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28 août 2020, 22:33
Un air de déjà vu ?
samedi 10 décembre 2044
@Alison Morrow


Il faisait froid et beau. Quelques flocons de neige étaient tombés hier mais aujourd'hui, plus rien, juste le froid et le vent. A travers la fenêtre du terrier, la petite irlandaise suivait avec attention le vol des dernières feuilles mortes. Certaines semblaient vouloir s’agripper plus que de raison aux branches des quelques arbres du parc. Et si elle allait aider un peu le vent ? Une fois que cette idée se fut immiscée dans un coin de son cerveau, pas moyen de la faire ressortir. Elle se redressa donc, enfila sa cape, s'enroula son écharpe aux couleurs de la maison autour du cou , enfila sa paire de kickers préférée et se lança à l'assaut du froid.

Elle marcha quelques temps sans but, alternant chemins et zones herbeuses, s'amusant à faire voler les feuilles qui s'entassaient dans certains recoins. Petit plaisir enfantin si agréable, s'enfoncer dans les feuilles jusqu'aux chevilles puis tourner sur soi même d'un seul coup pour se retrouver au cœur d'un petit tourbillon.

Deryn finit par atteindre les bords du lac. Les feuilles s'y posaient avec délicatesse, formant un tapis coloré sur la surface ondulante. La fillette sourit avant de se retourner et d'apercevoir l'arbre. Il était beau, droit, seul au bord de l'eau. Une pierre à son pied semblait lui servir de seuil, une invitation à s'élever non ?

Elle s'avança, tendit la main et s'accrocha aux branches les plus basses se hissant avec plaisir le long du tronc. Elle aimait grimper. Son frère disait parfois que c'était bien là une preuve qu'elle était perchée. Elle sourit en pensant à Audran. Elle le reverrait bientôt ce ronchon là. La première année finit par se caler confortablement contre le tronc. De son perchoir, elle avait une vue imprenable sur le lac et ses mosaïques dorées de fin d'automne.

Poufsouffle vult !
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"Seul on va plus vite mais, ensemble, on va plus loin" #PouffyFamily

30 août 2020, 13:15
Un air de déjà vu ?
Elle inspira à plein poumons l’odeur de l’hiver.
Fraîche, un peu piquante, dure, chargée de quelques relents de bois qui brûlaient dans les cheminées du château.
Depuis sa rencontre avec l’autre Jaune, elle évitait le plus possible la salle de répétition. Peut-être que l’excellente acoustique lui manquait, mais elle préférait ça plutôt que de se rappeler sa réaction idiote.
Elle avait du passer pour une folle, c’était obligé.
Elle se serait elle-même qualifiée ainsi si elle s’était croisée dans les couloirs.
Et depuis quand les dortoirs étaient un refuge ? Certainement pas. Ils étaient juste une porte de plus, mais pas assez grande pour faire un barrage.

Les petits talons de ses bottes brunes claquaient en rythme contre le sol, en une litanie presque rassurante. Remontant son écharpe sur son nez, elle sortit dans le parc tête nue, en espérant que la neige tomberait du ciel pour que ses cheveux soient collés de flocons, comme en Irlande.
Sa cape frôlait le sol, ses Pas s’étaient ralentis, s’enfonçant déjà dans une bonne couche de feuilles mordorées, laissant chacun de ses trébuchement inscrit sur le sol, en de gros paquets de vide au milieu de la pellicule rousse et herbeuse.
Au loin, le Lac semblait l’appeler, encore vide de glace et se mouvant tranquillement sous le soleil.
Sa main droite était serrée avec force autour de la poignée d’un étui noir.
Il battait sa hanche, trop grand pour qu’elle puisse le dissimuler aux regards curieux qui la voyaient s’en aller près du Lac.


« Eh, Morrow, tu veux noyer quelqu’un dans le Lac ? »


Ses jointures blanchirent et la poignée grinça sinistrement.
Ignorant les rires stupides qui avaient suivi cette déclaration, elle hâta le pas pour rejoindre le Lac.
S’adossant à l’arbre, sentinelle glacée, elle en fit le tour pour ne plus voir le château au premier plan.
L’eau clapotait paresseusement sur la berge, roulant parfois sur des galets irisés et luisants comme des diamants.
Son souffle s’élevait en de petits panaches blancs, embuant le paysage devant elle pendant un instant. Elle sourit un peu, s’avança vers le Lac et ouvrit la boîte.
Il était là.
Hésitante, elle se saisit du délicat instrument, admirant ses reflets et sa belle couleur chaude se reflétant dans le Lac.

Tournant la tête des deux côtés, elle arriva rapidement à la conclusion suivante : elle était absolument seule.
Seule. Pas d’élèves idiots pour lui coller des feuilles sur la tête, la bousculer dans le Lac, toucher son violon.
Que l’étendue calme, le vent murmurant comme la mer et l’arbre bruissant derrière elle.
Coupée du monde.

Un calme profond l’envahit.
Elle fit glisser lentement la colophane sur l’archet, savourant son odeur de résine qui allait si bien avec l’air chargé des prémices de neige et des derniers rayons chauds du soleil.
Puis le violon vint se positionner seul sous son menton.
Elle fit glisser plusieurs fois ses doigts engourdis sur les cordes, en une vaine tentative pour les réchauffer.

Puis, une note.
Deux.
Trois.
Et beaucoup plus.


Make my wish come true oh
All I want for Christmas is you


Elle sourit en fermant les yeux.
Elle était bête de jouer ça.
Ça lui plaisait, pour une fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

06 sept. 2020, 22:49
Un air de déjà vu ?
Le vent soufflait. Mais il semblait plus chuchoter des secrets aux feuilles que tenter de les chasser de son nouveau point de vue. Deryn sourit et ferma les yeux. Elle aimait écouter. Elle écouta donc autour d'elle, bien appuyée contre le tronc épais, se laissant bercer par les murmures du vent et les froissements des feuilles. Soudain un son monta. Un son qu'elle connaissait bien et qu'elle appréciait. Le son d'un violon. L'irlandaise parvint à garder les yeux fermés, malgré la folle envie de voir qui jouait. Elle voulait profiter du son sans l'image. Juste se laisser bercer.

Une mélodie de Noël qu'elle connaissait la fit sourire et la fillette se mit à chantonner. Peu à peu, elle le volume de sa voix monta, monta pour accompagner les cordes dont les notes s'envolaient au gré du vent. A la fin du morceau, elle s'autorisa à ouvrir les yeux et comme il se doit à la fin d'un concert réussi, applaudit à deux mains le violon qui se trouvait probablement un peu plus bas.

Son sourire se crispa légèrement quand elle reconnue la violoniste. Non pas qu'elle voulait l'éviter mais elle avait bien senti la dernière fois qu'Alice non Alison n'appréciait pas forcément de partager ses petits moments de musique. Deryn aurait peut être mieux fait de se taire et de rester percher là-haut discrètement à profiter d'un concert avec vue sur lac. Quelle idée d’applaudir de la sorte !

Maintenant, il était trop tard de toute façon. Elle entreprit donc de redescendre de son perchoir en quelques mouvements fluides et salua sa camarade dans l'intention de lui laisser la place assez rapidement pour la laisser travailler en paix.

- Décidément, je crois que nous aimons les mêmes endroits tranquilles. Enfin tranquille... C'est vite dit. C'était très chouette ce que tu as fait. Ça ma ramener plein de souvenirs en tête. Tu joues ce morceau pendant les fêtes de Noël.

Poufsouffle vult !
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12 sept. 2020, 19:34
Un air de déjà vu ?
C'était juste quelques notes balancées dans l'air, au final, une musique.
Quelqu'un qui s'était levé le matin avec deux trois sons dans la tête, les avait écrit sur le papier, avait juxtaposé des paroles dessus.
Et ça le fredonnait, ça respirait, ça raturait pour mieux repartir.

Son sourire s'agrandit lorsqu'elle entendit le vent commencer à chanter.
Il l'accompagnait, murmurant les paroles mêmes de la musique, suivant en rythme les glissements de l'archet verni sur les cordes, respirant en même temps que lui.
C'était beau.
Elle ne put empêcher de laisser un petit rire silencieux naître dans sa poitrine.

Et ses doigts
Couraient

Et ses mains
Dansaient

Et son Violon
Vivait

Et Elle entière
Vibrait


Finalement, après une course effrénée contre les cordes et un grand coup d'archet, elle laissa le silence l'environner.
Quelques secondes de Silence pur s'écoulèrent, qu'elle savoura le plus longtemps possible, s'imprégnant du calme l'environnant à présent.
Elle était transie de froid, mais absolument ravie de voir que le Vent et le Tout semblait l'avoir écouté en cet instant.

Puis brusquement, un son fit éclater les moindres parcelles de Silence, se répercutant violemment contre le Lac, défonçant ses oreilles.
Sursautant, le cœur battant à mille à l'heure, elle se tourna vers l'arbre, seul compagnon au bord du Lac.
*D'puis quand les arbres aplaudissent?*
Anxieuse, sa respiration bruyante troublant l'air, elle attendit nerveusement un mouvement de la part des branches, du tronc, des racines, des feuilles ou n'importe quoi pouvant lui expliquer le Bruit.
Puis elle la vit.

Dégringolant avec adresse du tronc, s'accrochant tantôt à l'écorce, tantôt se laissant glisser avec agilité et grâce autour de l'arbre.
Elle ne vit de l'être au départ qu'une avalanche de cheveux châtains, puis des yeux noisettes, chauds, qui l'étonnèrent au milieu du paysage gelé.

Sa vision faisant soudain un ensembles des détails aperçu, elle ne fut pas longue à reconnaître la fille.
*Merlin tout puissant...*
Deryn.
Qui semblait franchement désireuse de foutre le camp.
Normal après ce qui s'était passé.

La peur succéda à la honte, qui colora largement ses joues, puis au remord et à la tristesse.
Tout aurait pu être tellement différent...
Levant une main et la laissant mollement retomber comme pour arrêter le flot de mot qui sortait de la bouche de la Jaune, elle baissa les yeux au sol, pesant le pour et le contre de sa proposition.
Au final, changeant de pied d'appui depuis assez longtemps pour s'étouffer de malaise, elle laissa échapper les quelques mots qu'elle avait préparé dans sa tête dans le cas où elle la recroiserait.

"A...Attends!"

*Merlin, pourquoi j'arrive pas à parler?*

"J-j'ai été stupide... J'vais t'a-apprendre à j-jouer un truc, d'ac-ccord?"

Elle n'osa pas lever des yeux suppliants vers Deryn, mais la façon dont ses mains étaient crispées autour de l'archet et du violon parlaient pour elle.
*Allez, j't'en supplie... J'ai été tellement...Tellement...Tu sais...J'suis désolée...Steuplé, dit oui...*
*Steuplé...*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

12 sept. 2020, 20:42
Un air de déjà vu ?
De toute évidence, Alison ne souhaitait pas forcément répondre à sa question. Qu'importe, Deryn ne comptait pas insister. Peut être que sa famille tout comme sa musique ne faisait pas partie des choses qu'elle aimait partager, encore une mauvaise pioche se dit la fillette.

Alors qu'elle pensait quitter les lieux, les mots de sa camarade l'arrêtèrent soudain. Deryn la regarda avec de grands yeux et un sourire franc apparut sur son visage.

- Vraiment ? Je pensais que tu préférais garder ces petits moments là pour toi. Tu sais je comprends tout à fait que ça soit le cas.

Elle plongea ses yeux dans les prunelles vertes d'Alison. Avait-elle vraiment envie de partager son instrument ?

- Après si tu préfères, tu gardes le violon et moi, je chante. J'aime bien chanter. On peut faire un... mince comment ça s'appelle. Tu sais les jeux. Tu joues un air et moi je dois deviner de quoi il s'agit. Comme ça, tu gardes ton instrument et moi je peux profiter de tes talents de violoniste. Et après on inverse. Je mumumme un air et tu dois essayer de le reconnaître.

Elle pencha légèrement la tête en se mordillant la lèvre. Est ce qu'Alison accepterait ? En tout cas, Deryn cherchait déjà un air à mumummer au cas où. Malheureusement, elle était assez nulle pour ce genre de jeu et si la motivation était au rendez-vous, l'inspiration faisait pour le moment défaut.

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20 sept. 2020, 16:08
Un air de déjà vu ?
Les deux yeux écarquillés qui lui faisaient face lui donnèrent envie de ricaner, un instant.
Mais le sourire flamboyant dessiné sur les lèvres de la Jaune l'en empêcha.
Elle n'avait pas le droit de se moquer.

D'ailleurs, les Mots lui firent définitivement oublier son envie de rire.
Du rouge vint colorer ses joues, tandis que ses dents se mirent à mordiller sa lèvre inférieure.
Elle avait été horrible à ce point?
T'as pas idée, Minuscule...
Ses yeux fixèrent résolument le sol pendant les premières secondes.
Aucune envie de croiser ce regard plein d'espoir qui lui faisait face.
Si la honte pouvait consumer l’extérieur d'elle-même, elle serait déjà réduite en cendres fines, et éparpillées par les vents.

Relevant lentement la tête aux paroles qui s'ensuivirent, elle rencontra à nouveau les deux yeux noisettes piquetés de lueurs vertes.
Ils scintillaient.
Y avait pas de meilleur Mot pour les décrire.
Là, tout de suite, tandis qu'elle se consumait de remords, les pupilles se consumaient de joie, d'espoir et de milles autres sentiments qui changeaient comme les facettes d'un kaléidoscope.
*Jolies facettes...*
Un instant, couleur mousse, puis, pouf, couleur caramel, parfois s'entre-mêlant en une subtile nuance Indescriptible.
C'était fascinant.

Ses sourcil se haussèrent pourtant lorsque l'autre parla de Mumummer un air.
Mummumer?
Étrangement, le mot lui plaisait. Beaucoup.

Ignorant le reste de la phrase, et la supposée-proposition à laisser son instrument entre ses mains (même si une partie d'elle le désirait ardemment), elle haussa les épaules, et tendit l'archet à Deryn.
C'était peut-être beaucoup trop brusque, beaucoup trop sauvage et silencieux comme méthode, mais elle craignait de ne pas pouvoir lui offrir quelque chose de mieux.

"J'suis nulle pour reconnaître des trucs Mumummés...", souffla-t-elle en sentant à nouveau le Carmin embraser ses joues.

Silencieusement, elle entreprit d'incliner la tête pour la reposer sur la mentonnière, tout contre le violon, pour montrer ce premier geste, de loin le plus simple.
Peut-être que la Jaune avait l'habitude de câliner autrement sa harpe, mais il n'y avait pas de moyen plus simple que celui-ci pour écouter un violon.
On collait son oreille contre son cœur puis... On le sentait vibrer contre soi.
On chantonnait à ses côtés, dansait entre ses cordes, virevoltait au milieu de ses Échos, une belle tempête d’Échos, qui emmenaient loin du Monde et loin de tout, où on pouvait s'y enfermer à double tour et y rester jusqu'à ce que la Nuit engloutisse le Soleil, que la Lune flamboie et que le Lac se pare d'étoiles.

"Bon, ça c'est comment tu dois mettre ta tête... Normalement, c'est pas très compliqué jusque là."

Les couleurs du bois chatoyaient dans l'air, se réverbérant à l'infini, déployant sa gigantesque palette de nuances chaudes et brunes.
Lentement, elle releva la tête, puis prit la main de Deryn entre les siennes et essaya de lui faire prendre correctement l'archet, en essayant tant bien que mal de positionner les doigts sans les écarteler.
Saisir un archet pour la première fois était loin d'être agréable, alors elle essayait vraiment de faire attention...

"Dis-moi si ça fait mal, hein... C'est pas agréable au début..."
Dernière modification par Alison Morrow le 28 août 2021, 12:31, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

26 sept. 2020, 21:48
Un air de déjà vu ?
Mince, elle n'aimait pas les jeux de mumumage. Tant pis, une autre fois peut être. En tout cas, la violoniste semblait de bien meilleure humeur cette fois-ci. Elle était juste surprise de voir Deryn surgir ainsi. Ce qui était compréhensible. Les élèves ne poussent pas dans les arbres. Deryn sourit donc à ce visage amicale en réfléchissant. Peut être que la dernière fois, elle n'était vraiment pas en forme. Peut être qu'elle avait es trucs à régler, des choses qui n'allait pas avec sa famille ou avec des amis.

Quand le violon lui effleura l'épaule, elle se sentit toute heureuse. Deryn aimait la solitude mais elle aimait aussi partager. Et quoi de mieux que la musique pour partager. Elle se laissa guider par Alison pour placer correctement sa tête sur l'instrument.

- D'accord, murmura t-elle sans trop oser bouger la mâchoire de peur de tout faire dégringoler.

Puis ses doigts se placèrent sur l'archet. Ils étaient très proches les uns des autres mais l'angle à faire avec le poignet était on ne peut plus inhabituel. La jeune fille ferma les yeux pour essayer de mémoriser la position des choses. C'était important. Sa mère lui disait toujours ça quand elle apprenait un geste. Essaye de t'imprégner de la position de ton corps pour pouvoir retrouver le bon geste plus tard.

- Non, ça ne fait pas mal. Enfin pas encore. Est ce que c'est la position des doigts sur le manche qui détermine la note ? Comme sur une guitare ? Ou c'est plus compliqué que ça ?

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19 oct. 2020, 17:24
Un air de déjà vu ?
La réponse de Deryn la mit subitement à l’aise.
Très à l’aise.
C’était soudain comme si un énorme poids s’était ôté de ses épaules, une lourdeur lui comprimant les poumons qui s’était envolée.
Elle se trouvait apaisée, soulagée, bien qu’elle réprima le soupir lui venant du fond de ses entrailles pour essayer de se remémorer les questions posées par la Jaune.

Une ombre de sourire naquit sur ses lèvres, se répercutant légèrement dans sa voix qui devint une once plus enthousiaste.
Enfin, pas beaucoup non plus.
Mais ça constituait tout de même en une grosse évolution depuis la salle de répétition.

Elle n’avait plus peur que la Jaune abime son instrument. Ou tout du moins elle essayait très fort d’oublier cette possibilité, de prendre sur elle pour ne pas s’enfuir avec son violon, se carapater dans son dortoir en espérant qu’elle ne revoit plus jamais Deryn.
*J’suis bête, elle est gentille en plus...*

Elle s’empourpra à cette pensée, bafouillant tout de même une réponse du bout des lèvres.

« Oui, c’est un peu pareil, ‘fin... L’nombre de cordes est différent et la surface pour poser ses doigts est plus p’tite mais globalement, c’est ça... Après l’soucis avec le violon, qu’t’a pas dû connaître avec ta harpe, c’est la justesse... Et les grincements lorsqu’on glisse pas bien les doigts. Et l’archet quand on l’tient mal. Mais bon, c’est dur au début et mieux après, ‘faut juste s’y faire... »

C’était une très longue tirade pour ne pas dire grand chose, mais au moins, ça bourrait le vide causé par le silence.
Bizarrement, après l’avoir tant voulu, elle ne désirait plus se retrouver figé à ses côtés, à s’emmêler encore dans ses phrases ou à ne pas les terminer.

Lentement, elle lâcha la main de Deryn, essayant de voir comment elle s’en sortait avec l’archet, lui expliquant à nouveau la position des doigts et lui faisant modifier sa posture s'il le fallait.

« Tout d’abord, tu le pinces entre le pouce et le majeur... voilà, ensuite tu mets ton auriculaire sur le dessus de l'archet...L'annuaire sur la partie noire, là et l'index...Voilà, comme ça!»

Jetant un dernier coup d’œil au violon qui n’avait finalement pas l’air tant que ça de souffrir, tout comme celle qui le tenait -ce qui lui arracha un pincement au cœur de jalousie-, elle prit le bras de la Jaune, plaça ses doigts correctement sur les cordes et lui montra comment faire glisser l’archet.
Un couinement de chat plaintif en sortit, la faisant grimacer.

« Attends, pas trop fort sinon tu vas écraser les cordes et on va rien entendre du tout, et pas trop léger non plus sinon on va rien entendre... »

Elle prit son mal en patience, et après plusieurs essais, un Do timide et hésitant parvint à franchir la caisse de résonance.
Approuvant de la tête et décochant l’un des sourires qu’elle réservait d’ordinaire à son petit frère, elle lui fit signe de recommencer, en faisant moins trembler l’archet.

« Aie pas peur de t’planter. J’suis aussi passée par cette case, t’sais. »


Elle replongea un instant dans ses pensées, essayant de se remémorer sa dernière conversation avec la Jaune.
Qu’avait-elle dit déjà dans la salle de répétition ?
Elle maugréa en se rendant compte qu’elle avait presque déjà oublié toutes les paroles échangées.
*Foutu mémoire photographique.*
Fronçant légèrement les sourcils, elle essaya de rattraper le souvenir qui s’enfuyait, la distançant toujours de peu, aussi infernal que le lapin blanc de Lewis Carroll.
*Foutus paroles qu’on peut pas écrire*
Dans un éclair de lucidité, elle se remémora enfin de la phrase qu’elle voulait.
Ses yeux s’illuminèrent avant de s’éteindre en imaginant la possibilité plus que probable que Deryn l’ait vu brusquement s’assombrir au son du violon, sourire, puis faire la tête à nouveau.
Les paroles qui lui avaient été jetées là firent frémir.
Eh Morrow, tu veux noyer quelqu’un dans le Lac ?
Se forçant à plaquer un demi-sourire sur son visage, elle enchaîna :

« Tu veux qu’on essaye de voir Au Clair de la Lune?»

Actions de Deryn vues avec la Plume

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

28 oct. 2020, 16:17
Un air de déjà vu ?
Telle une élève studieuse, Deryn écoutait les consignes et essayait de les suivre du mieux possible en répétant les mots de sa camarade dans sa tête.

Pincer entre le majeur et... ben le pouce forcément ! Tu ne vas pas pincer avec ton nez ! L'auriculaire, l'auriculaire... Oui le petit quoi, sur le dessus. L'annuaire, c'est le quel l'annuaire ? Elle était tellement concentrée sur l'instrument que tous ces mots lui semblaient tout droit sortis d'une langue étrangère. Pour s'y retrouver, elle récita intérieurement le nom des doigts dans sa tête en se retenant de déplier sa main devant elle. Elle finit par réussir la première étape qui était surement la plus simple mais qui lui arracha malgré tout une petite pointe de satisfaction.

Alors qu'Alison semblait commencer à lui faire confiance, l'irlandaise fit crier le violon. On aurait dit qu'elle venait d'écraser la queue d'un chat. Elle sursauta et remonta les épaules en grimaçant sans pour autant s'avouer vaincue. Elle arriverait bien à le faire ronronner un peu cet animal. Juste un petit peu. Quelques instants plus tard, le sourire sur les lèvres de sa camarade lui confirmèrent qu'elle avait à priori réussi à sortir quelques choses de potable. Au moins, les créatures du parc ne craignaient plus pour la vie d'un des leurs. Elle essaya de refaire cette petite note une fois, puis deux, puis trois. C'était tellement plaisant de réussir quelque chose même s'il s'agissait d'une toute petite note de musique.

« Tu veux qu’on essaye de voir Au Clair de la Lune?»

- Tu crois que je pourrais y arriver ? Deryn n'y croyait pas forcément là tout de suite mais après tout, elle n'était que l'élève et donc pas forcément la meilleure juge. Et puis, le début de ce morceau ne comportait que trois notes différentes. On apprend tout de suite à jouer avec un archet ou on commence avec les doigts ? Pour bien se placer sur le manche ?

Elle tendit son instrument à la violoniste en souriant.

- Je te regarde un peu pour essayer de voir où vont tes doigts et comment tu places ta main. Et puis ça fera une pause pour les oreilles des habitants du parc.

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19 nov. 2020, 14:14
Un air de déjà vu ?
«La musique, c'est plus qu'un simple glissement d'archet sur quelques cordes.
C'est un autre langage, une autre dimension, un autre temps.
A toi de l'interpréter.»

______________________________


Elle se tenait à présent sur le qui-vive.
A l’affût des mauvaises notes et des grincements certainement.
Pourtant, malgré sa mauvaise volonté, elle devait reconnaître que la Jaune s’en sortait bien. Même, mieux, elle semblait appliquer ses conseils et avoir vraiment envie de jouer.

Elle lui tendit d’ailleurs à nouveau le violon, le plaçant presque directement entre ses mains.
Voit ça comme un jeu.
Un jeu ?
*D’accord. On va jouer. *

Elle esquiva la question sur le fait d'y arriver ou non.
Après tout, c'était beaucoup trop subjectif, et beaucoup trop vague pour qu'elle y réponde.

Elle reprit l’instrument entre ses mains, caressant un instant le bois, appréciant son contact familier sous ses doigts.
Elle avait lu quelque part que les câlins éliminaient une hormone produite par le cerveau et responsable du stress.
Son violon était un peu son câlin à elle.

« Normalement quand on commence, on fait un travail séparé : d'abord l'archet, 'pis les cordes. Déjà, tenir l'archet c'est galère... Mais les notes c'pas très compliqué. Faut juste qu'le violon soit accordé et pas trop glisser sur les cordes pour pas avoir un son dégueu. »

Prenant délicatement l’archet, elle plaça le violon sous son menton, allongeant son oreille près des cordes, écoutant le vent bruissent autour d’elle.
C’était comme si elle était seule.
Seule avec l’instrument, sans soleil, sans ombre aussi.
Juste...Dans une sorte de non-lieu, un endroit où les mots n’existeraient que pour donner des notes, les notes une partition et une partition un chant.

Elle cligna plusieurs fois des yeux pour se remettre les idées en place et entreprit de placer lentement ses doigts, tout en prenant la parole :

« Alors, Au clair de la Lune ça commence par un Do. Tu places ton index là, un peu en hauteur sur la corde, pas trop non plus sinon tu vas faire une autre note. »

Sa voix était fluide, claire.
Apaisée.
Elle ne hachait pas les mots, ce qui était rare. Elle prononçait chacune de leurs consonnes, les laissant rouler sur son palais, prendre leur temps pour se formuler dans l’atmosphère.
Des mots-musiques.
Peut-être qu’en ce moment même, elle était persuadée d’écrire une partition dans un langage connue d’elle seule, et qu’elle seule pouvait déchiffrer. Alors elle ne voulait manquer aucune note.

Lentement, elle replaça ses doigts sur l’archer en répétant un peu plus succinctement ce qu’elle avait expliqué il y a quelques instants, puis fit glisser l’archet sur la corde.
Un do sonore retentit.

« Quand tu joues, il faut pas trop appuyer...C’est comme si tu effleurais du bout des doigts les cordes de ta harpe. Faut que le son sorte, mais faut qu’il soit tout doux aussi. Un peu comme une caresse, en fait. »

Elle refit glisser l’archet, appréciant les vibrations qu’elle sentait sous ses doigts et le son résonnant près de son oreille.
Elle aimait bien jouer tête couchée sur le bois, sans appui-tête.
Ça lui donnait l’impression d’être en symbiose avec le violon, de devenir un petit bout de lui, rien qu’un microscopique morceau, une parcelle de son, une once de vibration.
Pour se sentir peut-être plus vivante.

« Lorsque tu veux rejouer un son, tu fais juste glisser l’archet dans l’autre sens. »

Do. Do. Do do do do do do.
Le rythme s’accélérait au fur et à mesure que l’archet allait et venait sur les cordes.
Elle s’arrêta brusquement, rougit un peu et bafouilla un :

« ‘Fin...Ça c’est pas pour tout d’suite... »

Rapidement, son doigt glissa sur la corde pour faire un "ré", puis un "mi".
Elle répéta plusieurs fois le geste, glissant entre ces trois notes avec fluidité.
Puis elle commença le morceau.
Do do do ré mi, ré, do mi ré ré do.

«Tu penses qu'ça va aller? »

Sans attendre la réponse, elle recolla le violon dans les mains de Deryn.

«Allez, j'vais t'aider de toute façon. On essaye! »


L'excitation avait pris le Pas sur la peur et les mauvaises ombres des souvenirs.
C'était bien pendant un instant d'oublier ce qu'on avait pu faire et se concentrer sur le Présent et l'Après.
Comme quoi, quelques notes pouvaient raccommoder bien des choses, si on leur en laissait le temps...

Navrée du contretemps, Plume...
Mais tout de même, je crois que c'est la première fois qu'elle parle aussi longtemps et intentionnellement en plus!

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.