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21 févr. 2019, 22:33
Et elle en était fière.  OS 
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Vendredi 19 Février 2044, 04h30 du matin.

Toujours la même merde, toujours les mêmes journées. 
Depuis cette étrange journée un mois plus tôt, tout avait possiblement changé. Et pourtant elle s'y était à nouveau fait, était à nouveau rentrée dans une routine. Tout avait changé mais tout restait pareil, au fond. Il y avait eu ce passage dans la salle sur demande, la discussion avec son frère, le fait qu'on la regardait passer dans les couloirs, elle, Serpentard sans couleurs. Il y avait eut les écharpes prêtées, redonnées parce qu'elle ne supportait pas la couleur de sa sienne. La première vraie discussion qu'elle avait eu avec Gabriel. Et comme explication de l'écharpe bleue posée devant elle, le match des Serpentard contre les Serdaigle en début Janvier, avant que la confrontation n'ait lieu. Elle avait gardé l'écharpe dans un coin de sa malle car pas recroisé Euphemia pour lui redonner mais finalement, lorsqu'elle l'avait fait, la Serdaigle n'avait pas souhaité la reprendre, lui disant qu'elle pouvait la garder et heureusement car, aujourd'hui elle lui servait et la Serdaigle ne semblait pas dérangée de la voir la porter. Il y avait eu pleins de choses et elle en était ressortie changée. Elle comprenait maintenant ce que c'était de ne pas se laisser écraser et à quel point c'était jouissif. Dire aux autres, leur balancer à la gueule leurs défauts comme eux l'avaient fait c'était une sensation de liberté psychologique incomparable. Sa psychologue lui avait dit que c'était une bonne chose, qu'elle change comme ça. Qu'elle passe d'elle, petite gamine, petit monstre dégueulasse et soumis à quelque chose de mieux, de plus fort. Forte comme elle avait toujours voulu l'être. Elle ne l'était pas encore, ce n'était pour le moment qu'une façade en attendant que la plus petite de ses cellules en soit changée mais c'était un bon début. Elle avait adoré exploser ces petits princes imbus et cons dans la salle commune, elle avait adoré le bruit de la claque sur la jolie joue blanche du garçon et la façon dont les mots hurlés sur l'autre fille avait glissé sur sa langue. Elle savait qu'elle n'était pas méchante, qu'elle avait juste fait redescendre la pression et ça lui faisait du bien de savoir qu'elle ne s'était pas transformée en Arthur bien que, force était de constater qu'il était en train de changer pour le mieux, pas comme elle.

Au fond elle était restée la même personne, elle savait que jamais elle n'arrêterait d'être discrète et froide comme elle l'était. La seule chose qu'elle avait apporté à ça, c'était l'envie qu'on lui foute la paix, qu'on arrête de la faire chier, de l'écraser comme si elle n'était rien. Elle était quelque chose, elle le savait. Quoi, ça elle n'en avait aucune idée mais il y avait derrière ce masque de glace, bien plus qu'un monstre. Y'avait son cœur et elle voulait le protéger, le venger aussi. Cassiopée Malory n'était pas devenue méchante, elle avait juste prit conscience qu'elle devait se défendre pour avancer, pour qu'on arrête de lui crever le cœur. Et elle allait le faire, pour sortir enfin de cet enfer et renaître. Comme Solenn avant elle.

Solenn. Elle se demanda, en se regardant dans ce miroir, si la troisième année ne serait pas déçue. Peut-être qu'elle le serait. Déçue de ce qu'elle devenait ou du fait qu'elle ne l'avait pas vu. Ou simplement déçue de ne pas avoir réussi à l'en empêcher. Mais, dans son cœur, elle espérait toujours qu'elle l'accepterait encore. Qu'après tout ce qu'elles avaient vécu, elle ne la lâcherait pas comme ça, qu'elle ne serait pas comme les autres. Elle l'espérait vraiment parce que, au final, la seule chose qui lui importait maintenant à part le fait de guérir, de s'en sortir, c'était Solenn. Solenn était spéciale pour elle. Pas une amie, bien plus bien qu'elle ne sache pas vraiment quoi. Solenn, personne n'avait le droit de lui faire du mal, personne n'avait même le droit de vouloir l'arracher à elle. Elle était possessive mais elle ne pouvait pas la perdre. Pas elle. Pas maintenant. Et pourtant elle s'apprêtait à faire quelque chose qui ne lui plairait peut-être pas. Elle en avait marre de plaire aux autres, de toujours régler toute sa vie dans les moindres détails pour plaire aux autres. Elle avait déjà commencé à s'en foutre après Avril mais là, plus que de s'en taper, elle s'en énervait. Les autres n'avaient rien à dire. Elle ne les connaissait pas, ils n'étaient rien. Rien et pourtant durant tant d'années, leur avis avait compté comme s'ils étaient tout.  

Elle avait juste envie, maintenant, de foutre des claques à la gosse qu'elle était. De lui hurler à la figure que non, papa et maman ne l'aiment pas, qu'ils s'en foutent d'elle, que Arthur, même s'il changeait, avait été une enflure quand elle était jeune. Elle avait envie d'hurler à sa elle môme que non, personne ne l'aimait, que non, les gens à l'école n'allaient pas changer, qu'ils resteraient bêtes et méchants à Poudlard. Elle avait envie de lui hurler que changer d'école n'avait rien fait, que le monde Magique était comme le Moldu. Elle avait envie de lui faire comprendre qu'elle avait toujours été le plan B, passant toujours après Arthur, que les gens à l'école quand ils lui tiraient les cheveux et l'insultaient, réduisant ses cahiers en miettes et fourrant sa tête dans la boue, bah c'était pas pour rire, comme ils le disaient. Elle avait envie de lui montrer le truc qu'elle deviendrait si elle se bougeait pas de cette merde. Elle avait envie de tout lui expliquer en détail pour pas devenir comme son actuel reflet dans le miroir. Elle avait même envie de revenir avant sa naissance, l'empêcher parce qu'elle vivrait un enfer. Qu'il valait mieux qu'elle vienne pas sur la terre. Elle avait envie de changer sa famille, sa vie à la base. Elle avait envie de pleins de choses.

Mais si elle avait pu retourner dans le temps se parler quand elle était môme, elle se serait dit, elle se serait hurlé... Que c'était pas de sa faute. Que ce ne serait pas de sa faute quoiqu'elle en pense, quoiqu'il se passe. Que si les gens l'aimaient pas, c'est pas parce qu'elle était mauvaise ou quoi que ce soit. Que si elle le pensait, c'était pas parce qu'elle était folle ou malade mais parce que c'était logique et normal. Elle se serait fait rentrer dans le crâne qu'elle avait rien à se reprocher et que, même si elle avait pas été la meilleure, elle n'avait pas été la pire et qu'au final, y'avait des gens qui finiraient par l'aimer. Elle se serait fait comprendre la chose qui lui a posé problème. Qu'elle n'avait comprit que récemment. La chose dont elle s'était rendue compte il y a un mois, que tout le monde autour d'elle -les bonnes personnes- essayaient de lui faire comprendre. C'était pas de sa faute si elle était comme ça, si les gens étaient comme ça avec elle. 

Elle ne contrôlait pas les gens, c'étaient eux qui avaient choisis, eux qui avaient mal fait et elle qui payait. C'était pas de sa faute et elle devait arrêter de penser le contraire. Elle était laide, elle était froide, vide, mais elle était pas coupable de tout ça. Elle serait coupable des actions qu'elle ferait, mais pas de celles des autres. Et elle serait jamais coupable pour ça, elle n'avait même pas à le croire dans sa tête. C'était peut-être bizarre à comprendre pour les autres, que ce soit une si grande avancée. Surement que ceux qui avaient toujours eu confiance en soi ne comprendraient pas mais elle, si. Pour elle, c'était briser les barreaux de la cage. Pour elle qui ne savait pas avoir confiance en elle, c'était un grand pas. Admettre qu'elle avait pas de problème, que c'était pas de sa faute à elle. Et ça, c'était grâce à Solenn qu'elle l'avait apprit, c'était grâce à Loïk, à Samuel, à Sirius et Orion et à tant d'autres. A ceux qui lui avaient montré qu'on pouvait l'apprécier, qu'elle était digne d'être aimée. Ceux qui lui avaient montré qu'elle pouvait ressentir de bonnes choses, de belles choses. Ces gens étaient tellement plus que ceux qui lui en foutaient plein la gueule. Et elle avait décidé d'écouter les gens qui comptaient, plus les autres, ça ne servait à rien, absolument à rien. Les Serpentard ne comptaient plus. Elle se demandait même s'ils avaient déjà compté et pourquoi la façon dont elle les voyait était si importante et inversement. C'était les pires. Comme les Moldus de son école primaire sauf qu'eux, ils avaient été vendus comme une nouvelle famille, des gens avec qui elle se sentirait bien et qui lui offriraient un endroit où elle se sentirait chez elle. Ce n'était pas le cas. 

Elle n'était pas chapeau flou, elle le savait, le Choixpeau avait hésité avec Serdaigle mais très peu longtemps. Elle était une Serpentard, elle le savait quoiqu'en disait les autres. Elle était chez les verts et argents mais elle les détestait. Rien ne stipulait qu'il fallait obligatoirement aimer sa Maison. Certes, c'était plus facile comme ça, mais elle n'était pas obligée et si elle devait vivre en difficultés, elle s'en foutait à présent. Elle ne se forcerait plus à rester avec des gens, à être avec eux parce que les conventions le disent. Elle emmerdait les conventions. Elle emmerdait les Serpentard et leurs paroles. Ils n'étaient plus rien.

Elle renaissait de ses cendres, comme Solenn avant elle. Solenn qui l'aidait à aller mieux, à retrouver le chemin. Et ça commençait par arrêter de se cacher partout, tout le temps. Ça commençait, comme Solenn, par la tête, le visage. Puis les habits. Ou l'inverse. Elle avait, après tout, arrêté de se cacher derrière des couleurs de sa Maison qui l’étouffaient. Au final, elle ne revêtait sa cravate que pour les cours, là où elle était obligée. Et comme elle n'était pas irrespectueuse quoi qu'on en pense, elle écoutait les ordres des professeurs. De son visage, elle ne voulait rien changer. Elle n'allait pas se mettre à se maquiller, c'était pas son genre, elle savait pas comment faire et s'étaler des trucs venant d'animaux, comptant qu'elle n'en mangeait plus et qu'elle acceptait encore moins qu'on en tue, ça la dégoûtait. Elle n'allait pas devenir une de ces filles qui roulent des hanches tellement fort  qu'elles en font trembler le sol ou encore qui vous regardent comme si vous n'êtes rien. Elle valait mieux que ça. Parce que oui, elle avait prit conscience qu'elle valait quelque chose. Et autant ne pas valoir grand chose, autant que cette valeur soit bien placée. 

Elle se pencha, attrapa un éclat de miroir comme elle l'avait fait tant de fois en Avril mais, là, pas du tout pour la même chose. Le verre resterait loin de sa peau, elle n'avait plus aucun intérêt pour ça, elle n'y pensait même plus après plus de 9 mois de lute incessante. Attachant rapidement ses cheveux en une haute queue, elle ferma très fort les yeux pour ne pas croiser son regard dans le miroir et tout arrêter et coupa encore et encore jusqu'à ce que l'éclat passe sans rencontrer les résistance. L'élastique ne tenait plus rien, il tombait et elle se surprit à le suivre des yeux sans trembler et, surtout, sans regretter ne serait-ce qu'un peu son geste. Elle était libre, elle était légère. Elle ne s'était jamais rendu compte que ses cheveux lui pesaient si lourd et, maintenant qu'ils peinaient à descendre sous ses oreilles, elle s'en rendait compte. Ses jolies boucles noirs étaient par terre, et elle s'en foutait. Elle n'était même pas dérangée. Lui restait sur le crâne une touffe qu'elle peinerait sûrement à coiffer et qui resterait sûrement en bazar mais c'était pas laid. C'était même quelque chose qu'elle trouvait presque beau. Pas dans la forme, mais pour ce que ça représentait. Pour une fois, elle aimait un peu son reflet dans le miroir. Son regard moins vide, presque plus, maintenant vivant à travers une étincelle lassée qui se battait avec une colérique, assurée.  Elle ne serait pas extrêmement forte, vivante. Elle resterait toujours effacée et silencieuse mais dorénavant, c'était d'une autre façon. C'était différent. Elle n'était même pas sûre qu'elle ne rêvait pas, que le miroir ne la trompait pas alors, doucement, elle avança sa main, caressant doucement son visage à travers le reflet. Sa main attachée à son bras bandés. Elle les cacherait plus. C'étaient des bandages qui racontaient son histoires. Les gens comprendraient mais elle s'en fichait, elle se cacherait plus. Le miroir froid lui précisait quelque chose. C'était réel. Elle avançait bel et bien, elle allait mieux.

Il lui restait encore du chemin, c'était sûr, mais elle y arriverait. Contre l'avis des gens qui l'enfonçaient. Elle s'en foutait. 
Son bordel fut bien vite rangé et ses pas la menèrent vers la sortie. Cette salle l'avait vu mourir, renaître. Mais là, elle la voyait changer et, finalement, ça avait aussi changé la façon dont elle voyait la pièce. Elle n'avait plus souvenirs d'elle comme prison de sang et de douleur mais comme une cage ouverte. Une jolie cage qui ne la retenait plus. Elle pouvait s'envoler. 

L'écharpe aux couleurs bleues fut passée autour de son cou et elle se dirigea vers la salle commune. Fallait pas déconner, les cours commençaient dans moins d'une heure et elle avait son sac à prendre. Et le mieux, c'est qu'elle se foutait de savoir qu'elle les détestait, les Serpentard. Elle n'allait plus se priver pour eux, c'était fini. Au diable les conventions.

Elle était une Serpentard. Elle aimait pas sa Maison, elle s'en foutait mais elle en avait les valeurs. Et elle allait en être digne.
Qu'importe les regards dans les couloirs qui la suivait, elle était froide aux yeux des autres, plus rien ne l'atteignait.
Qu'importe tout. Elle était bizarre, pas comme les autres et elle savait enfin que c'était pas une mauvaise chose.
Elle était anormale. 
Et elle en était fière.

Moi ? Je n'fume pas, je n'bois pas, mais je M.L. Chacun son truc.
Mascotte Officielle des Crochets d'Argents, laissez passer s'il vous plait.