La salle d'Étude des Moldus – mais aussi le bureau du professeur qui enseigne la matière – sont tout deux situés au premier étage du château. Bien que ce ne soit pas un avantage donné par la direction, cela évite bien des soucis au professeur Hughes qui n'a pas besoin de gravir de nombreux escaliers entre ses appartements, sa salle de classe, son bureau ou la salle commune de Poufsouffle. Pour atteindre le bureau, il suffit de traverser la salle de cours et de frapper à la grande porte en bois située au fond droit de la salle. Si le professeur n'est pas dans son bureau, la salle de classe est verrouillée magiquement afin qu'aucun élève ne puisse y pénétrer et faire des bêtises en son absence.

De forme rectangulaire, le bureau du professeur accueille un impressionnant bureau en bois foncé acquis chez un antiquaire moldu il y a quelques années. De part de d'autres de celui-ci se trouve un fauteuil confortable en cuir où trône Matthew Hughes lorsqu'il travaille, et de l'autre un canapé, lui aussi en cuir, pour recevoir les élèves et discuter avec. Derrière le fauteuil se trouve une impressionnante bibliothèque, faîte dans un bois vieux, où se trouve de nombreux livres en tout genre – parlant de sorcellerie ou de sujets moldus – mais également des artefacts magiques ou moldus pour la décoration. Les quelques bouteilles de whisky restantes de son prédécesseur ont été installées dans une armoire en verre dans le coin nord de la salle et restent la plupart du temps sous scellés magiques.

Le professeur a accroché de nombreuses copies de peintures moldus sur les murs, comme la Marilyn Monroe d'Andy Warhol ou la Nuit étoilée de van Gogh, peintures enchantées pour se mouvoir – ce qui amuse pas mal l'enseignant. Dans le coin gauche de la salle se trouve plusieurs tables et armoires abritant des objets de collections moldues – comme un téléphone à cadran rouge ou un appareil à photographie argentique. Le professeur a d'ailleurs l'habitude de se servir de ce dernier régulièrement et a installé des rideaux qui peuvent, lorsqu'ils sont déployés, plonger la salle dans une obscurité totale afin de développer les clichés. De l'autre côté de la salle, reste le coin cinéma que son prédécesseur avait installé et qui n'a pas été retiré : ce sera l'occasion pour lui de pouvoir regarder des films en étant au château. Ce coin est constitué de plusieurs canapés confortables avec de vieux gramophone et projecteur afin de pouvoir réaliser la séance.

Ce sujet est ouvert pour ceux désirant faire un RP avec moi dans mon bureau. Il vous sera demandé de m'envoyer un hibou avec le contexte afin que nous en discutions, ceci avant de poster le moindre message ici.

▧ BUREAU RESERVÉ

C'était tout juste le deuxième jour de cours en cette rentrée 2045, et Ennis se trouvait déjà devant le bureau d'un professeur la tête pleine de questions. Venant de la part d'un élève studieux comme l'irlandaise ça n'avait pas grand chose d'étonnant. Même si tôt dans l'année scolaire. Sauf si on considérait qu'elle se trouvait devant la porte de la salle de cours du professeur d'étude des moldus. Un cours qui ne faisait pas partie de son cursus, qui n'avait rien d'obligatoire pour elle, et qu'elle n'avait jamais suivi l'année précédente de façon optionnelle. Il y avait juste eu les conférences sur le secret magique à préserver dans le monde moldu. Des interventions non notées qui avaient été dispensées par des professeurs habitués du monde moldu. Alors certains élèves qui passaient par là et la connaissaient regardait cette jeune née-sorcière qui n'avait jamais pris la peine de s'intéresser au monde moldu auparavant devant cette porte, le poing gauche fermé, prêt à cogner le bois.

La préfète frappa donc trois fois la porte de bois qui séparait le couloir du bureau du professeur. Elle avait passé une partie de sa soirée de la veille à discuter avec d'autres élèves pour retrouver son nom. Elle avait fait l'erreur de n'écouter que d'une oreille lors du banquet de début d'année et ne l'avait pas saisi. Pourtant avec la disparition du professeur Penwyn l'année précédente, elle aurait dû se douter qu'il serait remplacé. Surtout qu'à sa connaissance il n'était pas réapparu dans le paysage sorcier. Ni vivant, ni mort. Allez savoir si c'était ou non une bonne nouvelle.

Elle était donc là devant cette porte de bois après avoir frappé trois coup distincts à attendre que le professeur Hughes ne l'autorise à entrer ou vienne ouvrir lui-même. De ce qu'elle avait glané comme informations le lundi soir, l'homme avait déjà enseigné au sein de Poudlard à l'époque où ses parents y étaient élèves. Il avait donc forcément eut sa mère en cours puisque celle-ci avait étudié en filière spéciale. Elle se demandait d'ailleurs ce que ça avait pu donner vu le dédain de Cathleen O'Belt pour les moldus et sa méfiance envers les nés-moldus. Mais Ennis ne pouvait pas savoir que la jeune Sweeney de l'époque n'avait rien de particulier contre ces deux catégories d'humains. Elle n'en pensait alors ni bien ni mal et suivait les cours d'étude des moldus avec curiosité mais aussi beaucoup de scepticisme qui avait parfois donné du fil à retordre à l'enseignant.

Un trait dont la benjamine de la fratrie avait hérité. Et qui la conduisait présentement à l'endroit où elle se trouvait. Dans ce couloir où les première année attendaient Miss Montmort bien en rang et où les presque adultes de septième année patientaient devant la classe de Miss Holloway de manière beaucoup moins ordonnée. En parlant de ces derniers, un sifflement suivi d'une interpellation à son encontre la fit se retourner brusquement:

- "Hey Ennis, c'est que l'été... Ça t'a rendu si... bonne" Venait de plus ou moins crier le garçon à son intention tout en la détaillant du regard de haut en bas de manière tout sauf agréable. Le tout faisant grassement rire son voisin et lui-même. Stoïque la préfète de quatrième année serra la mâchoire. Oui son corps avait évolué pendant l'été - quittant définitivement les dernières marques de l'enfance pour celles bien plus féminines de l'adolescence - mais était-ce une raison pour se comporter comme un scroup en rut?

Plutôt que de lui répondre, elle préféra détailler son visage et esquisser une légère grimace en s'attardant sur son nez. Pas que cet appendice soit particulièrement disgracieux mais cela pouvait laisser penser que quelque chose pouvait clocher au milieu de son minois. Un coin de lèvre remonta furtivement sur sa joue en voyant l'intéressé s'arrêter brusquement de rire. Mais peut-être était-ce parce que la porte derrière elle venait de s'ouvrir.

Ennis le laissa donc là et pivota vers sa destination première. Elle n'avait pas de temps à perdre avec ce mal élevé et tant pis pour lui si un professeur ou un autre l'avait entendu.

Cela faisait tout juste cinq jours que Matthew Hughes avait emprunté le Poudlard Express pour revenir au château où il avait arrêté d'enseigner il y a plus de dix ans. Si ces lieux l'avaient accueillis la moitié de sa vie, le vieil homme devait admettre que l'extérieur avait considérablement changé. S'attendant à retrouver un lieu familier, il avait découvert la presqu'île transformée en île, un impressionnant arbre qui surplombait même la tour d'Astronomie et un grand oiseau plutôt ronchon. Là où il aurait dû trouver réconfort et stabilité ne se trouvait désormais plus qu'un champ de nouveautés et de chaos. Heureusement pour lui, l'intérieur des murs du château n'avaient guère changés et il pouvait retrouver les mêmes marches à éviter dans les escaliers sans quoi on s'y enfonçait, les mêmes tableaux avec qui il pouvait converser pendant plusieurs minutes et ceux qu'il préférait ignorer. Même si l'aspect extérieur de Poudlard avait énormément changer, son cœur restait identique et cela rassurait un peu le professeur.

Le deuxième jour de la rentrée des classes, l'adulte s'était réveillé aux aurores – cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus besoin de réveil pour se lever de bons matins ; ses nuits se raccourcissaient à la même vitesse que le reste de ses jours. Après avoir pris son petit déjeuner dans ses appartements, appartements qu'il avait aussitôt aménagé dès le soir de son arrivée à Poudlard pour qu'ils soient à son goût et qu'il soit bien installé, Matthew était resté l'heure suivante lové confortablement dans un fauteuil en cuir à lire l'édition du jour de la Gazette du Sorcier. Une tasse de café à la main, le journal dans l'autre, il passait la moitié du temps à froncer les sourcils face à la propagande distillée par le Conseil des Sorciers dans le journal, l'autre à s'inquiéter du changement qu'avait pris le monde magique depuis plus d'un an et demi.

Il était désormais temps de se préparer, car si il n'avait pas eu encore cours – et qu'il n'en aurait pas de la matinée, les premiers cours n'étant que le mardi après-midi pour lui – le vieillard voulait se rendre dans sa salle de cours et de son bureau afin d'être prêt pour les enseignements. Doucement, après tout il avait tout le temps qu'il voulait aujourd'hui, il ôta sa vieille robe de chambre pour se vêtir d'une chemise blanche, d'un costume trois pièces marron et noua une cravate bleue nuit autour de son cou. Même si il avait passé depuis longtemps l'âge où il s'habillait bien pour séduire la gente féminine – avait-il déjà eu cet âge puisqu'il avait rencontré sa femme assez jeune ? –, Matthew aimait prendre du temps le matin pour se préparer et être impeccable. Une bonne apparence en disait bien long sur une première rencontre que bien des choses. De ce qu'il avait toujours su, les premières impressions étaient cruciales pour la suite de relations. Sourire, bien serrer la main, se tenir droit étaient tout aussi important que les idées que sa bouche pouvaient véhiculer.

Pendant plusieurs minutes, Matthew s'affaira à décorer le bureau adjacent à sa salle de cours selon sa convenance. Le ménage n'avait pas été fait suite à l'absence prolongée de son prédécesseur – cela faisait bien longtemps que personne n'avait eu la moindre nouvelle d'Edward Penwyn – et ainsi, le vieil homme devait réarranger le bureau non seulement pour qu'il soit propre, mais pour qu'il soit à son goût. Une fois la poussière disparue, il changea la couleur et la matière de plusieurs fauteuils pour qu'ils soient bien plus confortables et accordés avec le reste de la pièce. Il s'apprêtait à jeter un sortilège pour faire luire la vitrine à whisky pur-feu lorsque trois coups fermes se firent entendre. S'arrêtant dans son élan, l'adulte se retourna, s'éclaircit la voix mais lorsqu'il commença à dire un « Entrez », s'arrêta et décida qu'il était bien plus d'humeur à ouvrir lui-même la porte de la salle.

Le loquet de la salle tourna lentement, la porte en bois pivota, et Matthew découvrit une élève de Poudlard, une Gryffondor de ce qu'il pouvait voir de sa tenue, qui se tenait devant lui. N'ayant pour l'instant jamais eu le moindre cours – ou du moins pas depuis plus de dix ans et il était peu probable que cette fille ait été tout ce temps à Poudlard, et ne connaissant pas cet enfant en dehors de l'école, l'homme se demandait bien pourquoi elle était venu jusqu'ici. Fronçant légèrement les sourcils, il tourna en partie son corps vers l'intérieur du bureau, sa main gauche suivant ce geste pour inviter l'enfant à entrer.

« Bonjour. Entrez Mademoiselle, entrez.»

Il ne referma pas la porte du bureau derrière lui ne voulant pas que la fillette ait peur de se retrouver seule dans une pièce avec un adulte qu'elle ne connaissait pas. Matthew s'installa derrière son bureau en faisant signe à la Gryffondor de s'asseoir sur le fauteuil de l'autre côté. Maintenant qu'elle était éclairée par la lumière de la fenêtre, il pouvait voir un insigne de préfète briller sur sa poitrine. *Qu'est-ce que la préfète de Gryffondor peut-elle bien me vouloir ?* se demanda-t-il en essayant de se rappeler si il était déjà intervenu auprès d'un enfant de cette maison.

« Vous voudriez sans doute du thé et des biscuits ?»

Sans attendre la réponse de l'enfant, il fit voler en un coup de baguette une boîte de biscuit au gingembre d'une étagère et apparaître un théière encore fumante. Matthew était un homme extrêmement patient, il ne s'était pas empressé de demander le nom de l'enfant ni la raison de sa venue ; elle le lui dirait bien assez tôt.

Dans l'encadrement de la porte se tenait le nouveau - pourrait-on vraiment dire nouveau? - professeur d'Étude des Moldus. La représentante de la maison rouge et or ne saurait dire s'il avait pu entendre ou non les propos fort peu agréable qui lui avaient été adressés quelques instants plus tôt. Si tel était le cas, l'adulte avait pris la décision de ne pas intervenir, préférant inviter la châtain à entrer dans la pièce. C'est donc ce qui fit Ennis qui avança de quelques pas avant de laisser l'adulte passer à nouveau devant elle afin qu'il ouvre le chemin jusqu'à son bureau attenant a la salle de cours. La préfète pu ainsi avoir un aperçu des différents objets présents, des tableaux, un appareil photo, des fauteuils devant une toile blanche... De quoi apprendre l'histoire de l'art et des inventions moldus sans aucun doute. Elle se fit la réflexion fugace que ça pourrait être intéressant d'en savoir plus. Mais l'idée passa très vite dans son esprit. Son planning était déjà très rempli et elle doutait d'en avoir le temps. Surtout que c'était peut-être bien la seule chose qui intéresserait la Gryffondor. Et encore, elle n'était sûre de rien.

En pénétrant dans le bureau, elle constata qu'il était encore en cours d'aménagement malgré l'ordre apparent. Le seul indice était peut-être la poussière quelle avait pu voir voler dans un rayon de lumière, signe qu'elle venait d'être délogée d'un meuble. Sur invitation de Monsieur Hughes, elle s'assit en prenant soin de bien placer sa jupe comme elle le faisait automatiquement depuis des années maintenant. Et, comme ses pieds ne souhaitaient décidément pas atteindre le sol, elle les croisa au niveau de ses chevilles comme toute personne - jeune fille - se devait de le faire. L'adulte était placé face à elle et faisait venir de quoi se sustenter. En regardant venir à eux la boîte de biscuits, la châtain ne manqua pas de jeter un œil à la bibliothèque qui piqua sa curiosité. Curiosité visible par un éclat dans ses yeux, un éclat similaire à celui qui attirait les iris maternelles d'après son père.

- "Du thé s'il vous plaît," accepta Ennis. Elle n'avait pas faim puisqu'elle venait de prendre son petit-déjeuner. Mais l'usage voulait qu'elle accepte ce qu'on lui offrait. Et puis elle aurait toujours l'échappatoire de prendre une gorgée si elle souhaitait prendre quelques secondes pour réfléchir avant de formuler une réponse.

- "Ennis O'Belt," commença la jeune fille pour se présenter. "Vous êtes certainement au courant que des cours sur le Secret Magique ont été mis en place l'année dernière à la suite..." comment formuler la suite? C'était tout sauf une mince affaire, la capture de sorciers par des moldus et ce qui avait suivit avait marqué bien des esprits, dont le sien, "des enlèvements de sorciers." Voilà qui restait suffisamment neutre. Restait à exposer le reste de ses interrogations. Car toutes ces disparitions et réapparitions quand elles avaient lieu ne pouvait pas qu'être dues à des imprudences? Cela lui semblait invraisemblable. A se demander s'il était vraiment possible de se protéger des personnes dénuées de pouvoir magique. Et elle ne voyait pas à qui d'autre que l'adulte en charge des cours sur les moldus pouvait répondre à ses questions. Elle attrapa la tasse de thé qui venait de flotter doucement jusqu'à elle et se permit d'en prendre une gorgée puis de poser ses mains sur ses genoux tout en y tenant la tasse. La préfète poursuivit ses dires en pesant ses mots. Elle se méfiait des moldus - et il était déjà arrivé qu'elle laisse penser que les nés-moldus n'étaient pas méritant à ses yeux, alors qu'elle ne faisait qu'attendre d'eux qu'ils s'intéressent à leur nouveau monde. Sans chercher à comprendre le leur en retour, mais elle n'avait aucune obligation d'y vivre alors...

- "Je me demandais si ce qu'on nous y apprend est vraiment efficace pour nous protéger?" Voilà qui était dit sans détour. Son regard jusqu'alors posé sur son professeur dériva une fraction de seconde vers le sol. Il revint très vite sur l'homme qui allait sans nul doute lui répondre.

Le sourcil droit de Matthew se leva pendant une demi-seconde avant de redescendre lorsque l'enfant lui signifia qu'elle prendrait du thé alors qu'il ne lui avait pas proposé d'autres breuvages. Cette étourderie de langage était compréhensible car l'enfant venait voir un adulte qu'elle ne connaissait pas – et avait sans doute quelque chose d'important à lui demander. Il ne chercha pas à la reprendre et se contenta de lui adresser un sourire aimable tandis qu'il exécutait un second mouvement de baguette magique pour que la théière se met à déverser son contenu dans l'une des deux tasses présentes sur le plateau argenté. Pendant plusieurs secondes, l'enseignant regarda la préfète de Gryffondor en silence et attendit qu'elle se décide à prendre la parole.

L'attente ne fut pas longue, puisqu'elle se présenta comme étant Ennis O'Belt. Ses yeux s'écarquillèrent et une lueur parcourut ses yeux. Une lueur comme de celle qu'on a lorsqu'on comprend un élément qui n'était pas montré, quelque chose qui n'était pas dit.

« Oh... O'Belt. L'une de mes anciennes élèves s'est mariée avec un certain O'Belt... Mmhh... comment elle s'appelait déjà ? se dit-il plus à lui-même qu'à l'enfant. Cela remontait à des années déjà et Matthew n'avait pu entendre le nom d'O'Belt qu'à une seule occasion. Oui, c'est ça ! Un mariage auquel l'une de ses anciennes élèves l'avait conviée et depuis cet événement, il n'avait plus eu de nouvelles. Cathleen... Sweeney, une de mes anciennes élèves. Êtes-vous sa fille ou bien je me trompe ?»

Cela faisait bien longtemps qu'il enseignait à Poudlard – en enlevant les dix dernières années –, il était fort probable que de nombreux élèves actuels soient les enfants des élèves qu'il a pu avoir en classe au début de sa carrière d'enseignant. Il s'arrêta quelques instants après avoir fait un sourire bienveillant à l'enfant. L'enseignant laissa le silence s'instiguer entre eux pendant plusieurs secondes, essayant de deviner les traits de son ancienne étudiante parmi ceux de la jeune fille qui se tenait devant lui. Son attention fut attirée par le regard de l'enfant. Elle avait ses yeux. Les mêmes yeux noisettes qu'il avait pu croiser trente ans plus tôt dans sa salle de classe. Les mêmes yeux empli de curiosité et de connaissances. Croisant les doigts de ses deux mains entre eux au-dessus du bureau, Matthew prit une expression plus grave et sérieuse et lui répondit :

« Concernant votre question, je serais bien incapable de vous répondre. De ce que j'ai pu apprendre depuis mon retour à Poudlard, ces cours étaient dispensés par vos enseignants ayant un pied dans le monde moldu. Je n'ai pas été averti de son contenu. Vous pourrez ainsi comprendre qu'il m'est très difficile de pouvoir juger de l'efficacité de ces cours.»

Sa réponse ne plairait sans doute pas vraiment à la Gryffondor, mais que pouvait-il y faire, c'était la pure vérité. Il n'était pas homme à juger sur des ouï-dire ; il fallait qu'il voit par ses propres yeux pour pouvoir émettre un jugement et avait horreur qu'on tente de lui forcer à penser autrement que par lui-même. Seulement, Ennis O'Belt n'avait pas fait tout ce chemin jusqu'à son bureau pour entendre qu'il ne pouvait absolument rien dire dessus. Il se devait de l'interroger sur cet enseignement afin de pouvoir en connaître davantage à son propos.

« Il est important que vous soyez au courant de ce qu'il se passe entre le monde des moldus et le nôtre par des temps aussi... compliqués. De là à dire que ces cours ont pour but de vous protéger, je pense que c'est légèrement exagéré. Vous avez les enseignements de Défense contre les Forces du Mal pour apprendre cela. J'imagine que ces cours étaient plutôt destinés à vous apprendre les récentes évolutions entre nos deux mondes et vous expliquer ce qu'il faut – ou ce qu'il ne faut pas – faire pour éviter de mettre votre vie en danger.»

Matthew se servit dans la boîte en fer et croqua à pleines dents dans un biscuit à la gingembre. Ils étaient parmi ses préférés car ils n'étaient pas sucrés et que plus il vieillissait et moins il appréciait cette substance.

« Peut-être que si vous me parliez davantage de ces enseignements, je pourrais juger de leur efficacité ?»

Il tendit ensuite la boîte à biscuits à la jeune fille qui ne s'était toujours pas servie.

Ennis avait attrapé la tasse de thé avec un geste qui montrait son habitude de voir ces dernières flotter jusqu'à elle. Elle avait toujours procédé ainsi et s'était étonné lanpremiere fois qu'un ami né-moldu lui avait signifié que ce geste si naturel pour elle lui était particulièrement inconfortable. Qu'il avait toujours peur de faire tomber la tasse ou la coupelle. Mais après une courte discussion entre eux il lui était apparu que tout cela était bien logique. Chez lui, il devait se lever pour attraper tout objet, ou bien cela passait de la main à la main. Ce n'était vraiment que des détails mais ils montraient une sorte de fracture entre ceux qui étaient nés dans un monde baigné de magie et ceux qui n'en faisait la découverte que l'été suivant leurs onze ans.

Alors qu'elle avait mentionné son nom puis énoncé la raison de sa venue, l'irlandaise cru déceler une lueur de compréhension dans les yeux de l'adulte qui lui faisait face. Elle se surprit à chercher de quoi il pouvait bien s'agir pendant une fraction de seconde. Le temps qu'il fallut au professeur pour mentionner nulle autre que sa mère. Cela faisait d'ailleurs bien longtemps qu'elle navait pas entendu le nom de jeune fille de celle-ci. Il faut dire que celle-ci était fille unique et que ses parents étaient décédés avant la naissance de Domhall. Même Diarmuid ne se souvenait pas d'eux. La seule chose qui les reliait de manière tangible aux Sweeney, dont ils etaient - à sa connaissance - les derniers membres, était les traditions sorcières et rituels magiques de Yules ou du printemps.

- "Effectivement, Cathleen Sweeney est bien ma mère." Ennis était étonnée que l'adulte de souvienne ainsi d'une ancienne élève qu'il n'avait à priori pas revu depuis sa sortie de l'école en... 2018 si elle ne se trompait pas. Il y a 27 ans... une génération.

- "Vous avez une bonne mémoire des personnes." Constata l'adolescente. Dans le milieu dans lequel elle vivait, fait de réceptions, de rencontres, de pistons aussi, de ronds de jambe souvent... c'était une sacrée qualité. Qu'elle possédait plus ou moins. Elle se souvenait généralement bien des visages et des noms de famille, pas toujours des fonctions. Mais à force de remarques, elle s'améliorait au point d'utiliser les journaux quotidiens pour 'réviser'.

Mister Hughes prit un instant avant de lui répondre. Elle ne remarqua pas vraiment qu'il l'observait, cherchant des points communs entre Ennis et Cathleen dans son visage. Il l'avait fait discrètement et rapidement. Par contre, la Gryffondor ne manqua pas son changement d'attitude et d'expression pour aborder sa question. Il était devenu plus sérieux et grave. Un peu comme son interrogation. En dehors du contexte politique actuel elle serait bien plus anodine. Mais compte tenu du danger que pouvait représenter une sortie dans le monde moldu pour un sorcier, elle prenait une toute autre dimension.

L'étudiante fit un signe affirmatif de la tête quand l'adulte commença par dire qu'il ne pouvait pas réellement juger de ce qui leur avait été dit dans ces cours. Il en connaissait l'existence, qu'ils avaient été dispensés par certains professeurs qui connaissaient les moldus, mais c'était tout. Il poursuivit en lui donnant son avis personnel sur la protection que pouvait apporter les connaissances apprises lors de ces conférences. Ennis eut un nouveau hochement de tête. Ce qu'il disait était plus que cohérent.

- "L'intitulé exact de ce cours est 'Protection du Secret'. Et lors de la première intervention il nous a été présenté comme un moyen 'd'avoir des clefs concrètes de se protéger dans le monde Moldu'." Elle avait prononcé le nom et l'objet d'une voix un peu différente pour bien indiquer qu'il ne s'agissait pas de ses formulations.

- "Ce qu'on y a vu m'a parut généralement pertinent. Comme ne pas mettre de robe de sorcier ou faire attention aux expressions utilisées." Elle ne put s'empêcher de penser aux échanges avec son ami Audroc à ce moment là. Les expressions sorcières et modlues était un sujet récurrent entre eux. "Mais concernant le fait d'avoir sa baguette sur soi ou non, nous avons eu des avis contradictoires. Je ne sais quoi en penser. L'avoir est une preuve que nous sommes sorciers. Mais comment se proteger si nous ne lavons pas?" Elle fit une pause pour boire deux gorgées de thé, elle réfléchissait à comment formuler la suite. Cela laissa également du temps au professeur pour répondre.

Un sourire fier apparut sur le visage de Matthew Hughes lorsque ses soupçons sur l'identité de la mère de l'enfant se confirmèrent. Ennis O'Belt était bien la fille de Cathleen Sweeney, l'une de ses anciennes étudiantes. La Gryffondor semblait surprise par la mémoire qu'il semblait avoir – après tout cela faisait plus de vingt-cinq ans que la sorcière avait quitté les bancs de l'école – comme si à son âge il devrait perdre la tête et se souvenir de moins en moins de son passé. Seulement, le professeur avait toujours accordé une grande importance à la partie sociale de sa vie. Il était un animal social qui se complaisait dans les soirées en bonne société, qui vivait pour échanger avec les autres personnes et qui ne ratait jamais la moindre occasion de raconter une bonne anecdote. Le nom et le visage de chacun des élèves qu'il avait eu étaient gravés dans sa mémoire à l'encre indélébile. Si il n'avait pour la plupart guère connaissance de l'apparence qu'ils avaient désormais, il n'avait jamais eu la moindre difficulté à les reconnaître en les croisant aux événements de la communauté sorcière.

« Oh vous savez, je fais du mieux que je peux pour me rappeler des personnes que je rencontre. Il est toujours désagréable de rencontrer de nouveau une personne dont on a totalement oublié le nom» lui dit-il avec un sourire amusé sur le visage.

Telle que racontée par la préfète de Gryffondor, la série de conférences sur le Secret Magique était destinée à apporter aux étudiants des éléments importants pour pouvoir vivre, si ce n'est survivre dans le monde non magique. Seulement, de ce qu'il entendait, les sujets qui avaient été évoqués étaient des sujets abordés durant les cours d'Étude des Moldus. Le directeur de la maison Poufsouffle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi ces cours n'avaient pas été rendus obligatoires pour la plupart des élèves au lieu de faire une série de conférences courtes et qui ne faisaient que survoler le problème. La direction de Poudlard avait du faire un choix, choix que Matthew ne jugeait pas nécessairement le plus judicieux. Le monde était certes en évolution critique, mais faire ces conférences n'était qu'une demi-mesure. Le problème devait être traité sur le long terme ; il ne s'agissait pas de l'évoquer rapidement pour se dédouaner et ne pas assumer la responsabilité sur de potentiels accidents dans le futur.

Ennis lui demanda alors comment elle pourrait se protéger dans le monde moldu si elle ne devait pas avoir de baguette magique. Il était vrai qu'avoir cet instrument de magie sur soit pouvait trahir son identité à coup sûr, mais avait-elle vraiment le choix ? Il était impossible de pouvoir se protéger sans pouvoirs ; elle serait à la merci de tous, sans pouvoir se défendre. Matthew n'avait pas forcément la réponse à cette question. Les rumeurs disaient que les Moldus avaient développé de nouveaux outils pour détecter la présence de sorciers ou non, mais il ne s'agissait que de rumeurs. Sans cette information, il était bien difficile d'établir une stratégie fiable pour que les sorciers puissent passer incognito et ne pas se faire repérer.

« C'est une très bonne question. Jamais je ne vous recommanderai de vous rendre dans le monde non magique sans votre baguette. Vous seriez à la merci des Moldus sans possibilité de fuir. Je ne puis que vous conseiller de bien la cacher et d'éviter si possible tout contact avec les Moldus. Vous êtes bien plus en sécurité avec les gens de notre communauté qu'entourée de non-magiciens.»

Matthew croisa les doigts de ses mains au-dessus du bureau, arborant une expression sérieuse. Ce monde était devenu bien affreux pour les sorciers. Il s'agissait de se cacher, comme dans les anciens temps qui avaient poussé à l'instauration du secret magique. Vivre parmi les siens, être isolé, vivre en autarcie.

« Les Moldus ont désormais les moyens de nous repérer. Ne me demandez pas comment, je l'ignore. Mais il est risqué de voyager dans leur monde. J'espère sincèrement que nous trouverons des mesures adéquates rapidement, je n'ose pas imaginer ce que nous deviendrons si nous devions vivre longtemps dans cette situation.»

Après avoir fait remarquer au professeur qu'il avait une bonne mémoire, l'élève vit passer sur son visage une émotion fugace; la fierté. La rouge et or supposait qu'il était content d'avoir fait le lien entre elle et son ancienne élève. Puis il lui fit remarquer l'intérêt de fixer dans sa mémoire l'identité des personnes que l'on peut rencontrer au cours de sa vie. Le léger amusement en moins, Ennsi aurait jurer entendre son père.

- "Mon père est de votre avis. Avec ma mère, ils sont attachés à ce que nous sachions toujours reconnaître chaque personne lors des soirées auxquelles nous participons. L'exercice n'était pas facile au début." Ne put s'empêcher d'exprimer l'adolescente. Elle savait sue derrière cet exercice se cachait la nécessité de savoir à qui s'adresser en fonction de ses besoins. Dans l'idéal, il fallait aussi apprendre comment s'adresser à chacun des individus, ce qu'ils appréciaient ou non. A ce jeu, c'était son père qui s'en sortait le mieux. Enfin c'était l'impression qu'elle en avait.

La discussion fût ensuite porter sur les conférences sur le Secret. Le cœur de l'entrevue imprévue qu'elle était venue solliciter. La jeune fille avait commencé par exprimer ses doutes avant que l'adulte ne demande des précisions. L'irlandaise avait donc détaillé ce qui lui avait été expliqué par ses professeurs ayant quelques connaissances moldues avant de prendre un peu de thé. Elle ne fût pas déçue des réponses qui lui furent apportées et qui la confortait dans son sentiment initial; s'approcher le moins possible des individus dénués de pouvoir magique. Elle n'avait pas - elle n'avait plus, plutôt- vraiment d'a priori négatif sur eux ou les nés-moldus, mais la perspective d'une capture - ou pire - était trop effrayante pour qu'elle puisse envisager le risque de faire une excursion dans le monde moldu afin de se faire une opinion sur les personnes non mages:

- "Je comprends. Je n'ai jamais été vraiment tenté par une excursion dans une ville ou des quartiers moldus et ce que vous me dites va dans ce sens." Elle reprit un peu de thé, délaissant les gâteaux. Le professeur Hughes prit un air et une pose bien plus graves et sérieux tout juste eut elle finit de boire. La préfète reposa ses mains - qui tenait toujours sa tasse - sur ses genoux et comprit le pourquoi de son attitude dans l'instant suivant. Ce qu'il venait de lui dire était encore plus effrayant qu'être démasquée à cause d'une inadvertance. Il était en train de lui annoncer que les moldus avaient maintenant la capacités de déceler les sorciers d'une façon inédite et surtout inconnue:

- "Vous voulez dire que baguette ou pas, les moldus seraient en mesure de déterminer qui est un sorcier ou non?" Dit-elle d'un ton très factuel. Elle fit une pause de quelque secondes; dire ces quelques mots venait de lui faire réaliser quelque chose qui, si elle avait raison, montrait l'urgence de la situation:

- "Dans ce cas, cela signifie qu'ils sont en mesure de détecter des sorciers de tout âge. Des adultes mais aussi des enfants. Même ceux qui ignorent être des sorciers?!" Malgré toute ses capacités de maîtrise, elle n'avait pas réussi à contenir la peur dans sa voix. Son intonation était légèrement montée en fin de phrase et ses pupilles s'étaient légèrement dilatées quelques secondes dans une microexpression incontrôlable. Son jeune esprit était décidément mis à rude épreuve et venait de faire un nouveau lien. Jeffrey. Il avait évoqué le métier de sa mère devant elle. Elle était moldue. Son père était sorcier par contre sauf qu'ils se parlaient peu. Mais ça voulait dire qu'il pouvait à tout moment se retrouver dans des zones moldues. Et puis il y avait Audric, son ami né-moldu. C'était deux personnes à qui elle ne voulait pas qu'il arrive quelque chose. Savaient-ils tout cela? Elle-même n'en avait aucune idée jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait rien lu de tel dans les journaux et ni ses parents ni ses frères ne l'avaient évoqué.

- "Personne n'a d'idée sur la... on dit technologie c'est ça? Qu'ils utilisent." Elle espérait avoir utilisé le bon mot. Malgré ses discussions régulières avec Audric, elle décrochait régulièrement les mots et expressions spécifiques aux moldus.

L'adulte tira une moue désolée en voyant que les révélations qu'ils venaient de faire à l'enfant la paniquait. C'est au travers de discussions avec des amis sorciers et de rumeurs dans la Gazette du Sorcier que Matthew avait la quasi-certitude que les Moldus avaient développé un système pour repérer les sorciers. Après tout, ils avaient bien plus accompli en cent ans qu'ils n'avaient jamais accompli en deux milles ans. Le développement de la technologie moldue ne semblait pas vouloir s'arrêter, et chaque année, l'homme était surpris des nouveautés de l'année. Même en étant professeur d'Étude des Moldus, il se devait d'admettre qu'il avait un sacré décalage avec le monde actuel. Il n'avait pas su s'adapter et suivre les progrès depuis sa prise de fonction en tant que professeur au début des années 2000. Bien entendu, le vieil homme avait pu lire quelques articles de journaux relatant l'arrivée de certaines inventions, mais cela ne valait pas l'expérience du terrain.

De nombreuses interrogations passaient par la tête de la préfète de Gryffondor et Matthew n'avait pas de réponses à chacune d'entre elles. Le doute et la peur semblaient s'inviter en elle, il fallait donc qu'il l'apaise du mieux qu'il pouvait, mais par où commencer ? Le plus important d'abord était de faire une mise au point sur ce qu'il savait pour sûr et ce dont il ignorait ou pouvait supposer de manière crédible. Après s'être doucement éclairci la gorge pour ne pas paraître inconvenant, le professeur commença à répondre aux questions de la jeune fille :

« Vous savez, tant que nous n'aurons pas découvert de quoi il s'agit, il ne nous est seulement possible de faire des suppositions. De nombreux sorciers pensent que les Moldus ont les moyens de nous détecter – ce qui expliquerait comment ils arrivent à coup sûrs à enlever des sorciers et non pas des leurs – sans pour autant en savoir davantage. Cela pourrait être un satellite – une machine très haut dans le ciel, dans l'espace même – qui balaye la ville à la recherche de sorciers, un appareil portatif qui scanne les personnes passant devant ou encore une machine qui grésillerait en présence de sorciers. Toutes les suppositions peuvent être faites.»

Matthew passe machinalement sa main dans les cheveux – un reliquat de sa jeunesse où ses cheveux étaient bien plus dense et où ils avaient tendance à rebiquer et se mettre en travers de son front – en regardant Ennis d'un air sérieux. La situation politique actuelle était grave et elle devait en prendre conscience. Du peu des échanges qu'il avait eu avec cet enfant, le professeur était impressionné par son degré de maturité et de réflexion, et c'est pour cela qu'il ne mâchait pas ses mots et lui avait donné son avis sans chercher à l'enrober pour l'infantiliser. Il souffla un petit moment pour reprendre le cours de son argumentation et rajouta :

« Je ne peux pas vous dire comment ils nous repèrent. Si c'est quelque chose en nous, ou si ce n'est que notre baguette magique. Dans tous les cas, ma recommandation de ne jamais aller dans le monde moldu sans baguette magique tiens. Il vaut mieux être... armé, je n'aime pas ce mot... disons, être capable de se défendre. Il s'arrêta un instant pour boire une gorgée de son thé fumant avant de reprendre : Si cela peut vous rassurer, aucun enfant sorcier n'a disparu de nos radars. Nous tenons un registre de tous les enfants magiques en Grande-Bretagne, et tous se sont présentés à Poudlard l'été suivant leur onzième anniversaire. »

Cette dernière affirmation se devait toutefois d'être commentée, car elle n'était pas strictement vraie. Ne voulant pas donner de faux espoirs à l'enfant, il précisa :

« Seulement, les enlèvements des sorciers ne sont pas suffisamment fréquents pour pouvoir dire que les enfants sont épargnés. Les adultes sortent bien plus souvent de chez eux que les enfants, cela pourrait expliquer pourquoi ils sont les seuls concernés pour le moment. »

L'adulte posa sa tasse de thé sur le rebord du bureau et croisa les bras en regardant Ennis. Il essayait de juger au travers des expressions de son visage, mais aussi des légers mouvements du reste de son corps ce à quoi elle pensait.

Le professeur en face d'elle sembla touché par la peur qu'elle venait d'exprimer bien malgré elle. Elle avait encore quelque progrès à faire. Mais elle s'était reprise et présentait désormais un visage émotionnellement neutre et impassible même si intérieurement son cerveau fonctionnait à vive allure pour tenter de raccrocher les maigres informations qu'elle possédait. Autant dire pas grand chose. Pour tenter d'apaiser son esprit, elle but de nouveau du thé. La chaleur du liquide lui permit de se concentrer sur quelque chose de concret et palpable et donc de faire le tri entre reste d'émotions parasites, suppositions et faits. Le discours du vieux professeur apporta également à Ennis de quoi étoffer les deux dernières catégories.

Attentive à ses propos, l'irlandaise marquait le signe de sa compréhension par un mouvement bref de la tête vers le bas. Comme si elle confirmait inconsciemment ce qui lui était expliqué ou appris. De tout ceci elle comprenait que la situation était assez grave. Finalement on ne savait pas grand chose des moyens dont disposaient les moldus hostiles aux sorciers pour les repérer. Savoir se fondre dans leur monde ne suffirait plus. C'était là la seule certitude.

L'homme fit une pause pour avoir un geste qu'elle connaissait bien pour avoir vu son meilleur ami le faire un nombre incalculable de fois. Elle ne put empêcher une microexpression qui étira ses lèvres sur quelques millimètres ainsi que l'amusement furtifs dans son regard. Les mouvements des muscles de son visages avaient été involontaires et fugaces mais l'étudiante était si concentrée que cela ne dérivait pas en réelle expression d'amusement. Le sujet était de toute façon trop délicat. L'adulte reprit ses dires, réaffirmant la nécessité de ne pas se séparer de sa baguette, seul moyen qu'elle avait d'utiliser la magie en cas de soucis. Là encore elle opina tout en portant machinalement sa main gauche vers la poche où se trouvait le morceau de châtaignier renfermant une plume de phoenix. Un bien bien plus précieux que les gallions qu'il avait pu coûter.

Quand la jeune fille se rendit compte de son geste, elle eut un sourire d'excuse envers son professeur. Ce n'était pas très poli de signifier qu'on avait sa baguette à portée de main ainsi. Si ses parents avaient pu la voir, ils l'auraient certainement repris. Pas forcément verbalement mais par un geste codifiésans aucun doute. Elle reporta donc sa main sur sa tasse pour terminer son thé alors que Monsoeir Hughes terminait son explication:

- "En résumé, nous savons que les moldus peuvent nous différencier des moldus dans une foule sans savoir comment. D'où la nécessité de ne pas nous séparer de notre catalyseur magique. Mais nous savons aussi que les jeunes sorciers nés-moldus seraient épargnés - pour le moment - car tous se présentent à l'école à la rentrée." Elle cherchait confirmation dans le visage de celui qui avait certainement l'âge d'être son grand-père. D'ailleurs il avait peut-être bien l'âge de ses grands-parents.

- "J'espère que nous - les sorciers j'entends - trouveront rapidement comment ils font." Peu importe qui devait trouver. Le Conseil des Sorciers ou n'importe qui. Il fallait trouver et contrecarrer cet outil. "Pour s'en prémunir. Ça serait je pense, une meilleure réponse que la loi du talion, qui a ses limites." Si elle avait été face à quelqu'un d'autre que le professeur d'Étude des Moldus elle l'aurait certainement formulé autrement. Car sa phrase montrait son désaccord sur un point précis des décisions du Conseil. Ou bien elle venait d'avoir un excès de confiance en lui de part sa fonction et venait de commettre une erreur. Critiquer le gouvernement en place était mal vu de ses partisans.

- "Merci pour vos réponses et d'avoir parlé sans détour." Elle en avait tellement peu l'habitude, elle qui était encore souvent considérée comme l'enfant à qui il fallait cacher des choses, qu'elle était vraiment reconnaissante envers l'homme. "Ça me permet d'avoir l'esprit plus clair sur ce sujet préoccupant." La chatain se permit ensuite de poser sa tasse vide sur le plateau argenté resté sur le bureau. L'heure avait tourné et elle devait rejoindre la serre où elle avait cours à partir de neuf heures trente. Et, même si elle avait toute ses affaires avec elle, elle préférait y être avec un peu d'avance.

- "Je vous prie de m'excuser de couper notre discussion ainsi, le cours de Monsieur Featherstone doit débuter sous peu. Je ne voudrais pas arriver en retard. Puis-je?" La préfète avait dû se lever pour poser la tasse et se tenait maintenant devoir devant le bureau, presque contre le fauteuil où elle était précédemment assise.