«  Ma respiration augmente petit à petit, mon souffle devient court. La porte qui me sépare de la lumière est dure, froide. Je gratte le bois avec mes ongles. Il fait tellement froid, et ça emplit ma poitrine. Ce poids m’oppresse de plus en plus. J’ai du mal à respirer. J’essaye de respirer plus fort mais je n’y arrive pas. On m’en empêche, comme si des mains venaient presser ma cage thoracique, venaient m’étrangler petit à petit. Des mains, glaciales, qui s’immiscent dans tout mon corps.

Je suis à genoux désormais. Tête baissée, je croise les bras pour échapper au noir total, silencieux, de cet endroit où je suis enfermée. Cette pièce m’étouffe. Je la sens rétrécir autour de moi. Je cherche de l’air. Impossible. Elle va m’avaler.

Les larmes coulent le long de mes joues. Ma respiration se fait de plus en plus rapide. Je vais mourir ici. Je vais mourir ici. Je n’arrive plus à respirer. Je vais mourir ici et personne ne s’en rendra compte.

Je. Ne. Sais. Plus. Respirer.  » 



Yesenia était désormais recroquevillée sur elle-même, pleurant toutes les larmes de son corps, corps qui était rythmé par l’hyperventilation que sa bouche produisait. Elle cherchait de l’air sans pouvoir y avoir accès. Enfermée dans ce placard à balais depuis une heure à peine, il était impossible de réfléchir de manière rationnelle. La pièce tournait autour d'elle. 

Elle avait d’abord tambouriné à la porte, dans l’espoir qu’on lui ouvre, qu’on l’entende. Mais le couloir était vide. Pas même un fantôme ne passait, ici. Elle avait donc commencé à céder à la panique, son rythme cardiaque devenant de plus en plus irrégulier, son souffle tout d’abord coupé par la peur, puis s’accélérant petit à petit.

«  S’il vous… plait… Sortez-moi … d’ici… » marmonnait-elle en boucle, entre deux respirations difficiles.

Sa tête contre le carrelage froid, elle regardait sans regarder, la lumière qui s’assombrissait minute par minute, le jour qui déclinait au fur et à mesure. Et l’angoisse grandissait encore plus.


*CLAC* 

C'était le verrou de la porte du placard à balais...

Celestia avait très mal dormi cette nuit. Elle était donc très fatigué pendant ses cours de ce matin. Alors, après avoir mangé, elle avait pensé se reposer un peu. Juste s'allonger sur son lit. Mais ses paupières s'étaient petit à petit fermées. Et elle s'était endormi. Sans réveil.

Celestia était maintenant en retard. Elle courrait dans les couloirs pour ne pas non plus arriver une heure après. Soudain, elle passa devant une porte. Une porte comme tant d'autres, à part un détail. Du bruit. Cependant, Celestia continua son chemin. Sans doute une salle de classe. Mais il n'y en avait pas ici. Peut-être un objet tombé ou un animal... Mais si c'était un être vivant et qu'il était bloqué à l'intérieur ? Tant pis elle était déjà en retard... au pire, ce n'était rien et elle serait un peu plus en retard encore.

Celestia avait ralenti son pas sans le remarquer. Elle se retourna et revint vers la porte. Oui, ça lui revenait, c'était un placard à balai. Elle enclencha la poignée. Fermée. Comment l'ouvrir ? N'y avait-il pas un sort ? Si, ça lui revenait maintenant. Elle se concentra et lança le sort.

"Portaberto !"

Le verrou sauta. La jeune blairelle poussa doucement la porte, la main toujours sur sa baguette. Des balais et autres ustensiles de ménage. Elle baissa les yeux. Au sol, il y avait une masse. Un humain ! C'était même une fille. Celestia se baissa, inquiète.

"Euh... excuses-moi, tout va bien ? Tu étais enfermée dans ce placard ?"

Celestia ne comprenait pas vraiment la situation mais elle fut contente de s'être arrêtée. Que se serait-il passé si elle n'avait pas entendu le bruit ? Ou pire, si elle ne s'était pas arrêtée ? Elle n'osait pas imaginer.

Yesenia sursauta. Le verrou de la porte du placard à balais avait sauté, et la porte s’ouvrit. Yesenia continuait à hoqueter, quelques larmes salées coulaient encore sur ses joues rouges. Elle se retrouva face à une jeune fille, de Poufsouffle, qui la regardait d’un air inquiet.

Yesenia répondit par la négative à la question de la jeune fille en secouant la tête. Elle tentait encore de reprendre sa respiration et tenta de se lever, tant bien que mal, pour sortir aussi vite qu’elle le pouvait de ce placard à balais. Elle s’appuya un instant contre le pan de mur en face, pour tenter de reprendre ses émotions. Après un bref instant, elle arriva à prononcer quelques mots.

- Je… Mer-ci… Ou-i, j’étais bloquée dans ce…

Elle ne finit pas sa phrase, elle fixait à nouveau le placard à balais qui lui avait donné des sueurs froides quelques instants auparavant. Elle essuya les quelques larmes qui restaient sur ses joues avec la manche de sa robe de sorcière. Elle était dans un état pitoyable et la honte l’envahit si fort qu’elle baissa la tête, gênée.

- Merci. Répéta-t-elle plus distinctement. On m’a enfermée là dedans… Je croyais que personne n’allait me trouver… 

«  Personne ne se serait rendu compte de mon absence. Personne ne m’aurait cherchée. Je suis une petite chose insignifiante. » se dit-elle, complètement déboussolée. 

Des larmes roulaient sur les joues de la fille. Celestia ne savait pas depuis combien de temps elle était là, mais ce devait être beaucoup trop. Être enfermée dans un placard devait être terrifiant. La jeune fille secoua la tête. Elle n'allait pas bien, et ça se voyait. Elle tenta de se lever, et la jeune blairelle accourut l'aider. Elle accompagna chacun de ses mouvements pour l'aider à sortir de ce maudit placard.
Pendant tout ce temps, Celestia ne parla pas. Il fallait qu'elle se remette de ses émotions. Et elle avait envie de savoir ce qu'elle faisait enfermée ici.

L'inconnue prononça enfin quelques mots. Des mots ne formants pas de phrases, reflétant son état d'esprit. Elle essuya ses larmes et baissa la tête, honteuse de son état. Mais Celestia ne l'avait pas remarqué. Tout ce qu'elle voyait c'était sa détresse. Et elle n'aimait pas ça. Certains ce seraient dit qu'elle avait au moins une excuse d'être en retard, voire de rater les cours. Mais elle elle voulait juste lui redonner le sourire.

Elle prononça enfin une phrase. Elle remercia Celestia et lui expliqua. On l'avait donc enfermé dedans. Il fallait être un crétin pour faire ça. Un crétin sans-cœur. Comme Lexie quoi... pensa-t-elle. Elle ne l'accusait pas, non, elle pensa juste que le coupable était comme elle.

Celestia essaya de réconforter l'inconnue, mais elle était maladroite, malgré son désir de faire du mieux qu'elle pouvait. Elle lui fit un câlin rapide, puis se dégagea. Un câlin ne pouvait que faire du bien, mais peut-être qu'elle n'aimait pas ça.

"C'est fini maintenant, je suis là. Tu veux aller à l'infirmerie ? Manger quelque chose ? Je te laisserai pas seule en tout cas, c'est hors de question."

Pensant soudainement qu'elle ne s'était pas présentée, elle reprit la parole.

"Au fait, moi c'est Celestia Moon, je suis en deuxième année à Poufsouffle. Et toi ?"

Peut-être que ça faisait trop pour l'inconnue, mais ce n'était pas grave. Il fallait qu'elle oublie sa terreur.

Son souffle ralentissait petit à petit, au fur et à mesure qu’elle se convainquait que le danger était éloigné. « C’est fini. Tu ne vas pas mourir ici. Tout ira bien. » Les battements de son coeur, eux aussi, diminuaient.

Les manches de sa robe de sorcière étaient trempées de larmes et elle les cacha derrière son dos, bien que la jeune fille qui se tenait face à elle l’avait vue pleurer toutes les larmes de son corps. Son câlin lui fit chaud au coeur, même si celui-ci fut rapide. Une bouffée de chaleur humaine. Une marque d’affection. Le vide avait disparu. C’est exactement ce dont il fallait à la jeune Serpentard à ce moment-là. Les tremblements cessèrent immédiatement.

- Merci. Souffla-t-elle, en se remettant de ses émotions.

Elle ferma les yeux un instant, paumes pressées contre les joues, pour évaluer la chaleur de celles-ci, puis les rouvrit, cherchant après ses affaires qu’elle avait égarées quelques temps plus tôt. Avant l’enfermement.

Elles étaient là, toujours à leur place. Les souvenirs étaient vifs. Elle regarda à nouveau la jeune fille, qui tentait de la rassurer tant bien que mal.

- Je… euh… Désolée de t’avoir fait peur… Ça va aller je crois… Je… J’ai quelques chocogrenouilles à partager si tu veux… Après tout, tu m’as sortie de là …

Ses phrases étaient un peu moins incohérentes désormais. Elle ouvrit son sac, qui était toujours par terre, et se mit à genoux pour fouiller après ses précieux chocolats. Elle en tendit une à la Poufsouffle, qui se présenta.

- Eh bien, dit-elle en se tournant complètement vers Celestia, enchantée Celestia. Et merci pour le … sauvetage. Je m’appelle Yesenia. Yesenia Cooper.

Celestia attendit que la jeune fille se calme, patiemment, tout en souriant. Il fallait qu'elle se sente en sécurité. Celle-ci lui proposa des chocogrenouilles pour la remercier de son sauvetage. La pouffy ne refusait jamais une friandise comme celle-là. Même si elle n'avait pas spécialement faim, elle appréciait toujours un peu de chocolat.
L'autre fille lui tendit une chocogrenouille, comme promis, après avoir fouillé dans son sac. Celestia la prit mais ne le croqua pas tout de suite.

"Merci pour la chocogrenouille mais je la mange qu'à une condition, que tu en manges aussi ! Ça ne peut que te faire du bien après une panique comme ça."

La fillette se présenta ensuite. Elle s'appelait donc Yesenia. Celestia trouvait que ce prénom était plutôt joli. La blondinette prit une bouchée de sa chocogrenouille. Tout en mâchant, elle se souvint qu'elle avait cours. Et l'Autre aussi peut-être.

"Tu es sûre que ça va aller ? Je peux t'accompagner à l'infirmerie si tu veux. Tu as cours là ? Si oui, je peux t'accompagner à ta salle de classe si tu préfères, à moins que tu ne veuilles rester encore un peu au calme. Moi j'ai cours mais ce n'est pas grave, je préfère que tu sois bien."

Celestia repensa à ce que Yesenia lui avait dit. On l'avait enfermé. C'était très grave pour la poufsouffle.

"Dis moi, tu sais qui t'as enfermée ? Il faut les dénoncer, et que ces personnes soient punies. Et si tu sais pas, au moins le dire à quelqu'un qui trouvera les coupables."