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11 avr. 2018, 23:14
Pensine



I'm a feline Casanova



  On avait hésité entre Amadeus et Ludwig et on avait choisi Ludwig. D’abord, parce que Kristen préférait Beethoven à Mozart, mais aussi parce qu’on trouvait que le nom de Ludwig seyait parfaitement à une créature de cet acabit. La dame en noir avait d’abord arqué un sourcil, avait fait passer ses yeux bleus perçants d’Aude à Ludwig, puis de Ludwig à Aude. Elle n’avait pas demandé : « c’est quoi, ça ? » parce qu’elle savait évidemment ce que c’était que ça. En revanche, elle avait demandé :

« Pourquoi ? »

  Aude lui avait expliqué qu’elle l’avait trouvé dans la rue, près de Sainte-Mangouste, seul et apeuré. Kristen avait hésité entre un soupir et un rire attendri et avait finalement choisi cette deuxième option.

  Ludwig, c’était désormais leur chat. Ce chat de couple très semblable à une sorte de ciment. Il était minuscule, blanc à rayures gris clair et avait des yeux oscillants entre le bleu et le gris. Il était fier et haut sur pattes. À l’heure où je vous raconte ceci, Ludwig se pavane dans les appartements d’Aude et Kristen, grimpant sur les meubles comme s’ils étaient autant de trônes, siégeant sur le lit comme s’il avait toujours eu le droit, depuis sa naissance, de se tenir là où il était. Ludwig avait vite oublié qu’il avait été ramassé dans la rue et qu’il aurait pu être dans un état misérable si Aude ne l’avait pas adopté.

  Ludwig observait son Empire d’un air hautain : il détestait qu'on dise qu'il était un simple, un vulgaire chat. On pourrait lire dans son regard les mots suivants : « comment ça, un chat ? », et ses oreilles démesurées de se dresser sur sa petite tête poilue, équivalent d’une intonation indignée. Ludwig aimait ses maîtresses, car il sentait qu’il se pavanait remarquablement bien à leurs côtés ; il se sentait le Roi des Chats – que dis-je ! – le Roi du Monde. Ce grand château de pierres était sien, il aimait se frotter le dos aux angles des murs, se faire les griffes sur cette vieille tapisserie moyenâgeuse que tout le monde détestait (mais personne n’osait le dire), faire tomber les objets précieux de ses maîtresses en trônant sur les meubles et les voir se reconstituer d’un coup de baguette en bois. Plus que tout, Ludwig aimait faire des roulades au milieu du bureau de l’une de ses maîtresses, quand il était autorisé à s’y rendre. Il prenait alors pleine possession de cette pièce qui lui était parfois interdite avec une satisfaction emprunte de sournoiserie. Il aimait aussi monter sur le bureau de sa maîtresse en noir quand elle était occupée à remplir des parchemins : il se glissait entre la feuille et sa maîtresse et s’étirait de tout son long, signe que Sa Majesté exigeait quelques caresses. Il faisait sa vie de Fléreur avec toute la dignité et la grandeur d'une neuvième symphonie.

    Aujourd’hui, Ludwig était un Fléreur heureux. Il avait toujours eu un bon feeling avec sa maîtresse aux cheveux jaunes, celle qui l’avait recueillie dans la rue (qu’il considérait comme une demeure purement transitoire). Il avait été un peu plus méfiant avec l’autre, celle en noir. Au début, il ne la sentait pas et lui avait bien fait comprendre d’un grand coup de griffe bien acérée sur le dos de la main quand celle-ci avait honteusement tenté de le caresser - alors qu’à cette époque, je le répète, il ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam ! Il avait été sur ses gardes puis avait fini par comprendre que cette maîtresse-là était aussi bien que l’autre ; simplement différente.

    Ne vous étonnez pas d'apercevoir Ludwig observant son domaine éternel du haut du toit d'une des tours ; Ludwig n'a pas peur du vide, Ludwig n'a peur de rien, tant que cela reste en accord avec son panache époustouflant.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

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17 avr. 2021, 00:15
Pensine

2034


En ce temps, le département de contrôle et de régulation des créatures magiques du Ministère de la magie avait des mœurs légèrement différentes. Officiellement, bien sûr, les différents services n'engageaient pas de sorciers venus de l'extérieur, de ceux que l'on appelait timidement "brigade spéciale", et moins timidement "chasseurs". Pourtant, le Ministère ne se privait pas de faire glisser de ses caisses quelques gallions alloués à ces primes, qui étaient assez régulières pour vivre correctement sans être employé officiel de l'institution. Les services liés aux animaux ne posaient pas trop de souci, car il n'était de toute façon pas possible de parlementer avec des bêtes. Si l'une d'elles devenait trop dangereuse, elle devait être mise hors d'état de nuire, point barre. En ce qui concernait le service des Êtres, quand les négociations n'étaient plus possibles, si toutefois elles avaient été envisagées, on envoyait ces braves mercenaires capturer les vampires un peu trop gourmands, les géants trop fiers de leur force, les loups-garous et autres harpies hors de contrôle. On osait faire entorse au règlement concernant le traitement des créatures partiellement humaines si, comme nous le verrons plus tard, la situation le justifiait. On rougissait un peu, bien sûr, mais un accident est si vite arrivé, après tout. Certains prétendaient même que de toute façon, un vampire n'avait rien d'humain : ce n'était rien de plus qu'un monstre assoiffé de sang. Et puis, dans "contrôle et régulation", il y a "contrôle et régulation", mince alors ! D'autres affirmaient, bien droits dans leurs bottes, qu'ils étaient humains comme vous et moi, dotés d'une intelligence, et qu'il fallait les traiter comme tels. Mais qu'un vampire s'attaque à votre gamine, et ce n'était plus la même chanson. Il en avait toujours été ainsi, avec les bienpensants. Aujourd'hui encore, on pouvait fortement réprouver les méthodes supposées de Kristen Loewy : du moment que les gamins étaient bien au chaud entre les murs de Poudlard, ce n'était pas si grave. La fin justifie les moyens, et cætera.

Travailler en tant que membre de la brigade spéciale du département de contrôle et de régulation des créatures magiques n'était pas le job idéal d'une passionnée de bébêtes comme Kristen, qui préférait prendre soin des hippogriffes que couper les patounes velues des acromentules. Si elle avait participé à la capture de trolls stupides, au nettoyage de lacs infestés de bêtes aquatiques s'attaquant aux pêcheurs, et autres nuisibles, éliminer des personnages à peu près humains posait beaucoup moins de problèmes à Kristen Loewy que s'attaquer aux animaux. Les animaux pouvaient difficilement se défendre. Mais entendre un vampire plaider sa cause, une goutte de sang au bord des lèvres, ça, c'était intéressant. On les ligotait, on les empêchait de marcher d'une façon ou d'une autre et hop! direction les geôles toutes faites pour eux. Et s'il y avait de fâcheux accidents, une cible qui succombait à ses blessures, eh bien, on se faisait tout petit : on appellera ça "bavure" et puis on passera à autre chose. C'est bien ce qu'on disait pour la brigade d'élite des tireurs de baguette magique, alors pourquoi pas ?

Kristen n'avait jamais voulu faire partie de la grande famille des fonctionnaires, ces personnes dépourvues d'idéaux qui vendent leur âme à l’État. Ce à quoi elle aspirait, c'était la liberté ! Ni dieu, ni maître ! Et surtout pas de patron ! Malheureusement, il fallait bien en passer par là : si les intervenants des "brigades spéciales" n'étaient pas nécessairement enregistrés dans les papiers du ministère, il y avait toujours un contact avec l'organisation. Mais au moins, une fois le travail fait, on ne se sentait pas prisonnier de la grande institution. En théorie, on était libre de quitter le poste quand on le souhaitait. En sortant de la Grande École de l'Art du Duel avec les résultats qui étaient les siens, Kristen aurait pu aspirer au sacro-saint poste d'Auror. Bien sûr, ce métier ne lui faisait nullement envie : trop demandé, il en perdait son charme. C'était comme tous ces gens qui voulaient faire de la politique, ou avocat, ou professeur : quel ennui ! Elle avait bien pensé à la brigade de police magique, mais franchement, Kristen, flic chez les sorciers ? Quelle ironie, pour celle qui aurait pu passer le restant de ses jours en prison.

L'avantage de la chasse pour le compte du Ministère, c'était que dans ce cadre, on n'était pas tellement regardant sur les méthodes. L'objectif était toujours très simple : ramener la cible pour qu'elle soit jugée, ou pas, et enfermée dans une cage comme un animal de foire. Parfois, quelques beaux spécimens étaient envoyés on-ne-sait-où, c'est-à-dire au Département des Mystères, où des cinglés s'amusaient probablement à les disséquer - mais ça, on n'en savait vraiment rien.

Si les trolls avaient un côté amusant, comme tout ce qui était assez gros pour offrir un minimum de challenge, il étaient trop lourdauds pour Kristen. Ils manquaient de grâce, de finesse, et puis c'est une vraie galère à trimbaler, un foutu troll ! Le péché mignon de Kristen, c'était les vampires : ceux qui étaient suffisamment dangereux pour figurer sur la liste noire du Ministère étaient toujours assez causants. Certains adoraient expliquer pourquoi ils n'avaient pas à se priver, pourquoi ils ne se flagellaient pas : c'est la nature, merde, toi tu manges ton steak saignant et personne ne dit rien ! Kristen écoutait les simples affamés avec une certaine curiosité, mais sans réellement avoir d'avis : ils n'avaient peut-être pas totalement tort, mais dans ces cas-là, elle était surtout là pour tirer. D'autres étaient bien plus subtils : ils décrivaient avec précision le goût du sang, estimaient que tout le monde avait déjà goûté le sien avec un certain plaisir mais que celui des autres, c'était quand même d'une autre gamme, et qu'il y avait de grands crus même chez les Moldus. D'autres encore étaient tout bonnement cinglés, et c'était sans doute ceux-là que Kristen préférait.

Un jour, donc, elle dut partir en mission avec une petite équipe de deux autres sorciers pour chasser un vampire qui sévissait dans un bois aux abords d'un petit village qui avait pour seuls lieux d'intérêt un bar-tabac et une boucherie. Les rares jeunes filles qui peuplaient ce village de vieillards avaient disparu dans d'étranges circonstances et avaient été retrouvées dans ce bois, pâles comme la mort, vidées de leur sang. On apprit plus tard, de la bouche même d'une survivante planquée dans un village voisin, qu'elles avaient suivi le vampire de leur plein gré, persuadées de vivre une grande histoire d'amour interdit avec un sulfureux buveur de sang - car le vampire n'avait en rien caché sa nature, c'était même son argument pour attirer les adolescentes dans la forêt. Qu'on ne se demande plus pourquoi Kristen avait continué de trouver les adolescents stupides, même après avoir quitté Poudlard !

On le retrouva perché sur un arbre, comme s'il attendait qu'on vienne le chercher.

« Ma foi, je suis repu ! fit-il en se tapotant goulûment le ventre. »

Les baguettes déjà pointées sur l'individu ne tardèrent pas à cracher leurs étincelles, mais tout repu que fut le vampire, il était toujours fort leste et sauta d'une branche à l'autre avant de poser le pied par terre. Les collègues de Kristen n'étaient ni très fun, ni très bavards, aussi continuèrent-ils à lancer leurs sortilèges en tous sens. L'un d'eux finit par toucher sa cible mais croyez-le ou non, il s'agissait d'un banal maléfice de Jambencoton : quel manque de style ! Les habiles membres de l'être se dérobèrent sous son poids et il s'étala, face contre terre. La jeune Kristen n'avait pas eu l'occasion de discuter : alors, qu'en pensait-il, lui, du steak saignant ? Et des grands crus ? Elle en éprouva une certaine frustration. Elle s'approcha donc de l'individu, s'accroupit face à lui et lui demanda très poliment :

« Monsieur, que pensez-vous de votre condition ?
- Madame, vous puez l'ail, siffla-t-il. »

Kristen sourit un peu et sortit de la poche de sa cape une tresse d'ail. Elle l'agita comme un pendule devant le nez du vampire, qui grimaça affreusement.

« Qu'est-ce que tu fous, toi ? On n'est pas là pour causer, éloigne-toi, qu'on le ligote et qu'on rentre. J'suis de corvée de dîner ce soir. »

Pas très fun, vous disais-je. Kristen lui envoya la tresse d'ail, qui rebondit sur son torse avant de retomber au sol.

« Pour votre dîner.
- Attention ! »

Le vampire avait agrippé la jambe de Kristen et cherchait déjà à y planter ses dents. Elle lui donna un violent coup de pied en plein visage, ce qui eut pour effet de le faire reculer. Le collègue cuisinier d'un soir s'avança, l'air grognon, les poings serrés et poussa Kristen sur le côté pour s'approcher du vampire.

« Tu veux bien arrêter de faire la maligne, deux secondes ? »

Kristen leva les yeux au ciel, l'air de dire : ça va, si on peut plus s'amuser ! L'autre femme qui faisait partie de l'équipe s'approcha à son tour et ligota le vampire à l'aide du sortilège de prison de cordes.

« Il y en a, ici, qui voient un peu plus loin que la mission. On peut peut-être en tirer quelque chose avant qu'il ne finisse sur une table de dissection, ou que sais-je, fit remarquer Kristen.
- Pitié, qui nous l'a foutue dans l'équipe ? Il y en a, ici, qui font leur boulot en évitant de se faire croquer la jambe, point barre ! dit l'homme.
- On ne va rien en tirer, par contre on va le tirer lui, conclut la femme avec une certaine détermination et un air qui laissait entendre qu'elle était satisfaite de son... trait d'esprit. »

Alors, elle fit léviter le vampire tout emberlificoté dans ses cordages, et s'en retourna, direction le Portoloin qui devait les ramener dans leur secteur du Ministère. Ses deux partenaires suivirent la cadence sans mot dire et se fusillant du regard. Cette capture avait été d'une facilité enfantine, pliée en moins de deux. C'était en tout cas ce qu'on pensait à ce moment-là.

Le vampire déploya sa force et parvint non seulement à faire craquer les cordes qui l'enroulaient, mais le maléfice de Jambencoton avait aussi cessé de faire effet. Sans réfléchir, il se jeta sur la sorcière en tête du groupe et planta ses dents dans son cou, tandis qu'une de ses mains lui enserrait la taille et que l'autre lui griffait violemment le visage. Il se retourna, accroché et à elle, et en fit une sorte de bouclier humain. La pauvre sorcière avait le visage tout griffé, du sang perlait de son cou, et le bras tenant sa baguette ne pouvait pas bouger. Kristen et le sorcier pointèrent aussitôt leurs baguettes sur la cible, mais la fenêtre de tir était mince. Alors, la sorcière capturée prit l'initiative : elle lança un maléfice explosif en direction du sol pour se dégager. C'était sacrément osé, mais la manœuvre réussit : au prix d'une jambe, elle parvint à se sortir de là. Le vampire, qui faisait désormais face aux deux sorciers toujours debout, se jeta sur Kristen comme un animal enragé. Elle ne réfléchit pas plus qu'il ne l'avait fait en attaquant sa partenaire.

Le vampire retomba au sol, une plaie profonde lui barrant le ventre. Il pissait le sang, se vidant presque de ses entrailles. Devant tout ce sang, celui du vampire mais aussi celui de sa collègue, l'homme se mit à vomir. Kristen, quant à elle, s'approcha de sa collègue féminine et se mit à son niveau.

« Il faut rentrer vite, vous perdez beaucoup de sang. »

La femme releva sa tête rougie d'un sang qui se mélangeait à ses larmes.

« Me tou...chez pas, vous ! »

Kristen ne l'écouta pas et entreprit de lui lancer des sortilèges de premiers secours. Si elle devait mourir, autant qu'elle ne meure pas ici, ça aurait fait mauvais genre. Les plaies commençaient doucement à se refermer quand la main de Kristen fut repoussée par une mouvement magistral de la femme.

« Me touchez pas ! Je ne veux pas de votre magie souillée !
- Ne soyez pas stupide, ou ce n'est pas seulement votre jambe que vous perdrez. »

L'homme, qui avait finit de rendre à la terre ses carottes du midi, s'approcha en s'essuyant peu élégamment dans sa manche.

« Pousse-toi, toi, je vais m'en occuper. Je te laisse ramener la cible, tu t'expliqueras avec le patron. Ah, et on embarque le Portoloin. À plus. »

Kristen pensa d'abord à rétorquer qu'elle n'avait pas de patron, mais elle s'abstint de faire tout commentaire. Ses deux collègues du jour disparurent au loin, l'un portant l'autre, laissant Kristen comme une pauvrette au milieu d'une mare de sang et d'un vampire à moitié éviscéré. Elle se retourna vers ce dernier et demanda calmement :

« Vous êtes mort ? »

Pas de réponse : elle prit cela pour un oui, bien qu'elle fût presque tentée de vérifier en inspectant son corps avec le bout d'un bâton. Finalement, elle n'avait pas pu avoir sa fameuse discussion sur les grands crus.

D'abord, elle réfléchit à un moyen magique de recoudre la plaie, mais Kristen n'avait rien d'un médicomage. Elle était bonne pour ouvrir de bonnes grosses plaies, beaucoup moins pour les refermer - on n'en était plus au stade des premiers secours. Il fallait au moins nettoyer tout ce sang, ce ne serait pas bien difficile. Ensuite, elle se débrouilla pour éviter de se la jouer Petit Poucet, à semer des petits bouts de vampire sur son chemin, avec un système D qui le faisait plus passer pour le monstre de Frankenstein que pour Dracula. Enfin, elle regagna le Ministère en transplanant, faisant quelques étapes en chemin, et termina par la cheminée dédiée au bureau du demandeur.

L'employé du Ministère responsable de la mission avait été informé qu'un incident avait eu lieu, mais il n'en savait pas vraiment plus. Tout ce qu'on lui avait ramené, c'était un homme traumatisé qui exhalait le vomi et une femme devenue unijambiste. Pas de cible, et une intervenante en moins. Forcément, il n'était pas très content. Kristen se détacha du cadavre et l'allongea par terre.

« Voilà, dit-elle. »

Interloqué, l'homme ouvrit de grands yeux et recula la tête, comme heurté par ce simple mot.

« Voilà ? Vous vous foutez de ma gueule ? »

Kristen garda le silence un court instant.

« Non, monsieur, je ne me... fous pas de votre gueule. C'est la cible, dit-elle en l'indiquant d'un mouvement de tête.
- Ah ! C'est amusant, on dirait plutôt un tas de viande hachée. »

La sorcière trouvait malgré tout son travail assez propre, et trouvait la comparaison un peu fort de café ! Certes, la façon dont la plaie avait été refermée était assez approximative, mais l'ouverture en elle-même était bien nette, toute droite. On ne pouvait pas lui reprocher sa maîtrise du maléfice de la Faucheuse, ça non !

« Monsieur, tout de même, si je puis me permettre...
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Non content de critiquer son travail, l'homme se mettait maintenant à lui couper la parole. Voilà pourquoi elle détestait les patrons. Elle ravala son ego - ce qui lui fit l'effet d'une sacrée boule dans la gorge - et répondit :

« Nous avions capturé la cible et nous apprêtions à revenir. Mais elle s'est libérée et a attaqué notre collègue. Elle a réussi à s'échapper en créant une explosion qui lui a arraché la jambe. Suite à cela, le vampire s'est jeté sur moi.
- Et vous lui avez ouvert les entrailles, bien sûr.
- Je ne désirais, Monsieur, ni perdre la vie, ni l'usage de mes jambes. »

L'homme la dévisagea d'un air mauvais, puis il se frotta le menton, l'air pensif, et observa le cadavre du vampire.

« Bon, au moins, il ne fera plus de mal à personne. Mais de grâce, faites-moi disparaître cette horreur, et que cela reste entre nous. »

Kristen hocha la tête.

« Les autres en sont-ils informés ?
- De quoi ?
- Que cela restera entre nous.
- Ah ! Oui, oui, bien sûr. J'ai bien de la peine à le dire, mais ce n'est pas la première fois que... Enfin, bref, c'est toujours un peu différent quand ça ressemble à un humain. Mais bon. Allez, virez-moi ça. Et entendez-moi bien : il n'y aura pas de prochaine fois. »

Nouveau mouvement d'approbation du chef, et le sorcier s'en alla, laissant notre pauvre Kristen en peine avec son vampire sur les bras. Il n'y eut bien sûr pas de prochaine fois, bien que l'envie, en certaines occasions, ne manquât pas.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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