramer nous-mêmes ?

Le regard confus qu'elle a posé aux rames ne m'a pas échappé. Après, est-elle une née-moldue pour autant ? Je ne l'espère pas, quand même. Après tout, il y a des sangs-mêlés qui vivent dans le secret magique. La conversation que j'ai eue avec Jenna dans le Poudlard Express m'a bien refroidi vis-à-vis des nés-moldus... Même si elle semble tellement maladroite que je vois mal quelle mauvaise intention elle pourrait cacher.