Arya suivit ses sœurs à travers le chemin de traverse. Elles étaient déjà venues un mois auparavant, mais n'avaient pas eu le temps de prendre toutes les fournitures. Elles avaient passées trop de temps dans Fleury et Bott, et leur mère leur avaient demandé de rentrer avant la tombée de la nuit. Elles étaient donc revenues avant la rentrée pour prendre les dernières fournitures.

Alison était partie quelques jours avant de la maison. Mais en rentrant dans sa chambre, après lui avoir dit au revoir, Arya avait trouvé une enveloppe signée de sa main. À l'intérieur, plusieurs gallions. La fillette n'avait pas compris, d'autant plus que cet argent était accompagné d'une note :

Pour le chemin de traverse

Le chemin de traverse ? Sa sœur voulait-elle vraiment qu'elle s'achète quelque chose là-bas ? Mais quoi ? Elle ne s'intéressait plus à la lecture, et ne désirait rien de particulier. Espérait-elle pouvoir la consoler du décès de leur père avec quelques pièces ? La jeune Gryffondor s'était promis de lui poser la question lorsqu'elle la reverrait.

En attendant, elle se contentait d'arpenter la rue derrière ses sœurs. Elles allaient à la ménagerie magique, Sandy avait envie d'une nouvelle grenouille et comptait la payer avec ses économies. Soudain, Arya leva la tête et vit qu'elles passaient devant Keddle & Leather, la boutique d'équipement de Quidditch. La fillette se figea. Elle comprit alors la nature de l'argent généreusement donné par sa sœur. C'était évident, pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elles avaient déjà cette discussion ensemble maintes fois. La Gryffondor souhaitait posséder un balai depuis qu'elle était haute comme trois pommes, Alison le savait très bien.

Elle fourra sa main dans sa poche, où se trouvaient les précieuses pièces. Ses sœurs n'avaient pas vu qu'elle s'était arrêté et continuaient de marcher à travers le chemin de Traverse. Elle les rejoignit et alla demander à Jenny, celle qui était censée les surveiller, si elle pouvait passer à Keddle & Leather pendant qu'elles allaient à la ménagerie. Jenny hésita un moment, peu accoutumée à jouer le rôle de grande sœur habituellement réservée à Lindsey. Finalement, la benjamine réussit à la convaincre de la laisser y aller.

Arya entra donc dans la boutique sans se presser, impressionnée par tous les équipements proposés. Elle était déjà allée dans la boutique de son père, petite, pas très loin de Londres. C'était un tout petit magasin aux modestes revenus, et il ne vendait que des balais. Aujourd'hui, ce n'était certainement plus qu'un vieux logis abandonné.

La fillette passa son regard sur les gants, les lunettes, les tenues, les balais. Son père avait vécu ces derniers moment dans un endroit comme celui-là. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, mais les retint. Elle avait beau avoir détesté son père pendant toute l'année précédente, il lui était impossible d'effacer toutes ces années passées près de lui d'un geste de la main.

Elle était tellement absorbée par ta contemplation qu'elle en oublia de saluer la gérante et resta à l'entrée, subjuguée.

Après des débuts un peu laborieux l'activité a considérablement augmentée dans la boutique. Il faut dire que nous sommes à la fin du mois d’Aout et que les familles et élèves ont gagné le Chemin de Traverse en masse. Enfin, si j'ose dire. L'omniprésence des Manteaux noirs gâche un peu l'effervescence de la rentrée scolaire qui approche et je reçois de plus en plus de commandes à expédier par hiboux de la part de famille n'osant pas se déplacer jusqu'ici. Malgré tout, dans un jour comme celui-ci les Manteaux noirs sont un peu noyés dans la masse et les clients semblent plus souriants.

C'est donc pour moi les premiers jours où je dois gérer une activité forte et je suis ravie d'enfin connaître des journées sans répit. Je cours à droite à gauche pour gérer mes stocks en arrière-boutique mais aussi conseiller mes clients, remettre les rayons en ordre... Bref je m'éclate. En plus je peux m'appuyer sur mes deux employés, Ernest et Ashley, qui font un super boulot. C'est pour des journées comme celle-ci que j'ai voulu tenir ma propre boutique. Alors certes, en rentrant chez moi je risque de m'écrouler de fatigue mais un sourire se dessine sur mon visage en m'imaginant végéter sur mon canapé, tout en câlinant mon chat Rascal.

- Madame McBride, on commence à manquer de monnaie pour la caisse...

Je mets quelques secondes à réagir, n'ayant pas du tout l'habitude que l'on m'appelle ainsi. C'est Ashley, ma toute jeune employée. Elle est pleine de bonne volonté et travaille plutôt bien mais elle est étourdie. Il me semble bien lui avoir déjà dis quoi faire dans ces cas-là mais qu'importe, ça finira par rentrer.

- J'ai des rouleaux de Gallions, Mornilles et Noises dans notre coffre de l'arrière boutique. Tu connais le mot de passe et la formule pour l'ouvrir n'est-ce-pas ? Ashley acquiece silencieusement, un peu rougissante en se rendant compte qu'elle aurait pu agir sans me déranger. Alors je te laisse gérer ça, prends un rouleau de Gallions et trois de chaque pour les autres. Et appelle moi Kiara, j'suis pas si vieille que ça non ?

Ashley m'adresse un grand sourire et part dans l'arrière-boutique. Je parie un Éclair de Feu que la prochaine fois elle m'appellera Madame McBride et cela m'amuse un peu je dois dire. Puis, la sonnette de la porte d'entrée tinte une nouvelle fois. Je ne vois aucune tête dépasser au milieu des rayons alors je me décale un petit peu. La nouvelle arrivante semble toute jeune, douze ou treize ans à tout casser. Voir moins même car la fille semble assez petite et frêle. D'ailleurs je ne suis même pas totalement sûre qu'il s'agisse d'une fille, même si c'est mon intuition.

Je me poste donc de manière à être visible et accessible pour ma jeune cliente, tout en la laissant respirer. Je déteste sauter sur mes clients lors des premières secondes. D'autant plus quand ils sont en contemplation de la boutique comme c'est le cas ici. Elle ne m'a pas saluée mais je ne m'en formalise pas pour autant. Je la laisse encore regarder quelques instants et en profite pour demander un service à Ernest, qui passe par là.

- Ernest, tu pourrais t'occuper du modèle Friselune défectueux et préparer le retour au fournisseur si tu as deux secondes pour t'en occuper ?

- Tout de suite Kiara.

- Merci Ernest. C'est tout lui ça. Pas de blabla et une efficacité dingue, un sacré bosseur. Pourtant je peine toujours à créer un lien avec lui et savoir ce qu'il pense. Ça viendra j'imagine. Du moins je l'espère. Je reporte alors mon attention sur ma jeune cliente. Toujours dans l'entrée de la boutique. Je pense que je peux me permettre de venir l'aborder à présent alors je m'avance vers elle d'un pas dynamique et le visage souriant.

- Bonjour. Bienvenue chez Keddle & Leather, je m'appelle Kiara McBride. Aurais tu besoin d'un conseil ? Tu cherches quelque chose en particulier ?

Arya sembla redescendre sur terre en entendant la voix de la gérante. Elle détacha ses yeux des équipements de Quidditch pour les poser sur une femme un peu plus petite que ses sœurs. Ça faisait du bien de voir un adulte d'une taille normale, après tout en été passé auprès de sa famille démesurément grande par rapport à elle.

Qu'est-ce qu'il fallait qu'elle dise, déjà ? Bonjour ? Ou bien fallait-il qu'elle se présente, qu'elle dise ce qu'elle était venue chercher ? Elle resta un instant immobile à regarder la vendeuse avec yeux de merlan frit, ne sachant que faire.

Les bonnes manières lui revinrent en mémoire lorsqu'elle reposa son regard sur les équipements de Quidditch.

- Heu... bonjour. Je voudrais acheter un balai.

C'est à son père qu'elle aurait dû demander ça. Elle serait allée le voir, un soir, alors qu'il faisait ses comptes, et elle aurait commencé à lui parler de Quidditch. Elle lui aurait expliqué à quel point elle avait adoré le vol l'année passée, et qu'elle voudrait s'entraîner à ce sport si célèbre chez les sorciers. Il aurait peut-être opposé un peu de résistance, mais elle l'aurait persuadé avec des arguments soigneusement préparés au préalable. Il aurait finalement accepté et lui aurait offert le meilleur balai de sa boutique. Finalement, fier que sa fille s'entraîne chaque jours au Quidditch, ils se seraient réconciliés et cette histoire de répartition serait loin derrière eux.

- J'entre en deuxième année, alors j'ai le droit, ajouta-t-elle avant qu'elle ne demande.

Elle savait qu'elle paraissait plus jeune qu'elle ne l'était réellement et préférait qu'il n'y ai aucun quiproquo dès le début.

Mon intervention a l'air de tirer ma jeune cliente de sa rêverie. Ou plutôt de sa contemplation de la boutique. Bien entendu je meurs d'envie de lui demander si ma toute nouvelle déco de la boutique lui plaît. C'est dur après tout d'avoir le ressenti de ma clientèle là dessus. Mais évidement je me garde bien de lui demander cela, ce ne serait pas professionnel. La jeune fille lève les yeux vers moi, elle semble intimidée.

En revanche son entrée en matière, bien qu'hésitante, va droit au but : elle est là pour un balai et elle s'empresse d'ajouter qu'elle a l'âge requis. Je parviens à contenir un haussement de sourcil. L'enfant est plutôt petite et cet empressement à me dire qu'elle a l'âge nécessaire tant à me rendre encore plus sceptique. Mais de toute manière pour acheter un balai il faut la présence d'un adulte, en raison de la somme d'argent demandée mais aussi des risques de cet objet. Donc je ne cherche pas à me soucier de cela maintenant. Je me rappelle avoir plusieurs fois demandée à voir des balais quand j'étais petite, pas pur plaisir. Donc même si  ma jeune cliente n'a finalement pas l'âge minimum je ne vais certainement pas lui gâcher ce plaisir et je suis prête à lui montrer tous les modèles de la boutique si cela peut lui permettre de passer un bon moment et de rêver un peu.

- Très bien jeune fille. Suivez moi je vous prie, les balais sont de ce côté-ci, pour la plupart. dis-je d'une voix aimable et dynamique. Pas la peine de l'amener vers des modèles comme les Varápidos ou les Yajirushi qui sont exposés suite à l'affiche de la finale de la dernière coupe du monde de Quidditch.

- Alors, avez vous une idée précise du modèle que vous souhaiteriez acquérir ? Des marques préférées entre les Brossdur, Nimbus ou Comète peut-être ? A moins que ce ne soit pas pour du Quidditch auquel cas le Margotin 90 ou l'Etoile Filante pourraient parfaitement convenir...

Je me force à me stopper là pour ne pas perdre ma jeune cliente dans trop d'informations car sinon je pourrais parler ainsi de balais sans m'interrompre pendant des heures.

La plupart du temps, Arya était mal à l'aise lorsqu'elle devait parler avec des inconnus. Elle ne savait que dire, et les mots restaient bloqués au fond de sa gorge sans parvenir à passer la barrière de ses lèvres. Heureusement, la vendeuse n'en tint pas compte et la guida vers le rayon des balais. La fillette les observa comme s'ils étaient faits d'or et d'argent, des paillettes dans les yeux. Elle essaya de ne pas penser à son père. Son fantôme reviendrait la hanter plus tard, assurément. Mais juste pour un instant, elle avait le droit de ne plus le sentir derrière elle, de ne plus sentir son souffle froid par-dessus son épaule.

La gérante lui posa quelques questions sur le type de balais qu'elle souhaitait. La jeune Gryffondor n'avait pas pensé à ça, aussi elle repassa dans sa tête tous les noms de marques existantes. Pour avoir lu des dizaines de fois toutes sortes de livres sur le Quidditch, elle connaissait la plupart sur le bout des doigts. Comme elle voulait, avant la mort de son père, venir l'aider à la boutique, elle s'était forcé à tous se les réciter, à l'endroit et à l'envers. Mais lequel choisir ? Elle savait qu'elle voulait s'entraîner seule au Quidditch une fois à Poudlard, mais quel poste lui allait le mieux ? Certainement celui d'attrapeur, notamment parce qu'il est plus facile de s'exercer seul à attraper un Viffet que de faire des passes avec un ami imaginaire. Donc en partant du poste d'attrapeur, quel balai serait le plus pratique ?

Un Nimbus 1000 n'était pas très cher, et il était plutôt maniable. Elle regarda les Brossdur un instant, avant de revenir vers les Nimbus. Avec les Comètes, c'était assurément les marques vers lesquelles elle se dirigerait en temps normal.

- C'est bien pour du Quidditch, confirma la fillette. En attrapeur, sûrement. J'hésite entre un Comète et un Nimbus... Je pencherai plutôt sur un balai rapide, comme le Comète 180, ou bien le Nimbus 1000... Qu'est-ce que vous en pensez ?

Dès qu'elle parlait de quelque chose qu'elle aimait, sa langue se déliait. Sa voix était devenue plus ferme, plus confiante, et elle su que le Quidditch l'animait vraiment. Elle avait hâte de pouvoir s'entraîner avec son propre balai sur le terrain d'entraînement de Poudlard.

Le jeune fille me confirma que l'achat de son balai était bien dans le but de jouer au Quidditch. Je ne pus que hocher la tête quand elle me dit ensuite qu'elle serait certainement attrapeuse. Je me garde bien de dire que je me doute qu'elle ne sera pas batteuse. Question de politesse élémentaire, d'autant plus que certains gamins peuvent se montrer extrêmement susceptibles sur leur corpulence à ces âges-là. Et je parle en connaissance de cause puisque j'étais particulièrement en chair quand j'avais son âge et que du coup certains camarades étaient odieux avec moi.

La fillette poursuit sa réponse en me donnant quelques pistes à explorer et visiblement les Brossdur n'ont pas sa faveur. Si j'avais sentie qu'un balai de cette marque était sûrement le bon choix pour elle j'aurai demandé pourquoi et tenter de plaider la cause de la marque mais pour le coup je n'insiste pas.

- Pas de Brossdur donc. Alors voyons voir ce qui pourrait vous aider à faire des merveilles sur un terrain de Quidditch...

Je cherche à peser le pour et le contre de chaque balai, tout en tenant compte des préférences de ma jeune cliente et en tachant de lui donner les caractéristiques.

- Le Nimbus 1000 est un balai doté d'une très grande célérité et permettra de prendre de cours les défenses. Il s'adapte parfaitement au jeu d'un poursuiveur et je parle en connaissance de cause dans ce cas. Mais il peut aussi dépanner pour un attrapeur. Le Comète 180 lui est un des balais les plus faciles à prendre en main et vous seriez très vite en pleine maîtrise de celui-ci. C'est un balai réactif qui permet d'entrer vite dans les matchs car il n'a pas besoin de beaucoup de secondes de vol pour donner sa pleine mesure.

Je marque une courte pause pour que la jeune fille puisse digérer les informations que je viens de lui donner. Quoique, pas certain qu'elle en ait besoin. Je reprend avec un sourire aimable.

- En tout cas vous semblez déjà pas mal vous y connaître car vos choix sont pertinents et paraissent étudiés et réfléchis. Vous avez regardée seule ou bien quelqu'un vous aurait transmis le virus du vol sur balai ?

Ma curiosité est plus forte est telle que je garde ma main posée sur le Manchevif, sans lui en avoir encore parlé. Cela viendra. C'est que j'aime passer du temps avec ma clientèle et ne la considère pas que comme une source de profit.

Arya avait l'impression de parler d'égal à égal avec la vendeuse, et non d'enfant à adulte. Elle préférait ça aux conversations qu'elle avait habituellement avec les adultes. Généralement, on ne se fiait qu'à sa petite taille et à son visage enfantin et on lui parlait comme si elle avait 5 ans. Arya détestait qu'on la sous-estime. Certes, en terme de taille, elle ne dépassait pas grand monde, mais elle pouvait se montrer plus têtue qu'une mule. Les gens associent toujours automatiquement petite taille à petit tempérament.

La gérante lui partagea son avis sur les balais qu'elle avait cité, et la fillette hocha la tête en se mordant les lèvres, réfléchissant. Le choix d'un balai n'était pas une mince affaire, mais il était aussi important. Surtout que ça allait être son tout premier, elle voulait qu'il soit mémorable. Sa sœur lui avait donné suffisamment d'argent pour se faire plaisir, elle avait donc un large choix de possibilités devant elle.

- Peut-être un Comète 180 alors... murmura-t-elle.

Elle balaya du regard les différents balais devant elle et son regard s'arrêta l'un d'eux. Elle mit un peu de temps à le reconnaître, mais finalement, en lisant son nom gravé sur le bout de son manche, elle se rappela immédiatement la page entière qu'elle avait lu à son propos. Un balai de course rapide, bien qu'il perde la puissance en montée. Fabriqué la première fois en 1952, se remémora-t-elle.

- C'est un Manchevif ? demanda-t-elle en s'approchant du balai en question.

Elle le savait déjà, son manche gris foncé en forme d'éclair ne pouvait être que celui-ci. Elle souhaitait cependant montrer à la vendeuse que son intérêt était maintenant dirigé vers autre chose qu'un Comète.

Lorsqu'elle lui demanda comment elle s'y connaissait en balais, Arya répondit instinctivement, sans réfléchir.

- Mon père, articula-t-elle.

Elle parvint même à sourire avant de se rappeler que cette même personne était à présent enterré six pieds sous terre.

- Il était marchand de balais.

Sa voix s'étrangla lorsqu'elle dû conjuguer son verbe à l'imparfait. Ce temps, elle l'avait appris an primaire. Il n'était pas bien compliqué. L'un des plus faciles, bien qu'elle avait toujours été douée en conjugaison. Pourtant, cette fois-ci, cet exercice anodin lui semblait être une torture.

La conversation partait plutôt bien et puis il a fallut que je fasse ma curieuse et que je cherche à savoir plus de choses qu'il ne m'était nécessaire de savoir. Fichue curiosité. La réponse de la fillette laisse peu de place au doute. Son verbe "était" associé à sa voix étranglée me laissent penser qu'il est arrivé un malheur dans cette famille. Une de plus. Et par les temps qui courent ce n'est pas près de s'arranger, il n'y a qu'à voir l'ambiance générale sur le Chemin de Traverse la plupart du temps. L'atmosphère est bien plus maussade.

En ayant acheté ce magasin j'ai voulu accomplir mon rêve en vivant de ma passion mais pas seulement, je veux aussi la transmettre à mes clients et leur donner du bonheur et un échappatoire à certains problèmes. Pour l'instant c'est raté pour cette fillette mais je ne suis pas du genre à baisser les bras comme ça.

- Une bien belle profession si je puis me permettre, dis-je dans un faible sourire pour essayer de stopper ces larmes naissantes chez ma cliente. En tout cas c'est une passion formidable qu'il vous a légué. Et je peux vous assurer qu'un vol sur balai ou une partie de Quidditch est un prompt réconfort jeune fille. Pour moi ça a été, et c'est encore, un remède a bien des maux.

Je souris à ma jeune cliente, posant une main réconfortante sur son épaule puis je tourne la tête quelques instants par pudeur mais en faisant mine de chercher quelque chose dans mes rayons. Ces quelques secondes s'avèreront peut-être salutaires, du moins je l'espère. Ma main est toujours sur le Manchevif et je me rappelle alors qu'elle m'a questionné dessus sans pour autant que je lui réponde.

- Ahem... Oui du coup il s'agit bien d'un Manchevif jeune fille. Je vois que vous êtes fine connaisseuse. Le Comète 180 est un bon choix en entrée de gamme mais sur un match long et âpre il aura bien du mal à vous faire garder l'avantage. Tout le contraire du Manchevif. Le budget est plus élevé mais il s'agit là d'un balai sur mesure pour les attrapeurs. Sa réactivité permettra de fournir des accélérations très rapprochées et c'est l'idéal dans la chasse au vif d'or.

Parler Quidditch est un remède tout aussi efficace à la tristesse à mon sens. J'espère être parvenu à changer les idées de ma jeune cliente.

- Que pensez vous de tout ça Miss ? Aviez vous songé au Manchevif ou vous avez peut-être pensé à d'autres balais ?

Arya apprécia l'effort de la vendeuse pour lui remonter le moral. La douleur était encore toute neuve, la plaie encore ouverte, mais elle s'efforça de l'ignorer et de la caser dans un coin de sa tête pour s'en plaindre plus tard. Elle sourit avec nostalgie, se remémorant les soirs au coin du feu lorsqu'il lui parlait Quidditch. Certainement les meilleures soirées de toute sa vie.

Elle hocha la tête. Voler était incontestablement un remède à bien des maux, surtout celui-ci. De toute évidence, toute activité qui lui permettait d'oublier ses sombres pensées étaient bonne à prendre.

- J'en suis certaine, affirma-t-elle.

Elle sentit sa main sur son épaule, et s'aperçut alors qu'elle la comprenait. Avait-elle aussi déjà vécu quelque chose de semblable ? De toute façon, elle était certainement une joueuse de Quidditch elle aussi, elle savait quels sentiments procuraient le vol.

Les arguments de la vendeuse sur le Manchevif finirent par la convaincre. Elle vérifia rapidement si elle avait assez d'argent, et découvrit avec joie qu'Alison lui en avait donné suffisamment. Il lui resterait même un ou deux gallions, qu'elle pourrait lui rendre la prochaine fois qu'elle la reverrait.

Elle releva la tête, souriante. Oui, son choix se porterait vers ce balai-ci. Son tout premier, et elle savait qu'elle n'allait pas l'abandonner de si tôt. Il l'accompagnerait à Poudlard à coup sûr.

- Oui, je pense que je vais prendre un Manchevif. Est-ce que ce serait possible ?

Elle était plus tranquille maintenant qu'elle avait une idée sûre de ce qu'elle souhaitait.

En voyant la réaction de ma jeune cliente je compris assez vite que je ne m’étais pas montrée trop intrusive et que je lui avais apporté un soupçon de réconfort. Sans doute serait-il bien éphémère mais qu’importe, il a le mérite d’exister. En regardant la fillette je pu voir dans son attitude à la fois digne et désemparée qu’elle traversait les mêmes étapes et les mêmes souffrances que j’ai pu vivre lors du deuil de mon propre papa. Je perçois chez elle une force certaine malgré son aspect chétif. Si la cicatrice ne se refermera jamais totalement, je ne doute pas qu’elle saura la transformer en force avec le temps. Du moins j’en ai l’intuition.

La petite brunette a écouté attentivement mon argumentaire et se décide pour le Manchevif, le balai le plus prisé ces temps-ci. Un sourire s’invite sur mon visage quand ma jeune cliente me questionne.

- C’est un très bon choix Miss. Je ne doute pas que vous saurez lui faire donner sa pleine mesure avec un peu de pratique.

Je me tourne alors vers mon employé au comptoir, et l’interpelle pour qu’il m’apporte son aide.

- Ernest ? Peux tu aller me préparer un Manchevif pour la jeune demoiselle s’il te plaît ? Merci...

Comme toujours Ernest acquiesce avec professionnalisme et une neutralité déconcertante. Il est décidément déroutant tout autant qu’il est efficace… Je me retourne alors vers ma jeune cliente pour lui apporter une précision indispensable en la voyant compter ses sous.

- Toutefois Miss, vous devez savoir qu’il m’est impossible de vendre un balai à un sorcier mineur, et à fortiori de premier cycle, sans la présence d’un adulte comme garant. Que ce soit pour les risques de chute ou même ceux de violation du secret magique en présence de moldus. Vous comprenez ? Je vous garde votre balai au chaud le temps qu’un adulte vous accompagne si vous le souhaitez ?