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02 avr. 2020, 10:29
En l'espace d'un battement de cœur
lundi 3 octobre 2044

Les toilettes abandonnées...Alison n'avait pas prévu de se retrouver seule et surtout aussi vite dans les toilettes abandonnées.
Comme elle aimait le calme, elle s'était plus préparée à se rendre à la bibliothèque au moindre cahot trop capricieux de sa vie.
Car après tout, c'était ça la vie.
Une suite de cahots, plus ou moins forts, à bord de la petite voiturée cabossée dans laquelle vous traciez votre propre chemin, prêtée dès le jour de votre naissance et disparaissant avec vous, laissant parfois des traces de poussières, que les hommes appelaient souvenirs.
Une bonne petite voiture fidèle, qui vous ressemble et vous suit au gré de vos envies.
Aujourd'hui, la voiture de sa vie s'était arrêtée. Pas un arrêt définitif. Mais un arrêt tout de même. Les voitures ne s'arrêtent pas souvent, dans une vie.

Alison se rencogna dans le coin qui avait été son compagnon durant la dernière heure. Il y a une heure elle était presque heureuse, enjouée à l'idée de découvrir de nouvelles personnes, dans ce si grand château.

Elle revoyait mentalement ce début de journée, la tête appuyée contre les tuyaux, les genoux sous le mention, les bras repliés contre sa maigre poitrine, serrant la lettre.
La lettre, qui avait bouleversée sa vie et l'avait guidée jusqu'aux toilettes abandonnées. Elle l'avait lue et relue pendant une heure, se nourrissant de  ces mots, les respirant. Ils avaient dansé sur sa rétine, s'étaient inscrits dans sa chair, coulant dans ses veines, imprégnant son cœur, y passant et y repassant à chaque battement, toujours aussi douloureux et poignants que la première fois que ses yeux s'étaient posés sur eux.
A présent elle les connaissaient par cœur.
Mon petit oiseau,
Je suis tellement heureuse que ta rentrée se soit bien passée! Tu verras, la maison Poufsouffle t'accueillera en son sein à merveille. Et n'écoute pas mon idiot de fils qui te dira que tu aurais dû aller à Gryffondor, la meilleure maison selon lui.
N’oublie pas petit oiseau que j’étais moi aussi une Jaune!
Mais tu me connais par cœur et tu sais que j’écris peu et jamais sans avoir une bonne raison.
Ton père voulait que je te laisse tranquille, vivre ta vie dans ta maison. C'est drôle à dire, mais ton père manquait de courage pour t'annoncer ça.
Moi, je pense que tu es assez grande pour comprendre ce qu'il se passe, petit oiseau.
La nuit dernière, tes parents avaient miraculeusement décidé de passer la nuit à la maison, au milieu des lavandes, avec Campbell.
C'est d'ailleurs probablement la venue de ce dernier qui me permet de t'écrire aujourd'hui.
Il a miaulé tellement fort que tes parents se sont réveillés.
Mon petit oiseau, je t'écris de l'hôpital.
J'ai fait une attaque cardiaque.
Petit oiseau, tu sais que je suis vieille. Une vieille grand-mère. Grand-mère lavande, comme tu aimes m'appeler.
Les médecins, sorciers,  ne savent pas quand je vais sortir...Ou plutôt, comment!
Ne pleure pas Alison, petit oiseau, nous pouvons nous écrire autant que tu veux si tu désires en parler.
Mais je te conseillerai plutôt de continuer ta vie.
Et, petit oiseau,  n'oublie pas : So-cia-bi-lise. C'est la clé de tout. Tu n'imagines pas encore ce que l'on peut obtenir avec juste un sourire.

Grand-mère.
Alison secoua la tête, faisant tinter les tuyaux. Grand-mère. Elle aurait tellement voulu être à ses côtés.
Pour refouler les larmes, elle commença à chantonner une vieille comptine irlandaise que Grand-mère Lavande lui avait apprise.

Éiníní, éiníní,
Codalaígí, codalaígí
Éiníní, éiníní,
Codalaígí, codalaígí.


Sa voix se brisa. C'était dur. Mais elle voulait la terminer. Pour Grand-mère.

Codalaígí, codalaígí
Cois an chlaí amuigh
Cois an chlaí amuigh
Codalaígí, codalaígí
Cois an chlaí amuigh,
Cois an chlaí amuigh.


Cette comptine parlait de petits oiseaux. C'était pour cette comptine qu'elle affectionnait tant que sa grand-mère l'avait surnommée comme cela. Elle était son petit oiseau.

An londubh is an fiach dubh,
Téigí a chodladh, téigí a chodladh
An chéirseach is an préachán,
Téigí a chodladh, téigí a chodladh.


Si comme le petit oiseau, elle pouvait s'envoler. S'envoler pour rejoindre sa grand-mère, tout au bout du ciel. Là où les étoiles rencontrent le soleil, où les nuages jouent avec des plumes imaginaires si douces. Car même si Grand-mère ne voulait pas le dire, Alison savait qu'elle partirait bientôt. Et alors elles seraient séparées. Son monde exploserait, sa bulle protectrice s'était envolée.
Elle accuserait le coup, elle, Alison, avec ses faibles épaules frêles. Mais pour combien de temps?

An spideog is an fhuiseog
Téigí a chodladh, téigí a chodladh
An dreoilín is an smóilín,
Téigí a chodladh, téigí a chodladh.


Pourquoi, grand-mère?
Dernière modification par Alison Morrow le 22 août 2020, 12:46, modifié 3 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

02 avr. 2020, 17:43
En l'espace d'un battement de cœur
Comme à son habitude, Anna se baladait dans les couloirs pour calmer son hyperactivité. Elle savait que passer par là lui faisait faire un long détour, mais marcher la détendait. Elle avait hâte de rentrer dans son dortoir pour pouvoir s'écrouler sur son lit après cette journée. Mais elle avait une routine et Anna n'aimait pas changer ses habitudes. Et puis, elle savait très bien que malgré sa fatigue, elle trouverait quand même de la force pour parler indéfiniment, à en casser les oreilles de ses camarades de dortoir.

Elle allait passer devant les toilettes abandonnées sans y prêter aucune attention lorsqu'elle entendit du bruit. Habituellement, elle ne regardait jamais cette pièce et n'y avait même jamais posé les pieds. Elle la trouvait inutile, enfin c'était inutile pour elle d'y aller seule. Elle adorerait faire une soirée ou sortir la nuit pour rejoindre ses amis dans les toilettes en enfreignant les règles, mais seule, cela n'avait aucun intérêt.
Mais ce jour-là, elle s'attarda devant l'entrée, elle avait entendu un bruit et voulait en avoir le cœur net. Elle entendit quelques reniflements mais pas de pleurs ; on aurait dit qu'une personne était présente et se retenait de pleurer. Anna attendit un peu avant de rentrer, elle ne voulait pas déranger cette personne qui voulait sûrement être seule. Elle s'avança juste légèrement pour réussir à apercevoir qui était là. C'était une fille, une Poufsouffle. Elle était assise, appuyée contre un coin, à serrer un bout de papier contre elle.
Anna se rendit compte que la jeune fille était en train de fredonner une chanson qui lui était inconnue. Elle avait l'air d'être dans une langue étrangère. On pouvait entendre dans la voix de la jeune Poufsouffle qu'elle était triste, sa voix était très légère, presque cassée.

An spideog is an fhuiseog
Téigí a chodladh, téigí a chodladh
An dreoilín is an smóilín,
Téigí a chodladh, téigí a chodladh.


Après ces dernières paroles, la chanson avait l'air d'être finie. A ce moment-là, il y avait comme un silence de mort dans les toilettes. Anna décida de rompre ce silence insupportable et d'allait parler à la fille pour essayer de la réconforter. Elle s'approcha encore plus doucement que la première fois pour ne pas lui faire peur. Puis, elle lui dit, en parlant très bas :

- Salut, est-ce que tu vas bien ?

J'ai oublié de me présenter ! pensa-t-elle. Un peu de politesse quand même !

-Je m'appelle Anna Brown et je suis en première année à Gryffondor. Si tu as besoin d'en parler, je suis là si tu veux. Mais si tu préfères rester seule, je le comprendrai aussi.
Dernière modification par Anna Brown le 11 déc. 2020, 18:34, modifié 1 fois.

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02 avr. 2020, 19:17
En l'espace d'un battement de cœur
- Salut, est-ce que tu vas bien ?

Une voix. Une voix au milieu de son abîme sans fond. Ce néant. Ce Vide. Qui l'appelait irrésistiblement. Une voix, presque un souffle, qui voulait l'aider.
Qui voulait savoir comment elle allait. Elle. Alison. Petit oiseau. Le mouton noir de sa famille.

-Je m'appelle Anna Brown et je suis en première année à Griffondor. Si tu as besoin d'en parler, je suis là si tu veux. Mais si tu préfères rester seule, je le comprendrai aussi.

Le petit oiseau en son cœur voulait s'envoler. Mais sa tête avait l'air de plus apprécier encore le contact froid des tuyaux. Et le petit oiseau était cajolé par les mots chauds, emprunts de gentillesse.
Est-ce que ça allait?
Non.
Est-ce qu'elle voulait parler?
Non.

Alison, petit oiseau, so-cia-bi-lise, c'est la clé de tout!


Devait-elle parler pour grand-mère?
Oui.

-Anna...Anna...Anna...
Elle répéta ce nom plusieurs fois. Puis s'arrêta brusquement en écarquillant les yeux. Quelle idiote! La griffondor allait probablement la prendre pour une possédée maintenant!!!

Elle plongea sa tête entre ses genoux. Ne pas la regarder, elle et sa gentillesse. Ne pas répondre.
Petit oiseau...

Oh Grand-mère, pourquoi est-ce si dur?
Alison laissa les premières larmes couler sur ses joues. Pourquoi?

Elle releva la tête, s'essuyant le nez sur sa manche. Tant pis, elle laverait sa robe plus tard.

-Anna...
Un soupir dans le néant.

-...Qui est la personne que tu aimes le plus?

Puis elle planta ses yeux si verts dans ceux, bleus, de son interlocutrice.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

04 avr. 2020, 18:10
En l'espace d'un battement de cœur
-Anna... Anna... Anna...répéta la jeune fille dont elle ne connaissait toujours pas le nom.

Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle me lance un sortilège ou quoi ? pensa Anna.
La Poufsouffle semblait dire ses pensées, elle devait vraiment être triste. Elle plongea sa tête dans ses genoux, comme si elle évitait de la regarder.
La jeune fille releva la tête et dit de nouveau son prénom en soupirant. Anna ne savait vraiment pas quoi en penser.

-Qui est la personne que tu aimes le plus?

Quel drôle de question... Qui est-ce qu'elle aimait le plus ? Anna n'en avait aucune idée. Peut-être que c'était sa famille, mais elle ne savait pas choisir une personne en particulier. Ou peut-être sa meilleure amie Moldu. A ce moment de l'année, Anna ne pouvait pas encore dire qu'une personne présente à Poudlard comptait le plus pour elle. Elle avait des amies ici, mais pas assez proche pour pouvoir dire ça.

-Je dirai ma famille, mais je n'ai pas de personne particulière.

Anna trouvait quand même bizarre que la première question que lui ait posée la jeune fille était "quelle est la personne que tu aimes le plus". La Poufsouffle ne s'était même pas présentée ! Sa curiosité la rattrapa et elle ne put s'empêcher de lui demander :

-Pourquoi me poses-tu cette question ? Et toi, quelle est la personne que tu aimes le plus ?

Et comme à son habitude, elle ne pouvait pas s'arrêter de parler. Donc elle continua dans sa lancée :

-Et d'ailleurs, tu ne m'as pas dit pourquoi tu étais triste.

Mince ! Je n'aurais peut-être pas du dire ça...
Anna craignait de faire pleurer de nouveau la jeune fille. Elle espérait que non, et qu'elle n'avait pas non plus dépassé les limites avec cette question un peu mal placée.

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05 avr. 2020, 12:19
En l'espace d'un battement de cœur
"Je dirai ma famille, mais je n'ai pas de personne particulière."

Ne crie pas. Ne pleure pas. Ne la déteste pas. Elle en a le droit. Elle a une famille qui l'aime elle. Elle a dû hésiter avec ses amis. Alison l'a perçu dans sa voix, cette infime hésitation.
Elle doit avoir des amis. Elle a dû en avoir depuis toute petite. Elle a dû être aimée.

Pourquoi me poses-tu cette question ? Et toi, quelle est la personne que tu aimes le plus ?

Douleur infinie qui lui comprime la poitrine, lui écrasant le cœur et les poumons, si vite qu'ils se vident de tout leur air d'un coup, comme si elle avait plongé dans un lac gelé. Ses oreilles bourdonnent, des points noirs apparaissent devant ses yeux.
Respire. Lentement. Voilà. Continue.

-Et d'ailleurs, tu ne m'as pas dit pourquoi tu étais triste.


Ne parle pas. Pas encore. Alison, voyons, tu le sais qu'elle n'a pas eu la même vie que toi, le même parcours. Vos voitures ont pris deux chemins différents. Mais elle s'est arrêtée, la sienne, celle d'Anna, pour t'aider.

Alison se parlait à elle même. Elle devait parler pour ne pas se laisser submerger par...Par la peur? Non. Elle n'avait pas peur. La tristesse? Oui. Ou la rage?
Ces deux-là sont liées si intimement qu'il est toujours dur de les différencier.
Cette voix t'appelle, te guide. Cette douce voix chaude, qui te dit de remonter. De ne pas abandonner. De ne pas découvrir la force de l'apesanteur en haut de la tour d'astronomie. Elle te montre le chemin.
Elle te montre comment remonter.

Remonte, Alison

-Je...
C'est cela, petit oiseau! Remonte!

-J'ai reçu une lettre...

Un sanglot étranglé. Non. Pas pleurer. Elle a assez pleuré pour aujourd'hui.

Remonte, petit oiseau. Ouvre tes belles ailes soyeuses.

-De ma grand mère.
Parle.

Sa langue se dénoue.

-Elle est à l'hôpital. Elle a gardé son humour. Assez pour me dire qu'elle ne sait pas comment et non quand elle va en sortir.

Parle, exprime toi.

-C'est elle la personne que j'aime le plus au monde. C'est elle le soleil de mes nuits, les paroles douces brisant les mauvais silences, les senteurs de lavande fraîche en plein été quand on te dit de rester enfermée car tu es trop faible.

Exprime-t...Tais. Tais toi.


-Pourquoi tu m'aides?

Tais-toi.

-Pourquoi t'es ici?
Tais-toi!

-Pourquoi t'acceptes de me consoler? Pourquoi tu t'es arrêtée alors que t'aurais pu passer ton chemin?

TAIS TOI! Elle n'a rien fait.

-Excuse-moi...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

07 avr. 2020, 15:30
En l'espace d'un battement de cœur
- Je... J'ai reçu une lettre... lui dit Alison.

Elle émit un sanglot étranglé, comme si elle se retenait de pleurer. Ce qui, tout compte fait était sûrement le cas.

-De ma grand mère. Elle est à l'hôpital. Elle a gardé son humour. Assez pour me dire qu'elle ne sait pas comment et non quand elle va en sortir.

Elle avait l'air de souffrir rien qu'à en parler. Elle faisait des coupures de quelques secondes entre chaque phrase, comme si en parlait lui couper le souffle.
Je n'aurais peut-être pas du lui demander... Qu'est-ce que je peux être stupide, pensa Anna.
Elle voulut lui proposer d'arrêter si cela la faisait trop souffrir mais la jeune fille la devança et continua :

-C'est elle la personne que j'aime le plus au monde. C'est elle le soleil de mes nuits, les paroles douces brisant les mauvais silences, les senteurs de lavande fraîche en plein été quand on te dit de rester enfermée car tu es trop faible.

Les paroles d'Alison sortaient droit du cœur, cela s'entendait. Anna ne savait pas quoi lui répondre, elle se sentait nul à présent. Elle ne pouvait rien faire pour la Poufsouffle à part essayer de la réconforter. Elle ne pourrait pas l'aider à sortir sa grand-mère de l'hôpital, elle pouvait juste rester là à essayer de lui apporter un peu de bonheur.
Anna allait encore une fois essayait de s'excuser mais Alison la devança en lui posa une multitude de questions :

-Pourquoi tu m'aides ? Pourquoi t'es ici? Pourquoi t'acceptes de me consoler? Pourquoi tu t'es arrêtée alors que t'aurais pu passer ton chemin?

Puis Alison dit plus doucement "excuse-moi".
Toutes ces questions avaient fait redescendre Anna. Alison n'avait pas été agressive mais Anna sentait que toutes ces questions devaient sortir, elle venait encore une fois droit du cœur. Pourquoi Anna l'aidait ? Pourquoi elle s'était arrêtée ? Elle n'en savait rien, elle était juste comme ça, avec un besoin permanent d'aider les autres. Elle n'avait jamais vraiment vécue d'épreuves difficiles dans son enfance, mais elle lisait beaucoup. Elle avait lu cette souffrance retranscrite dans les livres, des fois avec des mots très dur. Lorsqu'elle a découvert que ce genre de souffrance existait, elle a décidé de tout faire pour le bonheur des autres.

-Je suis désolée... je ne voulais pas te forcer à dire tout ça alors que tu ne me connais pas encore. Mais si tu veux savoir pourquoi je t'aides, c'est juste une promesse à moi-même de ne jamais ignorer une personne en souffrance. Si tu n'as pas envie que j'essayes de te consoler ou de te réconforter, dis-le moi je ne me vexerai pas. Si tu as envie d'être seule, je peux partir.

Puis, après avoir repris son souffle, elle continua :

-Je ne peux sûrement pas comprendre ce que tu ressens mais je veux juste que tu saches que je suis là si tu veux.

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08 avr. 2020, 17:22
En l'espace d'un battement de cœur
-Je suis désolée... je ne voulais pas te forcer à dire tout ça alors que tu ne me connais pas encore. Mais si tu veux savoir pourquoi je t'aides, c'est juste une promesse à moi-même de ne jamais ignorer une personne en souffrance. Si tu n'as pas envie que j’essaye de te consoler ou de te réconforter, dis-le moi je ne me vexerai pas. Si tu as envie d'être seule, je peux partir.

Une promesse.
C'était beau les promesses. Surtout les premières. Des petits oiseaux, tous fragiles, tous peu assurés sur leurs pattes fines. Il y avait alors deux choix. Soit le petit oiseau grandissait, s'étirait, devenait Merveilleux. Soit il mourait, brisé.
Une intonation dans la voix d'Anna. Elle était dans le premier cas.

-Je ne peux sûrement pas comprendre ce que tu ressens mais je veux juste que tu saches que je suis là si tu veux.


Peut-être. Peut-être qu'elle ne comprenait pas ce que ça faisait de ressentir un trou béant là où auparavant il y avait un cœur vif prêt à ressentir de belles choses.
Mais est-ce que la tristesse n'était-elle pas elle aussi une belle chose?
Alison savait qu'on ressentait le plus de choses lorsqu'on était triste.

Mais dans ce cas il y aurait deux types de tristesses. La belle tristesse et la mauvaise.
Dans le cas de la Mort, cette ombre noire au cœur de pierre, la belle tristesse s'envolait pour ne laisser que les graines de la mauvaise. Qui grandissaient, jusqu'à être assez grandes pour se nourrir de tout le sang de votre corps.
Et alors vous arrêtiez de respirer.
Vous la laissez s'approcher, cette grande Dame noire, si élégante et mystérieuse.
Elle vous caressait la joue de sa main froide.
Puis elle vous embrassait.
C'est la seule chose dont vous vous souviendrez dans les premiers temps.
La Douleur de ce Baiser.
La Douleur d'une femme qui exécute les lois de la Nature. Est-ce qu'elle est emplie de mauvaise tristesse, alors?

Alison releva la tête et fixa Anna de ses yeux verts.
Elle devait attendre une réponse.
Une réponse courte, en deux mots.
Mais consoler les autres, c'était très dur.
On a besoin d'une piste pour se consoler.
Un sujet dont elle aimerait entendre parler.
Un sujet beau.
Sublime.
Empli de couleurs. Qui la referaient sourire.
Des Anecdotes de tous les jours. Des promesses. Des rires, de la malice enfantine.

-Parle-moi...

Sa lèvre trembla. Elle était écorchée d'avoir été mordillée pendant une heure. Ou bien était-ce une seconde? Elle avait perdu la notion du temps, assise dans ces toilettes, la tête contre les tuyaux.

-Parle-moi de la Vie. De la tienne ou de celle d'une autre. Dis-moi ce dont on ne peut pas se passer dans une Vie...

Une supplique muette.
Un appel de détresse.
Les Mots pour blesser.
Les Mots l'avaient mis dans cet état.
Maintenant, les Mots devaient réparer leurs dégâts. Les Mots devaient la faire vivre.

Désolé si ça ressemble un peu aux derniers instants d'une dépressive...
Je t'assure que normalement Alison est un peu plus joyeuse que ça...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

12 avr. 2020, 16:32
En l'espace d'un battement de cœur
-Parle-moi... lui dit Alison d'une voix tremblante. Parle-moi de la Vie. De la tienne ou de celle d'une autre. Dis-moi ce dont on ne peut pas se passer dans une Vie...

De quoi est-ce que je pourrai lui parler ? se demanda Anna.
Même si elle trouvait toujours que les questions d'Alison étaient étranges, au moins, Anna était contente car la jeune Poufsouffle ne lui avait pas dit de partir, ce qui voulait dire qu'elle allait pouvoir essayer de la consoler. Elle pensa à lui raconter une anecdote joyeuse ou drôle de sa vie. Elle qui parlait si souvent, cela ne devrait pas être très compliqué.

-Eh bien... commença-t-elle. Dans ma vie, il ne se passe pas toujours de choses très intéressante mais j'ai quelques anecdotes qui sont, de mon point de vue, assez drôle.

Pour une fois, Alison semblait intéressée, elle avait vraiment l'air de vouloir savoir ce qui se passait dans la vie d'Anna.

- Quand j'étais petite, j'étais extrêmement gourmande, enfin je le suis toujours mais pas à ce point. Dès que ma mère cuisinait, je me mettais à pleurer parce que, même si je n'avais pas forcément faim, ça me donnait envie de manger. Alors, pour éviter que je pleure tout le temps, mes parents se cachaient pour cuisiner !

Anna aimait bien cette anecdote, elle espérait que celle-ci aller faire ne serait-ce qu'esquisser un sourire à Alison.
Aller souris Alison, pensa Anna.
Anna était certaine qu'en dessous ce visage plein de tristesse, ce cachait une fille joyeuse et souriante.

- A toi maintenant, raconte-moi une anecdote de ta vie. Je suis sûre que tu n'es pas tout le temps triste comme ça, et que tu as eu des moments de joie dans ta vie !

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13 avr. 2020, 12:02
En l'espace d'un battement de cœur
"Quand j'étais petite, j'étais extrêmement gourmande, enfin je le suis toujours mais pas à ce point. Dès que ma mère cuisinait, je me mettais à pleurer parce que, même si je n'avais pas forcément faim, ça me donnait envie de manger. Alors, pour éviter que je pleure tout le temps, mes parents se cachaient pour cuisiner !"

Elle gardait les yeux perdus dans le vague. Mais elle rigolait intérieurement. Sauf que ce rire s'essoufflait trop vite, comme tué dans sa poitrine dès qu'il prenait un peu trop d'ampleur.
Elle tourna sa tête vers Anna, essayant de l'imaginer derrière ses parents, les yeux larmoyants, la lèvre inférieure au dessus de la lèvre supérieure, en une tête parfaite de chat potté brun.

"A toi maintenant, raconte-moi une anecdote de ta vie. Je suis sûre que tu n'es pas tout le temps triste comme ça, et que tu as eu des moments de joie dans ta vie !"

Vrai, elle n'était pas tout le temps triste comme ça. Elle avait déjà hurlé de joie, sauté dans des flaques avec des chaussures d'été jusqu'à grelotter de froid sous le soleil d'été, cueilli des lavandes pour s'en faire des couronnes, en essayant d'apprivoiser de gros bourdons qui n'avait pas l'air d'accord de la voir prendre quelques uns de ces brins violets odorants.

Un moment de joie. Elle pencha la tête sur le côté comme toujours quand elle réflechissait.

"Je devais avoir six ans..."

Elle releva les yeux pour fixer les vieux miroirs tâchés des toilettes abandonnées.

"Mes parents avaient préparé des flans dans des petits pots pour l'anniversaire de mon petit frère, Connor. Ils avaient dévissés les pots à l'avance pour que Connor ne peine pas à les ouvrir. Ils avaient juste oubliés un détail. Connor aimait bien secouer les flans avant de les manger, pour les voir monter et descendre dans les pots de verre. C'est ce qu'il fit aussi ce jour là. Et avec beaucoup d'énergie. Le flan a volé dans toute la pièce et est allé s'écraser sur la fenêtre et les rideaux derrière lui qui ont glapi de frustration. Mes parents tiraient une tête de dix pieds de long. Les chaises couraient dans tous les sens pour échapper aux éclaboussures des rideaux, j'ai fini sous la table avec la nappe pour me protéger, notre chat courait dans tous les sens avec le poil si hérissé qu'il avait doublé de volume et tout le monde criait. J'étais la seule à rire aux éclats mais c'était vraiment un de mes plus beaux souvenirs d'anniversaires ratés."

Elle tourna ses yeux verts vers ceux d'Anna.

"Tu as déjà connu des anniversaires ratés?"


Frémissement infime
Esquisse de Vie
Sourire.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

15 avr. 2020, 22:20
En l'espace d'un battement de cœur
Alison lui raconta une anecdote sur l'anniversaire raté de son frère, lorsqu'elle avait 6 ans. Anna avait trouvé cette anecdote assez amusante ! L'évocation de ce souvenir fit apparaître un léger sourire sur le visage d'Alison.
Le premier depuis notre rencontre, champagne ! pensa Anna
Au moins, le fait de la faire parler lui remontait le moral. Anna était contente d'avoir réussi à lui faire esquisser un sourire.
Alison continua et lui demanda si elle avait déjà connu des anniversaire ratés. Anna réfléchit, mais ne trouva pas de souvenirs à ce sujet.

- Je ne crois pas, ou sinon je ne m'en souviens pas.

Zut, il y a un blanc maintenant, songea Anna.
Elle avait peur que ce blanc fasse remémorer à la jeune Poufsouffle la raison de sa venue dans les toilettes abandonnées. Il fallait qu'elle trouve quelque chose à dire, ou une question à poser pour éviter à Alison de penser à sa grand-mère. Elle se creusa la tête puis se dit que la meilleur solution était de la faire sortir de cette endroit qui empestait la tristesse. Certes, il pouvait être bien de s'y réfugier en groupe, entre amis tout en fuyant le concierge mais tout seul, ces toilettes faisaient se sentir seul, abandonné. Il fallait qu'elle trouve un moyen de l'emmener ailleurs.

- Alison... commença Anna, hésitante. Ça te dirait de changer d'endroit ? Je suis sûre qu'on peut trouver une place dans le château que tu aimes bien et qui pourra te changer les idées. Je pense que ce serait mieux pour toi, pour ton moral, de sortir de ces toilettes qui empestent la solitude et qui n'aident à rien d'autre que broyer du noir.

Elle espérait ne pas être aller trop loin, et ne pas avoir rappeler à Alison la raison de sa présence là-bas. Après tout, si la jeune fille voulait se sortir de sa tristesse c'était la seule chose à faire.

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