L'été à Londres commençait. Il faisait de plus en plus chaud dans les rues, dans les grands parcs typiquement londoniens, et Reece Brett aurait préféré mille fois s'enfermer dans son studio avec son ventilateur chéri plutôt que d'arpenter les rues pavées du Chemin de Traverse. Mais malgré son aversion pour la chaleur, la nostalgie qui l’empreignait chaque fois qu'il mettait un pied ici était plus forte. Le brun ne pouvait s'empêcher de se remémorer les courses-poursuites de ses frères et sœurs entre les badaud, alors que lui regardait tout autour, essayant de capter chaque détail. Maintenant, la même curiosité l'habitait, mais le jeune homme connaissait dorénavant tous les recoins de ce lieu, et pouvait glisser sereinement au milieu de la foule.
Aujourd'hui, il n'était pas question d'acheter les nouveaux livres pour la rentrée ou encore le chaudron demandé sur la liste. Non. Reece n'était plus un élève, malheureusement. Il avait seulement besoin d'une nouvelle robe. Son ancienne était trop courte, et avait appartenu à un de ses frères, lequel, aucune idée. Le futur journaliste réfléchit à une tactique pour la donner à Audric, son seul frère encore dans la grande école Poudlard. Ce dernier n'accepterait jamais une robe venant de quelqu'un, de peur que cela se sache. Peut-être en l'offrant à Noël sans rien dire ? Hypothèse à vérifier.
Lorsque Reece poussa la porte rose bonbon de l'enseigne, le calme environnant lui arracha un sourire. Il aimait ce silence, comme dans une bibliothèque. Il n'y avait aucun autre client pour l'instant, et la vendeuse s'avança vers lui avec un grand sourire. La fille de la célèbre Guipure. Souriant à son tour, et regardant de tous les côtés, le brun demanda :

-Il me faudrait une robe toute simple, noire...

Très vite, la sorcière lui présenta une robe bon marché. Il l'attrapa et s'enferma dans une cabine. Résultat, la robe était encore trop courte, mal taillé pour son corps long. Mais, sans se départir de son sourire, la sorcière lui dit :

-Je vais vous prendre la taille au-dessus, il faudra juste recoudre les manches et resserrer à la taille.

Au fond de lui, Reece soupira. Il aurait voulu sortir tout de suite, il faisait de plus en plus chaud ! La vendeuse installa un tabouret, tandis que le jeune homme passait la robe sur son corps. Il monta, et Madame Guipure s'activa. Elle mit une épingle, qui piqua le poignet de l'homme.

-Aie !

Dès le début des vacances Juliette a décidé d'aller acheter, ses fournitures, car elle n'est pas sûr de trouver le temps, plus tard. Elle achète tout, et fini par sa robe. Fatiguée, et le sac rempli d'achat, elle se dirige vers la boutique de madame Guipure. 

Une fois là-bas, elle attend son tour : une personne est déjà affairée sous les tissus et les aiguilles. L'homme doit être en septième année, ou il doit être adulte. Il est plus grand que Juliette, et a une voix plus grave. Soudain, il pousse un cri :

« Aie ! », cria-t-il. 

A ce bruit, Juliette sursauta et fit tomber son sac par terre, dont toutes les fournitures se déversèrent. Gênée, la fillette attrapa son sac et vit une déchirure dans le fond. 

« Zut ! », pensa-t-elle. 

La Gryffondor ramassa tant bien que mal ses affaires et essaya de les tenir entre ses mains. Malheureusement, il y en avait trop et elle n'y arriva pas. Elle alla donc au rayon "sac et sacoche" et en choisi une nouvelle. 

Juliette se maudit d'avoir été idiote et d'avoir espionner le garçon, et elle espérait qu'il n'ait rien vu, bien que cela paresse difficile. Au moment où la couturière s'éloigna un peu, la fillette s'approcha de lui et lui dit : 

« Je suis désolée, monsieur, de vous avoir espionner tout a la l'heure. Ça ne se fait pas, et j'espère que vous n'avez pas mal, et que vous ne m'en voudrez pas. », s'excusa la fillette. 

Son cri bien puéril fit sursauter une jeune fille. Le contenu de son sac se renversa sur le sol, et au fond de lui, Reece s'excusa. Perdu dans ses pensées comme il l'était toujours, il n'avait même pas entendu arriver la fille. La jeune fille, qui avait des cheveux châtains coupés au carré, des jolis yeux bleus, se dirigea vers les quelques sacs vendus en boutique. La vendeuse lui demanda alors de se tenir plus droit, et le brun oublia pendant quelques instants la présence de l'enfant, trop occupé à obéir aux ordres de la femme. Celle-ci finit enfin de prendre ses mesures, et annonça qu'il pouvait enlever la robe. Le glissement du tissu contre le tissu emmena aussi son T-shirt, qu'il rabattit aussitôt la robe enlevée. Baissant les yeux, il aperçut le logo puéril du bouclier de Captain America. Et lorsqu'il vit la fille plus tôt aperçue venir vers lui, il se dit que c'était vraiment son jour de malchance. Il avait un peu honte de ce vieux T-shirt, qui commençait presque à devenir trop petit, à force d'être lavé. Il aurait très bien pu laver ses affaires grâce à la magie, mais sa jolie voisine allait tous les vendredis soirs à la laverie. Et pour rien au monde il n'aurait manqué ce rendez-vous. Si on pouvait appeler cela un rendez-vous.
Reece se concentra alors sur les paroles de la petite fille. Elle lui paraissait minuscule. Lui était déjà grand. Mais alors debout sur un tabouret ! Après que la fille ait fini de parler, le brun ne put s'empêcher de rire. Pas un rire moqueur, non, mais il imaginait très mal une petite fille comme elle l'espionner ! Alors, pour la rassurer, il lui lança d'en haut :

-Ravi de vous rencontrer, Bond. Votre mission s'est bien passée ?

Reece continua de rire. Puis, il répondit aux inquiétudes de la châtaigne :

-Et non, ne vous inquiétez pas, je me suis pas fait mal. Par contre, votre sac en a pris un coup, on dirait...

La vendeuse mettait du temps à aller chercher ses ciseaux. Reece espéra qu'elle n'était pas partie faire sa pause cigarette.

Sur son tabouret, l’homme ressemblait à un géant. Petite pour son âge, la fillette avaog l’impression de se ratatiner sous le poids de ses achats scolaires, ainsi que sous le poids de la honte. 

Quand le grand brun se mit à rire, la jeune fille ne comprenait pas. Avait-t-elle fait une blague ? Se moquait-il ? Elle n’en savait rien. Quand il répliqua, la Gryffondor se contenta de faire un drôle de rictus - qui était sûrement en cause des rires qui continuaient -, alors que, si elle n’avait pas été aussi gênée, elle aurait éclater de rire. 

Mais là, elle n’avait pas envie de rire, pas le moins du monde. Elle était gênée, et savait que si elle prenait la parole, elle allait bégayer. Heureusement, l’homme la rassura. Quand il regarda son sac, elle baissa elle aussi les yeux sur la nouvelle sacoche qu’elle allait acheter. À ce moment-là, elle se mit à sourire. 

« Ne vous inquiétez pas, monsieur, elle était vieille. Elle allait se briser d’un moment à l’autre. Je ne pensais juste pas maintenant... Comment vous appelez-vous ? Moi, c’est Juliette Johnson. Je suis élève à Poudlard, et je vais rentrer en seconde année. ».

Juliette ne savait pas pourquoi elle lui racontait tout ça, mais elle était contente d’avoir trouvée quelqu’un à qui parler. Son interlocuteur, perché sur son tabouret, était toujours aussi haut. Le cou de la Gryffondor commençait à lui faire mal tandis qu’elle le tordait pour regarder la tête de l’omme. Elle se massa donc le cou pour le détendre, et se détendre. 

Son intervention n'eut pas l'effet escompté, mais au moins la jeune fille eut un petit sourire timide. Mais elle se détendit en parlant de son vieux sac, et assura qu'il n'y avait aucun problème, qu'elle s'y attendait. Reece se demanda quand même si elle s'était attaché à ce sac. Auquel cas, cela ne devait être quand même pas très agréable. Lui-même était bien trop attaché à quelques-uns de ses pulls, qu'il considérait comme la prunelle de ses yeux. D'ailleurs, c'était un sujet de moqueries intenses, de la part de Laird. Elle se présenta alors, et Reece lui répondit d'un sourire rempli de nostalgie :

-Je m'appelle Reece. Et je travaille à la Gazette du Sorcier. Mais avant, j'étais élève, comme toi... Ah... Les belles années... Profites bien, après, tu regretteras de ne pas pouvoir t’asseoir et écouter un professeur déblatérer pendant une heure !

Il y avait tant de souvenirs qui le retenaient à la vieille école magique... Le plus beau, mais aussi le plus douloureux, était sans conteste Ania. Sans s'en rendre compte, la nostalgie dans son visage remonta jusque dans ses yeux. Il écoutait Juliette répondre, bien entendu, mais il se perdait en même temps dans ses pensées. Une des qualités qu'il fallait avoir pour être journaliste. Faire deux choses à la fois. Même si lui, remplissait seulement la partie Courrier des Lecteurs... Peut-être qu'un jour, après des années à avoir reçu les hiboux, il deviendrait rédacteur en chef, à la place de la jolie Chioné... Pas mal comme idée...