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10 févr. 2020, 00:32
A la lumière du Cœur  PV 
Elena était plantée devant la gargouille en pierre. Transie de froid, elle n’avait que faire de l’eau qui dégoulinait de ses longs cheveux noirs, du contact gelé de son maillot de bain sous son épaisse cape de sorcière, ou bien de la façon dont ses mains tremblaient malgré la fermeté avec laquelle elles restaient cramponnées au coffret qu’Elena tenait serré contre sa poitrine.

« J-je veux la voir, dit-elle en claquant des dents, son regard planté dans les yeux en pierre de la gargouille. »

*

Elle y était parvenue. Après des mois d’investigation, elle était parvenue à briser l’énigme de Kristen. Une énigme reçue sur un présent, au beau milieu du mois de juillet de l’année dernière. Il parait que les enfants aiment les chasses au trésor. Amuse-toi bien, disait le message. Elena n’avait pas vraiment la sensation de s’amuser dans le moindre domaine que ce soit. S’amuser ne faisait tout simplement pas partie du logiciel qui gravitait dans sa tête. Mais elle avait mis tout son coeur à tenter de percer le mystère de la boussole enchantée qu’elle avait reçue en cadeau et ce dès la première heure de son retour à Poudlard, le 1er septembre.

S’en était suivi de longs mois de recherche à travers tout le château, dès que son emploi du temps et ses devoirs le lui permettaient (elle était beaucoup trop studieuse et trop méticuleuse pour se permettre de bâcler les devoirs dont l’assaillaient les professeurs). La boussole gravée à ses initiales entre les mains, elle avait passé un nombre incalculable d’heures à arpenter tous les recoins de Poudlard, telle un fantôme, se demandant sans cesse ce que la boussole pouvait bien indiquer. Tout le long du processus, elle ne s’était pas souciée une seule seconde de l’image qu’elle renvoyait aux autres élèves : celle d’une fille un peu toquée qui occupait tout son temps libre à fixer le cadran d’une pauvre boussole en marchant, sans but, à travers les couloirs. Les moqueries ne l’atteignaient pas. Rien ne l’atteignait vraiment, si ce n’est peut-être la mine contrariée d’Arcturus quand elle lui avait fait comprendre qu’elle devait y arriver toute seule.

Quand elle avait fini par comprendre que la boussole indiquait un endroit fixe, Elena avait quadrillé tout le domaine, en long, en large, et même en travers, jusqu’à cet après-midi venteux de janvier où ses pas s’arrêtèrent au bord d’un précipice de trois mètres. Le lac noir s’étendait à perte de vue sous un ciel maussade. La pluie menaçait de tomber d’un instant à l’autre. Elena se moquait de la pluie, puisqu’elle avait compris qu’il lui faudrait plonger dans le lac pour résoudre l’énigme. Feuxnoyr, son fidèle phénix, avait tenté de la dissuader en refermant son bec sur la manche de sa cape de sorcière, mais Elena l’avait regardé avec une telle gravité que l’oiseau fantastique n’avait eu d’autre choix que de la laisser retirer ses vêtements et plonger vêtue d’un simple maillot de bain une pièce dans les eaux du lac noir.

Munie de sa boussole, d’un sortilège de Têtenbulle, d’une obstination sans limite et d’une rage de vivre sans pareille égale, elle avait extirpé le coffret de la vase, l’avait ramené à la lumière du jour, et toute dégoulinante d’eau, elle était retournée au château pour faire savoir à Kristen qu’elle avait réussi le défi.

10 févr. 2020, 03:29
A la lumière du Cœur  PV 
Kristen Loewy avait la conviction qu'on n'avait jamais rien sans rien. Elle était de ceux qui pensaient que le travail acharné valait plus que le hasard d'une naissance et qu'il fallait se battre seul pour obtenir ce que l'on voulait. C'était dans cette perspective qu'elle avait proposé cette petite énigme à Elena Stoyanov : une boussole envoyée l'été dernier, avec un message simple, non signé, mais dont l'identité de l'expéditeur ne laissait que peu de place au doute. Cette boussole indiquait un point précis, à Poudlard, au fond du lac, où se cachait une boîte. Une simple boîte. Kristen était curieuse de voir comment Elena s'en sortirait, quelles stratégies elle élaborerait pour venir à bout de cette chasse au trésor qui n'était pas exempte de dangers : une fois le point trouvé, il faudrait trouver un moyen de plonger au fond du lac, mais également prendre garde aux créatures qui peuplaient ses profondeurs. Kristen avait confiance en Elena Stoyanov : c'était une enfant pleine de ressources. Mais elle devait prouver une fois de plus qu'elle était digne de cette attention : parce que le nom de Stoyanov ne pouvait pas suffire. Elle devait se montrer digne du cadeau inestimable que Kristen lui offrait.

L’œil de surveillance s'agita autour de l'enfant trempée. Kristen, derrière son bureau, lâcha son exemplaire de La Gazette du Sorcier et saisit le cadre lié à l’œil entre ses mains, plissant les yeux pour mieux voir qui était sa visiteuse.

« Elena... »

Son cœur se serra un peu. Kristen avait proposé l'énigme mais ne s'était pas vraiment préparée à sa résolution, qui ne pouvait se faire qu'ici, dans son bureau. Elle lança un bref regard vers sa Pensine. Un long soupir s'échappa de ses lèvres. Elle avait presque envie de fuir, de repousser ce moment indéfiniment, de ne plus jamais laisser entrer Elena dans son bureau. Préparer ce cadeau avait déjà été une épreuve ; et voilà qu'elle devait s'y remettre. Plusieurs mois étaient passés, mais c'était quand même trop tôt. C'est toujours trop tôt pour ça...

Finalement, elle s'appuya sur son bureau pour se relever, marcha jusqu'à la porte, descendit les escaliers mouvants en colimaçon et vit l'enfant détrempée, tremblante de froid, autour de laquelle s'était mise à tourner un œil volant qui s'éloigna en voyant arriver la directrice. Kristen regarda Elena de haut en bas : il y avait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues, qu'elles n'avaient pas échangé ne serait-ce que quelques mots. Entre ses mains, l'adolescente tenait cette fameuse boîte.

« Tu ne pouvais pas attendre les beaux jours... »

Elle essaya de sourire mais ses lèvres restaient figées dans une expression douloureuse.

« Viens te réchauffer. L'as-tu ouverte ? demanda-t-elle en indiquant la boîte d'un mouvement de tête. »

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10 févr. 2020, 10:41
A la lumière du Cœur  PV 
Elle l’entendit descendre l’escalier avant de la voir. Kristen Loewy. La femme qui lui avait sauvé la vie. Les yeux noisette d’Elena s’animèrent tandis que la plus grande sorcière de son monde s’arrêtait devant elle, l’enveloppant de son ombre réconfortante pour l’enfant qu’elle était toujours. Il lui semblait que Kristen paressait plus fatiguée que dans son souvenir. Elena en éprouva un sincère pincement au coeur, ses doigts tremblants crispés sur le coffret. Elle aussi n’était pas en grande forme. Elle avait froid bien sûr, mais surtout elle avait mal. Mal dans tout le corps d’avoir autant nagé dans une eau gelée, mal d’avoir enduré les coups de griffes de ces satanées bestioles, et mal en dedans… mal de n’avoir obtenu aucune réponse à ce jour.

Mais peut-être que ce qu’elle venait d’accomplir rendrait Kristen assez fière pour la convaincre de devenir sa marraine. Elle l’espérait intimement.

« On ne-ne choisit p-pas le m-moment pou-pour se ba-battre, répondit-elle en baissant les yeux et en serrant les dents, honteuse de les entendre claquer à chaque mot. »

En conclusion, Elena préféra secouer sa tête pour répondre par la négative à la question de Kristen, ses mâchoires toujours fermement serrées. Non, elle ne l’avait pas ouverte. Elle attendait de partager ça avec elle, autour d’un thé peut-être, comme avant, quand elles étaient plus proches. Elena n’arrivait pas à reprocher à Kristen ses interminables absences — qui était-elle pour ça ? — mais une partie de son coeur pleurait sa première vie, ces jours qu’elles avaient toutes les deux passées à goûter la meilleure nourriture du pays, à boire du thé, à dévorer des livres sur la magie. En dehors d’Arcturus, Elena n’avait pas le moindre ami dans le château. On lui reprochait d’être trop spéciale, trop effrayante avec son grand phénix qui ne la quittait jamais, trop silencieuse au goût des autres élèves de son année. On lui reprochait même son nom.

Qui se prenait-elle pour prendre les gens de haut, disaient-ils, juste à cause de son nom — Stoyanov c’est ça ? Comme l’ancien directeur de l’école ? Et alors, qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? De quel droit les regardait-elle comme ça ?

Elena repoussa ces horribles voix dans un coin sombre de sa tête et se dirigea vers l’escalier sans faire attention au traces d’eau qu’elle laissait dans son sillage.

10 févr. 2020, 17:15
A la lumière du Cœur  PV 
Kristen s'écarta de l'entrée et avança son bras pour guider Elena vers l'intérieur.

« Certes. Mais quand on a le luxe de pouvoir choisir, il est sensé d'attendre le moment opportun pour agir, dit-elle comme une leçon délivrée. »

Elles pénétrèrent le bureau, et Kristen invita l'enfant à s'asseoir sur l'un des fauteuils de l'espace où elle avait l'habitude de recevoir ses visiteurs, autour de la table basse. Avant qu'elle ne s'asseye, Kristen pointa sa baguette sur Elena et sécha ses vêtements. Toujours sans rien dire, elle s'affaira à préparer le thé, car même séchée, l'enfant devait toujours être gelée. Ce petit rituel lui permettait de repousser un peu le moment de la découverte du cadeau et de l'entourer de détails superflus ; autant d'échappatoires possibles à la conversation qui allait venir. Alors, après avoir tout préparé, elle posa la théière typiquement anglaise, pleine d'eau chaude, sur un plateau, fit de même avec deux tasses, posa la boîte d'assortiment de thé et, pour Elena, ajouta une petite carafe de lait chaud et du sucre à côté. Ce faisant, elle se sentait un peu ailleurs, s'engageant totalement dans une activité pour en oublier une autre. Pour l'oublier, lui ; et pour repousser sa pensée jusqu'au tout dernier moment. Elle apporta le plateau jusqu'à la table basse, mit de l'eau chaude dans les tasses et enfin, s'assit. D'un ton hors de propos et en total désaccord avec son attitude trop sérieuse, elle demanda :

« Alors... Comment se passe ce début de troisième année ? »

Elle ne put empêcher son regard de vriller sur la boîte, mais comme on croise quelqu'un qu'on ne veut pas voir dans un couloir, ses yeux s'en détournèrent aussitôt.

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10 févr. 2020, 19:39
A la lumière du Cœur  PV 
Elena garda le silence tout le long du processus. Elle laissa Kristen sécher ses vêtements puis s’affairer à la préparation du thé, tandis qu’elle-même prenait place sur l’un des deux fauteuils de style baroque au bois noir qui jouxtaient la petite table basse en verre. Comme à son habitude, son regard vagabonda d’un coin à l’autre du bureau — qu’elle trouvait changé depuis son dernier passage. Elle s’attarda longuement sur les objets en argent et en cristal qui pendaient au plafond, leur trouvant une beauté certaine, et plus encore sur les étagères vitrées cadenassées à double tour par un gros verrou, car tout ce qui s’y trouvait entreposé était forcément précieux pour Kristen.

« Pouaf… groumf… »

Elena porta aussitôt son attention vers le fond de la pièce et leva ses yeux vers l’étagère où reposait le Choixpeau Magique. Il lui sembla, un bref instant, que le Choixpeau lui souriait, ses yeux plissés par une expression malicieuse. Mais quand Kristen posa le service à thé sur la table basse, le Choixpeau n’était plus qu’un vieux chapeau miteux abandonné sur une étagère.

« Je ne pouvais pas attendre, dit Elena en regardant Kristen droit dans les yeux. Je ne peux pas m’empêcher de tout savoir. »

Elle se délecta des parfums qui s’échappaient subtilement de la boîte d’assortiment de thé, un sourire naissant sur ses lèvres. Les souvenirs des premiers jours lui revenaient dans les moindres détails. Elle posa soigneusement le coffret sur ses cuisses, avança ses fesses vers le bord du fauteuil, et se pencha sur la boîte d’assortiment de thé dont elle souleva le couvercle avec une précaution toute enfantine.

« Je n’ai que des Optimal, répondit-elle. Les professeurs sont contents de moi. Irina dit que je dois commencer à penser à mon futur. Viktoria pense que c’est trop tôt, que je dois profiter de mes jeunes années. Arcturus a choisi la filière Sport et Soins. J’ai choisi la filière Complète en demandant l’autorisation au professeur Taylor d’assister à ses cours. Irina dit qu’il y a des runes partout à Durmstrang et qu’un jour elle m’obtiendra l’autorisation de le visiter. »

Son choix arrêté, Elena plongea le filtre à thé dans sa tasse. Elle respira le parfum puissant qui s’en dégagea instantanément et renfonça ses fesses dans le fauteuil. Ses doigts revinrent instinctivement caresser le coffret posé sur ses cuisses.

« Je suis contente d’être avec vous, dit-elle, souriante, avant de baisser ses yeux sur le coffret. Je vous l’ai ramené. Qu’est-ce qu’il contient ? »

12 févr. 2020, 04:12
A la lumière du Cœur  PV 
Kristen imita sa jeune invitée et plongea un sachet de thé dans l'eau chaude de sa tasse. Elle le fit remonter puis redescendre plusieurs fois pour que l'eau s'imprègne plus vite ; son impatience venait même déranger ce rite sacré. Finalement, elle lâcha le sachet et le laissa nager tranquillement. Elle ne le retirait jamais : son thé était toujours infusé jusqu'à saturation, sans sucre et sans lait ; l'eau devenait tout à fait noire et il était impossible de voir le fond de la tasse.

Quand Elena demanda ce que contenait le coffret, les yeux de Kristen se posèrent à nouveau dessus, avant de revenir à sa tasse. Elle fit à nouveau plonger le sachet dans l'eau, d'un geste mécanique, régulier, répétant ce geste comme si elle ne venait pas tout juste de l'achever.

« Il n'y a pas que des runes à Durmstrang. On y trouve aussi, sur des poutres notamment, des incantations primitives, gravées par des centaures des montagnes. Je les avais moi-même confondues avec des runes. Je dois toujours en avoir des copies, quelque part... »

Sa tête se tourna vers une étagère remplie de carnets de moleskine noire, carnets dans lesquels elle consignait tout ce qui l'intéressait depuis sa jeunesse. Trois d'entre eux avaient voyagé à Durmstrang, quand, adolescente, elle y avait séjourné.

« Ces carnets consignent toutes mes recherches et toutes mes ambitions secrètes depuis des années. Je devais être à peine plus âgée que toi quand j'ai commencé le premier, et je n'ai jamais arrêté depuis. Je n'oserais pas te montrer un dixième de leur contenu, bien sûr. »

Soupir. Kristen se demanda combien d'horreurs, écrites sur ces pages, elle avait pu oublier. Tournant à nouveau la tête vers Elena, et vers le coffret posé sur ses cuisses, elle ajouta :

« Ce sont des souvenirs, en somme. Comme ce que contient cette boîte. »

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13 févr. 2020, 21:37
A la lumière du Cœur  PV 
Entendre Kristen parler de Durmstrang fit s’envoler tout un tas de papillons dans le ventre d’Elena. Elle dévora des yeux les carnets de moleskine noire durant une bonne minute, captivée par la simple idée de les ouvrir et de les étudier page après page. Kristen n’entendait pas lui laisser l’accès à ce contenu, justement pour ce qu’il représentait pour elle, mais cela n’empêcha pas Elena de le désirer.

Le mot « souvenir » la ramena brusquement du pays imaginaire où elle se voyait éplucher chaque annotation de son mentor. Elle cligna des yeux, son nez se remplissant des bonnes odeurs du thé, et se pencha sur sa tasse pour en extraire le filtre. Elena buvait son thé correctement infusé, ni trop ni pas assez. Attendant qu’il refroidisse un chouia, elle mobilisa toute sa réflexion sur les dernières paroles de Kristen. Comment cette boîte pouvait-elle contenir des souvenirs ? L’idée lui parut saugrenue jusqu’à ce que les rouages de sa mémoire disciplinée lui fassent remonter l’image d’une pensine dans un vieux grimoire qu’elle avait étudié quatre mois plus tôt. Instinctivement, son regard se porta aussitôt sur celle de Kristen, dans un coin de la pièce.

Perturbée par cette révélation, elle ne se sentit même pas ouvrir le coffret mais le fait est que lorsqu’elle baissa ses yeux sur lui, le coffret était ouvert sur une série de fioles en verre soigneusement étiquetées. Chaque étiquette comportait une date et un seul mot descriptif. Elena ne comprenait pas trop pourquoi, mais elle sentait son coeur battre plus fort dans sa poitrine. Que pouvaient bien raconter ces souvenirs ?

« Je ne comprends pas. »

Instinctivement, son regard se figea sur une étiquette en particulier : 22 mai 2039. Infirmerie. Prenant toutes les précautions possibles et imaginables, Elena retira de son socle la fiole correspondante et la porta devant ses yeux. Le liquide d’un blanc nacré qui tournoyait à l’intérieur accéléra un peu plus son rythme cardiaque. Elle déglutit, mi-intriguée mi-angoissée par ce que dissimulait ce liquide.

« Que s’est-il passé le 22 mai 2039 ? »

13 févr. 2020, 23:08
A la lumière du Cœur  PV 
Elle ne put s'empêcher de se mordiller la lèvre quand Elena ouvrit le coffret. Le premier flacon qu'elle sortit était probablement le plus dérangeant. Après s'être raclé la gorge, Kristen répondit à l'enfant :

« Tous ces souvenirs concernent Arseni. »

Sa main agrippa sa tasse et elle y trempa les lèvres. Le thé était encore trop chaud, mais il lui donnait un peu de contenance le temps qu'Elena absorbe la révélation. Kristen savait qu'Elena était captivée par son histoire familiale, peut-être plus encore par Arseni.

« Celui-ci te semblera étrange. Tu ne me reconnaîtras peut-être pas. Je pensais être quelqu'un de bien, à l'époque, doté d'un grand sens moral, dit-elle tandis qu'un sourire désolé apparaissait sur ses lèvres. Mais peu importe, ce n'est pas de moi que l'on parle. Ce qu'Arseni a fait pour moi ce jour-là est représentatif de la personne qu'il était. »

Avant de mettre ce souvenir dans une nouvelle fiole, Kristen s'y était totalement replongée. Elle s'était vue si sûre de sa bienpensance, si sûre de sa moralité sans failles, complètement disposée à accepter d'être envoyée à Azkaban pour un simple sortilège Doloris... Cette Kristen-là était morte quand elle avait retrouvé ses souvenirs ; en fait, cette Kristen-là n'avait jamais vraiment existé. Elle était une pure création, un être façonné de toutes pièces avec un passé complètement falsifié, en ôtant tout ce qui faisait d'elle la personne dérangée qu'elle était. Nathan Stein, en modifiant une grande partie de sa mémoire, avait voulu en faire quelqu'un de bien. Peut-être était-ce une preuve d'amour inestimable : il avait voulu l'écarter de ce chemin néfaste qu'elle avait emprunté et qu'on lui avait de nombreuses fois reproché. Il avait voulu effacer toute trace de culpabilité de sa vie. Kristen l'avait pourtant haï pour cela. Concernant Arseni, il n'avait pas sauvé une innocente de la prison, comme il l'avait dit : il avait permis à Kristen de passer entre les mailles du filet, une fois de plus. Selon toute logique, elle aurait dû être enfermée à Azkaban depuis bien longtemps. Le savoir l'encourageait-elle à changer, aujourd'hui ? Non. Qu'aurait-il dit, cet Arseni de mai 2039, s'il avait su ?

« Je préférerais que tu découvres ce souvenir seule. Verse le contenu de la fiole dans la Pensine et plonge ta tête dedans. »

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15 févr. 2020, 17:29
A la lumière du Cœur  PV 
L’angoisse avait pris le dessus. Incrédule, Elena dévisageait Kristen. Tout ce mélangeait à grand coup de cymbales dans son petit cœur : la reconnaissance, l’excitation, le trouble, la peur, mais de toutes les émotions, l’angoisse était la plus virulente. Elena n’arrivait tout simplement pas à réaliser qu’elle allait voir ce demi-frère dont le nom lui brûlait le cœur à chaque fois que ses yeux le découvraient quelque part. Elle était incapable de parler, pas même de remercier Kristen pour ce cadeau inestimable pour lequel Elena aurait replongé mille fois dans le lac noir, quelle que soit les conditions météorologiques.

Elle posa le coffret à côté de sa tasse de thé puis elle s’avança vers la pensine de Kristen, la fiole étiquetée 22 mai 2039. Infirmerie entre les mains. Suivant scrupuleusement les indications de son mentor, elle versa le contenu de la fiole dans la pensine. Les pensées révélèrent des formes indistinctes en touchant le fond de la pensine. Elena risqua un regard par-dessus son épaule — Kristen la regardait — et prit une grande inspiration avant de se percher sur la pointe des pieds pour plonger sa tête dans le liquide.

Elle eut l’impression d’être soulevée par la main de Dieu et de dégringoler un immeuble de six ou sept étages avant que ses pieds ne se posent dans l’infirmerie de Poudlard, ce 22 mai 2039. Complètement déboussolée, Elena sursauta quand cette voix chaleureuse éclata à côté d’elle :

« Bonjour Kristen. Comment vous sentez-vous ? »

Elle pivota doucement sa tête et prit une grande inspiration pour étouffer le sursaut de son cœur. Il était là, à seulement quelques centimètres d’elle, assis sur une chaise. Le cœur d’Elena se contracta violemment et les larmes lui montèrent instantanément aux yeux. Elle fondit en larmes, sans contenir ses sanglots, les lèvres tremblantes, tandis qu’elle dévorait les traits angéliques de son demi-frère pour se perdre dans ses formidables yeux noisettes. Qui avait-il de plus déroutant que de regarder des yeux qui ne se distinguaient en rien des siens ? Bouleversée, Elena manqua de tomber sur les fesses en reculant, n’eut été la voix de Kristen pour pétrifier tous les muscles de ses jambes.

« J’ai connu meilleurs jours, dit-elle d’une voix éraillée. Je crois cependant que sans vous, je serais dans un bien pire état. »

Elena étouffa un hoquet de surprise en découvrant cette version de Kristen. Alitée, cette Kristen n’avait rien de la femme terriblement charismatique qu’Elena avait laissée derrière elle. Elle se surprit même à éprouver de la pitié pour son état.

« Merci, poursuivit Kristen, les yeux luisants. Et vous, comment vous sentez-vous ? »

Elena ramena son regard embué sur son demi-frère, à peine capable de le distinguer derrière son rideau de larmes ininterrompues. Elle luttait de tout son corps pour ne pas se jeter sur lui et l’enlacer, lui crier merci d’avoir bouleversé sa vie en lui envoyant Kristen.

« Je me sens comme un homme qui vient d’en tuer un autre… »


Cette fois, Elena tomba à la renverse. Elle était revenue dans le bureau de Kristen, en ce mois de janvier 45. Elle se mit à ingurgiter l’oxygène à pleine bouche, sa poitrine soulevée par des terribles haut-le-cœur.

« Il… »

Elle inspira, ses poumons en feu lui arrachèrent une grimace.

« … il s’est condamné à votre place. »

Il fallut deux bonnes minutes à Elena pour retrouver un souffle normal et un contrôle raisonnable de ses émotions, quand bien même l’image du visage d’Arseni trottait continuellement dans son imaginaire. Elle avait encore bien du mal à digérer tout ce qu’elle avait vu dans la pensine mais une chose était certaine, son demi-frère avait sauvé Kristen. Elena essuya ses larmes d’un revers de manche et bascula sa tête par-dessus son épaule. Les yeux vibrants d’émotion, elle décrocha son plus beau sourire à Kristen malgré les frémissements de ses lèvres.

« Il n’était pas un homme sombre et sans morale. Il était tout le contraire. »

Elle fut prise d’un rire nerveux, épuisée par le tourbillon d’émotions qui l’avait siphonné tout le long du souvenir.

« Merci professeur. De tout mon cœur, merci. »

Et elle pleura en se faisant la plus petite possible, ses bras serrés autour d'elle-même.

15 févr. 2020, 18:50
A la lumière du Cœur  PV 
Assise sur son fauteuil, Kristen suivit Elena du regard lorsqu'elle se dirigea vers la pensine, le cœur lourd. Quand l'enfant lui jeta un regard par-dessus l'épaule, la directrice de Poudlard essaya de sourire un peu, mais ce sourire était triste. Pendant qu'Elena explorait son souvenir, Kristen faisait inlassablement glisser le bout de son index sur le bord de sa tasse, puis sur l'anse, caressant les formes de l'objet. Le temps lui sembla s'écouler très lentement. Finalement, elle se pencha en avant et posa ses coudes sur ses genoux, les mains sur le front.

Elle se redressa vivement quand Elena sortit du souvenir. Kristen l'entendit dire : il s'est condamné à votre place. C'était un fait, mais l'entendre de la bouche d'Elena lui mit une nouvelle claque. La jeune sorcière semblait submergée par l'émotion, tandis que la propriétaire du souvenir se sentait terriblement vidée. Plus Elena commentait ce qu'elle venait de voir, louant Arseni - à raison -, plus Kristen se sentait coupable.

« Oui... c'était un homme bien..., dit-elle d'une voix à peine audible. »

Elle eut du mal à bouger ses jambes pour se lever. Elle aurait préféré s'enfoncer dans son fauteuil et ne plus avoir à parler, être seule. Maintenant, Elena était convaincue qu'Arseni était merveilleux. De l'autre côté, sa propre réputation auprès de l'adolescente en prenait un coup - du moins se l'imaginait-elle -, et ce sacrifice était assez difficile à supporter. A côté d'Arseni, Kristen souffrait clairement la comparaison. Et encore, ce souvenir était loin de montrer ce qu'il y avait de pire chez elle : ce n'était qu'une personne qui se pensait très bien qui avait accepté d'échapper à la prison. La vérité était tout autre...

La directrice de Poudlard parvint tout de même à se dresser sur ses jambes et se dirigea vers la pensine. D'un coup de baguette, elle récupéra le souvenir et l'introduisit dans la fiole d'où il avait été extrait. Elle bouchonna la fiole et la reposa sur le bord de la pensine, dans un des trous prévus à cet effet. Sans rien dire, elle se tourna et marcha jusqu'en face d'une bibliothèque au hasard, pour pouvoir tourner le dos à Elena en donnant l'impression d'observer quelque chose. On l'entendit dire :

« Ne laisse jamais personne prétendre le contraire. »

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