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19 déc. 2019, 03:09
Madness takes its toll
SOLO


1. Mon père, ce héros



J’ai pensé que ce serait facile. Je n’aurais qu’à remonter le temps, me laisser quelques heures pour réfléchir, préparer un plan infaillible, et voilà : j’aurai sauvé Londres sans que personne ne le sache. Un héros masqué – et je n’ai jamais cherché à être un héros. Auriez-vous agi différemment, à ma place ? Ne pensiez-vous pas que rien ne pouvait arriver de pire que la destruction d’une ville entière, qu’une potentielle guerre entre deux mondes ? Si vous aviez eu ce pouvoir que j’avais, qu’auriez-vous fait ?

***


Je me suis assise quelques heures pour penser à ce que je ferai, maintenant que j’étais là, moi du futur, dans le passé. Avant que tout ne soit détruit. J’ai préparé mon plan dans cet environnement si peu élégant, si loin de moi : assise sur la cuvette rabattue de toilettes abandonnées.

Je ne voulais pas toucher à cette attaque de Sainte-Mangouste – presque pas. Il fallait qu’elle ait lieu, pour que les McKinney pensent réussir. Si je ne changeais rien, agissant simplement dans l’ombre, Aude ferait exactement ce qu’elle avait fait la première fois et vivrait. Non, je ne voulais rien changer, à deux détails près. J’avais deux personnes à sauver. Deux, et tout Londres serait épargné. Une seule aurait suffit, à vrai dire. J’aurais sans doute dû me contenter de cela. La mère de Parkinson devait vivre, et, en passant… Je pourrais sauver mon père…

Enfant, j’étais très proche de mon père. Cela rendait ma mère folle, évidemment. Elle m’aimait tellement, ma mère. Ils m’aimaient tous les deux. Les enfants savent qu’ils ne doivent pas avoir de préférence, mais parfois, vous savez, c’est plus fort qu’eux. Si tu devais choisir entre papa et maman, qui tu choisirais ? Oh, non, je ne peux pas répondre, je vous aime tous les deux pareil… C’est la réponse que l’on doit donner. Quand ma mère m’a posé cette question, il y a bien des années, je savais que je devais répondre de cette façon. Papa, bien sûr. C’est ce que j’ai dit. Je lui ai brisé le cœur, ce jour-là. Je crois qu’elle ne m’a jamais vraiment pardonnée. Pourquoi lui plutôt qu’elle ? Parce que ma mère était intransigeante, trop stricte, trop protectrice, et parfois, pourtant, si froide… Je n’ai jamais voulu être comme ma mère. C’est peut-être parce que je savais que j’étais comme elle, au fond, que je lui préférais mon père. Mon père était doux, compréhensif, attentionné, bienveillant, et son amour était inconditionnel. Il était tout ce qu’une petite fille pourrie gâtée comme je l’étais voulait. Et pourtant, je ne lui ai jamais vraiment dit à quel point je l’aimais. Quand il est tombé malade, je suis allé le voir une fois. Une seule fois.

Le regret. C’est ce qui m’a poussé à vouloir le sauver, lui aussi. Il y avait des choses que je devais lui dire, avant de le voir partir. Merci, d’abord. Merci de m’avoir pardonnée, merci de m’aimer malgré tout le bordel que j’ai toujours causé. Merci de ne jamais avoir pensé que j’étais quelqu’un de néfaste, d’incontrôlable, de perturbé. Merci d’être qui tu es. Je t’aime, ensuite. Juste je t’aime, et la boucle serait bouclée.

Qui aurait pu m’imaginer, moi, la grande Kristen Loewy, comme ils disent, assise sur des toilettes à moitié explosées par le temps, à me prendre la tête entre les mains, les yeux humidifiés par le regret de ne pas avoir su aimer ? C’était décidé : mon père devait vivre, lui aussi. Il n'y avait pas de raisons.

Mon attitude misérable me faisant frémir à moitié, j’ai monté la suite de mon plan debout, adossée aux lavabos. Il était assez simple, à vrai dire : se renseigner sur les médicaments dont nécessitaient mon père et la mère de Parkinson, les sortir de l’hôpital juste avant l’attaque des McKinney, et attendre. L’attaque aurait lieu, mais Parkinson ne voyant pas sa mère morte ne se laisserait pas consumer par le chagrin, ne libérerait pas son Obscurus, et ne détruirait pas Londres. Point final. C'était enfantin.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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19 janv. 2020, 03:02
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2. Cette haine que je chéris


Bien sûr, tout ne s’est pas passé comme prévu. Quand Pez est arrivé et m’a dit qu’il ne pouvait pas ramener mon père, je me suis sentie stupide, d’abord. Bien sûr qu’il ne pouvait pas : j’avais moi-même contribué à dresser les défenses de Poudlard, et ce pendant plusieurs années. Après, j’ai paniqué : quelqu’un se trouvait dans la chambre de mon père, une Elle visiblement assez dangereuse pour faire perdre tous ses moyens à Pez. Et Pez n’était pas n’importe quel elfe au service de Poudlard : il était à mon service. Il m’aimait bien, depuis toujours, pour une raison que j’ignore encore. Et parce qu’il m’aimait bien et ne voyait pas en moi un effrayant repoussoir, je l’aimais bien aussi. Pez n’était pas n’importe quel elfe : il était un ami on ne peut plus loyal. D’aucuns diront que c’était son travail. Je ne partage pas tout à fait ce point de vue. 

Reda. C’était elle qui était avec mon père, et ce n’était pas une ennemie : elle faisait apparemment partie du même groupe que Polaris. Les Veilleurs. Je dois admettre qu’ils m’étaient complètement sortis de l’esprit. Je n’eus pas vraiment le temps de me plonger dans ces vieux souvenirs, car le nom d’Opale McKinney arriva bien vite sur le tapis. Piégée. On m’avait piégée. Moi. Comment ? Je ne supportais pas l’idée d’être piégée : je préférais de loin avoir une longueur d’avance sur tout le monde. C’est pour cette raison que je passais le plus clair de mon temps à emmagasiner tout un tas d’informations et à les classer rigoureusement dans des tiroirs mentaux. Rien ne devait m’échapper, et j’étais toujours très frustrée quand quelque chose se passait dans mon dos.

Et puis, je compris que le plan d’Opale McKinney avait été de faire tuer Aude pour me forcer à remonter le temps. Elle avait échoué, mais j’étais quand même tombée dans son piège. Je n’eus pas le temps de penser que j’étais une parfaite imbécile : je sentais déjà la colère monter en moi. Cette femme avait voulu me priver d’Aude. Et elle s’était servie d’elle pour m’atteindre. Sa mort n’aurait été que l’occasion de me piéger. Opale McKinney allait arriver d’un moment à l’autre, et j’avais déjà pris ma décision : je la tuerai. Je la tuerai pour avoir voulu me priver de l'amour de ma vie, je l’anéantirai pour m’avoir convaincue que j’étais un danger pour celle que j’aimais plus que tout au monde. Néfaste.

Je devais aussi l’anéantir pour ne pas mourir, parce que je n’avais pas fini ce que j’avais à faire ici. Je devais retrouver Owen, quoi qu’il m’en coûte, et revoir Baldur. Revoir cet être que je pensais avoir effacé, et le détruire une bonne fois pour toutes. L’idée même de l’écraser me rendait folle de plaisir, aussi bien qu’elle m’emplissait de haine. Mais d’abord, Opale McKinney. La femme au troisième œil.

Alors, quand je la vis pour la toute première fois, je ne pus qu’imaginer son joli visage se décomposer, traversé par la peur, l’angoisse et la mort que je lui apporterai. Ma haine est rare, je ne l’offre pas à n’importe qui. Mais lorsqu’elle naît, elle devient incontrôlable. Je la chéris. Je chéris son pouvoir d’anéantissement. Sans doute est-ce pour cette raison que j’ai sombré dès l’adolescence dans cette fascination pour la magie obscure. J’adore ce pouvoir destructeur que ma haine peut provoquer. Existe-t-il haine plus pure que la mienne ? Néfaste.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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19 janv. 2020, 03:12
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3. Pulsions destructrices


Le Maléfice de la Faucheuse de McKinney a quelque chose de beau. Bien sûr, je trouve le mien plus efficace : il va droit au but, il est propre, précis. Mais ce déchaînement de magie, de colère, a quelque chose de fascinant. C’est la présence de mon père à mes côtés qui me permet de garder le contrôle – un contrôle que je voudrais perdre pour rivaliser face au pouvoir de McKinney. J’en viens à penser que mon père me gêne. Va-t’en ! Mais il ne bouge pas, trop faible. Pourquoi faut-il que mon père soit si faible, à cet instant ? Je dois m’occuper de lui pour pouvoir me battre. Je dois l’écarter. Mobilicorpus. Je n’ai pas été très délicate. J’ai trop hâte de me défouler, de punir Opale McKinney. Heureusement, il n’a pas été blessé. Peut-il être plus mal qu’il ne l’est déjà, de toute façon ? Oui. Il pourrait mourir, encore. Et c’est hors de question.

J’ai réussi à neutraliser les vagues de magie de mon adversaire, mais elle enchaîne et entreprend de détruire le plafond au-dessus de mon père et moi. Comme un air de déjà-vu de la veille. Bien. Qu’elle détruise ce plafond. Mes habitudes en duel ont toujours été d’utiliser le terrain à mon avantage. Je me précipite vers mon père et attrape sa main, transplanant avec lui dans le couloir. Je ne fais presque plus attention à lui, tiraillée entre l’urgence de me battre et la volonté de le protéger qui semble peu à peu s’effacer sous l’effet grisant du combat. Je ne sais pas s’il a supporté le voyage : je l’ai déjà quitté pour y retourner. Me battre n’est-elle pas la meilleure façon de le sauver, après tout ?

Les géants de pierre que j’ai créés à partir des gravats du plafond se dirigent vers la sorcière américaine. Trop lentement. Je voudrais qu’ils l’écrasent maintenant, tout de suite, je voudrais que son visage soit déformé par les coups, je voudrais entendre les os de son crâne se briser sous l’impact. Je ne sais pas comment, dans mon état, je peux encore réfléchir aux stratégies que j’établis. L’habitude, sans doute. L’adrénaline.

Un géant se dirige vers moi, ma tête hurle une insulte – elle reprend ma façon de faire -, et je suis contrainte de le détruire. Alors, je les vois… Dallan Blackwave et Aldérande Slughorn. Des illusions ? Non, ils ont vraiment l’air réel. Je viens de me débarrasser d’une gêne. En voilà deux autres. Opale McKinney ne peut-elle pas se battre seule, ne peut-on pas faire les choses bien ? La frustration monte. Je veux exploser, mais savoir que je ne le peux pas me rend complètement dingue. Je hais les barrières. Je les ai toujours haïes. Je veux les briser, tout briser…

Mais enfin, je peux attaquer la première. Et cette fois, je vais tirer pour tuer. Feu à volonté. En me débrouillant bien, je devrais pouvoir l’atteindre elle, et non l’un de ses deux pantins. J’entreprends de boucher la vue de McKinney avec des chauves-furies pour l’empêcher de me voir venir. Et, dans un geste rageur, impatient, ma baguette trace une ligne verticale. Je veux la couper en deux. Je veux revoir cette image : cette image de viscères qui se déversent hors du corps de ma victime après l’avoir coupée – mais cette fois, je veux qu’il s’agisse du corps d’Opale McKinney -  de cette femme infecte qui, comme Baldur, se fabrique des pantins de chair et qui, comme d’autres, me fait passer pour néfaste, cette femme qui a voulu se servir d’Aude pour me blesser.

Ce n’est pourtant pas Opale McKinney que j’ai tuée. Un corps saigne ; pas le sien. Le regard mourant, humide d’Aldérande Slughorn, me fait vriller. J’ai tué une innocente. Suis-je un monstre ? Suis-je néfaste ? Son regard me hantera toute ma vie. Néfaste ? Non ! Je ne suis pas néfaste, je ne suis pas… Ma propre rage me consume, et j’enrage plus encore de devenir ce que je ne veux pas être. Tuer ou mourir ? Je ne veux pas mourir, et je ne le peux pas. J’ai déjà tué. Puis-je choisir une autre issue ? Je hais cette sorcière. Je hais l’idée de ne pas avoir le choix. Personne ne me contraint, personne n’en a le droit…

J’ai une autre chance. Je vais m’approcher de mon adversaire pour ne pas la louper. Je vais la sentir mourir près de moi, il n’y aura pas d’erreur possible… Je transplane derrière elle, fais apparaître une pierre dans ma main. Si près, si près, j’entendrai son crâne se briser ; là où mes géants de pierre ont échoué, je réussirai.

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20 janv. 2020, 21:39
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4. Mes ténèbres étoilées


« Réduite à se battre avec ses poings, comme une Non-Maj’... Je m’étais fait tout un film de cet affrontement avec la grande Kristen Loewy… mais il semble que votre magie ne soit pas à la hauteur de votre réputation. »  Alors que je sens la baguette de Dallan Blackwave sous ma gorge, mes yeux pleins de haine ne quittent pas ceux d'Opale McKinney. Pourquoi son regard ne veut-il pas s'éteindre ? Qui est-elle pour me dénigrer ainsi ? Des salves d'insultes incontrôlables se déversent dans mon esprit, alimentant encore ma rage. Je me sens comme un animal assoiffé de sang, comme le loup qui vit en moi, ou ce dragon qu'il ne faut pas réveiller sous peine de le voir devenir complètement dément. Elle n'a pas le droit de me rabaisser ainsi, la sale... Je crève d'envie de lui prouver que je peux faire bien mieux que ça. Que si je m'y mettais vraiment, je pourrais la bousiller. Même avec une foutue baguette sous la gorge.

« Kristen ! »
C'est sa voix. Elle me ramène à la réalité, en quelques sortes. Comme un éclat de lumière, à peine perceptible encore, dans un océan de ténèbres. Un poignard argenté dans mon cœur d'obsidienne. Je veux me raccrocher à cette voix. Aude. Aude. Ma Sauveuse. Je n'entends pas les nouvelles insultes d'Opale : je ne veux pas les entendre. Ce ne sont que des mensonges, seule compte Aude... Je ne fais pas attention aux nouveaux arrivants : Aude est à côté de moi et il faut que je la protège. Je n'ai pas le droit de mourir comme ça, devant elle, si bêtement et contrôlée par ma rage. Je serre le poing, je sens la bague d'Injonction à mon majeur. Je sens le pouvoir de ma magie traverser tout mon corps, fendre l'air. Toute ma colère et tout mon amour se mélangent pour la créer : l'Ondegrise.

Elle fend l'air, taillade sol et êtres, le sang de mes ennemis vole comme une fine rosée matinale et colore mon visage, mes vêtements, d'une teinte rougeâtre. Elle devient de plus en plus agressive, de plus en plus puissante et, de fait, de plus en plus belle, quand... Ding ! Dong ! Ce son de cloche restera imprégné dans ma mémoire pour toujours, tout comme l'effet que me fit Dante Ferrovecchio la première fois que je le vis...

Je peux sentir la noirceur de cet homme ; et la noirceur de son cœur appelle la mienne, comme s'il communiquait dans une langue que je ne pouvais pas comprendre, mystérieuse et hypnotique. Mon poing se serre sur ma baguette, mes yeux se fixent un instant sur Opale McKinney qui me tourne le dos. Je vois sa nuque, si accessible, et je me remémore la nuque du Sphinx du Dominion, que j'ai transpercée d'une lame, cette nuque molle comme du beurre... J'imagine une lame transperçant celle de McKinney avec autant de facilité, et je savoure cette image mentale apaisante, je peux presque sentir son sang chaud couler sur mes doigts... Mon rythme cardiaque s'accélère. Il serait si facile de la tuer, maintenant, devant tout le monde... Ma tête me fait mal, tourne un peu. C'est cette pression magique qui m'enivre et m'encourage à le faire. Oui, je vais le faire, et je serre plus encore ma baguette...

Non. Je mets toute mon énergie de côté pour contenir ce désir enivrant, animal, de tuer. Je ne suis pas comme ça, je peux faire mieux que ça... Et Aude me regarde, je ne peux pas la décevoir... Que penserait-elle de moi si je cédais maintenant ? Elle ne m'aimerait plus, c'est sûr, je serai un monstre à ses yeux ; je suis déjà un monstre elle ne doit pas le savoir c'est un secret je vais rési... Et je résiste, au prix de nombreux efforts.

Je me débarrasse de la baguette qui me tient en joug et je parle, je m'entends parler, plutôt, et je ne sais même pas comment j'ai réussi à produire cette phrase. Il y a d'un côté ce Moi dément qui veut tout détruire, de l'autre celui qui peut se contrôler et même parler ; et Moi, le vrai Moi, je suis spectatrice de cette vaste farce.

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21 janv. 2020, 19:16
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5. Quand plus rien n'a eu de sens


Et une part de ma conscience observe, impuissante, ce combat ridicule entre moi et moi-même, entre ma rage et son barrage, à mesure que le défilé des chefs des sept familles de mages noirs se poursuit. Le cri d'Aude, je l'ai presque oublié : et je suis fatiguée, je veux céder à nouveau jusqu'au moment où je sens sa main contre mon bras. Elle m'attrape, elle me garde près d'elle, elle me choisit à ses côtés. Garde-moi encore près de toi, accepte-moi... Mais sa main est tremblante. Parce que parmi ces gens qui viennent d'arriver, il y a Eva Sepulveda. Celle qui a tué les parents d'Aude, et qui veut la tuer, elle aussi. Ma cible numéro un depuis que je connais cette histoire. Aude doit partir. Sepulveda veut la tuer, elle est en danger.

« Va-t'en ! Tu ne peux pas rester là, c'est trop dangereux... » Je sais qu'elle ne le fera pas. Elle ne me laissera pas toute seule face à ça. Mais je veux l'impressionner, je veux lui montrer que je peux la protéger, que je donnerai ma vie pour elle, sans hésitation. Elle pourrait me rendre stupide, suicidaire, faire de moi tout ce qu'elle veut. J'aurais pu la détester pour ça. J'aurais la détester pour ça, pour tout ce qu'elle a fait de moi, tout ce qu'elle a changé en moi. De quel droit a-t-elle ainsi pu agir sur moi ? Et pourquoi, pourquoi s'accroche-t-elle ainsi...? Je m'accroche aussi à elle, la serrant très fort - trop fort. C'est parce que je t'enfermerais si tu essayais de m'échapper.

Nous sommes pressées l'une contre l'autre, prêtes à nous défendre, quand nous ressentons une nouvelle présence : Ursula Parkinson et sa Garde Noire viennent d'arriver. Sur le moment, je la déteste. Tout ce bazar, c'est sa faute. Parce que j'essaie de l'empêcher de merder. Je vais peut-être mourir pour qu'elle ne fasse pas n'importe quoi. Et elle est là, à sourire, à se pavaner comme si tout était parfaitement normal - mais rien n'est normal. Je n'ai pas conscience que je suis comme elle, du moins lorsque je suis dans mon état habituel : à me pavaner et à n'en faire qu'à ma tête. Au contraire, je voudrais qu'elle apprenne tout ce que j'ai fait pour elle, tout ce que je suis en train de faire pour elle, et qu'elle me remercie en se mettant à genoux. Je ne mérite pas moins.

Alors que Dante Ferrovecchio affirme que ce combat était terminé, je vois Eva Sepulveda sortir sa baguette. Elle va tuer Aude, maintenant, c'est sûr. Instinctivement, je la pousse derrière moi. Si je ne réagis pas assez vite pour transplaner, au moins me tuera-t-elle moi, et pas elle... Je suis complètement paumée, au milieu de tous ces gens. Je voudrais tuer Eva Sepulveda avant qu'elle n'attaque, mais le puis-je vraiment ? Ce serait non seulement du suicide, mais aussi mettre en danger Aude. Si je mourais, elle serait toute seule face à ces gens qui lui veulent du mal. Mon corps veut tuer et ma tête me crie que ce ne serait pas raisonnable. Ce conflit se traduit par une souffrance dans ma main droite. Non... Ma main abîmée, grisâtre, rongée par la magie noire se met à peler et saigner, complètement hors de mon contrôle : mon corps parle pour moi. Non, non... Je serre ma baguette de cette même main, baguette qui se tâche de sang. Il semblerait que cela attire l'attention de Dante Ferrovecchio, qui fait un commentaire sur ma spécificité.

Je n'ai pas vraiment le temps de m'interroger sur ces paroles, car l'ordre est lancé : tuez-les. Mon cœur rate un battement, je m'apprête à fuir avec Aude, loin de ce danger... Mais aucun sortilège ne nous vise. En revanche, tous les McKinney sont morts. Mes dents se serrent et me viennent des pensées presque enfantines que je ne peux contrôler : Ce n'est pas juste, c'était à moi de les tuer... Pourquoi était-ce si facile, pour eux ? C'était mon rôle...

Enfin, je découvre la nouvelle Septième Lignée : les Stoyanov. Tout va trop vite. Je ne contrôle rien. Je déteste me sentir ainsi spectatrice des événements, sans pouvoir prendre les devants, sans les diriger. Malgré tout, j'ai une confiance aveugle en Stanislav Stoyanov, je ne le crois pas capable de se retourner pour rejoindre le camp des sept familles. Je me sens stupide, impuissante, et je n'ai rien d'autre à faire que poser une question vaine, convaincue que plus rien n'a de sens et que rien n'était censé se passer comme ça...

C'est moi, ou je suis en train de tomber ?

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23 janv. 2020, 03:57
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6. On ne joue pas avec la mort, c’est elle qui se joue de nous


Ainsi donc, c'était ma punition. J'ai cru que la Mort en personne me punirait pour avoir voulu lui reprendre ce qu'elle avait volé, qu'elle me ferait échouer d'une façon ou d'une autre et que je perdrai plus que ce que je ne pouvais tolérer. Oui, la Mort me punissait : elle me reprendrait ce que j'avais voulu sauver. Mais elle n'était pas seule à vouloir me punir : ce jour-là, c'est la Folie qui a frappé à ma porte. Cette Folie qui a toujours été là, quelque part, ce petit grain, comme on dit pour s'amuser, qui, cette fois, s'est montré dans toute sa splendeur : ce n'est pas un petit grain, c'est un arbre grand comme le monde. La Folie s'est révélée à moi après toutes ces années à se planquer à moitié. Je suis folle. Tout vient de là. Je ne suis pas néfaste. Je suis juste folle.

La plus pure des paniques s'empare de tout mon être. Je ne sais plus où je suis, qui je suis, quand je suis. Toutes mes certitudes s'effondrent comme les murs de cet hôpital. Le réel n'est plus qu'un concept qui me semble lointain. Mes yeux n'arrivent pas à se fixer sur quoi que ce soit, grands ouverts, complètement habités par cette Folie. Je veux toucher tout ce qui m'entoure - le puis-je ? -, je veux toucher la réalité, je veux toucher ces atomes compactés autour de moi, sentir la matière, la dureté des choses. Je m'appuie contre un mur. Aude. Aude ! Où est-elle ? Je ne la vois pas. Elle a disparu. Est-ce qu'elle m'a abandonnée ? Non, pas elle... Où est-ce que je suis, où sont-ils tous passés ? Toute seule. Je suis toute seule. Je n'entends pas cette voix qui me parle. Je ne vois pas encore Reda. Ils m'ont laissée toute seule et je ne sais plus rien. Je me pince. C'est un cauchemar... Plus fort. Réveille-toi... Jusqu'au sang. J'ai un peu mal, je crois : ce doit être réel. Ou peut-être pas ? Enfin, je vois cette femme, cette même femme qui m'a dit qu'Opale McKinney m'avait piégée. Je hurle.

« Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Putain, qu'est-ce que vous m'avez fait ? »

Ma voix est plus réelle que jamais. J'ai eu mal aux cordes vocales : j'ai rarement crié aussi fort. Il faut que je trouve Aude. Elle est la seule qui doit occuper mon esprit. Elle ne peut pas m'avoir abandonnée ici. Je crie son nom, me tourne, la cherche partout : à droite, à gauche, encore à droite, en haut, qu'est-ce que j'en sais ! Est-ce que je suis morte ? C'est ça, mon Enfer. Je suis toute seule, rongée par la Folie, punie par la Mort, face à mon échec le plus grandiose : cette ville ravagée. Je ne sais pas encore à quel point cet échec est phénoménal, mais je peux bien le sentir. Oui, c'est ça, l'Enfer, et il est réel. Je l'ai mérité, après tout.

J'ai trop joué et j'ai perdu. Ce pari-là était trop risqué. On ne peut pas toujours s'en sortir si facilement, même quand on est moi. J'essaie d'intégrer tout ce que me dit Reda, mais elle parle trop, beaucoup trop, c'est un flot ininterrompu... Je veux juste que ça s'arrête. Je veux retrouver Aude. Je suis fatiguée. Je m'écroule, complètement à bout. J'ai envie de pleurer. Je ne peux pas pleurer, je suis Kristen Loewy. Mes yeux me piquent. Je n'arrive pas à les contrôler et je les hais aussitôt. Je me hais aussitôt. Et ça y est, je pleure, devant cette femme qui me donne des leçons. Si j'avais plus de forces, je la frapperais, parce qu'elle n'a pas le droit de me voir pleurer.

« Ramenez-moi dans mon monde. Ramenez-moi... dans le vrai monde... Je suis fatiguée... »

Je n'ai jamais baissé les bras. Je méprise la lâcheté, autant que je méprise tout le reste. Et je me méprise, mais je n'en peux plus. Pour une fois, c'est plus fort que moi. Malgré tout ce pouvoir que j'ai acquis, malgré tout ce travail, tous ces sacrifices, je n'ai rien pu faire cette fois-ci. Alors, à quoi tout ceci aura servi ? J'ai tant perdu pour obtenir cette force - ce pouvoir de changer les choses. J'ai perdu Owen, j'ai perdu la raison. Toute ma vie n'a été qu'un immense sacrifice : pour rien. Au final, je ne peux sauver personne. Papa...

Je déteste la Mort. Je l'ai toujours fuie, j'ai toujours voulu la défier. C'est une perte de temps, la Mort. Il y aurait trop à  faire, et la vie est trop courte. Et si on ne mourait pas, Kristen ? Et si on disait merde au temps ? Oui, j'ai pensé à lui. Notre grand projet de vie, c'était la vie. On voulait détruire la Mort, rien que ça. Lui rire au nez et danser sous la pluie. C'était peut-être ça, au fond, mon erreur. Je n'ai pas changé depuis que j'ai connu Baldur. Je refuse toujours la mort, et j'ai bien dit merde au temps. Mais on ne joue pas avec la mort. C'est elle qui se joue de nous.

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25 janv. 2020, 03:48
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7.  Ce devoir qui est le mien


Il n'y a rien de plus réel que la chaleur du corps de la personne aimée contre le sien. Aude. Je voudrais lui dire combien je l'aime, mais il faudrait inventer une nouvelle langue pour exprimer l'amour que j'ai pour elle. Tout ce que je peux faire, à bout de forces, c'est caresser ses doigts du bout des miens, m'emplir de son odeur, sentir le chatouillement de ses cheveux contre mon cou lorsqu'elle pose sa joue contre mon épaule. Je voudrais que rien n'arrête ce moment : figer le temps, jouer avec lui une fois de plus. Juste le temps de me blottir contre elle, d'avoir le droit de n'être qu'une femme qui a désespérément besoin de cette tendresse qu'elle seule peut m'offrir. Je voudrais m'allonger, poser ma tête sur ses cuisses et sentir ses doigts caresser mes cheveux. Respirer, enfin.

Mais ce n'est pas l'heure. Une autre femme requiert mon attention, et je la maudis pour ça. Quand je devrais dire je t'aime, je ne peux que donner des instructions qui me semblent dépourvues de sens, loin de mes intérêts immédiats. Et une fois de plus, je m'éloigne de mon amour pour tenter d'arrêter un massacre.

La cathédrale Saint-Paul est une belle bâtisse, en temps normal. Mais sous la nuit de ce soir de novembre, le bâtiment ne ressemble qu'aux ruines qu'il deviendra : la pierre a déjà abandonné face aux deux forces ténébreuses qui s'y livrent bataille. J'observe ce tumulte quelques secondes, fatiguée de devoir jouer les héros, et, ne sachant que faire, crie le nom de cette femme : Parkinson !

Je n'ai jamais été très douée pour comprendre les sentiments humains, pour trouver les bons mots ; mais s'il y a quelque chose que je connais bien, c'est la colère. Le besoin de vengeance et de destruction. Je comprends Ursula Parkinson et son désir incontrôlable de tout détruire sans distinction ; son désir, finalement, de perdre le contrôle. Et pourtant, je dois l'arrêter. Oui, vous détruirez, mais pas comme ça. Oui, vous vous vengerez, mais vous le ferez bien. Voilà l'idée que je veux faire entrer dans son crâne.

Mes mots ont visiblement un impact : je revois la femme sous ses ténèbres envahissantes ; et je vois son visage rongé par la tristesse. Je réprime une grimace. Je déteste voir les gens forts rongés par de telles émotions. Parce que je ne déteste pas Ursula Parkinson, au fond. Je l'estime même sans doute un peu, même si ses méthodes et ses intérêts me dépassent. Ai-je l'air si pitoyable, moi aussi, parfois ?

Les bruits des Moldus s'approchent. Il ne faut pas qu'ils voient ça. Ils ont déjà envoyé leurs avions : que feraient-ils s'ils découvraient Parkinson dans cet état ? Ils l'abattraient sans doute, sans se poser de questions : c'est comme ça que les Moldus réagissent face à la menace. Je le sais autant que Parkinson. L'idée qu'ils abattent l'un des miens, même une sorcière que je suis censée combattre, m'est insupportable. Ils n'ont pas à se mêler de cela. Ils n'ont pas à savoir. Je dois la protéger. J'utilise mes dernières forces pour, d'un ample mouvement de baguette, dresser un barrage entre notre monde et le leur.

Très vite, je sens une présence grandir derrière moi : une présence magique. La Garde Noire. Je jette un regard derrière moi, mais ils ne m'intéressent pas : tout ce qui compte, c'est Parkinson, et le danger qu'elle représente... Très vite écarté. Je lâche un soupir de soulagement. Londres ne sera pas davantage détruite ce soir : les deux Obscurus ont disparu, ne laissant derrière eux que des corps épuisés. J'aurais pu m'éclipser à ce moment-là, certaine que tout était enfin terminé. Pour rejoindre Aude au plus vite. Mais je veux voir, je veux m'assurer que Parkinson, cette sorcière que j'estime autant que je méprise, va bien. Et que cette enfant qui l'accompagne tiendra le coup après ce déferlement d'obscurité.

Je m'approche et découvre le corps dévêtu d'Ursula Parkinson. Je ne peux pas la laisser comme ça, alors que tout le monde pourra la voir d'un instant à l'autre. D'un geste, je défais l'attache de ma cape de sorcière et, m'accroupissant près de Parkinson, la glisse sur ses épaules nues. Pourquoi est-ce que je la protège encore, au fond ? Impossible de n'en avoir rien à faire. Sa fierté doit rester intacte. Je veux qu'elle reste digne de moi. 

Je la regarde un instant, enroulée dans mon vêtement, pour lui annoncer que sa mère a été mise en sécurité. Sa mère, mais pas mon père. Si elle savait ce que j'ai sacrifié pour elle... Je soupire. Il faudra que je le retrouve. Que je lui dise au revoir. Peu importe le nombre de décombres que je devrai soulever pour récupérer son corps : il ne sera pas perdu sous les ruines de Sainte-Mangouste.

Mais pour l'instant, je dois prendre soin de cette petite fille. Je m'installe près d'elle et l'observe. Elle n'est pas morte, mais son état semble critique. Juste une enfant... Plus jeune qu'Owen. Quand Parkinson parvient à trouver les forces de me rejoindre près de la petite, je lève les yeux vers elle. C'est sa faute. Je voudrais trouver l'énergie de l'accuser, de lui dire à quel point elle est cinglée : une enfant a failli mourir à cause d'elle ! mais je ne peux pas. Pourquoi ? C'est ma propre culpabilité qui m'en empêche. Je me vois dans cette femme, et je vois Owen dans cet enfant. Son petit corps convulsant par ma faute. La ressent-elle aussi, cette culpabilité lancinante ? 

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

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11 nov. 2020, 23:21
Madness takes its toll
8. Adieu, papa


Face à la destruction du monde que nous connaissions, face aux certitudes que le passage d'une masse ombreuse avait avalées, la silhouette tout aussi sombre de Kristen Loewy se dresse, perdue dans le chaos ambiant. Un échec. Elle ne sait pas qu'elle finira, quelques mois plus tard, par vaincre la Mort : elle aurait préféré, de toute façon, la vaincre aujourd'hui. Mais c'est trop tard : elle a fait tout ce qui était en son pouvoir et ce n'était pas assez. Mon pouvoir n'est pas assez. Sans son manteau, qu'elle a donné à Parkinson, elle a froid. On est en novembre, merde. Est-ce qu'il a toujours fait si froid, en novembre ? Ou est-ce le souffle glacial de la mort qui transperce mon cœur ? Dans un dernier effort, elle se laisse tomber et disparaît dans une torsion de l'espace.

Le transplanage s'est mal passé : elle ressent une vive douleur dans l'épaule, au niveau de sa cicatrice. Elle a dû s'ouvrir. Bien sûr, c'est aujourd'hui qu'il faut que le souvenir de Legallet s'impose à elle, encore, par cette douleur ajoutée à la douleur. Elle peste, elle saigne, mais peu importe. Ce n'est pas elle qui va : ce sont ses jambes. Dans les ruines de l'hôpital, elle veut retrouver son père. Pense aux vivants. D'accord : elle veut retrouver Aude pour lui dire qu'elle veut retrouver son père. Le corps de son père. Elle tombera dans les bras d'Aude, d'abord. Elle la serrera de toutes ses forces, appréciant le simple fait de tenir contre elle un corps chaud, vivant, celui de l'être aimé. Elle enfouira sa tête contre son cou, et Aude lui caressera les cheveux ; et là, Kristen pourra pleurer en silence, dans le secret des creux de son corps.

Elle marche dans les ruines comme un spectre. L'hôpital ne ressemble plus à rien, il est impossible de s'y repérer. Combien sont morts ? À vrai dire, le nombre importe peu, tout de suite. Puisque mon père est mort. Et son père, il ne peut pas faire partie d'un nombre. Il n'est pas une donnée, il n'est pas une tâche d'encre dans le gros titre d'un journal.

Elle cherche, fouille, déplace les débris, cherche encore, ne trouve pas. Elle est une poussière dans les décombres. Elle ne le trouvera pas, ce soir-là : elle s'effondrera avant, de retour dans les bras chauds d'Aude Luneau. Le corps d'Angus ne sera retrouvé et identifié que plus tard ; en même temps que les autres, comme s'il n'était qu'un mort parmi les morts.

***


Quelques jours plus tard - Enterrement d'Angus Loewy

C'est une plaine de silence au bord des falaises. Il y a un trou rectangulaire dans le sol. C'est profond. Cordelia le regarde aussi, les yeux vides, comme on perd son regard dans les abysses. Kristen n'a rien à dire, alors elle se contente de passer son bras derrière sa mère pour la rapprocher d'elle. Comme si c'était naturel, finalement, malgré toutes ces années. Le cercueil lévite jusque dans son trou parfaitement taillé, aidé par la baguette magique d'un ami de la famille Loewy que Kristen ne connaissait pas parce qu'elle ne s'était jamais intéressée aux amis de ses parents.

Kristen lance un regard à sa mère, qui prend une profonde inspiration et hoche la tête. Des mots sont récités : Kristen ne les entend pas. Le silence se fait.

« Je te demande pardon. »

Pardon pour mon indifférence, ma rage, pardon pour la distance. Sa voix se tord : elle déteste sa tristesse.

Cordelia regarde sa fille avec un air désolé. Kristen doit enlever le gant qu'elle avait choisi d'enfiler sur sa main droite pour la cacher à sa mère. Elle a honte. Cordelia voit mais ne dit rien. De cette main pourrie, Kristen agrippe son vêtement et Cordelia fait de même. Ensemble, elles plantent leurs ongles dans leurs vêtements, au niveau du cœur, et elles tirent et déchirent.

Adieu, papa, je t'aimais.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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