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04 févr. 2020, 18:38
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
5 novembre 2044


Elle avait passé quelques jours à chercher Kristen, aussitôt après avoir rencontré la jeune Sangblanc d’ailleurs. Mais elle ne l’avait pas trouvé. Elle avait compris après, prenant lentement conscience que le monde tel qu’elle l’avait connu était en train de basculer, doucement, vers quelque chose de définitivement sombre. Alors elle avait retrouvé Kristen. Elle lui avait tout déballé. L’arrivée de Christopher Martin dans sa salle de classe, l’évènement qu’il avait relaté, s’étant passé durant le bal où ils avaient déjà eu beaucoup à faire. La convocation de la victime, la blessure qu’elle avait pu voir sur sa joue, la tristesse qu’elle avait vu dans ses yeux et cette âme qu’elle avait perçue comme étant brisée. Elle espérait que la jeune fille s’en remettrait, mais comment pouvait-elle se remettre de pareilles tortures ? Joanne n’en savait rien.

Elle était installée face à Kristen, dans le petit espace contenant les deux fauteuils au style baroque. Joanne avait tout dit. Elle avait partagé avec sa directrice le poids du secret qu’on lui avait confié, mais étonnamment, elle ne s’en sentait pas libérée pour autant. Comme si quelque chose d’autre lui écrasait la poitrine. Figeant ses yeux sur le sol noir de jais, zébré parfois de marbrure blanche, Joanne poursuivait les veines comme si elle cherchait à échapper à quelque chose qui était pourtant inévitable.

« Je ne vous ai pas tout dit ». Il était plus que temps d'admettre. « Après la mort de ma mère en octobre, j’ai rencontré Parkinson à la Citadelle ». Une pause, les yeux azur se figeant sur la directrice, qui ne serait certainement pas ravie de savoir que l’une de ses enseignantes s’était rendue à la Citadelle. Mais qu’importe, elle devait lui dire. « Elle voulait obtenir un certain rouleau de parchemin, obtenue d’une délégation étrangère il me semble ». Voilà, elle l’avait dit. Et à mesure qu’elle le disait, elle se rendait compte que c’était ce secret qui écrasait sa poitrine, d’ailleurs, elle était bien incapable d’inspirer la moindre bouffée d’oxygène, attendant la réaction de Kristen.

17 févr. 2020, 03:10
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Les jambes croisées, enfoncée dans son fauteuil, un coude sur l'accoudoir et la tête penchée sur le côté, Kristen avait enduré le discours de Joanne Taylor pendant un moment. Ses mâchoires étaient contractées, comme chaque fois qu'elle tâchait de sceller sa colère au fond de son être. Sa jambe dans le vide donnait de petits coups incontrôlables à un rythme régulier.

« Bien. Je ferai le nécessaire en ce qui concerne Carry Harrison, lâcha-t-elle d'une voix sèche. »

Elle décroisa les jambes et se redressa dans son fauteuil, prête à laisser Joanne quitter son bureau. Elle n'avait qu'une envie, qu'une obsession : cette fiole qui se trouvait dans un tiroir de son bureau. Elle la visualisait parfaitement, elle imaginait la douceur du verre, le bruit du bouchon en l'ouvrant, l'odeur du liquide, la sensation du breuvage passant dans sa gorge et, après quelques instants, le sentiment de surpuissance dans tout le corps, l'esprit en alerte, la conscience absolue du monde. De l'énergie en bouteille. Cette pensée tournait en boucle dans sa tête comme un ballet hypnotique. Il était temps de remercier Joanne Taylor pour les informations données, d'avaler quelques gouttes de sa potion, et d'aller sa fête à Carry Harrison.

Mais alors que Kristen pensait qu'il était temps, sa collègue ajouta quelque chose. J'ai rencontré Parkinson à la Citadelle. Tout le corps de la directrice de Poudlard se porta vers l'avant, et la pensée du breuvage s'estompa pour laisser place à Ursula Parkinson. Il n'y avait aucun reproche dans le regard de Kristen, mais bien un intérêt non dissimilé, et ce malgré la fatigue intense qu'elle éprouvait. Imaginer Joanne Taylor discuter avec Ursula Parkinson attisait le feu de son esprit. Ses deux mains serrèrent le bord des accoudoirs tandis que ses yeux semblaient vivre à nouveau. Quand la directrice de Serpentard évoqua un rouleau de parchemin d'une délégation étrangère, Kristen vit tout de suite à quoi elle faisait référence. Elle eut envie d'y jeter un coup d’œil, mais ne préféra pas le pointer du doigt, au cas où on essaierait de le dérober... La directrice de Poudlard plissa les yeux et observa Joanne Taylor avec la plus dérangeante attention.

« A-t-elle précisé pourquoi elle désirait ce rouleau ? Et... que lui avez-vous répondu ? »

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09 mars 2020, 12:31
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Elle était intéressée. Qui ne l’aurait pas été après tout ? Après les récents événements dans le monde magique et à Poudlard, il était indéniable que savoir ce que préparer Ursula Parkinson offrait un certain pouvoir à quiconque dispose de l’information. Pourtant, Joanne le savait : elle n’avait rien à offrir à Kristen. Rien de plus que son entrevue. L’attitude de la directrice à son égard n’éclaira pas davantage la directrice de Serpentard : il semblait que les yeux de Kristen avait repris une vigueur anormale, comme si une impressionnante tempête se profilait à l’horizon. Qu’aurait bien pu dire Joanne pour sauver sa peau ? Elle n’avait eu de cesse, rencontre après rencontre, de danser avec la pluie, s’efforcant de passer au travers des gouttes qui voulaient tomber sur elle. Maintenant, elle était sous la douche froide et elle devait l’affronter.

Face à la question de Kristen, Joanne toussa légèrement pour commencer par le plus facile « J’ignore pourquoi elle voulait ce parchemin, Ursula Parkinson ne m’a pas fait part de ses projets de vie » arguant-elle avec un sourire narquois. Joanne n’était rien, ni personne. Que ce soit à la Citadelle ou à Poudlard. Elle l’avait compris tôt, très tôt. Trop tôt sans doute pour l’enfant qu’elle avait été et qui s’était retrouvée salie par les besoins et envies de grandeur de sa famille. « Je lui ai dit que je ferais tout pour l'obtenir ... je voulais qu’elle accède à ma demande ».

Cette fois-ci, elle se laissa retomber dans son fauteuil, ses yeux bleus étaient éteints même s’ils ne quittaient pas une seule seconde sa supérieure. « Je voulais qu’elle fasse enfermer mon père, qu’il vive avec le désespoir d’avoir été trahi par son propre camp, par sa propre reine ». Sa voix s’éteignit au fur et à mesure qu’elle égrenait ses paroles et se remémorait sa rencontre avec la Cheffe du Conseil des Sorciers. « Je voulais qu’il souffre autant que j’ai souffert ». Et face à cet aveu de faiblesse, son regard se déporta, au loin. Elle ne voulait pas à subir le courroux de la directrice et encore moins y lire la déception dans ses yeux. Elle ne pouvait pas affronter ça.

16 mars 2020, 02:38
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
La vengeance était un sentiment que Kristen ne connaissait que trop bien. Elle était son moteur, en certaines circonstances, et la machine infernale qui pouvait la faire tendre vers la folie la plus pure. La folie... du genre de celle qu'elle avait ressentie le soir des événements de Beauxbâtons. La différence entre Joanne Taylor et Kristen Loewy, c'était que cette dernière n'aurait jamais remis sa vengeance entre les mains de quelqu'un d'autre. La vengeance était quelque chose qui devait lui appartenir complètement, autrement, elle ne pourrait jamais être savourée. Une vengeance que l'on exécute pas soi-même, tout à fait soi-même, devait avoir un goût de réchauffé. L'erreur de Joanne était là, d'une part, mais elle résidait aussi dans le fait d'avoir demandé un service à Ursula Parkinson. C'est une règle simple.

« Vous avez été stupide, Joanne. Les services sont rendus par un égal dans le pire des cas, par un être qui vous est fidèle et vous admire, dans le meilleur des cas. Demander un service à quelqu'un qui vous contrôle déjà revient à doubler son avantage. S'il y a quelque chose que vous ne pouvez pas obtenir par vous-même, demandez-vous si vous essayez vraiment. »

Elle soupira longuement.

« Cela étant dit... je pourrais vous renvoyer à la Citadelle sur-le-champ, où vous seriez emprisonnée, voire pire, pour avoir trahi le secret que Parkinson vous a confié. »

La directrice de Poudlard sembla sérieusement réfléchir à cette éventualité. Elle pianotait sur son bureau, la joue posée contre son autre poing, dévisageant la professeure d'étude des runes. Le suspense devait être insoutenable.

« Je pourrais le faire... Mais... »

Kristen se pencha en avant et un éclair de violence sembla traverser son regard.

« Trahissez-moi... Non, envisagez de me trahir une fois de plus, et je peux vous assurer que vous souhaiterez avoir été renvoyée à la Citadelle ce jour. »

Se renfonçant dans son siège, elle en profita pour attraper une dragée surprise de Bertie Crochue dans le pot posé sur son bureau. Goût pomme, l'une de ses préférées. Quand elle eut fini de la mâcher, elle demanda :

« Qu'est-ce que votre père a bien pu vous faire qui justifie que vous ne vous occupiez pas vous-même de son cas ? Est-ce ce que vous avez effleuré lorsque nous nous sommes rencontrées pour la première fois ? »

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22 mars 2020, 22:09
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Je suis vraiment désolée pour le pavé !

La réaction de la directrice ne tarda pas. A quoi s’attendait Joanne après tout ? Elle se faisait traiter d’idiote, instinctivement, elle se renfrogna dans ses épaules. La tête baisse, comme la bâtarde qu’elle était, qu’elle restait, qu’elle demeurerait éternellement. Elle attendait presque la punition, la pressentait même, dans chacun de ses pores, dans son sang qui bouillonnait au creux de ses veines. Qu’importe qui était le marionnettiste, que ce soit ses parents, Ursula Parkinson, Kristen Loewy. Joanne restait toujours le pantin entre leurs mains. Jamais elle ne pourrait couper les fils qui la tenaient, maintenaient solidement à ce rôle dont elle n’arrivait pas à se défaire. Et pire encore, on aurait dit qu’elle prenait un malin plaisir à retourner dans ses anciens travers, sans possibilité aucune de s’en sortir.

Alors Joanne ne bronchait pas, pas même devant cette latence singulière qui sembla s’étirer à mesure que la directrice faisait courir ses doigts sur son bureau, la dévisageant comme si elle voulait lire au fin fond d’elle-même. Joanne restait crispée, dans l’attente. Il n’y avait rien d’autre à faire. Pourtant, la suite du propos la révulsa. Trahir Loewy ? Elle s’offusqua instantanément, la colère emplissait faisait bouillir ses sens, brouiller presque sa vue. Pourtant, le silence demeura, les lèvres de l’enseignante restant closes. Comme si elle était prête à endurer le jugement. Après tout, les faits jouaient contre elle, il était inutile de se battre en vaines paroles. Ses actes prouveraient à Loewy la loyauté qu’elle lui vouait. Sans frontière, sans concession.

Les doigts fermement accrochés à l’accoudoir de son fauteuil, Joanne tentait de ramener un calme apparent au fond d’elle-même. Pendant ce temps, la directrice semblait se délecter d’une friandise et Joanne eut un haut-le-cœur à la suite de son propos. Kristen venait de poser la question qu’elle refusait d’affronter depuis tant de temps. Ce qui expliquait, à ses yeux en tout cas, pourquoi elle avait demandé son aide à la Cheffe du Conseil des Sorciers. Joanne suffoquait presque sous la question, elle savait pourtant qu’elle n’échapperait pas à sa directrice, les mots que cette dernière lui avait laissé, quelques minutes plutôt, étaient très clairs.

Se redressant légèrement, et évitant soigneusement le regard de sa supérieure – pour ne pas lui montrer à quel point elle était faible – Joanne s’exprima doucement. Bien loin de la rancœur qui habitait son âme. « Il me fait peur ». Elle avait lâché ses quatre petits mots comme si de rien n’était, comme une enfant qui confie le vol d’un bonbon. Mais c’était l’affreuse vérité. Son père, dans toute sa grandeur, lui intimait une trouille sévère. De celle qui ne passe pas avec les mots. De celle qui lui laissait encore des cauchemars la nuit. Beaucoup trop violents. Trop présents.

Elle savait qu’elle ne pourrait pas s’en tirer si … facilement ? Kristen ne la laisserait pas sortir du bureau sans plus de détails. Mais que pouvait-elle dire ? Si les mots franchissaient ses lèvres, cela rendait réelles les choses qu’elle avait vécu. Alors qu’elle cherchait, depuis tant d’années, à annihiler. Et la gifle de son père, après l’enterrement de sa mère, avait douloureusement réveillé ce qu’elle avait cherché à fuir. Elle soupira, longuement, comme si elle cherchait le courage d’affronter ce qu’elle avait fui beaucoup trop souvent. « Je ne sais pas comment expliquer ça » … elle n’avait pas assez de mots alors, elle choisit les gestes. Beaucoup plus parlant. Sa cape vola doucement sur l’accoudoir. Prenant son courage à deux mains – et il en fallait beaucoup plus qu’elle n’en avait, elle se mit dos à la directrice, fixant un point à l’horizon comme pour se donner du courage. Et avec lenteur, elle releva le bas de son pull, juste assez pour que la directrice puisse apprécier la naissance de son dos, striées de diverses cicatrices, certaines plus claires et d’autres rougeoyantes, plus marquées, plus profondes. Elle n’avait pas besoin de tout voir. Cela lui suffirait sans doute à comprendre la peur qui terrassait la jeune femme et son cruel besoin de vengeance. Alors, d’un geste las, l’enseignante remis son pull comme il le fallait puis se rassit lourdement à la place qui était la sienne depuis plusieurs minutes à présent.

01 avr. 2020, 07:33
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Et soudain, son cœur se mit à battre la chamade. La peur dans l'attitude de Joanne, la peur qui transpirait de tout son être : elle n'avait jamais été si honnête qu'à cet instant. Kristen avait regardé les cicatrices de Joanne et serré les mâchoires, incapable de tout commentaire. Lorsque l'enseignante se rassit, Kristen continua de l'observer, profondément, avant de lâcher un long soupir à son tour. Elle eut envie de dire qu'elle était désolée - et ce n'était pas quelque chose qu'elle disait souvent, ou à n'importe qui ; du moins en le pensant sincèrement. Cette fragilité que Joanne avait dévoilé résonnait en elle. Ces cicatrices, elle les comprenait. Et oui, elle en était désolée, même si cela ne servait à rien.

« Je suis désolée. Vous n'avez pas besoin de l'expliquer, fit-elle à la fin de son soupir. »

Kristen laissa s'installer un nouveau silence, cherchant ses mots, compactant ces révélations dans son esprit, faisant des connexions. Une nouvelle inspiration, et elle dit :

« Mais... S'il vous fait peur, c'est une raison de plus pour vous en occuper vous-même. »

Elle croisa ses doigts et les fit glisser les uns contre les autres, ses yeux bleus désormais fixés sur ce petit mouvement de son corps. Kristen n'aimait pas parler d'elle.

« J'ai... connu un homme, il y a quelques années. Les cicatrices qu'il m'a laissées ne sont pas toutes visibles, mais la peur en est une. »

Elle releva ensuite sa main droite et l'observa sous toutes les coutures, du dos à la paume, la faisant tourner lentement. Cette main grisâtre, couverte de cicatrices en relief, qui lui rappelait chaque jour l'existence de Baldur.

« Ça... C'en est une autre. J'ai voulu le faire disparaître de mes propres mains. Je ne l'ai pas fait proprement et... vous ne pouvez pas imaginer à quel point je regrette de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. »

Son ventre se serra. Elle se sentait mal d'en avoir trop dit. Et pourquoi à Joanne, qui venait juste d'admettre qu'elle avait envisagé de jouer sur deux tableaux ? Kristen avait décidément du mal à évaluer à qui il était judicieux de faire confiance. Maintenant qu'elle avait parlé, elle se sentait coupable. Kristen ne pouvait pas avoir de faiblesses, encore moins montrer qu'elle en avait. Elle devait se montrer digne, impeccable, stoïque, un véritable modèle de mur. Elle se sentait mal, aussi, parce qu'elle ne savait pas pourquoi elle n'avait tout simplement pas tué Bal ce jour-là. Tout aurait été plus simple. Elle avait éprouvé une telle satisfaction à voir son sourire s'effacer, mais pourquoi ne l'avait-elle pas tué, tout bêtement ?

Elle rabaissa sa main et la posa sur sa cuisse, se pinçant un peu.

« Bref, tout cela pour dire : faites-le vous-même, et faites-le bien. Les peurs sont faites pour être anéanties. »

Kristen fit mine de chercher quelque chose du regard, n'importe où dans la pièce. Ses conseils n'étaient pas toujours très sages.

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15 avr. 2020, 11:42
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Il semblait à Joanne qu’une chape de plombe s’était abattue sur ses épaules. Elle venait de révéler à Kristen ce qui gouvernait son besoin de vengeance, ce qui avait fait qu’elle avait suivi, sans broncher, les conditions parentales. Elle avait peur à un stade au-delà de l’imaginable. C’était ancré dans sa chair, au plus profond de son être. Et le partage qu’elle en faisait ne rendait que plus vraie l’horreur qu’elle ressentait depuis des années. Là où elle avait pensé obtenir que l’effroi et du dégout, elle obtenait de … la compassion ? Elle n’aurait pas trop su dire mais c’était son ressenti quand Kristen parla. Il lui semblait qu’un mince fil de compréhension s’était tissé entre les deux femmes. Fragile. Presque imperceptible.

Et l’aveu frappa Joanne de plein fouet. Plus que la compassion qu’elle pensait voir dans les traits de sa directrice, ce léger mouvement des mains qui impliquait un malaise perceptible de la part de la directrice. Jamais Joanne ne l’avait vu ainsi. Assise avec son propre mal-être, elle tentait de démêler petit à petit les informations que Kristen lui donnait. Jusqu’à ce que la directrice lève la main à hauteur de son visage, l’observant sous toutes les coutures – ce que fit aussi Joanne avec une pointe de gêne : qui était-elle pour découvrir ainsi le passif de sa supérieure ? Elle refoula cette interrogation au plus profond d’elle-même pour la faire taire. Kristen et Joanne partageait cette souffrance commune des violences exercées par d’autres sur leurs personnes. Sur leurs corps. Sur leurs âmes.

Il y avait pourtant, au-delà de cette ressemblance, une toute autre vérité. Kristen, elle, avait eu le cran de vouloir s’occuper elle-même de son bourreau. Là où Joanne s’en sentait incapable. Elle avait voulu commencer une phrase, dire à sa directrice qu’elle était désolée, elle aurait aimé dire les mots qu’elle-même aurait aimé recevoir. Mais ils étaient coincés dans sa gorge, sa bouche était sèche et aucun son ne parvenait à sortir alors que Kristen lui faisait part de ce regret qui l’habitait – « ne pas avoir fait ce qu’il fallait » - cela résonnait presque comme une mise en garde.

Alors que Kristen reposait sa main sur sa cuisse, Joanne soufflait, expirait doucement. L’aveu de sa directrice lui tordait les boyaux, la renvoyait à sa propre douleur, à sa propre peur. Et surtout, à sa propre vengeance. Elle hocha la tête, évitant elle aussi le regard de sa supérieure. « J’y veillerai » fut tout ce qu’elle fut capable de sortir. Que pouvait-elle dire de plus ? Elle baissa son regard sur ses genoux, qu’elle tenait serrés comme si elle avait senti arrivée une attaque qui n’avait finalement pas eu lieu. Elle finit par lâcher, doucement « Merci … » tant pour la compréhension que pour cette partie de son passé que Kristen lui avait délivré.

Elle aurait voulu se lever, partir, pour faire taire cette sensation de malaise qui grandissait petit à petit en elle. Était-elle capable d’être à la hauteur ? C’était surtout là, le problème. Toussant légèrement, elle finit par admettre, dans un murmure « Mais à l’inverse de vous Kristen, je ne suis pas puissante. Je n’ai aucune capacité me permettant de …[/i] » elle hésita un instant, avant de finir dans un soupir « … de l’anéantir ».

28 mai 2020, 04:21
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Kristen secoua la tête, désolée que Joanne fasse partie de ces personnes doutant à ce point de leurs propres capacités qu'elles n'essayaient même pas. Tant de talents pouvaient être gâchés par un manque de confiance en soi. Kristen espérait sincèrement que Joanne, au fond, était d'une autre trempe. Elle voulait bien l'encourager, compatir, même : mais elle ne supporterait pas d'être déçue, et de se trouver face à une mollassonne se complaisant dans son propre malheur. Kristen étaient de ceux qui agissaient, pas de ceux qui attendaient que ça passe. Ainsi, elle ne supportait pas qu'autrui puisse volontairement emprunter un autre chemin. Malheureusement, la plupart des personnes qu'elle rencontrait étaient fainéantes : c'était pourquoi il était difficile d'acquérir son respect sincère. Sans doute était-ce là aussi le propre des Gryffondor : de ce côté, ils mettaient la barre haute. Elle soupira un peu. La directrice de Poudlard pouvait être dure, même lorsqu'au fond, elle donnait de précieux conseils. Malheureusement, beaucoup de gens étaient trop susceptibles pour voir qu'ils en étaient.

« Alors, c'est simple : devenez plus puissante. »

Croyait-on que Kristen était devenue qui elle était en se tournant les pouces ? Certes, elle avait toujours eu des facilités, mais cela ne faisait pas tout. On ne s'endort pas sur le talent : et il se travaille, s'aiguise. On ne peut pas espérer qu'un jour, la Providence nous fera obtenir ce que l'on veut. Il faut prendre !

« Arrêtez donc de laisser les autres décider pour vous. Arrêtez d'attendre. Arrêtez de subir. Décidez. Agissez. Contrôlez. »

Kristen s'était confiée, avait donné ses conseils. A voir ce que Joanne en ferait.

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29 mai 2020, 00:25
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
Devenir plus puissante. La Directrice de Poudlard était plutôt du genre à être avare de parole : il était rare qu’elle s’étale en discours inutile et profondément ennuyeux. Non, elle allait au bout des choses, sans se poser de questions, sans prendre de pincettes ni de gants. A quoi cela servirait-il de toute façon ? La phrase qu’elle laissa à Joanne eut l’effet d’une lame qui transperça son âme de part en part. Elle devait devenir plus puissante, se forger, autant le caractère que la force magique. Elle devait apprendre, inlassablement, se relever et se battre quel que soit les difficultés qui se présenterait à elle. Après tout, elle en était certaine : il y en aurait. Mais elle savait aussi que rien ne s’obtenait qu’avec la volonté. Il fallait travailler d’arrache-pied pour ça. Sans arrêt.

Elle hocha la tête doucement, ses yeux céruléens venant se figer sur le visage de Kristen, observant ses traits, la moindre de ses expressions. Cherchant à y lire, peut-être, une éventuelle émotion qu’elle ne découvrit pas. La directrice restait de marbre alors que chacun des mots qu’elle laissait pour Joanne laissait celle-ci vacillante, comme si elle était perchée sur un fil, à quelques mètres du sol, prête à basculer d’un côté ou de l’autre à la moindre brise. Kristen ressemblait davantage à une tornade qu’à une légère brise de fin d’été, mais qu’importe. Joanne le sentait, le présageait : si elle ne parlait pas maintenant, si elle ne démontrait pas qu’elle était capable de quelque chose – de s’affirmer, peut-être ? – alors Kristen la verrait toujours comme l’enfant qu’elle avait été. Une bâtarde battue, une esclave familiale.

Chaque mot résonnait dans l’esprit de l’enseignante, comme si chacun des propos de la directrice faisait écho à quelque chose qui n’avait encore jamais vibré dans la poitrine de Joanne. C’était une sensation difficile à décrire mais Joanne le savait, elle le sentait, juste là, entre ses côtes, sous son sternum. « Vous avez raison ». Trois petits mots lâchés à la volée, avant qu’elle ajoute, le regard allumé d’une étincelle singulière « Accepteriez-vous de m’aider à devenir plus … puissante ? ». Avant que Kristen ne puisse ouvrir la bouche, Joanne avait déjà ajouté « Il ne s’agit pas de faire à ma place, juste de … me tendre la main, si dans les mois à venir j’en ai besoin. Pour m’accrocher à ça, à ce après quoi je cours. J’ai conscience que c’est déjà beaucoup vous demander. Mais vous l’avez dit, il ne s’agit plus d’attendre ou de subir, mais bien de décider et d’agir ». Joanne ne savait pas encore comment s’y prendre, elle savait qu’elle parviendrait à trouver quelque chose lors de ces nuits d’insomnies, mais comment pouvait-elle être certaine d’y arriver ? Elle balaya cette pensée d’un revers de la main : elle devait y arriver, quoiqu’il lui en coûte.

29 mai 2020, 04:16
Faute avouée, à demi-pardonnée ?
La motivation qu'elle semblait avoir donné à Joanne rappela à Kristen qu'elle-même, à vrai dire, devait en faire plus pour régler ses propres problèmes. Elle devait en faire beaucoup plus qu'elle ne faisait déjà, et même si elle était déjà épuisée, elle devait aller plus loin. Faire appel aux directeurs et directrices des écoles magiques pour traquer Baldur à travers le monde n'avait visiblement pas suffi, alors peut-être devrait-elle partir à sa poursuite elle-même, tout simplement. Cela le ferait peut-être sortir de son trou... Cet enfoiré avait choisi le pire moment pour réapparaître et emmener Owen avec lui. Juste quand elle était coincée à Poudlard, à devoir protéger cette école qui, bien que forteresse réputée imprenable, serait peut-être plus attirante si elle s'absentait pendant trop longtemps - quoi que cette pensée était assez prétentieuse de sa part. Et puis, elle avait des centaines de choses à régler ici aussi... Sans compter qu'elle devrait sans doute passer par Parkinson pour quitter le territoire. Pour chercher où ? Elle secoua la tête : elle penserait à tout cela quand Joanne serait partie, comme elle y pensait déjà tous les jours.

« Je ferai ce que je pourrai. J'essaierai de vous soutenir. Mais ce travail doit venir de vous, avant tout... »

Elle soupira un peu. Elle voulait aider Joanne ; en tout cas, elle ne s'en fichait pas, et elle espérait que ses mots avaient déjà eu impact, mais elle ne pouvait pas vraiment se permettre d'ajouter cela sur sa liste.

« J'aimerais vous aider davantage, mais j'ai mes propres affaires à régler. Je ne peux plus attendre non plus. »

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