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07 juin 2019, 23:40
Bois de noyer noir
Arya et son père marchait d'un pas sûr à travers la rue du chemin de Traverse. Ils faisaient leurs courses pour Poudlard depuis le matin, et Arya respirait la bonne humeur. Il était très rare qu'elle puisse profiter d'un long moment avec son père, puisqu'il était souvent absent. Mais aujourd'hui, il avait fermé sa boutique de balais pour accompagner sa benjamine.
Après avoir accompagné ses sœurs acheter leurs affaires magiques chaque année, c'était enfin son tour. Et le fait que son père soit là avec elle la faisait se sentir comme privilégiée. Habituellement, il laissait sa sœur la plus âgée le soin de conduire sa famille dans les boutiques.
Ils avaient déjà acheté la plupart des fournitures, après avoir passé énormément de temps chez Fleury et Both. Il faut dire que les livres les ont retenus le plus longtemps possible.
– Qu'est-ce qu'il nous manque ? demanda Arya en essayant de jeter un coup d’œil à la liste de fournitures que son père tenait trop haut pour elle.
– Ton chaudron et ta baguette. On fait ça avant que la nuit tombe et on rentre à la maison, d'accord ?
Arya baissa la tête, le regard voilé.
– Je n'ai pas envie de rentrer, marmonna-t-elle.
Son père ne fit pas de commentaire, serrant la main de sa fille. Il savait qu'elle n'était pas heureuse au milieu de toutes ses sœurs qui la rejetaient, mais que pouvait-il bien faire ? Une fois à Poudlard, elle se fera des amis et retrouvera sa joie de vivre.
Mais Arya ne laissa pas la perspective de rentrer ternir son excitation. Ils marchaient vers la boutique d'Ollivander, le célèbre marchand de baguette. Lorsque ses sœurs avaient eu 11 ans, elle sont aussi passées par là. Arya les accompagnait acheter leurs fournitures, mais elles devaient toujours entrer seules pour leurs baguettes. Apparemment, c'est un moment spécial dans la vie d'un sorcier. Et depuis toujours, elle imaginait sa baguette avec impatience.
Ils s'arrêtèrent devant la boutique si caractéristique. Même si elle ne s'y était pas rendue depuis deux ans, ce lieu était gravé dans sa mémoire. Comment l'oublier ? Il dégageait une sorte d'aura de mystère magnétique.
– Tu connais le chemin, déclara son père en retirant sa main de la sienne. Je vais aller acheter ton chaudron, je te laisse l'honneur de ta baguette.
Il lui glissa quelques pièces dans la main et repartit de son côté. Arya prit une profonde inspiration avant d'entrer. Par chance, il n'y avait personne. Tout le monde était venu le matin.
Arya se sentit immédiatement à l'aise en entrant. L'odeur de renfermé et l'atmosphère poussiéreuse la séduisirent en un rien de temps. Une fois que ses yeux se furent habitués à la faible luminosité, elle s'avança discrètement et appela d'une petite voix :
– Monsieur Ollivander ?
Un vieil homme apparut derrière le comptoir et la toisa des pieds à la tête. Comme il ne disait rien, Arya se présenta :
– Je suis Arya Nightshade. Je suis venue pour acheter ma baguette.
– Ah, je ne t'avais pas reconnu ! Habituellement, les sœurs Nightshade sont grandes et blondes. Tu es une petite surprise. Alors, voyons voir ce que j'ai pour toi...
Arya admira la décoration pendant que le vendeur se rendait dans l'arrière-boutique. Elle pourrait rester ici des heures.
– Que dirais-tu de celle-ci ? lui propose-t-il une fois revenu devant elle en ouvrant une belle boîte rectangulaire.
La baguette était d'un bois clair, fine au milieu avec quelques décorations aux bouts. Arya s'en empara avec précaution, mais le marchand la lui retira immédiatement des mains.
– Non, ça ne va pas. Le bois d'acacia n'est pas pour toi. Pourtant elle correspondait très bien à tes sœurs.
Il rangea la baguette sous les yeux perplexes de la jeune fille, et lui en proposa une deuxième, plus foncée.
– Celle-ci est une semblable à celle de ta sœur Madison. Bois de cerisier et épine de monstre du fleuve blanc, 33,7 cm.
Arya hésita un peu à prendre cette baguette-ci. Savoir que la sœur qui la détestait le plus en possédait une parallèle la répugnait. Lorsqu'elle l'eut dans sa main, Ollivander lui fit signe de s'en servir d'un geste. Lorsqu'elle agita légèrement la baguette, une vague de poussière se souleva brutalement, les faisant tousser tous les deux.
– D'accord, pas celle-ci. Essayons quelque chose de complètement différent, tu ne sembles pas semblable aux membres de ta famille.
Pendant qu'Arya agitait sa main devant ses yeux pour chasser la poussière, il lui en proposa une dernière. Le travail de sculpture du bois sur celle-ci impressionna la jeune sorcière, et elle s'en empara avec délicatesse. Elle la toisa d'un air émerveillé, et avant même qu'elle n'eut besoin de l'essayer, le vieux vendeur l'observa avec un air satisfait en déclarant :
– Je crois que nous avons trouvé la bonne. 32,5 cm, bois de noyer noir et crin de licorne. Une baguette cassante qui n'attend que de l'aventure, de la curiosité et du dynamisme.
Après une utilisation validée, Arya paya le marchand et sortit, un sourire ineffaçable plaqué aux lèvres.
C'est bon, elle avait enfin sa propre baguette.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046