27 novembre 2043.

Le reflet de Malia l'observait et semblait réfléchir pour elle.
Elle s'était réveillée pourtant de très bonne humeur ce matin. Difficile de faire autrement, elle fêtait aujourd'hui ses onze ans! Au pied de son lit trônait quelques cadeaux déposés un peu plus tôt par sa famille.
Sa sœur lui avait offert une boite avec plein de friandises dedans, ses parents, un livre et ses grands-parents un joli pull rouge tricoté à la main avec quelques flocons de neiges posés ici et là pour rappeler la saison préférée de la gamine. Elle l'avait immédiatement enfilé et bien sûr elle l'adorait.

C'était donc très enjouée que Malia était descendue prendre le petit déjeuner. Certains camarades de sa maison lui avait souhaité bon anniversaire et cela l'avait drôlement touché, elle ne se souvenait pas en avoir parlé à qui que ce soit?!
Seulement une fois arrivée dans la grande salle, elle fut confrontée à sa solitude. C'est vrai qu'elle avait fait quelques rencontres mais elle n'avait pas vraiment noué de liens forts et aujourd'hui plus que les autres jours cela la pesait. Pas de copines avec qui faire de bêtises ou se raconter des histoires d'horreur. Pas de copains avec qui discuter ou faire du sport ou des compétitions. Pas d'amis avec qui faire de bataille de boules de neige ou pouffer de rire dans la bibliothèque. Alors oui, plus la journée passait plus Malia s'apercevait que ces trois derniers mois elle ne les avait pas mis à profit pour échanger et se faire des amis. Elle avait essayé mais pas suffisamment fort elle le savait. Il y avait bien quelques filles avec qui elle avait discuté mais c'était encore assez fragile.

Il était midi et la jeune Poufsouffle avait préféré s'isoler dans les toilettes abandonnées pour manger sa petite part de gâteau que sa mère lui avait envoyé pour l'occasion. Lorsqu'elle referma la porte derrière elle, une petite boule se forma au creux de son ventre. Elle se mordillait la lèvre inférieure très fort car elle savait que si elle ne se contrôlait pas, un torrent de larmes inonderait rapidement ses joues. Elle abaissa la culotte des toilettes, s'assit et commença à manger son petit fourré à la crème. Sur la boîte, elle pouvait lire les quelques mots écrits par chacun des membres de sa famille et c'est à cet instant, que les larmes se mirent à couler.
Malia n'était plus qu'un mélange de morve, d'eau salée et de crème. Elle détestait pleurer et se sentir faible.
- Arrête de pleurer, disait-elle tout haut. C'est n'importe quoi tu n'as pas besoin d'être aimée de tout le monde. Elle s'imaginait sa sœur la trouver, cachée dans les toilettes en train de pleurer. Elle lui aurait très probablement demandé, "Bah pourquoi tu pleures Pénélope!?"

Malia renifla et rigola entre deux sanglots, le tableau n'était vraiment pas joli à voir. Elle essuyait son visage avec sa manche quand elle entendit du bruit. Il y avait quelqu'un mais elle était incapable de savoir depuis combien de temps… Doucement, elle remonta ses genoux sous son menton et attendit.

  Elwing se promenait dans les couloirs, sa journée s'annonçait calme.  Tout allait bien lorsqu'elle passa devant les vieilles toilettes qui n'étaient plus utilisées depuis des années.  Elle entendit des sanglots suivis d'une petite voix, une première année sans doute, qui semblait être seule d'après ses paroles.

  La jeune fille entra dans la pièce et localisa la cabine d'où venait le bruit des pleurs.  Elle ouvrit doucement la porte et tomba sur une petite brunette, un gâteau et une boîte autour d'elle, le visage tout humide.  Elle avait ses jambes repliées sur elle et regardait la Poufsouffle d'un air apeuré.  Elle était à Poufsouffle, Elwing l'avait vue dans la salle commune ce matin, et certains élèves lui avaient souhaité un bon anniversaire.  La jeune fille essaya de se rappeler le nom qu'ils avaient dit : Malia, c'était ça !

- Salut toi !  Malia c'est ça ?  Viens avec moi, je m'appelle Elwing.

  La jeune fille lui tendit une main et l'invita à s'asseoir au fond de la pièce.

- J'ai entendu ton nom ce matin, c'est ton anniversaire non ?  Explique-moi pourquoi une jeune fille aussi mignonne que toi est-elle toute seule pour un jour comme ça ?  C'est pour ça que tu pleures ?

  Elwing passa un bras par-dessus les épaules de la petite Poufsouffle et la serra contre elle pour la réconforter.

- Ce n'est plus la peine de pleurer, tu n'es plus toute seule, je vais rester avec toi si tu le veux bien.  D'accord ?

Malia se rendit compte qu'elle s'était presque arrêtée de respirer lorsque sa porte s'ouvrit lentement. Une fillette la regardait avec insistance, elle semblait réfléchir à quelque chose quand elle prit la parole:

- Salut toi! Malia c'est ça? Viens avec moi, je m'appelle Elwing.

Elle avait attrapé la main de Malia qui l'avait suivit un peu plus loin. Elles s'assirent toutes les deux tandis qu'Elwing prenait à nouveau la parole.

- J'ai entendu ton nom ce matin, c'est ton anniversaire non ? Explique-moi pourquoi une jeune fille aussi mignonne que toi est-elle toute seule pour un jour comme ça ? C'est pour ça que tu pleures ?

Tout en passant un bras autour des épaules de Malia, elle effectua une pression affectueuse et poursuivit qu'elle était là et que tout irait bien mieux.
Malia regardait Elwing avec de grands yeux, le nez coulant et les yeux rougis. Elle se sentait un peu honteuse et la petite boule au creux du ventre était différente maintenant. Quelqu'un était gentil avec elle, et cette petite boule faisait souvent son apparition quand on lui montrait de l'attention. Elle ne savait pas trop l'expliquer et avait fini par s'en accommoder avec le temps.
Elle s'essuya le nez à nouveau contre la manche de son pull, regarda Elwing un peu gênée - le spectacle n'était pas vraiment très ragoutant il fallait l'avouer - puis d'une toute petite voix expliqua ses malheurs.

- Oui je suis bien Malia. Ce n'est pas grand chose, disait-elle en haussant les épaules, les yeux fixés sur ses pieds, c'est même pas très grave et tu vas trouver ça complètement stupide... En fait, je sais même pas pourquoi je pleure.

Elle sentait les larmes monter à nouveau et la voix tremblotante elle continua:

- C'est juste que tu vois, je croyais qu'en arrivant ici j'aurai des tas de copains. Ou même juste deux ou trois. Avec qui je serai tout le temps, comme quand je vivais chez mes parents. Mais j'ai l'impression que tout est assez superficiel jusqu'à présent. Tout le monde a déjà son groupe d'amis et je n'arrive pas à aller vers les autres.

Elle prit une grande inspiration et éclata de nouveau en larmes, une bulle se formant au bout du nez. Et, et, et pourtant d'ha-abitude je n'ai pas ce problème là-à-à-à... Mais j'ai-ai l'impression que personne ne m'ai-aime et que les gens me trou-ouvent bê-ê-ête....

Elle pleura un peu puis finit par se calmer. Pourquoi n'avait-elle pas pris de mouchoirs! En reniflant elle expliquait à Elwing qu'elle n'aimait pas se laisser avoir par les larmes, que c'était pas très grave que tout le monde ne l'adore pas, mais que c'était vraiment difficile de se faire des copains ici et qu'elle pensait pas.

- Des fois quand je prends la parole devant tout le monde, j'ai peur qu'après on dise du mal de moi derrière mon dos. Ma grand-mère m'a tellement parlé de Poudlard que je m'en étais fait toute une histoire tu vois? Et là, quand j'écris mes lettres, je n'ai pas grand chose à raconter à part les cours.

Elwing l'écoutait et attendait qu'elle ait terminé.

- Je m'excuse, dit doucement Malia, je veux pas avoir l'air de me plaindre c'est pas du tout ça et je suis pas une chouineuse normalement, ça me saoule de pleurer pour ça, vraiment. C'est juste que je n'ai pas l'habitude d'être toute seule. J'ai toujours été très entourée et ça me manque. C'est très nul de se retrouver seule face à soi-même. Ne t'inquiète pas pour moi, ça passera. En plus j'ai déjà fait quelques rencontres peut-être qu'il faut que je sois juste un peu patiente.

Elle regardait Elwing, ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, "Pourvu que je ne me sois pas mouchée dedans sans le vouloir..." se répétait Malia dans sa tête...

  La petite Malia la regardait, puis elle prit la parole et recommença à pleurer.  Elwing resserra un peu son étreinte pour qu'elle sente sa présence, elle écouta attentivement la petite Poufsouffle et prit la parole quand elle eut fini.

- C'est pas grave de pleurer, ça arrive à tout le monde.  Mais personne ne pleure sans raison, et je serai là pour t'aider maintenant.  Le premier qui dira que tu es bête, il va le regretter je peux te le dire, parce que je suis certaine que c'est tout le contraire.  

  Elwing prit doucement les épaules de la jeune fille et poursuivit.

- C'est vrai que c'est nul d'être toute seule, tu as bien raison d'être triste.  Mais maintenant je veux que tu ne le sois plus et je vais tout faire pour.  Si tu le veux bien, on va faire un bout de chemin ensemble d'accord ?  Je vais te faire passer le meilleur anniversaire que tu aies jamais eu !  Et il y a des gens qui t'aiment, en tout cas, je ne pouvais que tomber sous le charme d'une fille mignonne comme toi.  Dis-moi, qu'est-ce qui te plairait pour ton anniversaire ? 

  Elwing enlaça Malia et lui chuchota à l'oreille.

- C'est toi et moi maintenant.  On va bien s'amuser à deux, j'en suis sûre !

Elwing n'était que douceur et optimisme ce qui redonnait doucement le sourire à Malia.
La fillette aux longs cheveux bruns tenait fermement Malia dans les bras et dès qu'un flot de larmes revenaient à la charge, Elwing la serrait chaque fois un peu plus près contre elle.
Les cils brillants de larmes mais la respiration moins saccadée, Malia finit peu à peu par s'apaiser. Les derniers mots chuchotés à son oreille eurent un effet radical. Elle leva les yeux sur sa sauveuse et lui sourit :

- On peut aller se promener un peu si tu veux. Ça serait dommage de passer la journée dans les toilettes abandonnées... C'est quoi ton endroit préféré à Poudlard Elwing?

Malia se leva, la tête un peu engourdie d'avoir tant pleuré. Elle réajusta sa tenue, frotta ses yeux puis tendit sa main à Elwing pour l'aider elle aussi à se relever. Une fois chose faite, elle passa la tête dans une cabine de toilette et arracha du papier pour se moucher. Un petit bruit de trompette s'éleva puis disparut dans les airs. Elle rigolait :

- Hum, charmant... Désolée pour ça !

Elle jeta le tout dans la poubelle, se lava les mains et se retourna vers Elwing :

- On y va?

  Elwing était ravie d'avoir réussi à remplacer les larmes de Malia par un sourire. Sa respiration se fallait, et elle aussi.

  La petite Poufsouffle tendit une main à la deuxième année, elle la saisit et remercia Malia avant de lui répondre.

- J'adore la bibliothèque mais ce n'est pas un endroit très amusant, allons plutôt au parc ou près du lac !  Après tout, c'est ton anniversaire, c'est toi qui vois !  

  Malia  se moucha dans un bruit de trompette et puis se mit à rire tout comme Elwing.

- Moi je trouve ça charmant oui !  Ce sont les choses qui le semblent le moins qui sont importantes pour moi.  Pour moi, celui qui est tout seul est plus intéressant, les autres n'ont juste pas compris qui il était.    Tout le monde a sa place ici, même toi.  Et peut-être qu'elle est avec moi, ou peut-être pas.  Si c'est le cas, ça me fait très plaisir en tout cas !

 Malia lui proposa d'y aller, Elwing lui tendit la main et l'entraîna vers le couloir.  Elle lui sourit et serra un peu sa main pour lui montrer qu'elle était là et que tout irait bien.  
  Arrivées au parc, Elwing se retourna vers la petite Poufsouffle et la prit dans ses bras avant de la faire tourner dans les airs et dans tous les sens.