Térésa avait délaissé ses parents et sa marraine pour passer sa journée avec Rebecca, une petite fille aux cheveux d'un roux presque surnaturel qui était particulièrement énergique et qui débordait de confiance en elle.
La fillette n'avait pas l'habitude d'autant de vivacité et cette journée - bien qu'amusante - l'avait vidée de toutes sortes d'énergie.
Elle n'était plus qu'une lavette lorsque sa marraine l'avait retrouvée après un bon petit quart d'heure de recherches, à 19h. Celle-ci paraissait aussi dépassée par cette longue journée qu'elle et l'avait déjà empoignée par le col avant qu'elle puisse dire au revoir à Rebecca.

Des mèches folles débordant de son chignon lui caressaient les lèvres, elle marchait hâtivement et parlait haut et fort, comme à son habitude :

- Ta mère et ton père ont déjà transplané, ils n'en pouvaient plus. Mais j'allais pas te laisser comme ça, je parie que t'as même pas de poudre de cheminette sur toi ! On rentre tout de suite.

Térésa se demanda si elle oserait lui dire qu'elle n'était pas encore en possession de la chose la plus essentielle des achats qu'elle devait faire sur le Chemin de Traverse. Il était 19h et presque tous les magasins avaient fermé, elles devraient sûrement revenir un autre jour et doutait que cela réjouisse sa marraine.
C'était toujours elle qui l'accompagnait partout, ses parents étaient souvent trop occupés (et surtout, sa mère n'aimait pas sortir de leur village reculé du reste du monde ni se mêler aux Autres - comme elle appelait les personnes extérieures à leur famille - et son père, bien entendu, la suivait).
Ca ne risquait pas de lui plaire du tout, plutôt. Il valait mieux qu'elle lui dise tout de suite qu'elles devaient courir jusqu'à chez Ollivander ou elle s'énerverait à coup sûr en rentrant, celle-ci haïssait tout ce qui n'était pas franc et les pertes de temps.
Térésa ralentit le pas et s'autorisa à dire tout cela à la vitesse de la lumière :

-Ana .. Ma baguette. Désolée, je n'ai pas vu le temps passer. Ca doit être fermé désormais .. Mais, ce n'est pas grave. Je me débrouillerai sans baguette à Poudlard.

Anastasia rit de bon cœur et lui ébouriffa les cheveux, sans une once d'agacement au grand étonnement de Térésa qui avait presque oublié à quel point sa marraine était gentille avec elle même lors de ses pires jours.

- Ne dis pas de bêtise, tu ne survivras pas deux jours à Poudlard sans baguette.

Térésa ne prit pas peur, elle avait l'habitude que celle-ci emploie l'ironie pour lui parler.

- Et les Ollivander ne dorment jamais, ils sont trop vieux pour cela. C'est juste là, entre en premier.

Anastasia poussa la porte qui laissa apparaître une pièce poussiéreuse contenant plusieurs milliers de boîtes de Baguette Magique. Cela émerveilla Térésa dont les doutes de trouver chaussure à son pied se dissipèrent.
Un magasin, ça en était un ou du moins ça devait en être un .. Mais où était le vendeur ? Pas un souffle ne se faisait entendre dans la vaste boutique antique (voire préhistorique).

Un vendeur - sûrement plus jeune que les 100 années que Térésa lui estimait - apparut devant son nez, surprise. Elle ne l'avait pas vu venir et l'habituel bruit de que font les transplanages n'avait pas retentit.
Elle se hâta de le saluer, il lui répondit dans un doux sourire :

- Bonsoir, Mademoiselle César. Je vous ai vu passer devant la boutique à plusieurs reprises, je n'ai pas fermé car j'attendais votre venue .. Cela vous aurait bien embêté, une scolarité sans baguette, n'est-ce pas ? lui murmura-t-il dans un clin d'oeil.

Était-il légiliment ? En tout cas, cette démarche était fort sympathique de sa part et étonna Térésa. Aussi, comment connaissait-il son nom ? Sa mère l'avait prévenue, il était plutôt mystique !

-Oh, accompagnée de Madame Macqueen, cela fait déjà une bonne vingtaine d'année que je ne vous ai pas vu ! Vous êtes toujours aussi souriante. Bois de Poirrier, crin de Snallygaster de 23,2 centimètres pour les sorciers bienveillants, généreux et sages bien que possédant une certaine curiosité.

Il eu un sourire en coin qu'Anastasia lui rendit franchement. Il enchaîna :

- Mais nous sommes là pour vous, Mademoiselle. J'ai réfléchi à votre cas, et il m'a semblé que du bois d'Aubépine et Tige de Dictame, 20cm feraient l'affaire. Pour ceux qui ont la nature conflictuelle, excelle des guérisons jusqu'aux maléfice, à capacité moyenne.

Térésa fit tournoyer avec beaucoup d'élégance sa baguette comme elle observait si souvent sa famille le faire avec envie. La baguette prit feu tout à coup puis commença à fondre, ce qui enleva toute la classe de son geste. Elle la lâcha par Terre par peur de fondre elle-même, Ollivander étouffa un surprenant juron avant de s'excuser et de lui tendre une nouvelle baguette.

-Peut-être ai-je sous-estimé la sauvagerie de vos pouvoirs ? Voici une baguette de 18 centimètres, qui provient d'un Cerisier et qui contient un cheveux de Vélane. Elle possède un pouvoir mortel et  nécessite donc une maîtrise de soi et une force mentale exceptionnelle.

Térésa retenta son mouvement cette fois sans grâce, un peu déçue de sa première tentative.
La baguette devint un véritable sèche-cheveux qui décoiffa Ollivander en passant. Il souffla après avoir dit à Térésa que son cas était fort difficile et changea de bois tout en concervant conserva son cœur, il lui montra une baguette qui lui faisait penser à celle de sa mère, à quelques détails pres :

- Vous me faites beaucoup penser à votre mère .. Sa baguette était en bois d'Amourette, comme celle du grand Salazar Serpentard. Bien entendu, vous faites partie de la maison qu'il a fondé ? Ce bois vous conviendra sûrement aussi.

Térésa, peu surprise par cette réflexion étant donné le nombre de fois incalculables où on le lui avait faite, hocha négativement de la tête.

- Oh ! J'ai toujours hésité avec .. Gryffondor ?

Toutes ces erreurs rassurèrent Térésa. Il ne la connaissait pas autant qu'il en avait l'air, ça devenait moins flippant. C'était soit ça, soit une erreur du Choixpeau et son père lui a de maintes et maintes fois dit qu'il ne se trompait jamais.
La fillette prit la parole avant un nouvel échec de la part du vendeur et que toute l'estime qu'elle avait pour ses capacités d'Analyse s'envole :

- Je suis à Serdaigle. Ollivander haussa les sourcils et voulu parler. Non, je ne l'ai pas demandé au Choixpeau. Certes, j'étais choixpeau-flou mais il l'a choisit pour moi.

Celui-ci essayait toujours de calmer la baguette fondante et il avait beaucoup de mal avec elle.
Il lui parla d'ailleurs pour la tempérer, les baguettes avaient-elles une âme ?
Il s'écria, comme si celle-ci avait entendu les paroles de Térésa et le lui avait ensuite conseillé :

- Je sais ! Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Bois de hêtre et Ventricule de Dragon. Demande une certaine sagesse de la part de son propriétaire, faite pour ceux qui n'ont pas peur d'être eux-mêmes.

Mais il ne voyait toujours pas clair, c'était sûr, Térésa avait tout sauf la force d'être-elle même. Elle se détestait.
Pourtant, une chaleur s'empara d'elle rien qu'à son toucher et elle n'eut pas eu besoin de faire le traditionnel geste qu'Ollivander arborait déjà un sourire radieux. Peut-être qu'un jour, elle n'aurait plus besoin de cacher ces facettes d'elle-même qui lui faisaient tant peur ?