Le froid de l’hiver partiellement terminé, parsemait de buée les innombrables vitres du château. Swann, debout, le long des fenêtres du deuxième étage, plaqua sa main sur les carreaux gelés. Le regard pensif, n’ayant rien à faire d’autre que de contempler le souffle matinal du vent, elle retira son bras, avec précaution, pour ne laisser davantage de traces que sa main bien dessinée. La fillette soupira, puis ouvrit la porte grinçante des toilettes abandonnées, songeant à ce qu’elle pourrait bien trouver à faire.

Elle ferma la porte d’un claquement sec, puis glissa le long de celle-ci, et finit par se retrouver assise. Ça n’était pas à son habitude, ces moments où elle se retrouvait seule, pensive et sans grand-chose à faire. Tout du moins, pas son habitude à Poudlard ! En effet, ces temps de réflexions intimes étaient multiples voir trop présents dans sa routine de vie, lorsqu’elle se trouvait dans son autre maison, avec ses parents, où elle restait souvent seule, telle une enfant unique en tous genres. Son côté ironique, taquin, voire un provocateur ne se révélait que hors de son petit cocon familial, où, plus entourée de personnes à qui parler, avec qui rigoler et passer de bons moments, elle pouvait développer ce trait de caractère. Non pas que sa vie comme enfant de deux parents très protecteurs était lassante et monotone, mais seulement un peu répétitive. Elle aimerait vivre dans un cadre plus risqué, avec des imprévus cassant ce rythme de vie bien ordonné où elle ne manque de rien, avoir une vie plus…palpitante ?

Dans ce décor si insalubre elle observa avec attention un petit seau qui se trouvait à côté de ses pieds, ne contenant que poussière et petits copeaux de bois. Puis, son regard se posa sur un des robinets crasseux et en mauvais état de la pièce. Son esprit fusa, et la gryffone esquissa un léger sourire, laissant s’échapper un petit rictus. Elle se releva et pris de sa main encore froide, le seau délavé, puis s’approcha du robinet. Il y a quelques jours, son camarade de classe lui avait raconté entre deux cours, une blague moldue apparemment renommée pour son efficacité, consistant à placer un seau d’eau en équilibre en haut d’une porte, puis attendre qu’une personne rentre, et…l’eau…ça mouille !

Swann avait l’occasion parfaite de tester cette petite blague, et n’allait pas s’en empêcher. De plus, en cette période d’hiver, il y avait peu de monde au château et beaucoup redoutait la température glaçante des murs longeant cet étage, ce qui expliquait sa solitude du moment. Ainsi, elle mit toute sa force pour tourner la clef du robinet, qui était rouillée et presque attachée à celui-ci, mais ne parvint pas à y faire couler de l’eau. Elle essaya alors un autre robinet, et réussit par miracle à faire pivoter la clef, laissant passer une eau aussi froide que de la glace. Swann y trempa un doigt, et ne put s’empêcher de s’exclamer :

- Oh !

Elle égoutta le liquide d’un mouvement de main, puis soupesa le seau. Heureusement pour elle, il restait assez léger et maniable à sa portée. Elle entrouvrit la porte de la pièce, pour pouvoir poser sur le haut de la celle-ci la pièce maîtresse de son plan, puis monta du mieux qu’elle pouvait sur un petit tabouret de bois, à moitié rongé par les mites.

Elle plaça, sur la pointe des pieds, son ouvrage soigneusement accompli, puis, d’un soupir de soulagement rabaissa ses bras un peu endoloris par le poids du seau. Enfin, elle s’assit, par terre, derrière l’encadrure d’une porte à moitié cassée, afin d’observer la scène, un minimum cachée.

L’hiver écossais touchait à sa fin et le printemps reprendrait bientôt ses droits à Poudlard. Le grand manteau blanc, qui recouvrait encore le parc il y a quelques semaines, n’existait aujourd’hui plus que dans quelques amas de neige partiellement fondue et brunie par un mélange d’herbe et de terre. Avec les vacances de Pâques qui approchaient, la saison de Quidditch était en pause. L’équipe de Serpentard continuait bien évidemment de s’entraîner au minimum une fois par semaine, mais leur prochain match, le dernier, n’aurait lieu qu’à la fin du mois d’avril. Les Crochets d’Argent seraient opposés aux tenants du titre, les Ailes d’Airain de Serdaigle. Cette dernière rencontre n’était pas capitale pour les verts, qui n’étaient malheureusement plus en course pour soulever le trophée des vainqueurs.

Pourtant, à plus d’un mois de cet événement, Hannah sentait déjà la pression monter en elle. Et pour cause... Il y a quelques semaines, Eileen Eastwood lui avait annoncé qu’elle l’avait choisie comme prochaine capitaine de Quidditch. Depuis, la troisième année, qui dirigeait actuellement les Crochets d’Argent, la formait à ces nouvelles responsabilités. Il avait été convenu que la jeune Sparks mènerait l’équipe de sa maison pour ce dernier match, comme une sorte de répétition générale grandeur nature. A l’issue de cette dernière épreuve, sa désignation en tant que capitaine de Serpentard serait, si tout se passait bien, validée.

Depuis cette annonce, la blondinette attendait le 29 avril avec fébrilité et appréhension. Serait-elle capable de tenir ce rôle en étant la plus jeune de l’équipe ? C’était pourtant ce qu’elle avait déjà fait, instinctivement, lorsqu’Eileen n’avait pas pu prendre part à la dernière rencontre, mais la tâche lui semblait bien plus compliquée désormais. Et dire qu’elle n’avait toujours pas annoncé à ses parents, qu’elle avait intégré l’équipe de Quidditch de sa maison. Cette fois-ci, elle n’aurait plus le choix : il fallait vraiment qu’elle aborde le sujet lorsqu’elle rentrerait pour les vacances de Pâques.

En cette fin de matinée, la jeune Serpentard descendait de la volière, où elle venait de récupérer le dernier numéro d’Attrapeur-Hebdo, le magazine de Quidditch auquel elle était abonnée depuis son plus jeune âge. C’était l’une de ses petites habitudes du mercredi, celles qui vous font vous sentir comme chez vous tout en étant à Poudlard. Elle se trouvait ensuite un petit coin tranquille pour pouvoir dévorer sa revue sans être dérangée. Lorsque les températures le permettaient encore, elle s’installait souvent contre un arbre, dans le grand parc du château. Dernièrement, elle privilégiait plutôt un fauteuil bien moelleux près de la cheminée de sa salle commune.

S’il pouvait y avoir un article sur comment être un bon capitaine...

La première année déambulait dans le couloir, tout en tournant les pages à la recherche d’un quelconque article, ou test de personnalité, qui pouvait la rassurer sur ses capacités à devenir capitaine. Elle connaissait désormais par cœur le meilleur chemin pour rejoindre la salle commune de Serpentard et ne se souciait plus des nombreux caprices des escaliers. Pourtant, une envie pressante la coupa dans son élan. La fillette leva les yeux et se rendit compte qu’elle était au deuxième étage. Les toilettes les plus proches étaient juste devant elle. Bon, ceux-ci étaient à l’abandon, mais les chasses d’eau devaient encore fonctionner. Enfin, c’est ce qu’elle imaginait, mais elle verrait bien par elle-même.

La porte des toilettes abandonnées était légèrement entrouverte, mais Hannah n’y prêta pas attention. On n’y croisait rarement quelqu’un de toutes façons. Alors qu’elle poussait le battant en chêne, un filet d’eau glaciale se déversa sur elle avant qu’un seau métallique ne tombe au sol avec fracas. Un frisson parcourut la Serpentard lorsqu’une bourrasque de vent s’engouffra à travers les vitraux cassés des fenêtres. Elle pesta bruyamment en découvrant dans sa main, son précieux magazine gondolé sous l’effet de l’eau et envoya valser le seau d’un coup de pied. Le récipient métallique roula sur le carrelage avant de s’immobiliser devant une cabine, dont la porte était fendue.

« Nom d’un hippogriffe, si j’attrape le troll des montagnes qui prépare des farces aussi nazes... »

Pff, c’est digne d’un moldu... On n’apprend pas à un vieux gobelin à compter des mornilles !

Mal assise sur les débris de bois de cette porte de cabine peu accueillante, elle entendit des pas venant du couloir glacé. Swann ne savait comment réagir si par malchance le ou la nouvelle arrivante passerait par la porte entrouverte. Mille questions se posaient dans son esprit, totalement perdue :

"Était-ce le bon moment mais surtout les meilleures circonstances pour effectuer un test d'une blague, pouvant s'avérer...pas très drôle ?"
"Et si la personne rentre : je me cache, je me montre, je le prends à la rigolade même si la situation ne s'y prête pas ?"
"La personne le prendra-t-elle mal ?"

La brune n'eut le temps de réfléchir davantage que la porte grinça. Le spectacle avait commencé : la jeune Rym ne pouvait plus reculer. Les yeux grands ouverts, dans la meilleure discrétion possible, du moins, ce qu'elle pouvait faire, elle observa l'avenir du sceau et...d'une jeune fille qui poussa la porte une revue à la main.
Le sceau, sous le rythme lent du batant en bois, bascula à la renverse, et un flux d'eau massif se déversa d'abord sur sa tête, puis jusqu'à ses pieds, en passant par son uniforme, avec son petit blazon vert brodé et en trempant intégralement son numéro de Quidditch. Toujours dans l'ombre, la fillette regardait avec un petit malaise, la nouvelle arrivante, qui gondolait de la tête au pied, les dents crispées, le regard noir, sous le bruit strident du seau qui roulait sur les carreaux, également mouillés.
La Serpentarde pesta bruyamment, sous le regard encore un minimum discret de Swann :

« Nom d’un hippogriffe, si j’attrape le troll des montagnes qui prépare des farces aussi nazes... »

Étonnée par le dernier mot de la blonde, elle repensa le temps d'une brève seconde à cette farce. Bon, oui, ça n'était sûrement pas la meilleure de ses idées, mais en période de non-activité comme celles-ci, c'était sa...seule occupation. Et puis, ça n'était qu'une blague moldue et point la sienne, seulement un test. La situation s'avérant plus compliquée que prévu, étant donné la tête de la jeune fille dégoulinante d'eau, Swann décida d'orienter cette blague peu drôle, en quelque chose lui ressemblant davantage, quelque chose de plus spontané ! Ainsi, elle sorti de sa cachette de maniere théâtrale avant de s'exclamer :

- TADAAAM !

Voulant se rattraper devant la mine dégoutée de la Serpentard, elle s'apprêta à continuer son propos, en s'avançant au dessus des copeaux de bois. Mais en reposant son pied sur le sol, elle glissa spectaculairement sur le carrelage mouillé, avant de tomber sur les fesses dans un grand fracas retentissant dans la pièce. D'un regard gêné, elle esquissa un sourire, quelque peu ridicule.

- Heum... Enchantée... Swann Rym...

"Par Merlin ! Je viens de tremper une fille et son magazine, je glisse tel un mammouth sur ce stupide carrelage et je ne trouve rien de mieux que de me présenter ? Pfff, quelle phrase stupide ! Gngngna, je m'appelle Swann, gngngna, enchantée ! Elle est dégoulinante d'eau et j'affiche un sourire ridicule ? Pfff, je suis mal... "

La Serpentard avait gardé ses yeux verts rivés sur le seau qui roulait au sol, jusqu’à ce qu’il s’immobilise. Les cliquetis métalliques sur le carrelage résonnèrent encore quelques instants, avant que les toilettes abandonnées ne retrouvent leur quiétude habituelle. Le calme ne dura pourtant pas très longtemps. Un mouvement, derrière la porte fendue en deux, attira le regard de la blondinette, rapidement suivi par une silhouette qui surgit hors de la cabine.

Qui d’autre qu’un Gryffondor pour faire une blague aussi nulle ?

Hannah dévisagea l’élève qui venait de faire apparition devant elle. Le sourcil levé, elle estima que la petite brune était sans doute en première année, tout comme elle. La jeune Sparks ne se souvenait pourtant pas d’avoir eu des cours en commun avec elle. Apparemment, l’autre fillette trouvait que la situation avait quelque chose de drôle. Pour autant, sa petite mise en scène théâtrale n’amusa pas l’irlandaise le moins du monde.

Tu te crois sortie de la baguette de Merlin, peut-être ?

En guise de réponse, elle détourna son regard, ignorant sciemment la Gryffondor qui semblait ravie de son petit effet, pour se tourner vers son magazine avec un air désolé. Est-ce qu’un Papyrus Reparo était efficace ? Si non, elle était bonne pour faire sécher son Attrapeur-Hebdo au coin de la cheminée, en salle commune, avant de pouvoir en commencer la lecture. Avec précaution, Hannah enroula sa revue avant de la ranger soigneusement dans le revers de sa robe.

Cette idiote venait probablement de lui gâcher le reste de la matinée et la jeune Serpentard était bien décidée à lui rendre la monnaie de son gallion. La glissade ridicule de sa camarade ne la fit pas plus sourire, même si voir la voir dans cette posture était tout de même satisfaisant. A ses yeux, la fillette au blason rouge avait bien mérité de se retrouver sur les fesses, dans la flaque d’eau laissée par se propre farce. Cela ne lui semblait cependant pas suffisant.

J’ai l’air enchantée, Swann ?

« Tsss »

La jeune Sparks secoua la tête et se dirigea vers le seau en ferraille, en passant à côté de la brune. Sa blague moldue n’avait pas de quoi arracher une aile à un dragon, mais la blondinette n’avait rien de mieux sous la main pour le moment. Elle saisit le seau par son anse et jeta un bref regard sur son contenu vide. Un petit Aguamenti serait parfait dans ces circonstances, mais ce sortilège n’était malheureusement pas au programme de première année. Hannah repéra le robinet qu’avait dû utiliser la Gryffondor précédemment, celui dont la saleté avait été enlevée par une main le tournant, et déposa le récipient métallique en dessous, à plat dans le lavabo. Elle grimaça un moment, mais finit par réussir à activer la vanne et remplir petit à petit son seau.

A nous deux maintenant, tu vas voir ce que ça fait cette eau froide !

« Wingardium Leviosa »

D’un petit geste de sa baguette, la Serpentard fit léviter le sort plein à ras bord et le dirigea lentement au-dessus de la brune, qui arborait toujours le même sourire niais. Celle-ci semblait vouloir rester au sol, tant pis pour elle. Lorsque le contenant métallique fut placé comme elle le souhaitait, l’irlandaise relâcha sa concentration et rangea sa baguette, mettant fin à la lévitation. Elle regarda l’autre fillette avec un sourire exagérément satisfait.

« TADAAAM »

Bien plus réussie en version sorcière...

Ouch !

Un frisson glacé lui parcouru tout le corps jusqu’en haut de l’échine. Une eau mêlant vengeance et fureur venait de s'abattre sur la coupable. Sans le contrôle réfléchi de son esprit, la petite brune pouvait faire des dédommagements lorsque sa rancune innée parlait et que son impulsivité agissait. Des milliers d’idées de vengeances lui traversèrent l’esprit, elle était trop spontanée pour réfléchir posément. Elle observa d’un regard tenace, d’abord son genou irrité, puis sa robe trempée et enfin le seau qui s’était arrêté à côté du robinet, et de l’autre sorcière. La tentation était trop grande : un robinet, un seau, et une blondinette un peu trop rancunière. Un plan détaillé s’échafaudait dans son esprit, mais, elle revint sur ses pensées et avis préalablement déterminés.

Une blondinette un peu trop rancunière ? Et moi, je suis quoi ? Une petite sotte qui s’amuse à faire de puériles blagues moldues ? Et je me plains d’être sur le sol et dégoulinante ? Et pourtant ça ne me ressemble pas ! Je devrais être maîtresse de la situation et je dois…m’excuser ? Non ! Non ! Non ! Pourquoi j’ai fais ça ? C’était drôle ? Pour elle ? Non ! Pour moi ? Même pas ! Et sortir fièrement et enjouée de ma cachette devant-elle qui n’a rien demandé ? Elle m’a jeté le seau ? J’aurais fais de même ! Elle est énervée ? J’aurais été pareille, voir pire ! Pourquoi j’ai fais ça ? J’incarne le summum même de la niaiserie et je vais devoir m’excuser ? En même temps, on est quitte ! Pourquoi je devrais m’excuser elle m’a aussi jeté de l’eau ! Et pourquoi je suis encore assise, en position de faiblesse devant elle ? Vas-y jette lui de l’eau, au point ou on en est ! Non, non, non…ça n’arrangerait pas les choses.

Le démon, l’ange, la rusée, la faible, la vindicative, la médiatrice…des milliers de voix et de pensées fusaient dans son esprit. Une seule lui plaisait vraiment : ne pas rester comme victime, avachie sur le sol. Elle se releva, en gardant un visage plutôt fermé et impassible, sans laisser transparaître sa douleur au genou. La jeune Rym, pour la première fois, reconnaissait ses tords et en était guère fière. Elle se sentait bête et... honteuse.

Un grand silence se fit. Non pas un silence de malaise mais plutôt de réflexion, sur ce qu’il venait de se passer. Les deux sorcières étaient face à face, toutes deux trempées, les cheveux gouttant sur les carreaux, et le regard posé sur le même seau, arme d’un conflit à caractère de rancune, point commun des actrices de ces faits arrosés.

La jeune Sparks avait gardé son sourire narquois tout en se délectant de la situation. Depuis le moment où le seau s’était renversé, ses yeux rieurs, couleur vert amande, n’avaient pas quitté la dénommée Swann du regard. Dès qu’elle avait relâché son sortilège de lévitation, le contenant métallique était retombé, attiré par la gravité terrestre, déversant son contenu glacial sur la petite brune.

Hannah avait cette drôle d’impression de déjà-vu, revivant la même scène sous un autre angle. A nouveau, le seau roula au sol avec fracas, avant de s’immobiliser sous la rangée d’éviers, non loin de son pied droit. La blondinette hésita à le ramasser, non pas pour recommencer son mauvais tour, mais simplement pour ne pas laisser à la Gryffondor l’opportunité de prendre sa revanche. Visiblement, l’élève de la maison rouge semblait avoir apprécié la blague tout autant qu’elle précédemment, ou tout aussi peu goûté, c’était selon.

Bien fait ! Elle ne viendra plus me chercher des cisburnes dans la tête !

Bien, la Serpentard estimait qu’elles étaient maintenant quittes et allaient pouvoir repartir sur des bases plus cordiales. Primus ultimusque in acie, Premiers et derniers dans la bataille. Telle était la devise de sa famille. Ainsi, si Hannah était de nature impulsive et prompte à réagir, elle savait également mettre fin aux conflits. D’ailleurs, le meilleur conseil qu’elle avait reçu depuis qu’elle était à Poudlard, « Un Serpentard se doit de choisir ses batailles », abondait en ce sens. Le Baron Sanglant l’avait d’ailleurs sermonnée à ce propos, lors de la fête d’anniversaire de mort de Nick-Quasi-Sans-Tête, auquel un petit nombre d’élèves, dont elle faisait partie, avait pu assister.

Si sa camarade de Gryffondor ne s’était pas déjà relevée, la jeune Sparks lui aurait sans doute tendu la main pour l’aider. Les deux fillettes se faisaient désormais face, se regardant en boursouf de faïence, et jetaient chacune quelques coups d’œil vers le seau métallique. Au bout de quelques instants, qui parurent plusieurs minutes, la blondinette se résolut à mettre fin à l’affrontement silencieux. Son rictus moqueur s’estompa petit à petit pour se transformer en un sourire plus franc et ouvert.

« Hannah Lyse Sparks, enchantée ! Vous... Vous vous faites souvent des blagues aussi... »

Nulles ? Pourries ? Stupides ? Moldues...

Une grimace malicieuse accompagna sa réflexion, alors qu’elle cherchait ses mots.

« enfin, ce genre de blagues à Gryffondor ? »

Un nouveau courant d’air s’engouffra dans la pièce, par les vitraux fendus, faisant à nouveau frissonner la première année. Celle-ci sortit sa baguette et désigna du menton, les copeaux de bois mouillés, sur lequels Swann était tombée.

« Tu trouves pas qu’il fait froid ? Tu crois que ça fonctionne, Incendio, sur ces trucs ? »

Le vent matinal soufflait à travers les vitres fendues de la petite salle. Au milieu des débris de la pièce insalubre, le silence se brisa par les paroles de la première mouillée :

« Hannah Lyse Sparks, enchantée ! Vous... Vous vous faites souvent des blagues aussi... »

Swann encore un peu honteuse, pensait à la suite des mots de la blonde, qui entamait cette fois-ci, une conversation plus chaleureuse et accueillante, effaçant leur rencontre animée pour repartir sur de nouvelles bases.

Aussi puériles ? Tu peux le dire…malgré ma honte. Je me sens tellement…bête… Quelle blague moldue...pourrie ! Bon, je me retrouve aussi trempée qu’elle mais j’ai un petit sentiment de culpabilité. Le principal, c’est qu’à la fin, elle ne soit plus contrariée !

« enfin, ce genre de blagues à Gryffondor ? »

La Gryffonne esquissa un petit sourire, gênée, mais à la fois rigolant de son acte et de la tournure que prenait ce test ridicule d’une blague ne lui étant même pas propre.

Heum…elle voit là un aspect très enfantin de notre maison, alors que nos blagues sont souvent concoctées à base d’un humour plutôt fin et élaboré.

De nouvelles bourrasques de vent, faisaient frissonner les deux sorcières, qui commençaient à sentir le froid se propager dans leur corps. La blonde, Hannah, prit l’initiative de sortir sa baguette, en dénonçant du menton les copeaux de bois étalés sur le sol et en présentant son idée :

« Tu trouves pas qu’il fait froid ? Tu crois que ça fonctionne, Incendio, sur ces trucs ? »

«Malgré leur humidité, que j’ai pu constater en y glissant, dit la brune, un sourire aux lèvres, ça reste des copeaux de bois, j’imagine que ça pourrait marcher ! De toute façon, j’ai tellement froid que je suis prête à essayer même si on est pas sûres de l’aboutissement ! Sinon…euh…c’était vraiment pas mon but de faire cette blague…nulle et immature, enfin…euh…»

Elle pris une grande inspiration et sorti d’une traite quelques mots :

«Je regrette que notre première rencontre ce soit passée comme ça et que tu aies vu un aspect de moi très ridicule et enfantin au premier abord alors que ça ne me ressemble pas. Je…»

Swann se stoppa une seconde, repensant à ce qu’elle venait de dire. Elle s’était excusée ! De vraies excuses ! Pire ! Elle regrettait ses actes et l’avait partagé à la blonde !

«Euh…je crois que je viens de m’excuser là. »

Elles s’échangèrent un regard, se retenant de rire, puis s’esclaffèrent en rythme, tout en rassemblant les copeaux en petit tas.
Gardant un sourire malicieux, la brune sorti à son tour sa baguette, puis essaya de se calmer et de retenir son rire, afin de se concentrer, se rappelant son initiation à la magie.
Enfin, elles pointèrent toutes deux leurs baguettes en direction du petit tas, et, en rythme avec Hannah, la jeune Rym d’un mouvement précis appliqua la gestuelle en prononçant distinctement : «Incendio»