Elle ne l'avait pas tué, n'avait pas hurlé et ne s'était même pas vraiment mise en colère. Juste, elle avait juste poussé quelque chose à nouveau, cette fois-ci un verre d'eau. Il remarqua le bouchon mit sur la carafe qui semblait être là plus pour l'empêcher de balancer de l'eau partout plus que pour la beauté de la chose. Après-tout, il devait y avoir pleins de choses sur son bureau qu'il ne valait mieux pas abîmer, il en était conscient. C'est pourquoi le fait qu'elle ne s'était pas énervée était pour lui si étrange. On aurait juste dit la première fois qu'il avait rencontré Panthéa. Il s'empara du verre et but deux petites gorgées de l'eau translucide qui s'y trouvait, remerciant silencieusement la femme devant lui. 

    C'était bien de savoir qu'il pourrait aller vers elle s'il avait des soucis, et qu'elle "saura les recevoir". Elle semblait si forte, derrière son bureau, droite comme les longues tours de Poudlard, véritable château en hauteur sur le monde, regardant les autres de sa place tellement plus haute que la leur. Et pourtant, elle ne semblait pas particulièrement imbue d'elle même, en tout cas, pas à l'instant. Il ne la voyait pas vraiment de près les autres jours, alors il ne savait pas vraiment la cerner, de plus, il n'avait jamais été très fort à ça et il lui semblait que cerner Kristen Loewy était aussi impossible que de pouvoir se mettre à voler en sautant de la tour d'astronomie. La magie, oui, mais elle ne permettait pas de voler comme un piaf sans rien utiliser d'autre. Il se demanda si la phrase de la femme voulait dire qu'elle allait manger au goûter ceux qui lui chercheraient les ennuis. Ou peut-être n'était-elle finalement qu'une femme presque normale qui ne mangeait pas les petits enfants et qu'il s'était fait tout un film dans sa tête. 

    Il se demanda quelle serait la réaction de ses parents. Ils avaient toujours dit qu'il fallait accepter les autres, peu importe leurs différences, alors ça passerait, non ? 

    -Sherringford, madame. Merci pour le verre d'eau... Je ferais attention avec les autres alors mais.... 

    Mais qu'espérait-il ? On lui avait déjà montré qu'il pouvait se faire frapper sans s'habiller avec des codes qui sortaient du "normal". S'attendait-il vraiment à ce que ce soit différent ?

    -Merci d'avoir accepté.... Il se mordillât la lèvre inférieure encore une fois en se dandinant sur sa chaise avant de fouiller dans ses poches pour en sortir une carte qu'il savait planqué là. Et pour cause, il avait mangé une chocogrenouille car trop stressé tout à l'heure.

C'était sa carte préférée. Premièrement parce qu'il connaissait celle qui était dessus au moins de loin et deuxièment parce que la personne dessus avait fait quelque chose de très important pour lui. Ce n'était peut être qu'un oui à une question mais cela changeait vraiment tout.

-Tenez, dit-il en posant la carte dorée sur le bureau. C'est ma carte préférée, je l'ai en plusieurs exemplaires. Merci encore Madame. Il se retourna et avança rapidement vers la porte. Au revoir madame.

Il s'engouffra dans le couloirs et s'éloigna en tremblant de tous ses membres, un grand sourire aux lèvres. 

Kristen n'avait pas l'impression d'avoir fait grand-chose. Cela lui avait semblé tout naturel, et elle n'avait pas été spécialement sympathique - trop honnête, elle avait dit les choses sans détour, avait annoncé à Herschel Sherringford les risques qu'il prenait. Il faisait le bon choix, bien sûr : assumer qui l'on est est toujours le bon choix. Avant de partir, l'enfant posa une carte dorée sur le bureau de Kristen. Celle-ci baissa les yeux sur l'objet, et quand elle les releva, l'enfant était parti, sans doute trop gêné par son geste. La directrice de Poudlard esquissa un sourire en faisant glisser la carte vers elle. C'était une carte de sorciers et sorcières célèbres, celles que l'on trouvait avec les chocogrenouilles. Plus précisément, c'était celle qui la représentait elle-même.

« Sa carte préférée, mh ? fit-elle pour elle-même en retenant un petit rire amusé. »

L'idée d'avoir une carte de chocogrenouille à son effigie ne lui faisait pas particulièrement plaisir, quand bien même elle avait conscience que cela devait être un rêve de nombreux enfants. Kristen se tenait bien loin de toutes ces considérations, et la gloire ne l'intéressait pas vraiment : longtemps, seul l'avis qu'elle avait d'elle-même avait compté, et elle avait voulu s'élever non pas pour impressionner les autres, mais pour sa propre satisfaction. Elle se revit cependant enfant, et se demanda quelle aurait été sa réaction si, à dix ans, on lui avait dit qu'un jour, son visage figurerait sur l'une de ses cartes. A l'époque, elle aurait probablement ressenti de la fierté, c'est vrai. Mais son enfance était si loin...

Kristen rangea la carte dans un tiroir de son bureau. Elle n'avait pas l'habitude de penser ce genre de choses, mais elle devait bien l'admettre : Herschel Sherringford était un enfant intéressant, qui ne lui avait pas déplu.