Talya se précipita dans la dernière cabine. Elle referma violemment la porte en bois. Les toilettes abandonnées étaient effectivement très sales et sentaient la poussière. Talya s' assit quand même par terre, en tailleur. Elle tenait encore la lettre dans sa main. Cette dernière tremblait comme tout le reste de son corps. Ça ne peut pas être vrai, se répétait-elle. Elle relit une énième fois la lettre que le hibou de son frère Charles lui avait apporté. A la fin, il lui avait écrit de ne pas s' en faire, que tout allait s' arranger et qu'il l'aimait bien sur très fort, ainsi que toute sa famille. Les premières larmes vinrent et roulèrent lentement sur ses joues. Elle fut soudain prise de frissons. Talya s' adossa à un mur de la cabine en soupirant. Depuis toute petite, elle attendait impatiemment le moment où elle rentrerait à Poudlard, où le Choixpeau annoncerait haut et fort "Serpentard !", où elle ferait la connaissance de nombreux élèves et professeurs... Elle avait bien vécu jusqu'ici. Simplement elle ne s' en était pas rendu compte.
Non, sa mère ne pouvait pas avoir disparu lors d'une mission pour le ministère. C'était impossible. Elle avait tant de choses à lui raconter depuis qu'elle était au château, tant de choses à vivre avec elle. Ils allaient la retrouver.
Talya n'était pas du genre à accorder sa confiance à n'importe qui mais là, elle n'avait pas d'autres choix. Il fallait qu'elle fasse confiance au ministère de la Magie pour qu'il retrouve sa mère. La personne qui l'avait portée et élevée. Elle avait beau se répéter en boucle que sa mère allait sans doute bien, qu'elle allait revenir, l'optimisme n'était pas son fort. Et si sa mère était morte ? Si elle s' était faite assassinée ?
Talya déversa alors un torrent de larmes. Finalement, heureusement que ces toilettes étaient abandonnées.

Athalée venait de passer 2 semaines au château. 2 semaines sans voir sa famille, sans rentrer chez elle. Elle avait pu au moins passer quelques temps avec ses frères et soeurs et sa cousine, quelques journées durant ses 2 semaines sans cours. Elle n'avait cessé de faire de nouvelles rencontres. Le début de l'année 2045 commençait bien, on ne pouvait penser pire ni mieux pour ce début d'année. Même dans ses cours, elle s'en sortait facilement avec du sérieux dans ses études.
Ces 2 semaines de libre, elle les avait passées à parcourir les moindres recoins du château, cherchant de nouveaux endroits à découvrir. Elle avait commencé à se dessiner sur un parchemin le plan du château. Un parchemin par étage. Elle dessinait elle même les moindres recoins qu'elle avait découvert, faisant de petits symboles pour les choses importantes à retenir comme une étoile rouge pour les salles de cours ou encore un coeur vert pour des rencontres inoubliables dans certains lieux. Ainsi elle pouvait s'orienter, occuper ses journées sur cette carte, se remémorer des souvenirs dans certains lieux rien qu'en voyant un symbole, ou encore continuer de parcourir ce château et de partit à sa découverte qu'elle aimait tant faire. Etait-elle trop curieuse ? Sûrement.
En regardant sa fameuse carte ce jour-là, elle vit un endroit qu'elle n'avait jamais osé visiter. Un endroit situé au deuxième étage et qui l'effrayait un peu il fallait le dire. Mais maintenant que sa carte devenait de plus en plus complète, il fallait bien qu'elle trouve le courage de s'y rendre pour voir ce que cet endroit cachait.

C'est comme ça qu'elle se retrouva dans les toilettes abandonnés, et cet adjectif n'était pas du au hasard. Elles étaient vraiment abandonnés, peut être que quelqu'un pourrait faire un miracle et les rénovées. Elle avait enfilées ses bottes et heureusement car le sol n'était pas propre.
Sa carte, bien évidemment, se trouvait dans la poche de son jean noir.

Mais c'est en observant les lieux, qu'elle entendit quelques bruits venant du fond. D'abord effrayée, elle commença à faire demi-tour sur elle-même et se promit de ne jamais remettre les pieds ici.
Mais elle comprit ce qui se passait. Les bruits n'était autre que des pleurs. Des pleurs sûrement humains, il fallait l'espérer.
Athalée s'approcha doucement du dernier toilette, et légèrement, sans vouloir effrayé qui ou quoi que ce soit, elle ouvrit la porte en bois de ce toilette.
Elle y découvrit une jeune fille, en larmes ! Elle était assise par terre, tenait une lettre dans sa main, et pleurait à chaude larmes. Cette scène attrista Athalée et son sens de l'altruisme se réveilla en elle. Elle ne pouvait laisser cette fille, seule, dans sa détresse.

Talya tourna son visage vers la voix féminine qui lui était parvenue. Une jeune fille aux longs cheveux roux se tenait devant la porte des toilettes où elle se trouvait. Talya arrêta de verser des larmes mais de nombreuses parties de son corps tremblaient inlassablement. Elle tenait encore la lettre dans sa main et celle-ci était maintenant humide. Elle retourna la lettre pour que l'inconnue ne puisse pas lire des bribes de la malheureuse information qui était écrite noir sur blanc. Talya sortit un mouchoir et s' essuya les yeux avec. Elle ne pouvait imaginer dans quel état physique elle devait se trouver. Elle pensa à ce qu'Athalée venait de lui proposer. Elle n'avait qu'à choisir. Rester seule lui semblait être la meilleure chose à faire, elle n'avait jamais réussi à dévoiler ses sentiments à quelqu'un. Mais était-ce la meilleure chose à faire étant donné que sa famille était loin d'elle ? Elle n'avait pour le moment que quelques amis à qui elle n'avait jamais osé révéler des informations sur sa vie avant Poudlard ou ses secrets. Elle préférait attendre de mieux connaître les gens mais la vérité, c'est qu'elle avait besoin de parler à quelqu'un en ce moment même car elle ne pourrait pas affronter cette épreuve seule, loin de ses trois frères, de sa soeur et de son père. Alors elle dit d'une voix tremblante :

Si tu as du temps devant toi et que tu n'as rien d'autre à faire que de m'écouter me lamenter sur mon sort, alors reste.
Moi, c'est Talya.

Talya avait fait le choix de la laisser faire ce qu'elle souhaitait. Si elle décidait de rester, alors peut-être qu'elle accepterait enfin d'accorder sa confiance à quelqu'un. À une amie.

Athalée resta non loin de la fille mais as trop près non plus afin de ne pas la gêner. Elle observa ses gestes pendant le court instant où elle attendit une réponse pour savoir ce qu'elle ferait. La fille en face d'elles semblait très mal, trop mal. Elle pleurait, même si elle tentait de sécher ses larmes, et elle tremblait. On le voyait de là où se trouvait Athalée. Elle voyait bien qu'elle était mal, et vit une lettre dans ses mains. Elle préféra ne pas poser de questions, étant donné l'état de la fille, valait mieux attendre qu'elle s'ouvre d'elle-même.
Talya. Elle se souvint, elle avait entendu ce prénom une fois en salle commune cette année. La jeune rousse était sûre que sa camarade était en première année.
Vu sa réponse, la jeune rousse n'allait surement pas la laisser seule, elle lui donnait le choix de partir ou non.

Athalée prit le temps pour doucement s'avancer vers Talya et s'asseoir près d'elle malgré le sol humide et froid des toilettes abandonnées. Elle tendit lentement sa main droite vers l'épaule de sa camarade et lui frotta l'épaule comme pour tenter de la calmer. Elle était mal de la voir comme ça, tremblante et en pleurs. Elle pouvait bien y faire quelque chose sans doute pour l'aider.

Cette rouquine était vraiment aimable de faire ça pour elle. Rester ici alors qu'elle avait sans d'autres d'autres occupations plus joyeuses qu'être dans les toilettes abandonnées en compagnie d'une fillette qui n'arrêtait pas d'être secouée par les tremblements. Talya lui en était très reconnaissante. Il lui semblait avoir déjà croisé cette fille de la maison serpentard et elle se souvint l'avoir vu rire un soir dans la salle commune, avec d'autres filles. Elle s' appelait Anaé ou un truc comme ça. Talya sentit la pression de sa main sur son épaule. La jeune fille s' était assise à côté d'elle pour tenter de la consoler. Elle tourna la tête vers elle et découvrit sa mine peinée. Une chose qu'elle détestait par-dessus tout, c'était qu'on ait de la pitié pour elle. Elle décida une fois pour toutes d'arrêter de verser des larmes. Ça la rendait vulnérable aux yeux d'une fille qui partageait sa maison. Mais malgré ses efforts pour effacer toutes traces de douleur, sa main tenant la lettre continuait elle de s' agiter nerveusement. Elle tendit alors lentement la lettre vers la fille afin qu'elle la lise et que Talya n'ait pas besoin d'expliquer sa situation actuelle. Elle s' apprêtait à révéler à une élève dont elle ne connaissait même pas le prénom, l'origine du trou béant qui s' était formé dans sa poitrine. Mais elle avait besoin de se fier à quelqu'un.

Face à elle, la fille n'eut pas beaucoup de réactions. Elle semblait vraiment en peine, plongée dans une peine immense, et Athalée se demandait si elle pourrait vraiment lui apporter de l'aide. C'était peut-être perdu, mais elle essayerait, elle ne pourrait jamais abandonner une camarade comme ça ! Comment pourrait-elle simplement l'envisager ?!
La fillette lui tendit alors la lettre. Athalée hésita, c'était personnel. Mais elle comprit rapidement que la fille ne serait pas capable de lui parler alors, pour comprendre, elle lui offrait la lettre pour une lecture. Athalée prit doucement la lettre avec sa main droite et délicatement la prit des 2 mains pour la lire. Elle n'osait pas trop, alors elle fit simplement une brève lecture, juste une seule lecture pour comprendre et n'essayait pas de lire les détails ou informations importants la concernant. Mais elle comprit. C'était affreux !

Elle avait hésité avec ses dernières paroles. Sûrement que le simple fait d'énoncer le mot "maman" ou "mère" peinerait encore plus sa camarade. La situation était bien pire que ce qu'elle aurait pu imaginé. Sa mère, disparue... C'était horrible et elle ne voulait même pas pensé à ce qu'elle ressentirait si c'était sa propre mère à la place. Elle serait sûrement en larmes tout comme elle à vouloir fuir tout le monde pour la retrouver ou ayant peur pour elle. Elle espérait que sa mère soit retrouvée, saine.
En attendant, elle continua de caresser l'épaule de la fille pour tenter de l'apaiser, pour lui montrer qu'elle était là pour elle.

Athalée. La fille s' appelait Athalée, Talya venait de retrouver son prénom. Les paroles de cette dernière la touchait. En revanche, si ellecroyait que ça lui remontait le moral, elle se trompait lourdement. Elle venait simplement de formuler tout haut ce que Talya savait déjà. Elle ne savait pas si elle regrettait de s' être confiée à cette fille. Après tout, quelqu'un d'autre savait ce qu'elle traversait et cela la rassurait. Elle n'était pas seule. Si sa mère voyait ses actes, elle aurait sans doute été fière d'elle. Ou pas. Finalement peut-être que si en ce moment elle était dans la même pièce que sa fille, elle serait déçue de son comportement. Elle lui aurait peut-être dit que se lamenter et révéler à quelqu'un ses sentiments est un acte pitoyable, effectué par les gens faibles.

Carissa ne pouvait pas être morte. La preuve, Talya ne sait même pas la réaction qu'elle aurait eut si elle avait été à sa place. La seule chose qu'elle désirait en ce moment, c'était de se trouver devant le feu de cheminée, dans sa maison à Londres, en compagnie de toute sa famille. Plus que jamais elle souhaitait retrouver sa fratrie et ses parents. Talya n'avait même pas pu lui dire "au revoir" ni "je t'aime" car lors de son départ pour Poudlard, elles avaient été très pressées.

Talya prit une grande respiration, sentant le regard d'Athalée posé sur elle.

Je te remercie pour ton soutien. Si tu pouvais éviter d'en parler, ce serait sympa.

Puis elle prit doucement la lettre des mains de la fille et se leva. Elle ramassa ses affaires, adressa un triste sourire à Athalée et elle sortit des toilettes.

Aucun élève ne devait être au courant de cette nouvelle tragique. C'était à elle de gérer cette situation. Elle répondrait à Charles et lui dirait de ne pas s' inquiéter et de rester positif. Leur mère reviendrait. Elle en avait la conviction.

Athalée ne savait que dire ni quoi faire dans cette situation, comment pouvait-elle aider sa camarade... Elle ne pouvait qu'imaginer que ce qu'elle traversait était affreux et horrible à supporter, voire même c'était insupportable ! Si elle elle perdait sa mère, que se passerait-il ? Elle sûrement autant effondrer qu'elle, la jeune rousse passerait ses journées à pleurer sa mère ou alors à imaginer le pire qu'il pourrait lui arriver...

Elle sentit la main de sa camarade récupérer sa lettre des mains, elle ne résista pas, lui tendant simplement sa lettre qui lui revenait. Puis elle l'entendit parler.


Puis elle la vit partir après avoir ramasser ses affaires, elle ne l'empêcha pas. Elle voulait surement rester seule et Athalée s'était imposée à elle. Elle ne pouvait l'empêcher de rester seule dans ce moment-là alors elle la regarda simplement partir. Son sourire avant de partir rassura un minimum Athalée sur la santé de sa camarade serpent.

Finissant seule la jeune fille continua ses investigations des toilettes abandonnées avant de repartir dans sa salle commune verte pour compléter sa carte au calme.