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05 févr. 2019, 21:21
Chroniques familiales
-1-
MARCUS LOEWY
arrière grand-père paternel



« Maman dis-moi, pourquoi on part ? »

Il y a du bruit. Je ne sais pas s’il vient du dehors ou de ma tête.

« On part en vacances ? »

Maman serre ma main très fort. Trop fort. Je n’ai pas l’habitude qu’elle me tienne comme ça. Je ne comprends pas pourquoi elle a l’air si énervé. Je n’ai rien fait de mal. Mes yeux font de la buée. Je suis de la buée, je ne contrôle plus rien. Je me traîne derrière Maman sans comprendre. Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ?

« Maman… »

Son bras laiteux me tire vers elle. Au bout de l’autre bras, elle traîne une valise. Elle me traîne de la même façon que sa valise. Je crois que je n’aime pas ça, cette façon qu’elle a de me tenir. Elle tourne son visage vers moi. Il me semble qu’elle pleure, un peu, comme une maman qui ne veut pas pleurer devant son fils. Maman est forte, elle ne pleure presque jamais, en tout cas pas devant moi. Mais Maman est comme tout le monde, elle a le droit de pleurer, elle aussi, parfois.

« C’est pas grave…, murmuré-je. »

Non, ce n’est pas grave, je ne lui en veux pas. Elle a le droit de pleurer. Des larmes dévalent mes joues et tombent jusque sur mes lèvres, et je souris, un peu bêtement, parce que je sais que Maman a le droit, comme toutes les mamans, de pleurer, même devant moi. Elle a le droit d’être énervée, même contre moi, même si je ne comprends pas. Je finis toujours par comprendre, je crois.

« Tais-toi ! fait-elle. »

Mon sourire s’évanouit aussitôt. Je crois que j’ai fait quelque chose de mal, cette fois. Je tourne les yeux vers Papa. Il est grand, il est beau, enfin, comme un papa, et surtout il m’impressionne beaucoup. Il avait toujours le sourire, avant. Mais plus depuis quelques mois. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Est-ce que c’est ma faute ? Est-ce que tout ça, c’est ma faute ? Si Maman est énervée, si Papa est triste ? Je ne peux pas imaginer que la cause vienne d’ailleurs. Ce doit être moi.

« Dépêche-toi, on va le louper ! éructe-t-elle. »

Papa a l’air sonné. Il accélère le pas. Lui aussi, il tire une valise, mais elle semble bien plus lourde que celle de Maman. En fait, je sais qu’elle ne l’est pas : j’ai vu qu’il y avait moins de choses dedans. Seulement quelques habits et quelques objets qu’on tient de mes grands-parents. Je ne sais pas pourquoi on doit les emmener en vacances, cette fois.

« On va où ? demandé-je. »

J’ai hâte de savoir quelle sera notre destination. Est-ce qu’on verra la mer ? Ou bien les montagnes ? J’aime bien tous les paysages. Mais je ne sais pas pourquoi Papa et Maman ne veulent pas me dire où on va, je ne suis pas difficile. Je cherche leurs raisons de vouloir me faire une surprise, mais je n’en trouve pas. Ce n’est pas mon anniversaire. Soudain, Maman s’écrie :

« Il est là ! »

À travers mes cils mouillés, je regarde ce que Maman a vu. C’est un panier. Il est posé là, au milieu de rien. Il y a une vieille femme à côté. Je ne comprends pas. Et soudain, une angoisse, terrible, me comprime le cœur comme la main de Maman comprime la mienne. Est-ce qu’ils vont m’abandonner ? Est-ce qu’ils vont me laisser à cette vieille mamie et s’en aller ? Je mets en ordre mes pensées… C’est forcément ça. J’ai fait quelque chose de mal, je n’ai pas été gentil, et maintenant, Papa et Maman veulent m’abandonner. Maman est en colère contre moi au point de vouloir m’abandonner, et Papa est triste, peut-être parce que lui, il n’en a pas envie. Je serre les dents. Ils ont le droit d’être en colère, ils ont le droit d’être triste, ils ont le droit de pleurer. Mais m’abandonner ? Je cherche dans ma tête les raisons qui justifieraient qu’ils me laissent. Est-ce parce que j’ai donné un coup de pied à Hans, l’autre jour ? Mais on jouait. Ce n’est pas ma faute. D’ailleurs, c’est lui qui a commencé.

« Maman, pourquoi… »

Je ne peux pas finir ma phrase. Je me répète que je vais finir par comprendre ce qu’il se passe, que tout aura une explication, à la fin, et que Maman et Papa, parce qu’ils sont Maman et Papa, ont raison de faire ce qu’ils font. Mais je ne peux pas ; et je pleure, et je renifle, mon nez et mes yeux coulent tout en même temps, ça se mélange, c’est sale. J’ai honte. Maman a fini de parler avec la vieille dame. C’est fini.

« Attrapez-le ! fait-elle en me ramenant tout contre elle. »

Je les vois, Papa et elle, saisir le panier. Leurs valises sont collées tout contre eux, et moi aussi. Je suis comme les valises. On me transporte, comme ça, et je ne comprends rien. Je ferme les yeux très fort.

***


On a une nouvelle maison. Enfin, je ne dirais pas maison. C’est tout petit, par rapport à notre maison d’avant. Mais je sais que c’est ma maison, mon chez-moi, maintenant, et j’ai compris qu’on n’était pas partis en vacances. C’est trop long, pour des vacances, et on ne s’amuse même pas. D’ailleurs, Papa et Maman cherchent un travail. Je sais qu’ils vont me mettre à l’école ici. Tout est écrit en anglais, partout. J’ai cru comprendre qu’on était en Angleterre, vers la mer. Je ne parle pas anglais. On va habiter ici, je ne sais pas bien pourquoi, et je ne vais pas pouvoir me faire de copains puisque je ne parle pas anglais. Est-ce qu’Hans m’en veut de lui avoir donné un coup de pied ?

***


Parfois, je fais des rêves de mon ancienne maison. Je revois clairement l’escalier étroit qui montait jusqu’aux chambres, il faisait un virage et j’aimais bien m’asseoir dans le coin, juste là, entre le haut et le bas. Je sentais, alors, que tout était encore possible : je pouvais encore monter, ou descendre. Je pouvais savoir ce qu’il se passait en haut et en bas, en même temps. J’aimais bien cet endroit. Je m’y sentais en sécurité. Même quand ça criait, dehors, des mots que je ne comprenais pas. Même quand Papa est rentré, ce soir-là, tout triste et le visage tout rouge et gonflé. Même quand Maman lui répétait qu’il ne fallait pas se laisser faire.

Je n’ai jamais su ce qui était vraiment arrivé à Papa. Il disait qu’on l’avait tapé parce qu’il avait voulu aller dans un endroit dans lequel il n’avait pas le droit d’aller. Moi, je n’avais pas compris. J’avais dit : « Mais Papa, si tu n’avais pas le droit, c’est comme ça, il ne fallait pas y aller ! » et Maman s’était énervée contre moi. Pourtant, c’était clair : Papa avait désobéi à la règle qui disait qu’il ne pouvait pas entrer dans cet endroit, donc il avait été puni. Moi aussi, on me punit quand j’enfreins les règles. Parfois même, on me donne des tapes sur les doigts et on m’envoie dans ma chambre sans autorisation d’en sortir. Mais je l’accepte, parce que c’est la règle, parce que je n’ai pas été sage, parce que j’ai désobéi. Si Papa avait désobéi, il devait être puni. Maman aimait les règles, alors pourquoi avait-elle été fâchée ? D’accord, taper ce n’est pas la solution, mais si c’est comme ça…

Je me sentais en sécurité dans le coin des escaliers. Je remontais mes genoux vers moi et j’observais. J’ai observé, aussi, quand Maman est rentrée plus en colère que d’habitude. Elle m’avait dit de monter dans ma chambre alors que je n’avais rien fait de mal, mais j’étais resté là, dans l’escalier, pendant qu’elle parlait avec Papa. Elle avait dit qu’on l’avait insultée à cause de lui, et à cause de ce qu’elle avait fait. Papa ne disait rien. Je crois qu’il était désolé et qu’il ne savait pas quoi dire. Il était déjà de plus en plus triste, en ce temps-là. Je crois même qu’il avait peur. Pourtant, mon Papa était vraiment très grand et très fort, comme je vous l’ai déjà dit, il était très impressionnant. Je ne vois pas de quoi il aurait pu avoir peur. Tant qu’il respectait les règles, en tout cas, et qu’il ne se faisait pas punir. Maman avait fini par ne plus rien dire, et elle avait pleuré. Je suis descendu quelques temps après, quand j’étais sûr que c’était fini. Je les ai vus se faire un câlin. Ils s’aimaient, mes parents, même là-bas. Je crois qu’ils s’aiment toujours, bien sûr.

***


On est toujours en Angleterre. Cette fois c’est sûr, je ne reverrai plus jamais ni ma maison de là-bas, en Allemagne, je n’irai plus jamais me réfugier dans le coin de l’escalier. Je ne verrai plus jamais Hans non plus, je ne saurai jamais s’il m’en veut toujours pour le coup de pied – même si c’était lui qui avait commencé. J’ai vu des choses, j’en ai entendu d’autres, et je crois que je commence à comprendre.

Je commence à comprendre qu’il y a certaines règles que l’on peut enfreindre, si elles ne sont pas justes. Je commence à comprendre que parfois, on peut être puni même si l’on n’a rien fait de mal. Je commence à comprendre que ce n’est pas ma faute, que ce n’est pas la faute de Maman, que ce n’est pas la faute de Papa. Je commence à comprendre qu’être ici, c’est mieux qu’être là-bas, même si ce ne sera jamais aussi bien que si rien de tout ceci n’était arrivé. Je commence à comprendre que le Mal existe et que toute ma vie, peut-être, je vais devoir m’y confronter, et qu’alors, je devrai être aussi fort que Maman et Papa.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

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10 nov. 2020, 23:51
Chroniques familiales
-2-
BEATRIX BRADFORD (WILLIAMS)
arrière grand-mère maternelle


Je l'ai connu, moi, ce Tom Jedusor. Voldemort, comme on l'a appelé plus tard. Il était dans ma maison, et il avait deux ans de plus que moi. Pas mal de filles lui couraient après, mais il n'avait pas l'air de s'y intéresser. Enfin, non. Il avait l'air de s'y intéresser, mais vraiment, il s'en fichait pas mal, et ça se voyait tout de même. C'était une sorte de petit prince qui s'entourait de toutes les pires greluches de Serpentard : tant qu'il pouvait les faire tourner en bourrique... Moi, je trouve qu'il faut être bien diminué pour s'en remettre à quelqu'un, comme ça. On ne peut pas compter que sur une seule personne. C'est dangereux, parce qu'on n'est jamais dans la tête des gens. Même les Légilimens peuvent se faire avoir. Non, non : il vaut mieux assurer ses arrières.

Bon. Je dois avouer qu'il était sacrément beau gosse. Mais alors, il fallait voir le regard qu'il vous lançait quand vous l'interpeliez : Hé, Tom ! C'était un regard noir, un regard plein de sang, je vous le dis, et je ne l'ai jamais connu avec ses yeux rouges. Et puis, ces cheveux ! Toujours bien peignés, comme ça, sur le côté, avec un petit épi stratégiquement placé pour lui donner encore un peu plus de charme. Mais voilà, ce regard gâchait tout. Un coup charmeur, complice, et l'instant d'après, prêt à vous découper en deux, comme si de longues épées sortaient de ses pupilles. Un jour, il a décidé qu'il arrêterait de se reconnaître quand on l'appellerait Tom. Il n'aimait pas son prénom, ça faisait trop Moldu, apparemment. Il ne voulait pas être commun. Alors, "Tom", il gardait ça pour les professeurs, qui n'avaient que ce nom sur leurs listes.

Mais enfin, je ne vais pas vous parler de cet homme-là pendant des heures. Il a gâché ma vie. Je me revois, à onze, douze, treize ans, innocente. Je me plaisais bien, à Poudlard. J'aimais les cours, j'aimais mes professeurs et mes camarades. Il y avait ce mec de ma promo, très grand, qui était à Gryffondor. Tout le monde se fichait de lui parce qu'il était trop imposant pour son âge. Mais il était plutôt gentil, à vrai dire. La première fois que je lui ai parlé, c'était pour faire une bonne action. Tout Serpentard se moquait de lui, alors moi, je voulais être différente, au-dessus, et je suis allée lui parler pour me sentir mieux. Sur le coup, il m'avait fait peur. C'est vrai que vu de près, ce n'était pas normal d'être aussi grand à son âge, et la normalité importe beaucoup aux collégiens, quoi qu'on en dise. Il vaut mieux rentrer dans le moule si on veut passer une scolarité tranquille. Enfin, je suis allée parler à ce type, il m'a dit qu'il s'appelait Rubeus et qu'il était désolé s'il me faisait peur parce qu'il était trop grand.

C'est grâce à Rubeus que je me suis rapprochée d'Antonius. Anto était à Serpentard avec moi, il avait mon âge. Je n'osais pas du tout parler aux garçons, évidemment. Mais c'est lui qui est venu me voir :

« Alors, t'as causé au géant ? »

J'ai hoché la tête et demandé ce que ça pouvait bien lui faire, et que d'abord, il avait un nom, le géant : c'était Rubeus. On n'était pas partis pour bien s'entendre. Moi, je voulais protéger la veuve et l'orphelin, j'avais toujours voulu être Auror pour combattre le Mal. Antonius, lui, voulait un poste important au Ministère de la Magie pour gagner beaucoup d'argent, mais il ne savait même pas quoi, ce que je trouvais ridicule. Enfin, c'est grâce à Rubeus qu'on s'est parlé pour la première fois. Des années plus tard, on s'est mariés et on a eu un fils : Volesus.

Je n'ai jamais été si heureuse que durant ces années où j'ai construit ma petite famille. Bien sûr, Antonius, qui était diplomate (et qui avait presque accompli son objectif de gagner beaucoup d'argent), passait sa vie entre un Portoloin et un autre, et s'absentait parfois pendant plusieurs mois pour le travail. Mais l'absence créait le besoin, et quand il rentrait, je l'aimais encore plus fort qu'avant. Volesus ne devait pas voir les choses de la même façon, mais ça, je ne m'en rendais pas compte. Il faut dire que moi aussi, j'étais très prise par mon travail d'Auror, alors parfois, je confiais le petit à nos voisins, qui étaient de très gentils Moldus qui s'appelaient Martha et Peter Brown. Volesus n'a jamais été très bavard, c'était un gamin assez calme, il ne posait pas de problème et je n'avais aucune honte à le confier aux voisins. Il ne m'a jamais fait comprendre qu'il m'en voulait pour ça.

Quand il était adolescent, il a commencé à porter des vêtements étranges, et je me suis dit : bah ! c'est les ados, ça !, je n'ai pas cherché plus loin. De toute façon, j'ai toujours trouvé que la mode allait trop vite. Mais j'ai fini par comprendre, le temps passant, qu'un fossé se créait entre mon fils et moi. Les seules fois où il me parlait, c'était pour me poser des questions sur mon travail :

« Dis, les mages noirs que tu chasses, au travail, ils font quels genres de choses ? Je veux dire, ils s'y prennent comment ? »

Je ne me posais pas de questions, bien sûr. J'étais simplement ravie que mon fils me parle, qu'il soit curieux, demandeur d'anecdotes sur mon travail - sur ma vie, à moi, sa mère ! Alors, je lui expliquais ceci et cela, il hochait la tête, intéressé, puis replongeait dans sa léthargie ou s'enfermait dans sa chambre jusqu'au prochain sursaut.

Des années plus tard, alors que Volesus ne vivait plus à la maison, j'ai compris. Ça a été une grande claque. Mon fils, à moi, le fils de l'Auror que j'étais ; non : le fils de la femme que j'étais - ou avais voulu être -, voulait accompagner le Seigneur des Ténèbres, comme il disait, dans sa grande quête... Il voulait marcher aux côtés de cet homme, ce gamin que j'avais connu à l'école avec ses cheveux peignés et son petit épi et son regard de tueur. Il voulait me trahir, en fait. Mon métier, c'était justement de combattre les gens comme lui. Nous étions en guerre depuis huit longues années, et il voulait rejoindre le mauvais camp.

« Nous sommes infiniment supérieurs à ces faux sorciers, ces voleurs de pouvoir, ces traîtres qui se reproduisent sans honte avec des sous-races, à ces créatures difformes qui osent réclamer une place dans notre monde... Ne me fais pas croire que tu ne t'en rends pas compte. Ils ne tiennent pas la comparaison. Et s'ils ne veulent pas le comprendre, nous les forcerons à le faire, disait-il, mû par une vigueur que je ne lui avais jamais connue. »

J'ai été profondément choquée. Je n'ai pas su quoi dire. Qu'est-ce que vous voulez répondre à ça ? Mon fils était parti.

« Il faut tout nettoyer. Reprendre ce qui nous appartient et ne rien leur laisser, pas même le loisir de respirer. »

Mon Volesus crachait à la figure de tout ce que j'avais essayé de lui transmettre. Mes valeurs ne représentaient rien à côté de ce qu'on lui avait fourré dans le crâne. Je suis déjà un peu morte ce jour-là. Je ne voyais plus mon fils, mon mari n'avait pour moi pas plus de consistance qu'un spectre, et mon travail me semblait vain : je craignais, à chaque instant, qu'un collègue me rapporte qu'il avait dû tuer un sorcier malfaisant qui serait mon fils. Je n'ai jamais voulu savoir si Volesus avait tué qui que ce soit. Chacun de ses mots étaient autant de petits meurtres qui contribuaient à assassiner ce monde qui m'avait vu grandir, rire, aimer.

La vie n'avait plus de saveur. Le monde autour de moi n'existait déjà plus. Mon corps était une machine réglée sur pilote automatique. J'ai essayé de ressentir à nouveau : j'ai voulu avoir mal, j'ai voulu haïr, mais il ne me restait plus rien : plus de douleur et plus de haine ; il n'y avait que le vide.

Alors, un jour, j'ai récupéré un grand chaudron auprès d'une collègue du Ministère. J'ai concocté un puissant poison, je me suis déshabillée, calmement, parce qu'il n'y avait pas de quoi avoir peur. Pour la première fois depuis longtemps, je savais exactement ce qu'il fallait que je fasse. Je n'étais pas en pilote automatique, ce jour-là. Et puis, j'ai pris un bain et je suis morte.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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