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11 nov. 2019, 17:23
Immolation par le sang  Pv : Kristen Loewy 
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Mercredi 13 mai 2044, dans la soirée.


- Bonsoir Madame.

J’attendis qu’elle finisse d’écrire sa phrase, ayant tout au plus parlé comme en bibliothèque, assez doucement pour ne gêner sa concentration. Elle le comprit sans doute, tournant sa main dans ma direction alors qu’elle avait à peine quitté le support des mots.

-…merci d’avoir accepté cet entretien.

Il le fallait. Je devais obtenir la confirmation que j’attendais. Elle seule pourrait en outre rattraper les choses si par malheur j’avais trop tardé. Et c’était peut-être le cas. J’avais attendu avant d’oser l’interrompre. Quelques secondes, juste assez pour être sûre qu’elle me savait là. Pour ne pas la surprendre davantage. Quand je pensais à ce lieu, si différent de ce que j’avais en tête. Les endroits dont on fantasme le plus les détails sont souvent ceux qui nous déçoivent le plus. Qu’avais-je donc imaginé qui ne fut pas dans ces murs ? Certes, la collection de baguettes détruites en cours, avec à chaque fois un morceau de l’élève concerné… le phénix du professeur Dumbledore, prétendument remplacé par un loup empaillé… Pire encore car l’imagination des jeunes est sans limites, dans le grotesque comme dans le naïf. Peut-être que les zébrures du sol renfermaient ce que je n'aurais jamais imaginé. Mais le plus grand des dangers pour qui voudrait tenter ici quelque chose était encore cette femme dont je me sentais fière par bien des côtés de l’avoir comme directrice. Nous étions tous fiers de Kristen Loewy, en tout cas les gens qui savaient lire entre les lignes, ce qui n’était pas très répandu dans les cachots je devais le reconnaître. Mais pour le reste, elle faisait une sorte d’unanimité ici, en tout cas pour autant que j’en savais.

Pourrait-elle répondre à mon angoisse finale quant à mon orientation ? Etait-elle au courant de mon hésitation entre justice et action ? Je ne savais plus trop moi-même ce que j’avais en moi. Le magenmagot restait mon objectif. Mais devenir auror avait un certain attrait. Prendre des risques, oser, voler parmi les oiseaux sans frontières, comme lui m‘avait appris à le faire, et comme j’aimais à rêver être. A ses côtés, défendant le droit chemin… En montant les escaliers, je n’avais pas du tout imaginé un bureau à ce point austère. Partout ou presque du noir, un si grande décalage avec le mot de passe que Madame Kwon m’avait glissé à l’oreille. Quand je l’avais regardé dans les yeux, je devais avoir une drôle de tête car elle avait ri et cela ne lui arrivait pas souvent. Comment un femme ayant des idées aussi fantasques pouvait rêver d’un bureau comme celui-là ? J’étais naïve de croire que tout était simple, que si on aimait rire, c’était applicable à tous les aspects de l’existence. Oui, j’étais sotte, voulant à tout prix intégrer l’ISDM que j’avais en tête depuis ma  troisième année et au moment de décider, je tergiversais, retardant au maximum le moment d’envoyer le dossier. Et puis… il y avait dans mon corps ce petit problème. Sorcière, de parents sorciers, de deux familles sorcières depuis plus de quatre générations. Mais une sorcière à moitié écossaise seulement. L’autre partie n’était pas même américaine ou française… mais russe, quelle avanie. Un père de Durmstrang… qui en outre n’était pas connu, sauf à craindre que ses méfaits aient été étalés en place publique, ou dans un sérail que je méconnaissais mais qui me mettrait au ban de la communauté… j’avais peur. Et seule Madame Loewy avait les moyens de m’aider. Je le sentais depuis longtemps, que je finirais dans son bureau, non pour des affaires de mœurs scolaires, j’étais sage comme une image. Mon pédigrée. Juste mon sang, ce foutu sang russe, qui faisait de moi une fille intrépide, tenace, incontrôlable. Mais je ne le savais pas moi-même. Pas encore. Pas certain.

Pourquoi le pouvoir donne-t-il aux gens cette allure ? La prestance, le maintien. Je m’imaginai une seconde à la tête du magenmagot. Une statue… mais là, face à elle, je n’étais qu’en cire.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

25 janv. 2020, 20:54
Immolation par le sang  Pv : Kristen Loewy 
Rares étaient les élèves qui demandaient un entretien avec la directrice de Poudlard : la plupart préféraient sagement l'éviter, se tournant en priorité vers leurs responsables de maison. Pourtant, jusqu'ici, Kristen n'avait mangé personne et avait su résister à l'envie parfois terrible de suspendre un élève un peu trop stupide à son goût par les pieds à l'aide d'un Levicorpus bien placé. Elle acceptait la plupart des entretiens qui lui étaient demandés parce que, justement, oser pénétrer dans ce bureau n'était pas à la portée de tout le monde.

Kristen posa délicatement sa plume sur son bureau, parallèlement au bord du meuble, et accueillit l'élève de Serpentard dans son antre. Certains élèves ne sont pas marquants, et un beau jour, on réalise qu'ils existent parce qu'ils viennent vous le rappeler. Kristen se souvenait vaguement avoir enseigné à celle-ci lorsqu'elle était professeure de défense contre les forces du mal, mais elle n'avait laissé aucune trace vraiment distincte dans sa mémoire. Une élève normale, voilà. D'une voix calme, un peu trop neutre, toujours grave et légèrement grattée, Kristen dit :

« Mademoiselle, je vous en prie. Le professeur Kwon m'a vaguement parlé de quelques-un de vos doutes concernant votre avenir. En quoi puis-je vous aider ? »

La directrice de Poudlard ne se connaissait pas de talents particuliers de conseillère d'orientation, mais elle n'était pas désintéressée de ses élèves au point d'ignorer leurs demandes d'aide.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou

01 févr. 2020, 07:22
Immolation par le sang  Pv : Kristen Loewy 
Vaguement.
Vaguement…..
Incidemment….
Entre deux conversations forcément plus urgentes….

La vie nous apprend la modestie, une forme d’humilité rendue nécessaire par le cours des choses. Qu’avais-je imaginé au demeurant ? Il suffirait d’être une élève studieuse, discrète, le genre qui ne pose jamais aucun problème pour que l’on vous remarque ? Trop effacée, jamais brillante en société, tout juste intérieure, solitaire..
Ainsi allait mon existence, et en un instant, j’étais stupéfixée pour le compte. Les secondes suivantes, je ne pus m’empêcher de laisser le silence occuper le terrain. Mon cerveau marquait le coup et je peinais à reprendre mes esprits.

En d’autres circonstances, j’aurais vraiment mal accepté ces quelques mots. Je me sentais… rabaissée. Mais il fallait payer le prix pour avoir droit à des conversations d’adulte. Le temps de la douceur avait pris fin. Dans mon cas, je pensais avoir déjà eu droit à cet adoubement viril dans certains cours. Mais ici, face à cette sorcière brillante, imposante, je n’étais pas grand-chose. Et l’admettre constituait mon meilleur atout pour recouvrer un semblant de lucidité. Par quoi commencer ? On a beau avoir préparé toutes les phrases, prévu les choses dans les détails les plus insignifiants, entendre la réalité est autre chose. Un nourrisson à la recherche de l’odeur de sa mère, voilà ce que j’aurais été si ce souvenir avait encore un sens pour moi. Mais elle n’était pas Mère et je ne le voulais surtout pas.

- Voilà… en quelques mots…

J’étais fébrile, à la recherche de mots gravés dans mon cœur au point que je ne les voyais plus. j’avais une telle nature d’eux qu’il devenait impossible de les mettre en action. J’étais moi, par un acquis élevé au rang de réflexe.

- Mon père est russe…

je choisis de ne pas évoquer son décès.

- … ma mère écossaise…

Ma mère... si difficile à énoncer avec l'article quand une éducation vous a construite sans lui. Devais-je dire qu’elle me semblait être passée de l’autre côté ? Dans le camp noir ? A moins qu’il ne s’agisse des baguettes rouges mais là, je serais définitivement perdue.

- Mes deux familles sont sorcières depuis des générations, même si en Russie, les registres sont tenus d’une façon un peu spéciale.

Il était préférable de ne pas en dire trop. Mais indubitablement, les Alekhin étaient une grande famille russe. Le doute n’était pas permis.

- J’ai peur que l’ISDM ne refuse des dossiers comme le mien. Je ne suis pas…

Confusément, j’exposais un cas relevant du prototype dans le monde nouveau se mettant en place, sans que personne n’en ait vraiment conscience pour le moment. Le ministère nouveau, si tant soit qu’il dure un peu, serait-il capable de s’opposer à ma candidature au titre de mon manque de pureté ? Mon cas relèverait sans doute de la justice magique en outre mais je n’en avais pas une conscience claire ce soir-là, il était trop tôt.

- ...et puis je me demande… ne serais-je pas plutôt faite pour devenir auror comme ma tante ? En fait… tout cela instille en moi le doute.

Je ne venais pas auprès d’elle pour avoir un conseil, il était vrai que cela, mes professeurs avaient déjà eu l’occasion de me l’apporter. Je voulais, et en cela une Alekhin (NDLR ; à ce moment-là, Circéia est encore officiellement inscrite dans le registre russe sous son nom d’enfant) représente toujours l’exigence envers soi-même, le meilleur pour exprimer ce que j’étais mais...

Illégitime. J’avais en moi ce manque de confiance que portent ceux n'ayant jamais entendu qu’ils pouvaient. L’absence d’une présence parentale régulière avait fragilisé un socle pourtant solide. Une honnêteté d’âme aurait aussi poussé à avouer une certaine fuite de mes responsabilités quand tant d’autres  élèves de septième année avaient fait les choses selon le bon « séquencement ». S’il le fallait, elle serait mon unique recours, seule madame Loewy aurait assez d’influence pour imposer ma candidature. Sans y avoir réfléchi, j’étais en train de mettre en scène un possible acte de corruption. Et puis… aurait-elle un quelconque intérêt dans cette affaire ? Doute, sentiment diffus d’injustice possible… mes idées, je les exposais comme des émotions, loin de la clarté de mes propos écrits. J’étais, encore, intimidée.

[Abandonné]

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...