15 Février

Pourquoi est-ce que les gens sont si stupides ? Pourquoi les personnes sur qui elle comptait l'abandonnaient ? Pourquoi est-ce que cela faisait si mal lorsqu'ils prouvaient à nouveau leur méchanceté ? Pourtant Siam savait bien a quel point les hommes étaient odieux, jusqu'où ils pouvaient pousser leur haine.

C'était bel et bien la guerre entre sorciers et moldus, même si ce n'était pas présenté de cette façon, cela ne faisait plus aucun doute. Fin janvier, les Manteaux Noirs étaient venus jusqu'à Poudlard, Siam les avait vu, effrayants plus que jamais. Puis, quelques jours plus tard, la boutique d'Apotic'herbe à explosé sur le Chemin de Traverse.
Il y a quelques jours, un moldu avait été enlevé au Ministère de la Défense et hier, un gigantesque rassemblement s'est tenu en plein cœur de Londres. Des centaines de milliers de Moldus défilent en arborant le portrait d'Adrian Roberts, le Moldu enlevé par un sorcier devant le ministère de la Défense. Parmi ces moldus, le père de Siam.

Elle venait de l'apprendre et tenait la lettre qui annonçait cela serrée dans son poing. Une lettre écrite par son frère, dénuée d'amour, ou d'affection. Énonçant simplement les faits, comme un présentateur télé. Elle savait déjà que son père la détestait, il lui avait annoncé il y a quelques semaines, mais ce n'était qu'un nouveau coup.

Siam sortis de la salle d'étude, elle était en colère, elle était triste. Dévastée. Elle entra dans les toilettes abandonnées, personne ne devrait venir la déranger ici. Elle s'assit contre le mur. Son cœur criait de douleur. Elle tapa sa tête en arrière, une fois, deux fois. Elle se détestait. Qu'est ce qu'elle avait bien pu faire pour que son frère soit si froid, pour que son père la renie.

"Papa est allé manifester contre les monstres comme toi" Pourquoi ces simples mots faisaient ils si mal ? Siam enfonça les ongles de sa main dans son bras, la douleur l'aidait à ne pas craquer.

Soudain elle entendit un bruit, quelqu'un venait d'entrer dans les toilettes...


@Talya Duval

La jeune fille aux cheveux dorénavant courts, passer une journée plutôt agréable. Certes le conflit entre les sorciers et les moldus prenait une grande ampleur, mais Talya essayait de ne pas trop y penser. Sa mère et sa sœur étaient moldues, elle s’inquiétait donc forcément pour sa famille mais elle ne pouvait pas quitter Poudlard, elle ne pouvait qu’espérait que tout aille bien pour sa famille.

La jeune Serpentard se baladait dans les couloirs. Elle croisa quelques personnes qu’elle connaissait de vu. Elle les salua rapidement et continua son chemin.

Elle était au deuxième étage. Elle se posa près d’une fenêtre et regarda le paysage. Quelques mois auparavant des manteaux noirs étaient venus au château. Perdu dans ses pensées, Talya regardait encore le paysage lorsqu’une jeune fille, visiblement énervé, sortie de la salle d’études, une lettre à la main. Énervé ou triste... Talya ne savait pas réellement. La jeune fille devait être de Serdaigle au vu de la couleur de sa tenue de sorcière.

La jeune fille passa comme un coup de vent et entra dans les toilettes abandonnées puis sembla s’y enfermer, de là où elle était, Talya ne savait pas trop mais elle se dit qu’il valait mieux ne pas la rejoindre pour la laisser tranquille, c’était certainement pour ça que la jeune Serdaigle s’était enfermé dans les toilettes abandonnées. Tout le monde y allait pour être tranquille la plupart du temps.

Cependant elle entendit rapidement des petits coups provenant des toilettes, et décida donc d’y entrer.

Lorsqu’elle entra, elle aperçut la jeune fille se plantait les ongles dans la peau.-Ça va ? Tu devrais pas faire ça tu sais..

Vraiment désolé pour l’attente

-Ça va ? Tu devrais pas faire ça tu sais..

"Dégage" Siam l'avait pensé tellement fort qu'avec un peu de chances, la fille qui venait d'entrer l'avait entendu. Ce n'était bien évidemment pas le cas. La nouvelle arrivante devait être en première année car Siam ne l'avait jamais vu dans sa classe et elle n'avait pas la tête d'une fille de troisième ou quatrième année.

"Tu devrais pas faire ça tu sais" avait elle dit. Elle ne savait pas si elle parlait des coups de tête contre le mur ou des ongles qui s'enfonçaient dans son bras. Sa peau était d'ailleurs entrain de devenir violette, autour de chaque ongles. Mais qui était cette fille pour lui dire ce qu'elle devrait faire ou pas ? Qui était elle pour juger ?

Pourtant elle ne devait pas craquer, pas une deuxième fois. Il y a quelques semaines après une lettre venimeuse de son père elle s'était retrouvée à l'infirmerie. C'était une expérience a ne pas renouveler. Après tout la lettre de son frère n'était pas tant une surprise que ça, elle ne s'attendait à rien d'autre de la part de son père. Mais son frère... C'était le seul qui avait eu confiance en elle, qui l'avait soutenue et maintenant... Maintenant il l'abandonnait aussi...

La jeune fille aurait voulu hurler pour exprimer sa haine, sa colère, sa tristesse et son désespoir. Elle aurait voulu crier au secours ou sangloter comme un bébé dans les bras de sa mère. Mais c'était impossible. Elle aurait voulu ne plus rien ressentir, enfermer son cœur dans une épaisse couche de glace. Mais elle n'y arrivait pas.

L'autre fille était toujours là, à la regarder. Pourquoi ne pouvait-elle pas juste partir et ne pas se mêler de ce qui ne la regardait pas ? Résignée, Siam se tourna vers elle et la regarda dans les yeux lorsqu'elle dit :

-Je fais ce que je veux. Maintenant est-ce que tu pourrais partir ?

Elle avait essayer de garder la voix posée mais celle-ci s'était brisée à la fin de sa phrase. La jeune fille se maudit intérieurement. Pourquoi était-elle si faible ? Elle ferma les yeux un instant, lorsqu'elle les rouvrit, ils étaient pleins de larmes...

La Serdaigle lui demanda de partir, d’une voix assurée au début mais d’une voix brisée à la fin. Talya ne savait même pas pourquoi elle avait posé la question. Après tout, ça ne l’a regardé pas. Elle voulait aider et sa camarade refusait.

Talya regarda la Serdaigle une dernière fois. Elle la regarde haute en bas plusieurs fois puis s’arrêta sur les ongles posés sur la peau. Elle regardait, se demandant si elle devait insister ou si elle devait simplement partir et faire comme ci rien ne s’était passé.

Elle choisit alors la seconde solution, sa camarade voulait qu’elle parte, c’est ce qu’elle ferait. Même si elle avait du mal à le digérer. Jamais quelqu’un ne lui avait parler si brusquement. Elle ne savait que penser.

Elle se tourna, regarda la porte et commença à avancer. Le pied droit puis le pied gauche. Et on recommence. Très rapidement, la jeune Serpentard était devant la porte. Elle leva la main droite et la posa sur la poignée. Il suffisait simplement de baisser la poignée, de sortir, de tout oubliée.

Mais Talya ne le faisait pas. Elle ne bougeait plus. Elle repensait à cette voix brisée. Cette voix tenant de faire comme si tout allait bien. Cette voix résonnait dans sa tête. Elle ne pouvait pas faire comme ci de rien n’était. Elle n’était pas comme ça. Elle ne pouvait pas abandonner dès son premier essai.

Elle ne bougea pas d’un poil et ouvrit simplement la bouche. Gardant sa voix la plus monotone possible.

-Pourquoi tu te fais ça ? Pourquoi tu te fais du mal ? Pourquoi tu rejettes ceux qui veulent t’aider ?

Encore désolé pour mon retard

Les yeux pleins de larmes et pourtant elles refusaient de couler. Au final tout revenait au même, elle connait cette douleur, cette même douleur qui l'avait terrassée et envoyée à l'infirmerie il n'y a même pas un mois. Cette douleur qui prends dans les tripes et broie ses organes d'une poigne de fer. Elle savait que son père la haïssait. Elle savait qu'elle était un monstre. Elle savait qu'un jour ou l'autre son père s’engagerait vraiment contre eux. Contre elle.

La trahison était toujours là présente, plus que jamais. Cependant le pire n'était pas là. Son frère. Son frère qui l'avait toujours soutenue, aidée. Elle avait pleurer des heures contre son épaule, avait rigolé, sourit aimé tellement cet être qui avait toujours voulu la protéger. Plus maintenant. Lui aussi a finit par se rendre compte que sa petite sœur ne méritait pas d'être aimée. Lui aussi la considérait comme un monstre.

Et puis il y avait cette fille là, Siam ne savait même pas son nom, juste que c'était une Serpentard. Mais cela ne voulait rien dire, cela ne veut jamais rien dire, une maison ne définit pas la personne. En tout cas cette gosse commençait à lui taper sur les nerfs. Elle tourna les talons. "Part ! Allez dégage ! C'est bien !" Pourtant elle s'immobilisa pour parler à nouveau. Des questions, mais Siam la jeune fille n'avait que des demis-réponses. "Parce que je me hais, parce que je suis un monstre. Parce que la douleur physique est plus facile à supporter que la douleur morale. Parce que de toute façon c'est rien. Parce qu'ils ne peuvent pas comprendre."

-Tu ne peux pas comprendre. Tu ne sais rien de moi.

Pourtant voilà que cette fille l'avait vu, faible et misérable telle qu'elle était vraiment. Peut-être qu'au final elle l'était autant que la gamine. Autant qu'Elicia. Siam ne voulait pas qu'on la voit vulnérable. Elle l'était mais personne ne devait le savoir.

-Tu n'as rien vu et tu vas partir.

La voix avait été assurée, pourtant la jeune fille ne s'était pas entendue parler. Elle ferma les yeux et partit se réfugier dans son Noir.

Je ne peux pas comprendre ? Comment peut-elle le savoir alors qu'elle ne me connaît pas. Je ne sais rien d'elle, c'est bien une des seules choses de vrai mais si elle ne me parle pas, je ne peux pas savoir.

Encore une fois, ma curiosité a pris le dessus et voilà que l'on veut que je parte. Pourquoi je m'obstine à vouloir aider des personnes qui eux ne veulent pas de moi.

-Je ne peux pas comprendre si tu ne me parle pas, ça s'est sûr.

Et voilà que maintenant elle veut que je fasse comme-ci je n'avais rien, et que je parte. Décidément, elle ne veut pas de moi. A-t-elle juste peur que quelqu'un l'est vu dans cet état ou aime-t-elle simplement être seule ? Peut-être lui ai-je fait quelque chose sans le savoir. Non, ce n'est pas ça.

Je ne sais pas si je dois partir. Je veux rester là, avec elle. Je veux savoir ce qui ne va pas. Je veux savoir pourquoi elle est dans cet état là. Je veux savoir tellement de choses. Mais je ne suis probablement qu'une première année à ses yeux. Une première année assez idiote pour croire qu'elle peut tous résoudre en parlant. Une première année trop bête pour comprendre qu'on ne veut pas d'elle.

Et pourtant, je ne bouge pas. Je reste où je suis. Devant la porte. La main sur la poignée. Je veux lui dire quelque chose, et pourtant rien ne sort. Elle ne me connaît pas. Comment peut-elle, ne serait-ce qu'un instant, me faire confiance ?

-Talya. Je m'appelle Talya.

Voilà qui est fait.

-Tu veux me parler ? Ça restera entre nous bien entendu.

Dis-je d'une voix peut assurée, consciente que j'allais probablement l'énerver plus qu'autre chose.

Pourquoi refuse t'elle de lui foutre la paix ? Au fond elle ne méritait pas qu'on l'aide, on aide pas un monstre. Pourquoi cette fille s'obstinait-elle ainsi ?

La fille en question déclara s’appeler Talya. "Rien à foutre" songea Siam. L'autre jeune fille, Talya donc, repris la parole pour lui demander si elle voulait parler. Elle fut tellement surprise qu'elle ne su pas quoi répondre dans les quelques secondes qui suivirent. A deux doigts d'éclater de rire ou de fondre en larmes.

Pourtant lorsqu'elle pris la parole ce fut avec calme, aucune émotion ne transparu dans sa voix.

-Il n'y a rien à dire. Strictement rien.

Néant. Son visage reflétait le Néant. Brisée à l'intérieur, froide à l'extérieur. Le masque de pierre insensible qu'elle s'était construit au fur et à mesure que le Gouffre grandissait en elle était entrain de ce durcir encore un peu. Alors que le Vide devenait de plus en plus grand. Effrayant.

Talya n'était qu'une gamine. Comme Élicia. Une gamine naïve qui pense pouvoir changer les choses. Qui croit que parler à quelqu'un peut tout arranger. Qui se prend pour une petite héroïne qui va aider tout le monde mais qui au final fait que foutre la merde. "Comme toi" murmura une voix. "Naïve et inutile comme toi. Stupide comme toi. Une gamine comme toi. Sauf que toi t'es encore pire que ça. Toi t'es un monstre. Toi tu mérite pas de vivre."

Pourquoi ne pouvait-elle pas se taire ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être normale ? Avec un cerveau normal, une famille normale, une façon de penser normale. La différence n'est pas un problème, sauf quand elle te rend stupide, inutile et infréquentable. Pourquoi donc faut-il se haïr pour ce sentir vivre ?

-On est que des gamines...

Je ne sais toujours pas la raison pour laquelle je suis encore là, pourquoi je m'obstine à vouloir l'aider alors qu'elle ne veut pas de moi, pourquoi je ne bouge pas et que je la laisse me repousser à ce point. Pourtant l'idée de partir des toilettes n'est plus dans ma tête. Elle peut me repousser autant qu'elle veut, je resterais là. Je suis assez forte pour encaisser ce qu'elle pourrait me dire.

Elle finit par parler, il n'y aurait rien à dire selon elle. Pense-t-elle sincèrement que je vais croire à ça ? Il est évident qu'elle ne va pas bien, que quelque chose lui pèse sur le cœur. Je n'aime pas forcer les autres à parler mais.. elle en a besoin, plus que n'importe qui, j'en suis persuadée. Plus je resterais là, plus il y aura de chances qu'elle craque et lâche ce qu'elle garde en elle, ce qui la fait souffrir à ce point. Elle restait froide, en apparence du moins.

En continuant de la regarder, je m'assois sur le sol. Ce n'est pas spécialement confortable mais rien d'étonnant vu l'endroit dans lequel je suis. Quelques instants plus tard, elle prononce cinq petits mots. Cinq mots qui me font plus d'effets que je ne le voudrais. *Elle est en train de... de commencer à dire ce qu'elle a sur le cœur ?* Je lui réponds, sans réfléchir.

-Des gamines, oui. Mais des gamines qui ont le droit de ne pas être bien, de ressentir tout un tas de choses pas facile, des gamines qui ont le droit de souffrir à cause des actes des autres..

J'aurais voulu mentir, mais ce n'est pas le cas. Au lieu de ça, je lui tend la main pour qu'elle vienne s'asseoir avec moi. J'espère qu'elle acceptera, j'espère qu'elle ira mieux quand je sortirais de cette pièce.

_{Toutes mes excuses pour cet énorme retard}

Danse abandonnée suite au départ de la Plume de Talia