Ton programme du samedi était toujours plus ou moins le même sans vraiment l'être : pour commencer, tu te rends à la bibliothèque pour emprunter quelques livres utiles pour les cours et tu y restes si tu as besoin de travailler un peu. Après cela, tu te rends à la salle de répétitions pour jouer un peu, ou tu continues à travailler, que ce soit en salle d'études ou à la bibliothèque, une nouvelle fois. Aujourd'hui, tu as beaucoup de travail, c'est pour cette raison que tu es allée à la salle d'études, ton sac sur le dos. Tu as passé du temps à y travailler, à remplir tes nombreux parchemins tout en vidant ton pot d'encre. Les examens approchent et tu ne laisses pas les cours de côté, c'est vraiment important pour toi. Quand tu as terminé tous tes devoirs, tu remets tout dans ton sac et tu te diriges vers la sortie.

En redescendant vers ta salle commune, tu te dis que tu pourrais peut-être passer dans les toilettes abandonnées pour te rafraichir un peu. Il est rare que tu t'y rendes mais tu n'oublies pas que tu as pu y écrire avec une Serdaigle ou encore réconforter une de tes plus proches amies. A cet instant, tu ne pensais pas avoir à le faire une seconde fois, tu voyais plutôt cela comme un arrêt rapide, surtout que ce n'est pas le plus important ou intéressant.

Tu ouvres donc doucement la porte et tu te diriges vers un des nombreux lavabos, quand tu aperçois une jeune fille au sol, assise : celle-ci semble avoir les joues bien mouillées, ce qui signifie sans aucun doute qu'elle s'est réfugiée ici pour pleurer, et sûrement pour être seule. Tu ne sais pas ce que tu devrais faire, il faut dire que tu ne comptais pas rester longtemps ici mais tu pourrais encore plus écourter ton passage si c'est ce qu'elle souhaite.

Tu te revois l'an passé, lorsque tu as vu Lexie ici, au sol, presque au même endroit que la jeune fille. Tu n'avais pas hésité à t'approcher d'elle : tu voulais l'aider. Seulement, cette fois-ci, tu ne sais pas ce qu'il faudrait faire. Tu aimerais bien montrer à la jeune fille qu'elle n'est pas seule mais tu ne veux pas t'imposer, surtout que vous ne vous connaissez pas. Tu la détailles rapidement et il te semble l'avoir déjà vue en salle commune, que ce soit cette année ou l'an passé, ce qui signifie qu'elle doit être bien plus grande que toi, puisqu'elle n'est pas dans ta promotion. Cela te conforte dans l'idée que tu ferais mieux de partir puisqu'elle n'aimerait sûrement pas être réconfortée par une personne plus jeune qu'elle.

Tu es tellement habituée à te poser des questions quasiment sans cesse que l'idée de le lui demander te saute rarement aux yeux : en général, tu finis par le demander en tentant de parler avec ton interlocuteur. Quand les mots te manquent, il semblerait que ton inconscient prenne le relai et laisse tomber tes multiples interrogations.

- Tout va.. bien ? Je peux te laisser seule, si tu veux, dis-tu, d'une voix bienveillante.

Tu aimerais pouvoir te rendre plus utile mais tu ne la connais pas vraiment, il est donc compliqué pour toi de deviner ce qui pourrait lui être arrivé. Au fond, tu espères qu'elle accepte que tu restes avec elle car tu ne te pardonnerais pas le fait de la laisser seule alors qu'elle est au plus bas. Tu aurais du mal à sortir de la pièce comme si de rien n'était et de continuer ta petite vie. Tant pis pour ce que tu voulais faire aujourd'hui, ça peut attendre.

Malgré toi, tu avances peu à peu vers elle, comme pour lui montrer que tu peux être là pour elle. Lorsque tu es à moins d'un mètre de la jeune fille, tu t'agenouilles doucement et tu poses tes affaires au sol. Tu sors rapidement des mouchoirs de ton sac et tu lui dis, à voix basse, tout en tendant le paquet tout juste sorti du sac :

- Ça va aller, je suis.. là.

Tu es bien là, c'est vrai, mais qui te dit que ta présence changera quoi que ce soit pour elle ? Si ça se trouve, tu lui apporteras plus de mal que de bien. Tu chasses ses idées de ta tête et tu attends une quelconque action de sa part. C'est elle qui te dira ce qu'elle ressent et ce dont elle a besoin, pas toi, pourtant, tu ne peux t'empêcher de te demander si tu fais bien de venir vers elle et de ne pas quitter la pièce à toute vitesse.

Kaela était surprise de voir une jeune Serpentard arriver dans les toilettes. Enfin, c'était plutôt elle qui l'avait vue que le contraire. Parce que la rouquine ne voyait pas ce qui se passait autour d'elle lorsqu'elle était triste ou en colère. Parce qu'elle ne voulait pas se mélanger aux autres lorsqu'elle n'était pas d'humeur. Cela était normal, bien sûr, mais elle pouvait également réagir moins fort. Mais sous le coup de l'émotion, elle ne pouvait prévoir aucune réaction de sa part.

Lorsque la jeune fille s'approcha d'elle, Kaela essaya donc de dissimuler ses larmes. Cependant, pour cacher sa peine et sa douleur, c'était raté. La Serpentard avait déjà déposé ses affaires et lui proposa des mouchoirs. Que Kaela devait-elle faire? Accepter cette marque d'empathie ou la rejeter? Elle ne savait que faire. Son orgueil était en jeu. Et c'était trop important pour elle et l'adolescente ne voulait pas risquer de perdre la face devant une plus jeune.

— Je pleure et tu penses vraiment que tout va bien? Espèce d'innocente. En quelle année es-tu toi? demanda Kaela avec dédain.

La rouquine savait qu'elle ne faisait qu'aggraver son cas, que cela n'était pas nécessaire. Cependant, ces mots étaient sortis tout seuls et elle n'avait pas du tout réfléchi avant de parler. Elle s'en voulu un peu néanmoins, puisqu'elle s'en prenait à une innocente, une camarade qui n'avait rien demandé et surtout, qui n'avait rien fait pour mériter les foudres de la troisième année. Sans même attendre la réponse de sa cadette, la rouquine reprit la parole rapidement.

— Ok, désolée, je n'aurais pas dû te parler comme cela... Tu n'as rien fait toi..., dit Kaela en prenant un mouchoir, signe qu'elle faisait la paix avec la jeune fille. Par contre, ça ne veut pas dire que je vais me confier à toi, j'espère que c'est bien clair. Je ne suis pas du genre à me confier facilement en générale, alors avec une inconnue, tu peux oublier ça.

Depuis quelques temps, Kaela se repliait sur elle-même, n'acceptant que l'aide de son frère. Peut-être depuis début janvier, après les vacances de Noël. Cependant, le problème, c'était que Théo n'était plus là pour elle. Il ne la consolerait plus, il ne la conseillerait plus. Tout cela à cause d'Elle. Cette chipie qui lui avait volé son frère. La troisième année était extrêmement jalouse. Et dans sa tête, c'était justifié. C’était elle qui connaissait son frère depuis plus longtemps. C’était elle qui devait profiter le plus de lui. Pas Elle.

— En fait, quel est ton nom et en quelle année es-tu? Parce que tu me dis quelque chose, mais je ne sais pas si nous nous sommes parlées... Si ce n'est pas le cas, tu peux oublier que je me confie à toi. Tu peux passer ton chemin et te foutre de moi. Comme mon frère s'est foutu de moi.

Là, c'était la douleur qui parlait. Ce n'était plus Kaela Maes non, c'était ses émotions. Celles qui étaient tant difficiles à contrôler. En même temps, était-ce bien de vouloir les contrôler? De vouloir tout contrôler? Probablement que non. Mais c'était le moyen de défense de bien des gens devant d'autres personnes. Et c'était probablement justifié. Mais les personnes n'avaient pas subir les humeurs des uns et celles des autres. Chacun avait ses problème et chacune devait les régler comme il se devait, sans faire sentir la Terre entière coupable. Sans être bête avec les gens qui avaient rien mérité. Ils méritaient beaucoup mieux.

Cependant, cela, Kaela ne l'avait pas encore compris. Mais cela était normal, à 14 ans, de ne pas tout comprendre des subtilités de la vie. Et il fallait bien que les humains puissent continuer d'apprendre après chaque épreuve, après chaque erreur. Sinon, à quoi cela servait-il de vivre s'il ne nous restait plus aucune leçon à apprendre?

La jeune fille tenta tant bien que mal de garder son sang froid devant la jeune Serpentard qui se trouvait à côté d’elle, mais cela n’était pas chose facile. En tout cas, c’était beaucoup plus difficile que ce qu’elle avait imaginé. Mais elle devait rester de glace. Pour son orgueil, pour son honneur. Et au fond, une partie d'elle espérait que la jeune fille reste à ses côtés. Pour se sentir moins seule.

Tu t'attendais à un rejet, c'est vrai, mais tu n'aurais jamais pensé que la rousse en face de toi te jetterais des mots aussi durs. Décidément, tu aurais peut-être mieux fait de partir, finalement. Ça aurait été mieux pour tout le monde, de ce que tu peux voir. Tu allais t'excuser et annoncer que tu allais partir, quand elle reprend la parole, de manière plus calme, cette fois-ci. Elle prend même un mouchoir que tu lui tends, comme pour montrer qu'elle est d'accord que tu restes, c'est de cette façon que tu le vois, en tout cas. Désemparée, tu cherches tes mots comme tu peux, tellement la situation t'échappe. Tu n'as prévu rien de tout ça, voir que cela ne se passe pas si bien ne t'aide pas.

- Je.. désolée. je n'aurais pas dû rester, ça aurait été mieux, je pense. Je ne cherche pas à ce que tu te confies, j'aimerais simplement que tu saches que.. ça va aller et que je suis là si tu le souhaites. Mais ça ne veut pas dire que tu dois vider ton sac, je n'aime pas me confier non plus.

Et c'est vrai, tu n'aimes pas parler de tes problèmes. Vous avez tous votre dose de soucis dans vos vies, tu te vois mal en ajouter aux autres en leur parlant des tiens. Pourtant, aider les autres n'est pas un problème pour toi : étant assez optimiste et positive, tu as du mal à te faire embarquer par les problèmes des autres, même si tu peux partager leurs peurs ou leurs peines mais tu es assez forte pour faire la différence entre tes problèmes et ceux des autres. Malheureusement, tu ne sais pas si c'est le cas de tout le monde et, même si c'était le cas, tu ne te confies uniquement qu'à des personnes que tu connais bien, puisque tu as du mal à partager ce qui va moins aux autres. Tu dois leur faire confiance et être sûre que tu pourras également les aider un jour s'ils en ont besoin. Si tu ne peux pas leur rendre la pareille, il sera compliqué pour toi d'avouer que ça ne va pas.

La jeune fille réitère sa première question et en ajoute une autre, ainsi qu'une remarque assez cinglante. Tu vois que tu vas avoir du mal à la réconforter. La plupart du temps, tu n'as pas besoin de savoir quel est le problème pour montrer que tu es là si la personne en question nécessite de cette présence. Seulement, cette fois, tu sens que ça ne va pas suffire et ce, même avec tous les efforts du monde.

- Non, on ne se connait pas.. Je suis Lili Cooper, en deuxième année à Serpentard. Et.. toi ? risques-tu, avant d'imaginer un tas de manières dont elle pourrait te mettre à la porte.

Tu te questionnes sur son frère, qui est sûrement la source de ce problème. Tu n'en sais pas plus et tu ne risques pas d'en savoir plus, selon ses dires, donc tu dois avouer que tu marches en terrain inconnu. Pourtant, tu te souviens de ta première année, alors que ton frère passait bien trop peu de temps avec toi. C'était, la plupart du temps, à cause des cours, tu ne pouvais donc pas lui en vouloir. Il voulait aussi passer du temps avec ses amis, tu as donc laissé couler, sans lui en parler. Tu l'as finalement fait vers la fin de l'année et celui-ci t'a bien fait comprendre que, si tu le lui avais dit plus tôt, il aurait agi autrement. Il s'en est voulu mais il n'aurait pas dû, c'était de ta faute si ça a mis autant de temps à changer. Tu ne voulais pas le déranger ou te montrer comme la petite soeur énervante qui tient à passer du temps avec son frère alors qu'elle le voit pendant les vacances.

- Ton frère ?... Que s'est-il passé ?

Tu te ravises, te rappelant de ce qu'elle venait tout juste dire.

- Pardon, tu peux garder ça pour toi. En tout cas, s'il se passe quelque chose avec lui, je pense que tu devrais lui parler, ça te ferait du bien, j'en suis sûre.

Regretter. Kaela regrettait. C'était un sentiment très désagréable qu'elle n'aimait pas du tout. Elle regrettait d'avoir parlé de la sorte à sa camarade. Surtout lorsque celle-ci prit la parole. Elle n'avait pas fuit. Elle était courageuse et têtue probablement. Surtout empathique. Ça se voyait à en crever les yeux. Même en étant très triste et très en colère, Kaela pouvait le deviner. Mais pour le moment, la rouquine n'était pas en mesure de psychanalyser la jeune fille qui se trouvait devant elle. D'ailleurs, celle-ci s'excusa et affirma qu'elle n'aurait pas dû rester là. Qu'elle n'aurait pas dû être aussi insistante, en somme. En fait, elle n'avait que de bonnes intentions. Elle voulait seulement se montrer disponible pour Kaela et le lui faire savoir. La Serpentard continua en affirmant qu'elle ne voulait pas que la troisième année se confie nécessairement, puisqu'elle n'aimait pas elle-même le faire.

Kaela ne répondit rien, elle lui demanda simplement comment elle s'appelait et en quelle année elle était. Cependant, elle prit la peine de préciser qu'elle ne se confierait pas nécessairement davantage. La jeune fille voulait bien mettre les points sur les i. Elle apprit que son interlocutrice s'appelait Lili. Lili Cooper. Et qu'elle était en deuxième année. Kaela répondit brièvement à son interlocutrice, ne voulant pas s'éterniser non plus devant des formalités sans importance à ce moment-là.

— Je m'appelle Kaela. Kaela Maes. Je suis en troisième année. À Serpentard également comme t'as probablement pu le constater, fit la jeune fille en regardant l'uniforme qu'elle arborait si fièrement habituellement.

Sans même le savoir, sans même s'en rendre compte, Kaela donna un peu plus d'information sur la source de son problème. Elle parla de son frère. Ce à quoi Lili répondit, évidemment bien trop curieuse, qu'est-ce qu'il avait fait. Elle se ravisa néanmoins en affirmant que la troisième année pouvait garder cela pour elle, ne voulant probablement pas subir une autre tirade de la part de son aînée qui n'avait probablement pas envie de se répéter. Par contre, elle ne put s'empêcher d'ajouter que Kaela devrait parler à son frère. Pour qu'il puisse la comprendre? Ce n'était pas une bête idée. Pour qu'il ait pitié d'elle? Surtout pas.

— Je...

Kaela n'était pas capable de répondre. Elle s'en sentait incapable. Extérioriser ses états d'âme et en parler à quelqu'un ne rendait l'affaire que plus réelle. Et même si elle savait très bien au fond d'elle que tout cela était réel, le réaliser totalement faisait encore plus mal. Et elle ne voulait pas souffrir davantage.

— Je... Je ne peux pas lui en parler, commença finalement Kaela. J’ai déjà essayé.

Oui, c'était vrai, elle avait déjà essayé. Cependant, elle avait fait ça sur le coup de la colère. Elle avait essayé de s'expliquer en pleine crise. Et cela n'était jamais gagnant. Elle tenta donc de préciser le tout à Lili, lui devant tout de même quelques explications.

— En fait, je dois dire que j'était très frustrée et que mon message n'a probablement pas bien passé. Je dois dire que je m'en veux un peu, concéda enfin Kaela.

Même si elle ne donnait pas énormément d'informations, la jeune fille trouvait qu'elle s'ouvrait tout de même un peu plus à son interlocutrice. Après tout, celle-ci avait pris le temps de s'inquiéter pour elle, ce que son propre frère n'avait même pas fait, à son plus grand désarroi.

— Il est avec Elle, Lili. Je ne sais pas si je le supporterai. Je crois que... Je crois que je suis jalouse..., annonça la troisième année. C'était compliqué pour elle de s'ouvrir, c'est vrai. Cependant, elle devait avouer que cela lui faisait vraiment beaucoup de bien. Même si elle y allait petit à petit, c'était la meilleure manière qu'elle avait trouvé de procéder.

Elle attendit que Lili réponde avant de continuer. Elle voulait voir comment la Serpentard réagirait. Cela ne donnait rien de se confier lorsqu'on se sentait jugé. Lorsqu'on sentait qu'on aurait dû faire les choses autrement, mais qu'on se le faisait reprocher par une autre personne. Quand on était fâché, on n'avait pas besoin de cela. On avait pas besoin de se faire faire la morale par une inconnue. C'était clair comme de l'eau de roche, il n'y avait aucune ambiguïté là-dedans.

Kaela confirme tes pensées en précisant qu'elle est en troisième année et qu'elle est dans la même maison. Par contre, tu n'as pas pu le constater par toi-même avec son uniforme, puisque tu n'as pas vraiment fait attention à ça : tu as tellement fait plus attention à son état que le reste est passé en second plan. Tu te sens un peu bête mais ce n'est pas bien grave, surtout qu'au final, la maison t'importe peu. Tu hoches simplement la tête, comme pour lui montrer que tu as saisi ce qu'elle vient de te dire.

Vous commencez à parler un peu plus, cela ressemble de plus en plus à une discussion, celle que tu n'étais pas certaine d'avoir lorsque tu as entendu la troisième année t'adresser la parole pour la première fois. Kaela a l'air de vouloir plus se confier qu'au début en tout cas, peut-être parce qu'elle sait que tu n'aimes pas le faire non plus ? En tout cas, tu n'es pas là pour la juger ou pour minimiser sa peine, tu sais que ça ne lui apportera rien de bon donc tu ne te permettrais jamais de le faire et ce, même si tu ne la connais pas vraiment.

Lorsque tu apprends qu'elle lui a déjà parlé, tu te sens inutile et tu te maudis, te disant que c'est une réponse un peu bateau que tu viens de lui fournir. Tu aurais dû penser au fait qu'elle aurait déjà pu le faire mais tu ne peux pas tout savoir non plus, tu le sais bien mais cela ne t'empêche pas de te maudire : tu es là pour l'aider et toi, tu lui fournis un conseil qu'elle a déjà mis en pratique. Après tout, tu ne savais encore rien de son problème, tu comprends bien que tu n'aurais pas pu faire mieux, quelques instants plus tôt.

Néanmoins, tu apprends que cela n'a pas marché, comme tu t'en doutais. Peut-être était-elle ici parce qu'elle venait de le faire ? Tu n'en as aucune idée mais c'est une possibilité. Seulement, tu te dis que ça aurait pu améliorer les choses si Kaela ne s'était pas énervée devant lui. Tu ne penses pas te tromper en disant que la Serpentard a l'air d'être une personne fière, peut-être n'a-t-elle pas été au bout de ses pensées en parlant avec son frère ? Même toi, sans pour autant être fière, tu as du mal à relâcher les choses qui ne vont pas et à les expliquer clairement, tellement tu as l'impression qu'en réalité, ce n'est rien et que tu te fais des idées. Tu as tellement de chance pour beaucoup de choses, tu te vois mal te plaindre, même s'il vaut mieux le faire pour éviter d'accumuler les soucis.

Tu allais lui réagir à ce qu'elle venait de te dire sur sa conversation épineuse avec son frère, quand elle ajoute une information capitale sur la raison de sa tristesse. De ce que tu comprends, son frère passe beaucoup de temps avec une autre fille, sa petite amie ? A cet instant, tu te demandes si ton frère en aurait une aussi, par hasard. Il ne te semble pas mais ce n'est pas impossible. En tout cas, il ne t'en a jamais parlé alors qu'il a rapidement su pour Lucas et toi, l'an passé. Tu essaies de te demander comment tu serais si c'était le cas : En toute honnêteté, tu dois dire que tu serais même contente de la rencontrer. S'il est heureux avec elle, c'est le principal, surtout que Dylan n'a rien dit à propos de Lucas, si ce n'est des remarques taquines par-ci par-là.

La jalousie, tu dois avouer que tu ne la connais pas vraiment mais tu peux la comprendre : Kaela doit beaucoup aimer son frère et voir qu'il passera moins de temps avec elle peut lui briser le coeur, c'est comme ça que tu le perçois. Prenant une grande inspiration, tu finis par lui répondre :

- Tu sais, l'an passé, mon frère ne passait pas beaucoup de temps avec moi car il était avec ses amis et qu'il devait beaucoup travailler. J'étais déçue car je m'étais dit qu'être dans la même école pourrait nous permettre de plus nous voir, vu qu'avant, je ne le voyais que pendant les vacances. J'ai laissé les choses faire car je ne voulais pas le forcer à venir vers moi mais j'ai fini par lui en parler au calme, vers la fin de l'année. Quand j'ai vu comment il a réagi, j'ai regretté de ne pas le lui avoir dit plus tôt. Mais pour ça, il faut aussi lui dire tout ce que tu as sur le coeur, dis-tu simplement.

C'est à ton tour de lui confier certaines choses. Tu n'en as jamais parlé à qui que ce soit mais il faut bien un début à tout. Comme pour appuyer tes propos, tu ajoutes :

- Les grands frères, ça ne remarque pas toujours que leurs petites soeurs ne vont pas bien parce qu'ils ne sont pas à notre place et en parler est la meilleure chose à faire, même si c'est compliqué !

— Lili.

Tu.

Ne.

Me.

Comprends.

Pas.

Kaela était découragée. Non seulement Lili ne la comprenait pas, elle ne voyait pas qu’il y avait une sacrée différence entre ce qu’elle avait vécu et ce que Kaela venait de vivre. Pourquoi personne ne pouvait pas comprendre? Tout le monde était sans cœur? Tout le monde s’était dressé contre elle? S’était donné le mot? POURQUOI?

La jeune fillette tenta tant bien que mal de reprendre ses esprits, comprenant tout de même que Lili essayait de faire du mieux qu’elle pouvait pour la consoler. Et la rouquine n’avait pas été des plus agréables non plus avec sa camarade. La deuxième année avait été très gentille avec elle et elle ne méritait pas ce que Kaela pensait d’elle à ce moment précis. Elle n’avait pas à savoir. Cette dernière essaya donc de lui expliquer le tout du mieux qu’elle pouvait, avec le plus de tact possible dont une jeune fille de 14 ans pouvait faire preuve.

— C’est un peu différent Lili... Moi mon frère m’a carrément remplacée par une autre fille... Je viens de les voir se minoucher... Je ne croyais pas vivre ça aussi rapidement.

Cette attitude était sûrement égoïste, mais c’était la seule manière que la jeune fille avait trouvée pour se protéger. Elle ne voulait pas avoir à vivre ses émotions librement. Enfin, peut-être qu’elle n’en était pas capable. Peut-être que son passé familial la rattrapait tranquillement au galop, si ce n’était pas déjà fait. C’était donc à cause de ses parents et de leur régime militaire qu’elle pouvait rester aussi de glace devant une situation quelconque? La jeune fille ne savait plus trop quoi en penser. Cependant, à ce moment-là, elle n’avait pas la tête à penser à ses parents. Son frère, c’était déjà assez. Elle s’occuperait de ses parents plus tard. Enfin, cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas parlés alors elle devait avouer qu’ils lui manquaient. Terriblement.

Kaela replia lentement ses jambes sur sa poitrine et réfléchit avant de donner une réponse sensée à Lili. Enfin, pour donner une réponse sensée à son interlocutrice. Elle méritait bien cela après tout. Cependant, la rouquine prit un peu plus de temps, sentant que ses yeux brillaient. Des larmes faisaient tranquillement leur apparition, pressées de sortir de ce corps meurtri par la douleur et la colère. Kaela s’empressa de les essuyer discrètement avec son papier mouchoir, espérant que Lili ne l’ait pas vue. Son honneur était en jeu quand même! Mais quel honneur? Lili l’avait déjà vue pleurer quelques minutes auparavant.

— Je sais que c’est égoïste comme réaction, mais je crois que c’est le choc... Mon frère est heureux... Puis-je lui en empêcher? Par contre, je sentais qu’ils me négligeait durant les dernières semaines et peut-être même durant les derniers mois. Je dois avouer que l’éventualité qu’il ait une copine ne m’avait pas passée par la tête. Je ne croyais pas qu’il était rendu là dans sa vie. Après, ce n’est pas si étonnant. Il est un beau garçon et c’est vrai qu’il faisait souvent fureur auprès des filles même à l’école moldue. C’était dur pour Kaela de dire cela. Elle ne se souvenait pas d’en avoir parlé à quelqu’un avant ce moment-là. Cependant, c’était vrai. Elle continua donc sur sa belle lancée. Même si je crois être quelqu’un de plus extravertie, je dois dire que j’étais peu populaire et je le suis encore. Je n’étais pas nécessairement appréciée. Je n’avais pas beaucoup d’amis. C’était dur de voir mon frère réussir autant socialement alors que moi, c’était un désastre. Je crois que j’ai été jalouse de lui, c’est vrai. Malgré notre magnifique complicité. Il est là pour moi, je suis là pour lui. Nous nous adorons, nous sommes très proches. Par contre, toute cette histoire fait ressortir des trucs vraiment pas agréables...

Kaela se tut et attendit la réponse de son interlocutrice. Elle s’était beaucoup confiée, elle ne pensait pas qu’elle serait aussi à l’aise. En fait, c’était souvent comme cela avec elle. Elle se braquait mais finissait toujours par en dire un peu plus qu’elle ne l’aurait pensé au début. En fait, Kaela était surprise surtout puisque le début de la discussion s’était mal déroulé. Un vrai désastre. La jeune fille ne s’excuserait jamais assez pour ce qu’elle avait dit à Lili. Kaela se sentait mal, mais elle ne pouvait rien y changer, et peut-être que Lili ne lui en voulait même pas, puisqu’elle était restée.

C’était donc possible que les deux filles développent une belle relation. Cela prendrait probablement du temps, mais il ne fallait pas presser les choses. Sinon, ce n’était plus naturel du tout. Et il fallait que les deux soient d’accord. Or, Kaela ne savait pas ce que la deuxième année pensait. Et elle ne pouvait pas le savoir puisque celle-ci ne lui avait pas encore énormément parlé d’elle. La rouquine avait hâte d’en apprendre plus sur la personne qui se trouvait juste à côté d’elle. Elle la trouvait — d’après les humbles observations de Kaela — donc elles s’entendraient bien. Lorsque tout irait bien du moins. Sinon, ça ferait beaucoup de flammèches, c’est sûr et certain.

Tu as un léger mouvement de recul lorsque Kaela reprend la parole. Tu essaies de la comprendre pourtant mais ça n'a pas l'air d'être une réussite pour le moment. Peut-être n'y arriveras-tu pas ? Non, tu n'as pas envie de te dire ça, tu peux l'aider et la comprendre. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un se confie à toi, bien que ce soit la première élève plus âgé que toi qui le fasse, tu peux faire quelque chose, tu en es certaine. En tout cas, tu vas faire en sorte que ta présence auprès d'elle soit plus utile et plus bénéfique pour elle pour éviter qu'elle t'avoue qu'elle aurait préféré, en fin de compte, rester seule.

- Je...

La prochaine fois que tu feras une intervention similaire à celle-ci, Lili, préviens-moi, j'irai chercher de quoi filmer. Même toi, tu te trouves ridicule, tu n'as pas trouvé quelque chose de mieux à lui dire que ce seul mot. Heureusement, la troisième année continue.

Tu hésites à lui dire que ton frère est également en couple et que tu sais pertinemment qu'il ne t'a pas remplacée mais tu te dis que tu n'as pas à lui afficher ça, en particulier car Kaela a le droit de vivre ça différemment de toi. C'est pour cette raison que tu lui as expliqué le moment où tu pensais que ton frère te laissait tomber, plutôt que la situation similaire à la sienne. Tu sais que ton frère fait des efforts pour passer du temps avec toi et que, lorsque c'est le cas, il ne vient pas avec elle, mais cela ne veut pas dire que le frère de la Serpentard agira de la même façon. Toutefois, tu te dis qu'il agit peut-être ainsi parce qu'il se souvient du sentiment que tu lui as partagé : l'impression d'être abandonnée et que vous ne pourrez pas passer autant de temps ensemble que ce que tu avais espéré.

Elle poursuit et tu attends qu'elle ait fini pour lui répondre. Tu comprends bien son point de vue et tu n'as pas envie qu'elle se reproche cette peur. Tu ne peux pas te mettre entièrement à sa place, c'est vrai mais tu veux faire au mieux pour la rassurer.

- C'est vrai qu'il aurait pu t'en parler mais crois-moi, je ne pense pas qu'il cherche à te remplacer, surtout si vous avez une bonne relation, non ? C'est normal d'avoir peur mais.. je pense que tu n'as pas de soucis à te faire. Même si tu ne t'y attendais pas, tu restes toujours sa soeur, faut te dire que tu es là seule à remplir ce rôle-là, sa copine ne pourra pas le faire. Si tu vois qu'il s'éloigne et qu'il est distant, essaie de demander à passer du temps avec lui mais je pense que c'est normal, il essaie de trouver une balance entre vous deux, je pense.

Tu penses avoir plus ou moins dit ce qu'il fallait à ce niveau-là, tu sais très bien que la réaction de la Serpentard t'indiquera assez rapidement si c'est bien le cas ou non. Pour ce qui est de la jalousie, cependant, tu sèches complètement. Tu as tendance à vivre pour toi et à ne pas regarder ce qu'on les autres donc tu ne connais pas vraiment ce sentiment, bien que tu envies certaines personnes parfois, c'est bien normal. Pour ce qui est de l'amour ou de la popularité cependant, pas vraiment. Tu aimes faire les choses dans ton coin et ta première relation t'a vaccinée pour un bon moment.

- Pour la jalousie, je vais être honnête et dire que je n'ai pas vraiment de conseils à t'apporter, si ce n'est de ne pas te comparer.. peut-être ? Mais c'est vrai qu'avec nos frères et soeurs, c'est presque inévitable de le faire. Nous sommes tous différents et nous ne pourrons pas tout avoir et ce moment sera dur pour toi vu qu'il te rappelle tout ça mais tu vas finir par aller mieux.

Tu tentes tout de même de lui conseiller à nouveau ce que tu lui avais dit tout à l'heure, en espérant que, cette fois-ci, ça passe. Tu n'es pas du genre à vouloir forcer les autres mais tu penses réellement que c'est la meilleure chose à faire pour qu'elle aille mieux.

- Garder tout ça pour toi ou m'en parler ne résoudra pas le problème. Si tu as un souci avec ton frère, je pense vraiment que tu devrais lui en parler mais ne le fais pas si tu ne le sens pas !

Tu essaies de lui montrer que tu ne le redis pas pour l'embêter mais parce que tu es certaine que ça en vaut la peine.

Kaela fit le saut lorsqu'elle avait ouvert la bouche pour prendre la parole. Encore plus lorsque Lili avait eu un moment de recul. La troisième année ne croyait pas qu'elle serait capable de dire cela. Elle ne croyait pas qu'elle serait capable d'autant d'agressivité. Pourtant, depuis plusieurs minutes, elle se surprenait sans cesse. La jeune fille ne pensait pas qu'elle pouvait être aussi méchante avec son frère par exemple. Qu'était-elle devenue? Est-ce que la jalousie faisait vraiment faire ce genre de choses aux gens? Si oui, c'était laid. Terriblement laid et affreux.

Lili ne semblait pas savoir quoi dire. Autant que Kaela, elle semblait choquée de ce que la Serpentard avait dit. Comme elle ne dit plus rien. Kaela continua de parler. Elle commençait vraiment à s'ouvrir et elle ne croyait pas que cela aurait été aussi possible. Malgré le fait qu'elle soit encore très peinée, parler de tout cela à une camarade de classe lui faisait du bien. Mais pourquoi était-elle tout d'un coup très extravertie? Ce n'était pas du tout dans ses habitudes et la jeune fille ne comprenait pas trop ce qui se passait. En effet, c'était comme si elle avait été métamorphosée.

Quand Kaela finit de parler, elle laissa la place à Lili. Elle voulait connaître son avis. Oui, l'attitude de la Serpentard avait drastiquement changé. Et c'était probablement pour le mieux. Elle se sentait désormais plus ouverte et prête à accueillir n'importe quel avis. Enfin, ça, c'était en théorie. Est-ce que ce serait vraiment le cas dans la réalité? Cela semblait trop beau pour être vrai. Finalement, Lili avait raison. La copine de Théo ne pourrait jamais la remplacer. C'était impossible. La jeune fille avait une place toute spéciale dans le coeur de son frère...

— C'est vrai que dit d'même... Je ne sais pas combien de temps ça va me prendre à avaler tout ça, mais c'est sûr que je ne suis pas sortie de l'auberge, comme dit le proverbe moldu, concéda Kaela.

Puis, Lili donna des conseils pour que son interlocutrice ressente moins la jalousie. Elle disait qu'il ne fallait pas que Kaela se compare. Et elle avait bien raison. Mais Kaela avait, a et aura toujours en elle ce sentiment très désagréable, contrairement probablement à son interlocutrice. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais c'était comme cela. La vie lui avait donné ce « privilège ». Puis, la deuxième année poursuivit en répétant que la rouquine devait parler parler de tout cela à son frère. Que cela ne règlerait pas le problème de ne rien lui dire.

— Merci Lili. C'est pas bête du tout ce que tu dis, affirma Kaela avec un petit sourire. Elle voulait essayer de changer, mais c'était tellement difficile. Merci pour tes conseils et pour le temps que tu as pris. Je dois dire que je suis plutôt reconnaissante. Enfin, très reconnaissante.

La troisième année prit une petite pause avant de poursuivre. Elle voulait continuer de parler avec Lili, mais plus de son frère. Elle voulait se changer les idées et ne pas ruminer tout ce qu'elle vivait. Elle voulait s'intéresser à sa cadette, qui avait fait preuve d'une immense gentillesse à son égard.

— Mais toi? Comment vas-tu? Je dois dire que je ne me suis pas trop informée et j'en suis vraiment désolée! En même temps, pour ma défense, je venais de me disputer avec mon frère... Bref, à toi de me parler un peu de toi. On n'a pas vraiment eu l'occasion d'avoir une bonne discussion toutes les deux... À part celle-ci bien sûr ahah!

De meilleure humeur que plus tôt, Kaela attendit la réponse de son interlocutrice. Elle espérait que cette dernière ne fuit pas sans demander ses restes. La rouquine le prendrait très mal, assurément. En même temps, elle l'aurait peut-être bien mérité après l'attitude qu'elle avait eue au tout début. La troisième année n'allait pas mieux que précédemment. Son coeur n'était pas réparé. Mais en ayant parlé avec sa camarade, cela l'aidait tout de même à relativiser. Elle se disait qu'elle devrait bien parler à son frère un jour ou l'autre. Mais pas dès le lendemain. Il ne voudrait sûrement lui adresser la parole avant bien longtemps. Du moins, c'était ce que l'adolescente se disait. Elle avait probablement tort, mais elle ne voulait pas se l'avouer à elle-même. À ce moment-là, elle préférait rester dans ses idées et essayer de ne pas se faire des milliards de scénarios. Cela ne servait strictement à rien. Kaela voulait simplement essayer de profiter du moment qu'elle passait avec une camarade, inconnue jusqu'à il y a quelques minutes seulement. Malheureusement. Parce qu'elle avait probablement beaucoup à donner à Kaela. Lili semblait plus sage qu'elle. Comme quoi l'âge n'a pas d'importance et qu'il ne veut rien dire. Après tout, ce n'était qu'un chiffre.

Kaela semble accepter peu à peu qu'en fin de compte, la situation n'est pas si dramatique que ça. Non pas que tu cherches à lui dire qu'elle se fait du souci pour rien mais cogiter dans son coin n'est jamais bon et tu le sais pertinemment. Tu essaies de faire au mieux pour qu'elle n'interprète pas tes conseils de la mauvaise manière et cela semble être de plus en plus le cas, même si c'était compliqué au début.

- Ça prendra le temps qu'il faudra.. Et il ne faut pas t'en vouloir si ce n'est pas tout de suite.

A ce niveau-là, tu sais de quoi tu parles. Tu as eu du mal à passer à autre chose lorsque ça s'est fini avec ton petit ami et, le plus ironique, c'est que c'est toi qui a décidé de rompre. Les choses étaient de plus en plus compliquées et vous ne passiez pas beaucoup de temps ensemble, ce qui te faisait aussi du mal et avait le don de te questionner plusieurs fois. Tu ne regrettes pas, même si c'était compliqué.

Tu souris en entendant les paroles de la troisième année. Au moins, ça lui a servi et c'est le plus important. Tu t'en serais voulue sinon.

- C'est rien, contente que ça t'ait aidé, dis-tu en souriant.

Kaela semble vouloir continuer votre conversation et tu dois avouer que tu ne sais pas vraiment ce que tu pourrais lui raconter, tu n'as pas vraiment envie de vider ton sac mais, après tout, es-tu obligée de raconter des choses qui te minent le moral ? Non, vous êtes simplement en train de faire connaissance et tout va assez bien de ton côté en ce moment, tu peux donc simplement te laisser porter, même si c'est un peu compliqué.

Tu jettes ton dévolu sur des informations plutôt banales pour qu'elle en sache plus sur toi. Certaines informations sont peut-être évidentes pour toi mais sûrement pas pour elle.

- Et bien, oui ça va ! Je sortais tout juste d'une session devoirs en salle d'études, c'est ce que je fais en général le samedi si j'ai encore des choses à faire pour les cours. Quand ce n'est pas le cas, je vais en salle de répétitions, il m'arrive de jouer du piano et de la guitare, ce sont les deux instruments que je maitrise. Sinon.. euh, je passe pas mal de temps à travailler ces temps-ci vu que les examens approchent à grands pas, dans moins d'un mois déja, dis-tu, sûre de la date que tu as vu passer.

Tu marques une pause, ne sachant pas vraiment quoi ajouter. A-t-elle vraiment envie de t'entendre parler de toi ? En tout cas, tu n'aimes pas beaucoup entendre ce flot de paroles à ton propos, tu as l'impression de monopoliser la discussion avec comme sujet principal toi-même et ça, tu dois avouer que ça ne t'enchante pas trop mais tu fais avec, simplement parce que la seule personne qui t'écoute est celle qui cherche à en savoir plus sur toi.

- Je suis aussi dans l'équipe des Crocheers, je suppose que tu t'en doutes, on a fait notre dernière représentation de la saison samedi passé. Il m'arrive d'écrire aussi ou d'aller danser un peu dans une pièce libre, ce sont les meilleurs moyens que j'ai trouvé pour vider un peu mon sac quand je ne veux pas le faire devant quelqu'un d'autre. J'ai un frère ici, comme je t'ai dit. Il s'appelle Dylan et est en sixième année, en filière Auror. J'ai aussi une soeur mais elle a fini sa scolarité à Poudlard, elle travaille dans le domaine de la médecine.

Peu à peu, tu te laisses aller, comme si le filtre qu'il y avait en toi pour ne pas parler de certaines choses avait été retiré. Tu omets cependant de parler de ton statut car ce n'est pas si important à tes yeux et tu espères que c'est également le cas pour Kaela. Tu ne parles pas non plus de l'évènement de février car tu n'as pas envie de parler de Tess et Kaela va peut-être s'en souvenir si elle était à votre table ce jour-là.

- Voilà, je crois que j'ai.. plus ou moins tout dit. Les choses les plus importantes en tout cas.

Tu as presque envie de changer immédiatement de sujet mais tu sais pertinemment que Kaela a le droit d'y réagir.