Contrairement à ce qu'elle avait prévu, Emily avait décidé de passer les vacances du printemps chez elle. Sachant que sa mère n'y serait pas, elle voyageait toujours en avril, elle avait pu rentrer sans s'en préoccuper. Retrouver son chez-elle lui avait mis du baume au cœur, mais il lui manquait un petit quelque chose. Elle économisait son argent depuis très longtemps dans un seul et unique but : s'acheter un chat. Ses parents n'avaient jamais voulu qu'elle en ait un, mais maintenant qu'elle vivait à Poudlard, elle pouvait se le permettre, et ce serait aujourd'hui. Enfilant un jean, une paire de baskets, un simple t-shirt noir et son sac à dos préféré, elle quitta la maison en direction de la gare qui la mènerait tout droit à Londres.

Une fois arrivée, elle se rendit sur le chemin de traverse, dans le but de se rendre dans sa boutique préférée: la ménagerie magique. Elle savait déjà ce qu'elle voulait : un chat noir angora, légèrement tigré qu'elle appellerait Zien. Parcourant la rue, l’œil attiré par quelques vitrines, Emily restait concentrée : elle ne devait pas perdre de vue la raison pour laquelle elle était venue ici, sinon elle risquait de ne plus avoir assez d'argent. Enfin arrivée devant la boutique, la jeune Poufsouffle respira profondément et poussa la porte. Elle n'y croyait pas : elle allait enfin réaliser son rêve de petite fille, avoir un chat. Et elle avait grand besoin de tendresse à Poudlard. Un petit compagnon à quatre pattes ne pourrait que la rendre plus heureuse. A peine entrée, une odeur désagréable lui envahit les narines, mais cela ne la fit pas reculer. Les animaux, entassés dans des cages lui faisaient de la peine, elle aurait souhaité tous les adopter. Il fallait l'avouer, à l'exception des crapauds, ils étaient aussi mignons les uns que les autres.

Son attention se porta sur un petit boursouflet qui ne cessait de sautiller sur place. Alors qu'elle tendait la main pour le caresser à travers sa cage, elle s'aperçut qu'une jeune fille aux cheveux blonds, légèrement plus grande qu'elle, semblait intéressée par le petit animal. Souriant, elle lança :

- Ils sont mignons, hein ? J'aurais envie de tous les acheter ! Moi c'est Emily, tu t'appelles comment ?

L'horreur se déchainait dans la tête de Julie. Elle s'était rendue qu'elle ne reverrait plus jamais Rufus. Plus jamais. Cette pensée lui fit l'effet d'un cout de couteau en plein coeur. L'image des yeux vides et gris lui revinrent à la mémoire, et elle retint un sanglot. Elle sortit de la bouche de métro dans laquelle elle s'était engouffrée et courut dans la rue menant au Chaudron baveur, sans savoir vraiment où elle mettait les pieds. Les Londoniens se retournaient sur son passage d'un air méprisant ou étonné, tandis qu'elle courait en retenant un cri. Elle poussa la porte noir du pub et marcha d'un pas vif vers la cour qui menait au Chemin de Traverse. Elle franchit l'arcade après avoir frappée les briques d'un coup de baguette, et se dirigea vers la librairie Fleury et Botts avant de remarquer la Ménagerie Magique du coin de l'oeil. Pour se remonter le moral, rien de mieux qu'une petite boule de poil comme un chaton ou un Boursouflet. Un souffle la frappa de plein fouet lorsqu'elle entra dans la boutique et elle éternua devant l'odeur qui régnait là-bas. Elle aperçut un employé d'une vingtaine d'année et une autre personne, sans doute le propriétaire, d'environ cinquante ans. Elle se frotta ses yeux rougis pas les larmes et observa les animaux. Des rats noirs apparement magiques, un crapaud rose vif, quelques Boursouflets, des gros chats roux, des cages de toutes formes et toutes les couleurs, et de nombreux clients. La jeune blonde s'approcha des cages où étaient entreposés les Boursouflets et repéra un mâle gesticulant d'un violet assez pâle, parfait pour elle. Elle le caressa et aperçut une autre fille qui allait faire de même. Elle commença à lui adresser la parole, et Julie fit un grand effort en l'écoutant :
- Ils sont mignons, hein ? J'aurais envie de tous les acheter ! Moi c'est Emily, tu t'appelles comment ?
Bien qu'elle n'avait pas du tout envie de lui parler, l'adolescente grogna  son prénom d'une manière inintelligible. Puis elle le répéta plus clairement.
-Ju...Julie.
Puis elle interpella le vendeur pour savoir le prix de la boule de poil, peu désireuse de poursuivre la conversation.

Emily fronça les sourcils tandis que la jeune fille lui répondait d'une manière incompréhensible. Elle finit cependant par répéter son prénom : Julie. Celle-ci ne semblait pas trop décidée à parler, ce qui avait surpris Emily. D'ailleurs, elle interpella le vendeur, comme pour s'extirper de la situation. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Emily ne pensait pourtant pas avoir dit ou fait quoi que ce soit qui puisse sembler déplacé. Se remémorant son aventure à Poudlard, y associant le visage de Julie, elle se demandait si elle ne l'avait pas déjà rencontrée. Peut-être avait-elles eu un cours ensemble, et qu'il s'était mal passé. A moins qu'elle ne craigne que je ne veuille acheter le boursouflet qu'elle avait repéré. C'était possible. Tentant de relancer la conversation, Emily la rassura :

-Si c'est ce qui t'inquiète, je ne veux pas le boursouflet ! Il est très mignon mais je suis là pour un chat.

Scrutant les alentours à la recherche de l'animal qui ferait chavirer son cœur, elle n'en oubliait cependant pas l'attitude de Julie. La Poufsouffle tenta de se rassurer, elle n'avait peut-être pas été si froide, c'était peut-être une coïncidence, ou simplement sa manière de parler. La jeune fille n'était pas très douée pour les conversations de ce genre. Elle en vint alors à supposer que la jeune blondinette n'était pas dans son assiette, ce qui ne la rassurait aucunement. Elle détestait devoir aborder ce genre de sujets. Se sentant d'humeur amicale, elle se jeta à l'eau, sans savoir ce qu'elle comptait réellement faire.

- Hé, ça va ? Je sais pas comment t'es d'habitude, mais là t'as l'air un peu bizarre.

La jeune sorcière se rendit compte trop tard que parfois, tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler pouvait être une bonne chose. Elle aurait difficilement pu être plus maladroite que cela. Évitant alors soigneusement le regard de la jeune fille, elle reporta toute son attention sur les animaux. C'est à cet instant qu'une petite boule de poils rousse vint se frotter contre sa jambe. Emily se baissa pour caresser l'animal ronronnant. Il était tellement mignon, mais ne correspondait pas du tout à ce qu'elle était venue chercher. En effet, ses poils étaient courts et roux. Elle se demanda alors ce que lui aurait dit son père : sans doute que les animaux n'étaient qu'encombrement et contraintes. Elle se mit soudainement à hésiter, mais balaya rapidement tous ses doutes de son esprit. Comme on le dit souvent, c'est l'animal qui choisit son propriétaire, non ? A moins que la bonne phrase ne soit que la baguette choisit son sorcier. Quoi qu'il en soit, Emily, toujours en train de caresser l'animal, jeta un coup d’œil furtif à Julie, dans l'attente d'une quelconque réaction.

La réponse du vendeur parvint à ses oreilles, et elle s'apprêta à acheter la boule de poils violette lorsque l'autre fille reprit la parole. Pourtant, Julie pensait avoir clairement montré le peu d'intérêt qu'elle avait à parler. Emily, c'est comme ça qu'elle s'appelait, lui dit qu'elle n'avait pas envie d'acheter le Boursouflet que la blonde regardait, et l'informa de son souhait d'acheter un chat. Ne voulant pas paraître impolie, elle répondit par une monosyllabe.

-Ah... okay, dit-elle, redressant ses lunettes qui lui tombaient du visage.

Elle sortit son porte -monnaie de sa poche et entreprit de chercher de quoi payer, tout en continuant de parler.

-C'était pour ça que je me suis dépêchée, mentit-elle. Parce que j'aime vraiment ce Boursouflet.

Lorsqu'elle trouva enfin ces fichus pièces, l'autre fille avait abordé Le sujet à ne pas abordé : le fait qu'elle n'avait pas l'air "heureuse". *De quoi elle se mêle franchement ?* Elle résista à la tentation de ne pas lui répondre, et marmonna quelque chose comme quoi elle avait des problèmes familiaux, sans plus entrer dans les détails. Cette fille n'avait pas à savoir que son père était un assassin. Elle ne devait pas se mêler de la vie de Julie. Alors celle-ci interpella le vendeur pour échapper à une discussion et désigna l'animal du bout du doigt. Tandis que l'employé s'occupait de récupérer la boule de poils violette, l'adolescente essaya de ne pas croiser le regard de l'autre fille, gardant ses yeux fixés sur le sol.
Désolée de ce long retard 

Je poussais un léger, pour ne pas dire presque inaudible, soupir de soulagement lorsque la blondinette me dit s'être dépêchée tant elle était pressée d'avoir ce boursouflet. Je lui adressais un grand sourire, tandis que le chat roux ne cessait pas de se frotter à moi. Alors que je me penchais pour le caresser, et celui-ci grimpa dans mes bras. Décidément, il avait l'air de m'apprécier. Je ne pouvais pas laisser le pauvre petit chat ici, après tout, il était très mignon, et le courant passait plutôt bien. Tandis qu'il ronronnait de plus belle, Julie marmonna quelque chose. Tendant l'oreille, je pus entendre "problème", et "famille". Ah, les problèmes familiaux, ça me connaissait. Ne lâchant pas l'affaire, je décidais de m'engager sur ce terrain. Curiosité mal placée ou réel envie d'aider, je ne savais moi-même pas vraiment. Quelque part, je compatissais, et en même temps, j'avais besoin d'entendre qu'il y avait pire que moi.

- Tu peux m'en parler si tu veux, je suis muette comme une carpe.

Réfléchissant un instant, je m'aperçus que je n'avais peut-être pas très bien choisi mes mots pour m'adresser à une sorcière. Quelle était la prochaine étape ? J'allais lui dire "alors ça, c'est pompon sur la Garonne" ? Ridicule. Souriant amicalement, je me corrigeais rapidement.

- Désolée, j'ai tendance à oublier que...Enfin, ce que je veux dire, c'est que tu peux me faire confiance. J'écoute sans juger.

Ma maladresse ne faisait que traduire ma méconnaissance de ce genre de situation. Ce comportement ne me ressemblait aucunement et je ne savais pas pourquoi aujourd'hui précisément, je me forçais à enchaîner les boulettes, ce n'était sûrement pas comme ça que je me ferais des amis. Ou alors, sur un malentendu.

Quoi qu'il en soit, il y en avait au moins un qui voulait être mon ami ici. Le chat. Zien, ça lui irait tellement bien. Serrant doucement la boule de poils contre moi, je me tournais vers le vendeur, près de nous, mon argent en main. Cette décision était la bonne, et ce chat était sans aucun doute le chat qu'il me fallait. Il était d'ailleurs le seul à être venu vers moi et ce n'était pas anodin.

Je m'excuse 1000 fois pour le retard, plus de 2 mois d'attente...

La sorcière en face de Julie semblait s'être trouvé un nouvel ami. Un magnifique chat roux ne voulait apparement pas la lâcher. La blonde espérait que tandis que l'autre jeune fille s'occupait de l'animal, elle pourrait se diriger vers la sortie, son Boursouflet en main, et éviter une conversation qui pourrait devenir énervante pour la Serpentard. Mais Emily ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. Elle lui proposa de parler de ses problèmes, en précisant qu'elle serait ''muette comme une carpe". Sans répondre, au risque de paraitre malpolie, la jeune Eragon l'écouta parler. Sans faire attention à la sécheresse de ses paroles, Julie dit alors :

-Je n'ai pas besoin de parler à quelqu'un. Désolée, mais on ne se connait pas.

Elle se détourna de sa camarade pour prendre dans ses mains la boule de poils violette que lui tendait l'employé. Julie réfléchit à quelques noms avant d'en choisir un qu'elle trouvait particulièrement beau. Djan. Elle sortit de sa poche un porte-monnaie, et entreprit d'en explorer le contenu, cherchant de quoi s'offrir ce nouvel ami. Neuf Gallions. C'était assez cher pour une enfant de treize ans qui ne recevait que cinq Mornilles d'argent de poche par mois. Elle finit par dénicher l'argent demandé, en pièces d'argent essentiellement.  La Serpentard avait honte de devoir payer en si petites coupures. Elle déposa l'argent sur le comptoir et se tourna vers Emily.

-Désolée d'avoir parler durement tout à l'heure, s'excusa-t-elle. C'est que je n'ai pas trop envie d'en parler.

Désolée pour le retard... 

Alors là, pour être froide, elle était froide. Et directe. Et malpolie. Et...bref. Elle n'avait de toute évidence aucune envie de me parler. Elle avait raison, on ne se connaissait pas. Mais parfois, parler à un inconnu pouvait faire du bien, non ? Je haussais les épaules : je déclarais forfait. Je n'allais pas jouer les oreilles attentive éternellement face à quelqu'un d'aussi fermé. Je patientais derrière elle tandis qu'elle payait son boursouflet. J'étais fatiguée d'être sociable. Garder le cap. Payer, puis quitter la boutique, comme si de rien n'était. Je recroiserais cette fille à Poudlard, et ferais comme si nous ne nous étions jamais parlé. Ce qui était le cas, d'ailleurs, si l'on considérait les quelques mots que nous nous étions échangés. J'avais été maladroite, elle avait été sèche, fin de l'histoire. Alors que je tendais mon argent au vendeur, j'entendis sa voix, près de moi. Cette fille ne savait pas ce qu'elle voulait. Je levais les yeux au ciel, avant de me tourner vers elle. Elle s'excusait, ce qui était appréciable. Mon regard s'adoucit, je respirais, ne souhaitant pas répondre trop brutalement. Apparemment, elle n'avait pas envie d'en parler. Une pointe de dédain s'était tout de même installée dans ma voix.

- Je crois que j'avais remarqué. me mordillant la lèvre, je tentais de me rattraper. J'avais prévu de répondre gentiment, pas de la prendre de haut. C'est sympa de t'excuser. J'ai p't'être trop insisté, mais t'as été sacrément froide.

Voila, c'était tout ce que j'avais. Devais-je poursuivre la conversation ? Je ne savais pas si elle ne souhaitait pas parler du tout, ou si cela concernait seulement ce qui la travaillait. Les relations humaines n'étaient pas mon fort, et la situation me bloquait. Je ne savais vraiment pas ce qu'elle attendait. M'apercevant que je fronçais les sourcils depuis un moment, je radoucis mes traits. Pile ou face. Je choisissais toujours face. Allez, je me jetais à l'eau. Du basique. Désignant sa boule de poile du menton, je demandais.

- Tu sais comment tu vas l'appeler ? J'étais incapable de m'empêcher de poursuivre. Cette petite boule de poils est la solution à tes problèmes ?

Je n'ose même pas m'excuser... Mais joyeux 2 ans sur ML !