Comment on se débarrasse des traîtres ?
Car c'était le seul mot qui correspondait. Les nés-moldus étaient des traîtres.
Traîtres au monde des sorciers.
Traîtres à la baguette qu'ils brandissaient.
Traîtres à cette identité sorcière qu'ils revendiquaient telle une évidence.

Quelques jours plus tôt, Malya voyait les nés-moldus comme des sorciers au même titre que les autres, au même titre qu'elle ou que ceux de Sang Mêlé. Après tout, l'essentiel restaient qu'ils soient à Poudlard. L'essentiel étaient qu'ils n'étaient pas des moldus, de vulgaires moldus.

Constatant qu'un garçon qu'elle pensait, comme les autres élèves de la pension, moldu, Adrien Law, elle avait repris la bonne vieille méthode que de mettre toute une "catégorie" dans le même sac. Seulement, les catégories avaient changé. Elle comprenait désormais ses parents, qui les qualifiaient d'"êtres inférieurs".

Ainsi, en cette sombre pause déjeuner, fraîchement sortie de cours et ne souhaitant en aucun cas se rendre dans la Grande Salle pour assouvir des besoins nutritionnels qu'elle ne ressentait pas, Malya avait-elle rejoint, une fois de plus, les toilettes abandonnées dans le but d'établir un plan pour éradiquer la menace.

Est-ce que ça se reconnaît, physiquement, un né-moldu ?
Sûrement, après tout, on ne vit pas dans le même monde. Ou presque pas.
Malya se promit d'étudier la physionomie de tous les sorciers dont elle connaissait la naissance, et de créer d'une manière ou d'une autre un répertoire dans lequel elle noterait tout ce qui pourrait lui être utile.
Comment s'y prendre ? Dans une de ses poches, elle retrouva un vieux carnet, son "Journal" intime pas si intime que ça qu'elle utilisait à la pension, sur lequel elle avait mis la main dans ses affaires la veille. Elle l'ouvrir et y trouva les traces écrites de son ancienne faiblesse. Beurk. De rage, elle déchira les feuilles et les jeta sous forme de boule, à l'autre bout de la pièce.